J'écoute la pluie battre les carreaux du salon, les yeux rivés sur la feuille que Hermione noircie de ces mots. Elle a trouvé le moyen de retrouver le traître qui avait su dérober tant d'informations, trouver celui qui avait jeté ma mère dans les bras de dame la mort, trouver celui qui avait fait de mon père un légume.

Mes yeux glissent sur son écriture et mes membres tremblent littéralement. Je sais que moi aussi je vais devoir boire cette fichue potion, mais c'est un bien pour un mal. Ne pas avoir confiance en qui que ce soit, pouvoir croire un instant que même son meilleur ami peut être le pire des traîtres.

Elle a les yeux qui brillent et sa main continue à parcourir le papier. Puis une intonation et voilà Angelus Fletch, notre labomage attitré qui apporte la fameuse potion. Il l'a tend à Hermione et disparaît au moment même où Harry fait son apparition.

Je ne peux quitter des yeux la petite fiole qui va enfin nous donner la vérité sur ce traître, cet homme indigne de vivre. J'aimerais en arroser tous les passants jusqu'à pouvoir écorcher cette infâme pourriture.

L'un après l'autre, les membres de l'ordre apparaissent et je maudis les retardataires. La décision est prise, nous commencerons sans eux.

Je les vois tous passer, ses hommes qui n'auront ma confiance qu'une fois la substance passée dans leur bouche. Puis, vient le tour de ma famille… j'étais contre le fait de leur faire passer ce test, comme si l'un d'eux auraient pu leur faire ça. Mais eux, tout comme moi, ne veulent pas être traités différemment.

Et puis, il y a Hermione, cette fois pourtant, je ne la regarde pas dans les yeux. Je ne survivrai sans doute pas de savoir que cette fille aurait pu tuer mes parents, et bien d'autres. Je les rouvre enfin, et me sens réellement bête d'avoir pu penser un instant de telles choses.

Et le flacon passe devant moi. Je trempe mes lèvres dedans, réalisant soudainement que ce n'était pas si mauvais que ça, et prend enfin ma lampée. Cette fois, tout s'accélère. Un aura noir autour de moi et des cris d'horreur. Je ne comprends pas… pas pourquoi des baguettes sont pointées sur moi. Pas pourquoi Ginny s'est effondrée… je disparais à mon tour.

Je retrouve les murs de ma cabane et je vomis dans le lavabo. Trop de choses restaient au fond de moi. J'essaie de comprendre. Comprendre comment Hermione a pu faire une telle erreur de calcul. Comment ce labomage a pu se tromper de substance. Car il est clair, que quelque chose n'est pas normal là dedans.

Néanmoins, quelque chose au fond de moi, me dit que peut-être que la seule erreur est moi. Dans ce cas là, je ne peux pas le concevoir, je serais bien la seule cause de la mort de tant de gens.

C'est idiot… je ne suis pas un mangemort… je tue les mangemorts, je ne les aide pas ! Mais qui ira croire cela désormais.

Un claquement le long de ma porte, puis un second plus fort encore. Bien sûr qu'ils m'ont retrouvé. A quoi pouvais-je m'attendre ? Je sors ma baguette de ma poche et la pointe devant moi. Qui que ça puisse être, je saurais l'accueillir comme il se doit.

Mes doigts se referment sur la cliche et j'ouvre la porte le plus rapidement que mes membres tremblants me le permettent. Là, je sens un éclair frapper ma poitrine et me voilà projeté à l'autre bout de la pièce.

Je lève mes yeux brouillés vers la silhouette qui se dessine devant moi et vois à peine la main de Harry jeter ma baguette au loin et se tendre vers moi.

Je la repousse… je le hais… c'est lui le traître… lui et Hermione, ils m'ont tous les deux trahis.

Je me relève en vacillant et le dévisage. Il n'a pas l'air furieux… juste aussi blanc qu'un spectre, il ne laisse rien apparaître d'autre sur son visage. Soudain, ma colère éclate :

- Il a fallu que tu viennes me chercher jusque là hein ? Personne d'autre ne pouvait savoir où j'étais. Personne d'autre à part toi !

- Calme toi Ron…

- Me calmer ! Tu te rends compte de ce que tu me dis là !

- Tu t'énerves après moi alors qu'il n'y a aucune raison à ça.

- Parce que le fait que ce soit toi qui vienne me livrer aux membres de l'ordre n'en est pas une ?

- Qui te dis que je vais te livrer aux membres de l'ordre ? Je suis venu parce que tu ne vas pas bien et qu'étant ton ami, je ne pouvais pas te laisser dans un état pareil après cette nouvelle.

Involontairement, je me retourne dos au mur et pose ma tête le long de mes bras. Les larmes se mettent à rouler toutes seules le long de mes joues, m'offrant de nouveau une sensation que j'avais oublié.

Je sens la main de Harry frapper sur mon épaule et je distingue à peine sa voix me souffler :

- Ron… à t'enfuir de cette manière, tu t'es rendu coupable. Je sais que tu n'y es pour rien, Ginny le sait et Hermione aussi.

- HERMIONE ! C'est elle qui s'est trompée ! C'est à cause d'elle que tout ça arrive !

- Ron… Hermione ne s'est pas trompée.

Ma respiration s'arrête et je me sens de nouveau seul. Comment est-ce possible… comment peut-il me dire une telle chose ?

- Qu'est-ce que tu veux dire par là ?

- Je veux dire que tu as très certainement divulgué certaines informations sans réellement le vouloir. Mais pour être certain de tout ça, tu sais ce qu'il te reste à faire…

- Non…

- Ron… tu en as pour une heure au plus et ensuite, on saura mettre la main sur les personnes qui t'ont fait ça. Et tout sera fini…

- Je n'ai rien fait !

- Je le sais Ron… mais tu veux laisser cette personne libre de ses mouvements au dehors ?

- Je ne veux pas que l'on plonge dans mon esprit comme si j'étais un malfrat ! Je n'ai rien fait pour ça !

- Alors tu veux laisser le loisir à tout le monde de croire que tu es un traître… et laisser ce mangemort sans qu'il soit puni ? Réfléchi bien Ron… Je sais que personne n'aurait souhaité être à ta place mais tu es le seul à pouvoir réaliser ce que toi et ta famille attendez depuis si longtemps.

Le pire, c'est que je sais qu'il a raison. Mais le traitement que l'on me réserve est au dessus de mes forces. Je ne veux pas que l'on rentre dans mon esprit… je sais que j'étais le premier à votre pour le retour de ce procédé contre les malfrats mais jamais je n'aurais pu croire un jour qu'on l'utiliserait contre moi.

Je ne veux pas que l'on viole ma vie privée… pas que l'on sache toutes ces choses qui me font peur…