Hop, me revoilà avec une réponse à un défi de Zoomalfoy, dont voici l'intitulé (texto) :
Rating : M
Couple : HPDM
Genre : UA (Univers Alternatif.)
Résumé : Draco Malfoy, lycéen de 17 ans, tombe sous le charme de son nouveau professeur de Lettres, Harry Potter, âgé de 24 ans.
Il devra faire face au désaccord musclé de son père, à la moralité de son amoureux et à l'ancien petit ami de ce dernier, bien décidé à le récupérer.
IL N'Y A PAS DE MAGIE. L'HISTOIRE DOIT SE SITUER DANS LE MONDE MOLDU.
Aucunes contraintes mis à part qu'ils doivent finir ensemble et que Draco doit être ignoble avec Harry au début de l'année.
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Disclaimer : Je ne m'appelle ni JKR (pour avoir créé ces merveilleux personnages), ni Zoomalfoy (pour avoir pondu cette superbe idée de scénar). En revanche, l'histoire et la rédaction sont à moi (et ce n'est pas forcément le mieux là dedans !).
Avertissement : ceci est un slash, je répète, ceci est un slash ! Si les histoires traitant de l'homosexualité vous rebutent ou vous choquent, vous n'avez rien à faire ici, et votre absence ne me pèsera pas, bien au contraire. Voilà. Maintenant qu'on est entre gens civilisés, je rappelle tout de même que le rating M implique des scènes choquantes, de violence ou de sexe, et un langage parfois cru. Vous savez donc où vous mettez les pieds.
Note de l'auteuze : Bonsoir à tous ! Cette semaine, Draco se rebelle et ça va faire mal ! (Enfin, à une personne en particulier, surtout). Bonne lecture…
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RAR : Les réponses aux reviews non signées, y compris celles où il y avait une adresse mail, sont sur mon blog http / myschka. mon - blog. org
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Ce chapitre n'est malheureusement pas passé entre les mains expertes de mes betas chéries, aussi veuillez m'excuser s'il reste quelques fautes qui auraient échappé à ma vigilance. Malgré tout, un grand merci à Anagrammes, BadAngel666 et BlackNemesis pour leur relecture et leurs conseils avisés sur cette fic.
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Cher journal (chronique d'une dernière année)
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Journal de Draco Malfoy, lundi 18 mai 1997 :
J'ai l'impression de devenir, lentement mais sûrement, complètement apathique. A vrai dire, en ce moment, je n'ai même plus la force de me révolter contre tout ce qui m'arrive.
Enfin…ce n'est pas tout à fait vrai. Je sens bien que ça ne va pas, que si on me pousse un peu trop, je vais péter un plomb. Mais ça reste caché à l'intérieur et c'est comme si une énorme chape de plomb pesait dessus – ou un couvercle de cocotte-minute, peut-être. Je sais pas trop. Parfois, j'ai l'impression de me dédoubler, comme si une partie de moi bouillait littéralement et qu'une autre l'observait de loin. Et ces derniers jours, c'est la partie amorphe qui prédomine, on dirait bien. Tandis que l'autre est en train de hurler pour sortir de sa cage.
Hier, Mère est venue seule, mais elle n'avait pas l'air tranquille. Elle ne cessait de jeter des coups d'œil un peu partout autour d'elle, comme si elle avait peur d'être observée. C'est peut-être le cas, cela dit. Je reste persuadé que la visite de Père la semaine dernière n'était pas anodine et que quelque chose se manigance. Evidemment Mère ne m'a rien dit – en même temps si elle est d'humeur parano ça se comprend – donc je ne fais que supposer que quelque chose ne va pas. Mais est-ce que quelque chose va dans ma vie en ce moment ? Je ne crois pas.
Tiens, revoilà l'autre tache – je suppose qu'aujourd'hui je vais devoir l'aider en économie, à moins qu'il ne me demande encore de vendre ses clopes à sa place. Ouais, super. Ca ne se voit pas, mais je bande comme un malade tellement je suis heureux, là.
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Journal de Draco Malfoy, mardi 19 mai 1997 :
Il faudrait que je me calme sur la clope.
Tout à l'heure en faisant mes devoirs pratiques pour Snape, je me suis rendu compte que j'avais un peu plus de mal qu'avant à analyser les odeurs. C'est pas très bon signe, ça.
Bon, en réalité, la différence est vraiment infime, mais je sais que si je continue comme ça, ça ne va pas s'arranger, au contraire. Il faudrait que je me limite à une dizaine de cigarettes par semaine, au maximum. D'ailleurs si je pouvais même éviter de fumer tous les jours ce serait bien.
Mais c'est difficile. Bon, j'ai jamais été un gros fumeur, à peine trois cigarettes par jour, un peu plus quand je sors. Mais ces derniers temps, il n'y a que ça qui me calme – vu que je répugne définitivement à me branler quand je suis dans mon dortoir, il ne me reste que les chiottes et ça ne donne pas franchement envie. Il faut vraiment que je sois sur le point d'exploser pour me laisser aller à ça – ô suprême humiliation ! Faire ça dans des chiottes crades, quelle déchéance…
Enfin, bref. Tout ça pour dire que du coup, je clope comme un malade en ce moment, rien que pour avoir quelque chose à faire. Et puis…ça me fait penser à Sally – et à H, aussi. Surtout à H.
Si seulement je pouvais lui parler…
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Stefanie salua Draco de ce sourire bienveillant qu'il lui avait toujours vu depuis le début de leurs entretiens, et se leva de son fauteuil pour se diriger vers la table basse où se trouvaient déjà une théière pleine d'Earl Grey et deux tasses. Elle s'assit tranquillement sans se départir de son sourire tandis que Draco s'installait en face d'elle tout en s'allumant machinalement une cigarette – il grimaça légèrement en se rendant compte de son geste, puis haussa mentalement les épaules. Tant pis, ses bonnes résolutions attendraient qu'il soit sorti de ce bureau.
« Bonjour, Draco, » fit la voix douce de Stefanie. « Comment ça va, aujourd'hui ? »
Draco se tortilla sur son siège, mal à l'aise, et tira nerveusement sur sa cigarette. La psychologue scolaire avait beau être la personne la plus sympathique de l'établissement – ce qui en soi n'était pas vraiment difficile, à bien y réfléchir – le jeune homme avait encore du mal à lui accorder complètement sa confiance. Certes, elle avait accepté de l'aider dans la mesure de ses maigres moyens, mais…Draco avait appris depuis longtemps à être paranoïaque.
Il soupira. Il fallait tout de même répondre, et puis ces séances avec Stefanie étaient les seuls moments où il pouvait réellement exprimer ce qu'il ressentait.
« Hum. Pas très bien, à vrai dire, » finit-il par répondre laconiquement.
« Pouvez-vous développer ? » Demanda gentiment la jeune femme, tout en versant du thé dans les deux tasses de porcelaine.
Développer. Draco ne savait même pas par quoi commencer – ce fut d'ailleurs ce qu'il répondit à Stefanie, qui se contenta de sourire encore une fois.
« Est-ce que vous avez des problèmes en classe ? » Proposa-t-elle.
Draco se doutait que cette question n'était posée que pour l'aider à commencer son récit, mais il décida tout de même de jouer le jeu.
« Il faut que je me restreigne sur la cigarette, » fit-il avec une petite grimace explicite. « Je me suis rendu compte que je fumais trop et que ça perturbait mon odorat – vous savez, je veux devenir parfumeur et mon ancien professeur de chimie m'envoie des devoirs supplémentaires. Sinon, ça va. Les cours ne sont pas difficiles, ici. »
« C'est très louable de sa part, » approuva Stefanie, en parlant de Snape. « Vous fumez beaucoup, en ce moment ? »
« Beaucoup plus que je ne devrais, en tout cas, » répondit Draco tout en écrasant sa cigarette inachevée dans le cendrier en verre.
« Est-ce que ça fait longtemps ? »
« Depuis que je suis arrivé ici – je veux dire, » précisa Draco, « je fumais avant, mais ma consommation était minime. C'est quand j'ai été transféré dans cette école que je me suis mis à fumer beaucoup. Vous pensez que c'est parce que je vis mal la situation ? » S'enquit-il avec curiosité.
« C'est possible, » admit la jeune femme avec un léger froncement de sourcils. « Est-ce que vous pensez que c'est le cas ? »
Draco hésita. Il s'était justement fait la réflexion, la veille, qu'il fumait essentiellement pour se calmer, mais pour s'occuper, aussi.
« …Eh bien… » Répondit-il pensivement. « Je crois, oui. Il n'y a pas grand-chose à faire, ici, en-dehors des cours et des devoirs, et je ne m'entends avec personne. Le fait de fumer me calme et me donne une contenance, surtout quand Adrian Pucey vient m'emmer – hum, me créer des problèmes. Ca m'occupe les mains, aussi – et l'esprit. »
« L'esprit ? »
« Une de mes meilleures amies, qui est dans mon ancien lycée, fume énormément, » expliqua Draco devant l'air interrogateur de la psychologue. « Ca me fait penser à elle. Elle s'appelle Sally-Ann. Je n'arrive pas à me la représenter sans une cigarette à la main. » Il fit une pause, puis ajouta, un peu gêné : « J'ai l'impression d'être plus proche d'elle, comme ça. Et… de Harry, aussi. »
Le jeune homme soupira intérieurement en sentant son cœur se serrer brusquement. Sally-Ann lui manquait, Harry aussi, cruellement, et parler d'eux avait ravivé la douleur qu'il essayait de garder à l'intérieur pour qu'elle ne devienne plus qu'un bourdonnement sourd mais omniprésent. Il espérait qu'elle ne poserait pas de questions au sujet de Harry. Qu'elle comprendrait qu'il n'avait pas envie de s'étendre sur le sujet, pas maintenant – et elle dut effectivement le comprendre, puisqu'elle hocha simplement la tête et passa à autre chose.
« Est-ce que vous avez revu vos parents ? »
Draco grimaça lorsque la vision furtive de sa mère, une expression apeurée peinte sur son visage aux traits délicats, passa sous ses paupières baissées. Il n'avait pas non plus envie de parler de cela. Mais il était dans ce bureau pour cette raison, n'est-ce pas ? Il fallait bien qu'il réponde – il fallait bien qu'il finisse par en parler. Il rouvrit les yeux, qu'il avait fermés sous le coup de la colère.
« Mon père n'est pas revenu me voir, je suppose que constater que j'étais encore vivant lui a suffit et qu'il n'a pas jugé nécessaire de perdre une nouvelle fois son temps, » siffla-t-il d'une voix mauvaise – sa rage n'était pas vraiment dirigée contre Stefanie, mais en l'occurrence, elle était la seule sur qui il pouvait se défouler en ce moment. « Ma mère est venue dimanche, mais elle n'avait pas l'air à l'aise. En fait, elle semblait avoir peur de quelque chose, je pense qu'il s'agissait de mon père. Ironique, non ? Même absent il parvient à gâcher mes seuls moments de tranquillité, c'est pas trop fort ça ? »
« Vous pensez qu'il le fait exprès ? »
La voix de la psychologue était neutre, mais Draco crut déceler, pendant un bref instant, une lueur d'incrédulité – d'incertitude ? – au fond de ses yeux clairs, et cela le prit par surprise. Bien sûr, il savait que la jeune femme n'était pas infaillible – elle était humaine après tout – mais le fait de se rendre compte qu'elle pouvait être en proie au doute le déstabilisa quelques secondes. Puis, il secoua la tête, comme si ce geste l'aidait à chasser les pensées parasites, et reprit contenance.
« Non, » soupira-t-il dédaigneusement, « je ne pense pas qu'il le fasse exprès – mon père ne se soucie pas assez de moi pour me gâcher intentionnellement la vie, je crois. Ni celle de ma mère, d'ailleurs. Je pense plutôt qu'il est incapable d'empathie et qu'il n'agit que selon ce qu'il croit être…je ne sais pas. Le droit chemin ? Ce qu'il pense être juste ? Son devoir ? Son intérêt personnel ? A vrai dire, je n'en ai aucune idée. » Il adressa un mince sourire résigné, un peu dépité, à Stefanie. « Vous savez ce que je trouve triste ? Je me rends compte que je ne connais pas mon père et qu'il ne me connaît pas non plus – aucun de nous n'est capable de comprendre ce qui se passe dans la tête de l'autre. Remarquez, concernant mon père, je ne suis pas certain qu'il s'en préoccupe vraiment. »
« Et vous ? » Demanda simplement la jeune femme.
Draco réfléchit quelques instants. S'était-il préoccupé un jour de ce que pensait son père ? Pas vraiment. Ou peut-être avait-il essayé, plus jeune. Sans doute, à la réflexion, avait-il eu peur de se heurter à un mur d'incompréhension et de froideur, aussi n'avait-il jamais réellement cherché à approfondir la question. Le résultat était le même, de toute façon : Lucius et lui étaient deux étrangers l'un pour l'autre. Ce fut ce qu'il expliqua à Stefanie, et alors qu'il lui parlait, il dut admettre que finalement, il avait souvent agi de la même façon que son père. Atavisme, probablement – ce qu'il appelait cyniquement le gène Malfoy avait la vie dure.
Le fait était qu'avant le début de cette année scolaire, Draco n'avait jamais vraiment cherché à comprendre autrui, pas même ses propres amis. Il lui avait fallu l'annonce de l'homosexualité de Millicent, sa rencontre avec Sally-Ann et son rapprochement avec Terry et Luna pour enfin s'intéresser à quelqu'un d'autre que lui-même, et pour vouloir comprendre les souffrances des ses camarades autrement que pour tirer parti de leurs faiblesses. Et même après cela, il ne s'était finalement intéressé qu'à ses amis. L'exemple de la manière dont il avait traité Pansy lui revint en pleine figure.
Le jeune homme se tendit brusquement dans son fauteuil – il allait devoir admettre à voix haute quelque chose qu'il venait à peine de comprendre (du moins, de vraiment comprendre) et dont il n'était pas franchement fier. Stefanie le regardait, paraissant un peu surprise par son brusque changement d'attitude, alors Draco tourna ses yeux vers elle.
« A propos de ce que vous m'avez dit la dernière fois, » énonça-t-il abruptement. « Vous aviez raison. »
La jeune femme se pencha légèrement en avant sur son siège avec un air intéressé, l'invitant silencieusement à continuer.
« Vous savez, » poursuivit Draco, « ce que vous m'avez dit pour Pansy – la fille qui m'a dénoncé à mon père. Je pense que vous avez raison, elle ne voulait sans doute pas me faire de mal. Elle aurait pu, pourtant, parce que je me suis vraiment comporté comme une ordure avec elle. »
« Vous lui en voulez toujours ? »
« Bien sûr que oui, » ricana Draco avec un rictus désabusé. « Ce n'est pas parce que j'admets avoir une grosse part de responsabilité dans cette histoire que je ne vais plus la haïr. Après tout, je suis ici à cause d'elle et de sa stupidité. Mais je ne crois plus qu'elle ait voulu que je me retrouve à St Brutus, non. Et même si je ne pardonne pas son geste, je pense que je le comprends, quelque part, » ajouta-t-il en haussant les épaules.
Stefanie hocha doucement la tête en signe de compréhension, puis la pièce fut plongée quelques minutes dans un silence seulement troublé par le ronronnement du ventilateur. Mais ce n'était pas un silence pesant – Draco s'était rallumé une cigarette et réfléchissait, et Stefanie attendait qu'il veuille bien parler. Le jeune homme s'était mis à penser à Millicent. Il se demandait comment elle allait, bien sûr, et il avait une lettre pour elle qu'il aurait bien voulu que Stefanie poste pour lui. Il n'avait pas osé en écrire une autre pour Harry – il ne savait même pas s'il avait déjà reçu celle de la semaine précédente.
Cependant, il se rendait compte qu'il avait cruellement besoin de s'épancher. Par écrit, puisque les séances avec la psychologue étaient clairement insuffisantes – question de temps passé avec elle. Seulement, il n'osait pas – il n'osait plus – se livrer entièrement dans son journal, à cause de cette crainte qu'il avait qu'un de ses camarades de dortoir puisse trouver le cahier et s'en servir à ses dépends. Et une idée venait de germer dans son esprit – il n'était pas certain que la jeune femme accepte, mais il pouvait toujours tenter…
« J'écris un journal, vous savez, » commença-t-il prudemment, et Stefanie leva ses yeux clairs vers lui.
« C'est plutôt une bonne idée, » répondit la jeune femme avec un sourire encourageant. « Vous écrivez beaucoup ? »
« Eh bien, » hésita Draco, « en fait, depuis que je suis arrivé ici, plus vraiment. »
« Pourquoi ? »
« J'ai peur que quelqu'un tombe dessus, » souffla le jeune homme. « Il y a pas mal d'homophobes ici, j'ai l'impression – et je ne tiens pas spécialement à me faire casser la gueule. » Il fit une pause pour rassembler ses idées, puis planta ses yeux dans ceux de la psychologue. « Est-ce que vous accepteriez de me rendre un service ? »
« Tout dépend du service, » répondit Stefanie. « Je vous ai déjà dit que je ferais tout ce qui est en mon pouvoir pour vous aider. »
« J'aimerais pouvoir laisser ce que j'écris dans votre bureau, » expliqua Draco. « Je suis peut-être paranoïaque, mais je ne tiens vraiment pas à ce que quelqu'un tombe dessus. En fait, » ajouta-t-il, « je voudrais aussi envoyer mon journal chaque semaine à une amie, pour qu'elle puisse le garder chez elle. »
« Si je comprends bien, vous me demandez de récupérer chaque jour ce que vous écrivez, et de faire un envoi chaque semaine, c'est bien cela ? » Demanda la jeune femme, une expression perplexe inscrite sur son visage.
« Je vous paierai tous les frais, » dit précipitamment Draco – faites qu'elle accepte, s'il vous plait, songea-t-il désespérément.
La psychologue sembla hésiter, et Draco sentit les battements de son cœur s'accélérer douloureusement. Puis, finalement, au bout de ce qui lui sembla une éternité, Stefanie leva les yeux vers lui et sourit.
« C'est d'accord, » dit-elle. « Vous pourrez me laisser votre journal dans ma boîte aux lettres. » Elle s'interrompit pour regarder l'horloge. « La séance est terminée. Vous pouvez y aller, Draco. »
En sortant du bureau, Draco se rendit compte qu'il se sentait bien plus léger à présent.
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Journal de Draco Malfoy, samedi 23 mai 1997 :
Même pas deux semaines avant mon anniversaire.
J'ai l'impression que je ne tiendrai pas.
J'ai dit à la psy que j'avais besoin de laisser mon journal chez elle, mais finalement, même avec sa permission, et du coup l'assurance que personne ne tombera dessus, je m'aperçois que je n'éprouve pas tant que ça le besoin d'écrire.
Pourtant, rien n'a changé. Je me fais toujours chier dans cette école, je passe plus de temps à la bibliothèque que je ne l'ai jamais fait de toute ma vie (des fois, j'ai l'impression d'être dans la peau d'Hermione Granger…je me demande ce qu'elle devient, celle-là, d'ailleurs). Pucey me tient sous sa coupe, et ça a l'air de beaucoup l'amuser – connard.
Je déteste son attitude. Oh, quand on est « en public », il se comporte normalement, on va dire. Enfin, il me traite de la même façon qu'il traite ses autres larbins – il est peut-être un peu plus amical, mais c'est tout. Mais quand on est que tous les deux…on dirait que son passe-temps favori est d'essayer de me faire sortir de mes gonds. Malheureusement pour moi, il y réussit très bien (il ne le sait pas bien sûr, mais je dois bien avouer que j'ai souvent les poings qui me démangent).
Il a évidemment remarqué que je ne supportais pas qu'il parle de H – et de tout ce qui va avec.
(Bordel, je peux le dire, personne ne me lira ! Je suis vraiment parano…)
Donc, il a remarqué que je ne supportais pas qu'il parle de mon homosexualité, et il s'en donne à cœur joie. Il sait qu'il me tient entre ses mains et que je ne peux rien dire, alors il en profite. Il n'arrête pas de me poser des questions auxquelles je ne réponds jamais, mais qui deviennent de plus en plus indiscrètes à mesure que le temps passe. Je crois qu'il attend que je m'énerve suffisamment pour lui coller mon poing dans la gueule.
Un jour, il va finir par y arriver.
J'espère simplement que ce jour-là sera celui où je quitterai définitivement cet endroit maudit, et pas celui où je me ferai éclater la tronche dans un coin par une bande de hooligans déchaînés et anti-pédés.
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Journal de Draco Malfoy, lundi 25 mai 1997 :
Mère avait l'air fatiguée hier, quand elle est venue me voir.
Bien sûr, elle a tout fait pour que je croie que tout allait bien, mais plus ça va et plus je m'inquiète pour elle. J'espère que Père ne lui mène pas trop la vie dure à la maison.
Ce qui m'a fait plaisir par contre, c'est qu'elle n'a pas bu une seule goutte d'alcool quand on est allés manger au resto, et qu'elle m'a donné des nouvelles de tante Bella – qui roucoule toujours (beurk, beurk, beurk) avec Snape, et pour qui tout va bien, merci beaucoup.
Je me demande si Milli et H…Harry, ont reçu mes lettres.
Je vais demander à la psy d'envoyer du courrier pour Sally, Luna, Blaise et Terry cette semaine.
Sinon, j'ai du mal à me réfréner sur la clope – ça me rend nerveux. Mais pour le moment, je me tiens à ce que j'ai décidé, alors ça va. Je n'ai pas constaté d'amélioration pour le moment au niveau de mon odorat, mais ça ne s'est pas dégradé, alors ça va. Je crois, en tout cas.
Harry me manque – tellement. Hier soir pendant que tout le monde dormait, j'ai pleuré dans la salle de bain en pensant à lui.
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Journal de Draco Malfoy, mercredi 27 mai 1997 :
Aujourd'hui, j'ai fait passer du courrier pour les copains. Pour Harry, aussi.
Je voudrais qu'il me réponde. Je sais bien que c'est complètement con, puisque je lui ai demandé de ne pas le faire et qu'en plus, même s'il le faisait, je ne recevrais pas sa réponse. Mais je ne peux pas m'empêcher de le vouloir.
Le premier truc que je fais en sortant d'ici, après avoir envoyé chier mon père, c'est d'aller à Brighton pour le voir.
J'ai l'impression que ça fait plusieurs éternités que je n'ai pas vu son visage ni entendu sa voix.
Il me manque. Ca me ferait presque rire…Dire qu'il disait que je l'oublierais facilement…Visiblement il s'était trompé.
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Journal de Draco Malfoy, jeudi 28 mai 1997 :
Putain.
Ce connard de Pucey…
S'il recommence à me toucher comme ça, je lui défonce la gueule !
Non, mais pour qui il se prend au juste ? Il croit quoi ? Que parce que je suis pédé je vais me laisser tripoter par n'importe qui avec un service trois pièces entre les jambes ?
La prochaine fois qu'il me met la main au cul, je lui éclate la tronche contre la cuvette des chiottes !
Et merde…j'ai envie de vomir.
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La mâchoire de Draco se crispa lorsqu'il sentit le bras d'Adrian lui entourer fermement les épaules. Depuis le début du week-end, l'autre garçon n'avait cessé de le provoquer de manière plus ou moins subtile – bousculades et tacles grossiers durant l'entraînement de football, moqueries qui se voulaient « innocentes » ou potaches, mais qui lui avaient écorché les nerfs plus sûrement qu'une attaque frontale.
Et voilà à présent, alors qu'il se trouvaient dans la bibliothèque déserte et que Draco l'aidait à faire ses devoirs, qu'il se comportait avec lui comme s'ils étaient les meilleurs amis du monde, Adrian se permettant même de lui passer la main dans les cheveux pour les ébouriffer, faisant joyeusement la conversation comme s'il ne se souciait pas que Draco lui réponde ou non. Et Draco n'en pouvait plus de cette fausse camaraderie, il n'en pouvait plus et il serrait les poings, fort, pour ne pas hurler, pour ne pas se dégager violemment de l'étreinte d'Adrian.
« Lâche-moi, Pucey, » grogna-t-il d'un ton peu amène.
Mais Adrian ignora la nuance de menace dans sa voix et resserra son bras autour des épaules de Draco.
« Quoi ? » Demanda-t-il avec un désagréable sourire moqueur. « Qu'est-ce qu'il y a, mon petit Draco ? Un problème ? »
« Lâche. Moi. » Gronda Draco d'une voix sourde et basse.
Il était prêt à exploser. Putain ! Comment avait-il pu penser une seule seconde que ce type répugnant pouvait être un tant soit peu agréable ? Depuis le début de cet odieux chantage, Draco avait espéré que l'autre garçon se calmerait peut-être, qu'il finirait par se lasser un jour, que s'il ne lui opposait qu'une froide indifférence, les choses allaient se tasser à un moment ou un autre. Et effectivement, à certains moments, Adrian pouvait se montrer civilisé. Draco avait alors pensé que peut-être, son calvaire ne durerait pas. Visiblement, il avait tort, songea-t-il amèrement, alors qu'Adrian renforçait encore sa prise.
Surtout, ne pas crier.
« Pourquoi ? » Demandait encore une fois Adrian d'un ton horriblement doucereux. « Je comprends pas, Draco. T'es bien pédé, non ? Ca ne devrait pas te déranger plus que ça…à moins que ça t'excite ? Faut pas être gêné, tu sais – »
« Pucey, qu'est-ce que tu n'as pas compris dans ma phrase ? Lâche-moi, » répéta Draco en serrant les poings plus fort, au point que ses phalanges blanchirent sous la pression.
Surtout, ne pas crier.
Mais putain, que c'était difficile – trois semaines qu'il se retenait de ne pas craquer, de ne pas faire un geste qu'il regretterait plus tard, trois longues semaines à devoir endurer l'insupportable familiarité du garçon brun, à devoir supporter ses brimades, ses insultes déguisées, et maintenant, maintenant, ces attouchements infâmants. C'était trop, beaucoup trop pour la fierté bafouée de Draco, trop pour son orgueil qui se rebellait, trop pour sa patience qu'il avait poussée au-delà de ses limites.
« Allez, quoi, fais pas ta timide, » susurra Adrian – et ce fut la phrase de trop.
La partie de lui qui hurlait de rage depuis qu'il avait été transféré à St Brutus et que Draco avait cadenassée dans un recoin de son esprit se réveilla et il se leva brusquement, faisant se renverser sa chaise sur le sol, dans un bruit fracassant qui résonna dans la pièce vide. D'un geste brutal, il agrippa Adrian par le col de son polo – son putain de polo Fred Perry bleu marine qu'il portait tout le temps – et le fit se lever pour le plaquer sans ménagement contre les rayonnages d'une bibliothèque. Quelques livres tombèrent des étagères alors que Draco enserrait d'une main la gorge d'Adrian – pas assez fort pour l'étrangler, mais suffisamment pour l'empêcher de bouger. Une excitation malsaine l'envahit soudain lorsqu'il vit l'autre garçon pâlir sous l'effet de la peur qu'il lui inspirait.
Ouais. Qui était en position de force, maintenant, connard ?
Mû par une impulsion soudaine, Draco eut un sourire mauvais, et son autre main vint agripper l'entrejambe de l'autre garçon. Là encore, pas assez fort pour faire vraiment mal, mais il suffisait d'un geste…un seul mouvement, volontaire ou non, de la part d'Adrian, et il se ferait une joie de lui broyer les couilles.
« Oh-oh, mais que vois-je ? » Siffla-t-il dangereusement. « Ne serait-ce pas une érection que je sens ? » Draco serra plus fort – juste à peine, juste pour entendre l'autre haleter à la douleur furtive. « On serait intéressé, mon petit Adrian ? » Ajouta-t-il en imitant les intonations sarcastiques du brun.
La rougeur qui envahit brusquement les pommettes d'Adrian était intéressante, pensa furtivement le jeune homme blond, mais sans doute était-ce dû plus sûrement à la honte et à la colère qu'il devait ressentir, plutôt qu'à une quelconque excitation. Pourtant, l'occasion était trop belle pour ne pas la laisser passer.
« Qu'est-ce qu'il y a, Pucey ? » Demanda-t-il d'une voix douce, presque caressante – son visage était si proche maintenant qu'il aurait presque pu l'embrasser. « Un peu gêné, peut-être ? Allez, fais pas ta timide, » susurra-t-il cruellement, reprenant intentionnellement les mots qu'Adrian avait utilisés quelques minutes plus tôt.
Et Adrian détourna les yeux – Draco pouvait sentir sa respiration dure et hachée, et son corps qui tremblait sous le sien, et c'était purement jouissif. Il serra encore sa prise sur l'entrejambe du garçon, et Adrian laissa échapper un faible gémissement de douleur. Alors Draco sut qu'il avait remporté une victoire dont l'autre ne se remettrait pas de sitôt. Il aurait pu craindre des représailles par la suite, et c'était d'ailleurs ce qui allait sûrement arriver, mais il s'en moquait. Il préférait encore se faire molester par une dizaine de hooligans homophobes plutôt que de devoir subir une journée de plus les sous-entendus et les gestes déplacés d'Adrian. Peu lui importaient les conséquences, il avait gagné, et c'était tout ce qui comptait. D'un geste dédaigneux, il relâcha le garçon brun, et recula d'un pas tandis qu'Adrian portait ses mains à sa gorge en haletant douloureusement.
« Ecoute-moi bien, espèce de débile, » lâcha Draco d'une voix suintant le mépris. « Je crois que tu as oublié deux trois trucs à mon sujet. Je suis peut-être une putain de pédale reniée par son père, mais j'ai plus de couilles que tu n'en auras jamais. Alors, un conseil : ne repose plus jamais tes mains sur moi. Je préférerais encore me taper une fille plutôt que toi. Au passage, reconsidère ton orientation sexuelle, j'ai l'impression que tu en as besoin. »
« N'espère pas que tu vas pouvoir te cacher derrière ton père, Malfoy, » cracha hargneusement Adrian, le souffle toujours coupé. « Tu vas regretter ce que tu viens de faire. »
Draco le toisa d'un regard hautain qui n'avait rien d'agréable, et ricana brièvement.
« Je ne crois pas, Pucey, » fit-il, presque tranquillement. « Je ne suis peut-être plus un Malfoy, mais n'oublie pas une chose : je suis toujours un Black, et tu apprendras à tes dépends que t'attaquer à nous est probablement la dernière chose que tu feras dans ta misérable existence. »
Le jeune homme blond se détourna, et commença à rassembler ses affaires éparpillées sur la table. Adrian n'avait toujours pas bougé lorsqu'il eut rangé son matériel de cours, et quand Draco s'apprêta à quitter la bibliothèque, il se tourna et s'adressa une dernière fois au garçon brun :
« Tu peux raconter ce que tu veux à tes petits copains, je m'en branle. Sache juste une chose, si jamais il m'arrivait quoi que ce soit, mon cousin est le meilleur avocat du South East (1), et même ton père ne pourra rien pour toi. Sur ce, passe un bon week-end, mon petit Adrian. »
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Journal de Draco Malfoy, mardi 2 juin 1997 :
Pucey m'a fait un coup de pute ce samedi, et j'ai pété les plombs.
Finalement, il semblerait que j'aie bien agi, parce qu'il m'a foutu une paix royale après ça. Et il n'a apparemment rien dit à qui que ce soit, puisque je n'ai pas constaté de changements dans le comportement de mes chers camarades. Bon, je suis toujours aussi seul, mais je pense que c'est surtout parce que Pucey a fait passer le message aux autres de me foutre la paix quand je suis arrivé ici.
C'est pas plus mal, je trouve. On ne peut pas dire que je sois d'une humeur super sociable ces derniers temps – et c'est un euphémisme. La psy me dirait sans doute que je devrais chercher à m'intégrer, que tous les gars ici ne sont pas que des grosses brutes sans cervelle. Mais franchement, je n'ai pas envie. Il ne reste que trois semaines avant la fin des cours, les examens de fin d'année commencent lundi prochain, je n'ai pas envie de perdre mon temps à sympathiser avec des gens que de toute façon, je ne reverrai jamais.
Et puis…c'est con à dire, mais je crois que je me sentirais coupable envers Milli et les autres. Je sais, c'est débile. Mais j'aurais le sentiment de les trahir, de donner l'impression que j'accepte la situation alors que c'est loin d'être le cas.
Ils me manquent. J'ai hâte de les revoir, tous.
J'espère que je pourrai voir Sally, Luna et Terry avant de partir aux Etats-Unis – oui, parce que, Lucius ou pas, j'ai bien l'intention d'y aller et de faire mes études là-bas, quitte à me faire déshériter. S'il croit que mon séjour ici m'aura fait revenir à, je cite, 'de meilleures dispositions ', alors c'est qu'il est encore plus con que je l'imaginais.
J'aimerais que Mère puisse le quitter. Quand je l'ai vue dimanche, elle a fini par me cracher le morceau : elle a pris contact avec Sirius Black et l'avocat de Bella, pour entamer une procédure de divorce. Je n'aurais jamais cru qu'elle oserait, franchement j'ai été bluffé.
Ce jour-là, je n'ai jamais été aussi fier d'elle.
o0O0o
Journal de Draco Malfoy, jeudi 4 juin 1997 :
Voilà.
Ca y'est, j'ai dix-huit ans.
Mon premier cadeau d'anniversaire, ça a été Adrian Pucey, qui est venu me parler à la récréation pour s'excuser. Je n'aurais jamais cru ça possible, mais finalement, il semblerait qu'il ne soit pas un connard fini. Je suppose que je ne saurai jamais pourquoi il s'est acharné sur moi de cette façon – il m'a bien dit que c'était parce qu'il aimait beaucoup Pansy et qu'il avait voulu la venger, mais j'ai eu l'impression que ce n'était pas la seule raison. Peut-être que je me fais des idées après tout…Quoi qu'il en soit, il est remonté un peu dans mon estime – un type qui pousse l'amour familial à ce point ne peut pas être foncièrement mauvais, même si sa cousine est une pétasse. Et…je crois bien qu'il me regarde avec respect, maintenant. Ou quelque chose qui s'en approche, en tout cas.
Mon deuxième cadeau, c'est simplement mon indépendance.
Je suis majeur maintenant. Plus rien ne peut m'empêcher de faire ce que je veux. Mère m'a appelé tout à l'heure, d'une cabine téléphonique, pour me dire qu'elle avait fait bloquer l'accès à mon compte bancaire – ni elle, ni Lucius n'ont plus de procuration dessus. Je suis entièrement libre. Je pourrais même quitter à l'instant St Brutus, mais je ne veux pas gâcher mon avenir et donner à mon père l'occasion de me jeter mes échecs à la figure.
J'aurai mes examens de fin d'année. Je rentrerai chez mes parents, je dirai à Mère de déménager chez Bella, j'enverrai chier l'homme qui me sert de géniteur et je quitterai cette maison qui n'a jamais été chez moi. Je lui montrerai que je peux réussir sans lui, sans son fric, et grâce à mon talent. J'irai aux Etats-Unis, et je créerai des parfums pour Bella.
J'appellerai tous les potes et j'irai tous les voir.
J'irai à Brighton, et je verrai Milli heureuse.
Je verrai Harry.
Et j'aurai récupéré ma vie. Non, mieux que ça : j'aurai enfin une vie.
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Le South East est la région de l'Angleterre qui englobe entre autres les villes de Londres, Brighton, Portsmouth et Douvres.
La semaine prochaine, une confrontation entre Pansy et…vous verrez bien. Et Harry renaît de ses cendres, huhu.
(Message subliminal : mon blog est en manque de vos commentaires en ce moment)
PUB : Une fois n'est pas coutume, je me permets de vous recommander très vivement la très bonne fic de PRISMOFLIFE, intitulée « The journey ». La raison en est simple, ce garçon est bourré de talent, d'une part ; d'autre part, cette fic est une suite à « Noirs désirs », une de mes premières histoires, qui me tient énormément à cœur. Je ne saurai trop vous conseiller, pour ceux d'entre vous qui l'ont lue, d'aller jeter un œil sur cette suite et les merveilleux possibles qu'elle propose. Détail non négligeable et bien agréable, l'histoire est disponible en entier sur FFNet, vous n'aurez donc pas à attendre une suite. Et s'il vous plait, laissez-lui des reviews, il le mérite vraiment.
(Message subliminal : non, sérieux, c'est un chouette blog, avec des étoiles roses dessus et tout)
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