Chapitre 21
Au jardin d'enfant
Lundi 23 Novembre 1986. 19h13
Eddie tenait la jeune fille fermement dans ses bras de peur qu'elle ne s'effondre. Il n'avait aucune idée de pourquoi elle pleurait et il priait -pour le bien-être de Jason- qu'elle ne soit pas dans cet état à cause de lui.
Il allait lui péter les dents.
Il attendit sagement que la jeune fille se calme. Quand enfin se fut le cas, elle s'éloigna un peu de lui, chercha un mouchoir. S'essuyant les yeux avec son pull. Elle n'avait plus que quelques sillons bleus sur les joues et tout le maquillage était parti. Ses yeux bleus étaient nervurés de rouge et ses yeux avaient gonflés. Sa lèvre inférieure tremblait et elle respirait difficilement. Eddie fut touché par la détresse de la jeune femme qui menaçait à tout instant de se briser comme du verre et laissa par automatisme, une main sur sa taille, de peur qu'elle flanche.
Elle s'assit sur une chaise, la tête baissée. Le flot de larmes s'étant tari.
« …Qu'est-ce qu'il t'arrive Chris ? » demanda doucement Eddie en s'accroupissant devant elle. Il mit, sans se rendre compte, une main sur un des genoux de la cheerleader la regardant fixement.
« Jason… C'est… » Elle ne put pas continuer, un hoquet lui coupant le souffle. Elle avait du mal à parler, du mal à articuler.
La situation était trop particulière, elle ne pouvait rien dire à Eddie. Comment expliquer ça ?
« … Tu peux m'emmener chez toi ?... Je ne veux pas être seule… s'il te plaît… »
Eddie n'eut pas le cœur à refuser. Laisser la Reine du lycée dans cet état-là ? Seule ? En sachant qu'il avait entendu le nom de Jason ? Alors qu'il avait été témoin de ce qu'il lui avait fait la dernière fois ?
Jamais de la vie.
« Bien-sûr. Prends ma main. »
Et il tendit sa main couverte de bague. Elle la prit et se réfugia contre lui.
Elle se sentait trahit. Si seule.
Si seule.
Lorsqu'ils arrivèrent chez Eddie, il ne devait pas être loin de 19h30. Eddie l'aida à descendre du van, trop déboussolée par les évènements il avait peur qu'elle ne tombe. Eddie avait peur qu'elle s'effondre devant lui pour de bon. Il n'avait aucune idée de pourquoi la petite princesse lui avait donné rendez-vous, mais il était prêt à parier que ce n'était pas censé se dérouler comme ça à la base.
Il l'installa dans le canapé double où elle s'allongea sur le côté et continua de pleurer en silence. Il lui proposa quelque chose à manger qu'elle refusa. Ne sachant pas quoi faire, il bougea le fauteuil noir et le mit près de la jeune fille, en lui tenant la main.
« Est-ce que tu te sens de me parler ? » demanda-t-il. Eddie ne savait pas quoi faire. Il était juste désemparé devant ce petit bout de femme. Il n'avait jamais eu à gérer les pleurs de qui que ce soit. Il n'avait jamais été en couple, jamais eu besoin de prendre soin de quelqu'un. Cette petite Princesse était décidément une nouveauté pour lui à tous les étages.
Il se souvenait avoir entendu le nom de Jason. Si elle le lui demandait, il irait sûrement enterrer ce mec vivant.
Puis elle le regarda enfin. Les larmes continuant de couler.
« Jason… m'a trompé… »
Eddie fit une moue contrariée. Il s'en doutait un peu vu l'état dans lequel elle était. Elle se releva un peu, calant son dos contre le canapé, repliant les jambes sous son corps, tenant toujours la main d'Eddie dans la sienne.
« Britney a filmé Jason et April en train de parler de moi et de … de...le faire… Devant le restaurant de Benny. » Dit-elle en baissant la tête, pleurant encore. « Et apparemment… ça fait déjà un moment qu'ils coucheraient ensemble… » s'étouffa-t-elle dans ses sanglots.
Eddie n'avait aucune idée de qui était Britney et April, mais il enregistra bien vite les rôles de chacun. Une colère sourde monta envers Jason et cette dénommée 'April'.
« J'étais si heureuse tu sais ce matin… » hoqueta-telle « J'étais heureuse de te revoir... Britney m'avait donné rendez-vous juste avant et… Elle m'a montré la vidéo… » Elle fondit en larmes. « … Il était… bizarre ces derniers temps, et moi je n'ai rien vu. Rien…je suis si bête…je suis une idiote… »
« Non Princesse, je t'interdis de dire ça. C'est certainement pas toi l'abrutie ici. » Il serra sa main plus fort « C'est lui qui y perd. Qu'importe qui est cette 'April' ce qu'ils ont fait c'est de la merde. Tu méritais pas ça. »
Elle bougeait sa tête de droite à gauche « …Je l'ai mérité, c'est parce que j'ai voulu prendre de la drogue…Dieu m'a punie. »
« Chrissy Cunningham, arrête de dire des conneries. Si y'a un Dieu, tu crois que le premier truc qui lui viendrait en tête c'est de te punir via ce trou du cul, parce que t'as fumé un joint ? Sois pas stupide. »
Elle le regarda et s'effondra de nouveau. Eddie était vraiment nul pour prendre soin des gens. Il lui reprit la main.
« Désolé, pardon. C'est juste que ça me fait chier que tu dises que c'est ta faute… C'est pas ta faute Cunningham. Pas ta faute. C'est leur faute à eux. » il fit une pause et pris le menton de la jeune fille pour qu'elle le regarde « Regarde-moi Princesse et réfléchis : Est-ce qu'au final ça ne t'a pas rendue service ? J'ai vu comment il te traitait. On l'a tous vu. Avec la fin de cette relation merdique tu te retrouveras quelqu'un de vrai. Qui t'aimera pour ce que tu es. Qui sera là pour toi. Qui ne te traitera pas comme il a pu le faire. » Il se détacha d'elle, gêné. « Désolé. Euh…J'suis pas doué pour consoler les gens… mais je le pense Cunningham. Tu ne méritais rien de tout ça. Rien. Tu mérites d'être heureuse. » Puis il la regarda de nouveau, avec beaucoup de tendresse dans le visage. « Mais je le pense sérieusement que c'est pour le mieux. Tu mérites mieux que ce mec. Tu mérites. Mieux. Est-ce que tu m'entends Princesse ? »
Elle hocha la tête. Fermant douloureusement les yeux pour éviter de pleurer. Elle se concentra pour respirer.
Eddie se leva du fauteuil individuel, ce qui fit vivement réagir la jeune fille qui lui attrapa le poignet. Il regarda la petite main de la cheerleader s'accrocher à son bras comme si c'était sa bouée de sauvetage.
« Je ne vais nulle part, je vais juste me prendre un truc à manger dans l'frigo. Je te ramène un jus de fruit ? Une bière ? »
« …Une bière s'il te plait. »
Oui. Une bière.
A quoi ça servait tout ça ? A quoi ça servait ces années de souffrance et de mal-être pour au final être trahie par tous ceux qu'elle aimait et voulait rendre heureux ?
Au diable leurs injonctions, qu'ils aillent se faire voir.
Une énorme colère monta dans le ventre de Chrissy. Il fallait qu'elle explose quelque chose. Il fallait qu'elle fasse sortir tout ça.
« Eddie…je crois…que j'ai besoin d'aller marcher. »
Le métalleux se retourna, surpris sous la nouvelle énergie de son amie.
« Okay. Je prends un sac. »
Eddie avait pris un sac pour y mettre de l'alcool, des chips, des sandwichs qu'il s'était fait à la va-vite, une serviette et quelques joints. L'odeur de l'herbe mouillée reposa la tête fatiguée de la jeune fille. Sa conscience vagabonda vers le ciel, sa peau aspirant toutes l'humidité qui l'entourait. Cette atmosphère avait réussi à lui apaiser cette barre douloureuse au niveau de son front. Il avait plu toute la matinée et il faisait vraiment froid. Elle avait donc emprunté un pull d'Eddie, beaucoup plus grand que ses pulls à elle. Bien plus confortable et plus chaud. Elle avait téléphoné chez elle, prétextant qu'elle voulait dormir chez Britney. C'est son père qui avait décroché et elle ne lui avait pas donné la possibilité de répondre, elle avait pressamment raccroché.
Elle voulait la paix.
Et elle voulait rester avec Eddie. Tout était plus simple avec lui.
Elle ne parla pas le temps du trajet jusqu'à… Eh bien. Un endroit inconnu où Eddie l'emmenait.
Elle leva les yeux vers là où il allait. Un parc de jeux pour enfants, avec une balançoire au milieu. Elle aimait bien les balançoires. Elle espérait qu'elle rentrait toujours dedans.
« Attends Princesse, j'ai pris de quoi essuyer l'eau. Tu vas te mouiller sinon. » Et il sortit une serviette de bain et essuya les gouttes. Elle s'assit sur la balançoire, ravie de toujours rentrer dedans et surprise de l'attention. Et commença à se balancer doucement, la tête penchée vers ses pieds, emmitouflée dans ce pull trop grand. Ses cheveux, détachés à présent, suivaient chaque mouvement de balance de manière élégante. Elle avait beau avoir pleuré, ses cheveux, eux, restaient impeccables.
Eddie, lui, étala sa serviette de bain sur le sol et s'assit dessus. Il avait une bonne vue sur le ciel nuageux. Quelques fois on apercevait les étoiles.
« Jason…m'a trompé. » percuta brutalement Chrissy dans un souffle.
Eddie ne répondit rien sur le moment, il se contenta d'allumer son joint et de sortir les bières qu'il ouvrit. « Ouais… Il semblerait… Bien que j'comprenne pas tout encore. »
Chrissy résuma la situation avec Jason par rapport à la vidéo, déviant sur quelques anecdotes pour se décharger. Par exemple sur les comportements qu'il avait eus avec elle qui se révélaient toxiques. Le fait de lui faire du chantage pour tout, dont le sexe, comment il lui parlait, ce genre de choses. Elle expliqua surtout ce qu'elle avait vu et entendu de la vidéo. Et vit Eddie serrer la mâchoire, une expression particulière sur le visage. Il ne souriait plus du tout. « Non seulement il te faisait du chantage pour du sexe, mais t'es en train de me dire que ce connard prenait même plus la peine de se cacher ? Genre carrément à l'extérieur ? Il mériterait que tu l'affiches devant l'école entière. »
Elle acquiesça. Oui, il méritait au moins ça.
« Et si je peux me permettre princesse -pardonne mon ignorance- mais… qui sont Britney et … April ? Dans la vie de tous les jours je veux dire. J'ai entendu que tu as pris le nom de Britney tout à l'heure comme excuse pour découcher, je suppose donc que c'est une amie à toi ? »
« Oui c'est… sûrement ma meilleure amie. On se connaît depuis la quatrième. C'est… C'est elle qui a trouvé Jason et qui l'a filmé. J'ai terriblement mal agi avec elle tout à l'heure. Ce n'est pas de sa faute… Pourtant je lui en ai tellement voulu… J'ai été injuste. »
Eddie comprenait. Lui aussi en avait voulu à son oncle lorsqu'il avait dix piges alors qu'il n'y avait aucune raison valable. Il connaissait ce sentiment.
Chrissy reprit mais avec plus de colère cette-fois ci dans la voix : « Mais je lui en voudrais toujours moins que cette putain d'April Kennedy. Cette…Cette ! Uh ! Ça m'énerve tellement ! Si tu savais les horreurs qu'elle a dite sur moi… » Elle continua. « April, c'est une fille de ma troupe. Je lui faisais confiance. Je pensais qu'on était amies. Je m'étais déjà confié à elle. Elle m'a trahie…Sans même un remord. »
Eddie tiqua sur l'expression de 'putain' que venait de prononcer la Reine du lycée d'Hawkins. Inhabituel venant d'elle. Il voulut sourire, mais se retint.
Un silence se fit où Eddie se contenta de boire, ses yeux naviguant du ciel à la jeune femme. Elle semblait réfléchir à toute la situation, des sanglots étouffés entre-coupés de murmures et d'injures. Eddie savait qu'il ne pouvait rien faire de plus. Il ne pouvait que l'aider à décharger sa peine. Il posa sa bière et prit celle de Chrissy qu'il décapsula, avant de se chercher un joint dans son sac.
Au bout d'un moment, elle se leva pour venir s'assoir à côté de lui.
« J'ai tellement mal Eddie. J'ai l'impression qu'on m'a pris le cœur pour me l'arracher de la poitrine. Mon ventre me fait mal. J'ai l'impression de mourir. As-tu… As-tu déjà été trahi ? Ce sentiment amer qui te prend la bouche, le ventre … ? Je n'arrive pas à l'exprimer. J'ai juste… mal… »
« Oh que oui, Princesse. » dit-il en rigolant d'une voix triste.
Elle le regarda. Une douleur au fond des yeux, attendant qu'il continu.
« Hurm. » Il fuma son joint et regarda le ciel. « Mon père était le cliché qu'on voit dans les vieilles banlieues pauvres. Alcoolique, violent, déjà condamné pour des délits mineurs. Il passait ses journées avec des prostituées et ses soirées à l'usine. C'est mon oncle -son frère-, qui l'avait fait rentrer. Et un jour, une des prostituées qu'il voyait souvent lui ramena un gosse. » Dit-il en souriant douloureusement, pointant un doigt sur son visage. « En l'occurrence : moi. »
« J'ai fait quelques foyers d'accueil avant d'être récupéré par mon oncle après que mon père m'ait abandonné. Enfin ''père''... Mes géniteurs m'aient abandonné quoi. »
Eddie souriait, mais elle sut que c'était un sourire pour cacher une douleur plus grande encore que ce qu'elle imaginait. Son regard ne mentait pas.
« Moi… » commença-t-elle « Moi j'ai mes parents… Et en même temps, j'ai l'impression qu'ils ne sont pas là. Qu'ils ne m'aiment pas. » Elle prit le joint des doigts d'Eddie qui la regarda faire. Elle prit une bouffée. « A la maison, c'est l'enfer. Tu te souviens, je t'avais dit que je n'arrivais pas à dormir ? »
« Ouais. » fit-il attentif.
« Ce n'est pas juste que je n'arrive pas à dormir… Depuis deux mois, je rêve constamment du même cauchemar. Je suis immobilisée dans mon lit, n'arrivant ni à parler, ni respirer. Je suis obligée de subir une grande ombre noire qui flotte devant moi avec un couteau pour me poignarder, tous les soirs. » expliqua-t-elle avec émotion dans la voix. « C'est toujours le même rêve. » Puis elle plongea sa tête dans une main.
« Oh ? Alors une Princesse aussi fait des cauchemars ? Comment ça se fait ? » demanda doucement Eddie.
Elle rapprocha ses jambes de son buste. « Tout ça à réellement commencé il y a deux mois. Après que ma mère m'ait dit qu'elle allait me ''saigner comme la grosse truie que j'étais'' » fit-elle en mimant des guillemets. Eddie stoppa tout mouvement à cette phrase et la regarda avec des yeux choqués « Je me souviendrai toujours de sa voix… La façon dont elle a tenté de forcer ma porte… » Puis elle se stoppa, réalisant quelque chose. « Je suis désolée, je voulais pas paraître… comparé à toi c'est… »
« Nan, fais pas ça Chris. » contesta Eddie. « On a tous notre croix à porter. Va pas comparer ce qui peut pas se comparer. J't'ai pas parlé de moi pour que tu me dises ça. » trancha-t-il en soufflant sa fumée de cannabis. Elle fut surprise, elle ne s'attendait pas à ça « Je suis désolée…je… » Elle parut prête à s'effondrer de nouveau.
Eddie se pencha vers elle et mit sa main, -beaucoup plus grande et rugueuse que celle de Jason- sur sa joue « Non, c'est moi qui suis désolé. Ce n'est pas ce que je voulais dire Princesse. » Il baissa la tête « Ce que tu as vécu, c'est tout aussi violent, voir plus. Ça fait des jours que je me demande encore et encore pourquoi tu as ce regard. Pourquoi tu as l'air tout le temps triste. Comme si tu étais constamment perdue dans la brume. Maintenant je comprends. » Et il leva ses yeux profonds vers elle. « On ne vit pas dans des univers si différents finalement. » Fit-il proche du visage de la jeune fille. Quelque chose de chaud se réveilla dans sa poitrine. Elle avait déjà ressenti ça pour lui quelques jours avant.
Il était beau.
Elle le regarda.
« J'ai passé ma vie à être 'parfaite'. J'ai passé ma vie à me conformer aux autres, aux attentes de ma famille. Être discrète. Être la plus belle. Être la plus mince. Se taire. Trouver un mari respectable comme Jason et lui faire des gosses. Quelle blague ! Quelle foutue blague ! » affirma Chrissy. « Tout ça c'est une vaste blague ! »
Elle avait vraiment l'air furieuse d'un seul coup. La petite pointe de son nez s'était retroussée. « Et tout ça pour quoi ? » souffla-t-elle « Pour finir cocue avec le garçon que tout le monde soutiendra ? je refuse. Je refuse. » Puis elle mit sa tête dans ses bras, les jambes recroquevillées contre son buste.
« Et t'as bien raison putain. Tu vois. Vaut mieux que ça soit aujourd'hui que dans vingt ans. Au moins, tu n'es plus accrochée à ce connard. Tu vas pouvoir vivre libre à l'école. »
Eddie étira ses jambes en dehors de la serviette, de grosses bottes noires aux pieds. Un vieux jean déchiré, la tête penchée vers le ciel les yeux plantés vers les étoiles. Il expira tranquillement la fumée de sa cigarette.
Le cœur de Chrissy rata un battement quand elle le regarda.
Eddie avait raison sur un point : si elle n'avait plus besoin de supporter Jason et ses sautes d'humeur, elle pouvait trouver une autre personne qui serait capable d'être là pour elle. Elle sourit sans qu'il le vît, l'admirant de tout son saoul. Il expira encore la fumée. C'était envoûtant, quand lui le faisait c'était beau.
Elle se redressa et se mit doucement sur les genoux, sous les yeux d'Eddie qui la regarda, intrigué. Elle se rapprocha dangereusement de lui, et lui prit le joint des mains, une main en appui sur son épaule. Elle refit le même geste qu'il faisait juste avant. Sur les genoux, se grandissant en lâchant doucement la fumée vers le ciel. Eddie comprit qu'elle voulait le copier et rigola : elle était vraiment adorable.
« Au fait, pour quelle raison tu voulais me voir ce soir ? A la base j'veux dire ? »
Elle le toisa et lui sourit. « Ah oui c'est vrai … » dit-elle une voix rocailleuse, ayant trop pleuré. Puis elle se rassit près de lui. Beaucoup plus près. Eddie ne releva pas, il faisait froid. « Je voulais te proposer … de te donner des cours particuliers pour les cours de sciences. En échange de K. »
Eddie recula sa tête, peu sûr d'avoir tout comprit.
« Attends… pardon Princesse mais ça m'étonnerait que tu aies déjà fumé le pochon entier de cannabis non ? » lâcha-t-il
« … » Chrissy continua à fumer et ne fit pas en sorte que ça 'paraisse glamour'. « Quand j'étais venue chez toi, j'avais réussi à dormir. Je n'avais plus ces cauchemars horribles. C'est la seule nuit où je n'ai pas eu l'Ombre au couteau. La seule. Unique. Fois. J'ai pensé que c'était la drogue. C'est pour ça que je te l'avais acheté. Mais lorsque je suis rentrée chez moi et que j'ai fumé seule… » Son regard s'immobilisa de terreur. « Le cauchemar s'est empiré. Je… C'était encore plus flippant que le précédent. L'habituel, je veux dire. »
Et elle expliqua le second rêve à Eddie qui buvait ses paroles, absolument sur le cul de ce qu'elle lui racontait, les bras croisés contre son torse.
Il parut réfléchir un moment, avant de lâcher :
« Je te propose deux choses Princesse. La première : tu dors chez moi. Sans drogue. Puis si l'ombre revient, on fume comme la dernière fois. Si l'ombre réapparait encore… je te filerai de la K. Et tu essayeras. J'suis vraiment pas fan de t'envoyer droit te percher au Nirvana alors que ton corps et ton esprit doivent déjà supporter pas mal de trucs en ce moment. »
Chrissy parut d'accord mais un problème survint.
« Eddie… moi je veux bien. Mais… s'il s'avère que je n'arrive à dormir que chez toi… comment on fait ? » Dit-elle en rigolant doucement peu sûre du plan.
Eddie n'avait pas pensé à ça. Et parut réfléchir à une solution. « Et pour les cours ? Ça t'irait si… Attends je réfléchis… » Dit Eddie en marmonnant.
« Imaginons que j'arrive à convaincre mes parents que je doive donner des cours du soir jusqu'à très tard à une amie ? Tout le monde y gagne. Je t'aide pour les cours, tu m'aides à dormir. »
Eddie leva un sourcil. Sa phrase sonnant étrangement à ses oreilles mais ne dit rien.
« Ouais en vrai… Pourquoi pas. Mais je ne vois pas comment tu vas pouvoir faire pour les convaincre. »
« Je m'en occupe. Les seuls soirs où je ne pourrais pas venir, c'est quand je serais à l'entrainement de… cheerleader. » Dit-elle en baissant les yeux. Oh. C'est vrai. Qu'était-elle censée faire maintenant ? elle baissa la tête, abattue. Comment était-elle censée revenir sur le terrain et s'entrainer maintenant qu'elle savait pour April et Jason ?
« Oh non, n'ose même pas penser à abandonner Cunningham. N'essaye même pas. » Ordonna Eddie qui lui prit la tête entre ses doigts bagués. « Voilà ce qu'il va se passer : tu vas aller t'entrainer et tu ne laisseras pas une miette à cette … April quelque chose. Tu les nargueras. Tu les regarderas droit dans les yeux, leur faisant un bon gros doigt. Tu montreras jusqu'à la fin que tu n'as pas besoin de lui. Cette meuf veut Jason ? Qu'elle le prenne. Personne veut d'un déchet qui fait du mal à sa copine. Tu es plus forte que lui. Et tu vas lui prouver. »
