Hop, me revoilà avec une réponse à un défi de Zoomalfoy, dont voici l'intitulé (texto) :

Rating : M

Couple : HPDM

Genre : UA (Univers Alternatif.)

Résumé : Draco Malfoy, lycéen de 17 ans, tombe sous le charme de son nouveau professeur de Lettres, Harry Potter, âgé de 24 ans.

Il devra faire face au désaccord musclé de son père, à la moralité de son amoureux et à l'ancien petit ami de ce dernier, bien décidé à le récupérer.

IL N'Y A PAS DE MAGIE. L'HISTOIRE DOIT SE SITUER DANS LE MONDE MOLDU.

Aucunes contraintes mis à part qu'ils doivent finir ensemble et que Draco doit être ignoble avec Harry au début de l'année.

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Disclaimer : Je ne m'appelle ni JKR (pour avoir créé ces merveilleux personnages), ni Zoomalfoy (pour avoir pondu cette superbe idée de scénar). En revanche, l'histoire et la rédaction sont à moi (et ce n'est pas forcément le mieux là dedans !).

Avertissement : ceci est un slash, je répète, ceci est un slash ! Si les histoires traitant de l'homosexualité vous rebutent ou vous choquent, vous n'avez rien à faire ici, et votre absence ne me pèsera pas, bien au contraire. Voilà. Maintenant qu'on est entre gens civilisés, je rappelle tout de même que le rating M implique des scènes choquantes, de violence ou de sexe, et un langage parfois cru. Vous savez donc où vous mettez les pieds.

Note de l'auteuze : Bonsoir à tous. Semaine chargée et pas très agréable pour moi, comme on s'en serait douté…On va donc écourter le blabla. Dans ce chapitre, Draco va à Brighton, mais les choses ne se passent pas exactement comme prévu. Evitez les lancers de tomates à la fin, s'il vous plait. Bonne lecture.

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RAR : Pas de RARs individuelles cette semaines, je suis navrée. Enfin, si vous savez la semaine de merde que j'ai eue, je pense (et j'espère) que tout le monde comprendra.

Je vais tout de même tenter de faire une vague réponse collective en regard des questions que j'ai reçues…

Première chose : ceux qui attendent des retrouvailles romantiques entre Draco et Harry risquent d'être déçus. Désolée, il leur reste encore des choses à régler chacun de leur côté, notamment pour Draco (je pense particulièrement à Lucius, car oui, même s'ils ne s'entendent pas, il va bien falloir les confronter à un moment ou un autre).

Deuxième chose : « Cher journal » fera très exactement 70 chapitres. J'en suis à l'écriture du chapitre 69, le dernier est l'épilogue, qui sera normalement posté début août. J'espère juste avoir le temps de terminer tout ça à temps (ce qui risque d'être difficile compte tenu de mon emploi du temps plus que chargé).

Enfin : merci à tous vos messages de soutien, qui m'ont fait beaucoup de bien en cette période assez noire de ma vie. J'espère pouvoir répondre à vos prochaines messages.

Remerciements : à Prism of Life pour ses corrections et sa relecture éclairée de ma fic ; à Eva, Bady, Ana et BN. Je vous aime, les gars (oui, parce que le masculin prévaut dans notre merveilleuse grammaire française, même s'il est tout seul)

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Cher journal (chronique d'une dernière année)

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Et voilà. Il y était, le jour de sa délivrance était enfin arrivé.

Draco se tenait dans la cour principale de St Brutus, sa petite valise à la main, au milieu de centaines d'autres garçons qui attendaient comme lui, qu'un ou leurs parents viennent à leur rencontre. Déjà, une foule d'adultes pénétrait par les grilles grandes ouvertes de l'école, dans une cohue indescriptible. Certains garçons partaient seuls – personne n'avait pris la peine de venir les chercher.

Draco quant à lui avait eu le temps, plus tôt dans la matinée, d'aller adresser un dernier au revoir à Stefanie Cyzia, la psychologue scolaire, et de la remercier une fois encore pour son aide. L'intégralité de son journal était en sécurité chez Millicent, il ne lui resterait plus qu'à le récupérer lorsqu'il la verrait.

Faire ses bagages n'avait été qu'une simple formalité, étant donné le peu d'effets personnels que Lucius lui avait autorisés lorsqu'il avait été transféré ici. Aussi avait-il occupé son temps à lire jusqu'à midi, assis sur son lit déjà fait.

A présent il était là, à attendre au milieu de cette cour grouillante de monde et qui résonnait de cris d'au revoir jetés à la hâte. Du coin de l'œil, il aperçut Adrian Pucey qui discutait avec une jolie femme qui lui ressemblait incroyablement – ce devait être sa mère. Leurs regards se croisèrent fugacement et Draco sembla déceler une imperceptible hésitation chez le jeune homme brun, comme s'il avait voulu se diriger vers lui et lui parler une dernière fois. Mais alors qu'il amorçait un mouvement dans sa direction, Adrian se ravisa brusquement et se tourna vers sa mère après lui avoir lancé un dernier regard par-dessus l'épaule.

Une main douce ébouriffa gentiment ses cheveux et Draco interrompit ses réflexions : Narcissa et Bellatrix lui souriaient avec bienveillance, aussi belles et sophistiquées l'une que l'autre.

« Dépêchons-nous, » fit Bellatrix en coupant court à toute effusion inutile entre la mère et le fils. « Le chauffeur est garé en double file, nous discuterons dans la voiture. »

Draco n'eut d'autre choix que d'empoigner sa valise et de suivre la femme brune qui s'éloignait déjà rapidement vers la sortie, ses hauts talons claquant avec un bruit sec sur le bitume recouvrant la cour. Narcissa adressa un petit sourire complice à son fils et haussa les épaules d'un air faussement désabusé. Draco lui répondit de la même façon – Bellatrix n'était pas une femme patiente.

Lorsque sa petite valise fut rangée dans l'immense coffre de l'imposante limousine de Bellatrix et que Draco fut enfin installé à l'arrière de la voiture avec sa mère et sa tante, il se permit un soupir de soulagement.

« Bon sang, » murmura-t-il en fermant brièvement les yeux de contentement. « Vous n'imaginez pas à quel point je suis heureux d'être sorti d'ici. » Puis il leva son regard vers Narcissa et demanda laconiquement, parfaitement maître de lui : « Je suppose que Père n'a pas voulu venir ? »

« C'est ta mère qui a refusé qu'il vienne, » intervint Bellatrix tout en s'allumant une cigarette. « La première conciliation avec le juge a lieu lundi. »

« Dois-je être présent ? » S'enquit Draco en regardant sa mère.

Il ne le souhaitait pas – vraiment. Il n'avait pas la moindre envie de croiser son géniteur, de subir ses sarcasmes ou ses reproches muets. Mais si sa mère le lui demandait, alors il le ferait, ne serait-ce que si elle avait besoin d'un quelconque témoignage. De plus, elle aurait sûrement besoin de soutien, et Bellatrix ne suffirait peut-être pas – sa tante avait parfois tendance à trop brusquer les choses, et si cela se révélait efficace la plupart du temps, Draco sentait que sa mère aurait sans doute besoin de quelqu'un d'un peu plus diplomate.

« Tu n'es pas obligé, » répondit doucement Narcissa. « Comme tu es majeur, tu es libre de faire ce que tu veux : ni le juge, ni ton père, ni moi-même n'avons le pouvoir de te forcer à quoi que ce soit. »

C'était vrai – Draco avait presque oublié. Lucius n'avait plus aucun pouvoir sur lui à présent. S'il voulait s'exiler au fin fond de la Sibérie ou de l'Amazonie, il pouvait le faire, personne n'aurait rien à y redire – non qu'il le souhaite, cela dit, mais cette perspective résonna agréablement dans l'esprit du jeune homme. Néanmoins, il s'en tiendrait aux plans qu'il avait formés.

« Je viendrai, » affirma-t-il d'une voix peut-être trop résolue.Sans doute plus pour lui même que pour aucune des deux femmes.

Elles hochèrent la tête d'un air entendu, et Draco laissa son regard errer à travers la vitre de la voiture, alors que l'image des rues londoniennes défilant lentement sous ses yeux s'imprimait comme au ralenti sur sa rétine. Alors seulement, il s'autorisa à laisser son esprit vagabonder à son tour.

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Journal de Draco Malfoy, dimanche 28 juin 1997 :

23h :

Aujourd'hui c'est l'anniversaire de Luna – encore une d'entre nous qui fête sa majorité. Je lui ai téléphoné, bien sûr. Elle est en ce moment à Portsmouth avec Sally et Terry, mais ils vont sûrement venir à Londres bientôt – Luna a laissé entendre qu'avec un peu de chance, je devais m'attendre à les voir débarquer dans la semaine. Comme ça, m'a-t-elle dit, je n'aurai pas besoin de lui envoyer son cadeau par la poste – ça m'a fait rire. Elle avait parfaitement deviné mes intentions.

Bordel, je pensais pas que ce serait à ce point-là, mais j'étais tellement content d'entendre leurs voix à tous que j'ai failli chialer. Le pire, c'est quand j'ai appelé Milli. Là, j'ai pas pu me retenir – je sais, c'est con, mais…c'est ma meilleure amie. Elle m'a fait promettre de venir à Brighton très vite.

Harry n'était pas encore arrivé quand je l'ai eue au téléphone. Il fait la route depuis Hogwarts en voiture avec le professeur Longbottom, alors forcément ça prend du temps. Mais j'ai décidé de ne pas l'appeler – comme ça le jour où je pourrai venir à Brighton, ce sera la surprise. Milli lui dira que je suis parti quelques jours dans ma famille – après tout, ce n'est qu'une demi-vérité. J'ai vraiment des problèmes familiaux, et je suis vraiment chez ma tante…

…Et puis, s'il ne sait pas que je viens, il ne pourra pas trouver un prétexte foireux pour ne pas me voir. C'est que je deviens parano, moi, à force.

J'ai vu Blaise, aussi. Hier et aujourd'hui, en fait. Ca m'a fait tellement plaisir de le revoir, putain ! Il est en super forme, plein de projets, ça me paraissait si loin la dernière fois que je l'avais vu aussi enthousiaste – ou alors c'est parce que ça faisait trop longtemps que je ne l'avais pas vu et je ne me souvenais pas…

Bref. Quoi qu'il en soit, il m'a d'abord annoncé qu'il s'était fiancé avec Ginny – le putain de bâtard ! J'aurais vraiment aimé être là pour voir ça ! En plus, vue la façon dont il me l'a raconté, j'aurais vraiment trop aimé voir la belette lui rabattre son caquet…Il y a tant de choses que j'ai manquées pendant ce trimestre…Enfin…

Il m'a dit aussi qu'il emménagerait bientôt, probablement cet été, dans l'appart que ses parents lui ont acheté. Il va à la fac à Londres à la rentrée… Il m'a également assuré qu'il m'accompagnerait à Brighton voir Milli. Qu'on ferait des putains de fêtes à tout casser dans son nouveau chez-lui, aussi.

J'ai hâte d'y être. De rattraper tout ce temps perdu.

Enfin, avant tout ça, il y a encore la conciliation chez le juge demain matin. Je n'ai pas envie de dormir, mais je crois qu'il vaudrait mieux que j'essaie de me reposer, histoire de ne pas être trop décalqué…

Je me demande s'il y aura Sirius – ça fait des années que je ne l'ai pas vu, alors je ne sais même plus à quoi il ressemble…

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Journal de Draco Malfoy, lundi 29 juin 1997 :

18h :

La conciliation s'est super mal passée.

Bon sang, c'était atroce.

Bella m'a dit que lorsque Mère est arrivée chez elle, elle était en larmes. Elle se sentait coupable – coupable, putain ! Mais de quoi, nom de Dieu ? – parce que Père semblait bouleversé quand elle l'a quitté.

Mon cul, ouais.

Si c'est le cas, il s'est vachement bien remis depuis. Il était là, inondant tout le monde de son mépris, avec son armée d'avocats qui le suivaient comme les misérables chiens gratteurs d'honoraires qu'ils sont. Non, je deviens injuste, après tout ils ne font que leur boulot – mais même, j'ai du mal à éprouver de la sympathie pour quoi ou qui que ce soit ayant trait à mon paternel.

Bref. C'était épouvantable. Il a accusé Mère de m'avoir rendu pédé – ben voyons ! Comme si j'avais vu mes parents assez souvent dans ma vie pour qu'ils influencent ma sexualité, quelle bonne blague – d'abandon de domicile – quel con, mais quel con, putain ! – et autres gentillesses du même acabit. Bon, je ne m'attendais pas à ce que ça se passe dans la joie et la bonne humeur, mais là ça a carrément tourné au règlement de comptes sordide. Tout y est passé : le côté dépensier de Mère, sa futilité, le fait qu'elle ne se soit jamais vraiment occupée de moi – plus que lui en tout cas ! – et même son alcoolisme.

Ca, ça m'a achevé – pas que moi, d'ailleurs, Bella était furieuse, maman effondrée. Bordel, il a même osé lui mettre sur le dos le fait qu'elle n'ait jamais travaillé depuis ma naissance, alors que c'est lui qui insistait pour qu'elle reste à la maison ! Je savais que c'était un connard, mais je ne pensais pas qu'il serait aussi mesquin.

Bon d'accord. Je le savais. Difficile à ignorer après Saint Brutus. Mais pourquoi la réalité s'avère systématiquement plus dure que mes pires cauchemars ?

En plus, qu'est-ce qu'il y gagne ? Mère ne veut qu'une prestation compensatoire. Pas de pension alimentaire - même si son avocat a insisté pour qu'elle demande l'une et l'autre… Ma garde ? Va falloir qu'il se réveille, je suis majeur depuis plus de trois semaines maintenant. Mais c'est vrai qu'il l'a peut-être oublié ! Comme tous mes anniversaires d'ailleurs…

Je ne comprends pas ce qu'il veut, honnêtement. Je pense que c'était uniquement pour faire souffrir Mère – de toute façon, presque tous ses arguments se sont retournés contre lui, et le juge a moyennement apprécié l'attestation du médecin comme quoi il avait frappé sa femme. Ca non plus, j'étais pas au courant. Et j'aurais préféré ne pas savoir, ça m'aurait évité d'avoir des fantasmes de crochets de boucher à l'encontre de mon cher géniteur. Pas que je me sente des masses coupable à ce stade-là, mais c'est assez perturbant.

Putain, je ne sais pas pourquoi, mais j'ai l'impression que cette histoire va mal finir…En plus, Sirius n'était même pas là – moi qui croyais qu'il serait présent, même si ce n'est pas lui qui s'occupe du divorce…Bella a simplement dit qu'elle l'avait engagé pour autre chose, mais je ne sais toujours pas quoi.

Enfin…On verra bien. Le prochain rendez-vous avec le juge est dans un peu plus de deux semaines – ça par contre, c'est l'avantage d'être blindé de thunes et d'avoir un nom connu : les choses se font miraculeusement beaucoup plus rapidement.

J'espère que Mère va tenir le coup.

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Journal de Draco Malfoy, mercredi 1er juillet 1997 :

22h :

Les potes ont débarqué à Londres aujourd'hui.

J'avais rendez-vous chez Blaise pour voir son nouvel appart, et quand je suis arrivé chez lui, ils étaient déjà tous là, à m'attendre : Luna, Terry, Sally-Ann…et même Milli. Je ne m'y attendais tellement pas que je n'ai pas su quoi dire pendant au moins deux minutes – et ils étaient morts de rire, ces cons ! Ils n'étaient pas censés arriver avant ce week-end ! Milli n'était même pas supposée être là, d'ailleurs…Et Blaise se bidonnait dans son coin, très fier de son coup – il avait tout manigancé, cet abruti.

Putain, j'aime mes potes.

Oh, et, personne n'avait pensé à me mettre au courant, mais Sally a enfin ouvert les yeux et sort avec Terry, maintenant. J'ai manqué tant de choses…l'impression que tout un pan de ma vie m'a été enlevé, que j'ai été…mort pendant presque trois mois…Tellement isolé, que je n'ai même pas pu me tenir au courant de l'actualité – enfin, pas que ça m'intéresse des masses, cela dit. Voir l'apocalypse tous les soirs au vingt heures, je m'en passerais bien. Mais tout ça pour dire que dans ma prison, c'est comme si j'avais été totalement coupé du monde.

Passons. Blaise loge tout le monde chez lui jusqu'à la fin de la semaine, et lundi, nous partons pour Brighton. Milli s'est arrangée avec Tonks et sa petite amie Joanne – ça non plus, j'étais pas au courant, d'ailleurs…ça m'énerve ! – pour nous caser tous. Ca va être un peu le camping, mais c'est pas grave. Déjà, je serai avec mes potes, ensuite je serai avec Harry, alors qu'on campe dans le salon de Joanne ou dans le jardin de Tonks, ça m'est franchement égal. Et puis, je compte bien ne pas rester très longtemps dans mon canapé ou mon duvet, hein. Genre je vais rester sage alors qu'il sera tout près de moi, mais bien sûr…Ca fait des mois que je l'attends, je ne le laisserai pas filer.

Pas cette fois.

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Journal de Draco Malfoy, dimanche 5 juillet 1997 :

22h :

J'ai passé une fin de semaine épuisante. Entre les différents problèmes administratifs et bancaires à régler, les sorties avec les potes et le fait que j'ai voulu profiter de Mère, je n'ai pas vu le temps passer. D'ailleurs je ne suis pas le seul, je crois bien que Milli n'a même pas appelé une seule fois à Brighton depuis qu'elle est à Londres. En fait, je ne suis même pas sûr qu'elle ait donné le numéro de téléphone de Blaise à qui que ce soit, Tonks ou Joanne. Si j'étais à la place de sa copine, je pense que ça me vexerait un peu, mais bon…après tout, Milli aussi a été séparée de nous pendant des mois, c'est normal qu'elle veuille en profiter. Je me demande d'ailleurs comment ça va se passer quand il va falloir se séparer à nouveau. Je n'ai pas trop envie d'y penser, en fait.

Enfin, nous sommes dimanche soir, et nous partons demain matin à la première heure. Plutôt que le train, trop cher pour un si petit trajet – pas que ça me pose problème, personnellement, mais Sally, Luna et Terry ne roulent pas sur l'or – on a décidé de prendre le car, et du coup, il va falloir qu'on se lève à l'aube. Ca n'a aucune espèce d'importance, le chauffeur de Bella est déjà prévenu et m'amènera à Victoria Station à l'heure prévue.

Et je sais que je devrais dormir, mais je n'y arrive pas.

Je suis trop énervé pour ça – non, en fait, je suis surexcité à l'idée d'aller là-bas et de revoir Harry.

J'ai réussi à convaincre Mère de me laisser partir une semaine entière. Bon, ça n'a pas été très difficile, s'il n'y avait eu qu'elle dans la balance, elle aurait sans doute accepté que j'y reste plus longtemps. D'ailleurs, elle m'avait déjà proposé de passer deux semaines de vacances au bord de la mer, dans la maison de tante Elladora.

Elladora est la deuxième sœur de Mère, j'ai dû la rencontrer deux fois à tout casser dans ma vie. Ce n'est pas qu'elle s'entende mal avec ma mère ou avec Bella, mais c'est une baroudeuse : elle est incapable de rester en place. Depuis que je connais son existence, je n'entends parler que de voyages à l'autre bout de la planète, d'expéditions toutes plus rocambolesques les unes que les autres – je crois qu'en ce moment, elle voyage autour du cercle polaire, en bateau brise-glace. Et depuis la mort de son mari, Ted – un homme qui avait la réputation d'être encore plus excentrique qu'elle – sa frénésie de mouvement semble s'être encore accentuée.

Bref. Elle a une maison en Angleterre, en Cornouailles, perdue au milieu d'un coin paumé – le trou du cul du monde, à peu de choses près. Elle doit y passer une semaine dans l'année à tout casser, et le reste du temps, elle la prête à ses amis de passage dans la région. Quand Bella a divorcé de l'autre connard de Rodolphus – je crois bien l'avoir déjà dit, mais je n'ai jamais entendu de prénom plus ridicule – elle y avait passé quelques semaines, le temps de se reposer. J'y suis allé, une fois. J'adore cet endroit, si calme et si isolé qu'on a le sentiment d'être seul au monde, avec l'océan. Je suis sûr que Milli adorerait vivre dans une région pareille – et moi, je crois que j'adorerais y emmener Harry, un jour.

C'est donc là-bas que Mère voulait m'envoyer, supposant que j'aurais besoin d'un peu de calme après l'épisode St Brutus. Et honnêtement, s'il n'y avait pas eu Harry, je crois bien que je me serais laissé tenter.

Mais il y a Harry, et surtout, il y a Bella. Ma douce tantine ne perd pas de vue l'investissement que je représente pour elle, et surtout, elle ne perd pas de vue qu'à la rentrée, je commencerai mes études à New York. Et un tel déménagement, ça se prépare, de préférence avec moi pour signer tout un tas de machins stupides mais indispensables. Inutile de dire qu'elle a un peu tiré la tronche quand j'ai dit que j'allais m'absenter pour aller voir Harry. Il a fallu batailler dur, et pendant quelques instants, je l'ai trouvée soudain beaucoup moins sympathique, cette chère femme.

Enfin, elle abuse : mon visa est prêt, les papiers pour la fac sont en règle – ou peut s'en faut – il ne reste plus qu'à me trouver un logement sur place – et, à moins de prendre l'avion tout de suite pour les Etats-Unis, ce n'est pas quelque chose qui se fera dans l'instant – mon dieu, mais quel merveilleux pléonasme…je me désole, parfois. D'ailleurs, comme je lui ai fait remarquer, puisqu'elle doit faire un saut à New York dans la semaine, elle peut très bien finaliser les détails et se débrouillera très certainement mieux sans moi comme boulet.

Je sais, je suis égoïste. Mais merde ! Ca fait trois putains de mois que je n'ai pas vu Harry – ni qui que ce soit, d'ailleurs – je sors juste d'une foutue école qui tient plus de la prison que de l'établissement scolaire, j'ai bien le droit à un peu de répit quand même !

Enfin, quoi qu'il en soit, je pars demain, et avec un peu de chance, je ne rentre que le dimanche ou le lundi suivant.

J'ai trop hâte d'y être.

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Lorsque le car stoppa enfin, Millicent s'étira, aussi fourbue que si elle avait dû supporter de longues heures de voyage. Tout autour d'elle, ses amis faisaient de même, les yeux encore voilés d'un sommeil trop pauvre pour être réparateur – à l'exception de Draco. Malgré ses cernes, preuve qu'il n'avait pas dû dormir plus que les autres, voire peut-être moins, il était le seul à être resté éveillé pendant toute la durée du trajet, bien trop excité pour fermer les yeux.

La jeune fille sourit. Draco pouvait bien être impatient. Après tout, cela faisait si longtemps qu'il attendait le moment de retrouver Harry…A sa place, Millicent aurait sans doute été dans le même état. Elle-même n'avait été séparée de sa petite amie que pendant quelques jours, et pourtant la jeune femme lui manquait déjà. Millicent se sentit un peu coupable de ne pas l'avoir appelée durant son séjour à Londres. Joanne le lui avait plus ou moins interdit et lui avait carrément ordonné de profiter au maximum de ses amis, mais Millicent pensait tout de même qu'elle aurait pu lui passer un petit coup de fil.

Elle jeta un coup d'œil par la fenêtre du car qui stationnait sur un parking en bord de mer. Le soleil, déjà haut malgré l'heure matinale, se reflétait sur les vagues et faisait étinceler les bateaux de la marina. Le port était presque désert, et le parking encore plus, exceptés les voyageurs qui descendaient du car – ce qui était plutôt inhabituel en cette période de l'année. Mais on était lundi et il n'était pas sept heures du matin. Les vacanciers et les touristes arriveraient plus tard, et pour le moment la jeune fille était plutôt contente qu'il y ait si peu de monde.

Draco se trouvait déjà près de la sortie et pestait contre les passagers qui descendaient trop lentement du car à son goût. Millicent sourit encore et attrapa son sac d'un geste leste. Elle fut la dernière à sortir du véhicule et lorsqu'ils se retrouvèrent tous sur le parking, tous les regards se tournèrent vers elle.

« On va où maintenant ? » Demanda Blaise, tandis que Sally-Ann s'allumait une cigarette, assise sur son gros sac de sport noir.

« On prend le bus, » répondit Millicent. « On en a pour cinq minutes d'ici à peu près. Puis à peine un quart d'heure jusque chez Tonks. La station de bus est juste à deux minutes de la maison, t'en fais pas, » ajouta-t-elle à l'intention de Sally-Ann, qui acquiesça silencieusement en se relevant lentement. « Vous allez voir, » s'exclama-t-elle encore d'un ton joyeux, « vous allez adorer Brighton. Entre le Pavillon Royal, les musées, les plages et les concerts en plein air, on aura de quoi faire. »

Le trajet jusque chez Nymphadora se fit dans la bonne humeur, l'air marin ayant largement contribué à revigorer les adolescents. Millicent passa le plus clair de son temps à vanter les mérites de la ville où elle comptait vivre désormais – et son enthousiasme semblait s'être communiqué à ses amis, puisqu'ils ne cessèrent de lui poser toujours plus de questions sur cet endroit qu'elle avait appris à aimer en si peu de temps.

Lorsqu'ils parvinrent enfin devant la porte de la maison de Nymphadora, Millicent leur demanda d'attendre dans le petit jardin qui donnait sur la rue, le temps qu'elle prévienne sa colocataire de leur arrivée. Mais elle n'eut pas le temps de sortir son trousseau de clefs que déjà la porte d'entrée s'ouvrait bruyamment sur une Nymphadora Tonks échevelée, et qui visiblement sortait à peine de son lit, si l'on se référait à son débardeur d'un rouge criard assorti à sa petite culotte, et qui jurait un peu avec ses cheveux d'un beau rose pâle – tiens, elle avait changé de couleur depuis la semaine dernière, nota mentalement Millicent.

« Milli, nom de dieu ! » S'écria-t-elle en levant les bras au ciel d'un air désespéré. « Tu peux me dire comment j'aurais pu faire pour te joindre alors que je n'avais pas ton numéro de téléphone ? »

« Ben, » hésita la jeune fille. « Tu m'avais dit que ce n'était pas nécessaire, et puis, pour tout t'avouer, je n'ai pas dormi à l'endroit prévu et après j'ai oublié…Il y a un souci ? » S'enquit-elle, alarmée par l'expression catastrophée de son amie.

« Un souci ? Ouais, on a un souci, et pas un petit, » répliqua Nymphadora en sortant pieds nus dans l'herbe humide et en s'allumant une cigarette sous les regards éberlués des cinq adolescents restés en arrière.

« Ils ne peuvent pas rester ici ? » S'inquiéta Millicent.

« Mais si mon chou, c'est pas le problème, » répondit la jeune femme en faisant un vague geste de la main. Elle tourna soudain son regard vers Draco et se dirigea vers lui d'un pas décidé. « Tu es Draco, n'est-ce pas ? » Puis, sans lui laisser le temps de répondre, elle le serra dans ses bras à l'en étouffer. « Oh, chéri, je suis désolée, Harry a dû partir plus tôt que prévu à la Nouvelle-Orléans. Il était désespéré à l'idée de ne pas pouvoir te prévenir, mais le lycée dans lequel il a été engagé a eu besoin de lui en urgence, une histoire de papiers à la con. Il est parti jeudi. »

Draco laissa tomber son sac sous le choc, et Millicent s'assit lentement sur le perron en se prenant la tête entre les mains. Elle sentit à peine le bras de Neville Longbottom lui entourer gentiment les épaules.

Ce n'était pas juste. Ils avaient fait tout ça pour faire une surprise à Harry, et tout avait lamentablement échoué.

Ce n'était pas juste. Et c'était de sa faute à elle.

Elle savait bien qu'elle aurait dû téléphoner, finalement.

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Journal de Draco Malfoy, mardi 7 juillet 1997 :

Putain. C'est pas juste.

C'est pas juste, c'est pas juste, c'est pas juste, bordel !

Je vais vraiment finir par croire que je suis maudit, qu'une espèce de divinité sadique et homophobe se paie ma tête et s'amuse à me faire souffrir juste parce que ça l'éclate.

Pourquoi, putain ? Pourquoi ?

J'en ai ras le bol. Honnêtement, j'ai l'impression que tout se ligue contre moi ! A chaque fois qu'on est sur le point de se retrouver et d'être enfin ensemble, il y a une merde qui nous tombe dessus. Franchement, qu'est-ce qu'ils avaient besoin de lui demander de venir si tôt ? Non, mais c'est quoi cette école de chiotte !

J'en ai marre, là, j'en peux plus. Je vais péter les plombs.

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Journal de Draco Malfoy, mercredi 8 juillet 1997 :

19h :

Milli et les autres m'ont convaincu de rester ici jusqu'à la fin de la semaine comme c'était prévu au départ. Pour être tout à fait honnête, ça ne m'enchante pas.

Mais d'un autre côté, même si j'ai envie de retourner à Londres en quatrième vitesse et d'extorquer à Bella un billet d'avion pour la Nouvelle-Orléans, j'ai aussi envie de profiter de mes amis et de me reposer un peu en bord de mer. Bon, d'accord, c'est très loin d'être aussi désert que chez tante Ella, mais c'est pas plus mal. Je pense que si j'étais resté tout seul, j'aurais pété un câble. Et de toute façon, Bella est encore à New York, alors ça ne sert à rien que je rentre maintenant.

Et puis, Brighton, c'est chouette, mine de rien, sans compter que si Harry appelle, ce sera ici, vu qu'il n'est pas censé savoir que je vis chez ma tante. Dire qu'il a téléphoné la veille de notre arrivée, pour prévenir qu'il aurait probablement du mal à donner des nouvelles…Il a pas mal de paperasse à régler, ça lui prend un temps fou, et avec le décalage horaire, il ne peut appeler que lorsqu'on est en pleine nuit ici. Bon évidemment, ça ne me dérange pas de rester debout pour entendre sa voix, mais il faut bien que je dorme de temps en temps, et lui, j'imagine que quand la journée est finie, il a plus envie de dormir qu'autre chose, à cause du jet-lag. Je ne peux pas lui en vouloir…je me répète, mais je suis maudit.

Enfin, n'y pensons plus...Ce soir Milli va nous présenter à ses amis du lycée et on va boire un coup au pub de Tonks, ça devrait être sympa.

Je vais juste essayer de ne pas me noyer de dépit dans ma vodka. En plus après la journée passée à visiter le quartier des artistes, je suis un peu vanné, et je ne suis pas sûr de bien tenir l'alcool.

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Ca n'avait pas loupé.

Draco savait qu'il n'aurait pas dû boire autant. Avant même de pénétrer dans le pub de Nymphadora, il se sentait déjà fatigué, une fatigue à la fois physique et nerveuse qui aurait raison de lui avant la fin de la soirée. Il le savait, et pourtant, il n'avait pu s'empêcher d'enchaîner les verres d'alcool – pour se détendre, pour oublier son stress et ne plus penser que Harry était loin, une fois de plus. Et cela ne lui réussissait pas, loin s'en fallait. Pour la première fois de sa vie, il expérimentait vraiment ce qu'on appelait avoir l'alcool triste. Pourtant, il n'avait pas envie d'arrêter de boire – peut-être sombrait-il dans l'alcoolisme, songea-t-il non sans cynisme.

Draco soupira sourdement, le nez dans son verre vide. Il était déprimé – et furieux. Furieux parce que ses amis s'amusaient et pas lui. Furieux parce qu'un des copains de Millicent, Euan Abercrombie, lui avait fait du plat toute la soirée. Furieux parce que malgré lui, il avait envie de répondre à ses avances. Furieux parce que même Nymphadora était éméchée et dansait derrière son bar au son de « Rock in the casbah » des Clash. Et furieux parce que cette chanson lui portait sur les nerfs alors que d'ordinaire il l'adorait. Mais surtout, surtout, il était furieux contre lui-même de ne pas savoir lâcher prise, de ne pas savoir s'amuser, de n'être capable que de ruminer une situation à laquelle il ne pouvait de toute façon rien faire.

« Je t'en sers un autre, chéri ? »

La voix joyeuse de Nymphadora le sortit brutalement de sa torpeur et il leva un regard torve vers la jeune femme.

« Ouais, s'il te plait, » grogna-t-il. « Tonks, pourquoi il appelle pas ? » Geignit-il ensuite misérablement alors que la colocataire de Millicent posait une vodka citron devant lui.

« Il n'a pas le temps, » dit gentiment Nymphadora. « J'ai essayé d'appeler à son hôtel tout à l'heure, mais il était déjà parti. Et puis, il faut qu'il cherche un logement, en plus. Ca prend du temps, tout ça. »

« Je sais bien, » marmonna Draco. « Désolé de me plaindre tout le temps… »

« Raconte pas n'importe quoi, » sourit la jeune femme. « Je sais ce que c'est, Neville a été loin de moi toute l'année, alors… »

« Tonks ? »

« Oui ? »

« Pourquoi est-ce que Euan n'arrête pas de me faire du gringue ? Il sait pourtant que je ne suis pas libre… » Se plaignit le jeune homme.

« Ben, tu sais, il est un peu bourré, comme tout le monde ici, » gloussa Nymphadora. « Et puis, je suppose qu'il doit se dire qu'il ne perd rien à essayer… »

Ca se tenait, admit Draco. Mais ça ne l'aidait pas à se maîtriser – et la colère et la frustration n'arrangeaient pas la situation en ce moment précis.

« Je suis un monstre, » lâcha-t-il brutalement en faisant claquer son verre sur le comptoir. « J'ai envie de me le faire, Tonks. Tu crois que je suis un monstre ? »

« Ben, » rit Nymphadora, « il est plutôt très mignon, si on passe outre le côté folle perdue assez exaspérant. C'est normal de désirer quelqu'un d'autre de temps en temps. Et puis, tu sais, Harry a bien… »

Elle s'interrompit brusquement, mais pas assez vite pour que l'information ne monte pas au cerveau de Draco. Celui-ci fixait, éberlué, les joues écarlates de la jeune femme et son expression coupable. Il n'était pas sûr du tout d'aimer ça.

« Harry a bien quoi ? » Demanda-t-il sèchement.

« Oups…oublie ce que je viens de dire, ce n'est pas important… »

« Tonks. Harry a bien quoi ? » Répéta-t-il d'une voix glaciale. Non, décidément, l'air atrocement gêné de Nymphadora ne lui plaisait pas du tout, et il était bien résolu à lui faire cracher le morceau. « Tonks… » Gronda-t-il dangereusement.

« Eh bien, » hésita la jeune femme en se passant nerveusement la main dans les cheveux. « Tu sais…Harry est un garçon fragile, et il est parfois sujet aux crises d'angoisse. Et quand il se sent mal – je veux dire, vraiment très mal – il compense par…eh bien, par le sexe. »

« Pardon ? » S'écria Draco, choqué. « Putain, mais personne n'a songé à me prévenir, ou quoi ? Merde, je sais pas, le mec après qui je cours depuis des mois est un névrosé sexuel et on n'a pas pensé que je pouvais avoir envie d'être au courant de ce genre de trucs ! »

« Ne crois pas qu'il y prenne du plaisir, » le réprimanda Nymphadora d'un ton sévère et à la fois un peu balbutiant – ce qui était assez étrange à entendre. « Il se sent toujours très mal après ces sortes de…crises, et il culpabilise énormément, même quand il est célibataire, ou même quand ça arrive avec son copain. »

« Mais ça n'empêche qu'il le fait quand même, » la coupa Draco, furieux.

« Il a fait beaucoup de progrès depuis plusieurs mois, tu sais, » le contra doucement Nymphadora. « Je pense que tu n'y es pas étranger, d'ailleurs. »

« Oh, super ! Ca me rassure vachement, ça, » ironisa le jeune homme. Il vida son verre d'une traite, manquant de s'étouffer, puis demanda, d'une voix amère et étranglée : « Et donc, tu es en train de me dire qu'il a couché à droite et à gauche pendant que je n'étais pas là ? »

« J'ai pas dit ça, » protesta la jeune femme. « Mais…tu sais, il a vraiment très mal vécu ton absence. Je veux dire, il était très malheureux, alors…c'est une hypothèse à ne pas exclure, oui. Ca ne veut pas dire qu'il ne t'aime pas, hein… »

« Ca va, te fatigue pas, » l'interrompit Draco. « J'ai compris. »

Il était très fatigué. Et il se sentait mal. Terriblement mal. Il avait la nausée, mais ce n'était pas dû à l'alcool, il le savait. Il était juste…écoeuré. Et il était très en colère, contre Harry, contre lui-même, contre son père pour avoir provoqué tout ça. Jaloux. Et il voulait voir Harry – lui crier dessus, le frapper, lui demander pourquoi, lui faire l'amour, être dans ses bras et l'entendre lui dire qu'il l'aimait. Il ne savait plus vraiment.

Alors il descendit laborieusement de son tabouret et chancela vers les toilettes du pub. Et quand il releva la tête après s'être aspergé le visage d'eau froide et qu'il vit dans le reflet du miroir Euan qui le fixait silencieusement, il refusa de réfléchir.

Malgré la nausée qui ne voulait pas partir.

Et quand le garçon posa la main sur son entrejambe, il se laissa faire.

Malgré les sanglots dans sa gorge qui menaçaient de l'étouffer.

Trop fatigué.

Trop mal.

Trop en colère.

Trop amoureux

Trop ivre peut-être.

Trop désespéré… Sans doute.

o0O0o

Journal de Draco Malfoy, jeudi 9 juillet 1997 :

Je crois bien que j'ai fait une connerie hier soir.

Pourquoi il appelle pas ? Ca fait des jours qu'il n'a pas donné de nouvelles, qu'est-ce qui se passe ? Putain, j'en ai marre.

Il faut que je sorte, cette maison devient étouffante.

o0O0o

Journal de Draco Malfoy, vendredi 10 juillet 1997 :

18h :

Euan m'a taillé une pipe mercredi soir dans les toilettes du pub de Tonks.

On a été interrompus par Sally, qui s'était trompée de porte. Je crois que je ne suis jamais pris une gifle aussi violente. J'ai gardé la marque pendant plusieurs heures, à cause des bagues qu'elle portait.

Inutile de dire que le retour à la maison a été à peu près aussi joyeux qu'une marche funèbre. Tout le monde faisait plus ou moins la gueule – enfin, tout le monde me faisait plus ou moins la gueule. A moi. Il n'y avait guère que Tonks et le professeur Longbottom qui ne me regardaient pas d'un air mauvais – et eux, on aurait plutôt dit que je leur faisais de la peine, que je leur faisais pitié. Ce qui est encore pire. Même Blaise tirait la tronche, et ça je dois dire que sur le coup ça m'a achevé. Merde, quoi, c'est quand même lui que j'ai trouvé y'a pas si longtemps sur le point de se faire sucer par une pétasse !

C'était une belle commémoration à Saint Brutus. Mais ça, je me suis abstenu de le leur dire.

Du coup le lendemain, je suis parti super tôt de la maison. J'avais besoin d'être seul, alors j'ai laissé un mot sur la table de la cuisine pour prévenir que je ne rentrerais que pour le dîner. J'en ai profité pour aller visiter le Pavillon Royal et Brunswick Square, et puis je suis allé déjeuner sur le front de mer.

Je suis resté tout l'après midi sur la plage. J'avais besoin de réfléchir à tout ça – à ce que j'avais fait avec Euan, à ce que Harry avait probablement fait avec d'autres mecs pendant que j'étais à St Brutus, à toute cette foutue situation merdique dans laquelle on s'est mis tous les deux.

Et pour réfléchir, ça j'ai réfléchi…On peut même dire que je ne me suis jamais autant trituré les méninges pour quoi que ce soit. Ca m'a pris la moitié de la journée, et j'avais même commencé à y penser pendant que je visitais la ville.

Et finalement, la situation est ridiculement simple : je suis amoureux de Harry, Harry est amoureux de moi. On a été séparés beaucoup trop longtemps à mon goût, par tout un tas de trucs stupides comme mon âge ou le fait qu'il ait été mon prof, puis par mon père et la distance, et maintenant, par les circonstances. On n'a jamais eu le temps d'apprendre à vraiment se connaître. On n'a jamais eu le temps d'être ensemble, et on en a souffert tous les deux. Il est allé voir ailleurs, et moi aussi, et tous les deux pour de mauvaises raisons. Et le pire dans tout ça, c'est que je n'arrive même pas à lui en vouloir vraiment – à vrai dire, je m'en veux beaucoup plus que je ne lui en veux, et j'imagine que de son côté, s'il était au courant de ce que j'ai fait, il ressentirait la même chose. Alors la question de savoir si je vais lui pardonner ou pas n'a même pas lieu d'être – j'espère simplement que la réciproque est vraie.

La seule vraie question, c'est de savoir si lui comme moi on a envie d'être ensemble. Moi, je sais que oui. Lui, je ne sais pas, mais je pense…en tout cas, j'espère. Et même, je compte bien le convaincre, le cas échéant.

Quand je suis rentré hier soir, personne ne m'a posé de questions. Ils ont dû comprendre que je ne dirais rien. Après le dîner, je me suis expliqué aux copains. Ils ont écouté. Ils ont compris, je crois. En tous cas, ils n'ont pas protesté quand je leur ai annoncé mon retour pour Londres et mon intention d'y aller aussitôt prendre un billet d'avion pour la Nouvelle-Orléans.

Cette fois-ci, ça suffit. Le destin, je l'emmerde, les divinités sadiques, je leur pisse à la raie. Je me donne deux semaines.

Dans deux semaines, au maximum, je serai avec Harry, et rien ne pourra m'en empêcher.

o0O0o

La semaine prochaine, les choses vues du côté de Harry, qui doit donc s'installer plus tôt que prévu à la Nouvelle-Orléans.

Merci, donc, de ne pas me jeter de tomates pourries ou autres joyeusetés du même genre – les menaces de mort ne fonctionnent pas non plus – sachant que je ne suis définitivement pas d'humeur en ce moment (pour plus d'informations, voir mon blog).

Que cela ne vous empêche pas toutefois de me laisser une review si le cœur vous en dit. Je vous aime.

PS : Pour ceux qui vont à la Japan Expo ce week-end, je ne serai pas loin du stand du Troisième Œil, en compagnie de moult autres talentueux auteurs. Vous aurez même la chance de me voir euh…habillée pour l'occasion, huhu.