- Qu'est-ce que tu en penses… je dois réellement leur faire confiance ou pas ? Je suis bête… tu es le premier à dire qu'il ne faut faire confiance à personne en temps de guerre.
Et bien voilà… c'est que ça a beaucoup évolué ces choses que l'on appelle femme. Elles parlent toujours autant mais maintenant, on a plus besoin de leur répondre, elles le font toutes seules.
Voilà dix minutes que nous sommes dans son salon, un verre de whisky posé sur nos genoux. Je l'écoute parler de son boulot au sein de l'ordre et ça me fatigue de penser que je suis venu ici pour échapper un peu à ça. Je garde la tête baissée (merlin merci, j'ai une belle vue sur ses jambes) et j'émet de temps en temps un grognement pour qu'elle sache que je suis toujours vivant.
- Tiens au fait, on a encore retrouvé le cadavre d'un mangemort… ça faisait une semaine qu'il était là.
- Qui est-ce ?
- Hum… Erwan… Erwan Mc… je ne sais plus quoi… Ca te dit quelque chose ?
- Oui, c'est moi qui l'ai tué…
- RON !
Je ne vois pas pourquoi elle s'énerve comme ça ! Ce mangemort était un traître et rien qu'à l'idée qu'il ait traîné si longtemps dans mon entourage me file des frissons.
- Tu sais que tu dois nous prévenir quand tu tus quelqu'un ! On ne laisse pas un corps pourrir dans la nature !
- C'est tout ce qu'il méritait…
- Ron !
- Je sais… j'ai oublié…
La soirée s'égraine petit à petit, j'avale ce repas qu'elle a commandé et de nouveau, nous voilà sur ce canapé. Et dire que la conversation est toujours la même… jusqu'à ce que finalement elle ait enfin une parole lucide :
- Ca t'exaspère ?
- Quoi ?
- De parler boulot ?
- Je…
- Je vois que ça t'exaspère… tu te mords la lèvre inférieure. Tu fais toujours ça quand quelque chose t'exaspère.
- Ce qui m'exaspère Hermione, c'est quand on ne me laisse pas finir mes phrases…
- Ca va excuse moi…
Et la voilà qui se lève pour la énième fois de la journée pour remplir son verre. Pas d'alcool cette fois, je crois que j'en ai ingurgité assez pour deux. Mais je suis encore lucide… enfin assez pour m'ennuyer.
- Bon tu veux faire quoi ?
Si elle savait ce qui me passe par la tête à ce moment là… rattraper une nuit que tu m'as volé au moment ou tu m'as avoué ne pas t'en souvenir. Vous pensez qu'elle aimerait comme réponse ?
Je la fixe et me lève à mon tour, histoire d'être certain qu'elle ne remarque pas mon regard enchaîné à sa peau si enivrante. Quelle erreur, instinctivement mon corps en demande plus et me voilà à un mêtre d'elle tandis qu'elle m'interroge de son regard chaud. Je ne l'aime pas… mais j'aime la désirer…
Ma main vient poser mon verre sur cette poutre qui surplombe la cheminée, et continue sa route vers cette femme. J'observe son visage, au moindre signe, je m'évapore. Je n'accepterais pas qu'elle me fasse faux-bond, pas cette fois.
Et je sens la boisson froide que contenait son verre couler sur sa robe et mouiller mes mains moites.
Une meilleure façon pour tout gâcher ? L'a-t-elle fait exprès ? En proie à un doute, si c'était pour s'échapper, je ne la laisserais pas faire.
Je colle mon front brûlant contre le sien et glisse ma main derrière son cou. Je ne sais pas ce qui me pousse à faire ça, mais ça fait déjà un moment que j'ai perdu l'appréhension des premières fois. Mes lèvres se déposent sur les siennes et rien ne compte plus que de la mener jusqu'à sa chambre… coûte que coûte.
Mais déjà elle ose rompre ce lien imparfait…
- Ron… je… ma robe…
- Quoi ta robe ?
- Elle… le jus de fruit…
- Et bien retire là…
- Ron !
J'avais oublié que Hermione n'était pas une de ces filles qui peuvent rire à ces mauvaises remarques… Ce n'est pas comme ça que je vais arriver à mes fins.
- Juste… va te changer… Je… vais rentrer… ou t'attendre…
- Je… oui.
Et la voilà qui part sans que je puisse avoir la réponse à ma question. Mais bon, ça m'arrange de supposer que cette réponse valait pour la dernière d'entre elle, alors j'attends et me laisse aller au rythme de mes pas. Pas qui inlassablement me poussent vers cet étage interdit…
- Ron ?
Et la voilà qui redescend bien vite…
- Je… venais te dire bonne nuit.
- Tu ne vas pas repartir dans cet état.
- Quel état ?
- Ron… tu as vu tout ce que tu as bu ?
En temps normal, je lui aurais fait comprendre que je n'étais plus une fillette et que quelques verres n'ont jamais fait perdre la raison à un homme comme moi. Mais si c'est une manière pour dormir ici, je cède.
Et me voilà dans une chambre presque parfaite avec une femme séduisante qui vient de déposer des affaires propres sur mon lit.
- Bon bah… bonne nuit Ron.
Elle ne croit pas s'en tirer comme ça hein ?
- 'Mione…
Elle se retourne et je lis dans ses yeux qu'elle redoute mes paroles. Il n'y a pas de quoi voyons…
- Pas de vraie bonne nuit ?
Elle ne bouge pas et je dois m'approcher.
Mon désir s'accentue au fur et à mesure que j'approfondie notre étreinte. Mes souvenirs reviennent et le fait de savoir que ce n'est pas son cas me rend plus avide d'arriver à mes fins.
J'arrive à la tirer vers le lit entreprend de retirer tout ce qui gêne mon avancement jusqu'à ce qu'elle comprenne enfin…
- Ron… on… ne peut pas…
Sa voix est coupée par l'effet de mes baisers pressés sur sa peau et ses paroles me laissent de glace.
- On n'est plus des ados…
- Oui mais…
Ses bras me tirent en arrière et je scrute dans son regard une appréhension qui n'était pas là la première fois…
- Je suis encore… enfin…
Elle mime avec sa bouche ce mot qui semble être une insulte pour toutes les filles qui ont dépassé la vingtaine et qui le sont encore. J'ai envie de lui dire qu'elle n'a plus rien à craindre là-dessus et je m'abstiens… Je suis un salop… c'est vrai. Mais c'est elle qui ne cessait de me rabâcher qu'il y a toujours pire que soi.
- Fais moi confiance…
Ne plus lui laisser l'occasion de craindre quoi que ce soit… je serais tendre comme elle le souhaite mais mon cœur sera loin d'ici… pour ne pas regretter…
Je me souviendrais de la première fois… de celle-là aussi. J'ai réalisé ce désir qui me frustrait depuis bien longtemps et ça n'a pas l'air de l'avoir déplu. Bien sûr que j'aimerais rester auprès d'elle… bien sûr que je n'ai pas envie de retirer sa tête de mon torse. Mais je ne dois pas céder…pas tout de suite.
Alors je me lève et elle me regarde m'habiller. Elle a compris… je pense…
- Ron…
- Tu t'en souviendras cette fois…
Et je disparais dans un pays qui n'appartient qu'à moi.
