- Roooooooooooooon !
Ohlà… 9H30… la journée commence. Je m'étend sur mon lit et grogne en sentant ma main frapper le mur. Faudrait vraiment que je songe à me racheter un lit plus grand… ou une maison plus grande.
- ROOOOOOOOOOON !
9H31… le calvaire commence. Je sursaute sous la voix harmonieuse de ma charmante et adorable petite sœur (ça c'est ce qu'il faut que je me dise pour prendre le courage d'aller voir ce qu'elle veut) et je dévale deux à deux les marches jusque la cuisine.
Une odeur de bacon grillé (euh… carbonisé) s'en dégage et me fait regretter d'être finalement descendu. Je me laisse tomber sur une chaise pendant qu'une tranche de viande non identifié s'écrase dans mon assiette.
Voilà une des nouvelles manies de ma sœur… faire la cuisine comme maman aimait la faire chaque matin. Sauf que… Poudlard ne s'est pas fait en un jour et qu'en plus de ça, il semble que les fameux dons culinaires de la famille Weasley se soient arrêtés à la dernière née.
Comme à chaque fois, j'attends qu'elle ait le dos tourné et use d'un sortilège de lévitation pour amener ce bacon jusqu'au jardin… là où les gnomes pourront s'en servir pour jouer à empoisonner les taupes qui détruisent leur terrier.
Sauf que… la pluie bat son plein… la fenêtre est fermée… le bacon est prisonnier… et le voici qui rebondit contre les carreaux et s'écrase lamentablement sur le paillasson.
- RON !
Pour ceux qui ne le sauraient pas, Ron, c'est moi : le piètre idiot qui baisse la tête vers son assiette désormais noire et attend que l'orage passe.
- Je me casse la tête à me lever plus tôt pour te faire un repas digne de ce nom et tu le jettes par la fenêtre !
- Je… je n'aime pas le bacon.
- Ah oui et depuis quand ?
- Depuis que j'en ai vu s'enflammer dans la poêle parce que tu avais oublié d'éteindre le feu.
Oups… je n'aurais pas dû dire ça. La voilà qui s'assoit à table et prend sa tête entre ses mains. Merlin mais qu'est-ce que j'ai fait ! J'aurais du avaler ce fichu poison, quitte à mourir dans d'atroces souffrances. Au moins, je ne l'aurais pas vu pleurer.
Alors je me lève et pose une main sur son épaule en tapotant légèrement. Je me sens ridicule mais en même temps, c'est à cause de moi qu'elle pleure.
- Je suis si nulle que ça ?
- Hum… oui.
Elle me jette un regard froid qui me fait douter un instant. Puis la voilà qui soupire et repart dans sa méditation.
- Je pensais que maman te manquerait moins si…
Ohlà… beaucoup trop de marques d'affection à mon goût. Je suis déjà assez mal à l'aise pour qu'en plus elle en rajoute. Et là voilà qu'elle me regarde avec ses yeux bleus… encore un peu et je la revois à quatre ans avec ses couettes à me regarder d'un air pitoyable, attendant que je l'autorise à monter sur le balai que je venais de piquer à Bill.
- Tu sais Ginny… je crois que quoi qu'on puisse faire, elle nous manquera.
- Surtout si je continue à te faire de la mauvaise bouffe.
- Oui ça encore… ça nous permettra peut-être de la rejoindre plus rapidement.
Elle sourie enfin et un paf se fait entendre, voici Harry qui apparaît devant la porte de la maison, le col relevé. Depuis la fin de l'année scolaire, le Terrier est un peu devenu la maison de tout le monde. Harry et Hermione y sont hébergés et même si ce n'est censé qu'être temporaire, tout le monde sait que personne ne veut vraiment en partir.
- Salut…
Je lui tends la main et c'est à peine s'il prend le temps de la serrer que déjà il enlace Ginny. Une embrassade chaste… si je peux dire. C'est deux là ne sortent qu'officieusement ensemble et en plus, ils croient que je ne pense plus à leur escapade dans un certain dortoir…
- Tu veux manger quelque chose Harry ?
Sans attendre la réponse, la voilà de nouveau au fourneau pendant que « l'invité » me lance un regard suspect. Ses yeux se posent sur mon assiette et je fais aller mes mains pour le conseiller d'abandonner l'idée de se restaurer ici.
- Euh… Ginny… j'ai déjà mangé…
- Ah… euh… un homme a toujours faim non ?
- Euh… oui mais…
Je rigole seul en voyant la situation dans laquelle s'est fourgué Harry. Pour une fois que ce n'est pas moi… il me lance des appels à l'aide auxquelles je ne saurais répondre. Quoique…
- Ginny… on a promis d'aider Hermione…
Elle jette un regard à sa montre et mon excuse semble fonctionner. Elle hausse les épaules et nous dit :
- D'ailleurs, j'ai promis aux jumeaux de venir les voir… désolée, je crois que je vais vous laisser…
Bonne idée. Un programme pour la journée. Hermione a décidé de remettre en ordre la maison de ses parents. Et c'est avant tout pour ne pas la laisser seule dans cet endroit désert que nous avons décidé de l'aider.
A peine Ginny a-t-elle utilisé la poudre de cheminette qu'un nouveau craquement se fait entendre. Je sursaute en voyant le visage pâle de Lupin. Je sais à ce moment là que quelque chose vient de se passer :
- Une attaque dans le village sorcier à l'est de Glumstrock… ils se sont enfuis et ça nous laisse à penser qu'ils ne vont pas en rester là. Il est conseillé de ne pas sortir…
- … quel village ?
Qu'est-ce qu'un Harry qui vient d'apprendre la présence de mangemorts en un même endroit ? Un chasseur qui n'a qu'une envie : faire le plus de prisonniers possible. Et le voilà déjà parti…
Lupin me regarde, sans doute surpris de ne pas me voir réagir. Je tente de me justifier :
- Quoiqu'on lui dise, il n'en fait qu'à sa tête. On lui a conseiller de finir ses études… c'est ce qu'il a fait. Et maintenant, il ne voit plus de raisons d'attendre pour aider.
- Bien… et toi ?
Qu'est-ce que c'est encore que cette question où je dois réfléchir ?
- Qu'est-ce que tu veux faire ?
- Protéger ceux que j'aime.
Grrr… Merlin Ron, tu peux pas te souvenir d'une seule chose : ne regarde pas les yeux de tes interlocuteurs. Encore une fois, je n'ai pas su mentir et je me fais passer pour une fleur bleue.
Mes yeux se posent sur la grande horloge qui prône encore dans la cuisine. L'aiguille représentant ma mère s'est décollée et flotte désormais au dessus. Toutes les autres sont encore et toujours sur la case : danger de mort… Rien n'a changé…
- Tu sais où ils sont ?
- Hum… Ginny est avec Fred et George. Percy est au boulot… Bill et Charlie…
- … sont avec les membres de l'ordre… ainsi que Percy.
Tiens donc… Percy sèche le boulot… qui l'aurait cru. La mort de maman a agit comme un électrochoc sur lui. Et c'est tant mieux. Mais déjà mon cœur s'emballe en pensant à Hermione… je l'ai laissé seul… on est censé se cacher… elle est chez les moldus… proie facile…
- Hermione !
Mon corps se déchire et disparaît de cette maison pour retrouver le jardin de celle des Granger. Je vois de la lumière… elle est là et je ne peux m'empêcher de l'appeler. Elle apparaît alors, un bandeau dans les cheveux et l'air passablement énervée.
- Ron ! Je t'ai déjà dis 100 fois que les moldus n'avaient pas l'habitude d'entendre des gens hurler leur nom pour les voir sortir de leur maison ! Tu sais ce qu'ils utilisent ?
Elle fait un signe vers le petit bouton blanc qui fait un boucan pas possible quand on appuie dessus. Je hoche la tête et réponds :
- La socquette…
- Non Ron ! Une sonnette ! Dispositif spécialement conçu pour prévenir autrui.
Je la regarde… comment peux-t-elle retenir tant de chose…
- Hermione… ça fait mal ?
- Quoi donc ?
- D'avaler un dictionnaire ?
