Hop, me revoilà avec une réponse à un défi de Zoomalfoy, dont voici l'intitulé (texto) :
Rating : M
Couple : HPDM
Genre : UA (Univers Alternatif.)
Résumé : Draco Malfoy, lycéen de 17 ans, tombe sous le charme de son nouveau professeur de Lettres, Harry Potter, âgé de 24 ans.
Il devra faire face au désaccord musclé de son père, à la moralité de son amoureux et à l'ancien petit ami de ce dernier, bien décidé à le récupérer.
IL N'Y A PAS DE MAGIE. L'HISTOIRE DOIT SE SITUER DANS LE MONDE MOLDU.
Aucunes contraintes mis à part qu'ils doivent finir ensemble et que Draco doit être ignoble avec Harry au début de l'année.
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Disclaimer : Je ne m'appelle ni JKR (pour avoir créé ces merveilleux personnages), ni Zoomalfoy (pour avoir pondu cette superbe idée de scénar). En revanche, l'histoire et la rédaction sont à moi (et ce n'est pas forcément le mieux là dedans !).
Avertissement : ceci est un slash, je répète, ceci est un slash ! Si les histoires traitant de l'homosexualité vous rebutent ou vous choquent, vous n'avez rien à faire ici, et votre absence ne me pèsera pas, bien au contraire. Voilà. Maintenant qu'on est entre gens civilisés, je rappelle tout de même que le rating M implique des scènes choquantes, de violence ou de sexe, et un langage parfois cru. Vous savez donc où vous mettez les pieds.
Note de l'auteuze : Bonjour à tous ! Chanceux que vous êtes, j'ai suffisamment de chapitres d'avance pour poster, et j'ai même trouvé le temps et le courage de faire les RARs…Moi je dis, je suis trop bonne avec vous…huhu.
Trêve de plaisanteries, dans ce chapitre, Draco use de la mauvaise foi avec bonheur, se rend compte qu'il aime beaucoup nager la nuit, fait un truc stupide, et s'inquiète pour Milli…Bonne lecture !
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RAR : Les RARs anonymes sont sur mon blog www. 20six. fr/ Myschka
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Cher journal (chronique d'une dernière année)
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Journal de Draco Malfoy, lundi 9 février 1997 :
23h :
Je suis super énervé aujourd'hui.
En fait, j'ai la haine pour un truc stupide et ça m'énerve d'être aussi con.
Merde, pourquoi est-ce que ça me perturbe autant ? Pourquoi ça m'a mis en colère de voir ça ? Je suis ridicule. Ridicule de réagir comme ça. Qu'est-ce que ça peut bien me faire, à moi ? Qu'est-ce que j'en ai à foutre ? Il a bien le droit de faire ce qu'il veut… de quel droit je m'en mêle ? De quel droit je m'en préoccupe, même ? C'est sa vie après tout, pas la mienne.
Putain, non, ça m'énerve. Je me sens trop con de ressentir ça, mais je ne peux pas m'en empêcher.
Pourtant, je le savais bien. Je le savais mais je déteste ça.
Et Milli…Bon sang, je crois bien qu'elle va faire la plus grosse connerie de sa vie. Manquait plus que ça, tiens.
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Flash-back :
Draco s'affala lourdement sur le banc qu'il occupait depuis le début de l'année scolaire dans le grand réfectoire de Hogwarts. Il lâcha un soupir énervé et un juron grossier qui provoquèrent une légère exclamation de surprise chez Millicent, Blaise et Terry, tandis que Sally-Ann et Luna le fixèrent d'un air circonspect.
« Qu'est-ce qui t'arrive, encore ? » demanda Terry, le jeune homme rougissant presque de son audace. Il vouait une admiration sans borne au jeune Malfoy, mais il devait bien avouer parfois que son comportement pouvait être très désagréable.
Draco lui lança un regard peu amène, mais se tassa un peu plus sur son banc, s'attirant un grognement agacé de la part de Sally-Ann. La jeune fille s'appuya sur le bras de Millicent pour se lever, puis, marchant avec difficulté, vint s'asseoir à côté du garçon blond à la mine renfrognée.
« Malfoy, arrête de jouer les divas, t'es lourd, » déclara-t-elle tranquillement, tout en se servant une portion de spaghettis.
« Dray…T'as reçu une mauvaise nouvelle de tes parents ? » s'enquit Millicent avec inquiétude.
Si seulement c'était ça, songea le jeune homme. Sans qu'il puisse l'en empêcher, il s'aperçut que les mots s'échappaient tous seuls de sa bouche.
« J'ai vu Potter avec un suçon dans le cou ce matin. Il avait un putain de suçon dans le cou. » Draco se rendit compte qu'il détestait cette idée. « J'imagine que c'est l'œuvre de Fred Weasley. »
Luna laissa échapper un petit rire en cascade avant de se désintéresser de la conversation, et retourna aussi sec à son déjeuner, mélangeant allègrement dans son assiette tous les aliments qui se trouvaient sur la table. Le reste des adolescents fixa dans un bel ensemble le jeune homme blond, une expression stupéfaite peinte sur leurs visages juvéniles.
« Tu es jaloux, » énonça lentement Millicent, incrédule.
« Tu en pinces pour Potter, » ajouta Blaise tout aussi lentement et tout aussi surpris. « Merde alors…quand je vais raconter ça à Ginny – »
« Tu ne vas rien raconter à la belette, » le coupa sèchement Draco, furieux. « Tu ne vas rien lui dire parce que tu racontes n'importe quoi. Je n'en pince pas pour Potter. » Il se tourna vers Millicent, l'air mauvais. « Et je ne suis pas jaloux ! Tu m'as pris pour MacMillian ou quoi ?»
« Pourquoi tu t'énerves alors ? » fit Sally-Ann, goguenarde.
« Je ne suis pas énervé, » claqua Draco avec une parfaite mauvaise foi, ce qui provoqua une fois de plus le rire de Luna. A moins que ce ne fût le mélange des couleurs des différents jus de fruits qu'elle avait versés dans son verre et qu'elle faisait tournoyer avec sa petite cuillère.
Ses amis haussèrent les épaules et hochèrent la tête d'un air peu convaincu, mais préférèrent ne rien ajouter. Lorsque Draco avait ses humeurs, il était impossible de le raisonner. Tous avaient compris que le jeune homme blond crevait de jalousie, mais cela, il ne leur dirait que lorsqu'il se le serait avoué à lui-même. Et vue la phase de déni qu'il semblait être en train de traverser, ce n'était pas demain la veille. A vrai dire, cela faisait déjà quelques jours que Millicent se doutait que son meilleur ami éprouvait plus que de la curiosité envers leur professeur de Littérature, mais elle n'aurait jamais cru qu'il laisserait éclater ses sentiments de façon aussi explicite – enfin, explicite pour un Malfoy, il ne fallait pas pousser non plus.
La jeune fille ne savait trop que penser de ce revirement inattendu de situation, aussi préféra-t-elle sagement réserver son avis pour plus tard. Il était encore trop tôt pour décider si oui ou non Draco éprouvait plus qu'un simple béguin passager pour leur enseignant, et donc s'il fallait s'en inquiéter ou pas. En tout cas, elle ne dirait à rien à Potter. La jeune fille soupira imperceptiblement, avant de prendre une grande inspiration. Elle se doutait que ce n'était pas vraiment le bon moment, mais quitte à changer de sujet, autant annoncer à ses amis la décision dont elle avait fait part à Potter une semaine plus tôt.
« Les enfants, » les appela-t-elle prudemment. « Ce n'est pas que les états d'âme de notre Petit Prince m'indiffèrent, mais j'ai une nouvelle importante à vous annoncer… »
Les cinq autres adolescents, Luna comprise, se tournèrent comme un seul homme vers Millicent, qui rougit légèrement, un peu embarrassée par cette soudaine attention qui se focalisait sur elle.
« T'es amoureuse ? » suggéra Terry.
« T'as gagné à la loterie ? » proposa Luna.
« T'es enceinte ? » demanda Blaise.
« Zabini, t'es trop con », lâcha Sally-Ann en le frappant derrière la tête.
« Blaise, ta gueule, » fit Draco en même temps, souriant légèrement. La sortie hasardeuse de son meilleur ami avait au moins eu le mérite de lui rendre un peu sa bonne humeur.
« Taisez-vous un peu, tous, » grogna Millicent. « C'est déjà pas facile alors si vous vous mettez à raconter n'importe quoi… »
« Désolé, » fit Blaise, penaud.
« Bullstrode, lâche le morceau, » grinça Sally-Ann d'un ton traînant. « Mon fond de teint en dégouline d'impatience, là… »
Draco considéra la jeune fille brune d'un air un peu choqué, mais préféra tourner son attention vers Millicent qui se tortillait sur son banc, un peu mal à l'aise.
« Milli, » dit-il doucement. « Il y a un problème ? »
Le jeune homme s'était rendu compte que depuis un peu moins d'une semaine son amie semblait un peu soucieuse, mais il avait été trop préoccupé par ses propres problèmes pour réellement s'en inquiéter. A présent, il se disait que c'était peut-être plus grave qu'il ne l'avait cru, et se sentit un peu coupable de n'avoir pensé qu'à lui. Millicent soupira.
« Ma mère veut me fiancer cet hiver avec un mec que je ne connais pas, » déclara-t-elle sans préambule, s'attirant les murmures indignés de ses camarades. « Je ne suis pas d'accord, évidemment. Alors pendant les vacances je vais dire à mes parents que je suis lesbienne. »
Seul un lourd silence stupéfait accueillit la nouvelle.
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Journal de Draco Malfoy, mardi 10 février 1997 :
22h :
Je suis encore sous le choc de la révélation de Milli. Et, je suis encore sous le choc de la vision de Potter avec cette marque dans le cou. A vrai dire, je ne sais pas ce pour quoi je suis le plus choqué.
Milli, sans doute. Potter, c'est pas comme si je ne m'en doutais pas déjà, même si ça n'empêche pas que je déteste vraiment cette idée et qu'en avoir eu la preuve de visu me donne envie de gerber.
Mais Milli, putain…Je la sens super mal, cette histoire. Je ne sais pas quoi en penser, vraiment. Je veux dire, on en a parlé tous ensemble hier et encore aujourd'hui, et je sais que quelque part elle ne peut pas vraiment faire autrement, mais, merde, ça va mal se finir, j'en suis persuadé.
D'accord, sa mère est une connasse qui vit dans un autre siècle. Plus intolérante qu'elle, y'a pas, à part peut-être mon paternel. D'accord, Milli ne peut pas se fiancer avec un type dont elle ignore jusqu'au nom. Hum, en fait, elle ne peut pas se fiancer tout court, sauf éventuellement à San Francisco avec une autre fille, et dans une autre vie, peut-être. D'accord, pour refuser ce mariage arrangé complètement surréaliste, elle va devoir trouver une sacrément bonne raison. D'accord, le fait qu'elle est lesbienne est un argument irréfutable pour justifier son refus (encore que, j'en connais un paquet au sein de notre bonne vieille noblesse anglaise qui sont pédés comme des phoques et qui pourtant sont mariés ou l'ont été).
Mais honnêtement, est-ce que c'est réellement nécessaire de tout avouer à ses parents ? Je veux dire, c'est évident que ça va tourner à la catastrophe. Non, c'est même pire que ça, ça va être un désastre. Elle va s'en prendre plein la gueule, et si sa mère ne la tue pas ou ne la fait pas interner de force, elle va au moins la jeter à la rue à coups de pied au cul. Et qu'est-ce qu'elle va faire si ça arrive ? Aucun de nous cinq n'est en mesure de lui venir en aide si jamais ça devait arriver.
Soyons réaliste deux minutes. Déjà, moi, je suis encore mineur, et même si Mère adore Milli – je crois même que si Père n'appréciait pas autant cette petite punaise de Pansy, elle aurait préféré que je sorte avec elle – elle ne pourrait pas l'accueillir chez nous à Londres parce que Père ne l'accepterait pas. Et Bella a autre chose à faire que de s'occuper de mes potes, après tout, elle n'est pas ma nounou.
Blaise, c'est pas mieux. OK, dans 10 jours il est majeur, mais ça m'étonnerait que ses parents le laissent emménager tout de suite dans l'appartement qu'ils lui ont acheté. Pour le moment, ça leur rapporte bien trop d'argent à la location, et je ne pense pas qu'ils accepteraient de loger une fille qui n'a pas un sous en poche (du moins pour le moment).
Terry…Terry vit dans un trou paumé depuis qu'il a quitté Liverpool et ses parents même s'ils sont sympas ne roulent pas sur l'or. En fait, je crois bien que toutes leurs économies partent dans ses frais de scolarité. Voilà le problème quand on est encore trop riche pour bénéficier d'une bourse, mais pas assez pour faire autre chose que payer l'école à ses enfants. Le problème est le même chez Luna et Sally. A la rigueur il leur aurait fallu être aussi pauvres que les Weasley pour qu'ils puissent avoir droit à une bourse.
Alors évidemment, Milli m'a dit qu'elle avait déjà réfléchi à tout ça et qu'elle se débrouillerait. En fait, il semblerait que Potter ait déjà commencé des démarches pour ne pas qu'elle se retrouve dans la merde. Mais si lui et Dumbledore ne parviennent pas à la garder dans l'école, alors elle sera obligée d'aller vivre ailleurs et peut-être même de redoubler si elle ne trouve pas un lycée qui l'accepte en cours d'année. Bien sûr, elle serait logée gratuitement chez une copine de Potter, bien sûr, elle aurait un boulot (mal payé, mais c'est déjà ça), et bien sûr, jamais Potter ne l'aurait laissée dans la merde.
Mais si jamais ça devait se passer comme ça…si jamais ça devait arriver, elle ne serait plus là. Elle ne serait plus avec nous. Et surtout, elle ne serait plus avec moi, et je ne veux surtout pas que ça arrive. Comment je vais faire, moi, si elle n'est plus là ? Même Annie ne pourrait pas la remplacer. Personne ne pourrait.
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« Je ne pensais pas que vous viendriez. »
« J'aurais pu en dire autant de vous. »
« Eh bien, je viens nager ici tous les mercredi, Monsieur Malfoy. Je ne vois pas pourquoi votre présence ici y changerait quoi que ce soit. »
Draco adressa un mince sourire à son enseignant qui effectuait déjà quelques brasses dans la partie la moins profonde du grand bassin. Lui-même venait à peine d'entrer dans la grande salle carrelée et il se dirigea avec une lenteur calculée, dissimulant la gêne qui lui contractait bizarrement l'estomac, vers les gradins où gisaient, épars, les vêtements de son professeur. Le jeune homme se glissa derrière les rangées de bancs en bois pour se déshabiller rapidement. Etrangement, il se sentait un peu mal à l'aise de se dévêtir devant Harry. Il ne sortit de derrière les gradins que lorsque le jeune homme aux cheveux noirs se fut un peu éloigné, continuant à nager tranquillement sans se soucier de sa présence.
Le garçon blond s'avança vers le bord de la piscine et alors que Harry lui tournait toujours le dos, il plongea dans le bassin, d'un mouvement dont la précision et la fluidité ne provoquèrent qu'un léger clapotis à la surface de l'eau. Draco n'émergea que lorsqu'il fut arrivé à la hauteur de son enseignant, qui ne sursauta même pas en voyant la tête blonde apparaître à côté de lui dans le couloir à sa gauche. Au contraire, il lui fit un sourire désarmant de simplicité et poursuivit sa progression. Draco soupira un peu, et suivit le jeune homme brun sans se préoccuper de rester à son niveau ou de le dépasser, glissant dans l'eau à son rythme, laissant son corps décider seul de la vitesse qu'il voulait adopter.
C'était une sensation inhabituelle et légèrement grisante. Il y avait bien longtemps que Draco n'avait pas nagé simplement pour son plaisir, sans souci de la performance, sans ressentir le besoin de tester ses limites, et il se rendit compte que cela lui procurait un bien-être incroyable. Ou peut-être était-ce la proximité de son jeune enseignant, dont il s'étonnait cette fois encore. Il avait du mal à réaliser que l'homme acceptait sa présence avec autant de naturel qu'il avait accepté celle de Millicent dans sa vie. Il se risqua à jeter un coup d'œil vers Harry, et les battements de son cœur s'accélérèrent un peu lorsqu'il observa la grâce peu commune avec laquelle le jeune homme évoluait dans l'eau.
Harry ne pouvait pas être qualifié de très bon nageur. Ses gestes étaient un peu trop lents et parfois mal coordonnés, et il n'aurait très certainement pas tenu la distance dans une course – assurément pas contre lui en tout cas. Mais il y avait une telle sensualité – inconsciente – dans ses mouvements, une telle grâce – oui, il se répétait mais il ne trouvait que ce mot pour qualifier la vision qui s'offrait innocemment sous ses yeux – que Draco bénit avec ferveur le moment où il avait décidé de troquer le maillot qu'il portait pour les compétitions contre un short beaucoup plus large et qui cachait un peu mieux l'état embarrassant dans lequel il se trouvait actuellement. Le garçon fit jouer ses muscles et dépassa rapidement son professeur pour atteindre l'extrémité du bassin puis faire demi-tour.
Il avait déjà effectué une longueur complète lorsque Harry atteignit la moitié du parcours et s'arrêta pour s'adosser contre le rebord de la piscine, se laissant flotter paisiblement, les jambes légèrement repliées. Draco le rejoignit en quelques mouvements puissants et prit place à côté de lui sans dire un mot. Ils restèrent ainsi quelques minutes, sans parler ni se regarder, mais Draco pouvait presque sentir la chaleur du corps si proche de son enseignant qui semblait irradier et se propager jusqu'à lui à travers l'onde. Finalement, le professeur de Littérature brisa le silence qui s'était fait gêné, presque pesant.
« Pourquoi êtes-vous venu, cette fois-ci, Monsieur Malfoy ? »
Draco tourna lentement son regard vers Harry, qui gardait les yeux fixés vers un point invisible de l'autre côté de la salle. Il détailla brièvement les contours de son profil avant de répondre avec hésitation :
« Milli nous a raconté pour ses parents. »
Le jeune homme aux cheveux noirs dirigea alors son regard vers son élève et le fixa de ses yeux trop verts, une expression indéfinissable sur le visage. Draco se sentit rougir inexplicablement sous ce regard insistant et une vague de chaleur embrasa brièvement mais violemment ses reins. Il remercia le ciel que les yeux de son professeur fussent si solidement ancrés dans les siens avant de poursuivre :
« Vous étiez au courant. »
Ce n'était pas une question, Millicent le lui avait dit elle-même et lui avait même parlé de l'aide que voulait lui apporter Potter. Il n'y avait pas non plus d'accusation dans cette affirmation, pourtant Harry répondit, d'une voix qui se voulait conciliante, comme s'il avait voulu calmer un animal sauvage.
« Elle ne voulait pas vous en parler tout de suite, » se justifia-t-il doucement. « Elle craignait d'ajouter ses propres soucis à tous les problèmes que vous devez affronter en ce moment, Miss Perks et vous. »
Draco eut un rictus amer.
« C'est bien Milli, ça. Evidemment qu'on s'inquiète tous pour elle, cela ne veut pas dire qu'on lui en aurait voulu de nous rajouter des soucis. »
« Je sais, » répondit simplement Harry. « Draco ? » ajouta-t-il après un bref instant de silence.
« Oui ? » Le garçon savait que son professeur n'employait son prénom que lorsque les circonstances faisaient qu'il ne maîtrisait plus entièrement ses émotions.
« Je crois que vous serez dans la même station de ski que Millicent durant les vacances… »
« Oui. »
« S'il vous plait, prenez soin d'elle. »
Le ton du jeune homme était presque suppliant et Draco prit alors l'entière mesure de son affection de son professeur pour la jeune fille. Il savait que la relation qu'il entretenait avec Millicent dépassait le cadre de celle que l'on rencontrait habituellement entre un élève et son enseignant, mais il ne s'était jusqu'à présent pas rendu compte à quel point Harry semblait attaché à elle. S'il ne l'avait pas su gay, il aurait presque pu croire qu'il était amoureux d'elle, mais à l'instant, il se dit que cela ressemblait plus à l'amour d'un grand frère pour sa petite sœur. Ses lèvres s'étirèrent en un sourire imperceptible lorsqu'il lui répondit :
« Pour qui me prenez-vous, Professeur ? Vous n'aviez même pas besoin de demander. »
A cet instant, Harry sut que s'il y avait le moindre problème, Draco le mettrait au courant aussitôt. Il rendit son sourire à son étudiant, puis se hissa à l'extérieur du bassin, sans avoir conscience du regard troublé que le jeune homme blond jetait sur lui.
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Journal de Draco Malfoy, jeudi 12 février 1997 :
23h :
Je suis en train de péter un plomb.
Passons sur le fait que je viens enfin de recevoir des nouvelles de Mère par le biais de Dobby qui a définitivement confirmé le fait que ma pauvre génitrice s'enfonce de plus en plus dans la dépression chronique et l'alcoolisme mondain. Bon, il me l'avait déjà dit il y a quelques semaines, mais là…Elle s'est quand même pris une vraie cuite, au point d'en être malade. Dobby a fait passer ça pour une intoxication alimentaire auprès de Père. Ben voyons. Au moins je sais que je ne suis pas paranoïaque, merveilleuse nouvelle s'il en est. C'est que j'aurais presque douté de ma santé mentale. Enfin, Bella a été mise au courant et semble, Dieu merci, me prendre au sérieux cette fois-ci. Je ne sais pas si je dois m'en réjouir ou si je dois déprimer pour avoir eu raison sur ce coup-là.
Passons également sur le fait que ma chère tantine a de toute évidence décidé de mettre le grappin sur mon vénéré prof de Chimie. Snape m'a annoncé aujourd'hui – en rougissant ! non, mais vraiment, où va le monde, je vous jure – qu'elle l'avait invité à la rencontrer à Londres durant les vacances pour discuter de mon avenir, pendant que moi, je jouerai le gentil fils à son papa et que je rencontrerai les doyens des facs qu'il veut m'imposer.
Je ne sais pas ce qui m'écœure le plus : le fait d'imaginer que Snape puisse avoir une vie sexuelle, en particulier avec un membre de ma famille, ou bien le fait de devoir encore une fois adopter un comportement dégoulinant d'hypocrisie envers mes parents. A la réflexion, je pense que l'idée d'une vie sexuelle chez Snape ne m'écœure pas. C'est juste que ça m'horrifie. Le pauvre homme va se faire bouffer tout cru par cette mante religieuse qu'est Bella, et je pèse mes mots.
Bref. Passons sur tout cela. Passons aussi sur le fait que je ne me remets toujours pas de l'incroyable inconscience de ma meilleure amie qui a décidé contre toutes les règles de la raison élémentaire de faire son coming-out devant des parents encore plus givrés que les miens. Heureusement qu'elle a des potes merveilleux (non, je ne suis absolument pas imbu de moi-même, c'est la stricte vérité), et que Potter existe.
Potter.
Dont j'ai encore rêvé cette nuit, avec une fois de plus une précision terrifiante. Si j'étais de mauvaise foi, je mettrais ça sur le compte de la frustration sexuelle. D'ailleurs c'est sans doute le cas, d'une parce que ça ne devrait pas être permis d'avoir un corps – et un visage – et des yeux – et un sourire – pareils ; de deux parce que depuis que j'ai lourdé Michael, j'en suis réduit à me branler. Tous les jours. En pensant à Potter.
Fuck.
Mais si ce n'était que de la frustration, pourquoi – pourquoi ? – est-ce que j'ai de plus en plus envie de parler avec lui ? Pourquoi est-ce que j'ai de plus en plus envie de le connaître, de savoir ce qui se cache derrière le personnage du gentil prof de Lettres ?
Et surtout, pourquoi, grands dieux, est-ce que j'ai eu l'idée incroyablement stupide d'aller chercher son numéro de téléphone et son adresse à Brighton dans l'annuaire de l'école ?
J'ai vraiment pété un câble.
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Journal de Draco Malfoy, samedi 14 février 1997 :
18h :
C'est officiel, je crois que je peux aller me pendre après ce que je viens de faire.
Mais qu'est-ce qui m'a pris, bon sang ? Pourquoi est-ce que je ne suis pas capable de reprendre le contrôle sur mes gestes ?
Je pensais avoir atteint les sommets de la bêtise en allant chercher les coordonnées de Potter dans l'annuaire de l'école. Bon, j'ai vainement tenté de me leurrer en me disant que c'était justifié si jamais il arrivait quelque chose à Milli pendant les vacances. Mais même moi, je suis assez honnête pour reconnaître que ce n'était qu'un prétexte. J'ai l'impression d'être un vulgaire stalker(1), c'est assez terrifiant.
Mais là, je dois bien avouer que j'ai battu tous les records de connerie jamais enregistrés de mémoire de lycéen, et c'est rien de le dire.
Il va forcément savoir que c'est moi. Il n'est pas stupide – loin, bien loin de là, au contraire – et en plus il est toujours fourré avec Longbottom. Il est forcément au courant. Et quand bien même l'autre ne lui en aurait pas parlé – c'est ça, et Luna est saine d'esprit aussi – Milli a forcément du lui en toucher deux mots au moins une fois. Il ne peut pas ne pas faire le rapprochement. Même s'il n'y a pas de carte, ni même un simple mot. Même si ça a simplement été glissé dans sa boîte aux lettres sans être emballé. Même s'il n'y a pas d'étiquette sur le flacon. Surtout s'il n'y a pas d'étiquette sur le flacon.
Merde, mais qu'est-ce qui m'a pris d'aller lui offrir un parfum pour la Saint-Valentin ? Pas n'importe lequel en plus. Celui que j'ai créé avec Snape. Enfin, pas tout à fait. Je l'ai modifié. En pensant à lui, et à l'odeur qu'aurait sa peau en le portant.
Je suis pathétiquement irrécupérable et je crois que dès que j'aurai terminé de me noyer dans l'alcool avec les copains (moins Blaise, qui a décidé d'emmener sa belette personnelle au restaurant et de lui offrir un cadeau outrageusement cher qu'elle va probablement lui jeter à la figure), j'irai me pendre avec ma cravate.
Peut-être que je pourrais essayer de coucher avec Ernie pour me changer les idées ?
Eurk. Non, en fait. (désolé, vieux, mais tu n'es pas mon type).
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Journal de Draco Malfoy, dimanche 15 février 1997 :
22h :
Finalement je ne me suis pas bourré la gueule – et, ô surprise, je ne suis pas mort. Ca c'est bête.
Non, à la place, j'ai passé la première partie de soirée au cinoche et au resto avec les copains, et ensuite, Milli, Annie et moi on s'est éclipsés pour aller dans un autre bar que celui où voulaient aller les autres. D'ailleurs, je crois bien que Justin en pince un peu pour Luna. Enfin, c'est pas mes affaires mais je lui souhaite bien du courage. Mais bref.
J'ai dit aux filles ce que j'avais fait plus tôt dans la journée et je crois bien que si ce n'était pas de moi dont il s'agissait, j'aurais payé pour voir leur tête. On aurait dit qu'elles avaient avalé de travers. Comme ce sont deux petites pestes vicieuses et malfaisantes, elles m'ont asticoté toute la soirée et j'ai fini par leur avouer que je faisais des rêves cochons sur Potter. Enfin, c'est pas tout à fait vrai, parce que ça n'a rien de porno en général (même si invariablement je dois changer mes draps le lendemain matin).
Sally était morte de rire. Bah, au moins je lui aurais un peu remonté le moral. Mais Milli avait l'air un peu catastrophée en apprenant ça. Dire qu'elle ne sait même pas que depuis deux semaines je le rejoins à la piscine en pleine nuit, juste pour lui parler. Evidemment, je lui ai fait jurer de ne jamais en toucher ne serait-ce qu'un seul mot au principal intéressé, mais de toute façon je ne crois pas qu'elle aurait dit quoi que ce soit. Enfin, tout ça pour qu'elle me dise que c'était probablement l'idée la plus stupide que j'aie eu dans mon existence – merci pour l'évidence, comme si je n'avais pas remarqué.
Evidemment que c'est une connerie. Mais le jour où elle connaîtra le secret pour maîtriser les hormones d'un ado de 17 ans furieusement homosexuel face au plus beau mec du monde, surtout, qu'elle me fasse signe, je suis preneur. Là elle s'est contentée de rigoler et de me dire que j'étais mal barré. Merci pour le soutien, ça fait vachement plaisir. Mais bon, je sais qu'elle a raison…je devrais me trouver un mec histoire d'oublier cette lubie à la con.
Le problème c'est que j'ai pas envie.
Et puis maintenant…eh bien, maintenant, je pense encore à lui. Plus qu'avant, si c'est possible.
Je l'ai vu rentrer au château tout à l'heure, il avait l'air…dévasté. Je me demande pourquoi. Qu'est-ce qui a bien pu se passer ?
1) Pour ceux qui ne le savent pas, un stalker est quelqu'un qui, obnubilé par une personne, se met à la suivre et à se renseigner sur elle de manière obsessionnelle.
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Dans le prochain chapitre, Harry se prend beaucoup la tête à propos de deux de ses élèves, et a une discussion très importante avec Fred.
D'ici là, je vous invite (je ne dirai pas avec insistance, mais presque, histoire d'éviter quelques bourdes de la part de certains lecteurs qui ne seraient pas bienvenues en ce moment – les bourdes, pas les lecteurs) à venir consulter mon blog www. 20six. fr/ Myschka. C'est là que vous trouverez des infos sur mes fics en cours, mes progrès dans leur avancée, les RARs anonymes, des bonus et tout un tas d'autres trucs.
Et sinon, comme d'habitude, si vous avez des questions, des remarques, des commentaires, des menaces de mort ou des demandes en mariage à formuler (je fais aussi les baptêmes et les bar-mitsva), une seule solution : le petit bouton en bas à gauche. Je vous aime !
