Chapitre 19 :

Les années passèrent, toujours accompagnées des ténèbres, de la douleur et de la mort.

Pourtant, au cœur de l'obscurité, le manoir des Malefoy brillait de mille feux cette nuit-là. Une joyeuse assemblée avait investi le grand salon. La plupart des invités étaient partis, il ne restait plus que le petit noyau dur : Lucius et Narcissa, sa sœur Bellatrix et son mari Rodolphus, Anae et Severus. Les couples qui s'étaient formés à Poudlard avaient tenu bon malgré le temps et les épreuves. Ce jour pluvieux de Mars qui s'était achevé venait de voir le mariage de Lucius et Narcissa. La cérémonie avait été brève et sobre : échange de vœux puis incantations rituelles et habituelles pour un mariage sorcier. Quelques instants auparavant, le manoir résonnait des rires des nombreux invités, le calme était revenu désormais. Ayant abandonné la salle à manger, les mariés et leurs amis s'étaient installés au coin du feu. Narcissa, superbe dans sa longue robe grise très pâle était affalée dans un fauteuil, une coupe de champagne à la main, elle venait de quitter ses chaussures qui lui meurtrissaient les pieds. Elle était radieuse ce soir, elle caressa doucement son ventre qui s'arrondissait petit à petit : dans quelques mois, elle serait maman. Lucius s'était assis sur l'accoudoir et avait posé une main protectrice sur l'épaule de sa femme. Severus et Anae avaient pris place dans le canapé, Severus avait passé un bras autour de l'épaule d'Anae qui appuyait sa tête contre son ami. Bella et Rodolphus se tenaient debout, près de la cheminée.

Bon, il ne reste plus que vous deux, s'exclama Lucius à l'adresse de Severus et d'Anae, alors, ce mariage s'est pour quand.

Les deux interpellés eurent un sourire complice.

Tu sais, Severus, lui confia Lucius en rigolant, le plus difficile c'est pas le mariage en lui-même ! Non, moi ce que je crains, c'est les lendemains !

Hé ! s'indigna Narcissa qui gratifia son mari d'une tape sur la cuisse.

Je t'avais prévenue, Narcissa ! Lucius peut être pénible par moment !

Attends un peu, Anae ! Qu'est-ce que tu as été raconter sur moi ?

Tout, intervint alors Bellatrix en riant. Nous connaissons absolument tous tes petits secrets !

Il fallait bien que je prévienne Narcissa de ce qui l'attendait, justifia Anae.

Tout le monde éclata alors de rire.

De toute façon, Anae m'a expliquée comment te calmer ! Il paraît que tu adores les boules de neige au réveil !

Lucius regarda sa femme d'un drôle d'air, puis il fixa longuement Anae.

Tu ne lui as quand même pas raconté ça ?

Désolée, Lucius ! Mais c'était trop tentant !

J'aimerais bien qu'on m'explique de quoi il s'agit, demanda Rodolphus.

Oh, juste une vieille querelle entre Lucius et moi. J'avais passé mes vacances de Noël ici et comme à notre habitude, ça a vite dégénéré : et pour finir un matin, j'ai réveillé Lucius en lui balançant une énorme boule de neige. Il l'avait bien mérité !

Lucius ne put s'empêcher de rire à l'évocation de ce vieux souvenir.

C'est vrai pour une fois, je l'avais cherché !

Ca alors : c'est bien la première fois que Lucius Malefoy reconnaît ses fautes, s'exclama Anae. Si c'est ça l'effet mariage, tu aurais dû te marier bien plus tôt, mon cher !

Puisque tu remets ça sur le tapis, alors votre mariage c'est prévu ?

Un grand silence accueillit la question de Lucius. Anae et Severus s'échangèrent un nouveau sourire.

Nous n'avons pas encore fixé de date, commença Severus.

Mais ce sera pour cet hiver, finit Anae.

Ah ah ah, j'en étais sûr !s'écria Lucius.

Rodolphus avait entrepris de remplir de nouveau les verres, puis il leva le sien et proposa de porter un toast.

Aux mariés d'hier, d'aujourd'hui et de demain !

Tout le monde l'imita en levant bien haut sa coupe.

La discussion reprit plus joyeuse et plus animée. On parlait de tout et de rien : en évoquant de vieux souvenirs ou en faisant des projets pour l'avenir.

Une bonne heure s'était écoulée quand Rodolphus donna le signal du départ. Anae voulut se lever mais Lucius l'en empêcha d'un simple regard. Elle retint Severus qui avait commencé à se redresser. Bellatrix et Rodolphus finirent par s'éclipser après leurs longs adieux habituels.

C'est gentil d'être restés encore un petit moment, commença Lucius.

Il y a un problème, Lucius ? demanda Anae.

Non, la rassura-t-il.

En fait, nous avions une faveur à vous demander tous les deux, expliqua Narcissa. Je sais que c'est sans doute un peu tôt, mais nous aimerions beaucoup que vous soyez parrain et marraine de notre bébé. Enfin, si vous êtes d'accord.

Severus et Anae leur adressèrent un grand sourire.

Avec joie, s'exclama Anae.

C'est gentil d'avoir pensé à nous, poursuivit Severus.

C'est que vous êtes les plus aptes, expliqua Narcissa. J'adore ma sœur, mais je ne la vois pas du tout remplir ce rôle, et puis Lucius tenait beaucoup à ce que ce soit vous, et je suis entièrement d'accord avec lui.

Les deux sorcières se tombèrent dans les bras l'une de l'autre.

-Merci beaucoup, chuchota Anae.

-Ce n'est pas à toi de me remercier, Anae, mais plutôt à moi de le faire. Je suis plus tranquille à présent. Je sais que tu veilleras sur mon bébé, si jamais …

- Allons, Narcissa, ne dis pas de bêtises. Arrête de voir le mal partout : pourquoi voudrais-tu qu'il t'arrive quelque chose ?

- Ne l'écoute pas, Anae, intervint alors Lucius. Elle a de ces idées en ce moment … Que veux-tu, il paraît que les femmes enceintes ont de drôles de pensées parfois …

-Vous savez déjà si ce sera un garçon ou une fille ? demanda Anae.

- Non, répondit Narcissa. Ce sera la surprise ; mon maïeutikos le sait, mais je n'ai pas voulu qu'il me le dise.

-Tu as une préférence ?

- Non, par contre Lucius aimerait bien que nous ayons un garçon.

- Un Lucius Junior ! Eh bien, s'il a le même caractère que son père, je te souhaite bien du courage, Narcissa !

Les deux sorcières éclatèrent de rire, rire qui redoubla lorsqu'elles se virent la tête que faisait Lucius. Il s'approcha d'Anae en tentant de prendre un regard vexé, ce qui accentua encore plus le fou rire d'Anae et de Narcissa.

Tu sous-entends quoi exactement ?

Anae eut beaucoup de mal à répondre, car elle était secouée d'un grand éclat de rire.

Très bien, tu as la mémoire courte, je vois ! Je me rappelle pourtant que tu faisais tourner en bourrique tes parents.

Qui ça ? Moi ? Tu en es sûre ?

Oh oui : laisse moi te rappeler quelques vieux souvenirs : la fois où tu es tombé de l'arbre, la fois où tu es tombé dans les escaliers et que tu m'as entraînée dans ta chute, la fois où tu as "retapissé" ta chambre parce que tu avais je ne sais quoi qui avait explosé, la fameuse histoire avec ton furet … Je continue ou tu en as assez ?

C'est bon Anae, j'ai compris.

Lucius s'était rapproché de son amie et il lui assena une grande claque sonore dans le dos, avant d'ajouter d'un ton malicieux.

De toute façon, n'oublie que tu seras marraine, tu auras quand même ton mot à dire …

Je t'arrête tout de suite, Lucius, dit Anae avec un grand sourire. Je serai la gentille marraine ! Celle qui gâtera son filleul !

Tout le monde éclata de nouveau de rire. Narcissa avait les larmes aux yeux et elle s'appuya sur son mari.

Severus et Anae prirent ensuite congé de leurs amis et rentrèrent chez eux.