Fichue règle qui nous interdit de rester dans le parc après la tombée de la nuit. Comme si c'était plus raisonnable d'affronter une Hermione enragée que des mangemorts… Sérieusement, j'ai un gros doute sur le coup. Harry marche à côté de moi et n'en décroche pas une depuis notre prise de bec sur le terrain… a moins que ce soit depuis que je leur ai demandé à tous de se la fermer. Dans tous les cas, là où pas, il m'est de la même utilité.
Il prend de plus en plus d'avance et ça m'est totalement égale. Je ne veux qu'une chose : avoir la capacité d'arrêter le temps. Je sais déjà qu'elle doit m'attendre, une baguette dans la main et un dictionnaire qui lui aura permis de mettre en place une ultime humiliation dans l'autre.
Je regarde Harry prononcer le mot de passe et m'avance à sa suite, essayant d'avoir un tour d'horizon de la situation sans avoir l'air de le faire. En d'autre terme je m'exerce à comment ressembler à une oreille à rallonge humaine.
Elle n'est pas là… bizarrement, ça ne me rassure pas. Sans craindre autre chose, je m'assois donc à même le sol, regardant nonchalamment l'antre de la cheminée vide. Harry et Ginny sont partis dans leur discussion à propos de je ne veux même pas savoir quoi.
Puis un rire se fait entendre, et un autre, et encore un autre… sans même relever la tête, je crois deviner qui vient d'entrer et par la même occasion, que les murs de Poudlard ont réellement des oreilles. Tout le monde semble désormais au courant de la mésaventure des douches… quelqu'un de l'équipe a dû leur raconter… a moins que ce soit mimi ? A vrai dire, ce fait me fait sourire… au moins, elle s'en rappellera et puis… elle l'a cherché non ? Je n'en suis même plus sûr.
C'est à ce moment que je sens un courant d'air me frôler, je remonte la tête et la vois assis sur le canapé, juste devant moi. Elle me regarde, un sourire qui me fait froid dans le dos accroché aux lèvres. Là je sais que si je veux m'envoler, c'est le moment où jamais.
Harry et Ginny ont cessé de parler et nous observent tour à tour, comme s'ils cherchaient à savoir qui de nous allait attaquer l'autre en premier. Je sais qu'ils perdent leur temps, je serai le gentil dans cette histoire.
- Tiens Ginny, je t'ai ramené ton livre d'Histoire. Je t'en remercie, il y avait bien des choses que j'avais oublié. Et tu avais raison Ron, je ne comprends pas non plus comment on peut voler sur un balai fait de hêtre.
Je rêve où elle vient de me piquer mon idée ? La c'est moi qui me fais passer pour l'idiot !
- En même temps… si tu ne m'avais pas mis ce livre sous le nez, je ne l'aurais pas su…
- Depuis quand est-ce que tu lis les livres que je te propose ? Non… c'est vraiment toi tout seul.
J'entends Harry qui se retient de rire et Ginny qui semble vouloir en faire de même, sans grande conviction. Alors sans vouloir perdre la face, j'évite tous les regards et reprend :
- Et bien il faut croire que tu as trouvé les bons arguments…
Elle hausse les épaules et se cale de nouveaux dans ce fauteuil qui semble bien grand pour elle. Je tente de percevoir dans son regard une lueur de haine qui pourrait trahir son calme apparent et me perd dans mes pensées. Après tout, le plus simple serait encore de le demander. Et pour la énième fois, ma bouche n'attend pas l'accord de ma conscience.
- Tu ne fais pas la tête ?
- Pourquoi je te ferais la tête ? Pour m'avoir fait croire en une chose qui n'existe pas ? M'avoir mené en bateau ? M'avoir humilié devant ton équipe ? Non voyons… j'ai bien trop de maturité pour ça…
Une nouvelle fois, je ne peux dégager mon regard du sien et je m'entends dire une phrase que je regrette déjà d'avoir prononcé :
- Je me suis trompé…
- Trompé pour quoi ? Pour avoir dit que j'étais une fille coincée ? Il t'a fallu quoi pour t'en rendre compte.
Pour la énième fois de la journée, je hais cette fille qui n'est plus celle que j'ai tenue dans mes bras avec temps de plaisir… de désir. Oui, je la hais plus qu'un homme peut haïr une femme.
- Trompé de t'avoir dit que je m'étais trompé…
Je sens sa main se poser sous mon visage et je n'en crois pas mes yeux. Comme la dernière fois, d'ici quelques secondes, mes lèvres vont entrer en contact avec les siennes et je vais quitter la terre pour un aller retour vers les étoiles. Sauf que cette fois, madame a décidé de parler avant…
- Regarde moi bien Ronald…
Bien sûr que je la regarde… je ne vois qu'elle… Elle qui s'approche de Harry, elle qui s'assoit sur ses genoux, elle qui prend sa tête entre ses mains et elle qui l'embrasse. Merlin elle a osé ! Je ne suis désormais plus le seul à avoir goûté à la volupté des lèvres de Hermione Granger.
Elle se retire doucement, se relève et me regarde, moi le grand bêta à la bouche grande ouverte, avant de me lancer d'une voix suave :
- Fixé ?
Sur ces mots, elle s'en va comme si de rien n'était, bientôt suivi par Ginny. Harry reste là, la tête en arrière. Visiblement, le retour sur Terre n'est pas seulement difficile pour moi.
Je ne sais quoi dire ou quoi penser, tous les élèves du monde ont les yeux rivés sur nous… enfin, ceux de la salle commune. Tant de désir se mêle dans ma conscience que je ne sais par quoi commencer.
L'un d'entre eux consisterait à aider Voldemort dans sa traque de Harry… Mais là encore, je crois qu'il n'y est pour rien. Quoi que finalement… ce n'est pas de ma faute s'il porte un nom qui le rend plus désirable que Weasley ; pas de ma faute s'il a la chance d'avoir les cheveux bruns ; pas de ma faute si lui a cette manière de parler qui ne dérange personne… C'est idiot… Harry a un nom qui lui attire la pitié… des cheveux impossibles à coiffer… et puis on ne peut pas dire qu'il est grand-chose à raconter en ce moment. En fait, il est comme moi et c'est lui qu'elle a choisi. A qui en vouloir ?
Il y a bien Ginny. Comment a-t-elle pu laisser Hermione embrasser son petit ami… Enfin, ex petit ami. D'accord, là aussi ça se tient… En fait, la seule coupable là-dedans, c'est encore Hermione. Oui, c'est ça. C'est Hermione. Elle n'avait pas le droit de me faire ça, c'est tout.
Le pire c'est que… je sais au fond de moi que je n'avais pas de promesses mais Merlin, je ne vais quand même pas m'en prendre à moi-même hein ? Elle m'a embrassé… ça voulait bien dire ce que ça voulait dire ?
Et me voilà de nouveau le seul célibataire… Je hais Hermione, je hais Harry et je hais Ginny par la même occasion. Et à cela, je rajoute tout ceux qui seront mariés avant moi dans un laps de dix ans.
