Dire que le soleil s'en donne à cœur joie et que je dois rester à l'intérieur de cette fichue salle pour me donner bonne conscience. Enfin, nous donner bonne conscience car il faut avouer que Hermione semble plus s'inquiéter pour nos études que nous-mêmes…
Hermione… Je ne compte plus le nombre de jours écoulés depuis qu'elle m'a adressé la parole pour autre chose que ces fichus cours ou même encore la salle des « je ne sais plus quoi ». D'ailleurs, faut vraiment que je trouve quelque chose à ce propos où elle va réellement me prendre pour un menteur.
Mais finalement, plus les vacances approchent et moins je trouve… je me dis qu'avec le temps, elle va finir par oublier mais c'est comme demander aux professeurs d'annuler les examens pour cette année. Même si ça tenait à leur vie, ils préféraient les maintenir pour… je ne sais même pas pourquoi. A quoi ça sert les examens ? On se casse la tête à apprendre des tas de choses et comme si ils ne nous faisaient pas confiance, il faut encore qu'on leur prouve que l'on connaît la différence entre un vampire et un loup-garou.
Pour en revenir à cette salle dont j'ai oublié le nom, ma seule source d'espoir c'est encore qu'elle m'ait entendu et apparaisse de nulle part.
- Ronald, t'as entendu ce que je t'ai dit ?
Non mais sérieusement, j'ai la tête d'un gars qui a écouté sa meilleure amie (qui soit dit en passant et revenu à la mode du « Ronald »), débiter un monologue sur la confrérie des sorciers du 18ème siècle ? Mais Merlin… c'est que j'ai écouté !
- Oui mais je croyais qu'à l'époque, on n'avait pas encore la poudre de cheminette…
- Tu me désespères… 1659 ! 1659 la poudre ! Bien sûr qu'ils l'avaient déjà !
- Bah c'est quoi qu'ils n'avaient pas alors ?
Elle soupire et détourne la tête… arrachant à Harry un sourire de moquerie. Heureusement que je le connais et que je sais que ce n'est pas de moi dont il se moque. D'ailleurs, je suis sûr que lui non plus n'a rien écouté mais comme d'habitude, il a plus de tact ou moins de courage pour lui montrer. Ou… peut-être plus de talent pour se cacher… qui sait…
D'ailleurs je profite de la nouvelle absence de Hermione pour tenter une conversation des moins antiques avec Harry. Le nez plongé sur une feuille de parchemin, je suis certain qu'il n'est pas en train de recopier les pensées de notre amie.
- Tu me passeras tes notes après ?
- Tu crois pas que ça serait plus simple de l'écouter ?
- Plus simple ? Non, je ne suis pas sûr… A moins que pour une raison quelconque, tu ne veuilles pas me montrer ce que tu écris ?
Il relève la tête vers moi et mon sourire idiot disparaît au moment ou il lève les yeux au ciel, puis dans un soupir de moquerie, me tend sa fichu feuille en me soufflant :
- Ca aussi tu as plutôt intérêt à l'apprendre par cœur…
Un parchemin ensorcelé ou des bonhommes sur un balai se battent pour une balle à la drôle de forme. Il me faut du temps pour déchiffrer les mauvais dessins de Harry : il s'agit apparemment de la prochaine tactique de jeu des Gryffondors. J'avais oublié que j'avais à côté de moi le capitaine de mon équipe.
- C'est quoi ?
- Du quidditch Ron… tu te souviens, tu es goal dans l'équipe…
- Bizarrement, j'avais compris… Et ce malgré la prouesse que tu as fait en dessin…
- Oh ça va…
Il me reprend sa feuille des mains et affronte le regard froid de Hermione qui vient tout juste d'émerger de son livre. Son regard passe de Harry à moi et je sais déjà que son point de chute sera mes oreilles déjà rouges qui me donnent cet air de parfait coupable.
- Je peux savoir ce que c'est que… ça !
Voilà, ça c'est fait, l'équipe de Gryffondor vient de perdre sa tactique de jeu dans les mains d'une fanatique du 18ème siècle.
- C'est un plan de jeu des Bûchers de Brighton… Il paraît que c'était la première équipe de quidditch et on se demandait avec Harry comment ils pouvaient voler sur des balais tout juste taillés dans du bois de hêtre.
Voyons, je repasse au ralentie et soupir en réalisant que pour une fois, tout est concordant. Mais comme d'habitude et aller savoir pourquoi, Hermione ne semble pas satisfaite de la réponse que je viens de lui fournir. Elle pourrait au moins prendre en compte le mal que je me suis donné pour débiter un mensonge en si peu de temps…
- Oh et puis zut ! Débrouillez-vous ! Vous êtes assez grands pour savoir ce que vous devez faire ou pas !
Elle a gagné, Harry se confond en excuses, et tente de se faire pardonner en lui posant des questions que je ne comprends pas moi-même sur la révolution noire. Finalement, c'est pathétique… certes elle s'est calmée mais c'est pas ça qui va l'aider à comprendre qu'on est libre de nos gestes.
Et me voilà de nouveau parti dans mes pensées les plus profondes… autant dire que je ne suis pas bien loin. Et j'en arrive à oublier la présence des deux autres et l'épée de Damoclès que Hermione pend au dessus de ma tête. Ce n'est que lorsqu'elle me frôle la tête et me jette un froid dans le dos que je comprends :
- Ron ! Qu'est-ce que tu en penses ?
- …
Elle me jette son bouquin sur la table et je réalise que la vérité n'est pas toujours la meilleure des solutions. Les yeux des trois quarts des élèves se tournent vers notre table et peuvent remarquer un Harry derrière Hermione à la manière d'un vieux couple et moi entre les deux, tout juste bon à recevoir un livre dans la tête… Je comprends mimi géniarde, moi au moins j'ai la chance de pouvoir sentir le poids de la culture.
Une culture qui est trop oppressante, je sais déjà que je ne pourrais rien faire rentrer d'autre dans mon cerveau et je range machinalement mes affaires pour prendre la direction de ce jardin qui pourra m'offrir un bout de soleil.
