CHAPITRE V : LE CLUB DE DUEL

La journée qui avait vu la blessure de Slaz semblait ne jamais vouloir finir. Le cours de soins aux créatures magiques tiraient en longueur : passée la surprise des étranges crachottes, le cours devint ennuyeux. La prof leur expliqua les diverses utilisations du jet de Crachotte. Elle leur donna un devoir à faire : au moins 30cm de parchemin sur les propriétés du jet de Crachotte dilué. Pour couronner le tout, Anae avait pris froid et elle n'arrêta pas d'éternuer pendant tout le cours.

- Génial, il ne manquait plus que ça, grogna-t-elle entre deux éternuements.

Finalement, le professeur Tiole les relâcha et ils se pressèrent pour rentrer au château.

Le cours suivant, le cours de métamorphose se passa sans incident, pour une fois. Puis ils se rendirent au dernier cours de la journée : sortilèges. Ils se perfectionnèrent dans les sortilèges de Passinaperçu : qui permettaient au sorcier de ne pas se faire remarquer. Pendant que le professeur faisait une démonstration, un élève de Serdaigle, Lucka, un petit blondinet regarda par la fenêtre et s'exclama :

- Eh regardez ! Il neige !

Puis il ajouta discrètement :

- Neige en novembre, Noël en décembre !

Le professeur venait de faire sa réapparition juste derrière Lucka et celui-ci en entendant rire ses camarades, crut qu'ils riaient de sa blague.

- Merci monsieur Maxwell, pour cette remarque intelligente, puisque vous ne prenez pas la peine d'écouter, c'est que vous avez tout compris, venez donc nous faire une petite démonstration !

Lucka, pris sur le fait, rougit et dut s'avancer au centre de la pièce sous les rires des autres élèves. Rires qui redoublèrent car son sortilège ne fonctionna qu'à moitié : tout le bas du corps était visible, tandis que le haut avait pris l'aspect du mur devant lequel il se tenait.

- Eh bien, monsieur Maxwell, vous êtes plus doué pour la météo que pour ce sortilège.

Puis s'adressant à tout la classe, le professeur poursuivit :

- Que tous ceux qui ne maîtrisent pas ce sortilège s'y entraînent pour le prochain cours, car nous passerons au niveau supérieur !

Le cours se termina dans la bonne humeur et les élèves ravis d'avoir fini cette journée, s'éparpillèrent en courant dans les couloirs.

Anae décida d'aller prendre des nouvelles de Severus car celui-ci n'avait assisté à aucun des cours de l'après-midi. Lucius qui n'avait pas du tout envie de se plonger dans ses devoirs, décida de l'accompagner.

Ils empruntèrent les escaliers, mais ceux-ci décidèrent non pas de les conduire au dernier étage mais au deuxième. Après bien des détours, ils arrivèrent dans le couloir qui menait à l'infirmerie. Des tableaux qui représentaient en grande majorité d'illustres sorciers médecins égayaient le couloir. Ca et là, on voyait des sorciers dans des laboratoires, testant de nouvelles potions, un des sorciers semblaient avoir eu des problèmes, car un gros nuage noir fumait sur la toile et la cadre avait été brûlé par endroit. Anae et Lucius allaient arriver au dernier coude du couloir, quand ils s'arrêtèrent brusquement, des voix se faisaient entendre.

- Alors, Snivellus, qu'est-ce que tu fais là, s'exclama une voix. Tu t'es fais un gros bobo ?

Plusieurs rires résonnèrent.

- Et toi Potter ? Tu peux enfin te montrer, remarque je me demande si madame Pomfresh a vraiment fait quelque chose pour toi, tu...

- La ferme, hurla une autre voix, celle de Potter. Tu sembles être bien renseigné, c'était une de tes idées ?

Lucius et Anae sortirent leurs baguettes et s'avancèrent.
Severus avait été acculé dans un coin, contre une vieille armure, par James Potter, Sirius Black et Peter Pettigrow.

- Trois contre un, votre courage est désarmant, s'écria Lucius.

Les trois Gryffondors se retournèrent brusquement, visiblement surpris.

- Oh, oh, s'exclama Sirius dont le front s'ornait d'une grosse bosse. Voilà la cavalerie qui arrive. Faudra que tu m'expliques, Malefoy, comment un gars comme toi a réussi à être préfet, c'est ton père qui a acheté ta nomination ?

Lucius allait répliquer, mais Anae le devança :

- Dis donc Black, joli ton front, t'avais tellement la grosse tête que tu t'es cogné dans les portes ?

- La ferme ! hurla Black.

Il leva sa baguette, mais n'eut pas le temps de jeter un sort à Anae, car à ce moment la porte de l'infirmerie s'ouvrit brutalement et madame Pomfresh, hors d'elle, apparut :

- Mais, que se passe-t-il ici ? Vous êtes devant une infirmerie, on a besoin de calme ICI !

Puis voyant les baguettes sorties, elle ajouta :

- Vous n'alliez tout de même pas vous battre ? Puisque c'est ça, j'enlève 10 points à chacun de vous. Et si vous n'avez rien à faire ici, filez vite!

Aussitôt les baguettes disparurent dans les robes de sorcier.
Anae et Sirius continuaient à s'affronter du regard.

- Eh la nouvelle, on en a pas fini, si tu as du courage, viens demain soir au club de duel, je serai ravi de te donner une bonne leçon ! A moins que t'aies trop peur!

- Peur ? Moi ? rit Anae. Très bien, Black, demain soir ...

Puis s'adressant aux deux autres Gryffondors, elle ajouta :

- Profitez bien de votre copain, car je doute qu'après demain soir, il soit encore en état !

- C'est ce qu'on verra, répliqua Sirius. Tu ne perds rien pour attendre.

Anae, Lucius et Severus s'éloignèrent tandis que les Gryffondors rentraient dans l'infirmerie. Le lendemain, le soleil s'était à peine levé que la rumeur avait déjà enflammé tous les esprits : elle s'était propagée comme un feu de paille : Sirius s'était vanté et avait raconté à qui voulait l'entendre qu'il allait donné une leçon à cette nouvelle. Pendant les interclasses, les pronostics allaient bon train et certains Gryffondors s'étaient transformés en bookmakers, un trafic de noises, de mornilles et même de gallions s'était peu à peu organisé. Les pièces changeaient de mains aussi rapidement qu'elles étaient sorties des bourses ! Les Gryffondors avaient une confiance absolue en leur nouveau champion.
Les Serpentards, eux, étaient assez partagés : certains ne savaient pas quoi penser de cette nouvelle, mais Lucius était confiant, et s'empressait de le faire savoir. Ce qui au bout d'une heure commença à énerver Anae, mais au fond d'elle, elle lui en était reconnaissante. Narcissa et Bellatrix trouvaient qu'Anae avait un sacré culot d'affronter Sirius et attendaient de voir le résultat. Severus, quant à lui, semblait gêner de toute cette histoire : il se sentait un peu coupable d'avoir mis Anae dans cette situation. Il lui fit savoir.

- Ne t'inquiète pas, lui rétorqua Anae, ce minus ne m'impressionne pas du tout !

- Oui, mais ...

- Y a pas de "oui mais" qui compte. Tu le verras par toi-même ce soir !

Les seuls qui ne semblaient pas se rendre de compte de ce qui se passait étaient les profs. Bien sûr les cinquième années étaient inhabituellement bruyantes, mais ils accusèrent les élèves de "faire la neige".
Les cours passèrent trop lentement aux yeux des cinquième années qui en ce jour, furent les champions de la maladresse et de l'inattention : le cours de potions des Gryffondors fut une véritable catastrophe : trois chaudrons furent renverser, la majorité des potions produisit une fumée violette malodorante. Le professeur Belladone finit pas s'énerver et donna des devoirs supplémentaires. Mais même cela ne put entamer leur enthousiasme !
Les cours des Serpentards ne furent pas mieux : en histoire de la magie, enseignée par le seul professeur fantôme, le professeur Binns, chacun se désintéressa encore plus rapidement de chasse aux sorcières en Nouvelle-Angleterre. Les élèves essayaient de donner des conseils à Anae, lui proposant des sorts tous plus extravagants les uns des autres.

Finalement, le dîner s'acheva et un flot inhabituel d'élèves envahit la salle de duel. Chacun essayait de pousser l'autre pour être au plus près de l'estrade afin de ne rien manquer du spectacle!
Lucius, Anae, Narcissa, Bella et Severus avait pris place au premier rang, de l'autre côté, à l'opposé se tenaient Sirius, James, Rémus et Peter. Rémus, le préfet des Gryffondors, secouait la tête comme pour montrer qu'il n'approuvait ce qui allait se passer. Les élèves attendaient avec impatience l'arrivée du professeur de DCFM qui s'occupait de ce club.

Le professeur Arèseth fit son apparition par une petite porte dérobée. Il y eut un hoquet de surprise en voyant la foule présente ce soir-là. C'était un petit sorcier à la longue barbe tressée, ses cheveux châtains étaient eux aussi tressés en une toute petite tresse qui touchait à peine sa nuque. Il monta sur l'estrade et prit la parole, d'une voix fluette :

- Bien, bien, je vois que nous avons plein de monde ce soir ! C'est parfait de voir que vous vous intéressez à la noble pratique des duels.

Personne n'écoutait les paroles du professeur, ses habituelles recommandations passèrent au-dessus de tout le monde.
Voyant son absence de succès, il enchaîna rapidement :

- Bien, bien, je vois que vous êtes impatients de passer à la pratique. Y a-t-il des volontaires ?

Seulement deux mains se levèrent, personne n'osait troubler ce règlement de compte.

- Bien, bien, je vois qu'il y a des intéressés. Montez donc sur l'estrade.

Anae grimpa sur l'estrade recouverte d'un tapis moiré, à l'autre bout apparut Sirius. Le professeur était toujours au centre.

- Bien, bien, je vois que notre nouvelle élève va nous faire une petite démonstration, miss Calisté ... euh, c'est bien ça.

Anae acquiesça. Les deux adversaires s'affrontèrent du regard, cherchant à faire ciller l'autre, mais aucun ne baissa le regard. La tension en devenait presque palpable. Sirius eut un rictus et les yeux d'Anae flamboyèrent de haine.
Le professeur Arèseth jugea les deux adversaires et s'empressa d'ajouter :

-Bien, bien, je vois que vous êtes prêts, je vous rappelle que le but est de désarmer l'adversaire, pas de le blesser. Venez vous saluer.

Anae et Sirius s'avancèrent.

- Alors la nouvelle, prête à prendre une raclée, chuchota-t-il.

- Eclaire-moi Sirius, tu as voulu m'affronter ici, sous les yeux d'un prof, pour être sûr que je ne te fasse pas trop mal?

- Tu vas le regretter !

Anae haussa les épaules.
Les deux élèves se saluèrent puis chacun recula de dix pas.
Le professeur toussa,

-Bien, bien, je vois que ça va commencer. Attention à trois, lancez chacun un sort. UN, DE...

Le professeur n'eut pas le temps de finir, Sirius venait de lancer un "rictusempra". Mais Anae avait anticipé, son "protego" fit rebondir l'attaque. Elle enchaîna avec un "flipendo" qui déséquilibra Sirius, encore à terre, sous les cris des Gryffondors, il envoya un "Stupefix", mais là encore le "protego" d'Anae fit des merveilles.

- Eh, la nouvelle, tu ne te débrouilles pas trop mal, lui cria-t-il.

Anae ne répondit pas toujours très concentrée. Les sorts fusaient de chaque côté sans atteindre réellement les deux adversaires. Un florilège d'étincelles envahit l'estrade et cacha Anae et Sirius à la vue des spectateurs, quand les étincelles disparurent, chacun remarqua que les deux élèves étaient toujours debout, Sirius paraissent un peu plus débraillé, et la tresse d'Anae s'était défaite, ses cheveux volaient derrière elle.
Le "protego" d'Anae ne fut pas assez rapide cette fois, et le "rictusempra" de Sirius réussit à la faire tomber. Il eut un sourire de triomphe qui se fana bien vite en voyant le regard déterminé d'Anae. Elle décida de régler son compte à cet arrogant une bonne fois pour toute.

- Pugnatio, lança-t-elle.

Un éclair doré jaillit de la baguette d'Anae et frappa de plein fouet Sirius qui s'écroula.

Craignant que le duel dégénère en guerre et fasse des blessés, le professeur intervient et déclara qu'Anae avait vaincu Sirius, mais ce dernier ne voulait pas laisser filer la victoire. Sournoisement, il lança un "impeditum". Anae prit le sort de plein fouet et tomber à genoux, mais elle n'avait pas pour autant lâché sa baguette et elle désarma Sirius grâce à son "expelliarmus" qui fit s'envoler sa baguette. Anae s'en empara. Le professeur, outré d'une telle attitude enleva cinq points aux Gryffondors sous les huées de ceux-ci.

Cette fois, Anae, sans contestation, fut déclarée vainqueur. Une explosion de joie se fit entendre du côté des Serpentards. Les cris couvrirent les paroles de la sorcière qui fut uniquement entendue de Sirius.

- La prochaine fois, trouve un adversaire à ta taille.

Puis s'adressant aux amis de Sirius, elle leur demanda :

- Alors, d'autres volontaires ?

Mais le professeur, que cette démonstration avait un peu refroidi déclara que c'était tout pour ce soir. Il félicita Anae pour son magnifique "pugnatio" et congédia tout le monde.

Les Gryffondors retournèrent dans leur salle commune, les poches vides de quelques pièces, tandis que les Serpentards acclamaient Anae. La salle commune des Serpentards était encore envahie par les cinquièmes années malgré l'heure tardive. On aurait cru qu'ils venaient de remporter la coupe de Quidditch : la Bieraubeurre coulait à flots, et certains s'empiffraient de gâteaux qui étaient apparus comme par magie.
Anae était gênée de susciter autant d'attentions. Toute cette agitation la mettait mal à l'aise. Le temps d'une soirée elle était devenue une légende vivante pour ses condisciples. Elle s'approcha de Lucius et lui murmura qu'elle allait se coucher. Il essaya de la convaincre de rester, mais elle secoua la tête et prétexta que son duel l'avait épuisée.

- A d'autre, lui répondit Lucius, je sais ce dont tu es capable, et ce n'est pas ces quelques sorts qui peuvent te fatiguer!Allez, reste encore un peu.

- Non, Lucius, je monte, je suis crevée.

A ce moment arriva Bellatrix qui s'adressa à Lucius.

- Tu vas râler, mon vieux, mais je crois qu'on devrait calmer tout ce monde. On est des préfets et je crois qu'il est temps pour tout le monde d'aller se coucher. En plus, si ça continue, Belladone va nous tomber dessus.

- Rabat-joie.

Anae vint au secours de Bella.

- Elle a raison, tu sais, Lucius, je crois que nous avons eu assez d'histoire pour aujourd'hui.

- Je vois, c'est une conspiration féminine c'est ça ?

- Exactement Lucius, et tu ne peux rien contre nous, je suis sûr qu'Anae serait ravie de te donner une petite leçon ...

- Sérieusement Anae, tu n'oserais pas ? demanda Lucius qui semblait outré. N'écoute pas Bella, elle ne raconte que des bêtises ...

- Solidarité féminine mon cher, je suis entièrement d'accord avec Bella.

Les deux jeunes filles éclatèrent de rire et Lucius finit par s'exécuter.
Obliger tout le monde à aller se coucher ne fut pas une mince affaire, mais l'idée que Belladone puisse débarquer finit par calmer les plus fêtards. La salle commune fut enfin vide ou presque : il ne restait plus que le petit noyau dur des Serpentards : à savoir Anae, Lucius et Bella. Ils se souhaitèrent une bonne nuit et chacun gagna son dortoir.

A peine eut-elle posé sa tête sur son oreiller qu'Anae sombra dans un profond sommeil.
Dehors, un fin quartier de lune se levait dans le ciel où brillaient froidement quelques étoiles. Un vent aussi glacé que l'haleine de la mort se leva et poussa de sombres nuages qui déversèrent d'innombrables flocons de neige. Bientôt une couche épaisse recouvrit Poudlard et son parc endormi.

Le lendemain, la passion des Serpentards pour leur nouvelle héroïne n'était pas retombée. Anae devant les félicitations ne pouvait s'empêcher de rougir.

- Si tu continues comme ça, tu vas finir par ressembler à une tomate, se moque Lucius.

- Très drôle, Lucius.

Anae rassemblait ses affaires pour les cours de la matinée. Lucius remarqua un petit paquet.

-Qu'est-ce que c'est ? demanda-t-il en s'emparant.

Anae essaya de l'en empêcher, mais Lucius fut plus rapide.

- Arrête Lucius, rend-moi ça s'il te plaît.

Anae se mit à rougir encore plus vivement.

- Pas avant que tu m'aies dit ce que c'est !

- Je t'en prie, Lucius, ce n'est rien !

Soudain Anae sentit les larmes lui monter aux yeux, elle essaya de le cacher à son ami, mais il ne fut pas dupe. Il reposa le paquet sans dire un mot.

- Je suis désolé, je ne voulais pas te blesser.

Il prit Anae dans ses bras pour tenter de la réconforter, mais ce fut trop et elle fondit en larmes.

- Anae, ne pleure pas, je suis vraiment désolé ...

Il la berça contre lui, mais les sanglots ne voulaient pas s'arrêter.
Severus qui passait par là, interrogea Lucius du regard, et pour toute réponse eut droit à un haussement des yeux dubitatif. Alors il continua son chemin.
Anae pleurait toujours. Lucius prit son visage entre ses mains et délicatement essaya les larmes. Puis peu à peu Anae reprit le contrôle et elle cessa de pleurer.

- C'est rien Lucius, mais depuis hier, je ne me sens pas bien. Je crois que ça va aller maintenant.

Elle esquiva un timide sourire.

- Tu sais que je serai toujours là pour toi, si tu veux qu'on en parle, si tu as besoin d'une épaule pour pleurer, je serai là. Mais si tu ne veux pas m'en parler, je comprendrai aussi.

- Je sais Lucius, tu as toujours été là pour moi. Depuis que nous sommes tout petits, tu as toujours été à mes côtés.

Une dernière larme perla à ses yeux et Lucius la fit disparaître.

- J'étais inquiète pour Slaz, mais ne t'en fais pas, ça va aller.

- Si tu le dis.

- Je crois qu'on devrait y aller maintenant.

Lucius qui la tenait toujours contre lui, déposa un baiser sur son front.

- Merci, lui répondit-elle.

La journée se passa sans incident. Anae craignait que Black et ses compères veuillent se venger, mais bizarrement ils passèrent presque inaperçus.

- Cela ne me dit rien qui vaille, expliqua Lucius. On ferait mieux de se méfier.

- Tu as raison, acquiesça Anae qui avait retrouvé toute sa gaieté. Que fais-tu maintenant ? Tu vas bosser à la bibliothèque ?

- Je crois qu'on n'a pas vraiment le choix vu le nombre de devoirs que nous avons à faire. Pourquoi, tu voulais faire autre chose ?

- Non, non, enfin je crois que je vais aller voir si je peux avoir des nouvelles de Slaz.

- Tu veux que je vienne avec toi ?

- Non, ce n'est pas la peine, va travailler.

Lucius eut un regard interrogatif : de nouveau Anae s'était mise à rougir et vraisemblablement elle cherchait à se débarrasser de lui.

Il décida de la laisser tranquille.

- Bon, alors à toute à l'heure. Dis tu me tiens au courant pour Slaz ?

- D'accord, répondit-elle visiblement soulagée que Lucius reste à la bibliothèque.

Son sac sur les épaules, elle se dirigea vers le bureau du prof Tiole. Par chance, celle-ci était dans son bureau et Anae put constater que son serpent semblait aller mieux.
Rassurée elle l'abandonna aux bons soins de la prof et erra dans les couloirs, perdue dans ses pensées. Soudain, elle tomba nez à nez avec un groupe de Serpentard en pleine discussion, parmi eux elle reconnut un certain Antonin et Severus. Celui-ci abandonna les Serpentards et aborda Anae.

- Salut Anae.

- Salut Severus.

- Comment va ton serpent ? Tu as pu avoir de ses nouvelles ?

- Oh oui, je sors du bureau du prof, il va mieux et je pourrais le récupérer dans quelques jours.

- Mais c'est une bonne nouvelle !

Un silence lourd et gêné s'installa alors. Anae jouait nerveusement avec les bretelles de son sac et Severus gardait les yeux baissés.

- Dis ...

- Dis...

Les deux se regardèrent et sourirent.

- Toi d'abord Severus, je t'ai interrompu.

- Ce n'est pas grave, vas-y je t'écoute.

Ils furent de nouveau interrompus par un groupe de Gryffondors enjoués qui rigolèrent en passant près d'eux.
Anae attendit qu'ils se soient éloignés :

- Euh, tu connais pas un coin un peu plus tranquille ! Y a trop de monde à mon goût ici.

- Ok, suis moi, il y a une petite salle pas loin. Elle est vide, on sera tranquille.

- D'accord, allons y.

Severus guida Anae dans les couloirs, puis il s'arrêta devant une vieille armure rouillée.

- Voilà, on y est, je crois que la plupart de élèves et des profs ignorent l'existence de cette salle.

D'un coup de baguette magique, il tapota sur le socle de l'armure. Elle pivota, à la grande surprise d'Anae, sans bruit. Le salle était plongée dans la pénombre.

- Lumos, dit Severus et une douce lueur éclaira la pièce.

Elle ne semblait pas avoir servi de salle de classe. Un vieux tapis recouvrait le plancher, un canapé poussiéreux trônait au centre de la pièce et deux fauteuils recouverts d'un drap ressemblaient à deux fantômes.

- Alors, que voulais-tu me dire, demanda timidement Anae.

Elle n'osait pas entamer la conversation.
Severus semblait être aussi gêné qu'elle.
Finalement il se lança :

- Eh, bien, ce matin, je t'ai vu pleurer et je ... m'inquiétais un peu ... c'est tout...

- Ah, soupira Anae, je crois que j'ai eu un coup de blues, voilà tout. Tu sais, ça a pas été tous les jours facile depuis que je suis arrivée. J'ai de la chance de connaître Lucius, mais je suis du genre timide et j'ai du mal à me lier avec les gens.

A mesure que les paroles sortaient de sa bouche, Anae s'étonnait de pouvoir se confier aussi facilement.

- Et puis, continua-t-elle, cette histoire avec Slaz...

- Je comprends, tu sais je ne voulais pas être indiscret ...

- Mais tu ne l'as pas été. Tu sais, c'est drôle que j'aie réussi à te raconter tout ça, c'est pas mon genre de me confier ainsi.

Severus se mit à rougir et se promena dans la salle pour cacher son trouble.

- D'ailleurs, Severus, je voulais te remercier.

Ce fut au tour d'Anae de se mettre à rougir en disant cela.

- Me remercier, mais de quoi ?

- Pour Slaz... je crois que tu lui as sauvé la vie et puis tu as été blessé, ajouta-t-elle plus doucement. J'en suis désolée.

Severus avait arrêté de faire les cent pas. Il se tenait de nouveau près d'Anae.
Elle sortit un petit paquet de son sac, celui-là même que Lucius avait pris le matin. Elle le lui tendit.

- Tiens, c'est pour toi ...

Elle n'en dit pas plus et rougit.

- Je ne peux pas accepter, Anae.

- S'il te plaît, supplia-t-elle très embarrassée.

Severus hésita puis finit par accepter.
Elle lui donna le paquet et à cet instant leurs doigts se rencontrèrent. Leurs regards se croisèrent, aussitôt ils baissèrent les yeux et se mirent à rougir de plus belle. Puis comme à regret, leurs doigts se séparèrent.

- Merci beaucoup, réussit enfin à dire Severus.

- Ouvre-le, j'espère que ça te plaira.

Severus déchira le paquet et découvrit un petit volume noir. La couverture était en cuir noir, des lettres dorées annonçait le titre : De Malevolis Incantationibus.

- Anae, tu n'aurais pas dû ... ce livre est très rare, c'est trop beau, je peux pas accepter.

- S'il te plaît Severus, accepte. Ca me ferait plaisir. Et puis, tout bon mage noir se doit de posséder ce livre.

- Très bien, mais si tu changes d'avis ...

- Non, je ne changerai pas d'avis.

Severus allait s'avancer pour la serrer dans ses bras, mais il retint son geste.