Hop, me revoilà avec une réponse à un défi de Zoomalfoy, dont voici l'intitulé (texto) :
Rating : M
Couple : HPDM
Genre : UA (Univers Alternatif.)
Résumé : Draco Malfoy, lycéen de 17 ans, tombe sous le charme de son nouveau professeur de Lettres, Harry Potter, âgé de 24 ans.
Il devra faire face au désaccord musclé de son père, à la moralité de son amoureux et à l'ancien petit ami de ce dernier, bien décidé à le récupérer.
IL N'Y A PAS DE MAGIE. L'HISTOIRE DOIT SE SITUER DANS LE MONDE MOLDU.
Aucunes contraintes mis à part qu'ils doivent finir ensemble et que Draco doit être ignoble avec Harry au début de l'année.
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Disclaimer : Je ne m'appelle ni JKR (pour avoir créé ces merveilleux personnages), ni Zoomalfoy (pour avoir pondu cette superbe idée de scénar). En revanche, l'histoire et la rédaction sont à moi (et ce n'est pas forcément le mieux là dedans !).
Avertissement : ceci est un slash, je répète, ceci est un slash ! Si les histoires traitant de l'homosexualité vous rebutent ou vous choquent, vous n'avez rien à faire ici, et votre absence ne me pèsera pas, bien au contraire. Voilà. Maintenant qu'on est entre gens civilisés, je rappelle tout de même que le rating M implique des scènes choquantes, de violence ou de sexe, et un langage parfois cru. Vous savez donc où vous mettez les pieds.
Note de l'auteuze : Ouh…je ne sais pas pourquoi, mais je sens que vous allez me haïr à la fin de ce chapitre…Donc, je ne dis rien et vous laisse découvrir par vous-même…
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RAR : Comme d'habitude, les réponses aux reviews non signées sont sur mon blog myschka. mon – blog. org.
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Merci à Anagrammes, BadAngel666 et BlackNemesis pour leurs conseils avisés et leur relecture pour cette fic.
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Cher journal (chronique d'une dernière année)
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Journal de Draco Malfoy, lundi 13 avril 1997 :
22h :
Journée chiante. J'ai passé mon temps à faire mes devoirs de vacances, l'avantage c'est que si je continue comme ça j'aurai terminé tout mon travail d'ici mercredi. Mais en-dehors de ça, j'ai pas fait grand chose.
En fait, le seul truc intéressant que j'ai fait, c'est de passer un coup de fil à Milli cet après-midi. J'ai pu parler un peu avec Harry, mais pas longtemps, malheureusement – je crois qu'il était un peu gêné…Je sais bien qu'il ne va pas se faire à l'idée tout de suite, je ne suis pas con, mais…je ne peux pas m'empêcher d'espérer qu'il soit un peu moins…coincé ? C'est pas vraiment le mot, mais…si, c'est à peu près l'idée générale. Pourvu qu'il ne change pas d'avis pendant les vacances…je crois que je ne supporterais pas qu'il me repousse de nouveau si c'était le cas.
Enfin, bref, j'ai parlé avec Milli, et je lui ai dit que j'avais un truc à lui raconter à propos de Harry. Elle a semblé comprendre ce que j'essayais de lui dire, parce qu'elle a promis de me rappeler demain soir, quand elle aura plus de temps et qu'il n'y aura personne autour d'elle pour entendre la conversation. J'espère qu'elle ne sera pas trop choquée – ça m'étonnerait vu ce qu'elle m'a conseillé, mais bon…on sait jamais. Oh, et elle m'a dit aussi qu'elle avait commencé à se faire suffisamment d'argent pour commencer à rembourser Harry et Tonks pour les achats qu'ils avaient fait pour elle aux dernières vacances – Tonks refuse de lui faire payer un loyer, mais Milli voudrait quand même payer sa part pour le téléphone et la bouffe, sans parler des meubles pour sa chambre.
Bref, à part ça, pas grand chose…Et il me manque.
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Journal de Draco Malfoy, mardi 14 avril 1997 :
23h :
Aujourd'hui, je suis allé déjeuner avec Bella – et Snape. Honnêtement, si elle voulait que je sois traumatisé à vie, c'était la chose à faire…
Bref, c'était sympa quand même, bien qu'évidemment je n'aie pas pu parler de tout ce que je voulais. J'ai simplement mentionné Mère, et je lui ai une fois de plus demandé de lui parler. Et je dois reconnaître que sur ce coup-là la présence de Snape m'a pas mal aidé puisqu'il a appuyé mes dires. Et comme il semblerait qu'il soit le seul homme au monde qu'elle daigne écouter – et surtout le seul dont elle tient compte des opinions – ça a plutôt joué en ma faveur. Je regrette cependant d'avoir du partager Bella avec son nouveau – brrr, j'ai vraiment du mal à me faire à l'idée – mec. Enfin, passons.
Cet après-midi j'ai vu Blaise, on s'est baladé dans Soho pour faire un peu de shopping. Vendredi c'est l'anniversaire de Ginny donc il voulait lui trouver un truc sympa pour ses 17 ans. N'empêche, heureusement que j'étais là parce que je suis pas sûr qu'elle aurait apprécié l'ensemble de lingerie qu'il voulait lui offrir à la base – mon meilleur pote est un bourrin, c'est désolant.
Et demain on va au Ministry, histoire de se changer les idées. Je sais pas pourquoi, mais je sens bien le plan où je vais devoir l'empêcher de jouer au con et draguer tout ce qui bouge – je crois qu'il est un peu frustré parce que la belette n'a pas encore accepté de coucher avec lui. D'où la lingerie, je suppose.
Sinon, j'ai eu Milli au téléphone tout à l'heure comme elle me l'avait promis hier, et je lui ai tout raconté. Au début elle a eu peur que je ne me sois jeté sur Harry et qu'on ait couché ensemble, mais finalement elle l'a bien pris – et évidemment, elle a limite sauté de joie. Bon, j'ai quand même eu droit au sermon comme quoi il fallait que je fasse gaffe et bla, bla, bla…Mais bon, c'est Milli…elle s'inquiète, je ne peux pas lui reprocher.
Harry me manque de plus en plus. Et dire que ça ne fait que quatre jours…
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Journal de Draco Malfoy, mercredi 15 avril 1997 :
17h :
Ce matin au petit déjeuner, j'ai vu Père pour la première fois depuis le début des vacances. Il avait l'air d'une humeur massacrante et n'a pas décroché un mot, ce qui bien sûr a complètement plombé l'ambiance. Lucius Malfoy, ou comment ruiner la journée de quelqu'un en deux minutes chrono….Bordel. Je me demande quand même s'il n'a pas de soucis avec son boulot, ou s'il est comme ça simplement parce que ce n'est pas un être humain ? Des fois, je me demande…Mais hélas non, je lui ressemble bien trop physiquement pour qu'il ne soit pas mon père. Souvent, je préférerais que ce ne soit pas le cas. Souvent, j'aimerais être le fils de quelqu'un d'autre.Enfin, passons.
Tout à l'heure je rejoins Blaise au Ministry. Ce soir, pas d'alcool, pas de drogues, ça me branche pas et puis j'ai pas envie de faire de conneries.
Je me demande si le pantalon que Jean-Pierre m'a envoyé et que j'ai reçu ce matin au courrier passera pour la soirée. Il est super beau, mais j'ai un peu peur que le vinyle me donne trop chaud quand je danserai. Bah, on verra bien.
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Journal de Draco Malfoy, jeudi 16 avril 1997 :
04h :
Putain, j'ai bien fait de ne pas boire ce soir et de ne rien prendre de suspect, sinon, j'aurais pas pu empêcher Blaise de faire une grosse connerie. Merde, j'ai quand même failli le récupérer avec sa bite dans la bouche d'une espèce de pouffiasse tellement maquillée qu'elle m'en a fait peur ! Heureusement que je suis intervenu, quand même. Putain, il est vraiment trop con quand il s'y met ! Je sais bien que c'est frustrant de pas pouvoir baiser, mais quand même ! Mon meilleur ami est un chien en chaleur, ça me tue. Enfin, heureusement, il ne s'est rien passé, je vais l'engueuler tout à l'heure quand je le verrai, et j'espère qu'il aura suffisamment honte de lui pour ne jamais recommencer. Pas que sa vie sexuelle m'intéresse ou quoi que ce soit, mais qu'il ne vienne pas se plaindre s'il perd la belette avec un comportement pareil…
13h :
J'ai passé une bonne heure au téléphone à faire la morale à ce crétin de Zabini, et j'espère bien ne plus jamais avoir à le faire. Je suis pas sa mère, merde. Enfin, j'espère qu'il a compris…
Bref. Cet après-midi, ciné. Honnêtement, je voulais proposer à Mère de venir, histoire de resserrer les liens mère-fils, tout ça. Mais elle allait dans son association débile, alors bon…J'espère que quand elle verra Bella demain, elle se laissera convaincre de faire quelque chose de plus sympa.
22h :
J'ai eu Milli au téléphone tout à l'heure, mais pas longtemps. Harry ne voulait pas me parler…
Je suis dégoûté. Putain, c'est juste une foutue conversation téléphonique, qu'est-ce qu'il veut qu'il se passe ? Il fait chier à faire un pas en avant pour deux en arrière…je sais plus sur quel pied danser, moi. Qu'est-ce que je dois faire pour qu'il ait confiance en moi ? Qu'est-ce que je dois faire pour qu'il accepte ses sentiments pour moi ? Parce qu'il en a, j'en suis sûr…Il en a. Ca peut pas être juste du désir, hein ?
Putain, j'en ai marre…
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Journal de Draco Malfoy, vendredi 17 avril 1997 :
23h :
Je commence à réagir comme une fille. Aujourd'hui j'ai appelé Ginny pour lui souhaiter un bon anniversaire – c'est Ronald qui a répondu et il a failli me raccrocher au nez, ce con. Heureusement que Ginny était à côté du téléphone. Bref, je l'ai appelée pour ses 17 ans et lui dire qu'elle devrait recevoir mon cadeau et celui de Blaise par la poste, probablement la semaine prochaine. Et en lui parlant je n'ai pas pu m'empêcher de me sentir coupable pour ce qui s'est passé mercredi au Ministry.
Bien sûr, ce n'est pas de ma faute, et bien sûr, si je n'avais pas été là, ça aurait sans doute été pire. Mais je sais que Blaise a déconné, et je sais qu'il l'a plus ou moins trompée (à moins qu'il ne soit même pas passé par la case « je mets ma langue dans ta bouche » et qu'il soit directement passé à celle « je mets ma bite dans ta bouche »…brrr. Je veux même pas y penser). Je sais que Ginny ne mérite pas ça et je sais aussi que normalement, il faudrait que je lui dise. Seulement je n'ai rien dit, d'une part parce que Blaise me tuerait, et d'autre part parce que Ginny tuerait Blaise. Et elle le larguerait à coup sûr, ce qui à mon avis serait justifié, mais stupide – c'est que je tiens au bonheur de mon pote, même si ce n'est qu'un gros con. Et puis quelque part je suis persuadé qu'il l'aime vraiment, sa belette…Donc, je n'ai rien dit, et je ne dirai jamais rien.
Mais je me sens quand même coupable. Et je deviens comme une putain de gonzesse !
A part ça, Mère est revenue de son déjeuner avec Bella assez perturbée. Enfin, en tout cas, elle avait l'air préoccupé par quelque chose. Peut-être qu'elle s'est enfin décidée à faire quelque chose de vraiment utile de sa vie ?
…J'ai pas eu le courage d'appeler à Brighton aujourd'hui. J'avais pas envie de me faire jeter une nouvelle fois.
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Journal de Draco Malfoy, samedi 18 avril 1997 :
Putain, non. C'est pas vrai. Ca ne peut pas être vrai. Je vous en prie, faites que ça ne soit pas vrai. Putain, s'il vous plait, non, pas ça, pas ça, pas ça…
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Flash-back :
Draco reposa sa tasse de thé lorsque Lucius Malfoy fit irruption dans la salle à manger où sa mère et lui prenaient leur petit déjeuner. Avisant Narcissa du coin de l'œil, le jeune homme vit qu'elle avait fait de même avec sa propre tasse et que son visage, qui était encore joyeux et avenant quelques secondes auparavant, venait de prendre une expression maussade et résignée. Draco songea qu'il devait probablement arborer le même type d'expression, puis tourna son regard vers son père qui tenait une feuille de papier à la main – une lettre, mais de là où il était, Draco ne pouvait en distinguer la provenance.
Lucius resta sur le pas de la porte, son visage affichant un air impassible. Draco nota néanmoins que sa main qui tenait la lettre était agitée d'un très léger tremblement, et il fronça les sourcils. Que se passait-il pour que son père perde ainsi son irréprochable maîtrise ?
« Draco, » prononça Lucius d'une voix neutre. « Termine ton déjeuner. Je t'attends dans mon bureau dans dix minutes. »
Puis il tourna les talons et sans accorder la moindre attention supplémentaire à sa femme ou à son fils, quitta la pièce sous le regard incrédule de Narcissa. Celle-ci se tourna vers son fils et lui demanda s'il avait fait quelque chose, mais Draco secoua lentement la tête en signe d'ignorance. Mais ça ne pouvait définitivement pas être bon, songea-t-il. Lucius ne le convoquait dans son bureau que pour des raisons généralement très désagréables. Le petit déjeuner s'acheva dans un silence de plomb, puis Draco se leva de table et sortit de la salle à manger avec l'impression d'avoir un boulet accroché à la cheville.
Lorsqu'il pénétra dans le cabinet de travail de son père après avoir brièvement toqué à la porte, Lucius était assis derrière son bureau et tenait toujours la lettre à la main. Sans un mot, il fit signe à son fils de s'approcher, et Draco prit place dans l'un des fauteuils disposés en face du lourd meuble de bois. Son père lui tendit silencieusement la lettre – et le cœur de Draco sombra dans sa poitrine.
« Peux-tu m'expliquer ce que c'est ? » s'enquit Lucius d'une voix excessivement polie et suave.
Draco déglutit silencieusement et tenta de conserver un visage inexpressif.
« C'est…manifestement, une lettre de Pansy Parkinson, Père, » énonça-t-il d'un ton assuré – et il se félicita mentalement du fait que sa voix n'eût pas tremblé.
« Et que dit cette lettre, Draco ? » La voix de son père avait pris une intonation légèrement plus incisive, et le jeune homme se sentit mal.
« Eh bien, » répondit-il d'un ton légèrement ennuyé – il remerciait son géniteur de lui avoir légué ce don de pouvoir donner à sa voix les inflexions qu'il voulait. « Il semblerait qu'elle m'accuse d'entretenir des relations prohibées avec l'un de mes professeurs…C'est bourré de fautes d'orthographe, » nota-t-il distraitement.
Lucius resta silencieux, se contentant d'observer son fils. Draco s'efforça de ralentir les battements effrénés de son cœur et de garder une attitude décontractée. Pourtant, à mesure que le silence semblait s'intensifier, il se sentait de plus en plus mal à l'aise, et il dut se remettre à parler pour cacher sa gêne.
« Ne me dîtes pas que vous croyez à ce ramassis de bêtises ? » demanda-t-il d'un ton volontairement incrédule. « Pansy est juste jalouse parce qu'elle s'est aperçue qu'elle ne m'intéressait pas. Entre nous, Père, il existe de bien meilleurs partis que cette fille insignifiante. Je ne pensais pas qu'elle pousserait la mesquinerie jusque là, » ajouta-t-il en fronçant les sourcils.
« Donc, tu nies ? » s'enquit simplement Lucius.
« Bien entendu. Ce sont des accusation injustifiées qu'elle a proférées dans le but de me nuire, cela me paraît évident. »
Son père ne répondit rien, mais ouvrit un tiroir de son bureau et en extirpa une autre feuille de papier entièrement noircie de lignes d'écriture. Il la posa sur la table, bien à plat en face de Draco, et le garçon reconnut avec effroi sa propre plume. Une lettre qu'il n'avait jamais osé envoyer à Harry – et pour cause, son contenu l'avait fait rougir lui-même lorsqu'il l'avait relue. Elle avait été rédigée à l'époque où Harry refusait même de lui adresser la parole en-dehors des cours, et il y avait son nom partout sur la feuille. Comment son père avait-il pu se la procurer ? Il pensait pourtant l'avoir jetée…Draco sentit sa joue droite s'animer d'un tic nerveux et s'empêcha de toutes ses forces de trembler.
« Tu nies toujours ? » demanda Lucius, la voix aussi coupante qu'un rasoir.
Nulle trace de colère sur le visage de son père, mais Draco pouvait sentir sa rage irradier de tout son être. Il était mal, très, très mal. Le jeune homme se força à rester calme et à réfléchir. Il était foutu, cette maudite lettre était désespérément explicite, et il ne pouvait pas nier l'avoir écrite. Mais Harry – Harry pouvait encore être épargné. Draco releva la tête et planta son regard dans celui de son père.
« Je ne couche pas avec le professeur Potter, » dit-il d'une voix glaciale. Et pour la première fois, il remercia le ciel que ce fût vrai.
Lucius se redressa dans son fauteuil et avança un peu la lettre vers Draco, de sorte à ce qu'il l'eût complètement sous les yeux.
« Dans ce cas, » siffla-t-il, « comment expliques-tu ceci ? »
Draco ne répondit pas, se murant dans un silence obstiné. Lucius se renfonça dans son siège, son coude appuyé sur le bras du fauteuil, son menton reposant nonchalamment sur sa main. Il prit un air pensif que son fils savait parfaitement calculé, ses yeux toujours fixés sur le visage du garçon.
« Le professeur Potter… » Murmura-t-il d'une voix volontairement songeuse. « Ce nom me dit quelque chose…Ne serait-ce pas ton professeur de Littérature ? »
Draco hocha la tête, toujours sans rien dire – il n'était plus certain de pouvoir maîtriser sa voix à présent. Lucius haussa un sourcil, puis ses lèvres minces s'étirèrent un désagréable petit sourire narquois.
« Mais oui, » fit-il doucement. « Je me souviens à présent. N'est-ce pas ce jeune homme frais émoulu de Cambridge qui a tant fait parler de lui en janvier ? L'annonce fracassante de son homosexualité a fait grand bruit, me semble-t-il…C'est bien cela, n'est-ce pas, Draco ? »
Le jeune homme ne réagit pas, et le regard de son père se fit plus dur encore. Draco vit distinctement un muscle se contracter sur sa joue – Lucius était dans une colère noire.
« Et donc, » énonça-t-il froidement, « tu lui écris ces…lettres. Combien y en a-t-il eues ? » demanda-t-il brutalement.
« Aucune, » mentit Draco d'une voix neutre – du moins l'espérait-il. « Je ne lui en ai jamais envoyées. »
« Pansy affirme qu'elle t'a vu en sa compagnie à plusieurs reprises, » lui fit remarquer Lucius d'une voix indifférente.
« Elle ment. »
« C'est bien là tout le problème, mon très cher fils, » soupira dramatiquement Lord Malfoy d'un air faussement navré. « Elle se dit prête à témoigner contre le professeur Potter si jamais il me venait à l'idée de le poursuivre pour détournement de mineur…Tu te rappelles qu'elle a eu 18 ans en février, n'est-ce pas ? »
Le souffle de Draco se bloqua dans sa gorge. Non, pensa-t-il, non. Il ne peut pas me faire ça. Il fallait qu'il réfléchisse, vite. Son cœur s'accéléra alors qu'il cherchait une solution pour protéger Harry – à ce stade, la situation était tellement catastrophique qu'il ne pouvait même plus espérer s'en tirer lui-même. Non, foutu pour foutu, il fallait au moins éviter le plus d'ennuis possible à Harry.
« Le…Professeur Potter ne m'a jamais rien fait, » fit-il d'une voix atone. « Il…a repoussé mes avances, et n'est en aucun cas responsable de mon comportement. »
« Ce n'est pas ce que mentionne Pansy dans sa lettre, » objecta Lucius.
Draco se leva brusquement de son siège, si brusquement que le fauteuil se renversa et chuta lourdement au sol dans un bruit mat contre le tapis persan qui décorait le parquet.
« Cette traînée ment, » cracha-t-il avec hargne, toute volonté de se maîtriser définitivement envolée. « Elle m'a fait des avances durant des mois sans jamaisobtenir autre chose que du mépris de ma part et elle crève de jalousie de voir que je ne m'intéresserai jamais à elle ! Vous voulez connaître la vérité ? » continua-t-il amèrement. « Voulez-vous connaître la vérité Père ? La vérité c'est que votre fils est un pédé, et qu'il a voulu placer la barre trop haut, qu'il a voulu quelqu'un qui a trop de sens moral pour se laisser séduire, et qu'il s'est fait remettre à sa place comme le désolant petit con qu'il est ! »
Le jeune homme s'interrompit le temps de reprendre son souffle, puis poursuivit, rageur :
« Ca vous étonne, n'est-ce pas ? Ca vous répugne aussi, peut-être…non, sûrement, même, » corrigea-t-il avec cynisme. « Eh bien, navré de vous décevoir, Père, mais je suis le seul fautif dans toute cette affaire. Le seul responsable et, cela va sans doute vous ravir, cette histoire a sans doute été la pire humiliation de toute ma vie. »
« Tais-toi. »
La voix de Lucius résonna dans la pièce, claquant comme une gifle, et Draco se figea immédiatement. Il resta debout près du fauteuil renversé, droit sous le regard empli de dégoût de son géniteur.
« Monte dans ta chambre, » déclara Lucius. « Tu y es consigné jusqu'à nouvel ordre. Je ne veux pas te voir tant que je n'aurai pas décidé ce que je vais faire de toi. Dobby te portera tes repas. Sors, maintenant. »
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Journal de Draco Malfoy, lundi 20 avril 1997 :
Je hais mon père. Je le hais tellement que je crois que je pourrais en crever.
Je veux mourir.
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Journal de Draco Malfoy, mardi 21 avril 1997 :
23h :
Père a décidé de m'envoyer dans une autre école.
J'ai été convoqué hier dans son bureau, et Mère était là aussi. Il m'a annoncé ça tranquillement, comme s'il ne venait pas de ruiner ma vie, comme si je n'étais qu'une putain d'épine dans le pied dont on veut se débarrasser. Oh, je n'irai pas bien loin : je vais à St Brutus, un pensionnat londonien spécialisé dans les « cas difficiles ». Ahah. La bonne blague. Je me pisse dessus de rire, là. Je ne suis pas un putain de cas difficile, bordel, je suis amoureux !
Et je rentre là-bas vendredi. Dans trois jours.
Je ne veux pas y aller. Je ne veux pas aller là-bas. Je veux retourner à Hogwarts. Mais Père pense que l'école a une mauvaise influence sur moi, que le Directeur n'aurait jamais du accepter de garder un professeur homosexuel pour enseigner à des adolescents, tout un tas de conneries de merde !
Evidemment Mère était atterrée ; elle a demandé pourquoi un tel changement, mais évidemment, comme mon cher géniteur l'estime trop stupide pour qu'elle comprenne, il n'a pas daigné lui expliquer. Et comme bien sûr je n'avais pas le droit d'ouvrir ma gueule, elle se demande encore ce qui se passe.
J'ai réussi à convaincre Dobby de passer quelques coups de fil pour moi – oh, parce que, bien sûr, mon cher père a fait couper ma ligne de téléphone. Sinon, c'est pas drôle, hein. Bref, je lui ai demandé de prévenir Milli et Blaise pour ce qui s'est passé. Je ne lui ai pas donné les détails, bien sûr, mais je ne veux pas que les copains s'inquiètent parce que je ne réponds pas au téléphone. Et demain, je vais lui demander de me poster des lettres – pour Milli, Blaise, Sally, Luna, Terry…et Harry.
Putain…Comment je vais faire sans eux ?
Comment je vais faire sans lui ?
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Draco ne releva même pas la tête lorsque quelques coups légers furent frappés à sa porte. Depuis son altercation de samedi avec son père, et l'annonce lundi matin de son changement d'établissement scolaire, il n'avait pas quitté sa chambre. En réalité, il n'avait même pas quitté son lit, et avait à peine touché aux plateaux de nourriture que le vieux Dobby lui apportait trois fois par jour, se contentant de grignoter un bout de pain de temps en temps et de boire l'eau de la carafe qui accompagnait ses repas. Il avait perdu la notion du temps – mais au vu de la faible luminosité régnant dans la pièce, la nuit n'allait probablement pas tarder à tomber.
Au cours des derniers jours, il n'avait quitté sa chambre que pour se rendre dans la salle de bain attenante pour y soulager ses besoins naturels et prendre une douche rapide quand il se sentait trop sale. Il devait avoir une mine affreuse, mais il s'en fichait – il ne voulait même pas approcher un miroir. Le seul être humain dont il tolérait la présence était Dobby, car il lui avait permis de faire passer des lettres à l'extérieur sans que son père fût au courant – le vieil homme avait toujours été loyal à Draco et à sa mère, mais ne semblait pas porter Lucius dans son cœur.
Les coups retentirent un peu plus fort, et Draco se retourna sur le ventre, enfouissant sa tête dans les oreillers. Il soupira en songeant que ses draps sentaient la transpiration et qu'il devrait peut-être laisser les femmes de ménage faire leur travail – mais il ne voulait voir personne. Il enfonça un peu plus son visage dans les oreillers en espérant que la personne qui toquait à sa porte, quelle qu'elle fût, se lasserait bientôt et le laisserait en paix. Ses espoirs furent déçus lorsqu'il entendit les gonds de la porte grincer légèrement, et il se redressa sur son lit, furieux. Il s'apprêtait à renvoyer sèchement l'importun quand il se retrouva face à face avec sa mère, qui le dévisageait, une expression indéchiffrable peinte sur ses traits délicats.
« Oh, Seigneur, » murmura-t-elle tristement. « Draco, mon chéri…tu as une mine épouvantable. »
Le jeune homme haussa un sourcil cynique et se laissa retomber sur le dos.
« Mère, » railla-t-il. « Quel plaisir de vous voir. Que puis-je faire pour vous ? »
Narcissa sembla un instant déstabilisée, mais se reprit bien vite. Elle s'assit gracieusement sur le bord du lit de son fils et passa timidement la main dans les cheveux de son garçon, qui se laissa faire avec une moue maussade. Il ressemblait à un petit garçon malade, et Narcissa eut un sourire mélancolique.
« Comme tu as grandi, » dit-elle doucement. « Je n'ai pas vu le temps passer… »
Draco resta silencieux mais ne repoussa pas sa mère. Bien qu'il ne l'eût jamais avoué, la douce présence maternelle l'apaisait, et il savoura la tendre caresse sans rien dire.
« Mon chéri, » reprit Narcissa. « Je t'en prie, explique-moi. Dis-moi ce qu'il s'est passé avec ton père pour qu'il soit tellement en colère contre toi…Est-ce que tu as fait une bêtise ? Tu peux me le dire, tu sais, je ne me fâcherai pas. »
Draco soupira – bien sûr que sa mère ne serait pas en colère, elle ne l'était jamais. Mais elle serait déçue, tellement déçue…Néanmoins, il estimait qu'il lui devait au moins des explications…quitte à lui causer encore une peine supplémentaire. Il soupira de nouveau, puis chuchota à sa mère d'une voix lasse :
« Je n'ai pas fait de bêtise, maman, » et Narcissa frémit sous l'appellation – c'était la première fois depuis bien des années que son garçon la nommait ainsi. « Je suis simplement tombé amoureux…mais je suis tombé amoureux de quelqu'un que je n'ai pas le droit d'aimer, puisqu'il s'agit d'un homme et que c'est mon professeur. »
Sa mère se tendit sous la surprise, et Draco eut un rictus amer. Il repoussa lentement la main qui avait cessé de lui caresser les cheveux, et planta son regard gris dans les yeux bleus de Narcissa.
« Eh oui, Mère, » fit-il douloureusement. « Votre fils est une sale pédale et votre cher époux n'entend pas que je fasse subir un tel affront au noble nom des Malfoy. »
Il se retourna dans son lit, présentant son dos à Narcissa.
« Et maintenant, » chuchota-t-il, « si vous pouviez avoir l'obligeance de me laisser en paix, je vous en serai éternellement reconnaissant. »
« Mais… » murmura Narcissa, interdite. « Je croyais que tu étais amoureux de Millicent Bullstrode… »
Draco éclata d'un rire bref et froid, qui n'avait rien d'agréable.
« Mère, » ricana-t-il, « Millicent est lesbienne, c'est la raison pour laquelle elle s'est enfuie de chez ses parents cet hiver. Et croyez-moi, je regrette de ne pas pouvoir faire comme elle. Maintenant, si vous le permettez, je voudrais dormir. Bonsoir. »
Le jeune homme sentit sa mère hésiter, comme si elle se demandait ce qu'elle devait faire. Puis il l'entendit soupirer tristement – et son cœur éclata en morceaux. Narcissa se leva, créant un léger déséquilibre sur le matelas. Il y eut un silence, mais il ne tourna pas la tête, refusant obstinément de regarder sa mère. Il ne vit donc jamais la caresse qu'elle voulut lui faire, et ne sut pas qu'elle avait interrompu son geste au dernier moment, de peur d'être repoussée. Lorsque la porte de sa chambre se referma doucement derrière Narcissa, Draco se rendit compte qu'il pleurait.
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Journal de Draco Malfoy, vendredi 24 avril 1997 :
18h :
Et voilà.
Me voici pensionnaire de St Brutus, école pour cas désespérés. Génial.
Je ne sais même pas si je vais pouvoir avoir un lien avec l'extérieur, ni comment je vais pouvoir communiquer avec qui que ce soit. Demain, j'ai rendez-vous avec le conseiller principal d'éducation, qui est censé m'expliquer le règlement de l'établissement. Super. Je saute de joie.
Oh, et bien sûr, je suis dans un dortoir – même pas une chambre de deux ou quatre, non : un putain de dortoir de 8 personnes. Je parie que je vais tomber sur des connards, avec la chance que j'ai…le genre gros bourrins nourris à la bière et incapables d'aligner des mots de plus de deux syllabes.
Il va vraiment falloir que je trouve un moyen de joindre Milli.
Et putain, Harry…je ne le reverrai plus jamais, si ça se trouve.
Je hais mon père.
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Journal de Draco Malfoy, samedi 25 avril 1997 :
21h :
C'est encore pire que ce que je pensais.
Ce matin, j'ai eu un entretien avec le CPE, qui est aussi aimable qu'une porte de prison. D'ailleurs il est aussi gris qu'une porte de prison. Alors, programme des réjouissances : cours toute la semaine sauf le mercredi après-midi, où je suis censé voir la psychologue scolaire – ben voyons, et puis quoi encore ? C'est tous des Bullstrode senior en puissance ou quoi ? Et sport le samedi matin, rugby ou foot, évidemment. Ils n'ont pas de piscine, donc pour la natation on repassera, hein. Putain, Terry va vouloir me tuer de le lâcher comme ça en cours d'année…Sinon, le samedi après-midi c'est permanence obligatoire pour faire les devoirs de la semaine. Et le dimanche, on a le droit aux visites des parents, mais à mon avis ça m'étonnerait qu'ils se déplacent pour venir me voir. Bien sûr, le courrier est contrôlé, je n'aurai donc pas le droit d'écrire à quelqu'un d'autre que mes parents. Formidable, encore mieux que la taule !
Oh, et j'oubliais le plus beau : couvre-feu à 22h tous les jours, 23h le samedi. Joie.
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Journal de Draco Malfoy, dimanche 26 avril 1997 :
19h :
Mère est venue me voir aujourd'hui.
On a été obligés de discuter dans une espèce de parloir dégueulasse – qui heureusement était vide, en même temps les autres pensionnaires rentraient tous aujourd'hui donc ils avaient eu le temps de voir leurs parents pendant les vacances.
Bref. Manifestement, on a le droit de recevoir un peu de nourriture de l'extérieur donc elle m'a amené des gâteaux – mes préférés. Et elle m'a embrassé et serré dans ses bras comme si sa vie en dépendait – et elle m'a dit qu'elle se moquait que je sois, hum…Mieux vaut que je ne le dise pas ici, je n'aimerais pas me faire tabasser par mes charmants camarades de chambre si jamais ils devaient tomber dessus – heureusement que j'ai pu donner mes anciens cahiers à Dobby pour qu'il les envoie à Milli. Passons. Elle s'en fiche, donc, et elle m'a dit qu'elle irait parler à Bella la semaine prochaine pour essayer de faire quelque chose. Honnêtement je ne vois pas ce qu'elle peut faire, mais si ça peut lui donner l'illusion d'être utile…Elle ne se doute pas à quel point le fait de savoir qu'elle ne me déteste pas me suffit.
Elle ne m'en veut pas, c'est tout ce qui compte. Elle est le seul soutien qu'il me reste à présent. Et vues les tronches de hooligans des autres pensionnaires, je sens que ça va pas être du luxe…
o0O0o
Donc, voilà. Evitez de sortir les haches de guerre, à moins que vous ne vouliez pas avoir la suite, ce qui serait dommage parce que vous avez encore un chapitre à lire cette semaine après celui-ci.
Pour les menaces de mort, c'est le petit bouton en bas à gauche, pour la suite, c'est tout de suite. (Vous ma détestez peut-être mais moi je vous aime)
