Chapitre 2 : Premiers cours
Les premiers jours pour Anae furent assez difficiles : elle était arrivée en plein mois de novembre et le programme n'était pas le même entre les deux écoles. Pour certains cours, comme le cours de DCFM et de potions, elle était en avance sur ses camarades, mais pour d'autres, en botanique surtout, elle avait pris beaucoup de retard. Heureusement pour elle, son intégration à Serpentard s'était bien passée : grâce à son ami Lucius, elle avait rapidement trouvé sa place. Anae passait ses journées à travailler durement, d'autant plus qu'à la fin de l'année, les BUSES attendaient les élèves. Cependant, au milieu des grimoires et des parchemins, elle trouvait le temps de discuter avec Lucius ou de faire plus ample connaissance avec Bellatrix et Narcissa. Elle s'entendait très bien avec les deux sœurs.
Le soir après les cours, elle se réservait toujours un moment pour parler avec Lucius, de longues conversations au coin du feu, sur tout et sur rien.
- Alors, lui demanda Lucius, comment se sont passés tes cours sur l'étude de runes ?
- Très bien, heureusement j'avais de l'avance. Enfin, pour l'ambiance c'est pas ça : je comprend pourquoi tu n'as pas pris cette option, avec les Gryffondors, ce n'est pas la joie!
- Je t'avais prévenue. Y en a qui t'ont posé des problèmes ?
- Non, pas vraiment, j'ai l'impression qu'ils tâtent le terrain. Il y a le cousin de Narcissa et Bellatrix, avec ses copains. Ils passent leur temps à parader pour essayer d'attirer l'attention! De vrais gamins!
- Ca ne m'étonna pas d'eux! Tu sais ... c'est avec eux que nous avons quelques problèmes!
- Tu m'en diras tant!
- Mais au fait, où passé ton serpent, cela fait longtemps que je ne l'ai pas vu ?
- Tiens, Slaz te manquerait ?
- Je n'ai pas dit ça, je me demandais juste où il était passé!
- Quelque part à se promener dans les couloirs, à fureter ça et là, il en profite : à Durmstang il faisait trop froid et il passait son temps à dormir...
- Tu n'as pas peur qu'avec Dumbledore cela pose problème ?
- Non, je ne vois pas pourquoi Slaz n'est pas censé faire de mal!
- Tu devrais quand même garder un oeil sur ta bestiole, ça pourrait paraître suspect!
- Tu as raison ...
- Comme d'habitude ...
- Alors là, Lucius tu exagères. Puisque c'est ça, je pars chercher Slaz... dit-elle d'une voix boudeuse. A plus tard. Et puis si tu as besoin d'un coup de main pour finir le devoir de Binns sur les révoltes des gobelins, regarde ce que j'ai écrit. Mais attention, interdiction de recopier.
- Merci, si tu savais comme j'adore cette matière...
Anae
quitta la salle commune des Serpentards et s'engagea dans différents
couloirs à la recherche de son serpent. Elle arriva dans un
petit péristyle qui encadrait une petite cour où les
derniers brins d'herbe étaient recouverts d'une fine couche de
givre.
Anae décida de contourner la petite cour gelée
pour se diriger vers des salles de classes désertes et
inoccupées, où elle aurait le plus de chance de
retrouver Slaz. Il aimait les endroits inhabités où il
pouvait s'adonner à sa grande passion : la chasse aux
souris.
Dans le silence glacé du soir qui était
tombé, les pas d'Anae semblaient résonner
bruyamment.
Soudain, elle s'arrêta et tendit l'oreille, elle avait cru entendre un faible bruit, mais puisqu'il ne se reproduisit pas, elle secoua la tête et continua son exploration. Une porte en chêne et savamment ornée était entrouverte, elle l'ouvrit le plus discrètement possible, mais la vieille porte ne l'entendait pas ainsi et elle ne laissa entrer Anae qu'au prix d'un grincement désagréable.
- Bonjour, la discrétion ! pensa la jeune sorcière.
Un rapide coup du oeil lui apprit que la salle était vide. Les vitres étaient sales, l'une d'elles était brisée. Elles laissaient difficilement passer la pâle lueur de la pleine lune qui se levait sur le lac. Cependant, c'était suffisant pour apprécier la salle. Les tables et les chaises, quelquefois cassées, avaient été poussées contre un mur, des étagères poussiéreuses abritaient de vieux manuels moisis par l'humidité. C'était le domaine des araignées : elles avaient recouvert les murs et les meubles de fines toiles. L'impression que donnait cette salle était lugubre, on aurait dit qu'aucune créature, excepté les araignées, ne vivait ici. Pourtant de petits couinements se faisaient entendre ça et là.
- Bon, ce n'est pas si désert que ça, il y a des souris!
Anae sourit dans la semi obscurité puis se mit à faire des bruits bizarres : des sifflements parfois aigus parfois bas.
- Slaz, je suis sûre que tu te caches ici, disait-elle de cette étrange manière, je crois que tu t'es assez promené aujourd'hui, tu devrais rentrer avec moi à la salle commune!
Pendant un instant, le silence se fit, les souris avaient arrêté leurs courses et leur babillage effréné. Soudain, une ombre longiligne se profila.
- C'est bon, j'arrive, quelle rabat-joie ... je venais de découvrir une colonie de souris bien dodues.
- A voir ton ventre énorme, je dirai que tu as fait assez de dégâts comme ça. Si tu continues à t'empiffrer, il ne restera plus aucun rongeur !
Anae se pencha et tendit son bras au serpent.
Celui-ci s'y enroula et reposa sa tête au creux de la main de
la jeune fille.
Anae et son serpent regagnèrent le
péristyle.
- Brrr, s'exclama le reptile, quel froid!
- Et quelle idée de se promener la nuit dans le coin le plus glacé du collège! On est en novembre, je te rappelle et il gèle la nuit...
Anae desserra la longue cape qui volait derrière elle et essaya du mieux qu'elle put d'y enrouler son serpent.
- Je crois que je vais me remettre à hiberner, continua celui-ci, quelle idée de continuer à vivre et à bouger en hiver, c'est bien une idée humaine ça!
- Ce n'est pas moi qui t'aie empêché de dormir tout l'hiver, si je me souviens bien, tu m'as dit que cet hiver, puisque nous quittions Durmstang, tu allais profiter des mois hivernaux pour chasser les souris et te prélasser près d'un feu de cheminée !
Boudeur, le serpent darda sa
petite langue fourchue et tourna la tête en silence.
Pendant
toute cette conversation, Anae continuait d'avancer, elle emprunta
diffèrents couloirs, plus ou moins éclairés, des
escaliers, qui pour une fois, ne l'emmenèrent pas à
l'opposé de sa destination.
Perdue dans ses pensées,
elle se dirigeait machinalement vers les cachots où était
sa salle commune. Sans faire attention, elle tourna rapidement dans
un couloir et fonça dans quelqu'un. Dans le choc, sa cape
avait glissé et son serpent émit un sifflement
rageur.
- Oups, je suis vraiment désolée, s'excusa Anae. Je ne vous avais pas vu.
Elle leva les yeux et se retrouva nez à nez avec Severus Rogue.
- Ce n'est pas grave, lui répondit-il. Je ne faisais pas attention non plus, je ... enfin, j'étais plongé dans un bouquin, ajouta-t-il en hésitant.
- Alors nous sommes tous les deux fautifs, s'exclama Anae, avec un grand sourire. Au fait, je ne crois pas avoir eu l'occasion de me présenter, pourtant nous avons eu des cours ensembles ...
- Oh, mais je sais qui tu es. Tu es Anae, la nouvelle ... et moi je m'appelle ...
- Moi aussi je sais qui tu es, coupa-t-elle, en souriant. On m'a parlé de toi!
- Ah bon ? répondit Severus d'un ton perplexe. Je peux savoir qui ?
- C'est Lucius, il paraît que ...
Mais Anae ne put finir sa phrase. Slaz resserra ses anneaux autour de son bras et se mit à pester avec ses sifflements si particuliers.
- Tu ne peux pas t'en empêcher, tu rencontres quelqu'un qui s'y connaît en magie noire, tu discutes, tu discutes, sans penser à moi! J'ai froid je te signale ! Ta cape est tombée !
- Toujours en train de râler! lui répondit Anae par des sifflements, d'abord tu n'avais pas à partir je-ne-sais-où dans le froid.
Severus observait cette petite dispute avec un sourire énigmatique sur les lèvres. Pendant ce temps, Anae s'empressa de réajuster sa cape pour réchauffer son serpent.
- Ton serpent a son caractère bien à lui, fit remarquer Severus.
- Oui, c'est un vrai tyran quand il s'y met, répondit Anae.Mais je crois savoir que tu as fait sa connaissance, tu es aussi fourchelang...
- Effectivement, c'est drôle car c'est plutôt rare de rencontrer quelqu'un qui parle avec les serpents...
- Je sais, d'ailleurs, je te préviens, mon cher Slaz risque de venir te trouver souvent. Il n'a pas trop l'occasion de parler avec d'autres personnes, c'est un grand bavard, n'est-ce pas ? ajouta Anae en s'adressant à son serpent.
Celui-ci, boudeur, ne répondit pas.
- Si Slaz t'embête de trop, dis-le moi. La plupart du temps, il est adorable, mais quand il s'y met, quelquefois il est impossible. Tu viens d'en avoir la démonstration ...
- D'accord, je te ferai signe.
A cet instant, un miaulement se fit entendre.
- Oh non, c'est Miss Teigne! Rusard doit être dans le coin, on ferait mieux de regagner notre salle commune, proposa Severus.
- Oui, tu as raison. Je ne sais pas ce qui me retient de jeter un sort à cette bestiole.
- Tu ne voudrais quand même pas te faire remarquer dès ta première semaine ?
- Non, répondit Anae en éclatant de rire.
Les deux Serpentards étaient arrivés devant la porte de leur salle commune. Ils s'y engouffrèrent et retrouvèrent la sécurité de leur salle, qui, à cette heure, était déserte.
-
Bon, je crois que je vais aller me coucher, dit Severus, bonsoir
Anae.
-Bonsoir.
Severus se dirigea vers les escaliers qui conduisaient à son dortoir quand Anae l'interpella. Il se retourna.
- Euh, attends. Slaz m'a dit que tu étais
plutôt magie noire, dit -elle d'une voix basse.
- Oui, et
?
- Si ça te dit, j'ai quelques bouquins qui pourraient t'intérêsser, à l'occasion ...
- D'accord, je m'en souviendrai, merci.
- Bonne nuit Severus.
- Bonne nuit.
Anae resta quelques instants devant le feu, Slaz
avait quitté son bras pour se lover devant les flammes
dansantes.
- Bien, siffla-t-il, bonne première
approche.
- Merci, c'est un peu grâce à toi.
- Dis, c'est vrai que je suis trop bavard et impossible ?
- Quelquefois, seulement, rassure-toi Slaz ... Seulement quelquefois ... mais c'est aussi ce qui fait tout ton charme!
