Hop, me revoilà avec une réponse à un défi de Zoomalfoy, dont voici l'intitulé (texto) :
Rating : M
Couple : HPDM
Genre : UA (Univers Alternatif.)
Résumé : Draco Malfoy, lycéen de 17 ans, tombe sous le charme de son nouveau professeur de Lettres, Harry Potter, âgé de 24 ans.
Il devra faire face au désaccord musclé de son père, à la moralité de son amoureux et à l'ancien petit ami de ce dernier, bien décidé à le récupérer.
IL N'Y A PAS DE MAGIE. L'HISTOIRE DOIT SE SITUER DANS LE MONDE MOLDU.
Aucunes contraintes mis à part qu'ils doivent finir ensemble et que Draco doit être ignoble avec Harry au début de l'année.
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Disclaimer : Je ne m'appelle ni JKR (pour avoir créé ces merveilleux personnages), ni Zoomalfoy (pour avoir pondu cette superbe idée de scénar). En revanche, l'histoire et la rédaction sont à moi (et ce n'est pas forcément le mieux là dedans !).
Avertissement : ceci est un slash, je répète, ceci est un slash ! Si les histoires traitant de l'homosexualité vous rebutent ou vous choquent, vous n'avez rien à faire ici, et votre absence ne me pèsera pas, bien au contraire. Voilà. Maintenant qu'on est entre gens civilisés, je rappelle tout de même que le rating M implique des scènes choquantes, de violence ou de sexe, et un langage parfois cru. Vous savez donc où vous mettez les pieds.
Note de l'auteuze :Et voilà, nous y sommes. Voici les deux derniers chapitres de « Cher journal ». Un conseil, lisez vraiment les deux chapitres à la suite, le 69 seul risque de vous sembler un peu trop simpliste. Bonne lecture !
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RAR : Les réponses aux reviews non signées sont sur mon blog, comme d'habitude.
Remerciements : à POL pour ses corrections et sa relecture avisée de cette histoire, et pour son soutien aussi ; à Ana, Bady, BN et Eva, pour leur soutien et leur amitié. Je vous aime.
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Cher journal (chronique d'une dernière année)
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Le ventilateur de plafond bruissait doucement et ses pales de bois brassaient un air lourd et humide dans la chambre que Draco avait loué au Richelieu, donnant au lieu une atmosphère étrange, à la fois paisible et paradoxalement étouffante. Le jeune homme était étendu sur le lit, ridiculement grand pour une seule personne, et fixait un point invisible quelque part entre le mur en face de lui et le plafond. Il n'avait pas quitté cette position depuis son retour de Garden District et sous des dehors calmes, au fond de lui se dissimulait une tempête d'émotions.
Après un long moment de contemplation éperdu, après un long voyage intérieur et après avoir revécu un million de fois les dernières vingt-quatre heures, Draco n'eut que la force de murmurer pour lui-même :
« Mais qu'est-ce qui m'a pris ? »
Seuls les bruits de la rue au dehors lui répondirent.
La Nouvelle-Orléans…Dès que Draco avait posé le pied sur le sol de cette ville, il en était irrémédiablement tombé amoureux – Nul doute qu'une des raisons était parce que cela faisait partie de Harry, bien sûr. Nul doute qu'un deuxième motif consistait en le symbole d'une ville de retrouvailles, d'un avenir naissant... Mais pas seulement… Car, au-delà, dès la première seconde, il s'était senti attiré par le climat si particulier de la Louisiane, inexistant nulle part ailleurs dans le monde. Ce n'était pas réductible à une question de latitudes, de conditions climatiques ou de n'importe quel autre phénomène tangible. Il est de ces villes qui n'ont pas leur pareille au monde, qui ont leur propre identité, façonnée par l'Histoire et leurs habitants, des villes vivantes, des villes dotées d'une âme...La Nouvelle-Orléans était de celles-ci, et Draco avait tout de suite été sensible à l'atmosphère dégagée, au chant de la ville, à ce que ses citoyens en avaient fait.
Cela l'avait d'ailleurs surpris – l'excentricité mieux contrôlée de villes comme Londres ou New-York lui était plus familière, et la folie de la Nouvelle-Orléans aurait dû le déstabiliser de prime abord. Toutefois, étonnamment, il n'en était rien, et l'ambiance à la fois fébrile et languide de cet endroit l'avait immédiatement séduit. Cela ne faisait même pas vingt-quatre heures qu'il était arrivé, et déjà, il savait qu'il aurait du mal à repartir, à rompre le charme de lui-même…
Pourtant…pourtant, ce soir, Draco se demandait sérieusement s'il ne devait pas rentrer à Londres tout de suite. Retrouver l'Angleterre et sa fraîcheur rassurante, ses amis qui étaient tous là-bas. Et qui l'attendaient, eux. Le jeune homme soupira – presque un sanglot dissimulé. Dans son esprit régnait la plus grande confusion, et il ne savait pas si ce qui s'était passé à Garden District était une mauvaise chose ou non.
Lorsqu'il était arrivé plus tôt dans la matinée, toutes ces questions ne se posaient même pas. Bien sûr, à ce moment-là il était nerveux, mais il était surtout impatient de retrouver Harry. Et très fatigué. Il s'était rendu à l'hôtel en taxi, sans prendre la peine de visiter la ville, et s'était jeté sur son lit dès qu'il avait passé la porte de sa chambre – d'ailleurs, ses bagages n'étaient pas encore ouverts. Quand il s'était réveillé, il s'était aperçu avec effarement que les heures avaient filé à une vitesse impressionnante, et que l'on était déjà en début de soirée. S'il s'était écouté, il se serait sans doute précipité chez Harry dans l'instant, sans prendre le temps de faire quoi que ce fût d'autre. Il lui avait fallu recourir à toute sa maîtrise pour se calmer et se rendre un peu plus présentable qu'il ne l'était en se réveillant.
A présent il se disait avec une sombre ironie que pour ce que cela lui avait servi, il aurait probablement aussi bien fait de s'abstenir. Il aurait également mieux valu pour lui qu'il ne rencontre pas cette femme, Marlene, et qu'il n'ait jamais su où Harry était allé. Cela lui aurait sûrement évité cette douloureuse scène à la piscine et cette terrible humiliation. Harry l'avait repoussé – et cela lui avait fait mal, tellement mal…
Draco jeta un œil à sa montre. Vingt-deux heures passées. En Angleterre, il devait être aux alentours des quatre heures du matin et tout le monde devait déjà dormir. Pourtant, il n'hésita que quelques secondes avant de saisir le combiné du téléphone et de demander à la réception de le mettre en communication avec Brighton. La sonnerie résonna longtemps à son oreille, si longtemps qu'il était sur le point de raccrocher lorsqu'une voix endormie lui répondit enfin. Tonks.
« Nymph ? C'est Draco » chuchota-t-il irrationnellement – après tout, il venait de la réveiller, et sans doute avec elle le professeur Longbottom. Tenter d'être discret alors qu'il était lui-même seul dans sa chambre relevait de l'illogisme le plus complet, mais Draco avait du mal à rester cohérent.
« Draco ? » Bredouilla la voix embrumée de Nymphadora. « Qu'est-ce qu'il se passe ? »
Le jeune homme soupira de soulagement. Nymphadora allait toujours à l'essentiel et ne s'encombrait jamais de questions inutiles comme la politesse ou le fait qu'on fût en plein milieu de la nuit et que personne de décent n'appelait jamais à une heure pareille.
« Est-ce que je pourrais parler à Milli, s'il te plait ? » Demanda-t-il d'une voix suppliante. « J'ai besoin de lui parler. »
« C'est pas le bon numéro » marmonna la jeune femme en étouffant un bâillement, et Draco se frappa mentalement pour avoir oublié que sa meilleure amie avait une ligne privée. « Mais de toute façon, elle est chez Joanne » ajouta Nymphadora d'une voix somnolente. « Il s'est passé quelque chose avec Harry ? »
« Oui » souffla Draco, mal à l'aise – Dieux, que c'était embarrassant.
Il n'avait jamais eu l'intention de discuter de ça avec Nymphadora – c'était la meilleure amie de Harry, et la situation était vraiment trop surréaliste. Pourtant, connaissant la jeune femme, elle n'allait pas manquer de lui demander des détails.
« Raconte. »
Et voilà. Ca n'avait pas manqué – Nymphadora était capable d'arracher des confidences à n'importe qui en un seul mot, alors Draco soupira, résigné, et raconta. Tout. L'impatience fébrile qui l'avait saisi dès le moment où il s'était réveillé, le désarroi de ne pas trouver Harry chez lui lorsqu'il avait sonné à sa porte, le soulagement quand Marlene, sa voisine, lui avait dit où il était. Puis, plus tard, les battements effrénés de son cœur en payant l'entrée de la piscine et la location du maillot de bain, et plus encore en poussant la porte vitrée qui menait au bassin carrelé de mosaïques. Les souvenirs qui l'avaient assailli en constatant que la pièce était vide, et que Harry était là, seul, et qu'il nageait tranquillement, comme à l'époque où ils étaient encore tous les deux à Hogwarts et qu'ils étaient seuls au monde à partager ce secret. L'amour déraisonné qu'il avait ressenti à ce moment-là en le voyant, si intense qu'il avait cru s'évanouir, si fort qu'il avait pensé mourir. Le désir violent qui l'avait envahi avant même de le toucher, qui l'avait étreint plus fort lorsqu'il s'était retrouvé dans ses bras. Le sentiment d'être enfin à sa place tout contre lui.
Puis la phrase malheureuse de Harry, celle qui avait tout gâché. « J'étais un peu trop angoissé, je crois ». La phrase qui avait fait ressurgir toutes ses peurs et sa jalousie, celle qui l'avait fait se comporter comme un sombre idiot, qui l'avait poussé à le provoquer et à lui faire mal. La colère aussi, devant le manque de réaction de Harry, qui n'avait pas su le rassurer, qui lui avait une fois de plus opposé sa raison et sa morale, alors qu'ils auraient dû être tout sauf raisonnables. L'évidente et terrifiante incompréhension entre eux. Et puis, sa fuite, à lui, qui n'avait plus supporté de courir après un garçon dont il ne savait même plus s'il le désirait encore.
Un bref silence suivit la confession de Draco, et son improbable confidente poussa un long soupir.
« Tu as bien fait » dit-elle finalement d'un ton sérieux, et le jeune homme manqua s'étouffer de surprise.
« Qu'est-ce que tu dis ? » S'étrangla-t-il, décontenancé. « J'ai eu raison de partir ? »
Il avait bien fait ? C'était bien la dernière chose qu'il s'attendait à entendre de la part de Nymphadora Tonks. La jeune femme bâilla de nouveau bruyamment et répondit :
« Je pense, oui. »
« Mais…je…quoi ? »
« Harry a besoin qu'on le secoue un peu » expliqua Nymphadora. « Comme tu lui as dit, depuis le début, c'est toi qui fais tous les efforts, c'est toi qui es venu le chercher, qui l'as séduit, qui lui as montré tes sentiments. Lui, finalement, il n'a fait que se laisser porter par les événements, sans réellement avoir de prise sur eux. Même s'il a essayé de résister au départ. En fait, je crois même que s'il s'est éloigné sans chercher à se battre pour toi, c'était autant pour ta propre sécurité que pour la sienne – je veux dire, en te fuyant, il avait une prise sur ce qu'il se passait entre vous. Une espèce de contrôle, si tu préfères. »
« Je ne comprends pas très bien » murmura Draco, confus.
« Mais si, c'est très simple » affirma la jeune femme avec un sourire dans la voix. « Enfin, je trouve personnellement qu'il se complique beaucoup la vie, mais en définitive, ce n'est pas bien difficile à comprendre. » Elle s'interrompit pour bâiller une nouvelle fois, puis reprit. « Merde, je suis pas claire, là, je crois. Désolée, je suis crevée. »
« C'est rien » marmonna le garçon blond, gêné. Evidemment qu'elle était crevée, elle avait probablement travaillé tard au pub, et lui, il venait l'ennuyer en pleine nuit avec ses problèmes de cœur. Il se sentait vraiment très con, tout à coup.
« Quoi qu'il en soit » poursuivit Nymphadora comme si de rien n'était. « Tu as bien fait de partir et de le confronter à ce qu'il veut vraiment. C'est à lui d'agir, maintenant. Ca va lui faire du bien de se bouger un peu et de faire le premier pas, pour une fois. »
« Mais… » Demanda Draco, désemparé. « Et s'il décidait de ne pas venir, finalement ? »
« Alors tu auras le droit de venir chez lui, de lui coller ton poing dans la gueule et de lui dire qu'il n'est qu'un abruti » répondit la jeune femme avec un petit rire. « Mais ne t'en fais pas – il t'aime, tu sais. Vraiment. »
Draco ne demandait qu'à la croire – et il espérait sincèrement qu'elle avait raison. Il espérait surtout que Harry ne se déroberait pas une nouvelle fois. Il n'était pas certain d'être capable de supporter cela une fois de plus.
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« Harry, tu es un abruti » déclara Nymphadora, péremptoire, lorsque Harry décrocha le téléphone. « Joyeux anniversaire, au fait. »
« Tu me réveilles à sept heures du matin pour me traiter d'idiot ? » S'insurgea le jeune homme brun, l'esprit encore dans un brouillard de sommeil et le corps encore empêtré dans ses draps. « On peut savoir ce qu'il te prend ? »
C'était bien sa meilleure amie – du genre à vous tirer du lit alors que vous parveniez tout juste à vous endormir, après une nuit blanche à se torturer l'esprit.
« Il me prend, mon chou » répondit sa meilleure amie d'une voix sévère, « qu'une fois de plus tu as joué au con. Draco m'a appelée cette nuit. »
« Il t'a raconté. »
Ce n'était pas une question – Harry savait très bien que Nymphadora aurait fait cracher le morceau à n'importe qui à propos de n'importe quoi, ou presque. Il n'y avait pas de raison que Draco fît exception à la règle.
« Qu'est-ce qu'il t'a dit ? » Reprit-il en attrapant maladroitement son paquet de cigarettes posé sur la table de chevet.
« A peu près tout, je crois » répondit la jeune femme. « Mais j'aimerais avoir ta version de l'histoire. »
« Je ne sais pas, Tonks » soupira Harry en exhalant la fumée âcre de sa cigarette. « Je ne vois pas ce que je peux te dire à propos de ça. Je veux dire » s'expliqua-t-il, « il est arrivé, et j'étais complètement tétanisé, tu comprends. J'étais tellement…je sais pas. Emu ? En tout cas ça m'a paralysé, j'en ai perdu tous mes moyens. J'ai essayé de lui faire comprendre que tout ça m'angoissait un peu trop, histoire qu'il ne se formalise pas de mon manque de réaction. Et là…je ne sais pas pourquoi, il a totalement changé de comportement. »
« Comment ça ? »
« Bordel, Tonks » s'énerva Harry. « Tu sais très bien ce que je veux dire. Il t'a raconté, non ? Il a voulu m'allumer – comme si je ne l'étais pas déjà assez – et quand j'ai essayé de lui dire que s'envoyer en l'air dans une piscine publique n'était pas l'idée du siècle, il s'est mis en colère et il s'est barré en disant que lorsque je saurais ce que je veux, je n'aurais qu'à venir le voir. »
« C'est vraiment ça que tu as compris ? » Fit Nymphadora d'un ton incrédule. « Sérieusement, c'est ça que tu as compris ? »
Harry hésita quelques instants avant de répondre. Non, ce n'était pas ça qu'il avait compris – enfin, si, en partie, mais il n'y avait pas que cela. Seulement, il n'était pas sûr d'avoir correctement interprété l'attitude de Draco – il avait toujours eu beaucoup de mal à comprendre le garçon blond. De toute façon, il n'était plus sûr de rien, désormais.
« Tu lui as dit que j'avais couché avec d'autres mecs » préféra-t-il dire, d'une voix accusatrice. « Putain, Nymph, comment t'as pu faire ça ? »
« Ah, parce que tu aurais aimé qu'il ne soit jamais au courant ? » S'étonna faussement la jeune femme d'un ton agressif.
« Bien sûr que si ! J'aurais simplement préféré lui apprendre moi-même, ça te semble si aberrant ? » Répliqua Harry, furieux.
« Avant ou après avoir couché avec lui ? » Rétorqua Nymphadora, acerbe.
« Alors ça, c'est vraiment mesquin, Tonks » siffla le jeune homme. « Si tu n'as pas d'autres amabilités à me balancer à la figure, je crois que je vais te laisser avant de vraiment m'énerver. »
Il était vraiment en colère à présent. Il écrasa rageusement sa cigarette à moitié consumée dans le cendrier et s'apprêtait à raccrocher lorsque la voix de son amie se fit de nouveau entendre.
« Attends » fit-elle, penaude. « Pardon. Excuse-moi, je ne voulais pas dire ça… »
« Je sais » soupira Harry en se renfonçant dans ses oreillers et en calant le combiné de téléphone contre son épaule. « De toute façon moi non plus, je ne suis pas de très bonne humeur, aujourd'hui… »
« Tu m'étonnes » murmura la jeune femme. « J'imagine que t'as pas dormi de la nuit, en plus…Qu'est-ce que tu vas faire, alors ? »
Harry se ralluma une cigarette et en inspira une longue bouffée avant de répondre :
« Je vais peut-être attendre que ma meilleure amie m'appelle pour me souhaiter mon anniversaire et lui demander conseil… » lança-t-il dans un sourire nettement perceptible sur la ligne. Nymphadora ne releva pas et le brun revint aussitôt à ses préoccupations. « Si seulement je savais ce qui l'a mis tellement en colère…Je veux dire » précisa-t-il, « on aurait dit qu'il s'imaginait vraiment que je ne voulais plus de lui…Alors que tout ce que j'aurais voulu, c'était qu'on s'en aille de cette foutue piscine pour aller chez moi. »
« Il s'est senti en danger » dit doucement Nymphadora. « Il sait ce qu'il peut se passer quand tu fais des crises d'angoisse, alors il a eu peur, c'est normal…Il a cru que tu ne le désirais plus, et il a mal réagi. Tu sais, on a tendance à l'oublier, mais il n'a que dix-huit ans – et d'après Milli, tu es le premier garçon dont il tombe amoureux. La première personne dont il soit amoureux, en fait. Il ne doit pas trop savoir où il en est par rapport à tout ça… »
Son amie avait raison, réalisa Harry. Depuis le début, Draco avait toujours tout fait pour le rassurer quant aux sentiments qu'il lui portait, mais lui…Lui, au contraire, avait toujours repoussé ses avances, alors même qu'il crevait d'envie d'y céder. A l'origine, il avait invoqué la question morale, et il était toujours convaincu qu'il avait bien fait de ne pas engager de relation tant que Draco était encore mineur…Mais maintenant, il se rendait compte qu'en réalité, c'était plus une façon de se protéger lui-même.
Depuis le début, il s'était laissé guider par la peur – de revivre la même histoire qu'avec Colin, de créer la même dépendance qu'avec Fred, de souffrir une fois de plus. Une fois de trop, peut-être. A force de chercher à le retenir sans jamais y parvenir, Draco en avait eu assez de faire des efforts pour rien et de le voir lui glisser constamment entre les doigts. C'était normal. N'importe qui se serait lassé bien avant à sa place, mais pas Draco. Contrairement à tout ce qu'il avait cru au début, Draco ne s'était pas laissé repousser, Draco l'avait attendu, et il était revenu le chercher. Encore. Et encore. Et encore.
Peut-être était-ce à lui, à présent, d'aller chercher Draco.
« Tu as raison » murmura-t-il à sa meilleure amie. « C'est à moi de prendre mes responsabilités maintenant – il en a bien assez fait. »
« De toute façon » fit Nymphadora, pragmatique, « quoi que tu décides, il va falloir que vous parliez sérieusement avant de faire quoi que ce soit – il ne va pas forcément être d'accord, d'ailleurs » remarqua-t-elle avec un petit rire.
Harry sourit et chuchota en guise de réponse :
« S'il a su insister auprès de moi tout ce temps sans se lasser, je pense que je devrais en être capable aussi… »
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Evidemment, c'était plus facile à dire qu'à faire – Harry avait beau avoir pris sa décision, il ne savait toujours pas de quelle manière s'y prendre. Après tout, il avait blessé l'adolescent, et venir lui parler si tôt après leur dispute de la veille lui vaudrait peut-être se faire jeter sans ménagement. D'un autre côté, s'il attendait une heure de trop, Draco était susceptible de se vexer, de penser que Harry n'en avait finalement que faire de lui, et cela le blesserait encore plus. Il soupira – le garçon pouvait être si compliqué parfois…Mais sans doute était-ce lui qui se cherchait encore des excuses.
Le jeune homme brun se morigéna avec sévérité. Cela ne servait à rien de tergiverser – quoi qu'il fît, il y avait toujours un risque de se tromper. Il y aurait toujours un risque à prendre et toujours des choix à faire. La seule vraie question devenait donc : Draco valait-il ce risque ? Il connaissait déjà la réponse. Alors il s'étira de son canapé, s'alluma une cigarette, mit en route son répondeur – peu importait le nombre d'amis qui l'appelleraient aujourd'hui, il n'était là pour personne. Puis il attrapa ses clés et sa veste, et sortit de chez lui.
L'hôtel Richelieu n'était pas loin, à deux rues à peine de Bourbon Street. Harry se dit qu'il aimerait y aller à pieds, et que peut-être, ensuite, il inviterait Draco à prendre le petit-déjeuner au Café du Monde. Le ciel était clair et dégagé, l'air pas encore alourdi par la chaleur et la pollution, et en cet instant, la seule chose dont Harry avait envie était de partager un café au lait et des beignets sur la terrasse du légendaire établissement avec la seule personne qu'il désirait. Il s'autorisa un peu d'optimisme et une pensée fugace lui traversa l'esprit : une matinée parfaite pour des retrouvailles parfaites.
Mais comme toujours lorsque l'on désire quelque chose si fort que l'on est persuadé qu'on va l'obtenir, rien ne se déroula comme il l'avait escompté. Le réceptionniste de l'hôtel lui fit un charmant sourire et l'informa d'une voix désolée que Monsieur Malfoy avait quitté l'établissement un peu plus tôt dans la matinée, pour visiter la ville, et qu'il ne reviendrait probablement pas avant le début de la soirée. Voulait-il lui laisser un message ? Harry secoua la tête, résigné, et sortit de l'hôtel.
Qu'allait-il faire, à présent ? Retourner chez lui et attendre que la nuit tombe pour réessayer de parler à Draco ? Passer sa journée dans le jardin à peindre ? Rejoindre Romilda et Marlene pour le déjeuner comme elles le lui avaient proposé ? Rien de tout cela ne le tentait – il était presque sûr de se remettre à tourner en rond comme un fauve dans une cage avant midi. Alors il décida d'aller prendre son petit déjeuner au Café du monde, ainsi qu'il l'avait prévu – il serait seul, mais qu'à cela ne tienne – puis d'occuper sa journée à se promener. Peut-être irait-il manger des écrevisses pour le déjeuner, ou bien prendrait-il un sandwich au bord du fleuve.
Curieusement, il se sentait incroyablement serein – depuis le moment où il avait été sûr de son choix, en réalité. C'était un sentiment étrange, mais Harry ne chercha pas à réfléchir, pour une fois. Il avait l'intuition que tout se passerait bien cette fois-ci, que les problèmes qu'il rencontrait pour communiquer avec Draco seraient résolus. Simplement parce qu'il avait pris sa décision. Dès lors qu'il savait quoi faire, tout irait bien. Et à présent, il savait. Il n'y aurait plus de problèmes – du moins, pas de cet ordre-là.
Et comme le destin prend toujours un malin plaisir à vous confronter à des situations que vous n'attendiez plus, Harry revit Draco bien avant la tombée de la nuit.
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Comme de tout ce qu'il avait pu voir de la Nouvelle-Orléans, Draco tomba éperdument amoureux de la cathédrale Saint Louis, la blancheur immaculée de ses murs et ses trois clochers hauts et pointus qui dominaient Jackson Square. Aussi, lorsque fatigué d'arpenter la ville, et alors que le soleil déclinant projetait l'ombre démesurée de la statue d'Andrew Jackson dans l'allée principale du parc, il vit la bâtisse se dresser au bout de son chemin, le jeune homme ne put résister à l'envie de pousser ses lourdes portes et d'y pénétrer silencieusement.
La fraîcheur de l'endroit, après l'implacable chaleur de cette fin d'après-midi, était une véritable bénédiction – en dehors de toute considération religieuse, songea-t-il avec ironie – et il l'accueillit avec bonheur. Il n'avait jamais été très attiré par les lieux saints, hormis pour l'intérêt architectural de certains d'entre eux. Ses parents, excentricité minime mais notoire pour des gens de leur classe sociale, n'étaient pas croyants et surtout n'avaient jamais été très assidus aux offices religieux. Et Draco n'avait jamais assisté à une messe, à l'exception de mariages ou d'enterrements.
Pourtant, la sérénité du monument l'apaisa inexplicablement, dès lors qu'il s'avança dans la nef. Ce n'était pas dû à un quelconque sentiment mystique – mais cette atmosphère hors du temps possédait un je-ne-sais-quoi d'indéfinissable qu'il n'était pas certain de retrouver ailleurs. La cathédrale était vide, et le seul bruit que Draco entendit fut l'écho de ses pas qui résonnait faiblement sur le sol carrelé de noir et de blanc. Cédant à une étrange impulsion, le jeune homme fit un rapide signe de croix, par réflexe plus que par conviction, puis alla s'asseoir sur un banc à l'écart de l'allée principale.
Il ne sut pas exactement combien de temps il resta ainsi, sans réfléchir et appréciant seulement le silence, laissant son regard errer au hasard dans l'église, se poser de temps en temps sur un vitrail ou une statue pour les contempler quelques secondes. Longtemps, probablement – le soleil était déjà bas lorsqu'il était arrivé, et il jetait désormais ses derniers feux comme autant de flaques de couleur sur le sol de la cathédrale. Un effet de son imagination, sans doute, mais il lui sembla un moment que toute l'église devenait rouge. Draco ferma les yeux un instant. Peut-être quelques minutes. Il ne savait pas.
Toute la journée, il n'avait cessé de penser à Harry. A ce qu'il s'était passé la veille dans cette piscine dissimulée au cœur de Garden District, à ses mots qui avaient sûrement blessé Harry, aux silences de ce dernier, silences qui l'avaient encore plus blessé, lui. Il espérait tellement que le jeune homme brun vienne le retrouver ce soir, demain, peu importait, mais il voulait qu'il vienne – tellement fort que ses lèvres formèrent silencieusement une vague prière à un dieu qu'il ne connaissait pas, et dont ses maigres connaissances en matière de religion lui avaient appris qu'il n'y avait pas de salut pour les gens comme lui. Un geste inutile donc, mais sincère.
Lorsqu'il rouvrit les yeux, Harry était à côté de lui, et il lui souriait de ce sourire un peu incertain et un peu triste qu'il aimait tant. Sa présence semblait tellement irréelle – il ne l'avait pas entendu arriver, n'avait pas même senti sa présence – que Draco crut se trouver en face d'une apparition ; alors il leva lentement la main, presque timidement, pour s'assurer que Harry était bien là, assis sur ce même banc que lui. Ses doigts effleurèrent la joue lisse du brun et il frissonna au contact de cette peau si douce. Ce n'était pas un mirage…Son cœur se gonfla brusquement de joie.
« Tu es venu » souffla-t-il en plongeant son regard gris dans celui de Harry.
Bien sûr, c'était un hasard, Harry ne pouvait pas savoir qu'il serait ici – sauf s'il avait passé la journée à le chercher dans la ville, mais Draco en doutait. Pourtant le jeune homme lui sourit, un peu plus franchement, et son sourire sembla illuminer la cathédrale.
« Oui » répondit-il doucement. « Je suis venu. Et toi ? Est-ce que tu vas venir chez moi ce soir ? »
Alors Draco sourit à son tour et hocha la tête.
« Oui » chuchota-t-il. « Je vais venir. »
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Ils ne surent pas exactement comment ils rentrèrent chez Harry, ni combien de temps ils mirent pour y arriver. A peine quelques minutes, probablement – la maison n'était pas loin. Ils n'avaient pas parlé non plus, parce qu'il n'y avait rien à dire pour le moment – les explications, les mises au point viendraient plus tard. On aurait pu croire que le trajet s'était fait en silence à cause de leur nervosité. On aurait pu croire que la distance entre eux était le reflet d'une tension pas encore résolue . Mais ce n'était pas le cas. Alors qu'ils remontaient St Ann Street, Harry avait attrapé la main de Draco et l'avait serrée dans la sienne – et cela voulait dire bien plus que tous les discours du monde.
A présent, ils étaient dans la chambre de Harry, sans trop savoir quoi faire, sans trop savoir que dire – mais leurs mains ne s'étaient pas lâchées, pas encore. Un peu comme si chacun d'entre eux craignait de s'éloigner, de peur que tout ceci ne soit encore qu'un rêve – un de plus, un qui ferait bien plus mal que les précédents. Un peu comme si la main de l'autre était la seule preuve tangible qu'ils étaient bien là, dans cette chambre. Ensemble.
Pourtant…
Pourtant Harry finit par s'éloigner, lentement, presque timidement, après une dernière et brève pression sur la main de Draco. Silence dans la petite pièce, presque inconfortable, presque trop tendu, mais pas tout à fait. Pas encore. Puis la musique, sur un vieux tourne-disque qui crachotait ses notes de jazz tremblantes dans l'air lourd et humide de la maison. Tremblantes comme les mains de Draco, comme les lèvres de Harry. C'était peut-être trop, c'était peut-être cliché d'écouter du jazz pour leur première nuit ensemble à la Nouvelle-Orléans, mais cela leur sembla parfait.
Puis, comme un signal…
Harry se dévêtit le premier, en silence. Calmement, presque méthodiquement, sans chercher à séduire, comme on se jette d'un pont – le premier pas, s'était-il dit. Il s'était promis de le faire, pour Draco, alors il le faisait. C'était à ce prix-là, n'est-ce pas ? Se mettre à nu comme on dévoilerait son âme…Alors Draco sourit et hocha la tête – et toujours habillé, s'avança vers Harry. C'était à son tour, désormais, de lui montrer enfin ce qu'il ressentait.
Il s'agenouilla maladroitement aux pieds de Harry, comme on prie un saint ou une icône – et quelque part, c'était peut-être le cas. Quelque part, c'était peut-être vrai, et tout ce qu'il avait pu faire avant, avec des filles, avec des garçons, tout ça n'avait plus la moindre importance. Parce qu'il n'y avait plus que Harry devant lui, il n'y avait plus que Harry devant qui il voulait s'agenouiller, plus que son sexe qu'il voulait embrasser et vénérer. Et tout à coup, il avait peur, d'être gauche, de mal s'y prendre, et il se sentait tellement inexpérimenté qu'il crut qu'il n'y parviendrait pas. Toucher à la seule personne qu'il eût jamais désirée lui semblait à présent au-dessus de ses forces, alors il se contenta d'enfouir son visage entre les cuisses de Harry, de poser sa joue contre la chair douce et rigide. Et d'attendre, car il ne savait plus quoi faire. Il avait peur. C'était idiot, c'était irrationnel – mais il avait attendu tellement longtemps, il en avait tellement souffert, de cette absence, de ce manque, il avait tellement attendu ce moment, il l'avait tellement rêvé qu'il ne se sentait plus à la hauteur. Soudain, c'était trop d'un coup.
Mais Harry comprenait – après tout, il était dans la même situation. Doucement, pour ne pas le brusquer il caressa la joue du jeune homme blond.
« Relève-toi » chuchota-t-il, et c'étaient les premiers mots que l'un d'entre eux prononçait depuis qu'ils avaient quitté Saint Louis.
Et comme Draco levait les yeux vers lui – un regard implorant et indécis, et qui voulait protester – Harry le releva gentiment.
« Chut » murmura-t-il contre ses lèvres. « Tout va bien. Viens, on va sur le lit. »
Il y avait quelque chose d'émouvant – de bien plus émouvant que ce à quoi ils s'étaient attendus l'un comme l'autre – à se retrouver ensemble dans un même lit. Et Harry fut un instant paralysé à la vue du garçon blond en face de lui. Tellement beau, tellement plus beau que dans ses souvenirs, et tellement vulnérable dans son entière nudité, qu'il en avait retenu son souffle lorsque Draco avait laissé tomber son dernier vêtement sur le sol, comme on se défait du dernier rempart à sa faiblesse. Et contrairement à ce qu'il s'était passé la veille, son érection qui se dressait vers lui n'avait plus rien d'incongru, et la sienne, plus rien d'obscène.
Pourtant, ils avaient peur – toujours. D'être déçus, peut-être. De décevoir, sûrement. Ce fut sans doute pour cette raison que Draco se rapprocha si brusquement de Harry, qu'il l'embrassa si brutalement, avec une violence presque désespérée que Harry ne parvint pas à tempérer, malgré toute la tendresse qu'il y mettait. C'était un baiser étrange et un peu maladroit, à l'image de ce qu'ils avaient toujours été, entre l'impatience et l'indécision, la douceur et la passion, la crainte et les certitudes. Lorsqu'ils se séparèrent enfin, ils étaient assis l'un face à l'autre, leurs membres entremêlés comme s'ils ne faisaient plus qu'un, le regard ancré dans celui de l'autre comme s'ils ne voulaient plus jamais se quitter des yeux. Haletants, terriblement excités. Et bouleversés, au point que cela en devenait terrifiant.
« Draco… » Murmura Harry, la voix rendue rauque par l'émotion. « Draco, je – »
« Ne le dis pas » chuchota Draco en se serrant plus fort contre lui – il prit le visage du jeune homme brun entre ses mains, couvrit le front lisse et les cheveux noirs de baisers fiévreux et répéta : « Ne le dis pas, Harry… »
« J'ai tellement envie de toi que je pourrais en crever » soupira Harry en resserrant lui aussi son étreinte et en lui rendant ses baisers, sur la bouche, le menton, les joues, partout où ses lèvres pouvaient se poser. « Je – je te veux tellement, tu ne peux pas imaginer… »
« Ne le dis pas » le supplia encore une fois Draco en gémissant alors que leurs corps s'imbriquaient plus étroitement et que leurs érections se caressaient de plus en plus frénétiquement. « Ne me dis pas des trucs comme ça, je t'en prie – j'en peux plus, je…ça fait tellement longtemps que j'attends – ça fait trop longtemps que je t'attends… »
Ils ne savaient plus ce qu'ils disaient – ils ne savaient plus ce qu'ils faisaient, ne savaient plus où poser leurs mains, leurs bouches, à vouloir se toucher toujours plus, à vouloir satisfaire l'autre sans jamais l'être totalement eux-même. L'air de la chambre était devenu plus dense, l'atmosphère presque suffocante, alourdie du parfum entêtant des magnolias, de soupirs, de gémissements, de murmures à peine balbutiés qu'ils étaient déjà étouffés par des baisers de plus en plus voraces, comme s'ils ne pouvaient plus se repaître l'un de l'autre.
Et voilà que Draco était de nouveau à genoux aux pieds de Harry assis sur le lit les jambes largement écartées, sans fausse pudeur parce qu'elle n'avait plus sa place en ce lieu, en une offrande que Draco lui rendait au centuple, l'encensant de sa bouche tandis que Harry l'honorait de ses soupirs. A cet instant, le garçon blond n'aurait voulu être nulle part ailleurs, ne voulait rien faire d'autre que ce qu'il était en train de faire, à tel point que Harry aurait pu jouir dans sa bouche immédiatement qu'il aurait simplement pensé que tout était parfait comme ça.
Pourtant, lorsque Harry le repoussa doucement, puis le releva brusquement et l'attira contre lui sur le lit, il ne protesta pas et se contenta de sourire. La première fois qu'il prenait plaisir à en donner – c'était un sentiment indescriptible. Puis ce fut au tour de Harry de le couvrir de caresses et Draco se sentit submergé, à tel point qu'il crut se noyer sous la sensation, tellement ses mains et sa bouche semblaient partout à la fois.
Dans cette chambre, il n'y avait plus que Harry – Harry et sa bouche qui torturait cruellement ses tétons, Harry et ses mains qui lui écartaient les cuisses sans ménagement, Harry qui plongeait la tête entre ses jambes, Harry qui léchait les moindres recoins de sa peau, sa langue qui buvait sa sueur, le laissant pantelant, le faisant se tordre et gémir et supplier pour plus, plus, plus, encore s'il te plait oh s'il te plait…Harry partout, encore, toujours.
C'était tellement bon, tellement trop, tellement au-delà de ce qu'ils avaient imaginé – Draco repoussa brutalement Harry, à bout de nerfs, et le plaqua sur le matelas. Leur odeur, partout dans la pièce, leur faisait tourner la tête et Draco enfouit son visage dans le cou de Harry pour la respirer, jusqu'à l'ivresse, jusqu'à ce que le parfum des fleurs disparaisse, jusqu'à ce qu'il n'y ait plus qu'eux. Alors, lorsqu'il s'assit à califourchon sur Harry et voulut s'empaler lui-même, ce n'était qu'une façon supplémentaire de chercher à se rapprocher encore un peu plus.
Harry inspira brusquement.
« A – attends – Draco, arrête » haleta-t-il alors que le jeune homme blond grimaçait sous le début d'intrusion. « Arrête, s'il te plait. »
« Pourquoi ? » S'énerva Draco en s'enfonçant un peu plus et en se crispant de douleur. « Je – j'ai envie, Harry, je – s'il te plait, merde… »
« Tu vas te faire mal » chuchota Harry en l'embrassant avec toute la douceur dont il était capable. « C'est ta première fois, non ? Tu ne préfères pas qu'on inverse les rôles ? »
« Non – non, s'il te plait, s'il te plait » murmura Draco en secouant la tête pour lui échapper, refusant de l'écouter. « Je m'en fous. Je – j'en peux plus, Harry » continua-t-il d'une voix implorante. « Baise-moi, baise-moi, baise-moi… »
Mais Harry se retira doucement et le fit taire encore une fois – avec ses lèvres, ses dents, sa langue, mordant sa bouche et lui arrachant des soupirs éperdus.
« Calme-toi » murmura-t-il. « Calme-toi, s'il te plait – d'accord, on va le faire. Mais pas comme ça…Ce sera trop douloureux, sinon. D'accord ? Laisse-moi – laisse-moi juste mettre une capote et du lubrifiant, OK ? »
« Tout ce que tu veux » psalmodia Draco, les larmes aux yeux. « Tout ce que tu veux, tout ce que tu veux – mais dépêche-toi ! »
« D'accord » souffla Harry en s'exécutant le plus vite possible – Draco le suppliait toujours en une litanie incessante, étourdissante, mais lui-même savait qu'il ne pourrait plus tenir très longtemps non plus. « Est-ce que tu veux que je t'en mette à l'intérieur ? » Se força-t-il pourtant à demander en se redressant sur les oreillers pour lui faire face.
« Non – non, ça va » chuchota Draco, son cœur battant furieusement dans sa poitrine. Ca y'était. Ca y était, ils allaient le faire, ne cessait-il de se répéter.
Il sursauta quand les doigts couverts de gel de Harry s'aventurèrent malgré tout entre ses fesses, rapidement, presque furtivement, juste pour le rassurer. La brève caresse le fit frissonner et il gémit désespérément, sans savoir quoi faire.
« Assieds-toi sur moi » chuchota alors Harry. « Ce sera plus facile pour toi et tu pourras t'arrêter quand tu veux si ça te fait trop mal, d'accord ? »
Mais Draco ne voulait pas s'arrêter – et Harry ne voulait pas qu'il s'arrête, même s'il essaya de le calmer lorsqu'il descendit brutalement sur sa verge tendue, même si le hoquet de douleur de Draco et la brusque contraction de ses muscles le firent grimacer de peine, il ne voulait surtout pas qu'il s'arrête. Parce que c'était tout ce qu'ils voulaient depuis si longtemps, parce qu'il n'y avait rien d'autre que le corps de Draco contre le sien, tout autour de lui, son odeur, le goût de sa peau, partout.
Ils n'avaient même pas encore bougé – et pourtant, c'était déjà extraordinaire, tellement bon qu'ils auraient pu rester ainsi une éternité, sans faire le moindre mouvement. Juste rester là, immobiles, à s'embrasser furieusement pour oublier et faire oublier la douleur. L'un dans l'autre, l'un contre l'autre, l'un face à l'autre, leurs membres enchevêtrés au point qu'ils ne savaient plus où commençait Harry et où finissait Draco. Ils restèrent ainsi longtemps, malgré les larmes de Draco que Harry buvait sur ses joues et ses lèvres, malgré les tremblements de Harry que Draco calmait en l'enserrant dans ses bras.
Pourtant…
Ils ne surent pas lequel des deux amorça le premier mouvement. Peut-être était-ce Draco qui s'était involontairement contracté autour du sexe de Harry, peut-être était-ce Harry qui n'avait plus su se retenir tellement Draco était brûlant et moite et frissonnant à l'intérieur. Peu importait en réalité – ils bougèrent finalement, et Draco exhala brusquement, les yeux écarquillés de stupeur.
« Oh putain » souffla-t-il en se raccrochant désespérément à Harry. « C'était quoi, ça ? »
« Tu aimes ? » Murmura Harry, ses lèvres venant taquiner gentiment la peau sensible juste sous son oreille.
« Refais-le » gémit délicieusement Draco en remuant frénétiquement des hanches. « Refais-le, je t'en supplie… »
Alors Harry le refit – il s'enfonça profondément, d'un mouvement ample et doux, et Draco cria et se cambra en un geste incroyablement lascif qui rendit Harry fou. Il fallait qu'il se calme, sinon, il irait trop vite et trop fort, et il lui ferait mal. Il s'immobilisa de nouveau, tentant de ralentir sa respiration alourdie par l'effort et le plaisir presque irréel qu'il ressentait – mais évidemment, Draco ne le laissa pas faire.
« Encore » suppliait-il en s'agrippant à lui de toutes ses forces, des sanglots dans la voix. « Encore – touche-moi encore s'il te plait – encore, encore, Harry… »
Draco chuchotait son nom à présent, en une prière incessante, lui murmurait des choses folles, sans aucun sens, indécentes, sa bouche se posant partout sur son visage, ses paupières fermées sous l'effort, et chacun de ses soupirs étaient comme une déchirure de plus, une brûlure supplémentaire sur son cœur, une traînée de feu sur son sexe tellement dur qu'il en était devenu douloureux d'attendre. Alors ils bougèrent enfin, ensemble, lentement, le plus lentement possible malgré Draco qui cherchait toujours plus de contact entre eux, malgré Harry qui en tremblait de se retenir d'aller plus vite.
Ce n'était pas parfait au sens strict du terme – parfois, un geste un peu trop brusque de Harry blessait Draco et le faisait se crisper sous la friction un peu trop rude, parfois Harry ne parvenait pas à calmer les mouvements maladroits de Draco. C'était simplement bon – trop bon pour être décrit, parce qu'ils étaient ensemble, parce que c'était le goût de l'autre sur leur langue, parce que c'était la sueur de l'autre qui se mêlait à la leur. Parce que c'étaient leurs âmes qui communiaient, plus que leurs corps qui se rencontraient enfin. Parce qu'ils étaient ensemble, tout simplement.
Lorsque Draco éjacula entre eux en un cri étranglé, Harry n'avait même pas joui – il était tellement concentré sur le plaisir de Draco qu'il ne s'en était même pas rendu compte. Mais ça n'avait aucune importance. Ils étaient ensemble, et c'était tout ce qui comptait – et c'est pour cela qu'ils s'écroulèrent sur le lit, étroitement enlacés comme s'ils ne voulaient plus se lâcher, et qu'ils pensèrent que tout était parfait ainsi.
Un peu plus tard, alors que Harry avait fini par jouir dans la bouche de Draco, et qu'ils reposaient sur le lit, leurs doigts tendrement entremêlés, le jeune homme blond vint se blottir contre le brun, malgré la chaleur étouffante qui régnait dans la pièce, malgré leurs peaux moites de sueur, malgré leurs corps qui sentaient trop fort le sexe, et il le serra dans ses bras.
« Merci pour m'avoir ramené à la maison » chuchota-t-il, et Harry lui sourit, car il avait compris – et il lui rendit son étreinte, refermant ses bras autour de lui.
Bien sûr, demain, il faudrait qu'ils parlent. Bien sûr, rien n'était encore réglé. Il restait tant d'explications, tant de justifications, tant de choses à se raconter pour simplement apprendre à ne plus être des inconnus l'un pour l'autre. Mais ça n'avait pas d'importance.
Ils avaient confiance. Parce que tant qu'ils seraient ensemble, ils seraient chez eux n'importe où.
Fin… ?
o0O0o
Eh non, ce n'est pas la fin, il y a encore l'épilogue à lire tout de suite…