Le soleil filtré par les rideaux de la cuisine donne à cette pièce une couleur apaisante. Qu'il est bon de retrouver un Terrier illuminé par un soleil digne de ce nom. L'appel de la brise me pousse à rejoindre l'herbe séchée de la cour. Pourquoi y résister ? J'ai la maison pour moi tout seul et pas l'ombre d'un bruit qui pourrait me tirer douloureusement de cette torpeur.

Sans d'autre envie que de profiter d'un moment au calme, je m'allonge à même cette herbe douce et ferme les yeux en me laissant emporter par une vague de plénitude exquise. Jusqu'à ce que des lèvres douces et soyeuses viennent me tirer de cette torpeur.

Je ne rouvre pas les yeux, certain de pouvoir reconnaître l'auteur de ce baiser entre mille autres. Alors je me contente de resserrer mes bras autour de sa fine taille, tirant un peu plus pour qu'elle laisse son corps tomber sur le mien.

Que j'aime la sentir le long de moi, sentir son corps vivre et se soulever à chacun de ses souffles. Que j'aime la sentir frémir sous mes caresses et oublier un instant que tout a une fin, même le plus merveilleux des baisers.

- Je pensais bien te trouver là.

J'ouvre les yeux en ressentant le manque qu'entraîne le départ de son corps. Elle s'est allongée auprès de moi et regarde le ciel avec des yeux pétillants de bonheur. Rien ne pourrait faire enclave à cette sensation de bien-être que nous partageons.

Je me tourne vers elle en m'appuyant sur mon coude et m'attarde avec ma main droite à caresser ses cheveux. Elle semble si sereine…

- Je pensais bien que tu me retrouverais là.

Ma main s'attarde sur son cou, attirée à chaque seconde, un peu plus vers le bas. Rien ne doit m'échapper… je veux tout connaître d'elle et me bats contre cette conscience qui met un frein à mes désirs.

C'est sans doute pour cacher cette frustration persistante que je m'approche une nouvelle fois de ses lèvres qui peuvent se contenter d'être ce qu'elles sont et continuer à se donner l'apparence de fruits défendus. Je leur offre une multitude baisers chastes avant de sentir une main se coller sur ma nuque et m'obliger à maintenir le contact.

Je ne connaissais pas cette Hermione entreprenante… je ne la voyais pas aussi téméraire dans ses baisers et la surprise qui en sort n'arrive à gâcher ce moment privilégié.

- Je ne suis pas sûre de ce que j'ai lu ce matin…

Comment fait-elle pour parler alors que ma bouche fait de son mieux pour l'occuper ? Et surtout, pourquoi a-t-elle cette voix qui me fait étrangement penser à Luna ?

Sûr que ce fait m'a refroidi et je me lève en remarquant avec horreur que les cheveux châtains que je m'amusais à caresser ce sont éclaircis. Merlin ce n'est pas possible ? Je n'en suis pas arrivé à un point où je ne sais plus qui j'embrasse ?

Et comme pour éviter de me rendre à la réalité, je me laisse de nouveau entraîner dans un autre baiser. Moins long… moins intense… mais je retrouve ma Hermione en relevant le visage. Fier de moi et quelque peu rassuré, je ne vois pas ce qui pourrait m'empêcher de continuer cette activité plutôt divertissante. Sauf peut-être ça :

- On devrait rentrer… il va pleuvoir…

Je sens quelque chose frapper mon épaule avec plus d'entrain de secondes en secondes et le sol se fait dur sous ma joue. Je me relève en sursautant et ai la mauvaise surprise de me voir allongé sur une simple couverture, à même le sol, la joue mouillée.

- Ron… t'aurais pu réviser au lieu de baver sur ma couverture… la prochaine fois que tu veux dormir, tu restes dans le dortoir.

J'ai envie de me cacher… m'enfuir dans la terre comme le ferait un sniffeur. Et dire que je démentais quand Ginny osait me dire que je bavais en dormant. En même temps, pour ce coup, j'ai des circonstances atténuantes… circonstances qui se trouve à moins d'un mètre de moi et qui me regarde avec un air de reproche que je n'aime pas.

- Ron… quelque chose ne va pas ? Mauvais rêve ?

Je cherche quoi répondre à Harry sans pouvoir détourner mais yeux de Hermione. Et je penche pour la vérité qui selon moi ne pourrait être révélée. Après tout, qui pourrait penser à ça ? Pas moi en tout cas…

- Pas vraiment non…

Je rêve encore où Hermione rougit ? Ce n'est pas possible hein ? Elle ne peut pas lire dans mes pensées ? Elle ne peut pas savoir que ce n'était pas vraiment avec cette couverture que j'avais envisagé de mélanger ma salive ?

- Bon… bah Hermione a raison, on ferait peut-être bien d'y aller.

Harry mon ami, est-ce que tu sais que tu es un mec bien ! En moins de temps qu'il ne le faut pour dire « debout », Hermione se retrouve à ranger ses affaires. Je me lève également, cherchant une chose qui pourrait m'éviter de continuer à la regarder, et croise le regard de Luna. Bon bah voilà…

- Ron on y va !

Je hoche vigoureusement la tête et poussé par un vent de courage, je lance :

- Attendez-moi, juste un truc à régler !

Je ne peux plus faire marche arrière et je m'avance tête baissée vers ce truc qui à la vue de sa mine doit sentir venir le coup de massue. Et pourtant… je n'ai pas le temps de trouver par où commencer que déjà elle m'accoste :

- Ron, il faut qu'on parle…

Ah c'était une bonne idée ça… j'aurais dû lui dire ça. En même temps, la question ne se pose même plus… Je prends une mine inquiète et attends de savoir ce qu'elle va bien pouvoir m'annoncer…

- Tu sais que j'entretiens depuis plusieurs mois une relation épistolaire avec un vampire…

Je refreine une envie de rire en imaginant qu'elle ait pu croire un instant que j'avais marché dans son jeu. Non mais franchement, un vampire et puis quoi encore ! Dans deux minutes elle va me dire qu'elle va l'épouser et rejoindre leur camp.

- Et bien… je suis désolée Ron… j'espère que… ça ne sera pas trop dur… Mais… Wilfried et moi… nous avons décidé de… sortir ensemble… et pour ça… tu comprends que… je ne puisse pas rester avec toi ?

Oh c'est tout… plutôt fier de moi, je commence à savoir ce que les filles cachent derrière leur longs cheveux. Bah quoi ? J'avais presque trouvé non ?

- Je comprends…

- Je… je suis contente que tu ne le prennes pas mal…

- Non… ne t'inquiètes pas… je survivrais…

- Bon et bien… comme on dit… restons amis.

- Oui… restons amis.

Elle s'éloigne en sautillant et je reste comme un grand benêt sous la pluie… « Restons amis… »… c'est ce qu'on dit quand tout est fini non ?

Je me sens amer finalement… elle a rompu… je me suis fait jeter comme une vieille chaussette. Je suis célibataire… Ma petite amie est partie pour un autre… la peste ! Pour un vampire…

Attends un peu… ça existe pas les vampires ! Elle voulait juste se débarrasser de moi… Ronald Weasley… tu es un piètre perdant.