CHAPITRE VIII : NOËL CHEZ LES MALEFOY

La nuit avait été courte pour les Serpentards, et lorsque le soleil éclaira les visages à moitié endormis, les cernes étaient bien visibles. C'était l'effervescence dans les dortoirs : le Poudlard Express partait dans une heure, et la plupart des élèves n'avait pas fini leurs bagages. C'était à qui irait le plus vite ranger ses affaires pour les vacances. Certains ne prirent même pas la peine de déjeuner.

Finalement, tout le monde réussit à prendre le train et l'effervescence retomba alors que le convoi s'ébranlait. Anae, Lucius, Narcissa, Severus et Bellatrix s'étaient installés dans un compartiment à l'avant du train. Ils étaient tous silencieux et mal réveillés. Ils avaient mis Bella au courant de toutes leurs mésaventures, plus personne ne savait quoi ajouter.

- Mais j'y pense, s'exclama soudain Bella, Joyeux anniversaire Anae !

Cela réveilla quelque peu le compartiment et chacun s'empressa d'embrasser Anae.
Narcissa fouilla dans son sac et en tira un petit paquet.

-C'est de notre part, dit-elle en son nom et celui de sa sœur. On espère que ça te plaira !

-Mais il ne fallait pas !

- Allez, ouvre vite !

Anae prit le petit paquet emballé dans un papier bleu et déchira l'emballage. Elle découvrit une ravissante étole argentée avec des étoiles bleues brodées dessus.

- C'est magnifique, s'extasia Anae en le drapant autour de son cou. Elle est toute douce.

- Elle a été tissée en fil de soie d'araignée de mer. Il n'y a pas plus doux et résistant, expliqua Bella.
- Merci beaucoup !

- On est contente qu'elle te plaise.

A son tour, Severus présenta un paquet un peu plus volumineux.

- Joyeux anniversaire ! J'espère que ça te plaira !

Anae défit l'emballage et trouva un livre avec une reliure qui imitait une peau de serpent.

- Les serpents, mythes et réalités de l'Antiquité à nos jours, lut-elle.

Elle remercia chaleureusement Severus et feuilleta le manuel.
Slaz qui s'était échappé de son sac, regardait avec méfiance la couverture du livre. Il semblait perplexe devant cette texture, et tout le monde éclata de rire.
Lucius toussota :

- Tu auras mon cadeau au manoir, je l'ai laissé là-bas !

Anae lui renvoya un grand sourire.

Le silence fit son retour dans le compartiment. Au bout de quelques minutes, Bella se leva et quitta ses amis.

- Elle est partie retrouver son amoureux, chuchota Narcissa. Elle ne quitte plus Rodolphus d'une semelle ! A croire qu'on leur a jeté un sort de Glu Perpétuelle !

Tout le monde se mit à rire ; puis de nouveau le calme revint. Chacun se laissait bercer par les mouvements du train. Lucius avait passé son bras au dessus de l'épaule de Narcissa qui s'appuyait contre lui, les yeux fermés.

Le trajet se passa dans une semi torpeur. Londres apparut enfin et les paysages campagnards enneigés firent place à la ville et à ses immeubles. Dans un crissement assourdissant, le train arriva au quai 9 ¾.

Tout le monde se pressait pour se dire au revoir, récupérer ses bagages et retrouver ses parents dans la foule qui se pressait sur le quai. Narcissa et Bella partirent de leur côté, Severus vint saluer Anae et Lucius et disparut parmi tous ces sorciers. Lucius parvint à trouver sa mère. Il lui fit un grand signe et entraîna Anae. Madame Malefoy était une grande sorcière blonde à l'air sévère, sans doute accentué par ses yeux verts qui lançaient des regards glacés aux alentours.

- Bonjour Lucius, bonjour Anae, dit-elle d'une voix basse.

- Bonjour mère.

- Bonjour Madame Malefoy.

- Vous avez fait bon voyage les enfants ?

- Oui, mère, répondit Lucius.

- Alors, allons-y, ne traînons pas trop longtemps ici.

Lucius avait entassé ses affaires et celles d'Anae sur un chariot et nonchalamment, il le poussa vers la barrière de sortie.

- La voiture nous attend dehors, expliqua Madame Malefoy.

Un vent vif les surprit à la sortie de la gare, mais la voiture, une énorme limousine noire, n'était pas loin. Le chauffeur des Malefoy, un vieux sorcier dans un uniforme impeccable, ouvrit la portière à l'apparition de Madame Malefoy, et tout le monde se retrouva bien au chaud. Il démarra et s'engagea dans les rues encombrées de Londres. La voiture arriva dans une petite ruelle, il y eut alors un grand boum. Londres disparut pour laisser place à une lande sauvage et désolée. Tout au bout du chemin, près des falaises se dressait majestueusement le manoir des Malefoy. C'était une vieille demeure familiale cossue : un véritable chef d'œuvre de l'architecture victorienne, avec plusieurs ailes, des tourelles, d'innombrables cheminées. La voiture stoppa devant le perron. L'immense porte d'entrée s'ouvrit et Anae put pénétrer dans le manoir.

L'entrée à elle seule était imposante, au centre un immense escalier s'envolait vers les étages. De chaque côté des marches reposaient deux dragons en marbre noir. Sur le côté droit s'ouvrait une salle à manger que traversèrent Madame Malefoy, Lucius et Anae, débarrassés de leurs manteaux. Ils s'installèrent dans un confortable salon. Un feu brûlait dans la cheminée et faisait oublier que l'hiver régnait en maître. Au dessus de la cheminée, les armoiries de la famille Malefoy étaient accrochées : un blason noir avec un dragon d'argent entouré de deux serpents, en dessous la devise des Malefoy : Semper nobilis, semper maleficus. Sur les autres murs, il y avait de nombreux tableaux dont les sujets souhaitèrent la bienvenue à Lucius et à Anae. Chacun s'installa dans de grands et douillets fauteuils. Sans bruit, un elfe de maison fit son apparition, chargé d'un plateau pour le thé. Il servit prestement trois tasses fumantes et odorantes, puis s'inclina si bas que son nez qui ressemblait à un groin touchait presque le sol. Il repartit toujours en silence, ses grandes oreilles pareilles à des ailes de chauve-souris s'agitaient dans tous les sens.
Anae sirotait son thé avec délice. Elle reposa délicatement la petite tasse au liseré doré et se tourna vers madame Malefoy.

- Merci beaucoup de me permettre de passer Noël avec vous !

- Voyons Anae, c'est tout à fait normal. Nous n'allions tout de même pas te laisser seule à Poudlard ! Tu fais presque partie de la famille !

- Merci.

- Le changement n'a pas été trop dur ? Il existe une grande différence entre Poudlard et Durmstang, cela n'a pas dû être facile.

- Effectivement, mais Lucius m'a beaucoup épaulée ! Mais il est vrai que les cours sont totalement différents, ça n'a pas été facile, au début ! Mais je crois que tout va bien, maintenant.

Le crépuscule était tombé rapidement et alors que les dernières lueurs du jour s'éteignaient, les flammes des innombrables bougies s'allumèrent en même temps.

- Bien, les enfants, montez donc faire un brin de toilette et vous reposez un peu avant le dîner !

Aussitôt dit, aussitôt fait, Lucius et Anae montèrent dans l'aile Ouest où se trouvaient leurs chambres. Anae avait ses habitudes au manoir, c'était pour elle une seconde maison. Sans hésiter, elle s'arrêta devant une porte et la poussa. Elle se retrouva dans une pièce aux grandes proportions. Face à elle, tout le mur était occupé par une immense baie vitrée, lorsque le soleil brillait, on pouvait voir la mer entre deux cyprès sombres. Les affaires d'Anae avaient été déposées au pied d'un immense lit, recouvert d'oreillers et d'édredons immaculés. A côté de la cheminée où flambait une bûche, se trouvait une coiffeuse affublée d'un extraordinaire miroir dont le tour était finement ciselé. De l'autre côté de la cheminée, une porte menait à la salle de bain. Anae traversa toute la pièce et poussa une nouvelle porte qui donnait sur une bibliothèque, à l'opposé la porte s'ouvrit et Lucius adressa un petit signe à Anae.

- Alors tu es bien installée ?

- Tout est parfait, Lucius. Je vais aller prendre un bain et ne t'avise pas d'essayer de rentrer, sinon, je te jette un sort ! tenta-t-elle d'ajouter d'un air féroce, mais elle ne put retenir son rire.

- C'était un accident, la dernière fois. Et puis tu n'avais qu'à t'enfermer !

- T'avais rien à faire là !

Ils se séparèrent en riant.
Anae apprécia les moments de silence et de solitude qui suivirent.
Elle resta un long moment dans la baignoire à se délasser.
A regret, Anae sortit de son bain, elle s'enveloppa dans un moelleux peignoir en éponge. Ses longs cheveux gouttaient à terre, elle secoua la tête en se regardant dans la glace.

- Sèchevite !

Aussitôt, toute trace d'eau disparut de sa chevelure. Elle entreprit de les démêler, elle passait son gros peigne blanc avec force de grimaces, car il y avait de nombreux nœuds.

- Ca m'apprendra à accepter qu'on me fasse des chignons et à me coucher sans les enlever.

Elle retourna dans sa chambre pour se changer et découvrit Lucius allongé sur son lit.

- Eh, mais qu'est-ce que tu fais là !

- Ne râle pas, je suis dans ta chambre, je ne suis pas dans ta salle de bain !

- Tu pourrais prévenir ! On ne débarque pas comme ça ! Ca ne se fait pas !

- Et ça, ça se fait pas ?

Lucius avait saisi un oreiller et l'envoya sur Anae. Elle poussa un cri et se rua sur Lucius, toujours étendu tel un pacha sur son lit.

- Tu vas me la payer, Lucius. Gare à toi !

Anae s'était emparée d'un autre oreiller et frappait consciencieusement son ami avec. Lucius réussit déséquilibrer Anae qui s'empêtra dans l'édredon de plume, il en profita alors pour l'immobiliser d'une main et pour la chatouiller de l'autre.

- Non, Lucius, arrête, pas ça !

- Tu l'as voulu, répondit-il impitoyable !

Anae se débattait, mi-riant, mi-criant, mais Lucius continuait de plus belle. Anae arriva à se libérer de l'emprise de Lucius et tous deux se retrouvèrent à rouler sur le lit, puis tombèrent à terre en riant.
Lucius se releva et fila dans sa chambre en criant :

- Ne bouge pas ! J'en ai pour deux minutes !

Il revint presque aussitôt avec un air triomphant :

- Chose promise, chose due !

Et il lui tendit un petit paquet.

- Allez, ouvre !

Anae déballa le petit cadeau. Elle sortit une magnifique boîte en bois.

- Tu pourras y cacher tous tes secrets, ajouta-t-il malicieusement !

- Merci Lucius !

Elle ouvrit la boîte et une douce mélodie s'en échappa, au centre une toute petite fée se mit à tournoyer au son de la musique. Ses petites ailes irisées reflétaient la lumière en mille éclats d'arc-en-ciel.

- C'est vraiment magnifique, Lucius !

Elle lui sauta au cou et l'embrassa bruyamment sur la joue.

Comme l'heure du repas approchait, Lucius laissa Anae se changer. Ils se retrouvèrent sur le palier et descendirent ensemble le grand escalier en échangeant de vieux souvenirs : la fois où ils avaient tenté de descendre ce fameux escalier sur la rampe, Lucius avait glissé et s'était retrouvé suspendu dans le vide, Anae tentant tant bien que mal de le retenir. Finalement, Anae était passée par-dessus la rampe et Lucius, le premier à toucher le sol, avait amorti sa chute ! Ils se souvenaient surtout de la réaction des parents de Lucius …

Ils entrèrent dans la salle à manger où trônait une immense table en chêne. Le couvert avait été mis pour trois personnes.

- Ton père ne rentrera pas ce soir, annonça madame Malefoy, il a été retenu.

Ils dînèrent dans le calme, le service était impeccable, la nourriture raffinée. Lucius raconta à sa mère les mois qui s'étaient écoulés à Poudlard, en omettant, bien entendu, de parler des nombreux incidents qui avaient émaillés les semaines…
Au moment du dessert, l'elfe de maison arriva avec un gâteau d'anniversaire. Anae fut touchée par cette attention. Elle souffla ses quinze bougies et chacun put savourer ce délicieux gâteau au chocolat et à la framboise. Madame Malefoy déposa un cadeau devant l'assiette d'Anae.

- Il ne fallait, madame Malefoy !

- Voyons Anae, nous n'allions pas oublier ton anniversaire !

Anae ouvrit la boîte et découvrit un flacon de parfum : « Ensorcelante ». Elle le déboucha et fut ravie de sentir des flagrances de fleurs et de cannelle.

- Mmhhmmm, il sent très bon, merci beaucoup.

- Tu es une vraie jeune fille, maintenant ! C'est normal qui tu aies ton premier parfum !

Le repas terminé, ils allèrent s'asseoir dans le salon et discutèrent encore quelques instant. Cependant la soirée ne traîna pas en longueur : Lucius et Anae tentaient de cacher leur fatigue mais madame Malefoy les envoya au lit de bonne heure. Ils se séparèrent sur le palier en souhaitant de beaux rêves.

La chambre d'Anae était dans la pénombre. Exténuée, elle se jeta sur le lit. Mais un grattement à la fenêtre la fit sursauter. Elle se leva et regarda dehors.

- Hécate, murmura-t-elle.

Elle ouvrit la fenêtre et son hibou s'engouffra dans la chambre. Il portait une lettre un peu bosselée. Anae l'ouvrit fébrilement. Elle fit glisser dans sa main le petit objet qui était au fond de l'enveloppe. C'était une fine chaîne au bout de laquelle se balançait une étoile en argent, sertie d'un unique diamant noir. Elle déplia le parchemin et déchiffra rapidement l'écriture fine et serrée qui couvrait la page :

« Ma chérie, Joyeux anniversaire. Je sais que tu aurais aimé que je sois à tes côtés pour le fêter, mais tu dois t'en douter, j'ai beaucoup d'affaires à régler en ce moment ! Voici un petit présent pour marquer ce jour. Cette médaille appartenait à ta mère, et elle aurait été ravie que tu la portes. Toutes mes pensées t'accompagnent malgré la distance qui nous sépare. Encore un très joyeux anniversaire. »

Anae passa la chaîne autour de son cou, puis elle enfila son pyjama et se glissa rapidement dans son lit.
Hécate était déjà repartie, Slaz rampa jusqu'au pied du lit puis se faufila sous l'édredon pour venir se lover contre Anae. Tous deux s'endormirent rapidement.

Dehors, le vent soufflait en tempête, la neige se remit à tomber. Aucune étoile ne brillait, masquées par les ténèbres qui avaient étendu leur voile sur la lande et le manoir. Au loin, la mer était démontée, de grosses déferlantes frappaient avec force les falaises et explosaient en mille larmes d'écume. Parfois, un rocher se détachait et tombait avec fracas dans les flots en furie. Cette nuit, la lande offrait un spectacle de désolation…

Le lendemain, le ciel était toujours aussi chargé.

Anae prit sa matinée pour ranger ses affaires, trop exténuée pour le faire la veille. Elle déposa ses vêtements dans une grande armoire, ses livres, ses parchemins et ses plumes sur le bureau. Elle sortit ensuite de son sac un petit cadre qu'elle posa sur sa table de chevet. La photo, assez vieille, montrait un couple qui entourait un tout jeune bébé. L'homme d'âge moyen avait des cheveux châtains foncés, séparés par une raie sur le côté droit. Ses yeux noisette très foncés regardaient alternativement le bébé et la femme. La femme semblait avoir le même âge, ses longs cheveux avaient des reflets roux qui flamboyaient, son visage était pâle, et ses yeux bleus étaient éteints. Un immense chagrin et un grand vide s'en dégageait, comme si elle savait que son temps était compté. D'un air absent, presque déjà mort, elle souriait tristement à son enfant et lui caressait doucement la tête.
Anae resta quelques instant à contempler ses parents, puis sentant, sans savoir pourquoi les larmes venir, elle se détourna de la photo.

Les jours qui précédèrent Noël passèrent à toute vitesse. Comme la neige avait laissé une épaisse couche blanche, Lucius et Anae firent d'interminables batailles de boules de neige. Ils firent aussi de longues promenades sur la lande, à pied ou à cheval. Mais le froid vif les obligeait à réduire leurs sorties.

Tout était calme dans le manoir Malefoy en cette veille de Noël, la neige tombait en silence au dehors. Lucius et Anae tenaient compagnie à madame Malefoy dans le grand salon. Les bûches craquaient dans l'âtre et le tic-tac de la pendule rompait le silence ; le thé avait été servi.
Un grand sapin trônait dans un coin de la pièce. Il étincelait à la lueur des bougies qui se reflétaient dans les étoiles dorées qui le décoraient.

Une fois le cérémonial du thé achevé, madame Malefoy se leva et s'assit devant le clavecin et se lança dans un morceau endiablé. Lucius et Anae disputèrent une partie d'échecs. La nuit était tombée depuis longtemps et ils réveillonnèrent à trois, un hibou les ayant avertis que le père de Lucius ne pourrait se joindre à eux : ses affaires lui avaient pris plus de temps que prévu !

Le lendemain matin, Lucius fut le premier à se réveiller. Il s'empressa de s'habiller et alla dans la chambre voisine pour sortir Anae du lit.

Essayant de faire le moins de bruit possible, ils firent la course dans le couloir pour être les premiers à découvrir les cadeaux au pied du sapin. Lucius dévala les escaliers à toute vitesse, suivit de très près par Anae, si bien que, lorsque Lucius s'arrêta sans prévenir dans le hall d'entrée, Anae lui rentra dedans.

- Oh, s'exclama-t-il, surpris, bonjour Père.

- Bonjour monsieur Malefoy.

- Ah, bonjour ! Vous êtes bien matinaux aujourd'hui ! Le jour vient à peine de se lever !

Tout en parlant, il secoua ses cheveux blonds pour en faire partir les derniers flocons de neige. A ses côtés, l'elfe de maison, nommé Cobby, attendait que son maître lui confie son sac.

- Et fais-y attention, admonesta-t-il, méchamment.

- Oui, maître, répondit Cobby en l'inclinant.

Voyant que Lucius et Anae trépignaient d'impatience, monsieur Malefoy les envoya au salon, ils s'y rendirent en courant, chacun essayant de bousculer l'autre pour être le premier.

Il y avait quelques paquets au pied du sapin, de toutes les formes et de toutes les couleurs. Lucius poussa un grand cri de joie quand il aperçut un cadeau de forme allongée. Il se dépêcha de déchirer l'emballage : un balai flambant neuf apparut.

- C'est un Celeritor, le dernier modèle ! Il est magnifique ! Anae, regarde sa ligne, il doit foncer à une de ces vitesses !

Anae ne put s'empêcher de rire en voyant l'expression d'adoration de Lucius devant son nouveau balai.

- Alors, mon cadeau sera le bienvenu, s'exclama Anae, tiens ouvre-le !

Elle lui tendit une petite boîte. Lucius l'ouvrit et apprécia à sa juste valeur le cadeau de son amie : un nécessaire à balai : il y avait tout pour entretenir son balai.

- Merci, c'est exactement ce qui me fallait ! Et toi, qu'est-ce que tu as eu ?

- Je n'ai même pas eu le temps d'ouvrir mes cadeaux !

- T'as besoin d'un coup de main ?

Anae lui tira la langue, déballa un premier cadeau.

- Je crois que c'est de la part de mes parents, commenta Lucius.

C'était une paire de boucles d'oreille : des petits serpents en argent qui tenaient une pierre verte dans leur gueule. Anae les essaya aussitôt.

- Alors, Lucius ? Qu'en penses-tu ?

- Tu es superbe !

Lucius avait reçu d'autres cadeaux de ses amis Serpentards, mais il les cacha à Anae, cette dernière aurait juré avoir aperçu une carte avec un petit cœur …
Bellatrix leur avait envoyé à tous deux un assortiment de chocolats et des dragées de Bertie Crochue. En outre, Anae avait reçu un discret paquet qu'elle avait tenté de cacher à Lucius, mais il avait été plus rapide et s'était saisi du bracelet qu'il contenait.

- Hum, hum, dit-il, et c'est de qui ce cadeau ?

- Ca ne te regarde pas !

- Bah, de toute façon, j'ai deviné !

- Et toi, cette carte avec des petits cœurs ….

Lucius prit un air innocent et outré :

- Quelle carte ?

Anae éclata de rire.

- Bon, tu me rends mon bracelet, s'te plaît !

Il lui donna de bon cœur, et faisant plein de clins d'œil et en haussant les sourcils.

- Tu es bête, à la fin Lucius !

- Et ce gros paquet, là, c'est quoi ?

- Je crois qu'il vient de mon père !

- Ouvre le !

Il s'agissait d'un énorme grimoire très lourd.

- Hécate a dû s'amuser pour l'emmener jusqu'ici !

La reliure était en peau de dragon, d'un vert foncé, presque noir. Sur la tranche les pages étaient dorées, mais quand Anae ouvrit le livre, elles étaient pourpres.

- Qu'est-ce que c'est, demanda Lucius curieux.

- Je ne sais pas, répondit Anae.

Le titre sur la couverture avait été gravé en lettres dorées, mais le temps les avait effacées. Il ne restait plus que quelques traces ça et là.

- En tout cas, il a l'air vieux, fit remarquer Lucius.

La première page était vierge, Anae la tourna.

- Le dragon rouge ou le recueil des plus rares secrets : évocations, charmes, sortilèges, secrets merveilleux, comment mettre les forces infernales à son service, par Agrippa le Grand, édition traduite, revue et corrigée sous la direction du Professeur Erasmus Augustus Baudalairus, lut Anae. Tout un programme !

- Tiens, ajouta Lucius, il y avait un petit mot.

- Joyeux Noël, j'espère que ce cadeau plaira à l'amatrice de grimoires anciens ! C'est une édition originale qui date de 1674, il n'en reste plus que quelques exemplaires au monde, mais je sais que ce volume est entre de bonnes mains ! Regarde particulièrement à la page 58, cela pourrait t'être utile … montre cette page à ton ami Lucius, cela pourrait lui servir pour jeter tranquillement certains sortilèges … Je te souhaite encore un très joyeux Noël.

- Zut, Belladone lui en a parlé, s'écria Lucius !

- Bah, il le prend plutôt bien !

- Mais ce qui m'inquiète, c'est le silence de mes parents ! Ils sont sans aucun doute au courant, puisque ton père le sait …

- Tu sais bien qu'on ne peut rien cacher à mon père…

- Ca ne présage rien de bon, quand même !

- T'en fait pas, je viendrai à ta rescousse, comme d'habitude …soupira Anae.

- Bon, et c'est quoi ce fameux sort que je devrais connaître.

Anae feuilleta les pages, sur certaines il y avait d'étranges symboles, d'autres étaient illustrées. Elle parvint à la page 58.

- Voyons voir …

Elle commença à déchiffrer.

- Oh, non c'est écrit en latin, je vais devoir tout traduire !

- Je croyais que c'était une édition traduite !

- Bah, ce cher … E. A. Baudalairus … aura oublier cette page !

- Alors, ça dit quoi ? Tu sais que je ne suis pas très doué pour le latin.

- Tu devrais, Lucius, beaucoup de formules magiques sont dans cette langue !

- Arrête, on dira ma mère !

- Bon, tu la veux cette traduction ? Oui ou non ?

- Te fâche pas !

- Voyons ce qu'on nous dit : Sortilège de Inmagica. Ce sortilège très ancien permet de dissimuler toute trace de magie : ainsi vous pouvez faire n'importe quel sort, sans qu'un moldu ou qu'un sorcier s'en rende compte. Ce sortilège rend la magie indétectable. Vous pouvez ensorceler votre baguette ou un endroit bien précis. Mais attention, ce sort a une durée limitée : au bout de deux heures, il disparaît et votre magie redevient perceptible.

- Ca m'a l'air très pratique, ce sort ! Et c'est difficile à réaliser ?

- Laisse moi le temps de traduire ! C'est pas évident ! Il semblerait qu'il soit plus facile d'ensorceler ainsi une pièce que sa baguette ! Pour la baguette, il faut enduire ta baguette d'un baume avant de jeter le sort d'Inmagica, tandis que rendre une salle imperméable à la magie est plus simple : tu fais une rotation puis une arabesque avec ta baguette en disant « Inmagrica » et en pointant ta baguette vers chaque ouverture de ta pièce ! Ce n'est pas très sorcier !

- Et comment être sûr que ça marche ?

- C'est simple : je te poste dehors, je jettes le sort d'Inmagica et ensuite j'essaye de t'envoyer un rictusempra : on verra si je te touche !

- Pourquoi je dois toujours servir de cobaye, gémit Lucius.

- Tu n'as rien à craindre : je réussirai du premier coup !

- Tu me parais bien sûre de toi !

- Tu veux pas qu'on essaye ?

- J'ai pas dit ça, Anae ! Tu sais bien que je suis toujours partant pour les mauvais coups !

- Que vas-tu encore inventer Lucius, s'exclama une voix dans son dos !

Lucius se retourna vivement et adressa un sourire innocent à son père.

- Rien, père …

Les yeux gris de monsieur Malefoy dévisagèrent d'un air soupçonneux son fils, avant de se poser sur le gros grimoire qu'Anae serrait contre elle.

- Ah, je vois que ton père t'a finalement offert ce vieil opus. Vous avez trouvé des choses intéressantes ?

- Oui, monsieur Malefoy, c'est ce dont nous parlions avec Lucius ; nous voulions essayer un ou deux sorts. Enfin, si cela nous vous ennuie pas …

- N'est-il pas un peu tôt pour faire de la magie ? s'enquit le père de Lucius. Je suis certain que vous n'avez même pas pris de petit déjeuner.

Lucius baissa la tête et acquiesça. Son père éclata de rire.

- Et vos cadeaux ?

- Très bien, merci beaucoup pour le balai, père. Il est magnifique !

- Tout comme les boucles d'oreilles, je suis vraiment touchée.

- Alors c'est parfait. Lucius, où est ta mère ?

- En haut, je suppose.

Sur ces paroles, monsieur Malefoy quitta le salon. Lucius et Anae firent des projets pour leur journée, mais qui ne seraient réalisables que sur plusieurs jours : essayer le Celeritor, lire le grimoire d'Anae et mettre en pratique la plupart des sorts qu'il contenait, enfin pas tous car c'était assez horribles.

- Regarde, dit Lucius qui avait le volume ouvert devant lui.

Les deux pages étaient illustrées : on voyait un homme en train de fondre littéralement. Les différentes étapes étaient décrites et dessinées avec force de détails et de précision.

- Ce sort m'a l'air très sympathique ! Imagine un sang de bourbe à cette place !

- Tu n'es pas très gentil, Lucius.

Il regarda Anae avec étonnement.

- Mais …

- Laisse-moi finir ma phrase, j'aurais plutôt mis Black ou Potter !

Ils éclatèrent tous deux de rire.

- Et c'est moi le méchant dans cette histoire ! Pffff !

La matinée fut ponctuée par l'arrivée intempestive de hiboux qui apportaient de petits mots de remerciements, qui de Narcissa, qui de Bella qui de Severus. Moràs, le grand duc de Lucius fut lui aussi mis à contribution… Anae et Lucius utilisèrent le reste du temps à essayer le nouveau balai. Derrière le manoir, il y avait un petit bois de cyprès et de pins qui les cachaient à la vue d'éventuels moldus. Cerbère, le molosse des Malefoy, les accompagna, trop heureux de pouvoir s'ébattre dans la neige, à la poursuite du balai. Midi arriva et ils rentrèrent trempés mais heureux.

- Ce balai est fantastique, je vais faire des merveilles pour le prochain match de Quidditch, s'extasia Lucius.

Le repas se passa solennellement mais dans la bonne humeur.

- Anae, Lucius m'a dit que tu avais un petit ami, s'enquit madame Malefoy.

A ces mots, Anae faillit s'étouffer avec le morceau de tournedos qu'elle avait porté à sa bouche. Elle se mit à tousser violement et Lucius, l'air ravi, s'empressa de lui taper avec vigueur dans le dos. Anae, après avoir repris son souffle lui lança un regard noir puis elle se tourna vers sa mère.

- Il s'est trompé, je n'ai pas de petit ami !

- J'ai dû mal interpréter ce que Lucius m'a dit concernant Severus Rogue.

Anae lança un nouveau regard noir à son ami.

- On s'entend bien, c'est tout …

- Rogue ? intervint alors monsieur Malefoy. Serait-ce le fils de Maximus ?

Anae haussa les épaules, mais Lucius répondit à sa place :

- C'est bien lui.

- Je connais bien Maximus, nous nous voyons souvent, enfin, les rares fois où il est présent en Angleterre.

- Il fait beaucoup de voyages ? demanda Anae.

- Je suis étonné que ce nom ne te dise rien, c'est un célèbre archéologue, il monte de très nombreuses expéditions à travers le monde à la recherche d'artefacts anciens. De plus, je crois savoir que ton père le connaît.

- Ah, répondit Anae, mon père a tellement de … connaissances … Je ne peux pas toutes les connaître.

- C'est vrai. Tu as raison.

Anae se tourna vers Lucius et lui fit son plus beau sourire. Celui-ci la regarda avec effroi. Satisfaite de son petit effet, elle s'adressa à madame Malefoy :

- Madame Malefoy ?

- Oui, Anae ?

- Puisque nous parlons de petits amis, Lucius vous a-t-il dit qu'il avait une petite amie ?

Lucius pâlit et se mit à tousser avec énergie.

- Oups, aurais-je fait une indélicatesse ?

- Mais non, et qui est l'heureuse élue cette fois ?

Lucius semblait désemparé et très gêné. Mais Anae ne s'arrêta pas en si bon chemin.

- Une de mes nouvelles amies : Narcissa Black. Tout comme sa jumelle, elle est chez les Serpentards …
Lucius regardait fixement son assiette vide, son visage était passé du blanc au rouge.

- J'en déduis que c'est vrai, Lucius, puisque tu ne démens pas cette information ! répliqua sa mère. Petit cachottier, ajouta-t-elle avec un de ses trop rares sourires.

Le repas s'acheva dans une ambiance détendue.
En sortant de table, Lucius murmura à Anae :

- Merci pour la discrétion, tu vas me le payer !

- J'aurais pu dire la même chose ! Petite vengeance mon cher.

Trois jours après Noël, les parents de Lucius durent s'absenter : le manoir était vide, si on exceptait la présence des deux elfes de maison. Lucius en profita pour savourer sa vengeance. Anae s'était installé dans un petit boudoir qu'elle affectionnait particulièrement, tentant de remplir les centimètres de parchemins exigés pour le devoir de divination. Elle mordilla sa plume en chantonnant une mélodie. Son esprit était ailleurs, le plus long possible de l'influence de la lune sur les Capricornes et les Verseaux. Sans faire de bruit, Lucius espionnait son amie, quand il fut sûr qu'elle ne était plus sur ses gardes, il agita sa baguette en murmurant « Wingardium Leviosa », une énorme boule de neige s'éleva dans les airs, il entrouvrit la porte et lentement la boule flotta jusqu'au dessus de la tête d'Anae. D'un geste brusque il abaissa sa baguette. La boule de neige s'écrasa sur Anae. Elle bondit en hurlant et se retourna pour voir Lucius, à terre, plié de rire. Elle se mit à courir vers lui, mais Lucius partit aussitôt et ne se laissa pas distancer. Une folle course poursuite se déroula dans tout le manoir ; mais Anae ne put rattraper Lucius qui connaissait les moindres recoins de sa demeure. Seule dans un couloir, elle cria au vide :

- Tu me le payeras Lucius.

Les personnages des tableaux se retournèrent pour voir la source de tout ce bruit ; ils semblaient désapprouver pareille attitude.

Anae rendit la monnaie de sa pièce à Lucius, le lendemain matin. Elle réveilla son ami avec une boule de neige. Les cris enragés de Lucius lui apprirent que sa mission avait réussi.

Outre ses petites vengeances personnelles qui émaillèrent leur quotidien, Anae et Lucius s'entraînèrent à maîtriser le sortilège d'Inmagica : Anae y parvint au bout de la troisième tentative, il en fallut neuf à Lucius pour le réussir. Ils avaient choisi une ancienne salle de jeu comme terrain de manœuvre. Tranquillement, ils purent expérimenter quelques sorts originaux et inconnus : le Glacica : qui gèle n'importe quoi, même en plein été, le Sanson qui rend une personne muette, le Blurps qui a pour effet de faire pousser une sorte de champignon nauséabond et purulent (ils l'essayèrent sur le pauvre Cerbère qui se prêta de mauvaise grâce à cette tentative) …

Anae et Lucius disputèrent également des parties d'échecs version sorcier. Mais Anae n'était pas très douée à ce jeu, et ses pièces le lui en faisaient la remarque, sous les rires de Lucius.

- Tu ne comprends rien, Lucius, c'est une tactique : je te laisse gagner, c'est tout ! Sinon, tu ne me parlerais plus si je te battais à chaque fois !

- Mais bien sûr … Je crois que c'est l'excuse la plus minable que j'ai jamais entendue !

Le père de Lucius arriva à ce moment dans la bibliothèque où se disputaient ces parties endiablées.

- Je te cherchais, Lucius.

A l'appel de son nom, il se leva d'un bond, presque au garde à vous.

- Oui, père ?

-J'ai vu Belladone …

A peine eut-il dit cela que Lucius pâlit et se mit à bafouiller …

- Je … Peux … euh, père …

- Ne m'interromps pas, Lucius.

Anae se leva à son tour et se rapprocha de son ami.
Le regard glacé de monsieur Malefoy s'attarda sur les deux adolescents. Il continua :

- Oui, Lucius, tu as quelques soucis à te faire …

Il fit une pause pour ménager son effet, puis il reprit d'une voix plus douce :

- J'ai appris que, malgré tes excellents résultats dans toutes les matières, tu as une sérieuse concurrente en la personne d'Anae, ajouta-t-il avec un sourire.

Lucius et Anae poussèrent un soupir de soulagement.

- Vous êtes, d'après Belladone, les meilleurs de votre promotion.

La tension diminua d'un cran.

- Vous faîtes une drôle de tête, tous les deux, à croire que vous vous attendiez à des reproches ! Vous ne me cacheriez rien ?

- Non, non, s'empressèrent-ils de répondre, un peu trop précipitamment sans doute car monsieur Malefoy, interrogatif, haussa les sourcils.

- Vous en êtes sûrs ?

- Oui, répondit plus calmement Lucius. Je suis surpris, je … croyais … avoir échoué à mon dernier devoir de potion…

Monsieur Malefoy poussa un « hum » dubitatif, les scruta du regard encore un instant puis il les quitta.

- Je crois qu'on a eu chaud, murmura Lucius, après s'être assuré que personne ne pouvait l'entendre.

- Oui !

- Je dois reconnaître que Belladone remonte dans mon estime grâce à son silence.

- Mais d'un autre côté, il aurait peut-être eu des problèmes si on avait appris ce que tu as fait …

Les derniers jours de vacances s'enfuirent à toute vitesse. Le dernier après-midi, Anae alla se promener seule sur la lande. Il ne neigeait plus depuis plusieurs jours, toute couche blanche avait disparu. Le temps était sec et froid. Les pas d'Anae la conduisirent jusqu'au bord de la falaise. Les vagues en contrebas venaient mourir avec fracas contre la terre ; quelques goélands argentés survolaient ce spectacle. Anae s'assit sur un rocher et contempla longuement la mer houleuse. Le temps suspendit son vol ; les heures s'arrêtèrent. Anae restait immobile, insensible à la morsure du froid.
Inquiet de ne pas la voir revoir, Lucius était parti à sa recherche, emmitouflé dans une épaisse cape en fourrure. Il aperçut au loin la frêle silhouette de la jeune sorcière et se dépêcha de la rejoindre.

- Tu vas bien ?

Anae ne répondit pas tout de suite.

- C'est beau, cette mer, c'est apaisant.

- Anae ?

- Je vais bien, ne t'en fais pas.

- Depuis combien de temps es-tu ici, dans le froid ?

- Je ne sais plus.

Lucius s'assit à ses côtés et l'enveloppa dans sa cape.

- Tu es glacée ! Ce n'est pas raisonnable.

- Qui a dit que j'étais raisonnable ?

Elle tourna ses grands yeux bleus vers Lucius.

- Mais tu as pleuré !

- Non, c'est le vent.

- Ne me mens pas, Anae. Le vent n'y pour rien.

- Tu savais que les mugissements du vent sont les cris des âmes perdues ?

- Ne change pas de sujet.

- Les morts expriment leur souffrance, ce sont les sanglots des âmes en peine, le vent porte leur peine pour que nous l'entendions.

- Mais enfin, qu'est-ce que tu as ? Je t'ai rarement vu dans un tel état !

- J'ai beaucoup réfléchi, c'est tout !

- Et bien, ça ne te réussit pas.

Lucius resserra son étreinte. Anae se blottit plus profondément dans ses bras, sans tenter de retenir les larmes qui couraient sur ses joues rougies par le froid.

- Mais enfin, que t'arrive-t-il ?

- Je ne sais pas, je pensais à plein de choses … à toi …

- Et je te mets dans un tel état, merci, c'est gentil.

- Je me suis rendue compte que tu étais mon seul véritable ami. Tu sais tout de moi, tu ne me juges pas en fonction de ceux qui m'entourent, tu me prends comme je suis, pour moi-même.

Elle soupira avant de continuer :

- Tu … as des regrets … quelquefois ?

- Des regrets ?

- Oui, pour ce qui aurait pu se passer …

- Je fais avec …mais c'est toi qui … as tout arrêté …

- Je sais, mais c'est mieux ainsi, non ?

- Oui, de toute façon, on ne saura jamais.

- Si on avait continué, tout aurait été gâché …

- Je sais, Anae, je sais.

Ils restèrent silencieux un moment. Lucius reprit la parole.

- C'est différent maintenant, tu as Severus.

- Il n'y a rien entre nous !

- Ne fais pas croire ça, Anae, ça saute aux yeux, c'est juste une question de temps. De toute façon, s'il te fait souffrir, il aurait de mes nouvelles. Je te le garantis !

- J'ai peur …

- Peur ?

-Il ne sait rien de moi, de toi, de tout ce qui nous entoure.

- Il est au courant de certaines choses pourtant …

- Ce ne sont que des détails, Lucius. Pour le reste, personne ne sait. Malgré ses grands airs, je ne suis même pas sûre que cet imbécile de Belladone ait la moindre idée de ce qui se trame. Je … je ne veux surtout pas … perdre … Severus.

- Tu ne le perdras pas.

- Je me sens si perdue, si fatiguée, si seule …

- Tu n'es pas seule, je suis là.

- Je sais, Lucius, je sais.

- Tu pourras toujours compter sur moi. On se connaît depuis le berceau et quelques soient les surprises que nous réserve l'avenir, je serai toujours à tes côtés. Une épaule pour t'appuyer et pleurer.

- Je le sais. Merci.

- Ne t'en fais pas. S'il venait à apprendre la vérité, Severus comprendrait. Tu ne le perdras pas, il tient à toi… j'en suis certain. Tout ira bien, tout …

- J'aimerai en être aussi sûre.

- Fais- moi confiance.

Anae ferma les yeux et se laissa bercer.
Enlacés, ils regardèrent les derniers feux du couchant s'abîmer dans les flots, puis lentement, ils regagnèrent le manoir pour leur dernière soirée avant de retrouver Poudlard.