Perdu… je me sens aussi perdu que perdant. Mon fis dort à l'étage tandis que j'ai rejoint mon jardin et la fraîcheur des nuits d'été. Tant de choses se sont passées et je me découvre de nouveau. Que dois-je faire… Je ne me sens pas plus père qu'hier et pas moins que demain. Je suis Ronald Weasley, sorcier célibataire au chômage qui n'a pour lui qu'un nom qui va traîner dans un livre relatant la grande guerre. C'est pas si mal finalement, quand on voit l'existence que j'ai mené.

Mes yeux traînent de part et d'autre de la pénombre, je suis perdu… je suis un lâche. Les souvenirs de ces derniers mois me reviennent. Je pensais avoir perdu ma famille à l'époque où l'on a appris que j'étais le traître qui avait mené à la perte des Weasley. Mais si j'avais su qu'un être était en train de voir le jour dans le plus profond de celle que j'aim…

Je secoue la tête comme pour faire sortir ces pensées de mon esprit mais hélas, c'est comme si toutes ces idées avaient besoin de sortir de mon subconscient. Elles me font mal mais existent bel et bien.

Comment ai-je pu devenir cette personne si détestable ? Comment pourra-t-elle me pardonner un jour de l'avoir laisser pendant qu'elle portait notre enfant ? Comment lui, pourra me pardonner de l'avoir ignorer si longtemps ? Et puis… pourquoi a-t-il fallut que ce moldu vienne se mêler de notre vie ? Oh et puis finalement… il retire un poids dans mon esprit. Je suis le père de William, certes mais pas le papa, je suis toujours Ronald Weasley, célibataire endurci qui va finir sa vie à l'ombre d'une potence.

- Ronald ?

- Pourquoi tu ne me l'as pas dit avant ?

La colère laisse place à l'amertume et je me dégage de cette main qu'elle avait posé sur mon épaule. Je ne veux plus rien être pour elle et tant pis si elle ne le comprend pas.

Je l'entends soupirer et je regrette aussitôt ces pensées males saines. Mes doigts parcourent le frêle espace qu'il y a entre nos deux corps et viennent se nicher au creux de son cou. Je sais… pas très romantique mais je n'ai pas à l'être. Ma déception est encore trop forte à son égard pour effacer toutes traces de recul.

Et ses yeux se posent sur les miens, les scellant d'une seule parole :

- Je suis désolée…

Je baisse la tête. Bien sûr que la moralité voudrait que je lui dise qu'elle n'a pas à 'être mais est-ce vraiment le cas ? Car si je n'ai rien fait pour William, c'est bien parce qu'elle ne m'a rien dit non ? Je ne pouvais pas deviner quand même. Quoi que cette lettre aurait pu me mettre sur le droit chemin.

Merlin pourquoi faut-il que j'arrive à me culpabiliser ?

- Je voulais à tout prix te le dire de vive voix… mais tu es parti et il n'y avait aucun moyen pour te joindre autre que les hiboux…

Le tremblement de sa voix va de paire avec les larmes qui envahissent ses paupières. Que puis-je dire à ça ? Je n'étais pas près à refaire face à ma vie d'avant. Je doute que la présence d'un enfant ait changé quoique ce soit là dedans… Quoi que… non, impossible, enfant ou pas enfant, il mérite mieux qu'un père traître et solitaire qui n'a d'estime pour personne… même pas pour lui.

- Hermione, ça ne sert à rien de revenir là-dessus, ce qui est fait et fait…

- J'ai l'impression que… que ça ne te fait ni chaud ni froid… enfin… tu viens d'apprendre que tu as un fils de bientôt deux ans et tout ce que tu trouves à me dire c'est… n'en parlons plus !

Deux ans… alors ce petit père à deux ans… il est grand pour deux ans. Il serait temps de lui acheter un lit de grand… et puis de re décorer sa chambre. J'ai vu des cadres avec des minis figurines des plus grand joueurs de quidditch se battant les uns contre les autres… bien sûr, il faudrait retirer celle de Krum… Et puis, deux ans, c'est le bon âge pour avoir un mini-balai non ?

- Ron ! Tu m'écoutes oui !

- Euh… non.

Ses yeux me toisent d'un regard mi-étonné, mi en colère. Je viens de réaliser que j'avais dit ce simple mot tout haut. Je baisse la tête et je continu sur ma lancée, ne pas lui laisser le temps de m'en vouloir.

- Je pensais que… enfin… il a un balai ?

- Qui ça ?

- Bah… William.

Elle lève les yeux au ciel et je me surprends à continuer :

- J'ai toujours rêvé d'avoir un mini-balai mais on avait jamais les moyens d'en avoir un. Alors j'utilisais celui de Charlie mais il allait trop haut et une fois, papa a dû venir me chercher sur le toit de la grange. Les jumeaux ont fait croire que c'était à cause de leur bonbon à hoquet, aussi non, le balai aurait été confisqué. Alors je me dis que si on veut éviter ça…

- Ron…

Sa voix est calme et je me rends compte l'entrain que traduisait le ton de la mienne. Elle me dévisage de nouveau et je baisse encore la tête.

- Prend au moins le temps de respirer…

- J'avais peur que tu me coupes.

- Pourquoi aurais-je coupé un père qui montre enfin de l'intérêt à son fils ?

Elle a raison… elle a raison deux fois. Je ne mettais jamais rendu comte que je ne jamais montré d'intérêt pour lui… mais en même temps, c'est si récent… Et puis surtout, elle vient de prononcer le mot que j'attendais tant de ça part : « père »… Je vais pouvoir montrer à Harry que moi aussi je sais mettre de la fierté dans mon regard…

- Ron, on en reparle demain…

- Ca… ça veut dire oui ?

- Oui pour quoi ?

- Le balai…

Elle sourit et s'éloigne sans réponse… Je vais sans doute en faire de même pour rejoindre ma chambre… écouter la respiration de mon enfant et attendre que l'aube vienne enfin. Alors le soleil me laissera découvrir l'enfant que j'avais ignoré trop longtemps.