Chapitre 6
DISCUSSION PHILOSOPHIQUE ENTRE ADOLESCENTS PRESQUE ADULTES
Le soleil était levé depuis longtemps. Le sort d'Obscurité créé par Amélie commençait à diminuer d'effet. Elle avait enfoncé sa tête dans son oreiller. Ses bras étaient tendus en croix de chaque côté de son corps, comme ses jambes. Stéphany lui avait prêtée un pyjama dont les short roses moulaient parfaitement ses fesses et la camisole blanche sa poitrine.
Son cadran émit un cri strident. Elle leva un bras et lui jeta un coup d'une violence inouïe, avant de pousser un gémissement et de tourner sa tête.
Cependant, son repos fut de courte durée car la porte de sa chambre claqua.
-Réveille-toi, paresseuse ! Le soleil brille et les oiseaux chantent joyeusement en cœur, s'écria Stéphany en jetant un sortilège de clarté à la fenêtre.
-Ferme-la, marmonna Amélie en cachant sa tête sous son oreiller.
-Les garçons !
Il y eut des pas désordonnés et, à ce moment, elle tomba de son matelas. Elle ouvrit les yeux et vit Sirius, Remus et James qui riaient en se tenant les cotes.
-Vous n'avez aucune conscience sociale !
Elle se leva et alla dans la douche. Elle lava ses cheveux et sortit. Elle s'enroula dans une serviette et sortit rapidement de la salle de bain pour aller dans sa chambre, où elle trouva sa sœur.
-On va devoir t'habiller convenablement pour ton entrevue.
-Steph, c'est un examen.
-Oui, mais la première impression compte pour beaucoup.
Stéphany secoua sa baguette dans les airs et un tailleur apparut devant elle.
-Ce sera parfait. Enfile-le !
Stéphany se pencha dans la garde-robe. Elle en sortit des escarpins noirs.
-Ils sont bien, commenta Amélie.
-Essaye-les.
Les escarpins ajoutèrent un certain sérieux à l'ensemble rouge foncé d'Amélie.
-Je suis comment ?
-Il y a un miroir dans la chambre de James et de Lily.
Amélie s'y dirigea. Elle entra sans frapper, comme le lui avait montrer Sirius lors de son arrivée. Elle se regarda et sourit, satisfaite. Pour la première fois depuis que ses parents savaient, elle se sentait bien. Elle sentait qu'elle était une personne. Une femme. Une humaine. Pas un monstre dénaturé.
Elle sortit et alla à la cuisine. Elle y trouva Remus, Sirius et James, avec Lily, Stéphany et Élise, puis se rajoutèrent Mr et Mrs Potter, qui revenaient de la cuisine avec leur café. Tous les huit avaient une mine d'enterrement.
-Qu'est-ce qui c'est passé ?
-Père et mère ont envoyé tes affaires, annonça Stéphany.
-Où elles sont ?
Sirius montra du menton le salon. Elle s'y précipita. Elle ouvrit une a une, les trois immenses malles, puis se figea devant la quatrième, interdite.
-Qu'y a-t-il ? demanda Sirius. Ils ont oublié quelque chose ?
Les maraudeurs et leurs petites amies s'approchèrent. Amélie leur montra les trois morceaux de bois et le tas de paille.
-Ils ont brisé mon balai. Ils ont détruit MON balai !
-C'est tout ce qui t'importe ? Il y a un magasine masculin dans une de tes valises, tu en étais consciente ? fit Sirius.
Amélie jeta un regard à la deuxième malle.
-Il a encore oublié ça dans MA salle de bain. Je vais le TUER !
-Père ? questionna Stéphany.
-Non. Ce petit crétin de Regulus Black.
Sirius sourit.
-C'est son genre.
-Amélie, on doit y aller. Nous allons être en retard.
La jeune fille hocha la tête. Elles s'approchèrent de la cheminée et partirent.
-Nous allons retourner à la maison, consulter les Aurors qui sont sur le plancher et regarder l'étendue des dommages.
-Kigali a dit qu'il n'y avait pas de dommages matériels à part la pelouse aplatie, rétorqua James.
-Oh, tu sais. Une cinquantaine d'Auror tous plus fiers les uns que les autres de protéger la maison de leur chef, on ne sait jamais. Il restera peut-être l'équivalent d'un cure-dent du manoir. J'espère juste qu'ils ont gardé l'ensemble de porcelaine de maman. Je trouve que les jeter sur ta mère est un sport très divertissant, dit Mr Potter d'un ton nonchalant à l'adresse de James.
-Parce que mon département fait plus de dommage que le tien ? Je te signale que si la moitié seulement de tes Médicomages était capable de guérir une simple écorchure, je ne serais pas obligée de donner des congés à tous mes Aurors pour se remettre des blessures qu'ils leur font et Voldemort serait déjà anéanti ! rétorqua Mathilda.
-Peut-être, mais si tu écoutais mes…
Et ils transplanèrent.
-Tes parents sont… commença Lily.
-Sur le point du divorce ? proposa Remus.
-Non, répliqua James d'un ton désinvolte. Ils font ça depuis vingt ans. Je les connais. Dans le fond, très très très au fond, ils s'aiment bien.
-Dis plutôt que ton père trouve que ta mère est un bon coup, répliqua Sirius.
-Sirius ! S'il te plait ! répliqua Élise.
Sirius sourit et l'embrassa.
-En tout cas, on est samedi, et moi je compte bien profiter au maximum de cette journée.
Il se pencha pour l'embrasser de nouveau, mais elle enleva son cou de sa trajectoire.
-N'essaye même pas, Sirius ! Je dois aller faire du shopping avec Lily.
-Allez ! Sois sympa !
-Non !
Lily embrassa doucement James.
-On va y aller avant que ça dégénère.
-Bonne idée.
Lily se dégagea des bras de James et prit Élise par la main pour la tirer hors de l'appartement. Sirius soupira.
-Elle me manque.
-Putain, fais-lui l'amour, Sirius, si ça te manque tant que ça, répliqua James.
-C'est déjà fait.
-Quoi ? s'étonna Remus en prenant une couverture et en la pliant.
-On l'a déjà fait deux fois ce matin. Et une hier soir. Et trois avant-hier.
-Putain… T'es en manque, analysa James.
-Je suis parti deux semaines en tournée, rétorqua Sirius. Je suis ici pour deux jours encore.
-Elle le sait ? demanda Remus.
-Non. Je compte partir en lui laissant une note. On passe tellement peu de temps ensemble que je ne compte pas le lui gâcher.
-Tu vas la tuer à force de partir comme ça.
-Je ne veux pas la voir souffrir. Je ne suis pas capable de la voir pleurer.
Il y eut un moment de silence.
-Quand je suis parti… Vous faîtes des tournées à la maison… Pour voir si tout est correct, si elle a besoin de quelque chose, si…
-Ce dont elle a besoin, c'est de toi.
Sirius se mordit la lèvre.
-Je sais, mais quand on a emménagé ensemble, elle savait que j'allais souvent devoir partir pour mon job.
-Tu aurais pu faire comme moi et refuser ce job.
-Oh, oui, railla Sirius. Le refuser parce qu'il n'accorde pas de congé de paternité. Et au fait, tu le regrettes. Je ne vois pas le ventre qui serait sensé pousser sur Lily…
James lui jeta un coussin.
-La ferme, Pad.
-Quoi ?
Sirius écarta les yeux.
-Vous avez arrêté de baiser.
-Non. On attend.
-Elle te demande toujours de lui faire un enfant ? demanda Remus.
-Oui, de temps en temps. Ça ne lui est pas sorti de la tête, elle en veut vraiment rien. Mais j'en sais rien, je ne me sens pas… près pour avoir un enfant.
-C'est sûr qu'on a dix-huit ans. C'est assez jeune.
-Non, je veux dire… Écoute, c'est… c'est difficile à expliquer. Lily veut un enfant, c'est évident, elle m'en demande tout le temps un… Mais… On n'a pas d'argent…
-Peut-être, mais tu es capable de lui en faire un.
-Je sais, mais…
-Et tes parents t'aideraient.
-Justement. Ses parents la détestent et les miens seraient prêts à tout pour nous rendre heureux. J'ai l'impression que ça la frustre un peu.
-C'est normal. Elle a passé presque deux étés chez tes parents alors que les siens la déteste, répliqua Sirius.
-Désolé, Pad, je ne…
-C'est correct. Et toi, Remus ? Comment ça va avec ma cousine.
-Bien…
-Tu penses te fiancer avec elle bientôt ?
Remus se gratta la tête.
-J'en sais rien. Elle est plus libre que l'air, je crois que les attaches lui font peur.
-Elle a surtout peur que tu la laisses tomber. Crois-moi, ce dont elle a le plus besoin, c'est de stabilité.
Remus hocha la tête.
-Elle… C'est indescriptible. Je veux dire, je l'aime plus que tout au monde. Je pourrais donner ma vie pour elle, mais il y a les pleines lunes et…
-Et alors ? Tu es un être humain aussi, rétorqua James.
Remus eut un sourire.
-Je sais. En fait, elle apprécie surtout la semaine qui précède. Elle dit qu'elle aime quand on baise et que je me laisse aller. Que je retiens le moins possible le Loup.
-C'est sûr que plus tu le retiens, moins elle doit penser que tu penses à elle.
-Peut-être. Je n'en sais rien. Mais je déteste quand ça m'arrive. J'ai l'impression de la laisser totalement de côté.
Il y eut un « pop » caractéristique de transplanage et Amélie apparut.
-Tu sais que tu n'es pas sensée transplaner ? questionna Sirius.
-Laisse-moi rire, cria Amélie depuis sa chambre. Parce que vous ne transplaniez pas avant vos dix-sept ans ?
Elle réapparut.
-Oh, et la prochaine fois que vous voulez parler de vos baises respectives, assurez-vous que les filles dont vous parlez soient vraiment parties.
Et elle transplana.
