Voilà, avant dernier chapitre... snif. Bonne lecture! Et Merlin que j'aime cette discussion entre frère et soeur. Je sais pourquoi Ginny est mon personnage de prédilection.
- Je le pose où ça Ron ?
Je fais un signe de tête vers le placard et la baguette de Ginny s'abaisse pour laisser tomber le fardeau à l'endroit prévu dans un bruit sourd.
Voilà, j'ai enfin mon chez moi. Oh bien sûr, c'est pas luxueux… Ca n'a rien à voir avec le manoir des Malefoy, mais ceci est mon chez moi. Une maison sur deux étages, avec deux chambres et une salle de bain minime. Mais ici, c'est chez moi… chez Ronald Weasley, nouvel auror qui a un bureau à l'étage deux du ministère de la magie.
Je tourne la tête autour de moi… ravi. Voici la chambre de mon fils, décoré à l'effigie des canons de Chudley. Oui, peut-être qu'il n'aurait pas voulu ça mais il n'a que trois ans alors il subit les facéties de son père pendant qu'il a encore l'âge de le prendre pour un héros. J'ai même pensé à lui mettre des livres moldus. Allez savoir pourquoi il les adore alors que les images ne bougent même pas. Il ressemble beaucoup plus à sa mère que je ne le pensais. Et puis, il y a ce balai… son premier balai. J'ai enfin eu l'autorisation de l'acheter… enfin… disons que c'est un compromis. William va dans une école moldue et je lui apprends à monter sur un balai.
Je me laisse tomber sur son lit qu'il baptisera bientôt j'espère… et entoure mes bras autour de la taille de ma petite sœur qui me décroche un regard moqueur.
- Dis donc Ron, la paternité t'a rendu mollasson.
- Je n'ai pas le droit de montrer mon affection à ma chère petite sœur ?
- Affection ? C'est de toi qu'on parle ?
- Bonjour les préjugés…
- Si vraiment tu veux de l'affection… tu sais à qui tu devrais en parler.
- Hum… qu'est-ce que je te réponds là ? Non… et dans ce cas tu me déballes tout un plan sur La personne. Ou oui… et là tu me demandes ce que j'attends.
- Alors ?
- Alors quoi ?
- Et bien qu'est-ce que tu attends ?
- Ginny… Hermione a refait sa vie… Elle a quelqu'un de bien et j'espère qu'elle sera heureuse avec lui et qu'elle construira une vie équilibrée à notre fils.
- Tu es amoureux d'elle…
- Que ? Hein ?
J'ai failli m'étouffer en l'entendant dire cette… ce mensonge. Oui, un mensonge. Ronald Weasley ne peut être amoureux de qui que ce soit… Ok, je ne suis pas meilleur acteur que ma sœur mais le fait est là… je ne peux rien faire. Pas au risque de gâcher de nouveau sa vie.
- Mais qu'est-ce que tu sais de ça ? Tu es…
- Mariée… heureuse… mère de famille. En bref, plus une enfant. Et il serait peut-être temps que tu me prennes comme telle. Ron… ça se voit dans tes yeux… dans ton comportement…
- Je lui ai fait trop de mal pour…
- Tu as changé ! Pardonne-toi ! Pardonne-toi avant de penser au sien !
- Comment pourrait-elle…
- Elle l'a déjà fait.
- Tout comme elle a refait sa vie sans moi…
- Alors là, je t'arrête tout de suite. De une, tu feras toujours partie de sa vie de par William. Tu es le père de son enfant et ça ce n'est pas rien. Et puis… et puis de qui veux-tu parler en disant ça ?
- Ne fais pas l'idiote, tu vois de qui je veux parler… David.
- David… par Merlin Ron… voilà presque six mois qu'elle ne le voit plus et par pitié, ne me demande pas pourquoi.
Dommage, c'est exactement ce que j'allais faire. Mes yeux parcourent la voûte étoilée de la chambre et j'essaie dérisoirement de ne pas me laisser espérer. Espérer que peut-être je peux réellement être celui qu'il lui faut.
- Il y a tellement de personnes mieux que moi… qui la rendront plus heureuse…
- Là je suis d'accord avec toi.
Elle a toujours eu le don de réconforter les gens. Je me souviens maintenant pourquoi je n'ai jamais réellement eu de belles et grandes conversations avec elle.
- Merci… je me sens beaucoup mieux.
- Et bien quoi Ron ? Tu t'attendais à ce que je te dise : mais non voyons… arrête de te dénigrer. Tu es quelqu'un de bien.
- Par exemple.
- Tu sais que ce n'est pas vrai… tu as fait des erreurs… tu es quelqu'un de parfaitement détestable quand tu t'y mets. Tu es grognon, désordonné, colérique, extrêmement secret et puéril.
- Donnez moi une corde que j'en finisse tout de suite…
- Ron… à côté de ça… je ne connais pas une personne plus généreuse que toi. Tu peux te donner corps et âme pour ceux que tu aimes. Tu es courageux et drôle… Et je t'interdis de me rappeler un jour que j'ai pu te dire ça.
- Dommage… je l'avais déjà gravé dans mon esprit.
- Tu sais Ron, il y a un proverbe moldu qui dit « le cœur a ses raisons que la raison ne connaît pas ». Je crois qu'il n'y a rien de plus vrai parce que quand tu aimes une personne… tu l'aimes pour un tas de petites choses toutes aussi futiles que bêtes… pour ses qualités bien sûr… mais crois-moi ou pas, tu en arrives à aimer ses défauts… à les trouver charmants… Et puis… tu l'aimes parce qu'avec elle tu as l'impression que chaque jour, aussi commun qu'il puisse être, est toujours différent. Pour ces petites choses qu'elle te fait ressentir… Pour la personne qu'elle te fait devenir.
Je me suis toujours dit que ma sœur était bizarre… dans un monde à part. Mais pour la première fois depuis bien longtemps, j'ai l'impression de comprendre chacun des mots qu'elle vient de prononcer. Pour la première fois, je me sens tellement sûr de moi que je pourrais parcourir le monde sur le dos d'un dragon.
Pour la première fois… je veux aller cueillir les étoiles qui brillent dans ses yeux.
