Hop, me revoilà avec une réponse à un défi de Zoomalfoy, dont voici l'intitulé (texto) :

Rating : M

Couple : HPDM

Genre : UA (Univers Alternatif.)

Résumé : Draco Malfoy, lycéen de 17 ans, tombe sous le charme de son nouveau professeur de Lettres, Harry Potter, âgé de 24 ans.

Il devra faire face au désaccord musclé de son père, à la moralité de son amoureux et à l'ancien petit ami de ce dernier, bien décidé à le récupérer.

IL N'Y A PAS DE MAGIE. L'HISTOIRE DOIT SE SITUER DANS LE MONDE MOLDU.

Aucunes contraintes mis à part qu'ils doivent finir ensemble et que Draco doit être ignoble avec Harry au début de l'année.

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Disclaimer : Je ne m'appelle ni JKR (pour avoir créé ces merveilleux personnages), ni Zoomalfoy (pour avoir pondu cette superbe idée de scénar). En revanche, l'histoire et la rédaction sont à moi (et ce n'est pas forcément le mieux là dedans !).

Avertissement : ceci est un slash, je répète, ceci est un slash ! Si les histoires traitant de l'homosexualité vous rebutent ou vous choquent, vous n'avez rien à faire ici, et votre absence ne me pèsera pas, bien au contraire. Voilà. Maintenant qu'on est entre gens civilisés, je rappelle tout de même que le rating M implique des scènes choquantes, de violence ou de sexe, et un langage parfois cru. Vous savez donc où vous mettez les pieds.

Note de l'auteuze : Hello ! Dans ce chapitre, la suite de la dispute avec Adrian et une autre discussion avec Stefanie. Bonne lecture !

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RAR : Les réponses aux reviews non signées, y compris celles où il y avait une adresse mail, sont sur mon blog http / myschka. mon - blog. org

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Merci à Anagrammes, BadAngel666 et BlackNemesis pour leur relecture et leurs conseils avisés sur cette fic.

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Cher journal (chronique d'une dernière année)

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« Putain, mais de quoi est-ce que tu parles, Pucey ? »

La voix de Draco était dangereusement calme, mais son sang pulsait douloureusement dans ses veines, l'empêchant de réfléchir. Qu'est-ce que c'était encore que cette histoire, nom de Dieu ? Et comment, putain, comment Adrian Pucey pouvait-il être au courant ? Draco savait que son père n'avait jamais mentionné la raison de son admission à St Brutus, il n'y avait absolument aucun moyen pour que ce bâtard de Pucey sache une chose pareille. Mais l'adolescent brun le détrompa rapidement, répondant à ses questions muettes avec un désagréable sourire triomphant.

« Franchement, Draco, je suis déçu que ne m'aies pas reconnu, même après deux longues semaines passées ici…Si je te dis que je suis le cousin de la douce Pansy, ça t'aide à mieux te souvenir ? »

Draco devait vraiment avoir l'air étonné, car l'autre continua, une expression faussement désolée inscrite sur son visage :

« C'est vrai, on ne se ressemble pas beaucoup…nos mères sont sœurs, mais elle tient bien plus de son père. Néanmoins, nous sommes très proches. » Il s'interrompit pour lui adresser un rictus cynique. « Ah…l'amour familial est aveugle, n'est-ce pas ? Enfin, elle me voue une espèce de culte, et elle me raconte absolument tout de sa vie. La pauvre chérie, elle était réellement effondrée après votre rupture… »

« Nous n'avons pas rompu, » l'interrompit froidement Draco, « pour la simple et bonne raison que nous n'avons jamais été ensemble. Ecoute, » soupira-t-il d'un ton qui se voulait conciliant, mais qui sonnait excédé, même à ses propres oreilles. « Je ne sais pas ce qu'elle t'a raconté, mais cette fille a un sérieux problème psychologique. Elle ne sait pas faire de différence entre ce qu'elle souhaite et la réalité – je suppose qu'elle ne t'a jamais mentionné toutes les filles que je m'étais tapées cette année ? »

« Je crois au contraire qu'elle est parfaitement lucide, mon petit Draco, » répliqua presque gentiment Adrian, époussetant négligemment une saleté invisible sur l'une des manches de son polo. « Et, au risque de te faire tomber de haut, elle m'a bien parlé de toutes les filles que tu as baisées. Ca ne la dérangeait pas, parce qu'elle savait qu'au fond, toutes ces nanas finiraient un jour ou l'autre par te lasser…Seulement, elle a vu aussi tout le reste… »

« Mais quoi, bordel ? » S'énerva Draco. « De quoi est-ce que tu parles ? Quel reste ? Je ne comprends rien à ce que tu racontes ! »

Adrian le regarda fixement, les sourcils froncés en signe d'intense réflexion, comme s'il se demandait si le jeune homme blond était sincère ou pas. Puis, Draco le vit se détendre et lui adresser un grand sourire, presque amical– s'il n'y avait pas eu cette lueur malsaine au fond de ses yeux pâles, il aurait pu y croire. Presque.

« Pansy ne m'avait pas menti, tu es un remarquable acteur, » s'exclama-t-il avec un petit rire dans la voix. « Mais tu es trop sûr de toi, » reprit-il plus sérieusement, comme un professeur réprimanderait un élève. « Tu as pris des risques inconsidérés, simplement parce que tu étais certain que personne ne pourrait te percer à jour…Mais tu as eu tort. »

Le jeune homme sortit une cigarette d'un paquet tellement tordu et abîmé que Draco se demanda un instant comment les tiges de tabac avaient pu survivre à un tel traitement, et se l'alluma d'un geste vif. Puis, exhalant une bouffée de fumée, il continua sur sa lancée :

« Par exemple, quand tu as embrassé ce garçon en plein parc de l'école…comment s'appelait-il déjà ? Ah oui, Terry Boot. »

« Terry et moi n'avons jamais rien fait ensemble, » gronda Draco. Il avait l'impression que ses nerfs tendus à craquer étaient sur le point de lâcher, et il serra les poings. Il avait conscience que Pucey faisait tout ce qui était en son pouvoir pour le faire craquer, mais il ne fallait pas, il ne fallait surtout pas qu'il se laisse entraîner dans son jeu. Il sentit sa respiration se faire un peu plus haletante, et crispa violemment la mâchoire pour se calmer. Il n'avait pas le droit de flancher maintenant.

« Je sais, je sais, » rétorqua Adrian d'un air amusé. « C'était juste pour l'exemple. Tu vois, même un truc aussi anodin que ça n'a pas pu échapper aux yeux perçants de cette chère Pansy…Tout comme le fait que tu aies été à plusieurs reprises dans l'appartement de son professeur de Lettres, homosexuel notoire, et que tu en soies ressorti à chaque fois avec la tête de quelqu'un à qui on a annoncé la fin du monde…Ou encore ce moment que tu as passé dans sa chambre d'hôtel, à Paris. Là par contre, il paraît que tu avais plutôt l'air heureux comme un fou – il suce bien, au fait ? Ou bien c'est toi qui…»

Tais-toi !

Draco n'entendit pas la fin de la phrase, car son sang s'était mis à battre furieusement dans ses oreilles et sa vue s'était brouillée brusquement. Il ne percevait plus qu'une sorte de bourdonnement indistinct, comme le bruissement d'un insecte répugnant qui menaçait de le rendre fou. Alors, pour faire cesser ce bruit atroce, son poing vint s'écraser contre la mâchoire d'Adrian, qui ne put achever son détestable discours. Draco se recula, et les deux garçons se regardèrent, choqués, Draco tenant son poing douloureux dans son autre main, et Adrian massant son visage meurtri. Draco sentit son cœur s'affoler et son esprit se mit à réfléchir à toute vitesse – il n'avait pas l'habitude de réagir avec une telle violence, mais la tirade de son condisciple l'avait mis hors de lui. Il n'avait pas le droit de parler de Harry comme ça. Personne n'avait le droit. Il se demandait maintenant ce qui allait se passer, si l'autre allait répliquer. Mais une fois de plus, ses réflexions furent interrompues par la réaction d'Adrian, qui le surprit une nouvelle fois.

« Eh bien, » nota-t-il en éclatant de rire, « pour une pédale, on ne peut pas dire que tu frappes comme taffiole…Mais si j'étais toi, j'éviterais ce genre de débordements à l'avenir. »

« Donne-moi une seule bonne raison de ne pas recommencer, » grogna Draco, de nouveau furieux et prêt à le cogner jusqu'à ce que mort s'ensuive – la sienne ou celle de Pucey, il n'en avait plus rien à foutre.

« Tss, mon pauvre Draco, tu n'es pas au courant de ça non plus, hein ? » s'apitoya Adrian. « Pour ta gouverne, il suffit que je siffle pour qu'une dizaine de mecs rappliquent à l'instant. Contre moi seul, tu peux peut-être t'en tirer honorablement, mais contre dix, je pense que tu auras du mal…Oh, et accessoirement, mon père est le directeur de cette école – honnêtement, si j'étais toi je me ferais tout petit et j'arrêterais de me regarder le nombril de temps en temps… »

« Espèce de bâtard… » Murmura sourdement Draco, blême de rage. « Va te faire foutre, connard ! »

Je vais te crever.

« Si ça peut te faire plaisir, » répliqua complaisamment le jeune homme brun, en se collant de nouveau sa cigarette dans la bouche. « En attendant, j'ai bien peur que ton héroïque petite sortie ne t'ait fait perdre tout le crédit que tu avais auprès de moi… »

« Tu peux m'expliquer ce que j'en ai à foutre ? » Siffla sèchement Draco, croisant instinctivement ses bras sur sa poitrine en une attitude de défense.

« C'est très simple, » répondit joyeusement l'autre adolescent. « On n'aime pas trop les pédés, par ici…enfin, à part Marcus Flint, mais lui c'est surtout parce qu'on ne peut pas trop lui dire quoi que ce soit, il a déjà failli tuer un mec, une fois – oh, t'étais pas au courant de ça non plus ? » S'étonna-t-il d'un ton moqueur devant l'air effaré de Draco. « En fait, à la base, c'était censé être une gentille partie de jambes en l'air dans les douches, mais ça a un peu mal tourné – le mec ne voulait apparemment pas trop se laisser faire…on l'a envoyé à l'hôpital et l'école a étouffé l'affaire, mais…Bref. Ce serait vraiment dommage que ce cher Marcus apprenne que tu aimes te faire défoncer le cul, il pourrait prendre ça pour une invitation… »

Putain, non, c'est pas vrai. Ca ne peut pas être vrai. Je vous en supplie…

Draco devait avoir l'air plus pâle qu'un mort, car Adrian lui adressa un sourire rassurant :

« Ne t'inquiète pas, les profs et les surveillants le tiennent à l'œil et depuis cette histoire, il reste tranquille. Mais en-dehors de ça, je connais une bonne vingtaine de mecs ici qui ne rechignent pas à casser du pédé pour le plaisir si jamais l'occasion se présente…Finalement, tu as de la chance que je t'aie à la bonne… »

« Qu'est-ce que tu veux ? » Gronda Draco. « Du fric ? »

Le garçon brun éclata de rire en secouant la tête d'un air incrédule, comme si le simple fait que cette idée lui soit venue à l'esprit était inconcevable.

« Oh non, rassure-toi, rien d'aussi trivial, » répondit-il avec un rictus sarcastique. « De l'argent…non, mais vraiment, Draco, tu pensais que j'allais te racketter ? »

« Qu'est-ce que tu veux, alors ? »

« Ne t'énerve pas, » sourit Adrian. « Je veux juste m'assurer de ta sécurité…Vois-tu, je t'aime bien, et je trouverais ça vraiment dommage que tu ne t'intègres pas bien ici, à cause d'un détail que personne n'a besoin de connaître. Si les autres savent que tu es sous ma protection, on te foutra une paix royale. Seulement, » ajouta-t-il d'une voix navrée, « ce n'est pas gratuit, tu t'en doutes… »

« Pour la troisième fois, Pucey, » éructa Draco, au bord de la crise de nerfs, « qu'est-ce que tu veux, à la fin ? »

Je vais te crever, bâtard. Draco serra les poings plus fort pour ne pas se jeter sur l'autre garçon, qui semblait prendre un malin plaisir à le torturer. Une part de lui s'étonna qu'il puisse ressentir autant de haine pour une personne – même Pansy ou Lucius ne lui faisaient pas éprouver autant de rage.

Adrian, haussa un sourcil amusé devant l'énervement manifeste de son camarade – on aurait dit qu'il trouvait la situation des plus plaisantes, malgré l'hématome qui commençait à se former sur l'angle de sa mâchoire. Draco se sentit inexplicablement fier d'être le responsable de sa blessure.

« Simplement que tu me rendes quelques menus services, » énonça tranquillement le garçon brun. « Me faire mes devoirs, effectuer quelques courses pour moi, ce genre de choses – rien de bien méchant, comme tu vois. »

« En gros, tu veux que je devienne comme un de ces va-chercher qui traînent avec toi à longueur de temps ? »

« Tu as parfaitement résumé ma pensée, mon petit Draco, » répondit Adrian d'une voix enjouée. « Encore que je qualifierais plutôt ça d'échange de bons procédés…Mais peu importe, l'affaire est entendue, tu peux aller retrouver ta chère maman… »

« Trop aimable, » ironisa Draco, sa voix coupante comme une lame de rasoir. « Tu m'excuseras si je ne te serre pas la main, je me sens un peu sale, là. »

Le jeune homme blond tourna les talons et s'éloigna rapidement en direction du parloir, avec sur la nuque l'horrible sensation du regard perçant d'Adrian Pucey, qui le suivit jusqu'à ce qu'il entre dans le bâtiment.

Lorsqu'il pénétra dans la pièce grise et sale, et qu'il vit son père, se tenant tranquillement aux côtés de sa mère, Draco sentit son cœur sombrer dans sa poitrine et se fit la réflexion qu'il aurait mieux fait de rester couché ce jour-là.

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Journal de Draco Malfoy, mardi 12 mai 1997 :

Je hais ma vie.

Franchement, je vois mal comment ça pourrait être pire pour moi, en ce moment. Entre l'autre bâtard qui se prend pour un maître chanteur et mon enfoiré de géniteur qui a décidé de me faire encore plus chier que d'habitude, je crois que je suis bon pour me tirer une balle.

« Un garçon a besoin de voir son père ». Mon cul, ouais ! Non, mais il veut vraiment me faire croire que c'est parce qu'il se soucie de moi qu'il est venu me voir dimanche après-midi ? Il a plus passé son temps à surveiller ma mère du coin de l'œil qu'à me parler – en fait, on aurait carrément dit qu'il se la jouait garde du corps…ou gardien de prison, au choix.

Je me demande ce que ça cache.

Parce que Mère n'avait pas franchement l'air emballée par sa présence, et c'est un euphémisme…Il a dû se passer quelque chose, mais quoi ? Je n'ai même pas pu poser la question à Mère, puisqu'il ne nous a pas lâché les basques de tout l'après-midi.

Peut-être qu'il s'imagine qu'elle le trompe ?

Ce serait franchement la plus belle connerie que j'aie jamais entendue. Pourtant, Dieu sait qu'en presque vingt ans, elle en a eu l'occasion – du moins, le contraire aurait été étonnant – et malgré ça, je suis sûr qu'elle n'a jamais fait quoi que ce soit. Bon, évidemment, ce n'est pas à son fils qu'on raconte ce genre de choses, mais si elle avait eu un amant, elle n'aurait probablement pas été aussi malheureuse durant toutes ces années.

Bref. Tout ça pour dire que les seuls moments où je pouvais être peinard ne sont plus qu'un lointain souvenir. Génial.

Je crève de chaud, bordel ! Dire qu'on est au mois de mai et que je suis obligé de dormir en pyjama, c'est pas humain…En plus de ça je passe pour un malade mental à me couvrir autant…Mais avec ce que m'a raconté Pucey à propos de Flint, je préfère encore mourir cuit à l'étouffée dans mon pyjama plutôt que de prendre le risque de me balader en caleçon.

Putain, c'est bien ma veine ça…Il y a un seul pervers sexuel – enfin, le seul qui soit gay à ma connaissance en tout cas – dans ce lycée, et il a fallu que je me retrouve dans son dortoir. Enfin, si ça se trouve, ce connard m'a raconté n'importe quoi, juste pour me faire peur – ça ne m'étonnerait même pas de lui, à vrai dire. Malheureusement, je n'ai ni les moyens ni le temps de vérifier ses dires – et honnêtement, je préfère ne pas tenter le diable.

Trop de chance, décidément.

Bref, passons. Aujourd'hui, j'ai écrit une lettre à H, juste après avoir terminé mes devoirs. Je ne sais pas si je pourrai l'envoyer, mais j'avais envie de lui parler. J'espère que la psy pourra s'en charger…

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Stefanie leva les yeux en entendant s'ouvrir la porte de son bureau, et vit Draco Malfoy se glisser silencieusement à l'intérieur de la pièce. D'un geste, elle le convia à prendre place dans l'un des confortables fauteuils qui se faisaient face. La jeune femme n'était pas une adepte du traditionnel divan, de plus, la plupart des adolescents n'aimaient pas se retrouver en position d'infériorité – être face à face avec elle les mettaient sur un pied d'égalité.

Stefanie se leva pour faire du thé et fermer la fenêtre qui donnait sur la cour de récréation. Il faisait chaud pour un mois de mai, c'était même probablement le printemps le plus chaud que l'Angleterre eût connu depuis bien des années, mais un petit ventilateur asthmatique rafraîchissait péniblement la pièce, et elle se doutait que Draco serait plus à l'aise s'il sentait que personne ne pourrait entendre ce qu'il dirait – elle avait senti beaucoup de méfiance chez le garçon, presque de la paranoïa. Stefanie soupira ; avec tout ce qui lui arrivait en ce moment, c'était quelque chose qui pouvait se comprendre.

« Un peu de thé ? » Proposa-t-elle au jeune homme blond, qui acquiesça en silence, ses doigts tapotant nerveusement sur l'accoudoir de son fauteuil, et son autre main se crispant involontairement sur la poche de sa veste d'uniforme.

« Vous pouvez fumer, » ajouta-t-elle avec bienveillance, tout en sortant un cendrier en verre de l'un des tiroirs de son bureau.

Draco leva vers elle des yeux reconnaissants et extirpa immédiatement son paquet de cigarettes de sa poche, pour s'en allumer une aussitôt.

« Merci, » marmonna-t-il en exhalant une longue bouffée de fumée, tandis que Stefanie faisait brûler un peu d'encens pour masquer l'odeur du tabac.

La jeune femme déposa le cendrier et un plateau portant deux tasses et une théière sur la petite table basse qui séparaient les deux fauteuils, puis s'installa en face du garçon blond en imitant inconsciemment sa posture – un réflexe qu'elle avait acquis avec les années.

« Alors, » commença-t-elle. « Comment se passe votre vie à St Brutus ? »

Le jeune homme sembla confus, comme s'il ne savait pas très bien dans quel sens elle avait posé sa question, et Stefanie lui fit un sourire encourageant – sa formulation avait été volontairement floue, elle attendait de voir comment il interprèterait l'interrogation.

« Eh bien… » Hésita Draco. « Si vous faites allusion aux cours, je dirais que ça se passe plutôt bien – non, en fait, je n'ai aucun problème de ce côté-là, j'ai même largement le temps de m'occuper de mes devoirs supplémentaires par correspondance. Si vous parlez de tout le reste…je pense pouvoir dire sans exagérer que je suis en train de vivre le pire cauchemar de ma vie. »

« Vous ne vous entendez pas bien avec vos camarades ? »

Le jeune homme lui lança un regard peu amène.

« Vous vous moquez de moi ? Je suis entouré de malades mentaux qui me regardent comme si j'étais un animal en cage et vous voudriez que j'aille tailler une bavette avec eux ? »

« Peut-être votre vision des choses est-elle un peu galvaudée par le fait que vous n'acceptez pas d'être ici, » proposa Stefanie d'un ton tranquille.

Draco la regarda avec une expression à la fois choquée et incrédule, comme si elle venait d'énoncer la pire bêtise qu'il eût jamais entendue, et la jeune femme se demanda à quel point il pouvait être en colère – contre elle, contre ses camarades, contre son père.

« Ecoutez, » soupira-t-il en se prenant la tête entre ses mains, « la seule personne à m'avoir adressé la parole plus de deux fois dans cette école, en-dehors de vous, menace de révéler mon homosexualité à tout le monde si je ne cède pas à son chantage…Alors vous comprendrez que je trouve votre question un peu déplacée… »

« Souhaitez-vous que j'en parle au directeur ? » Demanda Stefanie d'un air impassible.

En réalité, la révélation du garçon l'avait ébranlée bien plus qu'elle ne le reconnaissait elle-même. Bien sûr, ce n'était pas la première fois qu'un tel cas de figure se présentait, mais à chaque fois, elle avait énormément de mal à rester impartiale et à garder son calme. Stefanie reprit contenance lorsque Draco lui répondit, un sourire amer déformant ses lèvres pâles.

« Je pense que le Directeur aura beaucoup de mal à vous croire – après tout, c'est toujours difficile d'admettre que son fils n'est qu'une sale petite ordure opportuniste… »

« Vous voulez dire que c'est Adrian Pucey qui vous menace ? »

« Lui-même, » grimaça Draco. « Ecoutez, j'apprécie les efforts que vous voulez faire pour moi, mais c'est inutile…Il faut juste que je prenne mon mal en patience et que j'attende de sortir d'ici. »

Stefanie ne répondit rien – il n'y avait rien à dire, le garçon avait raison. Le Directeur de l'école était un homme froid et désagréable, qui ne se souciait que de ses propres intérêts, et qui, les rares fois qu'elle avait eu l'occasion de le rencontrer, lui avait fait une très mauvaise impression. Il n'était très certainement pas le genre d'homme à qui l'on pouvait dire que son fils s'amusait à faire chanter ses condisciples.

La jeune femme versa encore un peu de thé dans les deux tasses sur la table tandis que Draco s'allumait une nouvelle cigarette, d'un geste un peu moins nerveux que précédemment. Néanmoins, Stefanie pouvait sentir – une fois de plus – la colère qui l'animait. Le garçon ne tiendrait probablement pas jusqu'à la fin de l'année – pourtant relativement proche – s'il n'évacuait pas cette haine au plus vite.

« Vous êtes en colère contre votre père ? » demanda-t-elle tout en sirotant son thé.

Draco la fixa un moment, ses yeux orageux semblant fouiller au plus profond de son esprit, et la jeune femme se sentit mal à l'aise, sans pour autant s'expliquer pourquoi. Peut-être était-ce parce qu'en cet instant, toute sa colère semblait être dirigée contre elle seule.

« Voyons voir, » grinça le jeune homme blond. « Suis-je en colère contre le rebut de l'humanité qui me sert de géniteur ? Evidemment que je suis en colère contre lui, il n'a jamais fait l'effort ne serait-ce que d'essayer de me comprendre. »

Il s'interrompit, le temps de tirer furieusement sur sa cigarette, puis reprit :

« Mais, pour être tout à fait honnête, ce n'est pas à lui que j'en veux le plus – j'ai tellement l'habitude avec lui que plus rien ne peut vraiment m'atteindre… »

Stefanie se doutait que c'était faux – le jeune homme semblait tellement amer lorsqu'il disait cela qu'il ne pouvait pas être sincère. Cependant, elle décida de passer outre pour cette fois, et préféra demander :

« Est-ce à vous que vous en voulez ? Ou bien à quelqu'un d'autre ? »

Draco parut réfléchir quelques secondes, avant de répondre d'une voix hargneuse :

« Vous savez le plus drôle ? Je crois que je me déteste encore plus que je ne déteste mon père. Je me déteste pour lui avoir donné les moyens de me faire du mal (Stefanie put presque entendre : « Pour l'avoir déçu », mais s'abstint de tout commentaire et le laissa poursuivre). Je me méprise d'avoir cru que je pourrais vivre ma vie comme je l'entends – ça, c'est bon pour ma meilleure amie, pas pour des gens comme moi. Mais je crois que plus que tout, je hais la fille qui m'a dénoncé. »

« Pensez-vous qu'elle a vraiment voulu vous faire du mal ? »

« Pour quelle autre raison ? » Cracha le jeune homme. « Cette fille est la cousine de Pucey, vous savez – à cause d'elle, je subis les caprices de cet enfoiré ! Ca me paraît évident qu'elle ne me veut pas du bien. »

« Je ne sais pas, » murmura la jeune psychologue. « Je crois que c'est à vous de répondre à cette question…N'avez-vous pas dit qu'elle était amoureuse de vous ? »

« Et alors ? »

« Et alors, rien, » répondit doucement Stefanie. « Essayez simplement d'y réfléchir plus tard. »

Draco balaya l'air de sa main, en un geste dédaigneux, mais ne fit pas de commentaire. Stefanie le vit sortir une enveloppe de sa poche et la poser sur la table basse. Elle haussa un sourcil, et le jeune homme expliqua :

« C'est une lettre que j'ai écrite à quelqu'un que je ne peux pas joindre sans votre aide, » dit-il, une expression curieusement gênée s'inscrivant sur ses traits lorsque la jeune femme lut l'adresse sur l'enveloppe. « Si ça ne vous dérange pas, j'aimerais que vous la postiez pour moi. »

La lettre était adressée au jeune professeur de Littérature dont Draco lui avait parlé la dernière fois.

La jeune femme réfléchit quelques instants. Bien sûr, elle lui avait promis de l'aider à joindre ses proches, et elle ne manquerait pas à sa parole. Toutefois, il ne s'agissait pas là d'un ami ordinaire, d'une personne anodine – il s'agissait de l'homme qui était indirectement à l'origine de la présence de Draco dans cet établissement. Un professeur, et Draco était mineur. C'était dangereux, à la fois pour cet homme et pour elle. D'un autre côté, si Draco n'avait pas la possibilité de communiquer avec son amant, elle n'était pas certaine qu'il tienne le coup psychologiquement. Elle soupira intérieurement – s'il y avait bien un moment dans sa vie où elle devait prendre des risques, elle songea que c'était bien celui-ci.

Elle le ferait.

Stefanie la mit dans sa poche et sourit.

« Je la posterai ce soir, » lui assura-t-elle. Puis, jetant un regard à sa montre, elle ajouta : « La séance est terminée pour aujourd'hui. »

Draco se leva aussitôt de son siège, comme s'il était soulagé de partir d'ici, mais Stefanie ne s'en formalisa pas. Après tout, il venait de lui donner une preuve tangible de son homosexualité, bien plus concrète que son aveu de la semaine précédente, et il devait se sentir vulnérable de lui confier ainsi quelque chose d'aussi intime qu'une lettre à la personne qu'il aimait. La jeune femme lui sourit encore une fois, et lui tendit une main fraîche que le garçon serra brièvement avant de se diriger rapidement vers la porte. Au moment de sortir, il se tourna vers elle et lui lança simplement :

« Merci. »

Stefanie se rassit derrière son bureau, un sourire bienveillant aux lèvres. Il restait beaucoup de travail à accomplir avec ce garçon, mais elle sentait qu'ils étaient sur la bonne voie.

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Journal de Draco Malfoy, vendredi 15 mai 1997 :

Je me demande si H a reçu ma lettre. J'espère que oui – et aussi, que dans ma volonté de me faire comprendre, je ne me sois pas lamentablement planté.

Enfin, ça ne sert à rien de penser à ça maintenant – après tout, c'est pas comme si j'allais avoir de ses nouvelles de sitôt.

J'ai repensé à ce que m'a dit la psy, l'autre jour – à propos de Pansy. Je me suis demandé ce qu'elle avait voulu dire en me conseillant de chercher pourquoi cette fille m'avait fait autant de mal. Alors, j'ai cherché, et je ne suis pas sûr que la réponse soit vraiment satisfaisante pour moi.

Au début, j'ai pensé à une vengeance bête et méchante – et honnêtement, je pense que c'est le cas.

Mais je ne suis plus vraiment certain qu'elle ait vraiment voulu tout ce qui m'arrive.

Je n'aime pas trop ce que ça implique. A vrai dire, je crois que je n'ai pas envie d'y penser maintenant – il faudra bien, un jour où l'autre, mais…pas maintenant. Je n'ai pas envie – je n'ai pas besoin – de culpabiliser encore plus que je ne le fais déjà.

Je me demande ce que fait H en ce moment. J'espère que ça va.

Et pour les autres aussi. Putain, ce qu'ils peuvent me manquer…

Merde, voilà Pucey qui débarque. Ce qu'il peut me faire chier, celui-là…ça va être quoi, aujourd'hui ? Un devoir de maths ?

Dire que je n'ai même plus les dimanche pour décompresser…

Je me répète, mais je hais ma vie.

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La semaine prochaine, Harry se fait remonter les bretelles, Pansy en prend pour son grade, et la vie reprend son cours (ou presque).

D'ici là vous pouvez toujours aller faire un tour sur mon blog (lien dans mon profil) histoire de vous tenir au courant de ce qui se passe dans ma vie et pour mes fics.

Et en attendant, si vous avez quoi que ce soit à me dire, une seule solution : le petit bouton en bas à gauche !

Je vous aime !