CHAPITRE VII : LE BAL DE NOËL
Finalement le grand jour arriva
: il coïncidait aussi avec le dernier jour de classe. Les élèves
pour pouvoir se préparer furent libérés une
heure plus tôt que d'habitude. Les salles de cours puis les
couloirs furent désertés à une vitesse
inimaginable. Seuls les fantômes glissaient silencieusement
dans les corridors et les escaliers vides. Les dortoirs des quatre
maisons étaient quant à eux en effervescence ! Surtout
chez les filles !
Anae, Bellatrix et Narcissa se chamaillaient :
les deux sœurs avaient forcé Anae à s'asseoir et
s'efforçaient d'arranger la masse de ses cheveux.
-
Je ne vois vraiment pas pourquoi vous en faîtes toute une
histoire ! J'ai pas envie
d'avoir une choucroute sur la tête
!
- Allons Anae, s'exclama Narcissa, c'est le bal de Noël, il faut faire un effort …
- Elle a raison, renchérit Bella, et puis pour un premier rendez-vous …
Bellatrix donna une petite tape amicale dans le dos d'Anae.
- Qu'est ce que tu vas t'imaginer, Bella, ce n'est pas ce que tu crois, répondit Anae exaspérée.
- Tu ne vas quand même pas nous faire croire que ton invitation était purement fortuite !
- Pense ce que tu veux Bella, j'm'en fiche ! mais au lieu de parler de moi, et toi ? Tu en es où ?
A ces mots, Bella se mit à rougir.
- Bon, Narcissa, si on lui remonte les cheveux en un chignon, qu'on laisse pendre quelques mèches, qu'en penses-tu ?
- Eh, Bella, ne change pas de sujet ! Je t'ai posé une question ! s'indigna Anae.
Mais Narcissa vint à la rescousse de sa sœur :
- Oui, ce serait pas mal, on pourrait avant de faire le chignon prendre quelques mèches et attends …
Tout en parlant, Narcissa avait séparé trois longues mèches sur le côté droit et commençait à les enrouler. Elle prit quelques épingles et fixa les torsades :
- Regarde, Bella, qu'est ce que tu en penses ? C'est joli, on dirait trois petites roses !
- Beau travail, Narcissa !
Les filles continuèrent à arranger les cheveux d'Anae et au bout de quelques minutes, elles se reculèrent pour admirer le résultat.
- Dites les filles, au lieu de vous extasier sur le résultat, je pourrais voir ce que vous avez des mes cheveux ! C'est moi la première concernée quand même !
- D'accord, répondit Bella.
Elle lui tendit un miroir en argent et Anae put admirer le résultat.
- Mais, c'est super, s'écria-t-elle, les filles vous avez fait des merveilles. Je retire tout ce que je vous ai dit auparavant ! Merci !
- Bah, de rien, répondirent les deux sœurs à l'unisson.
- Je ne vais plus oser tourner la tête de peur que tout se défasse !
- Pour ça, ne t'inquiète pas, on a utiliser de la lotion « Tienlontant » et crois-moi, ton chignon restera en place toute la nuit !
- Bon je crois qu'il va falloir y aller, ajouta Bella. Ca va être l'heure, ne faisons pas attendre nos cavaliers !
- Alors, là, je t'arrête, Bella, le charme de toute femme qui se respecte c'est de faire patienter ces messieurs !
- Anae a raison, renchérit Narcissa, laissons-les languir encore quelques instants … Nous n'avons qu'à vérifier une dernière fois nos coiffures et nos robes et après nous le rejoindrons dans la salle commune.
Les trois filles se regardèrent mutuellement, elles contrôlèrent scrupuleusement leurs robes de cérémonie, cherchant à déceler le moindre faux pli. Mais tout était parfait.
- Je crois qu'on devrait y aller maintenant, proposa Bella.
Au moment de quitter leur dortoir, Anae se sentit bêtement nerveuse : sa gorge était devenue toute sèche et elle n'arrêtait pas de tordre ses doigts. En observant à la dérobée ses amies, elle se rendit compte qu'elles aussi étaient fébriles.
- Ouf, pensa-t-elle, je ne suis pas la seule. Mais je ne comprends pas pourquoi je suis dans un tel état, ce n'est qu'un malheureux bal, pas de quoi en faire toute une histoire !
La salle commune s'était vidée, presque tous les Serpentards avaient gagné la grande salle pour le bal. En bas des escaliers menant aux dortoirs patientaient Lucius, Severus et Rodolphus. Tous les trois s'étaient mis sur leur trente et un, dans leurs sombres robes de cérémonie. Lorsqu'ils entendirent les murmures des filles, ils se retournèrent en même temps, avec un air de stupéfaction en les voyant arriver.
Bella était la première, elle portait une robe
droite qui était très près du corps. La couleur
pourpre faisait ressortir ses yeux. Elle avait, pour une fois, lâché
ses cheveux et quelques mèches tressées maintenaient
savamment sa coiffure. Narcissa qui la suivait portait la même
robe, seule la couleur était différente, un vert sombre
qui s'accordait parfaitement avec les quelques plumes qu'elle
avait glissées dans son chignon. Anae fit son apparition, elle
portait une longue robe pâle dont la teinte hésitait
entre le gris et le bleu.
Les trois garçons restèrent
sans voix et les filles voyant leurs mines ébahies éclatèrent
de rire.
- Vous avez vu des fantômes ? se moqua gentiment Bella.
- Mais vous êtes si … différentes, répondit Lucius. C'est surprenant !
- Vous comptez rester plantés là toute la soirée ? Parce que si c'est le cas, dites-le nous tout de suite, qu'on aille se chercher d'autres cavaliers, ajouta malicieusement Anae.
- Non, non, on y va, s'écrièrent les trois garçons en même temps.
Ils s'avancèrent vers leurs cavalières, leur offrirent le bras et quittèrent la salle commune. Lucius s'approcha d'Anae et lui glissa quelques mots à l'oreille :
- Tu vas faire des ravages ce soir …
- Comme d'hab, Lucius !
Elle se tourna vers lui, le dévisagea des pieds à la tête, regarda le sourire ravi de Narcissa et ajouta :
- Comme toi aussi …
La fête venait juste de
débuter quand ils entrèrent dans la grande salle qui
avait été transformée pour l'occasion. Les
grandes tables avaient disparues, les étoiles scintillaient au
plafond qui offrait un ciel sans nuage. Ca et là, savamment
réparties, des bougies diffusaient une lueur douce qui donnait
un sentiment d'intimité mais suffisamment vive pour
permettre aux professeurs de patrouiller parmi les élèves.
Contre les murs avaient été disposées de petites
tables rondes pour permettre aux élèves de se reposer
entre les danses. A l'opposé sous des fenêtres, un
immense buffet regorgeait de mets, de boissons et de friandises
multicolores. La piste de danse au centre n'était pas encore
envahie, seuls quelques couples avaient osé s'y aventurer,
les autres, assis aux tables ou accoudés aux murs, attendaient
qu'il y ait plus de monde pour se lancer.
Sur l'estrade où
trônait habituellement la table des professeurs, un groupe de
musiciens, les Llywarch', jouaient un air endiablé.
Les six Serpentards allèrent s'asseoir à une table inoccupée. Mais Bella ne resta pas longtemps en place, elle tira un peu brusquement Rodolphus, le força à se lever et l'entraîner sur la piste de danse, sous les rires de Lucius et de Severus. Narcissa et Anae se dévisagèrent, se lancèrent un grand sourire complice qui coupa net les rires de leurs cavaliers. Les deux filles se levèrent à leur tour.
- Au lieu de vous moquer de lui, venez donc nous montrer ce que vous savez faire !
- Alors, Lucius, on fanfaronne moins, s'exclama Narcissa. Ne m'oblige pas à te traîner de force !
Les deux garçons soupirèrent
et se levèrent bon gré mal gré.
Pendant ce
temps, la piste s'était remplie et les Serpentards durent
jouer des coudes pour avancer. Finalement ils trouvèrent un
endroit pas trop envahi.
- Tu sais, avoua Severus, je suis un piètre danseur.
- Alors comme ça on sera deux, à Durmstang, jamais aucun bal n'a été organisé. On a qu'à imiter les autres …
Severus enlaça Anae et l'entraîna craintivement.
- Finalement, ce n'est pas si compliqué que ça !
Ils dansèrent sur plusieurs chansons, timidement au début, puis peu à peu tous deux prirent de l'assurance. Au bout de deux chansons, Anae fit reposer sa tête sur l'épaule de Severus qui l'enlaça un peu plus fortement.
- Tu n'es pas si mauvais danseur que ça, murmura Anae !
- Pareil pour toi !
Anae ferma les yeux et se laissa aller. La main de Severus lui caressait doucement la nuque et il lui chuchota quelques mots à l'oreille :
- Ce serait bien si cette soirée ne pouvait jamais s'achever !
- Justement je pensais à la même chose.
Les
dernières notes de musiques s'évanouirent et le
chanteur, un grand sorcier aux cheveux blonds et bouclés,
annonça que le groupe allait prendre une petite pause. Les
musiciens reposèrent leurs instruments et quittèrent
l'estrade sous les applaudissements des élèves.
Anae
et Severus retournèrent à leur table où étaient
déjà assis Narcissa et Lucius. Bella et Rodolphus
avaient, semble-t-il, définitivement disparu. Les deux filles
se proposèrent pour aller chercher des boissons, mais Lucius
leur fit signe de s'asseoir et commença sur le ton de la
confidence :
- Méfiez-vous du punch et de la Bièraubeurre !
- C'est pas possible, Lucius, s'exclama Anae, qu'est-ce que tu as encore fait ?
- Moi, rien !
Il prit un air innocent et offrit à ses amis son sourire ravageur auquel personne ne pouvait résister.
- En fait, pendant que Narcissa était partie se repoudrer le nez, j'attendais près des boissons, les mains dans les poches, et là, j'ai trouvé au fond d'une poche une fiole que j'avais complètement oubliée …
- Et tu vas le faire croire à qui ?
Narcissa semblait fâchée alors que Severus et Anae étaient morts de rire.
- Bref, c'était une de mes inventions que je n'avais pas encore testée, alors j'en ai mis quelques gouttes dans toutes les boissons qui étaient à portée de main !
- Et on doit s'attendre à quoi, cette fois ? demanda Severus.
- Oh, c'est totalement inoffensif ! C'est une potion de Granpied : sans que tu t'en aperçoives tes pieds grandissent : ça risque d'être amusant : tout le monde va se marcher dessus en dansant ! Mais c'est pas sûr que ça marche, ma potion est peut-être ratée !
- Venant de toi, Lucius, ça m'étonnerait, tu réussis tout ce que tu entreprends.
- Merci Anae, il n'y a vraiment que toi qui me comprennes !
- Sérieusement, que peut-on prendre sans risque au buffet ?
- Je ne sais pas, j'ai vu les autres idiots de Gryffondors qui tournaient autour des gâteaux en rigolant, j'éviterai ça aussi !
Narcissa était en colère, elle se leva et partit sans accorder un regard à Lucius, mais en criant haut et fort qu'il était insupportable avec ses blagues. Lucius soupira et se jeta à sa poursuite en pestant contre les filles et leur manque d'humour. Anae ne put s'empêcher de rire.
- Pauvre Lucius ! je vais quand même essayer de trouver quelque chose à boire, je t'en ramène, Severus ?
- Tu ne veux pas que j'y aille ?
- Non, non, c'est bon, je vais me débrouiller, je reviens dans deux minutes !
Anae se fraya un chemin parmi la foule, elle croisa le professeur Mc Gonagall en pleine conversation avec le professeur Tiole :
- Mais pourquoi ?
- Comme je vous l'ai dit, le professeur Dumbledore a reçu un hibou du ministère : Fudge voulait le voir de toute urgence ….
- Il a donc dû partir immédiatement, c'est quand même étrange !
- Avant de se tranplaner, il m'a confié qu'une nouvelle disparition avait été signalée …
Anae ne put entendre la suite car les deux professeurs s'étaient éloignées. Elle parvint sans trop de problème devant le buffet, avec méfiance elle observa les boissons qui y étaient disposées et découvrit une bouteille de jus de fruit non ouverte, elle la versa dans deux verres. De l'autre côté de la table deux Serpentards : Johnson et Capulet étaient écroulés de rire. Anae suivit leur regard : un tout jeune garçon de Poufsouffle venait de prendre une part de pudding et à peine eut-il porter à sa bouche la première cuillère que ses cheveux se mirent à pousser et à changer de couleur ! Les deux garçons, à l'origine de la blague n'en pouvaient plus : ils en pleuraient de rire. Anae les interpella en riant et leur demandant si tout le buffet était piégé.
- Ne prends rien qui traîne à l'air libre, on ne sait jamais, lui répondit entre deux éclats de rire Capulet.
Voyant qu'elle avait eu raison de se servir dans une bouteille fermée, Anae sourit et se retourna pour repartir, lorsqu'elle se retrouva face à James et Sirius.
- Tiens, tiens, mais qui voilà ? Regarde James, c'est cette peste de Serpentard !
- Alors, on se promène toute seule ? T'as enfin compris que cet imbécile de Rogue n'était pas le cavalier idéal ?
- La ferme, Potter, mais dis-moi, pourquoi traînes-tu avec Black, vous n'avez trouvé personne pour vous accompagner ?
- Détrompe toi, Calisté, voilà nos cavalières, répondit Sirius, en montrant deux filles qui se tenaient un peu plus loin : une brune et une rousse.
Anae les observa quelques instants et eut un rire méprisant :
- Pfff, des sang de bourbe, ça ne m'étonne même pas.
A ces mots, le visage de James perdit toute couleur et il voulut se ruer sur Anae.
- Je vais te faire regretter tes paroles, je t'interdis de les traiter de … de ….
- Allons, t'es même pas capable de le dire ? C'est pas compliqué pourtant, Potter !
Cette fois, ce fut Sirius qui fit mine de se jeter sur Anae :
- Tu vas le payer, sale Serpentard !
- J'ai l'impression que toi et ton copain vous n'êtes bons qu'à jeter des menaces en l'air ! Je ne vous ai pas encore beaucoup vu en action !
- C'est ce qu'on va voir, répondirent en chœur les deux Gryffondors qui se saisirent de leur baguette.
Mais Anae, nullement impressionnée leur fit face et envoya à la figure de James et Sirius le contenu des deux verres qu'elle tenait à la main. Eclaboussés, ils perdirent contenance pendant quelques instants ce qui profita à Anae pour s'éclipser dans la foule. Quand James et Sirius s'en rendirent compte, il était déjà trop tard : Anae avait disparu.
- Excuse-moi, il y avait beaucoup de monde.
Severus se retourna et lui sourit.
- Ce n'est pas grave.
- Et puis, je n'ai rien trouvé, depuis ce que m'a raconté Lucius, j'ai tout trouvé suspect ! J'ai pas osé prendre quelque chose, on ne sait jamais !
Le groupe venait de remonter sur scène et Anae proposa une nouvelle danse à Severus qui accepta. Ils retournèrent sur la piste non sans entendre ça et là, des cris indignés d'élèves qui se faisaient marcher sur les pieds.
- J't'le jure, je ne l'ai pas fait exprès, s'excusa une faible voix.
- Je ne te crois plus, ça fait la dixième fois que tu m'écrases les pieds, j'en ai assez !
Anae et Severus se regardèrent en souriant.
- La potion de Lucius semble faire des miracles !
A peine s'étaient envolées les premières notes de musique, qu'apparut Narcissa.
- Anae ! cria-t-elle en tentant de reprendre son souffle, viens vite ! C'est Lucius, je crois qu'il est devenu fou !
- Que se passe-t-il ?
- Viens vite, il risque de faire une grosse bêtise !
Tenant toujours Severus par la main, elle suivit Narcissa en courant. Ils quittèrent la grande salle et débouchèrent dans un couloir. Après avoir gravi quelques marches, Narcissa tourna et s'arrêta brusquement. Anae analysa rapidement la situation. Au fond du couloir James, Sirius et la fille rousse faisaient face à Lucius. Les trois garçons tenaient tous leur baguette droit devant eux. Lucius semblait être dans une fureur folle. Il affichait un rictus haineux, ses yeux bleus lançaient des éclairs. Son catogan s'était défait, et quelques mèches folles barraient son visage. Les Gryffondors n'étaient pas dans un meilleur état : James et Sirius toujours trempés étaient furieux. Ils se dressaient entre Lucius et la fille rousse, voulant sans doute la protéger.
Lucius leva un peu plus haut sa baguette :
- EN ...DO-LO-RI….
Anae ne mit que quelques instants pour enregistrer cette scène, mais pour elle, cela prit une éternité : elle voulut saisir sa baguette, mais elle se souvint qu'elle ne l'avait pas prise avec elle. Elle lâcha la main de Severus qu'elle serrait avec force jusque là, elle bondit en avant en criant ou plutôt en hurlant :
- DEVATIO
Au moment où l'éclair jaillit de la baguette de Lucius et où il allait frapper James, le sort d'Anae percuta celui de Lucius et le sortilège de Doloris frappa une vieille armure qui explosa dans un vacarme assourdissant. Des morceaux d'armures volèrent dans tous les coins : Sirius reçut une partie du heaume en pleine poitrine et eut le souffle coupé, un morceau de métal frôla la joue d'Anae et y laissa une marque sanglante. Un épais nuage de poussière avait recouvert le couloir et les élèves qui s'y trouvaient. Anae était hors d'elle, elle rejoint Lucius en rage.
- Mais, enfin, qu'est-ce qui t'a pris ? Tu es devenu fou ? Utiliser un sortilège impardonnable ! Ici !
- Ils m'ont mis en colère ! Je suis sorti de mes gonds, c'est tout !
- Non, c'est pas tout, hurla Anae !
Un rire derrière elle retentit : avec un regard noir de triomphe, James déclara :
- Cette fois, Malefoy, c'en est fini pour toi ! Tu peux dire adieu à Poudlard !
- C'est ce que tu crois Potter, grogna Anae.
- Ah oui, et que vas-tu faire pour sauver ton cher copain ? me faire disparaître ?
- Ce ne serait pas une mauvaise idée !
- Et avec quoi ? T'as pas ta baguette magique et ta petite démonstration de tout à l'heure ne m'impressionne nullement !
James
ajouta une insulte que seule entendit Anae, aussitôt comme une
panthère, elle bondit sur James et lui arracha sa baguette qui
fut envoyée au loin. Voyant la tournure que prenaient les
événements, Sirius voulut intervenir à son tour
et désarma Lucius. Severus et Narcissa qui avaient assisté
à toute la scène de loin s'avancèrent. Sirius
et Severus se dévisagèrent et lancèrent en même
temps un puissant « Expelliarmus ». Leurs deux baguettes
s'envolèrent et là, ce fut la débandade. Tout
le monde en vint aux mains.
Anae avait donné un coup de
poing dans le nez de James qui saignait, tandis que ce dernier
essayait de la repousser. Les coups de pieds et les coups de poings
pleuvaient entre Lucius et Sirius, Severus essayait de venir au
secours d'Anae et Narcissa s'était jetée sur la
fille rousse qui accompagnait les deux Gryffondors.
- Mais qu'est-ce qui se passe ici ? tonna une voix.
Tout le monde s'arrêta : le professeur Belladone se tenait devant eux, furieux.
- Tout le monde dans mon bureau.
Et voyant que Sirius allait dire quelque chose, il aboya :
- Et sans un mot, le premier qui parle aura de graves problèmes !
En
silence et en essayant de se rendre un peu plus présentables,
les Gryffondors et les Serpentards suivirent le professeur dans le
cachot qui lui servait de bureau. Il les fit tous entrer et claqua la
porte derrière eux. Les trois Gryffondors s'étaient
regroupés dans un coin, à l'opposé des
Serpentards.
Le bureau du professeur Belladone était
sombre et froid. Belladone alluma alors un grand feu et quelques
bougies diffusèrent une lueur discrète qui se reflétait
sur les différents bocaux disposés sur les nombreuses
étagères.
- Bien, commença-t-il d'une
voix doucereuse, quelqu'un peut-il m'expliquer ce qui s'est
passé ?
Pourquoi un groupe d'élèves
était-il en train de se battre dans le couloir au lieu d'être
au bal ?
- C'est Malefoy, hurla James, il m'a lancé un sortilège impardonnable : le sortilège de Doloris !
Belladone sursauta. Il tripota sa baguette quelques secondes et lança un « Stupéfix » sur les trois Gryffondors. Puis lentement il se tourna vers les Serpentards. Narcissa et Severus eurent l'air surpris de l'attitude de Belladone, au contraire de Lucius et Anae.
- J'espère sincèrement que Monsieur Potter m'a raconté une histoire à dormir debout ! N'est-ce pas Monsieur Malefoy ?
Lucius prit un air penaud et baissa les yeux, gêné, ce qui était assez inhabituel chez lui.
- N'est-ce pas, répéta un peu plus fort Belladone.
- Il n'a pas menti, répondit doucement Lucius. J'ai effectivement voulu lui lancer ce sort.
- Monsieur Malefoy, j'espère que vous vous rendez compte de la gravité de cet acte ?
- Oui.
- C'est une honte, cria Belladone ! Comment avez-vous été assez stupide pour oser faire cela ! Et vous, dit-il en se tournant vers les autres Serpentards, vous l'avez laissé faire !
- C'est faux, se défendit Lucius, Anae a réussi à dévier mon sort ! Si elle ne l'avait pas fait …
- Je vois, comme d'habitude, Monsieur Malefoy vous avez la chance d'avoir d'excellents amis. Mais cela ne réduit en rien la gravité de ce que vous avez fait ! Nous allons devoir limiter les dégâts maintenant ! Encore une chance que Dumbledore soit parti ce soir, s'il avait été là, je n'aurais rien pu faire pour vous ! Bien avant tout, il faut nous occuper de ces trois là, et après ce sera votre tour !
Belladone, la baguette à la main, vint se placer devant les trois Gryffondors toujours stupéfixés.
- Bien, quelqu'un a une suggestion à faire ?
- « Modificatio memoriae », proposa Anae.
- Vous avez raison, ce sera la meilleure solution. Vous voulez vous en charger ? Vous seriez plus à même de trouver une explication logique puisque vous étiez sur les lieux.
- Je n'ai pas ma baguette, mais Lucius pourrait s'en …
- Hors de question, monsieur Malefoy a fait assez de dégâts pour ce soir. Prenez sa baguette ou laissez-moi faire !
Lucius tendit sa baguette à Anae qui s'avança vers les trois Gryffondors.
- Modificatio memoriae, lança-t-elle.
Les trois Gryffondors sursautèrent et ouvrirent grand les yeux.
- Bien, si vous êtes convoqués dans le bureau du professeur Belladone, continua Anae, c'est parce qu'ils nous a surpris en train de nous battre. Nous avons UNIQUEMENT lancé des Rictusempra, des Flippendo ou des Expelliarmus. Puis nous en sommes venus aux mains. C'est TOUT !
- Bien, répondirent machinalement les Gryffondors.
Anae agita une dernière fois la baguette et dit :
- Finite incantatio.
Le temps que les trois élèves réagissent normalement, elle reprit sa place entre Lucius et Severus. Discrètement elle rendit sa baguette à Lucius.
- Bien, dit Belladone, comme si de rien n'était, vous m'expliquiez donc Monsieur Potter que vous vous étiez battu avec monsieur Malefoy ?
L'air un peu hébété, James acquiesça. Anae soupira : le sort avait marché.
- Vous aurez tous une retenue, et j'enlève 15 points à chacun d'entre vous !
Il n'eut aucune
protestation.
La porte s'ouvrit alors violemment : le
professeur Mc Gonagall apparut, elle était accompagné
d'une forte odeur de Bombabouses :
- Je vous ai cherché partout, Philomène : c'est le chaos dans la grande salle : Peeves a lancé des pétards mouillés qui se transforment en Bombabouses. Elles poursuivent tous les élèves encore présents ! C'est une vraie horreur !
Elle reprit son souffle et parut seulement se rendre compte de la présence d'élèves.
- Mais que se passe-t-il ici ?
- Oh rien de bien méchant, expliqua Belladone, une banale bagarre, Minerva.
Elle dévisagea les bleus, les bosses et les coupures et soupira.
- Quoiqu'il en soit, vous devez venir là-haut, Philomène !
- Un instant, j'en ai presque fini ! Tenez, occupez-vous de vos élèves, il me reste un dernier détail à régler avec mes Serpentards et je vous rejoins.
Mc Gonagall fit sortir ses
élèves.
Belladone se retourna vers les Serpentards.
- Vous avez eu beaucoup de chance, mais votre attitude à vous tous me déçoit énormément !
- Monsieur, ils n'y sont pour rien, je suis le seul responsable, avoua Lucius.
- Non, renchérit Anae, je suis aussi fautive, peu avant cet incident je suis tombée sur Potter et Black et nous avons eu une altercation !
Severus regarda bizarrement Anae.
- Je ne t'ai rien dit, car je ne voulais pas gâcher notre soirée … lui murmura-t-elle.
-
Cela ne vous excuse en rien ! tonna Belladone. Je ne veux même
pas en connaître les raisons !
Vous avez de la chance que
le changement de souvenir ait marché ! Grâce à ça
vous échappez au pire ! Il n'empêche que vous
mériteriez tous une bonne leçon ! Mais cela pourrait
paraître bizarre ! Vous avez beaucoup de chance ! Ceci est mon
dernier avertissement ! je vous préviens : au moindre
problème, vous aurez TOUS de gros ennuis ! Votre attitude a
été de plus décevante. Monsieur Malefoy et vous
aussi Miss Calisté, nous avions et nous avons toujours de
grands espoirs en vous. Ne venez pas tout gâcher ! Maintenant,
tout le monde dehors ! Je vous ai à l'œil !
Piteusement les Serpentards quittèrent le bureau de Belladone
L'obscurité avait envahi les couloirs et les salles de Poudlard. La nuit était bien avancée : minuit avait sonné et le bal s'était achevé en apothéose, grâce à Peeves. Les professeurs avaient du mal à calmer tous les élèves qui couraient dans tous les sens pour échapper aux Bombabouses.
Dehors un vent glacial soufflait et emportait au loin les flocons de neige qui tombaient en abondance. Des gros nuages noirs s'entassaient devant les étoiles et la lune avant de disparaître chasser par de nouvelles nuées obscures.
Le silence ne régnait pas ce soir : les mugissements de la bise se faisaient entendre ainsi quelques cris d'élèves parvenaient de la grande salle. Les rires de Peeves ne pouvaient pas non plus atténuer la colère de Mc Gonagall.
Lucius,
Narcissa, Severus et Anae avançaient en silence dans un
corridor lambrissé, tous encore sous le choc de ce qui s'était
passé auparavant.
Narcissa finit par rompre ce pesant
silence :
- Est-ce que quelqu'un va finir par m'expliquer ce qui s'est passé ou bien suis-je la seule à ne rien comprendre ? Comment se fait-il que Belladone ait stupéfixé mon cousin et ses idiots de copains ?
- Ne t'inquiète pas, Narcissa, moi aussi je suis complètement perdu, chuchota Severus. C'est à n'y rien comprendre !
Anae pestait silencieusement et Lucius ne disait rien.
- Enfin, Lucius, tu pourrais dire quelque chose ! s'écria Narcissa furieuse. Ou bien, Severus et moi ne sommes peut-être pas assez bien pour partager vos petits secrets, cracha-t-elle.
Anae releva la tête en même temps que Lucius.
- Mais non Narcissa, ce n'est pas ça, s'excusa-t-il.
Il regarda Anae qui haussa les épaules et dit :
- Pas ici alors, de toute façon, vaut mieux qu'ils l'apprennent de nous plutôt que ce soit une rumeur déformée.
Anae proposa de s'installer dans une salle déserte et ils dirigèrent leurs pas vers cette petite salle où Anae et Severus avaient pu parler tranquillement.
Quelques candélabres éclairaient faiblement les couloirs, mais en passant devant chaque chandelier, ceux-ci explosèrent en mille fragments. Narcissa et Severus se regardèrent avec étonnement.
CRAC !
Un nouveau bougeoir venait
d'être réduit en miette.
Lucius s'énerva
:
- Ca suffit maintenant, Anae. Arrête ça !
- C'est plus fort que moi, je peux pas me contrôler !
Finalement, ils gagnèrent sans encombre la petite
salle abandonnée. Le chemin avait été émaillé
de candélabres brisés et Lucius avait tenté de
limiter les dégâts en lançant de nombreux «
reparo ».
La salle toujours aussi poussiéreuse était
plongée dans l'obscurité. Anae fut la dernière
à rentrer, elle emprunta la baguette de Lucius et lança
un sort d'impassibilité contre la porte :
- Vaut mieux pas prendre de risque, on a assez de problème comme ça, expliqua-t-elle laconiquement.
Elle jeta un regard noir à Lucius qui soupira :
- Tu m'en veux encore ?
Anae explosa :
- Bien sûr que je t'en veux ! Mais qu'est-ce qui t'a pris ! Lancer le sortilège de Doloris ! Ici à Poudlard ! Bien sûr cet imbécile n'aurait eu que ce qu'il méritait, mais les conséquences, Lucius ! Vas-tu enfin m'explique ce qui t'a pris !
Lucius se laissa tomber dans un fauteuil recouvert d'un drap blanc. Un nuage de poussière s'en éleva aussitôt. Il se mit à tousser un peu.
- Evanesco.
La poussière disparut. Lucius passa une main dans ses cheveux et acheva de se décoiffer. Anae faisait les cent pas dans la pièce.
- J'étais sorti avec Narcissa, on voulait se trouver … euh … un p'tit coin plus calme …
Narcissa se mit à rougir, mais l'obscurité cacha ses joues écarlates.
- Et puis nous sommes tombés sur Potter et cette sang de bourbe, Evans, je crois. J'avais rien dit que déjà Potter m'a lancé des insultes et puis Black a rappliqué. Le ton a vite monté, c'est tout. Mais quand Black a commencé à insulter Narcissa en la traitant de tous les noms, ça m'a rendu furieux. J'ai voulu leur donner une bonne leçon.
- Et c'est là que je suis allée chercher du renfort, intervint Narcissa, j'avais un mauvais pressentiment. Je ne t'avais jamais vu comme ça, Lucius, j'ai préféré aller chercher Anae.
- Et je suis arrivée à temps … Tu as eu chaud, Lucius, je n'ose même pas imaginer ce qui ce serait passé si ton doloris avait touché un de ces idiots…
Anae se mit à frissonner, de froid ou de peur ? Lucius se rapprocha d'elle et la remercia.
- A chaque fois, tu me tires d'un mauvais pas, je ne sais pas ce que je ferai sans toi.
- Rien du tout, plaisanta Anae.
Sa
mauvaise humeur était retombée.
Severus qui était
resté silencieux jusque là, prit la parole.
- Et pourquoi Belladone a réagi de cette façon ?
- Ah, bonne question ! Comment expliquer ça ? C'est un peu compliqué, répondit Anae.
- Avant tout, coupa Lucius, ça doit rester secret. Pour le moment, très peu de gens sont au courant, et si ça venait à se savoir, les conséquences pourraient être … dramatiques ?
Lucius interrogea Anae du regard, celle-ci acquiesça.
- De toute façon, nous savons exactement qui sait quoi, si il y a des fuites, on saura de qui elles viennent, continua Lucius. A vous de voir …
- Moi, je veux comprendre, répondit Narcissa.
Severus approuva.
- Bien, par où commencer, demanda Lucius.
Anae vint à son secours.
- Si vous lisez la Gazette du Sorcier, vous avez dû voir qu'il se passe des choses … étranges … en ce moment : Disparitions, morts de quelques sorciers … Il y a des rumeurs qui courent, on dit qu'un très puissant sorcier aurait l'intention d'asservir le monde des sorciers et de se débarrasser des moldus …
- Oui, ajouta Narcissa, on en parle beaucoup à la maison. Lord Voldemort ?
Lucius et Anae firent les gros yeux et s'empressèrent d'ajouter :
- Oui, mais faut mieux l'appeler le Seigneur des Ténèbres, ce n'est pas très prudent par les temps qui courent d'utiliser son vrai nom.
- Il se trouve, continua Lucius, que mes parents et … euh
- Mes parents, ajouta Anae.
- Oui, nos parents sont des Mangemorts.
- Des quoi ? Demanda Severus.
- Des Mangemorts, expliqua Anae, c'est le nom que se sont donnés les partisans du Seigneur des ténèbres. On peut même dire qu'ils font partie des fidèles et des premiers à l'avoir rejoint.
-Ils ont donc une certaine influence, poursuivit Lucius. Et figurez-vous que Belladone est un Mangemort lui aussi. Et plutôt du genre lèche-bottes, ce qui est assez comique d'ailleurs.
- Enfin bref, je pense que c'est pour ça qu'il t'a tiré de ce mauvais pas ! souligna Anae.
- D'où la grande estime dans laquelle il vous tient tous les deux, interrogea Severus.
- Oui, sans doute, il ne peut pas s'empêcher de nous mettre sur un piédestal, ça m'énerve au plus haut point !
- Mais pourquoi nous mettre Severus et moi dans le même panier que vous ?
- Il doit penser que vous êtes au courant, puisque vous êtes toujours avec nous et qu'on vous a « recruté ».
- D'autant plus que vous êtes assez doué en magie, compléta Lucius, et plus il y aura d'excellents sorciers Mangemorts, mieux ce sera pour la cause.
- Et c'est le cas ? questionna Severus.
- Eh bien … oui et non, hésita Anae. C'est vrai que nos parents nous ont demandé de voir qui pourrait être susceptible de rejoindre nos rangs, mais ce n'est pas pour ça que je me suis liée avec vous !
- Voilà, rajouta Lucius, vous savez tout !
- Encore une chose, vous deux, vous êtes aussi des Mangemorts ? demanda Severus.
- Non, nos parents trouvent que nous sommes encore trop jeunes, mais il nous arrive de remplir quelques petites missions faciles ! répondit Lucius. Si Anae m'a rejoint à Poudlard, c'est pour m'aider à ouvrir l'œil, enfin je suppose ?
Anae hocha la tête.
- Je souhaite que ce que Lucius et moi avons révélé ne va pas changer votre attitude, ce serait dommage si vous ne vouliez plus nous parler parce que nous sommes du côté du Seigneur des Ténèbres …
- Bah, pour moi ça ne change rien, et puis, je crois que mes parents ne sont pas tout à fait contre ce genre de changement et moi aussi j'approuve en partie. Nous ne sommes pas des Serpentards pour rien, s'exclama Severus.
- Pareil pour moi, répondit Narcissa.
Après ces
révélations, le petit groupe se retrouva encore plus
soudé.
En silence et enveloppés par les ténèbres
glacés, ils retournèrent dans leur dortoir. Il ne leur
restait plus que quelques heures de sommeil avant de regagner leur
foyer pour les vacances de Noël.
