Je ferme les yeux et sens ses lèvres frôler les miennes. Ca fait tout juste une semaine que je sors avec Luna et tout se passe très bien. Disons qu'en fait, on ne se voit pas très souvent… problème de maisons, problème d'horaire. En tout cas, ça me fait du bien d'avoir une vie en dehors de celle que je mène habituellement dans la salle commune. Sur ça, je rajoute que j'ai repris une liaison un peu plus normale avec Hermione, elle semble heureuse pour moi et je fais semblant de la croire.
Dans quelques jours auront lieu les examens de fins d'année, je n'y pense plus et évite de fourrer mon nez dans des livres qui me donnent chaque jour un peu plus la nausée. Je ne comprends rien, et je me plais dans ce rôle de garçon inculte que veut me donner Hermione. Finalement, elle n'est qu'une simple amie…
Les jardins de Poudlard sont bondés et il n'est pas facile de trouver un endroit où être tranquille. Luna a insisté pour que nous nous mettions à une distance égale du vieux chaîne et des arbustes… selon elle, il ne faut pas plus ennuyer les Wisties habitant l'arbre que les Trustos jouant dans les arbustes. Elle est bizarre, ça c'est sûr mais il y a une chose de bien : elle me laisse faire ma vie et m'accepte réellement comme je suis. J'avoue, moi j'ai un peu plus de mal. Mais ça fait du bien de pouvoir rire au dépend d'une personne sans qu'elle prenne le doxys à la seconde près.
- Tu savais que si tu mangeais assez de bruns d'herbes, tu pouvais prendre une couleur verte en avalant ensuite une potion verdoyante.
J'ai bien envie de lui dire qu'il n'y a pas besoin de l'herbe pour devenir tout vert et que la potion suffit elle-même… bien envie de lui dire qu'il n'y a pas plus d'utilité de devenir vert que de cracher des limaces par le nez mais je me retiens. Je l'observe et me sent apaiser.
Quelques mètres plus loin, des élèves de première année court après un ballon en cuir de vache (je savais même pas que ça existait), je crois percevoir le nom Football… apparemment, c'est un jeu qui fait fureur chez les moldus. En tout cas, j'avoue que c'est assez drôle de les voir se rouler dans la boue. Ils ont de drôles d'idées ces moldus quand même.
- Ron ? Tu penses à quoi ?
- Rien de spécial.
Elle fixe ses yeux sur moi et j'en arrive à oublier l'absurdité des bouchons de bièraubeurres qui pendent encore autour de son cou. Elle ne sourcille pas et je sais qu'elle pourrait rester des heures sans battre des paupières et sans pleurer pour autant. Vraiment exceptionnelle cette fille.
- Tu sais que tu n'es jamais seul hein ?
Oh la, si je ne l'arrête pas tout de suite, elle va détourner la conversation sur mes parents sans jamais prononcer leur nom, puis elle va me dire que les peuples des Redsur (quoi moi aussi je peux inventer des noms !), vivent toute leur vie seul et meurt au contact des autres personnes. Ceci seulement, à la pleine lune, ça va de soi.
- Tu sais que c'est pas bon de ruminer comme ça dans ton coin. Personne ne peut survivre seul… Quoique… il existe bien un peuple qui…
Ron arrête là… je la fixe un instant, pose ma main sur ses genoux et me délecte de la douce sensualité de ses lèvres. Qu'il est apaisant de ressentir l'attention qu'il nous est porté. Certes, elle n'est pas la plus parfaite des petites amies, mais elle tient bien sa place. Elle respire l'imperfection et ça me comble. Après tout, qui se ressemble s'assemble non ?
Je joue encore un court instant à travailler mes sens et rouvre les yeux en entendant une voix familière parvenir jusque moi. Hermione arrive… je m'en fiche… pas tout à fait. J'achève ce baiser la tête ailleurs. Oui je sais, honte à moi mais en même temps, qui irait le savoir ?
- Tu connais ce peuple ?
Ca aussi c'est du Luna tout craché… Elle ne perd jamais le fil de la conversation et elle a assez de mémoire sur toutes ces histoires qu'il m'est inutile de m'en rappeler moi-même. Je repose ma tête contre ces genoux, involontairement sans doute, je sais juste que d'ici quelques minutes, Harry et Hermione seront à côté de nous, gênés par je ne sais quoi.
Et en effet, les voila déjà qui s'installent sur cette couverture que Hermione semble toujours traîner sur elle. Voilà ce qui est bien avec Luna : elle ne se formalise pas des imprévus. En parlant de cette dernière, elle se tourne vers ce qui me sert de meilleure amie, totalement affolée et me fait tomber en lui disant :
- Pas ici Hermione ! Pense un peu aux Limony !
Hermione se lève, totalement désemparée et laisse Luna repousser sa couverture de quelques centimètres. Harry les regarde faire, totalement hilare et me regarde dans son fou rire communicatif. Pour sûr, c'est deux là ne sont vraiment pas sur la même longueur d'onde.
- Luna… tu m'expliques ce que sont des Limony ?
Je frotte ma tête d'un geste las, la terre est bien dur et le choc se fait encore ressentir. Disons aussi que j'essaye de ne pas croiser le regard de celle qui vient de poser cette question. Je vois Luna poser la main sur son menton, semblant réfléchir à comment répondre à une question aussi bête sans blesser la personne. Quelques secondes se passent ainsi avant que Hermione ne poursuive finalement :
- Non finalement, je ne veux pas savoir.
L'amabilité selon Hermione, leçon 1. Je tourne totalement mon visage à l'opposé des deux filles, ne voulant surtout pas avoir à me justifier sur le teint rougeâtre de mon visage. Il faut dire que ces dernières sont à des pôles tellement différents que leur rencontre fait forcément des étincelles.
- Ron, ça ne va pas ? Tu es tout rouge…
Merci Hermione, si j'étais rouge pour aucune raison, là j'en est une. Je réfléchi pour tenter de trouver une réponse à cela avant d'entendre Luna répondre à ma place :
- Oh c'est rien… je lui ai dit de s'asperger de bave de crapaud avant de venir… c'est contre les Limony… mais il n'a pas voulu…
De nouveau, je me retiens de rire, ce que Harry à renoncer à faire depuis longtemps et la vois se tourner de nouveau vers moi pour me dire :
- Tu vois, moi je l'ai fait et ils ne m'ont pas attaqué.
Je refreine une envie de vomir en imaginant que ça fait une bonne heure que je savoure chaque partie de son visage sans savoir qu'avant moi, un crapaud y est passé.
