Par chance, le couloir est vide… par chance, personnes ne sera le témoin de la chute de mon couple. J'avance vers Luna en cherchant désespérément une raison crédible pour expliquer mon retard mais hélas, ma tête semble embrumée et je suis incapable de réfléchir, comme si ce qui allait se passer m'était bien égal.
Je suis maintenant si proche d'elle que je m'étonne de ne pas la voir relever les yeux de son magazine. Là c'est sûr, elle m'en veut réellement. Et moi qui pensais que cette fille n'était pas capable de tels sentiments.
Je suis désormais adossé le long du mur, les mains dans les poches, j'attends qu'elle fasse le premier pas. Au moins, j'aurais une excuse pour m'énerver si elle m'agresse la première. Oh et puis finalement, je ne vais pas attendre une heure qu'elle se décide. Si vraiment ça doit finir là, que ça ne gâche pas la fin de ma soirée.
- Désolé, une attaque de Jurties devant la bibliothèque.
Jurties… je suis un idiot, si elle gobe celle là, je pourrais en déduire que je suis aussi idiot qu'elle. Quel crétin, elle n'est pas idiote Ron… enfin… pas tout le temps.
Je la vois relever la tête, passablement étonnée et je me dis que finalement, non elle n'est pas idiote et sur ce coup, c'est moi le crétin qui débite des mensonges que même un enfant de trois ans ne croirait pas. Sauf que…
- Jurties ?
Je tente de dire oui et ça se transforme en un grognement digne d'un troll des montagnes. Je vois son sourcil se lever et elle secoue la tête en faisant crépiter ses boucles d'oreilles à la forme indescriptible.
- Pas Furties plutôt ?
Je ne sais pas si c'est un piège pour desseller le mensonge par le mensonge mais j'acquiesce une nouvelle fois pendant que ses yeux s'illuminent bizarrement.
- C'est vrai t'en a vu ?
Tout d'un coup, j'ai une illumination, cette conversation est aussi farfelue qui la liaison que j'entretiens avec cette fille. Tout comme elle, elle n'est pas dérangeante… juste sans intérêts.
- Je suis désolée, je ne t'ai pas vu arriver ? Tu ne m'en veux pas hein ?
Le monde à l'envers, c'est elle qui s'excuse. Et bien, ça doit bien être la première fois que ça m'arrive. Je savoure ce moment et me donne un air de penseur, au moins qu'elle culpabilise un peu ! C'est peut-être bizarre mais j'ai réellement l'impression que ma liaison avec Hermione m'a légèrement remué le cerveau. Me voilà qui de nouveau, met du piment dans le jus de citrouille. Comme si j'avais besoin de jouer à ce jeu… Elle n'est pas Hermione, elle ne s'énervera pas et c'est même pas drôle.
Je suis coupé dans ma méditation par une sensation bien familière : le goût de ses lèvres sur les miennes. Ca ne dure pas longtemps, juste que quelques instants et sa bouche se sépare de la mienne alors que mon âme en demande encore.
A non plus, ce n'est pas Hermione qui ferait ça pour se faire pardonner. De toute façon, Hermione n'a jamais tord.
- Je suis pardonnée ?
Je garde les yeux fixés sur elle, sentant la frustration bien présente de ce dernier baiser et je m'approche de nouveau. Elle se laisse faire, se mettant sur la pointe des pieds. Je lui en suis reconnaissant, au moins mon cou ne sera pas douloureux.
Qu'il est bon de ressentir un peu de tendresse… Ce baiser prend vite des allures de marathon, il ne s'arrête pas, je la rattrape quand elle ose vouloir se défaire de moi.
Je sais qu'elle n'est pas trop baiser à rallonge mais pour une fois, elle ne m'en voudra pas hein ? Elle ne m'en veut jamais de toute façon.
Et machinalement, mon besoin de tendresse prend le dessus et laisse mes mains parcourir la distance qui les sépare de son cou. Je ne suis pas avec Lavande… je ne devrai pas… cette fille n'est pas aussi… aussi ouverte… je ne devrai pas.
Je joue avec les mèches qui encombrent l'endroit… je les emmêle et me délecte de sentir leur douceur le long de mon bras. Un peu comme ceux de Hermione la nuit où…
Je m'affaire à retirer ma main en les descendants un peu plus sur son épaule… je ne dois plus penser à elle, pas quand je suis en train d'embrasser ma petite amie. Un baiser passionné qui ne me laisse aucun papillon dans le ventre.
Pourtant, mon cœur s'accélère réellement quand j'entreprends de croiser les bretelles de son soutien-gorge. Une relation tellement bizarre que jusque maintenant, je n'avais jamais réellement pensé au fait que Luna était une fille… et qu'un garçon pouvait faire des tas de choses avec une fille dans un couloir désert… avec une fille qui porte un soutien-gorge dont les brettelles en dentelles me font penser à ceux de…
- Merlin c'est pas possible !
Je n'ai pu retenir ces mots, comme une injure faite à ce moment que je passais avec cette fille si… incroyablement différente. Elle me regarde, presque peinée et j'ai envie de lui hurler de partir et de prendre le temps de me gifler auparavant.
Je suis un crétin ! Un idiot ! Un poltron qui n'a même pas le courage de dire la vérité. Piètre abruti au cerveau placé trop bas dans mon corps. Tellement poussé par le besoin d'être apprécié, j'en arrive à faire souffrir la personne qui elle, a eu le respect de m'aimer pour ce que je suis… un profiteur.
- Ron ? Ça ne va pas…
Dans un moment de chance, je baisse mon regard pour éviter le sien. Je sais que dans le cas contraire, je ne pourrais lui mentir…
- Juste fatigué… on remet ça à demain tu veux ?
Ron… rompt… maintenant.
Quoi que je puisse dire, je reste bloqué devant elle et je prends juste le courage de dévier le dernier baiser qu'elle veut m'offrir.
Non seulement je lui mens et je ne suis même pas capable de mener à bien cette besogne.
Les couloirs sont désespérément vides, bercées par le soleil de juin, il ne pousse pas les élèves normaux à rester à l'intérieur. Je ne suis pas normal… c'est un fait.
Je reste là à parcourir les couloirs sans savoir où aller… pas envie de retrouver la salle commune… pas envie de dormir… pas envie de la voir.
Je la déteste, elle a réussi à gâcher mon rendez-vous. Cette fille est un démon doté d'une intelligence incroyable. Moi le piètre abruti, je n'ai aucune chance de gagner contre elle, elle finira par avoir ma peau et personne ne s'en plaindra.
