Chapitre 18

REVENIR À LA RÉALITÉ

Remus se réveilla doucement ce matin là, son bras autour de Stéphany. Le mois de janvier avait emmené avec lui de fortes rafales de vent qui perçaient les murs de bois moisis, forçant tout le monde à se coller pour ne pas mourir d'hypothermie.

Il s'apprêtait à se rendormir lorsqu'il entendit la petite gigoter et pousser un cri au dessus d'eux. Afin d'éviter qu'un chien ne passe par là, ne la prenne et décide d'aller la manger pour se faire de force, ils l'emmaillotait chaque soir dans de chaudes peaux que Romulus avait arrangées, puis l'attachait à un des poteaux qui se trouvaient au dessus de son lit.

Il s'assit et prit la petite dans ses bras, puis se recoucha, l'installant entre lui et Stéphany. Il ferma les yeux, espérant que la petite prendrait exemple sur lui, mais celle-ci semblait décidée à rester éveillée et c'est probablement pour cette raison qu'elle commença à babiller et à gigoter.

Stéphany poussa un bâillement et tourna un peu sa tête pour sourire à Remus et à sa fille.

"Alors Poucette, déjà réveillée ?"

Elle adressa un sourire à Remus et prit sa fille, puis embrassa doucement la joue de son amoureux.

"Tu peux te rendormir, je vais aller me promener avec elle."

À ce moment, la porte s'ouvrit en claquant et Romulus entra dans la maison longue. Il adressa quelques mots à Remus, qui lui répondit également, puis lança un quartier de viande sur le plancher et sortit.

"Qu'est-ce qu'il a dit ?" demanda Stéphany.

"Rien. Quelque chose tournant autour de 'Tu devrais peut-être commencer à chasser'."

Stéphany, qui s'était assise, se recoucha.

"Ton frère me fiche la chair de poule. Je crois que je vais rester ici."

Remus sourit.

"Il n'est pas méchant. Blessé, mais pas méchant."

"Peut-être. Mais il lance des couteaux sur les gens et ça le fait rire."

"Si tu as décidé de le détester, je ne peux rien faire."

"Je ne le déteste pas. C'est lui qui me déteste."

Remus soupira et s'assit en voyant un hibou qui entrait par le trou fait dans le plafond pour laisser sortir la fumée du feu. Le hibou vint se poster sur leur lit et Remus prit l'enveloppe pendant que la petite commençait à jouer avec les plumes de l'animal.

"Qu'est-ce que c'est ?" demanda Stéphany alors qu'elle essayait vainement d'empêcher sa fille de jouer avec le hibou.

"Sirius et James. Ils veulent faire un nouveau disque et nous demandent de venir à Londres le plus vite possible."

Stéphany hocha la tête et repositionna la petite dans ses bras afin d'éloigner ses mains au maximum du hibou.

"Qu'est-ce que tu en penses ?"

"Je crois que ce serait bien de retourner à Londres. De les revoir."

"Moi aussi."

"Alors on fait ça ?"

"Ouais."

Stéphany hocha la tête.

Deux mois avaient passé depuis la rentrée et James essayait de se concentrer présentement sur son examen de Sortilèges, mais avec Lily qui avait terminé et qui caressait doucement sa jambe avec son pied, ça rendait la chose beaucoup plus hardie. Il essaya tant bien que mal de fournir une réponse à la question numéro 32 – Nommez deux sortilèges de défenses pouvant être légalement cité dans des procès – puis se promit d'étudier. Il leva la main et le minuscule professeur Flitwick vint prendre sa copie. Il alla jusqu'à l'avant, regarda sa montre et sourit.

-Il ne reste qu'une quinzaine de minutes au cours et vous avez probablement de meilleures occupations que de rester ici à attendre. Ceux qui ont fini peuvent partir.

James se leva, prit la main de Lily et la traîna jusqu'à la porte, qu'il ferma tout de suite après. Il la plaqua sur un mur et l'embrassa doucement.

-Je ne m'assiérai plus jamais à côté de toi si tu es toujours comme ça quand tu as fini tes examens, murmura-t-il.

-C'était plutôt amusant de te voir essayer de te contrôler.

-Et bien ne le…

-James !

James tourna la tête.

-Oh non…

Un homme gros, qui ne possédait presque plus de cheveux, s'approcha d'eux, un faux sourire sur les lèvres.

-Oh… Mademoiselle.

Il prit son chapeau melon et fit une révérence.

-Peut-être que je vous dérange…

Il jeta un coup d'œil aux jambes de Lily qui étaient enroulées autour de la taille de James, et aux mains de celui-ci qui étaient sur ses fesses.

-Non, vous croyez, Yuston ?

-Bien, dans ce cas, où puis-je trouver Sirius et Remus ?

-Ils font leur examen de sortilège.

-Bien… Je vais aller les voir.

L'homme partit. James déposa Lily à terre.

-Et merde… marmonna-t-il.

-James ?

Il tourna son visage et fut surpris de la voir aussi près de lui.

-Qui c'était ? demanda-t-elle.

-Yuston Fear.

-Ce n'est pas…

-Le directeur de la maison de disque Simple Inc. ? Bonne réponse.

-Mais… pourquoi voudrait-il vous parler, à toi, Sirius et Remus.

James se tut et commença à marcher. Lily dut courir pour le rattraper.

-James ? Je t'ai posé une question, j'aimerais que tu y répondes !

-Lils…

James s'arrêta. Lily lui fonça dedans.

-Tu veux qu'on aille près du lac ?

-James, on est à la mi-octobre.

-S'il te plait, Lily… J'ai vraiment envie d'y aller.

Lily soupira, puis prit la main de James et le tira jusqu'à l'extérieur. Ils marchèrent silencieusement une demi-heure avant de s'arrêter. James se coucha près du lac et ferma les yeux. Lily vint se coucher à ses côtés et posa sa tête sur son torse.

-Pourquoi voulait-il vous parler ?

-Tu sais… Il y a des choses dont je ne suis pas fier dans ma vie.

-Comme tout le monde.

-Peut-être, mais les miens sont pires.

-Comme par exemple ?

-Quand on était en troisième, j'ai brûlé le livre Anna Karénine que Remus avait reçu pour son anniversaire. Avoir été comparé au calamar géant en cinquième fait également partie de ce genre de truc.

-Je suis désolée.

-Non, je le méritais.

-Il y en a d'autres ?

-J'aurais dû te résister au Noël de l'an passé.

-James ! Nous étions deux dans cette histoire…

-Peut-être, mais j'aurais dû résister. Je savais que c'était mal. Et tout ce qui s'en est découlé…

-James, c'est du passé.

Lily ferma les yeux.

-Mais bon sang, où veux-tu en venir avec toute cette histoire ?

-Tu connais le groupe The Marauders ?

-Ne m'en parle pas, je ne peux pas croire qu'ils soient joués à la radio.

-Je suis guitariste, violoniste et chanteur dans ce groupe.

James s'assit et vit le visage de Lily se décomposer. Il eut un sourire.

-Oh… Je… Je n'aime pas nécessairement les chansons, mais tu joues très bien et tu as une très belle voix.

-Ne t'excuse pas, tout ça est nul. Bon… On a signé quand on avait quatorze ans et… Ce sont les textes de la compagnie qu'on chante. Normalement, on écrit nous-même nos textes, et ils sont plutôt bien, mais… Ceux qu'on chante quand on enregistre sont vraiment nuls.

James marqua une pause. Comme Lily ne disait rien, il continua.

-Et… On a signé pour dix disques. Ils nous en restent deux. Ensuite, on utilisera le studio que mes parents nous ont donné à ma fête et on chantera ce qu'on voudra.

Lily sourit.

-Tu me feras écouter quelques unes de tes compositions.

James sourit et l'embrassa doucement.

Lorsque James et Lily entrèrent dans la Grande Salle, à l'heure du dîner, ils allèrent s'asseoir près de leurs amis, qui n'avaient pas l'air de bonne humeur.

-On entre en studio samedi, annonça Remus.

-Quoi ? Mais…

-On a essayé de repousser, mais il ne veut rien entendre, marmonna Sirius.

Élise se tourna vers Sirius.

-Ça veut dire qu'on retardera notre soirée ?

-Quoi ? Il en est hors de question, on partira à l'aube s'il le faut, mais on rentrera assez tôt pour pouvoir sortir tous les deux.

-Vous avez prévu sortir ? demanda James.

-C'est notre cinquième mois ensemble, on voulait aller à Pré-au-Lard pour fêter ça.

-Mais on peut retarder, Sirius. Une journée de plus ou de moins, ça ne pas vraiment d'importance.

Sirius se tourna vers Élise.

-Si ça en a. Parce que je t'ai demandé de sortir avec moi le premier, pas le deux. Et tu serais déçue.

-Je peux survivre, Sirius.

-Non. On sortira le samedi soir.

-Tu vas être crevé, rétorqua Remus par-dessus sa Gazette.

-Ce n'est pas grave. Je vais pouvoir sortir quand même.

-Tu vas avoir un air de bœuf.

-Non, parce que je vais être avec Élise. Le simple fait d'être avec elle me rend heureux.

Élise sourit et se colla un peu plus sur Sirius, qui passa un bras autour de ses épaules.

-Si vous voulez, je pourrais regarder votre contrat. Si vous pouviez choisir vos chansons, ce serait déjà mieux, proposa Lily.

-Remus y a déjà jeté un œil, si lui ne trouve rien, tu ne trouveras probablement rien de plus, rétorqua Sirius.

-Je n'en suis pas si sûre.

Elle se tourna vers Remus.

-As-tu déjà été dans une colonie catholique de droit durant toutes les vacances d'été quand tu avais treize ans.

Remus haussa les sourcils et sourit.

-Non.

-Donc, j'ai plus de chance que lui de trouver quelque chose. Passez-moi votre contrat.

Remus ouvrit son sac et en sortit un tas de papiers que Lily lut attentivement sous le regard de ses mais.

-Il est spécifié ici que vous êtes des auteurs-compositeurs-interprètes. Vous devez donc écrire vos textes, composer les partitions et les chanter vous-mêmes.

-Tu n'es pas sérieuse, fit Remus en reprenant le contrat et en recommençant à le lire.

-C'était probablement trop simple. C'est pour cela que tu ne l'as pas vu.

-Je t'aime à un point inimaginable ! fit James en l'embrassant longuement.


« Tu m'as tellement manqué ! » cria Stéphany.

Elle serra Lily dans ses bras, la faisant presque basculer.

« Toi aussi ! »

Stéphany sourit.

« Merci. »

Lily sourit à son tour.

« De rien. »

Elles se séparèrent.

« Tu me montres Harry ? »

Lily sourit et alla à la cuisine, suivi de son amie. Elles y trouvèrent James qui donnait à manger à Harry.

« Harry, mange s'il te plait. Papa doit partir et… »

« Il est trop chou ! »

Stéphany se dirigea automatiquement vers le bambin qu'elle prit dans ses bras.

« Il va être un vrai tombeur plus tard, comme son papa. Tu devrais lui faire son cours d'éducation sexuelle le plus tôt possible, James, si tu ne veux pas devenir grand-père plus tôt que prévu. »

« On va commencer par lui donner sa bouillie et on verra pour le futur, ça te va ? »

« Je peux le faire ? » questionna Stéphany.

James soupira.

« Si c'est pour sa bouillie, oui. Où est Moony ? »

« Avec le taxi. Il réglait la note et il rentrait les bagages et la petite. »

À ce moment, la porte s'ouvrit en claquant et on entendit un tintamarre effrayant dans l'entrée.

« Remus, c'est toi ? » s'écria Stéphany.

Il n'y eut pas de réponse, mais ils virent bientôt Remus arriver avec deux sacs à couche, une valise et un porte-bébé qui siégeait sur son ventre, contenant la petite.

« Tu veux bien prendre Poucette ? » demanda Remus.

Stéphany sourit et s'approcha de lui. Elle prit ensuite la fillette et alla s'asseoir avec elle, adressant un sourire à Remus.

« Je vais aller t'aider avec les bagages. » annonça James. « Lily, tu t'occupes de Harry ? »

Elle leva un pouce en l'air, puis l'embrassa et prit le plat de purée. Elle s'assit en face de son fils et entreprit la dure tâche de le faire manger alors qu'elle entendait son mari jurer dans l'escalier.

« Tu n'avais pas autant de trucs quand tu es venue à la maison avant de partir. » fit remarqué Lily.

Stéphany sourit.

« En arrivant à l'aéroport, j'ai fait une razzia des boutiques hors taxes et en sortant, j'ai traîné Remus dans un centre commercial. Résultat, il a trois nouvelles chemises et deux pantalons, la petite a des vêtements chauds et moi j'ai trois valises pleines. »

Lily sourit.

« James semble tendu, non ? »

« Il arrête de fumer pour soutenir Sirius. Il est sur les patches. »

« Wow. Et Sirius, il arrête de fumer pour quoi ? »

« Pour le bien de Roxanne. »

« Roxanne ? »

« Ma fille. »

Stéphany se tourna et vit son cousin.

« Sirius ! »

Elle se leva à la vitesse de l'éclair et alla le serrer dans ses bras.

« Tu m'as tellement manqué ! »

« À moi aussi. Et si tu veux rester en vie, ne parle pas de brioches au chocolat devant Élise. Régime d'après-accouchement. »

« C'est sérieux ? »

« J'ai des ecchymoses qui peuvent le prouver. »

« Je bannis le mot sucre de mon vocabulaire. »

« Excellente décision. »

Ils se séparèrent en souriant.

« C'est ta fille ? »

« Ouais. »

« Pauvre petite chouette. Elle est aussi laide que sa mère. »

Stéphany lui donna un coup sur l'épaule.

« Crétin. Je suppose que ta fille va tomber enceinte à la première occasion. »

« J'ai juré à son baptême de tuer tout homme s'approchant d'elle à moins de trois pas, à moins que je ne lui en ai donné l'accord. Donc, ses oncles, et Harry. Et Mr. Potter aussi. »

Stéphany sourit. Élise arriva à ce moment. S'en suivi d'autres accolades. Puis, Remus et James redescendirent.

« On enregistrera quand ? » demanda Stéphany.

« Mes parents nous attendent demain. »

« Remus… Tu sais qu'on est là ? » demanda James.

Remus était assis à la table de la cuisine et écrivait sans relâche dans son cahier.

« Mais oui, je le sais. Ne vous en faîtes pas. »

« À quand remonte ton dernier repas ? » questionna Peter.

« J'en sais rien… Deux ou trois jours. C'était samedi. Amélie m'a donné une brioche avec un café. »

« Remus… On est mercredi ! » s'écria Sirius. « Tu ne peux pas survivre sans manger aussi longtemps. »

« Lily a fait du spaghetti hier soir, je lui demanderai de t'apporter les restants. » annonça James.

« Les mecs, c'est gentil, mais je n'ai vraiment pas besoin d'aide. À part peut-être... »

« Quoi ? »

« James, je pourrais utiliser le studios cette fin de semaine-ci ? »

« Je ne crois pas qu'il y ait de problèmes. On peut venir si tu veux… »

« Non. Ce sera un album avec piano, voix et guitare. Mais merci quand même. »


Le soir arriva bientôt et Lily servit le repas. Il s'agissait d'une pièce de bœuf avec des crudités. Mais le clou de la soirée fut vraiment le dessert. Il s'agissait d'une pièce montée au double chocolat qui utilisait la moitié de la table.

Lorsque le dîner se termina, après trois bouteilles de Bordeaux, les trois garçons passèrent au salon alors que les filles montaient à l'étage coucher les trois enfants, qui dormiraient dans la chambre de Harry.

« Cette chambre est géniale. » murmura Stéphany.

« James a dû passer une centaine d'heure ici pendant la grossesse. Il a d'abord tout peinturé, ensuite il a fait les pochoirs, et il a dû faire des recherches sur différents sortilèges… C'est pour cette raison que le plafond ressemble à celui de la grande salle. »

Stéphany eut un sourire nostalgique.

« C'est magnifique. »

« Disons que ça permet d'oublier. »

« D'oublier quoi ? »

« La guerre. »

Stéphany hocha la tête.

« Le Canada n'est toujours pas entré en guerre. Je ne crois pas qu'il va tarder. Mais Remus assure qu'il n'entrera jamais. »

Lily eut un sourire triste.

« J'ai déjà parlé à James d'aller vous rejoindre. Il a refusé. Il dit qu'il préfère mourir ici, et que de toute façon, il ne survivrait jamais à passer plus de vingt-quatre heures avec ma grand-mère paternelle. Et d'un autre côté, je le comprends. »

Stéphany sourit. Elles couchèrent leurs enfants.

« Tu viens Stéphany ? » demanda Élise.

« Je… La petite ne dort pas. Je vais rester ici jusqu'à ce qu'elle s'endorme. »

Elles hochèrent la tête et fermèrent la porte. Stéphany s'approcha du berceau. La petite gazouillait en regardant les étoiles. Elle avait remonté ses pieds et tenait ses orteils dans ses mains. Elle poussa un petit cri en voyant une étoile filante.

« Je suis tellement désolée. » murmura-t-elle.

Une larme coula sur sa joue. Elle l'essuya rapidement et alla dans la chambre que lui avaient attribuée James et Lily.


Remus buvaient lentement un scotch, savourant l'effet de l'alcool sur sa langue.

« Il y a du nouveau ici ? » questionna-t-il.

Lily était allée se coucher quinze minutes plus tôt, et Élise dormait sur les genoux de Sirius, qui la serrait dans ses bras d'un air protecteur.

« Nous avons dû prendre un gardien du secret. » annonça James, la voix froide.

« Quoi ? »

« Il y a eu une prophétie. Sur nous. Et Voldemort semble décidé à tuer la famille. On a dû prendre un gardien du secret pour éviter de mourir. »

« Une prophétie ? »

« Ouais. Harry serait celui qui nous en débarrasserait. Ou Voldemort tuerait Harry. Tout concorde. Lily et moi avons battu Voldemort trois fois… »

« Ta mère aussi. »

« Il faut que ce soit les deux parents. Il est né à la toute fin de juillet. »

« Des millions d'enfants aussi. »

« Dumbledore nous l'a confirmé. »

Remus ne trouva rien pour contrer ça.

« Le pire, c'est que ce sera Harry qui tuera Voldemort, ou Voldemort qui tuera Harry. Il n'y aura pas de juste milieu. Et je préfèrerais mourir plutôt que de voir mon fils être tué par ce crétin psychopathe. »

Remus hocha la tête.

« Harry le tuera, James. J'en suis sûr. »

James sourit.

« Tu dois avoir raison. Le bien triomphe toujours du mal, non ? »

Remus regarda un instant Sirius jouer avec sa coupe. Il était probablement le gardien du secret de James. C'était son frère. Ils partageaient tout depuis toujours – sauf les filles –. C'était comme avec la prophétie : tout concordait.

« Lily va me tuer si je monte me coucher passer minuit ce soir aussi. Vous allez éteindre ? »

« Je vais monter aussi. » annonça Remus.

« Nous aussi. »

Sirius prit Élise dans ses bras et la transporta jusqu'à leur chambre, suivi de Remus et James. James bifurqua dans une pièce et Remus dans celle d'en face.

Il trouva Stéphany, toujours vêtue de la paire de jeans et du chandail qu'elle portait à leur départ de Montréal, qui regardait les étoiles par la fenêtre.

« Tu ne dors pas ? »

Stéphany se tourna et fronça les sourcils.

« Quoi ? »

« Il est tard, non ? Tu dois être fatiguée par le voyage. »

Stéphany regarda l'heure. Il était minuit vingt-trois.

« Je ne suis pas fatiguée. Je vais rester debout encore un peu, si ça ne te dérange pas. »

« Il y a quelque chose qui te tracasse ? » demanda Remus.

« Rien qui puisse être partagé avec toi. »

« Tu en es sûre ? »

« Tu as vu la chambre de Harry ? »

Remus fronça les sourcils.

« Oui. Elle est magnifique, pour… »

« Je ne pourrai jamais offrir ça à la petite. Je ne suis pas assez douée en sortilèges pour changer son plafond en un truc vraiment cool, et je suis à peu près aussi douée en peinture qu'en sortilège. »

Remus fronça les sourcils et s'approcha d'elle. Il encercla doucement sa taille de ses bras.

« Peut-être. Mais toi, tu peux lui offrir quelque chose de plus important encore qu'une belle chambre. »

« Et qu'est-ce que c'est ? »

« Du temps. Et de l'amour. »

Stéphany se tourna et plaça ses bras autour de son cou.

« Lily est à la maison, elle peut lui donner autant de temps qu'il en a besoin. Et avec le temps qu'il a mis à arriver, ils l'aiment tous les deux plus que tout au monde. »

« Stéphany, chaque famille cache des secrets. »

Elle fronça les sourcils.

« Qu'est-ce que tu veux dire ? »

« Rien. »

Il embrassa doucement son front.

« Il se fait tard et on devra se lever tôt demain. On devrait se cou… »

Mais Stéphany posa ses lèvres sur les siennes. Le baiser s'éternisa quelques instants avant que Remus ne se retire doucement.

« Qu'est-ce que tu fais ? »

Stéphany eut un sourire.

« Je pensais que c'était clair. Je t'embrassais. »

« Mais… »

« Aller… La petite est dans une chambre à part et elle a quatre personnes qui se feront un plaisir d'accourir au moindre problème. En plus, pour une fois, nous avons une chambre bien à nous, avec un vrai lit et un matelas fait d'autre chose que des branches de sapins. Il faut bien en profiter, non ? »

Elle embrassa doucement son cou.

« Mais… »

Elle retourna à ses lèvres.

« Remus… J'ai envie de toi… »

Il n'en fallu pas plus à Remus pour la prendre par les cuisses et l'emmener jusqu'au lit. Il l'allongea doucement et commença à l'embrasser.

« Si tu savais comme ça a été dur de devoir rester coucher à côté de toi sans pouvoir t'embrasser ou te toucher… »

« Tu sauras que j'ai souffert aussi. »

Remus sourit.


Stéphany se réveilla lentement se matin là. Remus avait une main sur sa hanche et son visage était perdu dans ses cheveux. Elle sourit doucement. Elle aimait cette sensation.

Ne voulant pas réveiller son petit ami, elle se leva et enfila une paire de jeans et une camisole rouge, puis sortit de sa chambre pour se diriger vers la chambre de sa fille. La petite devait déjà être réveillée. Et elle devrait faire chauffer du lait…

Elle ouvrit la porte et vit James qui lui faisait dos, face au berceau d'Harry. Sa guitare était sur ses genoux et le petit était assis en indien dans son lit. Roxanne était dans le lit qu'elle partageait avec la petite, et toutes deux étaient assises et regardaient leur oncle d'un air intrigué.

« Tu me dis ce que tu en penses, bonhomme ? »

Harry poussa un petit cri, faisant sourire James. Il commença à jouer de la guitare et elle l'entendit bientôt chanter.

J'peux pas rester

Je dois refaire le monde

Le réparer pour toi

J'peux pas laisser

La vie te faire de l'ombre

C'est toi qui donne un sens à mes jours

Moi j'te donne ma vie en retour

Au bout de mes voyages

Il n'y a que toi

T'es le soleil au bout de mes pas

Je crèverai les orages

Et plus rien ne me retiendra

Sur ma vie je m'engage

À toujours voyager vers toi

Tout mon passé

Courrais à ta rencontre

Me préparer pour toi

J'veux pas t'laisser

Une terre qui tourne pas rond

Je voudrais que pour toi ça tourne mieux

L'avenir est écrit dans tes yeux

Au bout de mes voyages

Il n'y a que toi

T'es le soleil au bout de mes pas

Je crèverai les orages

Et plus rien ne me retiendra

Sur ma vie je m'engage

À toujours voyager vers toi

À voyager vers toi

À toujours voyager vers toi

Au bout de mes voyages

Il n'y a que toi

T'es le soleil au bout de mes pas

Au bout de mes voyages

J'affronterai le froid

Pour que jamais il ne tombe sur toi

Je crèverai les orages

Et plus rien ne me retiendra

Sur ma vie je m'engage

À toujours voyager vers toi

Tout au bout de nos voyages

Et au-delà

J'peux pas rester

Je dois refaire le monde

Pour toi

James termina son dernier accord. Harry éclata de rire, se prit les pieds et tomba sur le dos, toujours en riant.

« D'accord, elle t'a plu, c'est ça ? »

« À moi aussi. »

James se tourna et sourit en voyant Stéphany.

« Réveillée ? »

« Ouais. Poucette aussi à ce que je vois. »

Elle s'approcha de sa fille et la prit dans ses bras.

« Tu fais souvent des concerts privés à Harry ? »

« Quand j'ai une nouvelle chanson à essayer. Voir si elle est bien. Il a de très bons goûts musicaux. »

Stéphany sourit.

« Peut-être qu'un jour, il y aura une relève pour les Maraudeurs. »

James sourit.

« Oui, peut-être… »

Il y eut un instant de silence.

« Je vais aller donner à manger à la petite. »

« Tu devrais le lui dire. »

« Quoi ? »

« À Remus. Tu devrais lui dire qu'il est père. »

Stéphany baissa les yeux.

« Bientôt. »

Elle sortit de la chambre.