CHAPITRE 14 : Tête à tête avec le Seigneur des Ténèbres

La salle ne retint que quelques instants les échos du dernier mot :
- … Père …

Anae plaqua sa main devant la bouche, presque horrifiée par ce qu'elle venait de dire.
Pour Lucius et Severus, le choc était grand.
Severus était comme assommé. Abasourdi, il regarda, incrédule, Anae et le Seigneur des Ténèbres successivement.
Lucius aussi était sous le choc, mais pas pour les mêmes raisons, il était dans la confidence depuis longtemps, mais il craignait pour son amie : lien de parenté ou pas, elle venait de risquer la colère de Lord Voldemort en s'opposant à lui.
Anae fit signe à Lucius et à Severus de la laisser seule. Ils quittèrent donc la crypte, Anae les suivit des yeux jusqu'à ce que la porte se referme, puis elle se retourna vers son père. Il ne disait rien, mais plus que les mots, son regard était éloquent : ses yeux noirs étaient chargés de haine.
Pourtant lorsqu'il parla, ce fut d'une voix douce ; ce qui ne laissait présager rien de bon pour la suite, Anae en était parfaitement consciente.
- Très bien, peut être pourrais-tu m'expliquer les raisons d'une telle attitude ?
- Père … je …
Lord Voldemort l'interrompit aussitôt :
- Aurais-tu soudainement perdu ta langue ?
Anae soupira.
-Non Père, répondit-elle d'une voix soumise. C'est juste que je tiens beaucoup à lui, et je crains qu'il n'ait encore plus ennuis avec ces idiots ! Je ne voulais pas vous contredire …
Lord Voldemort fit quelques pas vers Anae, avec un sourire presque triste. Il caressa les cheveux puis la joue de sa fille avec beaucoup de douceur.
- Anae … Anae, soupira-t-il. Ton attitude m'a énormément contrarié … Tu m'as déçu.
Anae acquiesça en silence, résignée sachant ce qui l'attendait.
- Tu sais ce qui se passe pour ceux qui me déçoivent.
- Oui, Père.
- Et ne vas pas croire que parce que tu es ma fille, tu auras droit à un traitement de faveur…
- Je n'y ai jamais pensé une seule seconde, s'exclama-t-elle avec vigueur.
Lord Voldemort se recula un peu, puis tendit sa baguette vers sa propre fille.
L'éclair du sortilège Doloris la frappa de plein fouet. Sous le choc, elle tomba à genoux, une main à terre pour l'empêcher de s'effondrer au sol. Des ondes de souffrance la parcouraient des pieds à la tête, la faisant violement trembler. Pourtant, pas une seule plainte ne franchit la barrière de ses lèvres. Seules quelques larmes ruisselèrent sur ses joues, sans qu'elle puisse les retenir. La douleur semblait ne vouloir jamais s'arrêter.
Puis tout fut fini.
Anae se releva avec lenteur et difficulté.
Un filet de sang coulait de sa bouche et venait goutter sur sa robe, elle se l'essuya du revers de son bras, mais le flot écarlate ne se tarissait pas.
Ses cheveux étaient décoiffés, mais comme si rien ne s'était passé, elle tenta d'y mettre un peu d'ordre puis regard fièrement son père qui s'en amusa.
- J'espère que tu auras retenu la leçon.
- Oui, Père.
- A moins que tu ne trouves une autre solution, ton ami devra surveiller le filleul de Dumbledore et ses amis. Est-ce bien clair, Anae ?
- Très clair, Père, marmonna-t-elle.
- C'est parfait, alors.
Il la congédia d'un petit geste sec.
Anae s'en alla sans un regard pour son père. Elle se retint de claquer trop fortement la porte …
Une fois dans le long couloir, elle dut s'adosser contre la paroi glacée. Comme la marée qui arrive à la vitesse d'un cheval au galop et qui emporte tout sur son passage, la souffrance envahit le corps d'Anae.
Elle se mit à trembler fortement, ses jambes refusaient de la soutenir et elle se recroquevilla sur elle-même, attendant que la douleur s'apaise. Un flot de sang jaillit plus fort de sa bouche et elle fut prise d'une quinte de toux caverneuse. Sa robe était fichue, les grosses taches sanglantes s'élargissaient de plus en plus.
Elle se mit alors à pleurer en silence. Elle voulut essuyer ses larmes, mais elle ne réussit qu'à se barbouiller de sang, ce qui la fit encore plus pleurer.
Elle resta de longues minutes dans la pénombre, emprisonnée dans sa souffrance. Le moindre mouvement, même le plus infime l'emmenait au bord de l'évanouissement et de la nausée.
Elle sentit soudain une présence à ses côtés. Quelque chose de froid la frôla et elle reconnut son plus fidèle ami : Slaz. Le serpent tenta tant bien que mal de la consoler et de la réconforter. Avec beaucoup de mal, il parvint à la convaincre de remonter.
Avec beaucoup de lenteur et de précaution, en s'appuyant contre le mur, elle regagna la lumière du jour.
La montée des marches fut difficile et elle s'arrêta plusieurs fois, de nouveau vaincue par la douleur.
Elle parvint dans le hall d'entrée, celui-ci était désert. Pourtant une voix l'interpella.
- Mais que t'est-il arrivé ? Anae ! Que s'est-il passé ? Regarde dans quel état tu es !
Anae esquissa un timide sourire à la femme du tableau.
- Ce n'est rien, Mère … Rien du tout.
Anae sentit les larmes lui monter aux yeux, mais elle respira fortement, bien décidée à ne plus laisser transparaître sa douleur et sa peine.
La mère d'Anae se mit à hurler.
- Comment a-t-il osé toucher un seul de tes cheveux !
Elle était folle de rage.
- Ton père va avoir de mes nouvelles !
- Mère, soupira Anae, je vous en prie. Ce n'est rien. C'était de ma faute …