Hop, me revoilà avec une réponse à un défi de Zoomalfoy, dont voici l'intitulé (texto) :

Rating : M

Couple : HPDM

Genre : UA (Univers Alternatif.)

Résumé : Draco Malfoy, lycéen de 17 ans, tombe sous le charme de son nouveau professeur de Lettres, Harry Potter, âgé de 24 ans.

Il devra faire face au désaccord musclé de son père, à la moralité de son amoureux et à l'ancien petit ami de ce dernier, bien décidé à le récupérer.

IL N'Y A PAS DE MAGIE. L'HISTOIRE DOIT SE SITUER DANS LE MONDE MOLDU.

Aucunes contraintes mis à part qu'ils doivent finir ensemble et que Draco doit être ignoble avec Harry au début de l'année.

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Disclaimer : Je ne m'appelle ni JKR (pour avoir créé ces merveilleux personnages), ni Zoomalfoy (pour avoir pondu cette superbe idée de scénar). En revanche, l'histoire et la rédaction sont à moi (et ce n'est pas forcément le mieux là dedans !).

Avertissement : ceci est un slash, je répète, ceci est un slash ! Si les histoires traitant de l'homosexualité vous rebutent ou vous choquent, vous n'avez rien à faire ici, et votre absence ne me pèsera pas, bien au contraire. Voilà. Maintenant qu'on est entre gens civilisés, je rappelle tout de même que le rating M implique des scènes choquantes, de violence ou de sexe, et un langage parfois cru. Vous savez donc où vous mettez les pieds.

Note de l'auteuze : Bonjour à tous. Comme vous le savez déjà suite à ma précédente note, la régularité de mes publications risque d'être un peu altérée durant quelques jours, le temps que je récupère mon PC. Veuillez donc m'excuser pour le retard, j'espère que ça ne durera pas trop longtemps.

Quoi qu'il en soit, voici quand même le chapitre 62, dans lequel Harry remonte la pente encore un peu plus et où Pansy s'en prend plein la tête…Bonne lecture !

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RAR : Exceptionnellement, il n'y aura pas de RARs cette semaine, et sans doute pas la semaine prochaine non plus, même si j'essaierai. Je suis désolée, mais je fais ce que je peux.

Je voulais tout de même tous vous remercier pour votre soutien, ça m'a fait très plaisir et ça m'a beaucoup remonté le moral.

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Remerciements particuliers :

A Prism of Life, qui a gentiment accepté de corriger ce chapitre ainsi que les suivants, et sans qui cette histoire serait sans doute nettement moins cohérente.

A BadAngel666, pour son soutien, ses coups de fil et pour avoir pris la peine de vous prévenir en catastrophe.

Et toujours à BlackNemesis et Anagrammes, qui malgré leur absence en ce moment, restent de merveilleuses beta-lectrices.

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Cher journal (chronique d'une dernière année)

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Journal de Harry Potter, lundi 25 mai 1997 :

23h :

Neville est venu me voir aujourd'hui, pour me demander si j'étais allé chercher les résultats du test HIV – et évidemment, je me suis fait engueuler quand je lui ai répondu que non. Il ne m'a laissé en paix qu'après m'avoir arraché la promesse de m'en occuper mercredi au plus tard.

Il a raison, de toute façon. Ca ne sert à rien de repousser l'échéance, quel que soit le résultat. Je ne comprends même pas pourquoi j'ai peur comme ça. Normalement, je n'ai rien à craindre.

Normalement.

Je ne peux pas m'empêcher de me dire « et si… ? ». Et si j'étais malade ? Et si Draco ne voulait plus de moi ? Et même s'il voulait encore de moi, et si je le condamnais malgré tout ? Et si, et si…C'est ridicule, mais je ne peux pas m'empêcher d'y penser.

Quoi qu'il en soit, je saurai ça mercredi. Et quel que soit le résultat, ça ne changera rien à la nausée qui me prend chaque fois que je pense à ce que j'ai fait à Draco. Là aussi, je suppose que lorsque je lui dirai, si tant est que je le revoie un jour bien sûr, il y aura peu de chance pour qu'il me pardonne. Et il aura raison.

Passons. Je remonte à peine la pente, je ne peux pas me permettre de déprimer maintenant. Au mois dois-je cela à Draco. Et vue la façon dont Neville et les autres mettent toute leur énergie à essayer de me faire aller mieux (même Fred, même ceux qui ne savent même pas pourquoi je déprime), ce ne serait pas leur rendre justice.

Demain, j'ai classe avec Sally-Ann Perks et Blaise Zabini, j'en profiterai pour leur donner des nouvelles de Draco. Je ne sais pas s'ils en ont reçu, même si je suppose qu'ils ont dû en avoir par Millicent (d'ailleurs ses informations doivent être plus récentes que les miennes, vu que la lettre que j'ai reçue samedi datait de plus d'une semaine), mais ce sera aussi l'occasion de m'assurer qu'ils vont bien.

Sally-Ann m'inquiète un peu, à vrai dire. Elle n'a pas l'air d'aller très bien ces derniers temps…enfin, pas physiquement, ce côté-là il semblerait qu'elle soit relativement en forme. Mais moralement j'ai l'impression qu'elle vit plutôt mal la situation. Elle est de nouveau très renfermée, comme elle l'était en début d'année.

Je n'aime pas ça.

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Lorsque Blaise et Sally-Ann sortirent du petit bureau où leur professeur de Littérature leur avait transmis des nouvelles de Draco, Terry les attendait dans le couloir vide. La plupart des élèves étaient déjà dans le parc de Hogwarts pour profiter des rayons du soleil, y compris Luna et son petit ami Justin. Ils devaient être sous le saule pleureur près du lac, et Sally-Ann était finalement étonnée de constater à quel point les choses semblaient faciles entre eux – elle ne l'aurait jamais cru, quelques mois plus tôt. Ginny était sans doute avec eux, en train de discuter, tout en s'impatientant du retard de son petit ami.

Mais Terry n'était pas comme la plupart des élèves et semblait se moquer des rayons du soleil. Il avait préféré les attendre, Blaise et elle, dans ce couloir, plutôt que de rester avec les autres. Sally-Ann soupira d'agacement – elle savait pourquoi son meilleur ami faisait cela. Terry s'inquiétait pour elle, une fois de plus – il s'inquiétait toujours pour elle. Elle n'avait pas besoin de ça. Pour Sally-Ann, cela s'apparentait à de la pitié, et il n'y avait rien qu'elle détestait plus que la pitié, surtout lorsqu'elle en était l'objet.

Bien sûr, la jeune fille savait très bien au fond d'elle-même que Terry éprouvait tout sauf de la pitié à son encontre. Si cela avait été le cas, elle n'aurait sans doute pas pu le supporter. Néanmoins, son attention continuelle lui portait sur les nerfs, sans qu'elle sache pourquoi. Ou plutôt si – elle savait. C'était juste qu'elle ne voulait pas le reconnaître. Parce que cela impliquait beaucoup de choses – beaucoup trop, et elle n'était pas prête à y faire face. Pas encore.

« Alors ? » Demanda Terry d'un ton neutre, comme s'il avait voulu ne pas l'énerver plus qu'elle ne l'était déjà.

Sally-Ann répondit par un grognement indistinct – les tentatives de son meilleur ami pour paraître indifférent échouaient toujours lamentablement, et même si d'ordinaire elle trouvait cela plutôt touchant, aujourd'hui, ce n'était définitivement pas le cas – et Blaise répondit tranquillement :

« Draco va aussi bien que possible, mais ça, on le savait déjà. Finalement, Potter n'a pas plus d'infos que Milli – peut-être même moins. »

« Sans doute parce que Hogwarts est situé encore un peu plus loin que le trou du cul du monde » grommela Sally-Ann. « Je te parie ce que tu veux que même si Dray avait pu nous écrire, on n'aurait pas reçu les lettres. »

« Possible » murmura Terry. « Milli a reçu combien de lettres, depuis qu'il a été envoyé là-bas ? »

« Deux » lança Blaise alors que les trois adolescents marchaient lentement vers la sortie du bâtiment – Sally-Ann n'avait pas sa canne aujourd'hui, et marcher trop vite lui faisait rapidement mal. « Mais d'après ce qu'elle m'a dit au téléphone la dernière fois que je lui ai parlée, il ne raconte pas grand-chose. En fait, il ne parle pas du tout de St Brutus dans ses lettres, il dit seulement qu'il va bien et qu'il ne faut pas qu'on s'inquiète. »

Sally-Ann laissa une exclamation agacée s'échapper d'entre ses lèvres serrées, et les deux garçons tournèrent un regard étonné vers elle. Bon sang, ce que Dracol pouvait être stupide lorsqu'il s'y mettait, songea-t-elle rageusement tandis qu'ils atteignaient le parc de l'école. La jeune fille s'alluma une cigarette, provoquant une grimace furtive chez les deux autres, et elle darda un regard glacial sur ses amis.

« Putain, » marmonna-t-elle en tirant furieusement sur sa cigarette, « mais quel abruti, ce mec ! 'Tout va bien, ne vous inquiétez pas, blablabla…'…et il s'imagine qu'on va le croire ? Il nous prend vraiment pour des cons. »

« Sally, arrête » tenta faiblement Blaise, mais cela ne fit qu'augmenter son énervement.

« Quoi ? Quoi, putain ! » S'écria la jeune fille en s'arrêtant brusquement. « Comment ça, 'Sally, arrête' ? Tu vas quand même pas me dire que tu gobes toutes ces conneries ? Et puis quoi encore, St Brutus c'est super cool et il s'éclate ? »

« Bien sûr que non » soupira Terry en s'interposant entre Sally-Ann et Blaise. « Personne ne croit ça, Sally. Mais, encore une fois, qu'est-ce que tu veux qu'on y fasse ? Il n'allait quand même pas nous dire que là-bas c'était l'enfer et qu'il fallait qu'on le sorte de là, si ? »

« Il aurait peut-être dû » répliqua Sally-Ann, avec une parfaite mauvaise foi – même elle s'en rendait compte.

Elle savait parfaitement que Terry avait raison. Ils en avaient déjà parlé, plusieurs fois, qu'ils aient été simplement tous les deux, ou que les autres se soient joints à eux. Tous, ils avaient réfléchi à la situation, et ils en étaient arrivés à la même conclusion : ils ne pouvaient rien faire pour Draco. Cela, Sally-Ann l'avait admis – même si la provocation de Terry à propos d'aller à Londres un week-end l'avait plus tentée qu'elle n'avait bien voulu le dire.

Cependant, les courtes missives que Millicent ou le professeur Potter recevaient l'inquiétaient plus qu'elles ne la rassuraient : Draco était du genre à se plaindre de tout et de n'importe quoi, juste pour le plaisir de s'entendre geindre – ce trait de caractère l'agaçait autant qu'il la faisait rire. Mais Sally-Ann savait que lorsque le jeune homme blond se taisait, c'était à ce moment-là qu'il fallait paniquer. Les choses se passaient probablement bien plus mal qu'il ne le disait dans ses lettres. Sally-Ann semblait être la seule à s'en être rendue compte, et cela la mettait en rage de voir que ses autres amis ne s'en préoccupaient pas plus que cela.

Elle avait l'impression qu'ils étaient tous en train de le trahir. Et elle avait l'impression que si elle ne réagissait pas, alors elle le trahirait aussi.

Elle entendit plus qu'elle ne vit Terry soupirer et, jetant sa cigarette sur le sol pour l'écraser, s'éloigna sans un mot. Elle ne regarda pas Terry, tout en sachant que cela lui ferait de la peine – mais cette fois, elle était trop en colère pour se laisser envahir par la culpabilité. Son meilleur ami, plus que n'importe qui d'autre, aurait dû la soutenir dans cette histoire – et il ne le faisait pas. C'était la première fois, et Sally-Ann ne comprenait pas pourquoi. Depuis toujours, Terry la soutenait, quoi qu'elle fasse, quoi qu'elle dise, même si elle avait tort. Pas cette fois, et ça faisait bien plus mal que ce à quoi elle s'attendait.

Elle ne voulait pas comprendre pourquoi. Encore une fois. Alors elle fit un vague signe à ses amis pour leur dire de ne pas l'attendre, et partit dans la direction opposée. Elle avait besoin d'être seule. Elle savait que son attitude ces derniers jours inquiétait tout le monde – même le professeur Potter la regardait d'un air soucieux qui lui donnait envie de hurler.

Sally-Ann soupira. Elle ne pouvait pas vraiment leur en vouloir de se faire du souci pour elle, après tout. Elle aussi s'inquiétait pour eux – la plupart des gens pensaient qu'elle ne s'intéressait pas à ce qui se passait autour d'elle, mais c'était faux. Elle avait remarqué l'air fatigué et triste de Potter. Elle avait remarqué les plaisanteries de Blaise, plus nombreuses, plus graveleuses – piètre faux-fuyant à la déprime. Et elle avait trop vu les yeux de Terry – et elle ne voulait pas y penser maintenant, même si c'était lui qui l'inquiétait le plus. Terry n'avait jamais su gérer sa peine.

Sally-Ann, elle, n'avait trouvé que deux façons de gérer : elle avait le choix entre se renfermer sur elle-même, ou bien passer en mode agressif, ce qui en plus de la faire souffrir elle, faisait aussi souffrir les autres. Alors elle se taisait, c'était plus simple, et moins douloureux. Pour tous. C'était idiot, mais elle ne savait faire que ça. Même si parfois, l'envie de hurler se faisait impérieuse, il valait mieux se taire – ça finirait par passer.

Ou pas.

Lorsque Pansy Parkinson la bouscula dans l'une des allées désertes du parc et tomba à la renverse sur le chemin poussiéreux, Sally-Ann se dit que finalement, hurler un bon coup pouvait s'envisager sérieusement de temps en temps… Se laisser aller à de la méchanceté gratuite aussi.

« Merde » s'égosilla Pansy en se relevant, pleine de poussière et visiblement furieuse. « Tu pouvais pas faire un peu attention, Perks ? »

« Tiens, Parkinson » susurra méchamment Sally-Ann avec un sourire mauvais. « Toujours pas morte sous le poids de la culpabilité ? Dommage. »

C'était mesquin, elle le savait – mais c'était plus fort qu'elle. Elle n'arrivait pas à éprouver de compassion pour la jeune fille brune qui lui faisait face, les joues rouges de colère. Sally-Ann adressa un petit sourire condescendant à sa camarade et s'apprêta à continuer sa route – une vanne gratuite faisait du bien si l'on n'en abusait pas, et elle ne voyait pas l'intérêt de s'acharner.

Malheureusement, elle avait trop vite oublié à qui elle avait à faire.

« Moi au moins » siffla Pansy, « Je n'ai jamais tué personne, hein, Perks ? Ca va, pas encore morte sous le poids de la culpabilité ? Dommage… » Minauda-t-elle en imitant sa vis-à-vis.

Sally-Ann leva lentement les yeux, leur bleu glacial plongeant dans le regard noir de Pansy

« De quoi tu parles ? » Demanda-t-elle d'une voix si coupante qu'elle aurait pu déchiqueter la fille en face d'elle.

« Comme si tu ne le savais pas » railla Pansy en s'époussetant négligemment, une lueur mauvaise dans ses prunelles sombres. « Tu croyais quoi, franchement ? Que les rumeurs concernant ton avortement étaient sorties de nulle part ? C'est fou ce que c'est instructif d'écouter aux portes, parfois… »

Espèce de punaise, pensa Sally-Ann alors qu'un grand froid commençait à l'envahir. Espèce de garce. Mais c'était de sa faute – si elle n'avait pas ouvert les hostilités, rien ne serait arrivé. Elle serra les poings et s'efforça de garder un visage neutre – surtout, ne pas lui montrer à quel point ça faisait mal. Surtout, ne pas lui faire ce plaisir – et l'achever, elle, avant qu'elle ne l'achève et ne s'écroule.

« Moi au moins, des gens m'aiment. Dans le quotidien comme dans les épreuves… » fit tranquillement Sally-Ann. « Manifestement, pour que tu soies si aigrie, tu ne peux pas prétendre de même… Doux euphémisme n'est ce pas Parkinson ? Tu devrais peut-être songer à te retirer en douceur. Le suicide pourquoi pas ? Ca soulagerait plein de monde… Et peut-être même toi… Bonne journée. »

Ce ne fut que lorsqu'elle fut sûre d'être seule – et en tout cas suffisamment éloignée pour qu'on ne puisse pas la voir – que Sally-Ann s'autorisa à s'arrêter au pied d'un arbre. Pour pleurer quelques minutes.

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Journal de Harry Potter, jeudi 28 mai 1997 :

22h :

Hier après-midi, je suis allé chercher les résultats du test.

Je n'ai rien. Absolument rien, pas la moindre petite infection.

Et même si j'en suis profondément soulagé, je ne peux pas m'empêcher de me dire que je ne mérite pas une telle chance.

Oh bordel, si Tonks entendait ça, je crois qu'elle me tuerait plus sûrement que n'importe quel virus. Je suis vraiment con, parfois – souvent, en fait.

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Journal de Harry Potter, vendredi 29 mai 1997 :

19h :

Je viens de relire ce que j'ai écrit hier, et une fois de plus, je ne cesse de m'étonner de ma propre stupidité. Il faut vraiment que j'arrête de culpabiliser à propos de tout et de n'importe quoi, tout en faisant exactement ce qu'il faut pour que je me sente un peu plus mal chaque jour.

Je n'ai pas parlé à Nev de cette 'rechute', je pense qu'il serait furieux.

Après tout, je ne peux pas revenir en arrière, alors autant me tenir à ce que j'ai décidé et faire en sorte de ne plus avoir à culpabiliser pour quoi que ce soit.

Je crois que j'ai fait assez de conneries pour remplir toute une vie – c'est bon, ça suffit maintenant l'auto-apitoiement.

J'ai peint cet après-midi. Lui, toujours.

Je n'ai plus envie d'écrire.

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Journal de Harry Potter, samedi 30 mai 1997 :

20h :

J'ai passé une très bonne journée, comme ça ne m'était plus arrivé depuis longtemps.

D'abord j'ai reçu une lettre. De Draco, et celle-ci datait de cette semaine. C'est incroyable de constater à quel point une missive, si courte soit-elle, peut éclairer une journée. Oh, bien évidemment, il ne raconte pas grand-chose et j'aurais plutôt tendance à penser qu'il tait beaucoup de ce qui se passe là-bas. Et bien évidemment, ce mutisme relatif m'inquiète. Mais s'il réussit à envoyer du courrier à l'extérieur, alors ça veut dire qu'il a au moins un allié dans cette école – cette psychologue, déjà, et j'espère, d'autres personnes. Je crois que le savoir complètement seul m'aurait été insupportable.

J'aimerais tellement pouvoir lui répondre…Techniquement, ce ne serait pas difficile, il suffirait d'envoyer ma lettre chez cette femme. Mais elle prend déjà des risques en faisant passer son courrier, je crois que ni lui ni moi ne souhaitons envahir sa boîte aux lettres personnelle – et sa vie privée, finalement. Elle fait déjà beaucoup, en nous permettant, à moi et ses amis, d'avoir des nouvelles de Draco. J'espère avoir un jour l'occasion de la remercier pour ce qu'elle fait.

Après avoir reçu cette lettre, je me sentais beaucoup plus en forme qu'en début de semaine. Alors je suis allé courir, pas très longtemps parce que je n'avais pas besoin de me défouler – pas autant que d'habitude en tout cas. Et cet après-midi, je suis allé à Hogsmeade avec Neville. J'avais envie de sortir un peu et de faire le plein de disques. Je me suis rendu compte que depuis que Draco est parti, je n'ai pas écouté de musique chez moi. C'est étrange – le silence m'angoisse, et je me suis pourtant inconsciemment privé de toute ambiance sonore depuis qu'il est parti…

Bref, nous sommes allés au magasin de Fred et George, histoire de discuter un peu et de vider nos portefeuilles. Là-bas, j'ai eu l'agréable surprise de rencontrer Charlie et Bill, que je n'avais pas vus depuis des mois, et qui sont chez leurs parents pour quelques jours. Il y avait Kadi, la femme de Charlie, mais aussi la fiancée de Bill, que je ne connaissais pas, mais qui m'a semblée familière. C'est une française, extrêmement jolie et qui a l'air plutôt sympathique. Elle s'appelle Fleur Delacour, et c'est lorsqu'elle m'a dit son nom que je me suis rappelé que j'étais allé à la fac avec une Gabrielle Delacour – eh bien, c'est sa petite sœur. Comme quoi le monde est petit…

Ils n'avaient pas vraiment le temps de s'attarder à discuter, aussi nous dînons tous ensemble ce soir. George et Alicia seront là aussi, mais Oliver est absent pour le moment. Je pense que ça va être sympa, et puis ça fait vraiment longtemps que je n'ai pas eu de nouvelles de Charlie et Bill, j'aimerais savoir comment ça se passe pour eux…D'ailleurs j'y vais, je vais être en retard.

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Journal de Harry Potter, dimanche 31 mai 1997 :

17h :

La soirée d'hier s'est terminée très tard – en fait, très tôt ce matin. Et c'était vraiment bien, je ne m'étais pas amusé comme ça depuis – eh bien, depuis des semaines, en fait. Peut-être même des mois.

Ca m'a fait un bien fou. Nous avons dîné chez George et Alicia, dans leur nouvelle maison, qui est absolument magnifique. Le couple avec qui ils la partagent est absent en ce moment, alors nous avons pu profiter de tout le jardin (qui est immense, bien plus grand que je l'avais imaginé en voyant les photos que m'avait montrées Fred), et faire un barbecue géant. C'était franchement super.

J'ai beaucoup discuté avec Fleur, qui est très gentille – un peu snob, peut-être, mais adorable. J'ai ainsi pu avoir des nouvelles de Gabrielle, qui vit de nouveau en France et qui a créé sa propre marque de vêtements de luxe. Apparemment, les choses vont bien pour elle et j'en suis content – je me souviens qu'elle se cherchait encore quand nous étions à Cambridge, et qu'elle se demandait quoi faire de sa vie. Manifestement, elle a trouvé sa voie, puisqu'elle a ouvert des enseignes à Londres, New York et Milan.

Quant à Fleur, j'ai appris qu'elle et Bill allaient s'installer en septembre ici, à Hogsmeade. Bill en a assez de voyager un peu partout et de ne pas pouvoir se poser. Il a obtenu un poste de directeur financier à Edimbourg, dans l'une des filiales de la banque pour laquelle il travaille. Et Fleur va enseigner ici, à Hogwarts – en fait, à ma grande surprise, elle m'a dit qu'elle allait reprendre mon poste après mon départ ! Je l'ignorais totalement, Albus ne m'en avait pas du tout parlé…Mais je suis plutôt content, ça veut dire que Ginny pourra continuer ses cours de français avec Fleur. Normalement, elle aurait dû suivre l'enseignement de Miss Hooch, mais d'après ce que j'ai cru comprendre, ma rouquine ne la porte pas vraiment dans son cœur. Finalement, les choses ne s'arrangent pas si mal que ça…

Après le dîner, personne n'avait envie de rentrer, alors nous sommes allés dans une boîte à la sortie de la ville, dont la programmation est plutôt sympa – un peu dans le genre de ce que passe Tonks dans son pub. Et j'ai dansé jusqu'à ce que mes jambes ne puissent plus me porter. Finalement, ça vide autant la tête que de s'envoyer en l'air avec le premier venu, et c'est nettement plus sain.

Je devrais faire ça plus souvent je crois.

Du coup, je suis rentré complètement vanné à Hogwarts pour m'écrouler dans mon lit – et je n'ai jamais aussi bien dormi. Je me suis réveillé en pleine forme en début d'après-midi, et depuis je n'ai pas cessé de peindre. Lui, évidemment. De toute façon, c'est toujours lui, immuablement.

Je me demande…en me relisant, je me suis aperçu que je m'épanchais moins dans mon journal ces derniers temps. Pourtant dieu sait que j'en avais besoin, surtout en ce moment, mais curieusement, mes mots me semblent…je ne sais pas. Presque comme si j'étais spectateur des événements plutôt que celui qui les vit. Et en même temps, je n'ai jamais autant peint – et toujours le même sujet. Je ne suis pas sûr de comprendre ce que ça veut dire, en fait. Ni même de vouloir le savoir.

Peut-être que je n'arrive pas à mettre de mots sur ce que je ressens et que c'est plus facile avec la peinture…

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Journal de Harry Potter, lundi 1er juin 1997 :

18h :

Albus a annoncé aujourd'hui, lors de la réunion des professeurs, l'arrivée de Fleur à la rentrée prochaine. Comme je le savais déjà. Je me suis plutôt ennuyé pendant l'heure qu'a duré la réunion, mais ça ne m'a pas empêché de remarquer qu'Albus n'avait pas vraiment l'air content. Il faut dire qu'avec trois professeurs qui partent à la fin de l'année – enfin, pour Remus, c'était prévu depuis un moment déjà, d'après ce que je sais – il doit avoir du mal à remplacer son effectif.

En fin de compte, l'arrivée de Fleur est une bonne chose pour tout le monde…Je me demande tout de même si le poste de Neville ne sera pas supprimé, et s'il a trouvé quelqu'un pour remplacer Remus. Et puis avec Mr Binns qui part à la retraite – j'avais complètement oublié – je pense qu'Albus va devoir faire passer pas mal d'entretiens…Il ne manquerait plus que Snape décide de s'installer à Londres avec la tante de Draco, et ce serait le bouquet…Cela dit je connais pas mal d'élèves qui seraient heureux de son départ…mais je suis mauvaise langue.

Passons. Ce soir je vais dîner avec Neville et Remus – j'aurais préféré rester chez moi à peindre, mais étant donné que Nev a décidé de jouer les mères poules avec moi, s'imaginant ma solitude comme une inévitable déprime, j'ai préféré accepter.

Mon tableau attendra.

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Journal de Harry Potter, mardi 2 juin 1997 :

22h :

Dîner sympa hier avec Nev et Remus.

A ma grande surprise, Remus a évoqué la possibilité de s'installer avec Sirius en septembre, alors que ce n'était absolument pas prévu comme ça au départ. Je pensais qu'ils ne voulaient pas vivre ensemble avant un bon moment et que Remus irait s'installer à Londres ou à Cambridge – ce qui est tout de même plus près que Hogwarts. Je me disais que c'était parce que Sirius avait encore du mal à assumer. Mais apparemment, soit je me suis trompé, soit Sirius a changé d'avis entre-temps…

J'ai presque terminé mon tableau – j'ai repris celui où Draco est assis sur la plage. L'image me plait vraiment, alors j'ai voulu en faire quelque chose d'un peu plus beau qu'une simple esquisse.

J'ai repensé à ce que je disais l'autre jour à propos de la peinture. Je pense que c'est ça : un exutoire, parce que les mots ne fonctionnent plus aussi bien. Ou plutôt, disons qu'ils ne suffisent plus.

C'est peut-être aussi parce que j'ai l'impression d'être plus proche de lui comme ça…Ca fait tellement longtemps que je n'ai pas vu son visage que parfois, j'ai l'impression qu'il n'est qu'un rêve – quelqu'un qui n'existe que dans mon imagination.

Je voudrais que le vrai Draco revienne.

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Journal de Harry Potter, jeudi 4 juin 1997 :

23h :

Joyeux anniversaire, mon amour.

Si j'avais été moins con, si nous avions été plus prudents, nous serions peut-être ensemble à l'heure qu'il est, et nous nous dirions qu'il ne reste plus que quelques jours – à peine trois semaines – avant de pouvoir quitter cette école et être enfin ensemble.

J'espère que tout va bien là-bas pour toi – autant qu'il est possible que ça aille bien dans un endroit pareil. J'espère que je pourrai bientôt te revoir. J'espère que je pourrai bientôt te parler.

J'espère que nous pourrons être heureux un jour.

Ton tableau est presque terminé.

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Les premières lueurs de l'aube filtraient déjà à travers les rideaux mal fermés de la chambre de Harry. Dehors, on pouvait apercevoir le gigantesque parc du château se parer des couleurs de l'aurore et la végétation se diaprer de rosée scintillant sous les rayons du soleil.

Mais Harry ne voyait rien de tout cela, tout comme il n'avait pas vu la nuit s'effacer lentement ni le ciel pâlir. Ses yeux étaient restés fixés sur la toile accrochée à son chevalet, et sur laquelle il travaillait depuis des jours. Il n'avait pas bougé d'ici – ou plutôt, il s'était interrompu une fois, lorsque l'unique lampe de la pièce avait rendu l'âme, et qu'il avait dû allumer quelques bougies pour continuer à peindre. Il n'avait pas eu le courage de chercher une ampoule de rechange – et puis, la lueur de la flamme avait toujours eu quelque chose de particulier à ses yeux.

A présent, le ciel était suffisamment clair pour que les bougies fussent inutiles à leur tour, et Harry cligna des yeux, un peu hébété. Sur le sol de sa chambre recouvert d'un drap blanc maculé de taches de peinture, s'éparpillaient quelques pinceaux et des tubes de couleur à moitié vides.

Et en face de lui, sur la toile, Draco était assis sur une plage de galets, et regardait la mer tandis que le vent jouait dans ses cheveux. Harry effleura très légèrement le tableau, pour ne pas étaler la peinture – on aurait presque dit que Draco allait se retourner et lui faire un petit signe de la main, et pendant un instant, le jeune homme brun espéra presque que ce fût le cas.

Bien sûr, il ne se passa rien. Alors Harry soupira et se redressa, regardant autour de lui. La pièce était dans un désordre indescriptible, et la cire des bougies commençait à goutter sur le parquet. Il était temps de tout remettre en place.

Lorsqu'il éteignit la dernière chandelle, un peu de cire coula sur sa main, et il grimaça sous la brûlure.

Puis il sourit doucement en se disant que, quoi qu'il fasse, où qu'il soit, Draco trouvait toujours le moyen de lui brûler l'âme.

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Journal de Harry Potter, vendredi 5 juin 1997 :

21h :

Je suis crevé – j'ai fait une nuit blanche.

Petit coup de déprime hier soir – c'était son anniversaire, et il s'est mis à me manquer encore plus que d'habitude. La douleur dans ma poitrine est revenue pendant un moment, et j'ai failli refaire une crise d'angoisse.

Mais ça a été.

J'ai cru que je n'y arriverais pas pendant un moment, tellement ça faisait mal et tellement le manque de lui me faisait crever. Mais ça a été.

J'ai mis de la musique pour essayer de m'apaiser – ça a marché, un peu. Après je me suis branlé, ça faisait presque deux semaines que je ne l'avais pas fait. Ca m'a calmé, même si bien sûr j'aurais préféré qu'il soit là, même si bien sûr après l'avoir fait je me suis quand même senti un peu honteux – les habitudes ont la vie dure…

Et puis je me suis remis à peindre, toute la nuit. Et ce matin, le tableau était fini, et je me suis senti heureux en le regardant.

Parce que je sais qu'un jour, ce qu'il y a dessus sera une réalité.

Un jour.

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Dans le prochain épisode (hum…), Narcissa se rebelle, Draco passe ses examens de fin d'année, et on revoit Millicent.

En attendant, n'hésitez pas à venir prendre de mes nouvelles sur mon blog (j'essaierai de vous tenir au courant de l'évolution de la situation), et à me laisser des reviews. Je vous aim