Chapitre 20 : Juillet

Quelques mois s'étaient écoulés depuis le mariage de Lucius et de Narcissa, lorsque la Marque des Ténèbres brûla en même temps l'avant bras des anciens Serpentards. Ils furent un peu surpris de se retrouver tous les six, mais ils ne laissèrent pas transparaître leur étonnement. Il était rare que Lord Voldemort les convoque tous ensemble. Le Seigneur des Ténèbres semblait être dans une colère noire. Même Anae ne l'avait jamais vu ainsi. Elle crut, l'espace d'un instant, déceler dans le regard de son père comme une lueur de crainte, ce qui l'inquiéta grandement. Les six Mangemorts formaient un arc de cercle autour de leur maître. Anae les regarda successivement, tous semblaient aussi perplexes qu'elle. A peine avait-elle esquivé la pensée de prendre la parole que son père l'en dissuada d'un geste sec. Lord Voldemort dévisagea ses plus fidèles Mangemorts avec une expression indéchiffrable. Désormais, Anae s'attendait au pire. Pourtant lorsque le Seigneur des Ténèbres prit la parole, il le fit d'une voix très calme.

Qui a osé me défier par trois fois ?

Les Mangemorts s'attendaient à tout, sauf à cette question. Mais Anae fut la plus rapide à réagir.

Tellement de monde !

Elle ne put continuer, son père l'interrompit immédiatement.

- Et qui serait sur le point d'avoir un enfant.

Lisant leur incompréhension sur leur visage, Lord Voldemort continua sur le même ton.

Il semblerait que Dumbledore vienne de prendre connaissance d'une prophétie à mon sujet. En effet, celui qui …

Il s'arrêta et étouffa un petit rire dédaigneux.

Celui qui doit me vaincre naîtra à la fin du mois juillet de ceux qui par trois fois m'ont défié. Malheureusement, cet idiot de Wilkes …

Lord Voldemort tourna imperceptiblement sa tête vers un coin obscure de la pièce. Une silhouette gisait à terre, recroquevillée, et sans vie.

… s'est fait remarquer et n'a pas pu en entendre plus …

Le Seigneur des Ténèbres fit une pause, Anae sentait poindre en son père une fureur difficilement contenue.

Alors qui serait susceptible de donner naissance à cet enfant ? gronda-t-il. Afin d'écarter définitivement cette menace …

Narcissa qui devait très bientôt accoucher ne put s'empêcher de frissonner. Elle passa une main sur son ventre très arrondi.

Bellatrix prit alors la parole.

Les Londubat, je crois.

Et les Potter, cracha alors Severus.

Il va donc falloir les surveiller de très près. Je sais que cela ne vous sera pas très facile, Dumbledore doit veiller sur eux. Mais je compte sur vous, est-ce bien clair ? Ne me décevez pas.

Oui, maître, répondirent les Mangemorts en chœur avant de s'éclipser aussi rapidement qu'ils étaient venus.

C'est au début du mois de Juillet que Narcissa accoucha d'un petit garçon. Dès qu'Anae eut reçu le hibou de Lucius qui lui annonçait cette nouvelle, elle se rendit à Ste Mangouste pour prendre des nouvelles de Narcissa et du bébé. La sorcière du bureau des renseignements les envoya, elle et Severus, au troisième étage, quatrième couloir sur la gauche, en sortant de l'ascenseur. Le service de maïeutike résonnait des cris des nourrissons. La sorcière de l'accueil leur indiqua la chambre 428, au fond du couloir.

La porte de la chambre 428 était entre ouverte, Anae passa la tête discrètement dans l'entrebâillement, Lucius lui fit alors un grand signe pour l'inviter à rentrer. Elle poussa sans bruit la porte et entra, suivie de près par Severus.

Narcissa était assise dans son lit, un peu plus pâle que d'habitudes, les traits tirés mais rayonnante de joie. Le sourire de Lucius était tout aussi éclatant, Anae n'avait jamais vu son ami aussi content. Severus et Anae s'empressèrent de féliciter les heureux parents.

Dans son berceau, tout contre le lit de Narcissa, le bébé s'agitait. Narcissa se pencha et le prit dans ses bras. Elle se tourna alors vers Anae et Severus.

Et voilà, je vous présente Drago !

Anae se rapprocha de Narcissa, un grand sourire sur les lèvres. Le bébé avait ouvert ses grands yeux gris. Il s'agitait dans sa grenouillère d'un vert très pâle.

Il a les yeux de son père, commenta Narcissa, tu ne trouves pas ?

Oui, c'est vrai, sourit Anae. Il va faire des ravages, plus tard.

Dans son dos, elle entendit Lucius éclater de rire.

Tu veux le prendre dans tes bras, Anae ? proposa alors Narcissa.

… Je peux ?

Narcissa rit tout doucement et passa Drago à Anae. Elle prit son filleul dans ses bras et le berça tout doucement.

Eh, on dirait que tu as fait ça toute ta vie, lui fit malicieusement remarquer Lucius.

Anae ne répondit même pas. Elle regardait avec attention le bébé qui la fixait avec de grands yeux écarquillés. Severus qui jusqu'à maintenant était resté un peu en retrait, se rapprocha d'Anae et du bébé. Il lança un tel regard à son amie qu'Anae se sentit rougir comme une adolescente. Bercé dans les bras de sa marraine, Drago finit par s'endormir et Anae le coucha dans son berceau.

Lucius et Severus sortirent quelques instants pour aller chercher quelque chose à boire. Anae se laissa tomber dans un fauteuil en soupirant. Narcissa la dévisagea d'un drôle d'air.

Ca va ? Anae ? Tu es toute pâle, je trouve.

Voyant la mine inquiète de Narcissa, Anae s'empressa de la rassurer.

Eh, ne t'en fais pas. Je suis juste fatiguée en ce moment, c'est tout. Je dors mal, et je ne suis pas toujours dans mon assiette… Ca va passer.

A ce moment, un éclair de compréhension brilla dans les yeux bleus de Narcissa, et son rire cristallin s'envola.

- Oui, ça va passer … dans neuf mois !

Anae faillit s'étrangler, interloquée, elle regarda Narcissa, tout en se mettant à rougir comme une pivoine.

Allons, ne dis pas de bêtises !

Eh, je suis passée par là, je parle en connaisseuse de cause.

Anae était pensive, ce qui redoubla l'hilarité de Narcissa.

Tu le sauras très vite, ajouta la nouvelle maman.

Entendant les voix de Lucius et de Severus dans le couloir, Anae fit jurer à Narcissa de taire la conversation qu'elles venaient d'avoir. Narcissa acquiesça alors que la porte de sa chambre s'ouvrait pour laisser entrer les deux sorciers, des tasses de thé fumantes dans les mains.

Le mois de juillet touchait à sa fin, Anae avait profité de l'absence de Severus pour se rendre à Londres. Elle avait obtenu un rendez-vous avec le maïeutikos que Narcissa lui avait conseillé. La rue où elle s'engagea était complètement déserte à cette heure-ci, et personne ne la vit passer eu travers de la vitrine d'un magasin fermé depuis longtemps.

Anae se retrouva dans un hall d'entrée où quelques sorciers et sorcières patientaient en attendant qu'un guérisseur vienne les examiner.

Sans hésiter, Anae se dirigea vers le comptoir des renseignements, la vieille sorcière dodue envoya Anae au troisième étage, quatrième couloir sur sa gauche en sortant de l'ascenseur. Elle se retrouva dans l'ascenseur aux côtés d'un sorcier qui disparaissait sous des touffes de poils violets et jaunes et qui poussait des couinements suraigus. Elle arriva au troisième étage et les portes se refermèrent sur le sorcier qui couinait. Elle tourna à gauche et compta les couloirs qui s'ouvraient devant elle. De certains sortaient de drôles de cris. Elle s'engagea dans le quatrième. Ici tout était calme et désert. La salle d'attente était vide, les magazines bien empilés sur une table basse d'un rose très pâle. Au mur, diverses affiches colorées vantaient les mérites de diverses crèmes et produits pour bébés. Anae se dirigea vers le petit bureau marqué « Accueil, Renseignements ». Une jeune sorcière, qui devait avoir l'âge d'Anae, lisait un magasin en attendant d'éventuels patients. En voyant s'approcher Anae, elle ferma vivement son « Sorcière Hebdo » et lui lança un sourire bienveillant.

Bonjour, dit Anae, j'avais rendez-vous avec le guérisseur Sokratos.

Oui, oui, le rendez-vous de 10h30 ?

Oui.

Bien, il vous attend, suivez-moi.

La sorcière se leva, elle réajusta son chignon tout en conduisant Anae dans le service.

L'entrevue avec le guérisseur fut brève, il lui annonça que ses résultats lui parviendraient par hiboux sous quarante-huit heures.

En sortant du bureau de Sokratos, Anae tomba nez à nez sur la petite famille Malefoy. Narcissa ne parut pas du tout surprise de voir Anae, elle lui adressa un petit clin d'œil complice, par contre Lucius n'en revenait pas.

Anae ? s'exclama-t-il. Mais que fais-tu ici ?

La jeune sorcière soupira, résignée et chercha Narcissa du regard comme pour lui demander de l'aide. Lucius surprit cet échange de regards.

Ne me dis pas que …Et toi, ajouta-t-il en se tournant vers sa femme, tu le savais et tu ne m'as rien dit ?

Ne blâme pas Narcissa, Lucius. Je lui avais fait jurer de ne rien dire ! Et puis de toute façon, pour le moment, y a rien à dire !

Attends, si tu es ici, c'est que tu …

Anae l'interrompit aussitôt.

Lucius, rien n'est sûr … Je serai bientôt fixée.

Et Severus ? Il est …

Non, il ne sait rien, et s'il te plaît, Lucius, supplia Anae. Ne dis rien pour le moment, je ne lui en parlerai que s'il y a quelque chose à lui apprendre …

Elle lui lança un tel regard qu'il ne put qu'acquiescer.

Bon, je dois y aller ! De toute façon, on se voit demain !

Un sourire maléfique se dessina alors sur les lèvres de Lucius.

La nuit était tombée depuis belle lurette, la lune énorme se levait au dessus de l'horizon. Le sommeil, une nouvelle fois, fuyait Anae. Couchée sur le dos, elle se repassait le fil de la journée qui s'était achevée. Elle écoutait la respiration paisible de Severus qui dormait à ses côtés. N'y tenant plus, elle déposa un rapide baiser sur son épaule nue et se leva sans bruit. Elle s'appuya sur le rebord de la fenêtre, le vent brûlant de cette nuit d'été venait jouer dans ses cheveux.

Je t'ai réveillé ?

Non, lui répondit Severus, qui venait de la rejoindre. Ca ne va pas ?

Si si, ne t'inquiète pas !

Anae savait qu'il lui était difficile de lui cacher quoique ce soit.

Ne fais pas ça, s'insurgea-t-elle soudain. J'ai horreur quand tu essayes de voir en moi …

Désolé, mais tu m'inquiètes, tu es bizarre depuis quelques temps.

C'est rien, ça va passer.

Sûre ?

Oui !

Ils restèrent silencieux un instant, enlacés.

Dehors, la pleine lune avait pris une teinte rouge sang. Anae remarqua cette couleur et ne put empêcher un long frisson de la parcourir.

Que se passe-t-il, lui demanda Severus.

La lune est mauvaise ce soir, mon amour…

Ne dis pas de bêtises …

Tout ce rouge … j'ai comme un mauvais pressentiment.

De nouveaux frissons parcoururent tout le corps d'Anae et malgré le souffle chaud de la brise d'été, elle frissonna.

Mais tu es glacée…

Je …

La peur étreignit soudainement Anae, comme si une main glacée comprimait tout à coup son cœur.

Eh, je ne t'ai jamais vue ainsi, Anae, que se passe-t-il ?

Je n'en sais rien, répondit-elle misérablement.

Severus la souleva et Anae poussa un petit cri de surprise.

Mais que fais-tu ?

Je fais te faire oublier toutes ces idées noires … répondit-il avant de l'embrasser.

Il la porta jusqu'à leur lit et couvrit son corps de baisers ….