Elle s'est avancée dans sa maison et me voilà seul devant le pas d'une porte grande ouverte, à me demander si je dois ou pas la suivre. Enfin, une question qui n'en est pas une parce que je ne suis pas venu pour la laisser aux mains des mangemorts. Mais en même temps, ça ne se fait pas de rentrer chez les gens quand on y est pas invité et puis… et puis j'ai l'impression que ça le fait encore moins chez les moldus.
Et mes yeux se posent sur le petit bouton blanc… si c'est la solution, je veux bien sursauter en entendant cette cacophonie. Mon doigt se presse et je plaque presque automatiquement mes mains sur mes oreilles.
- RON !
Je lève la tête vers Hermione qui, rouge de colère, me dévisage de toute sa hauteur que le palier augmente encore. Décidemment, elle ne sera jamais contente celle-là.
- C'est avant qu'il fallait sonner… pas quand la porte et grande ouverte !
Je hoche les épaules et m'avance cette fois à sa suite. Fermant la porte derrière moi, je hôte mes chaussures en me rappelant que ceci fait aussi office de politesse… un peu comme on retire sa veste pour la pendre. D'ailleurs en parlant de ça… où vais-je bien pouvoir mettre ses fichues godasses souillées par la boue ? En proie à un doute, je décide de les prendre sur cette chose aussi grande que moi qui maintient les manteaux d'habitude.
Plutôt fier de moi, je monte les escaliers pour me rendre à cet étage ou Hermione doit avoir le nez fourré dans les cartons de déménagement. Et en effet, c'est dans un petit salon que je n'avais jamais remarqué que je la retrouve assise sur un canapé, avec une tonne de vêtements devant elle.
- Harry n'est pas avec toi ?
Sympa… je suis là mais apparemment, c'est Harry qu'elle voulait. Je suis pas d'humeur à chercher l'embrouille alors je m'assois à côté d'elle en prenant un sac au hasard :
- Il devait venir mais Lupin est arrivé quand on allait partir. Il y eu une attaque dans un village…
- …Voldemort y était ?
- Il ne l'a pas dit mais…
- … il faudra lui dire que ça sert à rien de se mettre en danger comme ça.
- On lui a déjà…
- … non mais c'est vrai, il devrait se concentrer sur les cours que Lupin lui donne.
- …
- Tu pourrais répondre quand je te parle !
- Pourquoi faire ? Tu me coupes deux secondes après.
Et je ne vois pas arriver le sac qu'il me semblait pourtant tenir fermement dans ma main. Le voici néanmoins qui frappe mon visage et s'ouvre sous le choc. Pas très solide… Je m'apprête à riposter dans une joute verbale lorsque je vois le visage de mon assaillante prendre une teinte rougeâtre. Je ne met pas longtemps à comprendre pourquoi lorsque mes yeux se posent sur l'un des vêtements qui décor mon torse… ou plutôt des sous-vêtements.
Je tiens dans ma main les soutiens-gorge de Hermione et je me lève dans un bond en réalisant la situation.
Merlin que je me sens idiot mais… je ne veux surtout pas qu'elle le voie.
- Euh… un thé ?
Je n'attends pas la réponse et dévale les étages en percevant tout juste l'incantation qui a du lui permettre de tout remettre en ordre. Me voilà alors dans une cuisine avec des drôles de choses que je serais incapable de mettre en route… ça tombe plutôt bien en fait… je déteste le thé et il semblerait que cette situation me l'ait fait oublié.
Et à force de fouillage intensif, je met finalement la main sur ce qui pourrait servir d'ersatz. Et me voilà remontant à l'étage, tenant de diminuer les palpitations de mon cœur à l'idée de devoir la regarder dans les yeux.
Mais quand je franchi la porte de cette salle, je la trouve assise, le regard dans le vide, pliant de manière machinale des morceaux de tissus. Je pose le plateau et tente de briser ce silence créateur d'un mal-être.
- Un chocolat… ça te va ? Euh… froid… le chocolat.
Elle esquisse un sourire et je sens comme une pointe taillader mon cœur. J'aime pas voir Hermione comme ça… je n'aime voir aucuns de ceux que j'aime comme ça.
- Hermione ça va ?
Je sais, c'est une question bête puisque je viens de voir que ce n'était pas le cas. Mais qu'est-ce que j'aurais pu lui dire ? « Hermione, dis-moi ce qui ne va pas » ? Oui en remarque… c'était pas si mal.
- Non… je vais bien Ron…
- Si c'est cette bataille qui t'inquiète, je suis sûr qu'il était bien entouré…
- Je vais bien Ron…
- C'est à cause de ce que j'ai vu alors ? Enfin… tes… tu sais, j'en ai déjà vu hein…
- C'est gentil, je vais beaucoup mieux là…
Elle jette un regard en coin et je perçois dans leur reflet une pointe de moquerie qui me réchauffe le cœur.
- Alors tu vois que ça ne va pas…
- Ronald…
- Bah quoi, tu viens de le dire !
- C'était de l'I.R.O.N.I.E !
- Ah oui et c'est pour ça que t'as les yeux qui brillent hein ?
Touchée… sauf que la foudre va faire dix fois le tour de la pièce en me frappant à chaque fois. Elle est debout devant moi et je me sens obligé de baisser la tête. Nan mais franchement, faut pas s'énerver pour si peur… les filles et leur mauvaise période…
- Je ne vais pas pleurer pour te faire plaisir non plus ! Oh et puis zut ! Voilà, t'es fier de toi hein ?
Pas vraiment… certes, les larmes qui jaillissent de ses yeux me donnent raison mais savoir que j'en suis la cause… J'espère vraiment qu'elle a quelque chose qui ne va pas… enfin quelque chose autre que moi.
- Ca va t'énerves pas comme ça 'mione…
- POURQUOI JE M'ENERVERAI RONALD BILIUS WEASLEY ?
- Parce que… parce que je t'embête avec mes questions et que tu as peut-être envie de rester seule.
- Je vais bien…
Au moins sa voix a retrouvé son intonation normale… et puis surtout, elle ne m'a pas demandé de partir… Mais sa main se baladant sur ses joues pour faire disparaître les preuves de sa tristesse me rend malade.
- Pourquoi tu pleures ?
Cette fois elle se laisse tomber sur le canapé et soupire. Je n'aurai pas la réponse à ma question…
- Parce que j'ai un idiot d'ami qui me persécute. Ca te va hein ?
Heureusement qu'elle ne va pas bien ou j'aurais pu le prendre très mal. Néanmoins, je tente de garder mon calme et lui réponds.
- C'est normal de pleurer… je vois pas pourquoi tu t'en caches…
- Parce que… parce que je ne veux pas te faire pleurer… si ma raison est bonne pour craquer, tu as la même Ronald.
Elle pouvait pas me dire : « mes parents me manquent » ? Là il m'a fallut dix secondes de plus pour comprendre. Et involontairement, je sens également les larmes menacer mes cils pour qu'ils les laissent sortir. Je ne dois pas pleurer…je ne le veux pas.
Pas le temps de réagir que les sanglots de Hermione se font plus intenses et que sa tête se pose sur moi.
Mon menton repose sur ses cheveux pendant de longues minutes encore… je remplis mon esprit de son parfum apaisant et ma main se laisse guider jusque ses joues pour en écarter toute humidité.
Le moment et si spécial… si imprévu que je me sens comme prisonnier de mes actions dont je ne semble plus être le maître. Comme si les émotions m'empêchaient de réfléchir, ou comme si simplement, je ne voulais pas le faire.
C'est dans ce brouillard qui retire toute idée de doutes et de peur que ma main soulève son visage pour permettre à mes lèvres d'atteindre les siennes.
Je me fiche de tout… sauf d'elle.
