Chapitre 15

AFFRONTER LA RÉALITÉ

Trois mois était passés depuis la disparition de Stéphany. Sirius buvait en ce moment un café chez lui, regardant l'armoire qui se trouvait devant sa chaise.

"Ça va, mon amour ?"

Élise venait d'entrer dans la cuisine. Il lui adressa un sourire.

"Je réfléchissais."

"Désolée de t'interrompre dans tes réflexions."

"Ça va aller."

Il se leva et se plaça derrière elle, l'encerclant de ses bras.

"Tu es sûr que ça va ?" demanda-t-elle en souriant.

Il hocha la tête et nicha son nez dans son cou. Il embrassa doucement sa nuque.

"Sirius, qu'est-ce qui te tracasse ?"

"Je me demandais comment allait Remus."

Elle sourit et se tourna lentement.

"Il va mal, Sirius, c'est évident. Sa copine vient de le laisser tomber."

"Il n'a pas réagit de la même façon en cinquième quand Beverley Jackson l'a quitté."

"Il avait quinze ans, Sirius. Et je ne sais pas trop s'il l'aimait vraiment, pour tout de dire."

"Tu sais si la légende est vraie ?"

"Quelle légende ?"

"Celle selon laquelle le cœur d'un loup-garou n'aime qu'une seule fois."

Élise se mordit la lèvre.

"Je ne sais pas, Sirius. Peut-être."

"Je vais lui téléphoner et je vais l'inviter au match de Quidditch demain. Et puis, sinon, il peut toujours venir à la maison pour le dîner ? Allez, s'il te plait !"

Élise sourit et se mit sur la pointe des pieds pour embrasser le bout de son nez.

"Mais oui."

"Génial ! Je t'adore !"

Il l'embrassa longuement, puis s'arrêta et fronça les sourcils.

"Sirius, qu'est-ce qu'il y a ?"

Il se laissa tomber sur les genoux, à la hauteur de son ventre, et remonta doucement son chandail.

"Sirius ?"

"Ton ventre a poussé durant la nuit."

"Mais de quoi tu parles ?"

Il embrassa doucement son ventre.

"Ton ventre a grossi depuis hier. Roxanne prend plus de place."

"Roxanne ?"

Sirius leva les yeux.

"J'ai toujours rêvé que si j'avais une fille, elle s'appellerait Roxanne. Ça ne te dérange pas trop ?"

Elle sourit et s'agenouilla également, puis l'embrassa doucement.

"Pas du tout. C'est un très joli nom."

Sirius sourit.

"Je vais y aller."

Il transplana, laissant Élise seule dans la cuisine.

Il arriva dans l'appartement et fut surpris de le voir dans le même état que lorsqu'il l'avait quitté pour la dernière fois.

"Remus !"

Aucune réponse ne lui parvint. Il regarda rapidement dans la cuisine et dans le salon, puis se dirigea vers sa chambre. Il trouva Remus qui était allongé dans son lit. Le silence régnait, mais quelques secondes plus tard, la chaîne stéréo qui était dans le coin de la chambre se fit entendre, le volume au maximum, et Sirius entendit la voix de Stéphany commencer à chanter une chanson qu'il ne l'avait jamais entendu chanter avant.

Je sens qu'on s'aime moins

Peut-être qu'on s'aime plus

Je dis ça parce qu'on ne se dit rien

Qu'on n'en discute même plus

On se raccroche à ce qu'on peut

Pour croire que l'on existe encore un peu

C'est quoi – c'est l'habitude

C'est quoi – ça vient de moi

Est-ce que l'on s'aime encore

Tu le dirais, dis-moi

C'est quoi – une lassitude

C'est qui – quel est son nom

Si on ne s'aimait plus

Tu le dirais – sinon

Tu le dirais, dis-moi

J'ai peur de nos manques d'effort

Pour supporter le quotidien

Parce qu'on se connaît par cœur

Et pire, on se connaît trop bien

Pour quelques instants de bonheur

On préfère les plaisirs faciles – ailleurs

C'est quoi – c'est l'habitude

C'est quoi – ça vient de moi

Est-ce que l'on s'aime encore

Tu le dirais, dis-moi

C'est quoi – une lassitude

C'est qui – quel est son nom

Si on ne s'aimait plus

Tu le dirais – sinon

C'est ça - l'incertitude

Savoir - à qui tu penses

Qui me ronge et me tue

Si c'est perdu – d'avance

Tu le dirais, dis-moi

Tu le dirais, dis-moi

Tu le dirais, dis-moi

Tu le dirais, dis pas

C'est quoi – une lassitude

C'est qui – quel est son nom

Si on ne s'aimait plus

Tu le dirais – sinon

Tu le dirais, dis pas

Tu le dirais, dis-moi

Tu le dirais, dis-moi

Tu le dirais, dis-moi

Tu le dirais, dis-moi

Sirius, en ayant assez entendu, se dirigea vers la chaîne stéréo et le ferma. Aussitôt, Remus s'assit et pointa sa baguette sur son ami.

"Remets ce disque."

"C'est hors de question."

"Remets ce disque."

"J'ai dit non. Tu ne vas pas bien, Remus ! Tu dois en parler !"

"Je ne t'ai pas forcé à le faire quand Élise t'a laissé !"

"Peut-être. Mais moi, je vais te forcer."

Remus soupira et se leva, puis se dirigea vers la salle de bain. Sirius remarqua au passage qu'il n'avait toujours pas changé de vêtements depuis la dernière pleine lune et qu'il ne s'était probablement pas rasé. Quelques instants plus tard, il entendit la douche commencer à couler. Remarquant alors que son ami n'avait pas apporté de vêtements pour se changer par la suite, il pris rapidement un jeans et une paire de caleçon qui traînait, puis il entra dans la salle de bain et les posa sur le comptoir.

"Ça va, Remus ? Tu as tout ce qu'il te faut ?" demanda Sirius.

"Non."

"Qu'est-ce qu'il te manque ?"

"Elle."

Sirius hocha la tête.

"Je connais ce sentiment. Comme si on t'avait arraché le cœur, hein ?"

"Multiplie par dix."

Sirius se tut. La douche s'arrêta et Remus en sortit, une serviette autour de la taille, les cheveux toujours dégoulinants.

"Merci pour les vêtements."

"Ce n'est rien."

Remus les enfila rapidement, puis prit son rasoir et se fit la barbe. Lorsque les poils furent complètement partis, il sortit de la salle de bain et se dirigea vers la cuisine, suivi de Sirius. Là, il se fit quatre toasts au beurre d'arachide et les mangea rapidement. À ce moment, quelqu'un sonna à la porte. Remus s'y dirigea rapidement.

Il ouvrit la porte sur Amélie qui tenait son sac à main sur son épaule. Elle portait une camisole noire et une paire de jeans.

"Salut."

Remus lui adressa un faible sourire.

"Je… je voulais juste te dire que j'allais rester au Chaudron Baveur pour les vacances de Pâques, et également pour celles d'été. Je sais que tu ne veux probablement pas de moi ici après ce que ma sœur t'a fait, et je voulais juste mettre les choses au clair avant que tu ne prépares quoique ce soit pour que tu sembles heureux de me recevoir."

Sirius fronça les sourcils.

"Tu sais, tu peux venir dormir chez moi, si tu veux. Ça ne dérangera probablement pas Élise et Nymphadora vient déjà à la maison, alors…"

"Non, je vais aller au Chaudron Baveur, ma chambre est déjà…"

"Tu peux rester ici. Je ne vois pas pourquoi je t'identifierais à ta sœur pour ça."

Amélie leva la tête vers Remus.

"Tu en es sûr ?"

Remus hocha la tête.

"Je ne te laisserai pas dormir sans aucune ressource simplement parce que entre ta sœur et moi, c'est terminé."

Amélie hocha la tête et lui sourit avec gratitude.

"Merci."

Remus esquissa à son tour l'image d'un sourire.

"Je vais vous laisser." annonça Sirius.

Et il transplana.


James se réveilla lentement le matin. Il remarqua que le lit était froid et, en ouvrant les yeux, que Lily n'était pas là. Il soupira, bailla et s'étira, puis gratta le sommet de sa tête et se leva. Il marcha d'un pas lourd jusqu'à la salle de bain, puis ouvrit la porte et remarqua Lily qui lui faisait dos, accoté contre le comptoir.

"Salut mon ange…"

Il s'approcha et l'embrassa doucement dans le cou. Il remarqua alors que son cou avait un goût légèrement salé et il leva les yeux pour voir que les yeux de sa douce étaient humidifiés par les larmes.

"Hey… Qu'est-ce qu'il y a ?"

"Rien."

Elle se détacha de son étreinte et descendit à la cuisine. James la suivit et la trouva en train de préparer un mélange à crêpe.

"Lily, que se passe-t-il ?"

"Je t'ai dit que ce n'était rien."

"C'est quelque chose que j'ai fait ?"

"Non, ce n'est pas ça."

"Alors c'est quelque chose que je ne fais pas ?"

Lily se tut.

"C'est ça ?"

Aucun son.

"Dis-moi ce que je ne fais pas et je peux le changer. Je vais le changer."

Un faible murmure.

"Quoi ?"

Lily se tourna, les joues ruisselantes de larmes.

"Tu ne me touches plus. Depuis que je t'ai annoncé ma grossesse, tu ne m'as pas touchée une fois, James. Ce n'est pas avec tes baisers, qui au passage sont de plus en plus chaste, que tu vas me rassasier."

James baissa la tête.

"Si tu ne veux plus coucher avec moi pour je ne sais pas quelle raison, tu n'as qu'à me le dire. Je ne t'en voudrais pas. Je comprendrais, même. Je sais qu'en ce moment, je ne suis pas la fille la plus sexy à regarder. Je vomis quatre fois par jour et en plus, je vais bientôt devenir aussi grosse qu'une baleine, mais si tu éprouves encore la moindre petite émotion pour moi, dis-le-moi maintenant, pour que…"

Lily ne finit pas sa phrase car James venait de poser délicatement ses lèvres sur les siennes.

"Je t'aime toujours, Lils. Rien ne pourra m'empêcher de t'aimer. Jamais. J'ai juste peur de faire mal à Harry." murmura-t-il en posant son front sur le sien.

"Quoi ?"

James lui jeta un regard désapprobateur. Lily se contenta de sourire et l'embrassa doucement.

"Tu sais qu'il y a très peu de chance que ça arrive."

"Je sais, mais…"

"James, quand j'ai dit 'très peu de chance', je voulais dire 'absolument aucune'"

À ce moment, la porte d'entrée s'ouvrit et la voix de Sirius retentit dans le hall.

"Potter ! On doit y aller ou on va être en retard !"

James jeta un regard à Lily, puis sourit.

"Je ne me sens pas bien aujourd'hui, Padfoot, je vais rester ici !"

"Comme tu veux !"

Ils entendirent un pop, puis James embrassa doucement Lily et lui prit la main.

"Maintenant qu'il est parti… il nous reste cinq mois à rattraper."

Lily sourit alors que James la tirait à toute vitesse dans leur chambre.


"Tu veux une bière ?" demanda Amélie en arrivant dans la salle à manger.

Remus leva la tête. Depuis le départ de Sirius, il s'était assis et avait écrit sans relâche des chansons plus dépressives les unes que les autres. Il n'avait jamais rien trouvé de mieux pour se débarrasser des parties de lui qu'il n'aimait pas, ou des sentiments qu'il ne voulait pas ressentir.

"Pourquoi pas ?"

Amélie sourit et lui tendit une bière, qu'il ouvrit sans difficulté. Il porta la bouteille à ses lèvres en détaillant son ancienne belle-sœur, qui jouait nerveusement avec le goulot de sa bouteille.

"Je ne sais pas pourquoi."

Remus hocha la tête.

"Je le jure. Chaque fois qu'on parlait de toi, elle me disait toujours à quel point elle te trouvait merveilleux et attentionné et… parfait, quoi ! Et chaque fois qu'elle te regardait, on aurait dit que ses yeux prenaient en feu. Elle me disait toujours qu'elle t'adorait et qu'elle se trouvait chanceuse de t'avoir."

Il hocha encore la tête et cala la bouteille d'un coup. Puis, il se leva et s'approcha du réfrigérateur.

"Remus ?"

"Quoi ?"

"Tu veux bien m'en rapporter une autre ?"

Remus soupira, puis il se dit qu'il ne ferait pas deux cents allées retours durant la soirée et décida d'emmener la caisse de vingt-quatre bières au complet. Après tout, s'il voulait rester éveiller jusqu'aux petites heures pour finir les chansons, il devait bien avoir des provisions…

"Attends, attends… Celle-là est cent fois meilleure. C'est un petit canard qui lève une patte qui trouve ça drôle qui lève l'autre patte et qui tombe sur le cul !"

Remus pouffa dans sa dixième bière. Amélie, quand à elle, se roulait par terre de rire.

"Putain, je ne suis plus capable de me relever." marmonna-t-elle.

Remus se leva et lui tendit une main. Elle la prit et se leva, mais tituba et retomba, entraînant dans sa chute Remus. Elle se retrouva alors à califourchon sur lui.

"Oh putain…"

D'un commun accord, Amélie approcha ses lèvres de celles de Remus en même temps qu'il faisait de même. Leurs lèvres s'unirent dans un baiser qui devenait de plus en plus passionné lorsque, comme s'ils lisaient dans les pensées de l'autre, ils se séparèrent ensemble.

"Je ne peux pas faire ça à Steph. Et je ne peux pas te faire ça à toi, parce que je t'identifierais à elle et que ce ne serait pas bien ni pour toi ni pour moi."

Amélie sourit et se leva.

"De toutes façons, j'aurais dû t'arrêter. Pour Steph, et aussi pour moi. Et puis, pour tout te dire… Tu n'es vraiment pas mon genre."

Elle l'aida à se relever et l'embrassa sur la joue, puis alla dans sa chambre.