CHAPITRE I : RETROUVAILLES

La salle commune des Serpentard bruissait de murmures. Tous les Serpentard y avaient été convoqués et chacun s'interrogeait sur les raisons de ce rassemblement. Parmi les chuchotements, une exclamation un peu plus forte se faisait soudain entendre :

- Je suis sûre que c'est de la faute des Bombabouses que Rusard a découvertes, et comme d'habitude ça va être de notre faute, s'écriait une voix.

-Mais, non, lui répondit une autre voix, ils vont peut-être nous annoncer une bonne nouvelle : l'annulation des examens par exemple !

- Arrêtez de rêver, pourquoi Dumbledore annulerait-il les examens ?

Les théories les plus folles circulaient parmi les élèves. La porte de la salle commune finit par s'ouvrir pour laisser entrer le directeur de la maison : le professeur Philomène Belladone. C'était un petit sorcier courtaud au regard noir, son crâne chauve luisait doucement à la lueur des chandelles. Avec un sourire narquois, il parcourut l'assemblée avant d'annoncer l'objet de sa visite.

- Bonsoir à tous, je vous ai tous réunis ici car nous avons à partir de ce soir une nouvelle élève. Elle a déjà fait une partie de sa scolarité à Durmstang, mais elle a dû, pour des raisons personnelles, venir en Angleterre, et puisque le Choixpeau en a décidé ainsi, elle fait désormais partie des Serpentard. Je vous demande donc de l'accueillir comme il se doit et de l'aider pour ses premiers jours ici. Elle suivra les cours des cinquièmes années. Je vous présente Miss Calisté.

Le professeur Belladone s'effaça pour laisser entrer une adolescente qui semblait un peu intimidée. Elle n'était pas très grande et cette impression était renforcée par la longueur impressionnante de ses cheveux auburn tressés qui lui descendait jusqu'au creux de ses reins. Pendant un instant, les élèves crurent les voir s'animer d'eux-mêmes, mais rapidement cette impression s'effaça. Elle avait un visage fin parsemé de quelques taches de rousseur, ses grands yeux bleus dévisageaient les élèves qui se tenaient devant elle. Elle portait une longue robe de sorcier noire aux reflets bleutés.

- Bien, Miss Calisté, je vais vous laisser faire connaissance avec vos nouveaux camarades. Vous saurez où me trouver si le besoin s'en fait sentir, n'est-ce pas ?

- Oui, merci professeur.

- Encore une chose, ajouta-t-il un peu plus fort, Mr Rusard m'a parlé de Bombabouses, il me semblait que le sujet était clos ! Si jamais cela se reproduit, je me verrai dans l'obligation de sévir, n'est-ce pas messieurs Capulet et Johnsons.

Les deux intéressés, deux élèves de cinquièmes années prirent un air innocent et passablement outré.

Le professeur quitta la salle commune et les discussions reprirent de plus belle, mais elles furent immédiatement interrompues.

- Ça alors, cria une voix, Anae ! Que fais-tu là ?

À l'appel de son nom, la nouvelle eut un grand sourire. Tous les regards convergèrent vers le fond de la salle. Un garçon s'avançait à grandes enjambées, ses cheveux blonds ramenés en arrière flottaient sur ses épaules et ses yeux gris pétillaient.

- Lucius ! s'écria Anae. Eh bien, je suis élève ici désormais !

Lucius serra contre lui Anae puis la souleva dans les airs.

- Et moi qui me demandais pourquoi je n'avais plus aucun hibou de ta part. Tu aurais quand même pu me prévenir.

- Je voulais ta faire la surprise et puis ce changement s'est fait à la dernière minute, tu sais, enfin je t'expliquerai ça plus tard.

La plupart des élèves laissèrent Lucius et Anae à leurs retrouvailles, bien qu'ils brûlaient d'en apprendre plus sur cette nouvelle ; mais la plupart ayant appris à leurs dépens qu'il ne fallait pas trop chercher Lucius, gardèrent leurs questions pour plus tard.

- Allons, raconte-moi tout, le Grand Nord semble t'avoir fait le plus grand bien, quoique tu n'aies pas pris un centimètre de plus que la dernière fois.

- Je suis à peine arrivée que tu commences déjà avec tes pauvres blagues, lui répondit Anae en lui donnant un coup de coude dans les côtes, toujours le mot pour rire, Lucius, à ce que je vois. Tu n'as pas beaucoup changé !

- Viens, allons nous asseoir et laisse-moi te présenter quelques personnes.

Toujours bras dessus bras dessous, ils se dirigèrent vers les fauteuils près du feu. Les deuxièmes années qui y étaient assis se relevèrent d'un bond pour leur céder la place et s'enfuir vers d'autres sièges. Anae les regarda avec un sourire amusé. Ils s'installèrent donc près du feu et Anae tendit ses fines mains pour les réchauffer. Pendant ce temps, Lucius, d'un coup de baguette magique fit apparaître deux tasses de thé fumantes.

- Tu aimes toujours autant le thé noir, je suppose.

- Je vois que tu n'as pas oublié, merci Lucius.

- Tiens, regarde, voici quelques amis, dit-il en montrant un groupe d'élèves assis un peu plus loin, près des fenêtres. La fille avec les cheveux noirs c'est Bellatrix, à côté, le garçon avec les lunettes c'est Rodolphus. Puis il y a ma garde rapprochée : Goyle et Crabb.

- Ta garde rapprochée ? Tu as besoin d'une garde rapprochée ?

- Eh bien, disons qu'en ce moment, c'est la guerre entre les Serpentard et les Gryffondor, enfin tu t'en apercevras bien assez tôt, soupira-t-il.

- Tout ceci m'a l'air très passionnant !

- Disons que les couloirs ont pris des allures de champ de bataille ! Mais assez parlé de ça, raconte-moi tout.

Anae voulut s'appuyer mais elle se releva aussitôt.

- Oups, c'est vrai je t'avais oublié …

Elle passa sa main dans sa tresse qui aussitôt se défit, apparut alors au milieu de la masse de boucles un fin serpent qui se mit à darder sa langue avec énervement.

- Je suis désolée Slaz, dit-elle au serpent en le caressant. Réchauffe-toi près du feu.

- Quoi ? Tu as encore ton serpent, je pensais qu'il aurait été gelé là-bas !

- Alors, ça c'est mesquin, juste parce qu'il s'était moqué de ton furet, c'est nul !

- D'accord, d'accord, désolé … Tu me pardonnes Slaz ?

Pour toute réponse, le serpent, un boa, le regarda d'un air dédaigneux puis se lova comme un chat devant le feu.

- Je suis ici pour une mission top secrète. Enfin je crois, j'avoue Lucius, je ne sais pas pourquoi je suis ici. Papa m'a envoyé un hibou, me disant que j'allais devoir quitter Durmstang pour venir étudier ici. Remarque je ne m'en suis pas plainte, il neige dix mois sur douze là-bas. Qu'est-ce qu'il y fait froid.

- Oui, mais c'est la meilleure école pour la magie noire, ce n'est pas comme ici, avec Dumbledore.

- Je sais, enfin, papa m'a expliqué qu'il était préférable que je m'inscrive ici sous le nom de maman, mais Dumbledore n'a pas été dupe, enfin. Toujours est-il que je dois ouvrir l'œil et tout lui rapporter, sauf que « tout » c'est vaste.

- T'inquiète pas, c'est aussi mon cas. Mais je pensais que … ça avait un rapport avec … euh … la Chambre des Secrets, ajouta-t-il plus bas.

- Pour le moment, il n'en est pas question. Peut-être plus tard, quoique j'en doute. On verra bien. Mais parle-moi un peu de tout, comment ça se passe ici pour toi ? Il paraît que tu as fait des exploits en potions ?

- Attends un peu, comment es-tu au courant ?

- Bah … moi aussi j'ai mes informateurs …

- Belladone ?

- Oui, il a parlé de toi à mon père en termes élogieux …

A ces mots, Lucius bomba le torse.

- Mais ne va pas croire que tu es le meilleur loin de là, mon cher ! Tes connaissances s'avéreront sans doute utile par la suite…

Soudain, Anae s'interrompit et dévisagea le garçon qui traversait la salle commune. Il était grand et fin, le teint rendu encore plus pâle par la noirceur de ses cheveux qui lui tombait sur le visage.

- Qui est-ce ? interrogea Anae

- C'est Severus Rogue, il est aussi en cinquième année, c'est un grand solitaire, il parle peu mais il est très doué.

- Magie noire.

- Quoi ?

- Il excelle en magie noire, n'est-ce pas ?

- Oui, mais comment …

Lucius dévisagea Anae avec instance puis Severus qui quittait la salle, et sourit :

- D'accord, j'ai compris.

- Et tu t'entends bien avec ?

- Oui, ça va, mais on a pas tout à fait les mêmes amis.

- Il faudrait remédier à ça et rapidement.

- Pourquoi ? Tu crois qu'il pourrait se joindre à …

- Oui, et je suis certaine que ce serait un grand atout.

- Bon, si tu le dis, pour ça je te fais confiance.

- En plus, je parie tout ce que tu veux que lui aussi est un Fourchelang, regarde Slaz : il est parti mener son enquête !

En effet, le boa avait quitté la douce chaleur du feu pour suivre Severus.

- Le pauvre, murmura Lucius, ton serpent a la langue tellement pendue qu'il va le faire fuir en trois seconde !

- Arrête d'être aussi méchant avec Slaz, je pourrais finir par me fâcher !

Anae essaya de se montrer fâchée, mais elle ne pu s'empêcher de rire.

À cet instant, deux filles s'approchèrent de la cheminée. Anae reconnut Bellatrix, son amie avait de longs cheveux blonds et semblait dévorer Lucius des yeux.

- Allons Lucius, tu as assez accaparé notre nouvelle Serpentard, tu pourrais nous présenter ton amie, s'exclama Bellatrix.

- Désolé, les filles, mais nous ne nous étions pas vu depuis longtemps.

- Toujours en train d'exagérer, Lucius, la dernière fois, c'était … en juillet, non ? Ça fait à peine quatre mois, répliqua Anae.

Celle-ci se leva et se tourna vers les deux arrivantes.

- Salut, je m'appelle Anae.

- Moi, c'est Bellatrix, mais tout le monde me surnomme Bella.

- Et moi c'est Narcissa, ajouta la blonde. Bienvenue à Poudlard ! Tu viens de Durmstang, c'est ça ? Il paraît qu'il y fait froid et que vous n'avez pas le droit d'allumer de feux pour vous chauffer, mais seulement pour préparer des potions, c'est vrai ?

- Tout comme on dit qu'à Poudlard les salles de cours sont infestées de souris, répondit Anae en riant.

Les trois filles éclatèrent de rire.

- Viens, nous allons te faire visiter la souricière, proposa Bellatrix. Et puis je suis certaine que tu pourras nous apprendre plein de choses compromettantes sur notre cher Lucius !

- D'accord, à plus tard Lucius, lança Anae tout en lui faisant un clin d'œil. Ne t'inquiète pas, je ne dirai rien sur toi, enfin, presque rien.

Et elle s'éloigna en riant.