Enfermés dans des murs blancs, si mes parents n'étaient pas fous, ils le deviendraient. Voici six longs mois qu'ils sont à Ste mangouste, six longs mois que l'on attend que la mort nous les prenne, à défaut de pouvoir croire que la vie nous les rendra. Finalement, qu'il y a-t-il de pire ? Ne plus avoir ses parents, ou qu'ils ne nous reconnaissent plus. Je plaignais Neville, je compatis désormais. Mais j'aurais voulu rester le gamin égoïste qui cherchait à faire hurler sa meilleure amie.

Une cloche retentie et j'embrasse les cheveux de ma mère. Dans quelques minutes, je serais de nouveau à Poudlard, m'entendant répété « Ronald, tu dois penser aux examens ». Comment une fille tout juste orpheline peut encore penser à ses études. Harry me dit que c'est sa manière de s'évader, moi je lui réponds que je connais mieux qu'une tonne de livre pour décompresser. Bref, je suis hagard, rien ne va plus entre elle et moi.

Ce jour là d'ailleurs, l'insomnie de Harry et mon non envie de dormir nous emmène à nous réfugier dans la salle commune désertée. Nous sommes en avril et d'ici trois petits mois, je serais remis à moi-même, ne sachant même pas quoi faire de ma fichue vie.

- Vivement que ce soit fini…

Je regarde Harry et ai cette impression si commune que nous sommes sur la même longueur d'onde… encore plus sûr lorsque je l'entends continuer :

- Enfin… sauf que je ne sais toujours pas ce que je vais bien pouvoir faire… après avoir trouvé les horcruxes et…

- Toi au moins tu as un répit en plus.

Il me lance un regard noir et je dévie mon visage. Ca va Harry, je plaisantais… Quoique… Je suis nul car dans ma tête, il est clair que je ne vais pas le laisser passer ce cap tout seul. Il n'y avait guère que maman pour se mettre en travers de mon chemin et là… Voilà pourquoi mon esprit n'est pas clair sur le sujet. Finalement, même si elle n'est plus tout à fait là, je devrais peut-être suivre ses indications. Mais à bien y réfléchir, elle n'a jamais dit que je ne pourrais jamais le suivre hein ?

- Ca me gène de laisser Ginny toute seule…

Sujet plutôt sensible… Que répondre à ça ? Soit tu l'épouses et je ne serais plus gêné de t'entendre débiter ton amour pour elle (quoique…), sois tu comprends une fois pour toute qu'il est mieux pour chacun que ma sœur reste la petite fille qu'elle a toujours été. Je opte pour un sujet qui n'a rien à voir.

- Et bien voilà Harry ! Tu as trouvé la solution… Suffit de louper les examens, on redouble, Ginny n'est plus toute seule et Hermione ne peut plus nous reprocher d'être faignants… On n'est pas faignants, juste altruistes !

- Oui et on laisse encore un an de répit à Voldemort avant de le faire cesser sa démagogie ?

Alors là-dedans, il y a une touche d'ironie… la question est où est-elle ? Je réfléchie encore un instant et en vient à cette seule déduction : Harry a passé trop de temps avec Hermione et en vient à utiliser des mots que je crois sortis d'un dictionnaire moldu. D'ailleurs, je vais peut-être finir par en acheter un, si ça pouvait m'aider à les comprendre un peu mieux.

- Tu penses à elle hein ?

Et voilà… Je lui déballe une fois ma vie sur la petite semaine que j'ai passé avec Hermione et il me croit fou amoureux et au bord de la folie. En bref, il ne me reste plus qu'à acheter des fleurs, une échelle et lui chanter ma complainte sur le bord de la fenêtre. S'il savait que je suis juste en train de me demander ce que veut dire démagogie…

- J'ai l'impression que vous ne vous parlez plus beaucoup. Je me trompe ?

- Tu as trop bu de bièraubeurre mon vieux… Je n'ai pas souvenir d'avoir jamais parlé avec Hermione de quoique soit d'autres que de mon incapacité à faire mes devoirs sans copier sur elle.

- Oui c'est vrai… j'avais oublié. Tu dors avec elle avant de parler… Tu sais comment on appelle ce genre de filles ?

Je ne peux m'empêcher de refreiner un sourire. Un sourire en pensant à la tête que ferais Hermione si elle entendait ce que Harry vient de dire.

- Hum… des amies ?

- Je crois que je vais me méfier de toi si c'est la définition que tu te fais de l'amitié…

- Tu n'as pas à t'inquiéter… je ne suis pas un briseur de couples.

Argh… pourquoi j'ai dit ça moi ? Juste pour faire le malin, je pensais pouvoir être aussi drôle que lui et je viens de jeter un froid. Et surtout, je viens d'avouer que je connaissais la nature des relations que ma sœur entretient avec mon meilleur ami.

- Ca se voit tant que ça ?

Merlin, dans quelle bouse de dragon ai-je fourré mon nez ? Je baisse les yeux et racle ma gorge pour tenter d'avoir l'air dégagé. Mais c'est presque une voix de fille que j'entends demander :

- Quoi donc ?

- Je… je crois que j'ai fait une bêtise…

Voyons, il peut bien avoir envie de parler, je ne suis pas sûr de pouvoir supporter d'entendre que ma sœur n'est plus la jeune fille innocente que j'aimerais qu'elle reste. Bizarrement, je m'en veux de pouvoir penser ça… après tout, ce n'est qu'une enfant… elle n'a que… 14 ? 15 ? 16 ? En bref je me souviens qu'à son âge je… je m'enfermais avec Lavande dans les endroits les plus calmes et discrets, connus de tous les couples. Merlin… aujourd'hui 13 avril, je découvre que ma sœur est une fille et que mon meilleur ami est anatomiquement semblable à moi.

- Je sais que j'ai fait ça pour la protéger… mais finalement… je ne pense pas que ça soit très utile.

Protéger… je ne pense pas avoir eu l'idée de protéger Lavande quand…

- Hein ?

- Je… je ne suis pas sûr que la solution était de nous séparer.

Ah ce n'est que ça… et bien comme dirait Hermione je suis encore à côté de la plaque. Et finalement, c'est tant mieux. Et dire que pendant un moment, j'ai cru que ma sœur avait pu… Honte à moi d'avoir pu penser que ma Ginny n'était déjà plus une enfant.