Auteuse : Moua !
Titre : Le Droit à l'erreur
Base : Harry Potter et « le Droit à l'erreur » d'Amel Bent
Genre : Yaoï, Slash (donc homophobes la porte de sortie est en haut à gauche), Song-fic, Romance / Angst.
Rating : M pour plusieurs raisons. Déjà parce qu'il y aura un lemon, mais aussi parce qu'il est fait mention d'un viol dans la fic. Donc, ne lisez pas n'importe comment merci n.n...
Couple : Un bon gros Drarry (comment ça encore ?) et d'autres couples ;)
Disclaimer : Les personnages ne sont pas à moi, mais à JKR. Et la chanson est à Amel Bent. SAUF ! Haha... trop contente d'enfin pouvoir dire ça lol... Carole, Emilia et Alexandre.
Statu : OS coupé en deux pour cause de longueur lol : Two-Shot.
Résumé : L'erreur est humaine dit-on. Mais parfois elle peut mener à certaines extrémités que nous ne voulons pas connaître et la culpabilité nous ronge. Pourtant nous avons tous le droit à l'erreur, n'est-ce pas ?
Note : Cette fic n'est pas classée en NCS (Non Consensual Sex) car le viol est cité mais pas détaillé dans sa totalité.
Note 2 : Fan de Draco et Harry pardonnez-moi à l'avance... Surtout ceux de Draco en fait. Hem... comment vous le dire sans me mouiller ? Euh... Qui aime bien châtie bien ? Draco : En clair tu vas nous faire souffrir mais je souffrirais plus que les autres c'est ça ? HK : Notez que ce n'est pas moi qui l'ai dit n.n''.
A ma béta-lectrice Ishtar : MERCI ma chérie ! Merci pour tout ce que tu fais pour moi ! Je t'embrasse. Kiss !
En attendant : BONNE LECTURE A TOUS ET TOUTES !
LE DROIT A L'ERREUR
Je ne marche plus droit
Je fais n'importe quoi
J'ai devant moi un mur qui m'empêche d'avancer
« Hahahaha... Non... non... hahahaha... »
Par Merlin, mais qu'est-ce qui m'arrive ! Je ne suis même pas capable de répondre ou de lui envoyer un coup de poing en pleine poire. Bon sang Draco mais qu'est-ce que tu fais ! Tu ne vas quand même pas te laisser faire ! Où sont donc tes répliques cinglantes ? Où est passée ta fierté ?
« Seigneur, je n'y crois pas ! Mal... Malfoy ! Oui, Draco Malfoy est amoureux de moi ! Hahahaha, non c'est vraiment trop drôle ! »
BORDEL ! Mais Draco fait quelque chose ! Combien de temps comptes-tu encore laisser ces maudits Gryffondors se moquer de toi ? COMBIEN !
« Je... je te l'avais dit Harry ! Cette sale fouine est vraiment accro à toi ! »
« Mouais, tu avais raison Ron... quelle horreur ! »
« Franchement Malfoy, tu croyais quoi ? Tu pensais qu'Harry allait vraiment t'aimer ? Nan mais t'es cinglé ou quoi ? »
« Nan, il est pas cinglé il est tout simplement incroyablement con !
« Ouais t'as raison Harry ! Faut dire qu'avec le cerveau d'une fouine, on ne pouvait pas espérer mieux ! »
« Allez ! Relève-toi Malfoy, tu me fais vraiment pitié ! »
La haine dans son regard. Ses émeraudes si magnifiques qui me fixent avec dégoût et mépris... Il me hait. Il me hait vraiment. Dire que je pensais que tout pouvait changer entre nous. Dire que j'avais cru aux paroles pleines de tendresse et d'amour qu'il me chuchotait au creux de l'oreille quand il m'enlaçait.
Mais tout ceci n'était qu'un leurre. Un piège conçu pour me faire souffrir. Tu t'es bien fait baiser Draco.
Mais de toute façon, que croyais-tu ? Que le célébrissime Harry Potter allait te tomber dans les bras en te criant son amour ? Tu pensais que vous pourriez vivre ensemble : heureux pour le restant de vos jours ?
Toi qui te faisais tant de films, te voilà bien maintenant. Tu es assis par terre, le cul dans une flaque de boue avec deux salopards qui se foutent de ta gueule... dont un vient juste de te briser le cœur. Tu es misérable, à ses pieds, sans défense et pathétique.
Et tout ce que tu as à dire c'est quoi ? Rien... rien d'autre que...
« Je te hais Potter... Je te hais vraiment. »
« Ah bon ? Je croyais pourtant que c'était le contraire. Qu'est-ce qui se passe Malfoy ? Ta fierté vient d'en prendre un coup ? »
« Plus jamais Potter... je ne veux plus jamais entendre parler de toi. »
« C'est réciproque ! »
oOo
Le réveil est brutal
Les nuits baignées de larmes
« AAAAAAAH ! »
Draco sursauta violemment sur son siège. Il avait les yeux écarquillés, le front trempé de sueur et son cœur dépassait largement les trois cents battements par minute.
« Draco ! Draco qu'est-ce qui se passe ? Tu vas bien ? »
Le blond inspira profondément et leva son regard larmoyant sur une Hermione morte d'inquiétude. Elle avait le front plissé et affichait une espèce de petite moue désespérée comme à chaque fois qu'elle se faisait du souci. Le jeune homme se força à sourire et répondit.
« Ce... Ce n'est rien Hermione. Un mauvais rêve... »
Elle secoua la tête, contourna le bureau pour le prendre dans ses bras. Draco n'en fut pas surpris et se laissa doucement aller à l'étreinte de son amie.
« Encore ce cauchemar..., dit-elle en le serrant plus fort. »
Il acquiesça.
« Tu ne veux toujours pas m'en parler ? »
Il secoua la tête avant de se détacher des bras pourtant réconfortants de la jeune femme. Elle soupira, l'air lasse.
« Tu sais que c'est très mauvais de garder ses problèmes pour soi, le réprimanda-t-elle gentiment. »
« Hermione arrête d'angoisser pour rien, répondit-il en s'épongeant le front. »
« Ça fait quand même plus d'une semaine maintenant que tu t'endors au travail et que tu te réveilles haletant et en pleurs. »
« Je suis juste fatigué ces derniers temps. Avec l'affaire Hyrvinia, qui ne me laisse pas une seule seconde de répit, j'ai un peu de mal à me recentrer. »
Hermione secoua la tête incrédule et fronça les sourcils.
« Draco ne me mens pas. »
« Écoute, le jour où je voudrais t'en parler, je t'en parlerais d'accord ? Pour le moment, remettons-nous au travail. Nous n'avons pas de temps à perdre. Notre cliente est vraiment dans de sales draps. »
« Très bien, abdiqua la jeune femme. »
Hermione savait par expérience que lorsque Draco Malfoy refusait de se dévoiler, mieux valait ne pas insister. Au début elle s'était inquiétée du fait que ses mauvais rêves puissent avoir un ascendant quelconque sur son travail mais elle s'était rapidement aperçue que Draco était d'un professionnalisme à toute épreuve. Rien n'entravait la bonne marche de son boulot car lorsqu'il se plongeait dans ses dossiers, il oubliait tout et son niveau de concentration était assez spectaculaire. Outre le fait qu'il soit un avocat de premier ordre, c'était en partie pour cette raison qu'elle avait accepté de devenir sa collaboratrice.
Les inquiétudes de la jeune femme avaient donc rapidement dérivé d'un ordre professionnel à un ordre plus intime. Et pour cause, la santé de Draco allait décroissant. En une semaine, il avait perdu cinq kilos, ce qui rendait son corps encore plus élancé et presque maigre. Son teint était plus pâle, presque cadavérique. Bien entendu il s'habillait toujours élégamment et son allure, bien que maladive, n'entamait en rien son charme naturel. Mais tout ceci, n'était bien sûr que l'éternel masque du « je-vais-bien-même-si-je-vais-mal » typiquement Malfoyen.
Hermione se souvenait parfaitement de la dernière fois où Draco avait porté cette grimace douloureuse sur le visage. C'était d'ailleurs une époque qu'elle souhaitait ne plus jamais revivre, et pour cause : le blond s'était lentement mais assurément laissé mourir. Heureusement pour elle que Draco la considérait comme une amie, sinon il ne s'en serait jamais sorti. Harry lui avait fait tant de mal à l'époque, et Hermione n'était pas certaine que Draco ait totalement fait l'impasse sur ses sentiments envers son meilleur ami. La jeune femme avait mis du temps à pardonner à Harry et Ron leur connerie, parce qu'ils refusaient tous les deux d'expliquer leur geste. C'était donc uniquement grâce à Draco qu'elle avait pu le faire. Draco qui avait pardonné malgré sa peine et malgré l'événement traumatisant dont il refusait absolument de parler. Événement dont elle seule avait été témoin.
Elle secoua énergiquement la tête afin de balayer les mauvais souvenirs qui ressurgissaient en elle, avant de se diriger vers son bureau et de saisir le dossier qui accaparait toute l'attention du cabinet Malfoy et Granger.
« Alors, demanda Draco, as-tu trouvé un antécédent à cette affaire qui puisse faire jurisprudence ? »
« Oui mais rien d'assez consistant pour nous. »
« C'est très mauvais, fit Draco en se levant. Mais bon... je suis quand même parvenu à nous obtenir la liberté provisoire. »
« Tu as parlé au procureur ? »
« Oui et heureusement pour nous que les parents d'Emilia sont riches. La caution a été fixée à 20.000 galions ce qui est cher payé. Blaise a voulu se montrer sévère, ce que je ne peux lui reprocher. Emilia est quand même accusée de meurtre et ce bien que le corps de Carole n'ait pas encore été retrouvé. »
« Hum ! s'exclama Hermione. Emilia n'aurait jamais dû passer par la case prison et débourser 20.000 bâtons à la banque. »
Draco lui lança un regard indulgent.
« Mione, tu te laisses dépasser, fais attention. Ce n'est pas la femme qui doit parler mais l'avocate. Tu sais très bien pourquoi ils ont balancé Emilia en taule. Il y avait du sang sur le tapis et sur les mains d'Emilia quand McGonagall l'a retrouvée dans la chambre de Carole. Et même sans l'arme du crime et sans le corps de la victime, c'était suffisant pour que le juge ordonne l'emprisonnement. »
« Je sais, je sais, maugréa la jeune femme. Mais bon... Je suis soulagée, soupira-t-elle. Elle est tellement fragile... je n'ose imaginer ce qui lui serait arrivé si elle avait été envoyée à Azkaban tout le temps que durerait le procès. »
« Ne t'inquiète plus pour ça Hermione. Emilia devrait sortir ce soir. Ce qui m'angoisse par contre, c'est que Blaise à déjà trois témoins qui affirment avoir vu Emilia se disputer avec Carole la veille de sa disparition, alors que nous n'avons pratiquement rien. »
« Hum... il va falloir aller les interroger. »
« Oui et il faut également que je jette un petit coup d'œil dans les chambres respectives d'Emilia et de Carole. »
Hermione leva un regard étrange sur son ami et il comprit de suite ce qu'il signifiait.
« Ne t'en fais pas Hermione, je suis au-dessus de tout ça maintenant... nous n'étions que des gamins à l'époque. J'ai oublié depuis longtemps ce qui s'est passé. »
« Tu en es sûr ? »
« Oui, s'agaça Draco, tu le sais pourtant non ? Écoute, le plus important pour moi maintenant c'est de sauver la peau de notre cliente, parce que je suis certain qu'elle dit la vérité. Elle n'est pas coupable de ce soi-disant meurtre. Et puis, je savais exactement où je mettais les pieds en acceptant cette affaire. »
« Très bien, tu as gagné. Mais fais quand même attention. Ça va faire neuf ans maintenant que tu ne l'as pas vu, et rien ne peut prédire que tu ne le croiseras pas là-bas. »
« Je sais, répondit-il froidement. Bon, ce n'est pas tout, mais je suis épuisé et une longue journée s'annonce pour nous deux demain. Je vais rentrer chez moi. »
« Okay, on se rejoint demain à sept heures à Poudlard. »
Draco acquiesça, rangea quelques dossiers dans son porte-document puis quitta le bureau non sans un baiser sur la joue de sa collègue.
Une fois dans la zone de transplanage, il se concentra et se retrouva deux secondes plus tard dans son appartement. Après la guerre contre Voldemort et le décès de ses parents, Draco avait hérité du manoir et de toute la fortune des Malfoy. Au début, il avait songé à y vivre avec Harry, mais après ce qui s'était passé, il avait vendu la demeure, placé une partie de son argent et offert l'autre moitié à diverses associations, dont il était le parrain.
Il s'était alors acheté un appartement à Pré-au-Lard, avait ouvert un cabinet d'avocat qui n'avait cessé de gagner en prestige depuis son ouverture, et avait enfin un semblant de vie normale.
Il posa sa mallette sur la table du salon et se servit un verre de scotch avant de rejoindre le balcon. Il soupira longuement. Hermione avait raison de se faire du souci. Draco n'avait pas encore exorcisé tous ses démons, il s'en rendait compte maintenant que, depuis une semaine, il ne cessait de penser au beau Gryffondor qui lui avait brisé le cœur, neuf ans auparavant.
Des images de son cauchemar refirent soudain surface et il but une gorgée d'alcool pour se détendre. Neuf ans... neuf ans qu'il n'avait plus vu Harry ni même entendu parler de lui... Enfin pas au sens littéral du terme, puisqu'il était un Survivant médiatisé et qu'Hermione laissait parfois échapper deux ou trois bricoles à son sujet. Heureusement que son rouquin de mari évitait de venir lui rendre visite au boulot, sinon c'aurait vraiment été difficile pour Draco... Ron n'avait jamais fait partie de ses fans et c'était réciproque. De toute façon, son amitié avec le rouquin s'était brisée, il y a longtemps.
L'ex-Serpentard ne comprenait vraiment pas ce qu'il lui arrivait. Neuf ans qu'il n'avait plus songé à Harry depuis l'humiliation et voilà qu'il se mettait à rêver de ce souvenir douloureux. En fait, il ne se faisait plus d'illusions sur la cause de ses cauchemars. Depuis qu'il avait commencé à travailler sur l'affaire Hyrvinia, ses pensées étaient de plus en plus souvent axées sur Harry. Il focalisait tellement sur l'enfer que l'ex-Gryffondor lui avait fait vivre et lui faisait vivre encore, qu'il en devenait presque dingue.
L'avocat se rabroua et balaya ses pensées noires d'une gorgée d'alcool.
Emilia Hyrvinia était élève en septième année à Serpentard et sa meilleure (et défunte ?) amie, Carole Helen était également élève en septième année mais à Gryffondor. Évidemment, parce qu'Emilia était Serpentarde, elle avait immédiatement été accusée de meurtre suite à la disparition soudaine de Carole. Draco secoua la tête face à cette déduction peu objective et se força à se concentrer sur les preuves qui accusaient sa cliente. Une dispute avec trois témoins à charge, une chambre de préfet mise sens dessus dessous avec en prime les empreintes de sa cliente, et des traces de sang. Le sang avait été identifié comme celui de Carole. Et le grand final : Emilia avait été trouvée sur le lieu du crime par le Professeur McGonagall.
Heureusement pour Draco que sa brillante plaidoirie lors de l'audition avait convaincu le procureur de leur accorder la liberté provisoire : tant que le corps de Carole n'a pas été retrouvé la culpabilité d'Emilia n'est pas établie. Il n'y a qu'un ensemble de faits et cela ne prouve en aucun cas que la jeune fille a bien assassiné son amie.
Draco pouvait s'en féliciter. Ses arguments étaient faibles mais au moins, la présomption d'innocence protégeait encore sa cliente. Il ne lui restait maintenant qu'à rassembler les preuves nécessaires pour disculper Emilia. Pour cela, il devait se rendre à Poudlard... Poudlard où Harry travaillait en tant que professeur de Défense Contre les Forces du Mal.
« Ce n'est pas grave, se dit Draco. De toute façon, dès que cette affaire sera terminée, je n'aurais plus aucun souci à me faire. »
oOo
Draco se réveilla en sursaut. Avisant qu'il était dans son salon, allongé sur son divan et non pas assis dans une flaque de boue, il se leva en jurant. Encore ce maudit cauchemar. Il en avait plus qu'assez !
Il rangea rapidement le petit bazar qu'il avait mis la veille dans son salon puis se dirigea vers sa salle de bains. Il était cinq heures du matin, mais il n'arriverait plus à se rendormir de toute façon. Alors il prit une longue et relaxante douche chaude, se prépara puis but un simple jus de fruit suivit d'un thé fort avant de sortir de chez lui.
Il flâna un peu dans les rues grouillantes de lève-tôt de Pré-Au-Lard, puis pris une profonde inspiration et transplana jusqu'à Poudlard. Il devait être dans les environs de six heures et tous les élèves ainsi que les professeurs devaient certainement commencer à se préparer avant de rejoindre la Grande Salle à sept heures tapantes.
Le jeune avocat sourit au constat et ne put s'empêcher de remercier Hermione pour son savoir-faire. Pendant que tout le monde serait occupé à déjeuner, il serait tranquille environ une heure. Il aurait ainsi le temps de s'éclipser avant que quiconque ne le dérange. Bien entendu il avait mis Dumbledore au courant de sa visite et avait prié le vieux mage de tenir sa langue, ce qu'il avait accepté sans rechigner.
Un courant d'air frais surprit le blond et il se dirigea vers le lac. Nombre de souvenirs étaient ancrés dans son esprit et il dut se faire violence pour les chasser et ne pas verser une petite larme. Il inspira profondément l'air empli de magie qui flottait autour de lui quand quelque chose serra son cœur. Il fronça les sourcils et fit immédiatement volte-face, regardant de tous côtés. Il était persuadé d'être observé... épié et ce sentiment était dérangeant. Il avait senti quelque chose d'étrange dans l'air et une drôle de sensation s'était emparée de lui.
Il sursauta violemment quand une main se posa sur son épaule et, le cœur battant, il s'éloigna de son assaillant.
« Draco, tu vas bien ? »
« Bon sang Hermione, gronda-t-il en se retournant. »
« Désolée, dit-elle en souriant, gênée. Je ne pensais pas que tu serais aussi concentré si tôt le matin. »
« Très drôle, se détendit Draco. Bon puisque tu es là, et si on y allait maintenant ? »
« Bonne idée. J'ai des élèves à torture... à interroger. »
« Je ne comprendrais jamais quel malin plaisir tu prends aux interrogatoires. Moi je trouve ça plutôt rébarbatif, voire très ennuyeux. »
« Bah... ce qui est jouissif c'est de tirer les vers du nez de la personne en question, répondit la jeune femme en haussant les épaules. »
« C'est dégoûtant, grimaça Draco. »
« Ce n'était pas à prendre au premier degré. »
Ils éclatèrent de rire avant de rejoindre le château.
oOo
La chambre de préfet d'Emilia était impeccablement rangée, et Draco sourit au souvenir de sa propre chambre de préfet encore mieux ordonnée. Cette jeune fille lui ressemblait trait pour trait. Il soupira en songeant qu'il n'y avait pas que de bons souvenirs de Poudlard... puis il s'intima un peu plus de concentration et se mit en devoir de fouiller la chambre.
Malheureusement il ne trouva pas grand-chose... rien à vrai dire, sauf une petite note ainsi qu'une photo des deux jeunes filles qui semblaient s'amuser follement dans l'eau du lac. Puis, le blond transplana jusqu'à la chambre de Carole. Chambre qui, malgré un désordre évident, respirait la sérénité. Paradoxe assez troublant d'ailleurs vu ce qu'on supposait qu'il s'y était passé.
« Typiquement Gryffondorien, soupira Draco en se remémorant la chaleur si particulière qui pouvait émaner d'un Gryffondor. »
Encore une fois il se rabroua vivement, ne souhaitant pas s'étendre sur le sujet. Les Aurors et les agents du ministère avaient déjà passé la chambre au peigne fin, mais Draco savait par expérience qu'une jeune fille dissimulait particulièrement bien ses secrets, notamment si la jeune fille en question était une adolescente en pleine mutation hormonale. Il remercia intérieurement Pansy et sa manie des cachettes secrètes et s'approcha d'un immense portrait représentant une ondine. Il l'observa un moment, se perdant dans les méandres des coups de pinceaux de l'artiste quand il se souvint que l'artiste en question était Emilia. Elle lui avait dit qu'elle avait peint un tableau pour l'anniversaire de sa meilleure amie. Draco siffla d'admiration face à autant talent et se saisit de la photo qu'il avait trouvée un peu plus tôt.
Il en caressa le cadre puis soupira.
« Ne t'inquiète pas Emilia, je te promets de tout faire pour te sortir de là. »
Puis il fronça les sourcils quand la jeune fille lui fit signe. Elle avait un doigt pointé vers le ciel et Draco leva machinalement la tête pour se retrouver face à face avec le tableau de la nymphe des eaux. Il réfléchit un instant puis sourit.
« Merci, murmura-t-il à la photo. »
Il se rappela qu'Emilia lui avait dit que Carole était quelqu'un de lunatique et de vraiment tête en l'air. Il supposa donc que la photo avait été prise au cas où la jeune fille oublierait le lieu, sûrement aussi extravagant que la jeune fille, de sa « cachette secrète ». Il approcha le cliché du tableau et les deux jeunes filles tendirent leur bras vers la droite. Il fit quelques pas dans la direction indiquée et jeta un œil sur la bibliothèque de Carole. Presque tous les livres avaient été jetés à terre, seuls trois grimoires énormes reposaient encore paisiblement sur la plus haute étagère.
Les deux jeunes filles dirigèrent cette fois leur bras vers le ciel et Draco fronça les sourcils.
« C'est bien ma veine, maugréa-t-il. Je suis trop petit pour atteindre les Grimoires. Mais bon... ce n'est pas de ma faute si Carole à une croissance surdéveloppée. »
Fierté purement masculine oblige, il se mit sur la pointe des pieds et tendit son bras au maximum sans succès. Vexé dans son amour-propre, il n'abandonna pas et refit plusieurs tentatives en poussant des « han ! » motivants mais légèrement inutiles, avant de réellement déchanter. Décidemment, ces filles et leurs cachettes secrètes... tsssk ! N'auraient-elles pas pu songer qu'un avocat de taille moyenne (mais tout à fait respectable cependant) puisse un jour avoir besoin de...
Draco se traita d'imbécile et oublia vite fait la question qu'il allait se poser. Ce genre de choses n'était jamais prévisible.
Il se décida à bafouer sa fierté en se servant d'un siège quand il sentit une présence derrière son dos. Il fut un peu brusquement plaqué contre la bibliothèque tandis qu'un corps inconnu et manifestement diablement musclé se mouvait dans son dos. Surpris, il n'osa plus bouger... il se sentait comme enveloppé par cette présence, par cette ombre qui bougeait derrière lui. Comme s'il était protégé de tout.
Au moment où il allait s'autoriser à fermer les yeux afin d'apprécier à sa juste valeur cette douce chaleur, la bibliothèque trembla et il se sentit tomber vers l'avant. Il poussa un cri effrayé alors qu'un juron lui parvenait aux oreilles. Il sentit deux bras fermes s'enrouler autour de sa taille et il ferma les yeux attendant le choc.
Un grincement sinistre retentit puis un « VROMB » suggestif s'en suivit avant que le silence, seulement troublé par deux respirations haletantes, ne s'installe. Draco tomba lourdement sur le sol et crut mourir étouffé quand le corps de l'inconnu s'écrasa de tout son poids sur lui.
« Aïeuh, gémit l'inconnu. »
« Merlin tout puissant, souffla Draco, aplati. »
Le blond sentit du mouvement dans son dos et un coup de bassin légèrement mal placé. Il ne put s'empêcher de rougir et de serrer les poings alors que l'inconnu se levait péniblement mais très très lentement.
« Pourriez-vous, s'il vous plaît, vous dépêcher de vous pousser de là, glapit Draco au bord de l'asphyxie. »
« Oh ! Bien sûr, répondit l'homme avant de se relever précipitamment. »
Notre jeune avocat put enfin reprendre son souffle avant de se rétablir à son tour. Il épousseta sa robe de sorcier puis se retourna pour faire face à son vis-à-vis. Il faillit s'évanouir sous le coup de la surprise.
« Ha... Harry, balbutia-t-il, effaré. »
Harry, acquiesça de la tête puis lui fit un sourire charmeur en s'approchant. Il le saisit par la taille et pressa le corps fluet contre le sien. Draco était pétrifié. Il se sentait mitigé entre la saisissante sensation de brûlure que provoquait le brun dans son bas-ventre et l'effroi face au comportement plus qu'exécrable de son ex-premier amour. Premier amour qu'il revoyait pour la première fois en neuf ans...
Quand il sentit le souffle tiède d'Harry contre son oreille, il frissonna.
« Bonjours Draco, murmura sensuellement le brun. Je suis heureux de te revoir... Ça faisait si longtemps. Neuf ans. Neuf ans depuis le jour où tu m'as abandonné. »
Draco réagit au quart de tour et le repoussa brusquement, avant de s'éloigner en affichant une moue méprisante et dédaigneuse.
« Ce n'est pas réciproque Potter, cracha-t-il. D'ailleurs si je me souviens bien ce n'est pas moi qui t'ai abandonné espèce de sale petit profiteur ! »
Harry lui fit un sourire encore plus éclatant.
« Revoilà enfin le vrai Draco Malfoy. Celui qui avait lâchement déserté la dernière fois. Il m'avait manqué. »
« Va te faire pendre Potter, répliqua Draco de plus en plus exaspéré qu'Harry se joue de ses faiblesses. »
Le vrai Draco Malfoy avait toujours été là... mais il avait été brisé par l'humiliation. Cassé en mille morceaux par un connard et son acolyte de second ordre. Le blond se détourna, prêt à s'en aller, quand il avisa la pièce sombre dans laquelle il avait atterri. Ce n'était plus la chambre de Carole. Tout était fait de brique grise à l'allure sinistre. Il n'y avait rien qui puisse meubler l'ensemble. Un cachot, selon la pensée de Draco.
« Et merde, jura-t-il. Où est-ce que... »
Il n'eut pas le temps de finir sa phrase que le sol se dérobait sous lui. Poussant un cri tout sauf masculin, il bascula en arrière et sentit son corps se cogner contre celui d'Harry. Le brun encercla une fois de plus la taille de l'ex-Serpentard et ils tombèrent tous les deux dans un gouffre sombre.
Draco s'accrocha presque désespérément aux bras d'Harry et hurla tout son saoul alors que son corps et celui d'Harry glissaient le long d'un toboggan de pierre. Le professeur de DCFM, lui, poussa juste un « YIIIHAAAA ! » joyeux. Le blond aurait presque pu le tuer pour ça, mais son esprit était beaucoup trop focalisé sur le « où ? » de leur chute imminente.
L'atterrissage fut tout aussi rude que Draco l'avait imaginé. Ses belles fesses blondes allaient virer au bleu, il en était certain. Après quelques minutes, il ouvrit les yeux et observa les lieux.
Ils étaient en totale contradiction avec le cachot qu'il venait de quitter. On aurait dit une chambre. Face à lui, un feu brûlait joyeusement dans l'âtre d'une cheminée. Un bureau en bois massif, une petite bibliothèque, une armoire, un fauteuil et un lit meublaient agréablement la pièce. Quelques tapisseries et tentures bleue finissaient de décorer l'endroit.
« Joli, murmura le blond pour lui-même. »
Il sentit un mouvement derrière lui et se souvint avec effarement qu'il était encore et toujours dans les bras d'un Harry que ça ne dérangeait manifestement pas. Il grogna puis se défit de l'étreinte musclée en se relevant.
« Holà, ricana Harry. Je me souviens qu'à une époque tu ne faisais pas autant de manières. »
Draco fronça les sourcils et se détourna de l'insupportable petit cafard brun assis sur le sol.
« Comme tu le dis si bien, c'était à l'époque Potter. Aujourd'hui je répugne à t'approcher. »
« Vraiment ? »
« Qu'est-ce que tu foutais là Potter ? coupa Draco peu enclin à engager la conversation sur une route sinueuse et dangereuse pour sa propre santé mentale et son futur casier judiciaire s'il venait à commettre un crime. »
Harry, conscient du changement de sujet délibéré, se leva et se contenta de hausser les épaules en époussetant ses fesses.
« Je savais que Mione et toi viendriez aujourd'hui, répondit-il. »
Draco plissa les yeux et serra les poings.
« Ce maudit directeur, fulmina-t-il. Je lui avais pourtant dit de ne parler de ma visite à PERSONNE ! »
« Calme-toi Malfoy, dit Harry. Dumbledore n'a rien dit, j'étais dans son bureau quand tu l'as contacté. »
L'avocat ferma les yeux et respira un bon coup. Quelle malchance ! Jugeant la présence d'Harry de trop, il préféra l'ignorer et commença à inspecter les lieux. Il devait se concentrer sur son affaire et sur les preuves qu'il devait apporter aux jurés pour démontrer l'innocence de sa cliente. Le travail avant tout, s'intima-t-il intérieurement.
Mais Harry n'était visiblement pas de cet avis.
Neuf ans qu'il n'avait plus vu le visage gracieux, même si quelque peu amaigri du blond. Neuf ans qu'il se mourait de pouvoir à nouveau admirer ce popotin si alléchant et toujours aussi rebondi que dans son souvenir. Neuf ans qu'il espérait se replonger dans ce regard orageux, même méprisant. Neuf ans qu'il attendait de pouvoir caresser ne serait-ce que des yeux, ce corps si svelte qui engageait milles et unes promesses. Neuf ans qu'il avait cru pouvoir se passer de ce blondinet prétentieux. Neuf ans qu'il s'était fourvoyé sans le savoir...
Ce n'était qu'aujourd'hui qu'il réalisait que Draco Malfoy lui avait manqué. Terriblement manqué à vrai dire. Si seulement il s'en était aperçu plus tôt...
Et je suis là coupable à condamner
J'ai perdu la direction et le sens
Je ne sais pas tenir la distance
Alors que le blond farfouillait dans les tiroirs du bureau, Harry alla s'asseoir sur le lit et croisa ses jambes.
« Tu sais que c'est illégal ce que tu fais ? »
L'avocat grogna, mais ne répondit pas. Harry soupira. Face à tant de mauvaise volonté, il n'arriverait jamais à rien. Mais il était tenace... très tenace, et six ans d'expérience en tant que Professeur lui avait appris patience et indulgence.
« Malfoy, je te parle. »
Draco soupira d'agacement. Pragmatique, il savait pertinemment que s'il continuait à l'ignorer, l'ex-Gryffondor ne le laisserait pas en paix.
« Au lieu de bavasser, Potter, tu ferais mieux de trouver un moyen de nous sortir de là, lança-t-il sans le regarder. »
« Hum... tu as raison, mais je ferais ça plus tard, répondit le brun en haussant les épaules. Pour le moment j'aimerais bien savoir ce que tu cherches. »
« Des preuves Potter. Je cherche n'importe quoi qui pourrait m'aider à innocenter ma cliente. »
« Emilia est une fille bien, elle te ressemble beaucoup. À la différence, qu'elle, elle est plus gentille. »
Draco, piqué au vif, releva précipitamment les yeux et fusilla Harry du regard.
« Touché » ricana Harry intérieurement.
« Qu'est-ce que ça veut dire Potter ? »
« Ça veut dire ce que ça veut dire, Malfoy, répondit-il en souriant. »
« Tu m'emmerdes ! D'ailleurs pourquoi es-tu venu me voir ? Je pensais pourtant que tu n'avais plus envie d'entendre parler de moi ! »
« Ça c'est toi qui l'a dit Malfoy. »
Draco tressaillit, préférant ne pas comprendre les paroles du brun.
« Écoute, je n'ai pas de temps à perdre avec toi Potter, alors soit tu nous trouves un moyen de sortir d'ici, soit tu me laisses en paix ! »
Harry sourit, mais n'abandonna pas cet os définitivement trop alléchant.
« Je pourrais t'aider. »
« Pourquoi aurais-je besoin de ton aide ? »
« Parce que je suis le professeur d'Emilia et de Carole et que je les connais très bien. »
« Et que pourrais-tu m'apprendre que je ne sache pas déjà ? »
« Et bien... qu'elles étaient toutes les deux amoureuses du même homme, par exemple. »
Draco tiqua et abandonna ses tiroirs pour se diriger à grands pas vers Harry. Il se posta face à lui et croisa les bras.
« Et ? »
« Et quoi ? répéta Harry en souriant malicieusement. »
« Et bien ! C'est tout ce que tu sais ? Parle-moi de cet homme ? Quels étaient ses rapports avec Emilia et Carole ? Qui est-il ? »
« Hum, je croyais pourtant que tu n'avais pas besoin de mon aide, dit Harry en s'allongeant sur le lit. »
Le brun s'étira sensuellement en soupirant de contentement. Draco, lui, avait écarquillé les yeux et serré les poings. Harry était terriblement agaçant mais beau à damner Merlin en personne. Il avait grandi depuis l'époque où Draco le dépassait de presque une tête. Aujourd'hui Harry était plus grand, beaucoup plus grand. Il avait gagné en muscle et en charme. Sa broussaille de jais avait poussé, les traits de son visage avaient mûri et ses lèvres étaient beaucoup plus pleines. Harry était devenu un homme plus que délicieux.
Draco déglutit et tenta de se concentrer sur son objectif premier, soutirer des informations au brun et non pas lui retirer ses vêtements... Plutôt difficile à atteindre comme objectif quand on a une icône du désir langoureusement allongé sur un lit, le regard aguicheur et la moue enjôleuse. Soit il fantasmait, soit Harry était bel et bien entrain de flirter indécemment avec lui.
« Hermione n'est jamais là quand on a besoin d'elle, s'irrita Draco pour lui-même. »
« Potter, j'ai besoin de savoir ce que tu sais, dit le blond au bout d'un moment. Ça pourrait m'aider à sortir Emilia de ce bourbier. »
Harry toujours allongé sur le lit, fut soudain assailli par sa conscience. D'un côté il pouvait faire chanter Draco en lui promettant les informations contre un baiser, mais de l'autre, c'était user d'un moyen malhonnête au profit d'une jeune fille qui n'avait rien fait pour mériter ça...
Son côté Gryffondorien l'emporta sur son côté Serpentard et il soupira en s'asseyant. De toute façon, il aurait d'autres occasions pour se mettre le blond sous la dent.
Sans le savoir, Draco venait d'échapper à une douce torture... mais aurait-il vraiment déprécié ? Voilà une question dont la réponse restera à jamais inconnue.
« Bon très bien, dit Harry. Emilia est allée voir Cho un jour pour se confier à elle. »
« Cho ? »
« Oui, Cho. Mine de rien, elle est très proche de ses élèves. Bref ! Elle est donc allée voir Cho et lui a demandé un conseil. Que ferait-elle si sa meilleure amie et elle étaient amoureuses du même homme ? Un certain Alexandre. »
Alexandre... Draco fronça les sourcils et sorti de sa poche la petite note qu'il avait trouvée un peu plus tôt dans la chambre de sa cliente. Il déplia le papier et lu : « 20H00 demain soir. Forêt interdite. A.R. » Voilà donc ce que signifiait cette note... Ce fameux Alexandre R. avait donné rendez-vous à Emilia... mais quand ? Et pourquoi ?
« Qui est cet Alexandre ? demanda Draco. »
« Je n'en sais rien. Je ne voyais pas l'intérêt de le demander à Cho. »
Draco nota mentalement d'aller interroger la chinoise et ce mystérieux Alexandre.
« Bien, et donc ? Qu'a répondu Chang ? »
« Elle lui a répondu qu'elle ferait tout ce qui était en son pouvoir pour obtenir l'amour de celui qu'elle aime. »
L'avocat se figea pendant quelques secondes avant de se laisser tomber sur le lit, les épaules affaissées et la tête baissée. C'était mauvais. Très très mauvais... Si Harry avait dit juste, Emilia avait désormais le mobile parfait pour commettre un meurtre. La partie civile allait certainement plaider le meurtre avec préméditation avec en fond d'écran le crime passionnel. Et bien évidemment, le Procureur allait la condamner à la peine capitale... le baiser du Détraqueur.
Il soupira en secouant doucement la tête. Non. C'était impossible, il devait sûrement y avoir une autre issue. Un autre moyen de sortir sa cliente de cette merde monumentale. Draco en voulait à Emilia. Oui, il lui en voulait de ne pas avoir mentionné plus tôt ce fait d'une importance capitale. Pourquoi n'avait-elle rien dit ? Pourquoi avait-elle cherché à taire cette information ?
Il y avait quelque chose de trouble dans toute cette histoire, et Draco était bien décidé à en découvrir tous les tenants et les aboutissants. Il n'était pas le meilleur avocat du monde sorcier pour rien. Il allait faire honneur à sa réputation et innocenter Emilia.
« Draco tout va bien ? »
Il tressaillit et répondit :
« Non Harry... ça ne va pas bien du tout. Avec ce que tu viens de me dire, je n'ai que très peu de chance de disculper Emilia. »
« Alors tu crois qu'elle a assassiné sa meilleure amie parce qu'elle représentait un obstacle ? »
« C'est ce que laisse entendre la situation. Cho est vraiment stupide, grogna Draco. Et Emilia encore plus de l'avoir écoutée ! »
Harry fronça les sourcils face à cette accusation un peu trop prématurée à ses yeux.
« Cho n'est pas une idiote, défendit-il. Elle a fait ça sans arrière-pensée. Elle ne pouvait pas prévoir qu'Emilia la prendrait au mot et qu'elle irait jusqu'à tuer pour obtenir ce qu'elle voulait ! »
« Mais c'était justement prévisible Potter, s'énerva Draco à son tour. Quand une adolescente en mal d'amour et raide dingue d'un mec vient vous demander conseil, il faut y aller avec des pincettes ! Elles sont fragiles à cet âge et pour elles, le conseil d'un aîné est capital. Tu sais pourquoi ? Parce qu'elles se fient à leur expérience ! Même bourrées de bonnes intentions, si tu leur dis d'aller à gauche alors qu'il y a un précipice au bout, elles t'écouteront. Leur cerveau est tellement encombré de mièvrerie sur le romantisme du grand amour qu'elles ne peuvent réfléchir convenablement. Donc un simple mot peu prendre une dimension extraordinaire voire catastrophique comme c'est le cas présentement ! Je me fiche de ce que tu peux bien penser de ta chinoise, car pour ma part, elle a grandement manqué de discernement et... »
Draco se tut brusquement. Il réfléchit un instant puis se leva hâtivement en faisant des gestes incongrus aux yeux d'Harry.
« Je sais ! s'exclama le blond. »
« Tu sais quoi ? »
« J'ai trouvé le moyen d'alléger la peine d'Emilia... Oui ! Je pourrais toujours jouer la carte de l'innocence de la jeunesse, de l'amour inconsidéré et aveugle et surtout du zèle de l'adolescence ! Je ne suis pas certain que ça lui évitera Azkaban mais si je joue bien mes cartes et si je me trouve des atouts, je pourrais aisément attendrir le jury et au moins lui éviter le baiser du Détraqueur ! »
Harry se leva d'un bond.
« Et tu compte plaider quoi ? L'incompétence de Cho ? Tu vas lui faire perdre son poste, Malfoy ! »
« Et alors ? Ce n'est pas de ma faute si Cho lui a donné un mauvais conseil ! »
« Et ce n'est pas de la faute de Cho si Emilia a manqué de jugement ! »
« Emilia n'est pas la seule dans ce cas, mais au moins elle, elle a l'excuse de la jeunesse. »
« C'est trop facile Malfoy. Être jeune n'occulte en aucun cas d'avoir un minimum de jugement et de responsabilité. »
« Peut-être, mais ce n'est pas mon problème Potter, cracha le blond de plus en plus exaspéré qu'Harry se borne à défendre la chinoise. Mon problème, c'est de sortir Emilia de sa merde ! »
« Évidemment, de toute façon tu n'as jamais eu aucune considération pour personne, répliqua Harry furieux. »
« Qu'est-ce que ça veut dire Potter ? Est-ce un reproche ? »
« Prend-le comme tu veux Malfoy. De mon point de vue, tu n'as pas changé ! Tu ne te préoccupes que de tes propres intérêts et les autres peuvent bien aller se faire voir tant que ça n'entrave pas la bonne marche de tes affaires ! Tout ce qui compte à tes yeux c'est ta propre satisfaction personnelle ! Le bien d'autrui ne te concerne absolument pas n'est-ce pas ? »
Draco avait parfaitement saisi le double sens des propos d'Harry. Mais, il refusait de jouer sur ce terrain-là... Les reproches personnels n'avaient rien à faire dans cette discussion. Il ignora donc délibérément les critiques du brun et ne répondit que par conscience professionnelle.
« Dans le cas présent, « autrui » c'est Emilia et contrairement à ce que tu peux penser ou croire, peu m'importe car je me soucie de son sort ! D'ailleurs, c'est mon métier d'avocat que de défendre mon client et ce à n'importe quel prix ! Et je me contrefiche du sort de ta maudite chinoise ! »
Le blond eut à peine fini sa phrase qu'il se reçut un magistral coup de poing dans l'estomac. Draco écarquilla les yeux sous la violence du coup et ahuri, il tomba à genoux, les mains sur son estomac, la tête en avant.
Il reprit difficilement son souffle puis son visage se ferma et toute la froideur dont il pouvait faire preuve masqua sa douleur. Ce que venait de lui faire Harry l'avait transpercé comme une lame pouvait s'enfoncer dans vos entrailles et fourrager en votre sein pour lacérer tout ce qui se trouverait sur son chemin.
Les blessants souvenirs d'il y a neuf ans lui revinrent en mémoire et il dépensa des trésors de volonté pour ne pas pleurer. Il se releva encore abruti par le coup et dut se retenir au bureau pour ne pas tomber. La haine d'Harry lui explosa en plein visage et il se détourna promptement de ce regard amazonien vengeur et flamboyant d'éclairs.
Harry venait une fois de plus de se jouer de lui.
Tout le cinéma du brun et le soit-disant flirt d'un peu plus tôt n'était en définitive qu'un nouveau jeu malsain de la part de l'ex-Gryffondor. Harry s'était toujours servi de lui pour s'amuser et ce n'était certainement pas demain la veille qu'il changerait de comportement.
« Tu aurais dû aller à Serpentard, souffla Draco. »
Sans un mot de plus il retourna à son investigation.
La colère d'Harry décanta aussi sec sous la douche froide qu'il venait de se prendre. Il n'avait pas voulu faire ça... il n'avait pas voulu frapper Draco. Il voulait juste lui faire arrêter. Oui, Cho ne méritait pas ça et il ne faisait que la défendre.
Il suivit le blond du regard et se sentit soudain plus seul que jamais. Il venait de perdre toutes ses chances. Il le savait et ça le rendait malade.
Harry avait pourtant fait l'effort de pardonner à Draco. Oui, après tout le mal qu'il lui avait fait neuf ans plus tôt, il avait trouvé la force de pardonner la trahison du blond. Aujourd'hui il tentait de se remettre avec lui, mais manifestement Draco n'en n'avait aucune envie.
Certes Harry avait agi comme le salopard qu'il n'était pas il y a neuf ans, mais Draco lui avait fait tant de mal, qu'il n'avait pu trouver meilleure vengeance que de mentir sur ses sentiments. Et aujourd'hui comme avant, le grand Malfoy lui démontrait une fois de plus qu'il n'avait jamais compté pour lui et que jamais il n'aurait d'importance à ses yeux.
Harry avait envie de tout casser autour de lui, tellement sa peine était grande. Il avait aimé Draco, il l'aimait encore et savait qu'il l'aimerait toute sa vie. Rien ni personne ne pourrait un jour le remplacer dans son cœur. Mais Draco Malfoy n'était pas quelqu'un qui voulait être aimé. Ce n'était pas quelqu'un qui pouvait être aimé... et surtout pas d'Harry Potter.
Pourtant ce professeur aguerri ne pouvait laisser une nouvelle fois passer sa chance. Il voulait Draco Malfoy, il l'aurait. De gré ou de force. Il obligerait le blond à l'aimer. Il allait avoir vingt-cinq ans dans peu de temps et il ne voulait plus perdre de temps. Il avait grandi et mûri... les erreurs de jeunesses étaient oubliées et l'avenir se pointait à sa porte. Harry allait lui ouvrir et l'accueillir à bras ouvert avec Draco à ses côtés.
Il s'en fit la promesse. Draco Malfoy serait bientôt à lui... Rien qu'à lui.
Harry tenta une approche mais le regard glacial que lui jeta le blond le paralysa. Ça n'allait pas être une mince affaire, mais il y parviendrait. Il ne voulait plus abandonner.
« Draco écoute... je suis désolé, je... »
Mais le blond ne l'écoutait pas. Il venait de trouver quelque chose de très intéressant dans le dernier tiroir du bureau.
« Le journal intime de Carole, dit-il. Quelle aubaine ! J'apprendrais certainement beaucoup de chose en le lisant. C'est illégal mais bon, ça sert aussi à ça le droit. Savoir comment détourner la loi, c'est pratique. »
Harry fronça les sourcils et en seulement deux pas, il se retrouva près de l'avocat. Il le saisit par les épaules et le força à lui faire face. Draco écarquilla les yeux de surprise puis tenta de se dégager, mais la poigne du professeur était solide.
« Lâche-moi Potter ! Ta simple vue m'écoeure ! »
« Et bien je vais te faire changer d'avis, répliqua Harry en pressant le corps du blond contre le sien. »
Draco se figea et une multitude de sentiments contradictoires l'envahirent. Harry venait de le prendre au dépourvu et il n'arrivait plus à penser correctement. Alors que le visage du brun se rapprochait de plus en plus, Draco ferma inconsciemment les yeux, hypnotisé par ces lèvres pulpeuses dont il mourrait d'envie de sentir le goût malgré tout. Il entrouvrit les siennes et leurs souffles eurent à peine le temps de s'entremêler qu'un grincement sinistre les surprit.
Draco se ressaisit et en profita pour s'éloigner vivement d'Harry. Il tourna ensuite la tête vers l'origine du bruit et vit le mur adjacent au lit trembler puis coulisser vers la droite, laissant apparaître une Hermione plus que surprise.
La jeune femme avait arrondi les yeux en voyant ses deux meilleurs amis réunis dans une pièce qu'elle pensait secrète.
« Harry ? Draco ? Mais que faites-vous là ? »
Au contraire du brun, le blond, soulagé par cette interruption, (quelque peu inopportune selon les avis U.u''') se précipita presque vers elle et répondit :
« J'ai des informations plus qu'intéressantes Hermione, il faut absolument que nous en parlions. »
« Oui, moi aussi j'ai recueilli quelques témoignages intéressants, mais ça ne répond pas à ma question ! »
« Et bien, Draco et moi étions dans la chambre de Carole et nous avons découvert ce passage secret par hasard, répondit Harry en s'approchant. »
« Oui et non en fait, précisa l'avocat. Mais bon je t'expliquerai tout ceci plus tard, pour le moment sortons d'ici. »
Hermione acquiesça non sans jeter un regard suspicieux à Harry qui se contenta de hausser les épaules. Alors que Draco recouvrait avec joie la liberté, la jeune avocate s'avança vers son ami et lui demanda :
« Que faisais-tu avec Draco, Harry ? Personne n'était supposé être au courant de notre visite ! »
« J'étais dans le bureau de Dumbledore quand Draco l'a contacté. »
« Certes mais il me semble que Draco n'avait pas précisé l'heure de notre arrivée, insista Hermione. »
« C'est vrai, mais j'étais près du lac ce matin et je vous ai vu transplaner tous les deux. C'était totalement dû au hasard. »
« Et c'était aussi dû au hasard que tu te retrouves comme par magie dans la chambre de Carole ? »
Harry allait répondre quand la voix de Draco s'éleva.
« C'est tout même un comble, s'exclama-t-il. J'ai passé en revue la chambre d'Emilia et je n'ai même pas trouvé le passage secret. Autant dire que ça m'aurait évité bien des frayeurs si j'avais découvert ce passage-ci... ajouta-t-il en faisant référence à sa glissade improvisée. »
Hermione haussa un sourcil et Harry se contenta de rire doucement.
« Bon... je crois que nous avons fait le plein d'informations pour aujourd'hui, dit Draco. Et si nous retournions au bureau ? »
« Oui... mais avant j'avais l'intention d'interroger Cho, fit Hermione en le rejoignant. »
Harry fronça les sourcils et la suivit.
« Toi aussi, dit-il. »
« Comment ça moi aussi ? »
« Et bien j'avais l'intention de le faire, dit Draco. Potter m'a dit que Cho avait peut-être un rapport, indirect ou direct tout dépendra de ce que je trouve, avec notre affaire. »
« Intéressant, remarqua Hermione. J'ai eu les mêmes échos. Et j'ai aussi entendu parler d'un certain Alexandre. »
« Oui... il faut d'ailleurs que j'enquête un peu sur lui, pour savoir qui il est. »
« Pas besoin, sourit Hermione. J'ai appris qu'Alexandre est en fait libraire à Pré-Au-Lard. Il s'appelle Alexandre... »
« ...Rombris, termina Draco les yeux écarquillés. »
« Tu le connais ? demandèrent Harry et Hermione du même ton. »
« Oui. Je vais parfois le voir dans sa boutique quand j'ai besoin de quelques bouquins d'ordre juridique. Il m'a même invité deux ou trois fois à son club de lecture. C'est un garçon très mignon, charmant et d'une gentillesse désarmante. Je comprends aisément pourquoi Emilia et Carole en étaient raides dingues... Si je me doutais que c'était lui... le monde est petit. »
« Bien. Dans ce cas, je m'occupe de Cho et tu t'occupes d'Alexandre, puisque tu sembles si bien le connaître, gloussa Hermione avec un sourire malicieux. »
Draco s'aperçut du sous-entendu et rougit. Hermione était vraiment incorrigible. Dès qu'il avait le malheur de penser ou même de dire qu'un garçon était craquant, elle réagissait au quart de tour et voyait là une grande histoire d'amour... Désespérant. En particulier les femmes moldues et leurs romans à l'eau de rose contant nombre d'idylles romanesques dégoulinantes de niaiserie. Le monde était décadent, Draco en était certain.
Harry, quant à lui, venait de croiser les bras, les sourcils froncés. Il avait la soudaine envie d'aller trouver ce fameux libraire pour lui tordre le cou... avec condescendance. Draco lui en voudrait certainement de faire ça avec violence...
« Comme tu veux, soupira Draco. J'irais voir Alexandre ce soir. En attendant il faut que je m'occupe du journal intime de Carole. Je retourne au bureau. On se voit tout à l'heure, conclu-t-il. »
« Attends une minute, l'interpella Hermione. Comment ça le journal intime de Carole ? Draco aurais-tu fouillé cette pièce ? »
« Euh... hem, rougit Draco, ben... il est tombé devant moi par hasard et je l'ai pris. »
« Par hasard ? répéta la jeune femme incrédule. »
« Oui, oui, c'est un pur hasard. Allez, à plus tard. »
Et sans un mot de plus il transplana jusqu'à son cabinet.
Hermione roula des yeux et Harry en fit de même. Ils n' étaient même pas vexés, tant ils avaient l'habitude du comportement parfois étrange du blond.
« Bien. Maintenant qu'il est parti, je suppose que tu vas pouvoir me parler en toute tranquillité, dit Harry en se retournant vers Hermione. »
La jeune femme tressaillit.
« Comment le sais-tu ? »
« Parce que Cho n'est pas là aujourd'hui. Pour la simple et bonne raison qu'elle est à Pré-Au-Lard avec les élèves de troisième année. Et je sais que tu le sais. Alors ? »
Hermione éclata de rire, et Harry l'invita dans ses appartements.
oOo
« Si je m'attendais à ça, murmura Draco à la fin de sa lecture. »
Le blond sourit et se leva avant de faire les cent pas dans son bureau, comme il le faisait à chaque fois qu'il réfléchissait. Un nouvel élément venait de s'ajouter à leur affaire et ce n'était pas pour déplaire à notre jeune avocat. Certes, la situation était loin d'être éclaircie car sa découverte ajoutait en complexité, mais Draco avait toujours eu cette habitude d'emmêler les fils pour mieux les démêler par la suite. Il se tourna vers son secrétaire, saisit son bloc-notes et commença à griffonner les quelques hypothèses qui se mettaient lentement mais sûrement en place dans sa tête.
Il en avait presque fini, quand quelqu'un frappa à sa porte.
« Entrez. »
« Alors ce journal intime ? demanda Hermione en poussant la porte. »
« Hum, tu ne devineras jamais ce que j'ai découvert, répondit Draco. Mais d'abord parle-moi un peu de ton entrevue avec Cho. »
« Elle n'était pas là, soupira Hermione faussement déçue. Mais j'ai demandé à Dumbledore de m'arranger un rendez-vous avec elle, le plus tôt possible. Et ce journal ? »
« J'ai découvert quelque chose d'assez inattendu. »
« Vraiment ? »
« Vraiment, oui. Si tu as eu les mêmes échos que moi au sujet de nos deux luronnes, tu seras surprise d'apprendre que Carole n'était pas amoureuse d'Alexandre. »
« Quoi ! »
Hermione arrondie les yeux et s'assit sur un fauteuil. Puis elle fronça les sourcils, en croisant bras et jambes.
« Si Carole n'était pas amoureuse d'Alexandre, pourquoi tout le monde, et en particulier Emilia, était convaincue du contraire ? »
« Et bien, parce qu'elle faisait semblant de l'aimer. D'après ce que j'ai compris, Carole détestait farouchement Alexandre, car selon elle, il respirait quelque chose de mauvais. Enfin mauvais dans le sens où Alexandre est un sacré coureur de jupons et de pantalons... Elle voulait se rapprocher de lui pour prouver sa théorie à Emilia. »
« Je vois... encore une nouvelle carte, déclara Hermione pensive. Mais ça ne nous sort toujours pas d'affaire, car pour peu que le jury s'y intéresse, le Procureur prohibera la jalousie d'Emilia. »
« Je sais, mais de toute façon j'irai voir Alexandre. Il aura certainement quelques petites choses en plus à m'apprendre sur ses relations exactes avec Emilia et Carole en particulier. Parce que le journal s'arrête là... j'ai remarqué que Carole n'écrivait que tous les premiers du mois. Et si je fais bien les comptes, elle a disparu avant que le premier Mars n'arrive. »
« Bien. Au fait, il faudrait que tu passes voir Harry tout à l'heure, fit Hermione en se levant. »
Draco se raidit.
« P... Pourquoi ? »
« Parce qu'il faut qu'il aille faire une déposition au Ministère et que j'ai oublié de le lui dire avant de m'en aller, répondit-elle. »
« Mais tu ne peux pas le faire toi ? »
« J'aimerais bien, mais il faut que je retourne aux archives du tribunal pour faire des recherches sur la jurisprudence. Tu n'as pas oublié, j'espère ? »
Draco soupira vaincu.
« Très bien. N'oublie pas que nous avons rendez-vous avec Emilia cet après-midi. »
oOo
Emilia avait beaucoup changé... son visage avait semble-t-il perdu toutes traces d'innocence et de fragilité. Draco aurait pu jurer qu'il n'avait plus une adolescente face à lui, mais une jeune adulte. Elle avait maigri. Néanmoins, malgré cela ses traits restaient fins, et son regard corbeau, car il n'avait plus la petite lueur enfantine que Draco y avait vu la première fois, était à présent dur et éteint.
Elle avait coupé ses longs cheveux couleur d'orge, ce qui n'entamait en rien son charme naturel, mais qui était fort dommage... elle les avait eu jusqu'à la taille et maintenant ils cascadaient sur ses épaules en petites boucles soignées.
Draco lui servit un verre d'eau qu'elle but d'une traite.
« Comment te sens-tu ? demanda Hermione. »
« Mal, répondit-elle. On m'accuse d'un crime que je n'ai pas commis... jamais je n'aurais pu tuer ma meilleure amie. Celle que je considérais comme une sœur. Il faut que vous me croyez, ajouta-t-elle presque désespérément. »
« Nous te croyons Emilia, dit Draco doucement. Mais les preuves sont contre toi. J'ai parlé au Procureur et il a déjà trois témoins cités à comparaître. Trois témoins qui affirment vous avoir vu Carole et toi vous disputer la veille de sa disparition. »
« Nous sommes allés les interroger ce matin, poursuivit Hermione, et ils ont dit que votre dispute avait un rapport avec un certain Alexandre. »
À ce nom, Emilia tressaillit et baissa les yeux.
« Ce n'était rien de grave, murmura-t-elle. »
« Emilia pourquoi ne nous as-tu pas parlé d'Alexandre ? demanda Draco plus durement qu'il ne l'aurait voulu. »
« Parce qu'il n'a rien à voir dans cette histoire ! »
« Ça c'est ton avis Emilia, répliqua le blond. Pour la cour, tu as commis un homicide volontaire avec préméditation. Sais-tu quel genre de peine peut entraîner un crime comme celui-là ? La prison à vie ou le baiser du Détraqueur. »
« Qu... quoi ? M... mais non ! Je n'ai rien... »
« Les faits sont là, coupa lentement Hermione. D'après les quelques témoins que nous avons interrogés, Carole et toi étiez amoureuses du même homme. Et toi-même tu le savais puisque tu es allée demander conseil à ton Professeur de Botanique, Cho Chang. Tu as suivi les conseils de Cho selon lesquels tu devais faire absolument tout ce qui était en ton pouvoir pour garder l'homme que tu aimes. Et voilà ce que tu as fait. Tu es allé voir Carole pour lui en parler, parce que c'est ta meilleure amie et que tu ne veux pas la blesser. Tu veux arranger ça à l'amiable. Mais elle refuse de t'écouter et la dispute éclate. Alors les paroles de ton professeur te reviennent en mémoire et là tu réfléchis au meilleur moyen de se débarrasser de cette tue-l'amour. Le lendemain, tu l'assassines et prise de panique que l'on découvre ton crime tu caches le corps... Ça a tout du crime passionnel et tu avais un excellent mobile. »
« C'EST FAUX ! s'emporta Emilia en se levant brusquement. J'ai l'impression que vous n'êtes pas de mon côté ! Vous jouez les avocats du diable c'est ça ? »
Draco et Hermione sursautèrent face à tant d'impulsivité.
« Emilia calme-toi, intima placidement le blond. Nous ne faisons que relater des faits. Faits qui nous ont pris au dépourvu parce que tu ne nous as pas parlé d'Alexandre. »
« Vous insinuez que c'est de ma faute ? »
« Je n'insinue rien du tout. Je constate. Emilia, il faut que tu comprennes que tu es dans une position extrêmement délicate. Tu as été trouvée sur les lieux du crime, par un Professeur dont l'intégrité ne peut être remis en cause. Ma plaidoirie a provisoirement convaincu le Procureur de t'accorder la liberté provisoire. Cela ne signifie en aucun cas que tu es sortie d'affaire. Le jury ne sera pas aussi clément. Pour la plupart ils n'y connaissent rien, et donc le droit se résume à blanc ou noir. Pour le moment nous sommes dans le noir, Emilia. Si tu nous mens comment veux-tu que nous te défendions correctement ? »
« Mais je ne vous mens pas ! Je vous ai déjà dit que c'est Carole qui m'a envoyé une note pour que je la rejoigne dans sa chambre ! Quand je suis arrivée, la chambre était déjà dans cet état et Carole n'était pas là. »
« Nous le savons et c'est d'autant plus difficile de te défendre que le message s'est autodétruit après que tu l'ais lu, lança Hermione. C'est pour cette raison que tu ne dois rien nous cacher ! »
La jeune fille arrondit un instant les yeux, puis se laissa retomber sur son siège.
« Tout ce que vous avez dit est vrai sauf vers la fin. La veille de sa disparition, je me suis effectivement disputée avec Carole au sujet d'Alexandre, mais pas à cause de ce que m'a dit le Professeur Chang. C'est Carole qui est venue me voir. Elle m'a dit qu'Alexandre lui avait fait des avances, que c'était un coureur de jupons et qu'il ne cherchait qu'à s'amuser avec moi. Je n'ai pas voulu la croire. Voilà pourquoi nous nous sommes disputées. La seule chose que Carole et Alexandre ont en commun c'est leur passion pour la lecture. Mais je n'ai pas tué Carole. Je le jure ! »
Draco l'observa attentivement.
« Je te crois. »
« Ont-ils trouvé Carole ? »
« Non, répondit Hermione. »
Emilia ferma les yeux.
« Elle est si belle... Je suis certaine qu'elle est encore vivante. Je le sais, je le sens... Carole ne peut pas être morte ! »
« Avait-elle des ennemis ? »
« Non... aucun. Carole est une fille fantastique. Elle fait partie de ses gens qui voient toujours le verre à moitié plein. »
« Pourquoi refusais-tu de la croire dans ce cas ? demanda Hermione. »
La jeune fille fronça les sourcils et des larmes s'échappèrent de ses grands yeux d'onyx.
« Je... je ne sais pas... Sur le coup je n'ai pas voulu la croire. Mais maintenant je ne sais plus. Elle me manque tellement. Je serais prête à tout donner pour la retrouver. »
« Es-tu toujours amoureuse d'Alexandre ? »
Emilia dévisagea Draco. Elle eut une soudaine envie de lui crier de se mêler de ses affaires, et pourtant, au même moment, quelque chose lui commandait de répondre. Ce blond aux allures aristocratiques était étrange, mais il avait une façon de dire les choses qui vous touchait.
« Oui, je l'aime toujours. »
« Serais-tu prête à le laisser à Carole dans l'hypothèse où elle serait vivante ? »
Emilia écarquilla les yeux et serra les poings sur sa robe.
« Pourquoi me posez-vous ce genre de questions ? »
« Tout simplement parce que ce sont les questions que le Procureur te posera lors du procès. »
« Et si je ne veux pas y répondre ? »
« Tu y seras obligée, dit Hermione. Tu prêteras serment. »
L'adolescente baissa de nouveau les yeux et inspira profondément.
« On ne se rend compte du véritable trésor que l'on a que lorsqu'il n'est plus entre nos mains. Je donnerais tout, absolument tout ce que j'ai au monde pour revoir Carole. Même si je dois lui céder mon amour, je le ferais car je tiens à elle plus qu'à ma propre vie... »
Emilia eut un petit rire sans joie avant de conclure dans un souffle :
« Mon comportement est indigne d'un véritable Serpentard. »
« J'ai appris une chose quand j'étais à Poudlard, dit Draco. Peu importe quelle image tu te donnes, peu importe celle que les autres ont de toi, ne laisse jamais une illusion masquer qui tu es vraiment. »
Puis il se leva, alla chercher un petit dossier duquel il sortit un sachet en plastique contenant un petit bout de papier jaune. Il le montra à Emilia. Elle fronça les sourcils.
« Où l'avez-vous trouvé ? »
« Dans ta chambre, répondit-il. Qu'est-ce que c'est ? Pourquoi Alexandre t'a-t-il donné rendez-vous et quand l'a-t-il fait ? »
« Nous devions nous retrouver le soir de la disparition de Carole. Je lui avais demandé de sortir avec moi et il m'a donné ce rendez-vous. »
« Il a accepté ? demanda Hermione à son tour. »
« Non, nous devions justement nous retrouver pour en parler, mais il n'est jamais venu. J'ai attendu trois heures et comme il ne venait pas je suis retournée à mon dortoir. C'est là que j'ai reçu la missive de Carole. »
« Quelqu'un t'a-t-il vu ? »
« Personne. Vous connaissez aussi bien que moi le règlement de Poudlard monsieur l'avocat. Interdiction de dépasser le couvre-feu et interdiction de se rendre dans une autre maison que la sienne. »
Draco soupira. Pour une fois qu'il avait envie d'entendre le nom de « Rusard » dans une conversation...
« Sais-tu au moins pourquoi Alexandre n'est pas venu ? poursuivis Hermione. »
« Non. Je ne l'ai pas revu depuis le début de l'affaire... Vous savez aussi bien que moi, que cette nuit-là, on m'a arrêtée pour meurtre. »
« Bien. Merci Emilia, nous te re-contacterons dès que nous aurons du nouveau, dit Draco. »
« Est-ce que je vais... »
La jeune fille se tut. Elle frissonna et de nouvelles larmes roulèrent sur ses joues. Draco et Hermione avaient parfaitement saisi la question et ce fut l'avocate qui s'approcha.
« Nous ferons tout notre possible pour te sortir de là, dit-elle doucement. »
Emilia sembla rassurée puis se leva et Hermione la raccompagna.
Draco se dirigea vers la fenêtre de son bureau et s'y appuya. Il était persuadé de la bonne fois de sa cliente et pourtant il y avait quelque chose de trouble dans toute cette histoire. Il se fit la promesse de découvrir le pot-aux-roses très bientôt. Du moins avant le jour du procès...
Un cri lui parvint soudain aux oreilles et il sursauta. Inquiet il se précipita dans le bureau d'Hermione pour la trouver verte de rage devant sa cheminée.
« Que ce passe-t-il ? demanda le blond. »
« Il se passe que le jour du procès a été avancé, gronda-t-elle en se retournant. »
Draco se figea quelques instants avant de reprendre ses esprits.
« QUOI ! Mais Blaise ne peut pas nous faire ça ! Nous n'avons encore rien de solide ! »
« Je sais, soupira Hermione en se grattant nerveusement la tête. Mais il paraîtrait que le ministère a des affaires plus urgentes à régler et que le budget dépensé pour cette affaire est trop important pour durer. »
« Mais c'est n'importe quoi ! s'énerva le blond. Que font-ils de l'innocence d'une jeune fille de dix-sept ans ! »
« Écoute, je suis aussi furieuse que toi Draco, mais nous n'y pouvons rien. Il faut que nous accélérions la cadence ! »
« Et à quand a été reportée la date du procès ? »
« À après-demain. »
« COMMENT ? OH LA BANDE DE BATARDS ! »
« Draco ça ne sert à rien de t'énerver. Si nous jouons bien nos cartes nous pouvons sûrement... »
« Mais enfin Hermione ! Nous n'avons rien ! Strictement rien ! Pas un seul témoin ! L'alibi d'Emilia est inexistant ! Elle a un mobile parfait ! Le corps de Carole n'a toujours pas été retrouvé et rien ne peut nous dire si elle est encore vivante ! Tout ce nous avons c'est un journal intime et une note pour donner un rendez-vous ! Je refuse de comparaître en appel, car d'ici là Emilia sera à Azkaban. Et... je refuse de penser à ce qu'ils vont lui faire là-bas. »
« Je sais, soupira Hermione. Mais nous sommes les meilleurs avocats du monde sorcier et Emilia compte sur nous Draco. Nous ne pouvons pas la laisser tomber. Je la crois quand elle dit qu'elle n'a pas tué Carole et que cette dernière est vivante ! J'avais le même pressentiment quand je pensais que Ron était mort à la guerre. Mais quelques jours après nous l'avons retrouvé sain et sauf ! »
« Hermione, je comprends. Mais nous ne pouvons pas nous permettre de fonder notre plaidoirie sur de simples pressentiments datants de plusieurs années ! Le jury va se rire de nous ! »
« Draco ne perdons pas espoir. Nous nous sommes déjà sortis de situations bien pires ! »
Le blond souffla pour se calmer. Hermione avait raison. Ils ne devaient pas perdre espoir.
oOo
Je croyais tout savoir de nous, être arrivé jusqu'au bout
Et tenir si bien le coup
Je croyais tout savoir de moi, mais y'a tellement de choses qu'on ne sait pas
Comme toi
Pourquoi fallait-il que cette journée soit aussi mauvaise, songea notre avocat blond en transplanant à Poudlard.
La matinée avait été éprouvante de par ses retrouvailles inattendues avec Harry Potter. Puis s'en était suivi toute une série de catastrophes toutes plus grotesques les unes que les autres.
Il n'en voulait pas à Blaise d'avoir avancé la date du procès, après tout il ne faisait que son devoir. Le Ministre avait certainement dû faire pression sur lui pour qu'il fasse accélérer la procédure. C'était injuste et parfaitement injustifié aux yeux de Draco. Le Ministère avait largement les moyens de payer le procès...
« Quelle blague, marmonna le blond en se rendant aux appartements d'Harry. Le Ministre doit certainement faire des économies afin de payer ses frasques comme d'habitude. »
Une fois devant, l'avocat inspira profondément et frappa. Il appréhendait cette rencontre avec son ancien petit ami, mais il n'avait pas le choix. Il se demandait encore pourquoi Hermione n'avait pas voulu le faire... puis, suspicieux, se dit qu'elle avait très certainement une idée derrière la tête. Cette soit-disant recherche de jurisprudence cachait quelque chose... Oui... Tout ceci était louche. Très louche. Mais de toute façon, il ne resterait que quelques minutes, le temps de lui faire passer le message et de lui expliquer la procédure à suivre, puis il s'en irait.
Il n'y avait rien à craindre... rien sauf que l'image de leur baiser presque échangé lui revint en mémoire et il frissonna. Sans l'intervention d'Hermione, il se serait certainement laissé aller et il aurait embrassé Harry.
Quelle malchance ! Lui qui faisait absolument tout son possible pour oublier ce connard de brun, il fallait qu'il se mette à le draguer ouvertement... et ce même après le coup de poing faramineux qu'Harry lui avait donné.
Draco se rabroua, préférant ignorer tous les bouleversants sentiments qui bataillaient en son sein et frappa de nouveau à la porte.
Pas de réponse.
Il toqua une troisième fois, puis se décida à entrer. Harry n'était pas là... tant mieux. Il lui laisserait une note puis s'en irait. Le blond ouvrit la porte, et se figea...
Son cerveau mit quelques secondes à se reconnecter à la réalité tant ce qu'il voyait était... horrible. Draco cligna des yeux une fois, puis deux fois, tentant vainement de se convaincre que ce qu'il voyait n'était pas réel. Malheureusement pour lui, la scène qui se jouait devant ses yeux était tout ce qu'il y avait de plus vraie.
Harry tenant lové dans ses bras une Cho Chang vêtue en tout et pour tout d'une simple jupe et d'un soutien gorge. Harry la chemise à moitié enlevée et pendante sur ses bras. Harry sursautant en le voyant. Harry tentant de se défaire de l'étreinte de la jolie chinoise. Harry, les joues rouges, les lèvres gonflées, bégayant un borborygme incompréhensible et Cho mitraillant quelque chose d'insignifiant du regard...
Car oui, Draco se sentait soudainement modique, infime. Il était arrivé à un mauvais, très mauvais moment et il sentait qu'il n'avait pas sa place ici... de toute façon l'aurait-il eu un jour ?
La voix du brun ténébreux qui se tenait à moitié dévêtu face à lui le sortit soudain de ses pensées.
« D... Draco, mais... mais que... »
L'avocat se recomposa difficilement un masque impassible et s'avança vers la table du salon.
« Désolé de vous avoir dérangés, dit-il froidement. Mais j'ai frappé et personne ne m'a répondu, de plus la porte n'était pas verrouillée. J'ai pensé que tu n'étais pas là, alors je suis entré pour te déposer un message... je me suis visiblement trompé. Je vais donc faire court. »
« Ça ne peut pas attendre ? claqua sèchement la voix de Cho. »
« S'il ne s'agissait pas de la vie de ma cliente et soit dit en passant d'une te tes élèves, crois bien que je ne serais pas resté ici une seconde de plus Chang. D'ailleurs, je n'aurais même pas pris la peine de me déplacer, alors tu vas me faire le plaisir de faire taire ta libido trentes secondes, et de faire marcher à la place ton esprit du corps professoral, au moins pour le bien d'Emilia. Et ce même si je sais que son sort ne te préoccupe pas plus qu'une bande de scrouts à pétard malades ! répliqua le blond sans la regarder. »
Cho arrondit les yeux puis rougit fortement avant de blêmir, mais elle se tut. Draco en fut satisfait et posa sa mallette à terre puis en sortit un morceau de papier sur lequel il écrivit à toute vitesse quelques phrases. Harry s'approcha et voulut poser sa main sur son épaule, mais le blond s'éloigna vivement en lui tendant la note.
« Demain il faut que tu ailles faire ta déposition au bureau des Aurors, dit Draco. Je t'ai noté ici tout ce que tu as besoin de savoir et qui tu devras aller voir. C'est tout. Bonne nuit. »
Et sans rien ajouter, il se dirigea à grands pas vers la porte restée ouverte. Harry, paniqué à l'idée de voir Draco partir, chercha quelque chose d'intelligent à dire. Tout. N'importe quoi qui pourrait faire rester l'ex-Serpentard. Il fallait qu'il s'explique. Il ne pouvait pas le laisser partir comme ça... il devait trouver quelque chose et vite...
« Draco, appela-t-il alors qu'il franchissait le seuil de la porte. Tu ne voulais pas interroger Cho ? »
Ce dernier, outré par la question, se retourna et ne put empêcher son regard de se faire dur et suffisant.
« Je ne crois pas que ce soit le moment Potter, cracha-t-il sèchement. D'ailleurs je doute que ta dulcinée soit d'humeur. »
« Mais... mais si. Rest... Aïe ! »
Harry tourna un regard courroucé vers Cho qui venait de lui donner un coup de coude dans les côtes. Elle le fusilla du regard, mais il n'en fit pas cas, préférant se concentrer sur le blond qui...
« Draco ? Draco ? DRACO ? »
...Venait de transplaner.
Draco courait presque dans la rue. Ses yeux étaient emplis de larmes qui étrangement refusaient de couler... Il n'était pas triste, non. Il était furieux. Furieux contre lui-même... Furieux contre Hermione... Furieux contre cette maudite affaire... Furieux d'être furieux... Autant dire que notre cher blondinet en voulait à la terre entière.
Pourtant il n'en voulait pas à Harry. Harry qui en moins d'une journée avait fait renaître en lui des sentiments qu'il pensait avoir oubliés. Du moins, avoir enterrés au plus profond de son être. Non. Harry n'était pas responsable. Le seul fautif ici c'était Draco.
Draco et ses vains espoirs. Draco et ses rêves inutiles. Draco et ses illusions. Draco et sa profonde niaiserie. C'était à lui d'être plus fort. A lui de résister aux avances du brun. A lui de dire « non »... et pourtant...
« Bordel Dray tu es vraiment le dernier des cons, jura-t-il mentalement. »
Que croyait-il franchement ? Harry ne l'avait jamais aimé. Depuis le début de leur histoire tout n'était que mensonge et cachotterie. C'est bien normal qu'il ait trouvé le bonheur dans les bras de celle qu'il avait toujours aimée. Celle qu'il n'avait jamais vraiment réussi à oublier. Cho Chang...
Draco se souvint que même Ginny avait tenté sa chance. En sixième année, Harry et elle sortaient ensemble. Ils avaient l'air parfaitement heureux et semblaient s'accorder comme les doigts d'une main. C'en était écoeurant. Mais ça avait, et de beaucoup, troublé notre blondinet. Il ne cessait de se demander pourquoi les élans de tendresse, les papouilles, les sourires doux rendaient si heureux les gens autour de lui.
À Poudlard, tout le monde connaissait sa réputation de coureur anonyme. Anonyme dans le sens où il avait toujours su faire preuve de discrétion. Évidemment ses conquêtes en parlaient c'était indéniable. Après tout, coucher avec le prince des Serpentards, le mec inaccessible par excellence et farouchement protégé par un cerbère aux dents aiguisées du nom de Pansy était excitant. Très peu de personne avait cet... honneur ? Non... cette chance. Oui, elles avaient toutes de la chance d'être choisies, même pour une nuit, par le Grand Draco Malfoy. Donc on en parlait, mais jamais ouvertement... Bref !
Un jour Draco avait voulu savoir ce que la tendresse et l'amour apportaient réellement. Il s'était donc lentement mais sûrement rapproché de Potter et de sa bande. La première personne à l'avoir accepté et ce contre toute attente fut Weasel. Draco en avait été fortement étonné, après tout il était bien conu de tout un chacun que le rouquin et lui ne se supportaient pas. Néanmoins, avec autant de répartie acquise au fil des années, Weasel était devenu quelqu'un d'intéressant, Draco avait bien dû l'admettre. Ensuite, ce fut au tour de Miss Je-Sais-Tout. Logique... Son petit ami s'entendait avec l'ennemi donc il fallait pactiser. Mais Draco s'était rapidement rendu compte qu'il avait, mine de rien, beaucoup d'affinités avec elle. Hermione était intelligente, cultivée et il était fort agréable de discuter avec elle. C'était une fille tout ce qu'il y a de plus captivant et elle l'était encore aujourd'hui. Draco avait même eu un faible pour elle à un moment, mais leur deux caractères étaient beaucoup trop semblables pour que ça fonctionne. Et puis de toute façon, il y avait un certain Gryffondor brun aux yeux verts qui semblait lorgner sur lui.
Au début, Draco ne le cachait pas... il avait été quelque peu dégoûté. Jamais il n'avait eu d'aventure avec un garçon et d'ailleurs jamais il ne s'y était intéressé. Pour lui, sortir avec une fille était dans l'ordre des choses, c'était logique. Mais, il avait vite réalisé que tout ce qui concernait Harry Potter était tout sauf logique. En clair son attirance pour lui était dans le cours des choses dans le monde du Survivant. C'était... normal.
Tout pouvait avoir un sens, mais rien n'en avait. La terre pouvait être ronde et sembler plate. Tout ce qu'il touchait se transformait en quelque chose de nouveau et Draco avait trouvé ça fascinant. Harry Potter était tout simplement fascinant. Aucun autre mot ne pouvait mieux le qualifier. Si jeune et si mûr... voilà ce qui avait attiré Draco.
Il s'était laissé tenter par le diable. Sa tendresse, sa gentillesse, ses accès d'humeur parfois incontrôlés, sa colère, sa rage de vaincre, son courage, son humilité, son amour... Harry concentrait tout de la moitié manquante de Draco. Alors il avait appris à l'aimer et à le chérir comme un joyau. Une pierre rare et précieuse. Seulement il ne pouvait pas y toucher. Ce bijou appartenait déjà à quelqu'un d'autre.
Alors ils étaient devenus amis. De très bons et très proches amis qui parfois se roulaient des pelles en secret. Mais attention, des pelles tout ce qu'il y a de plus amicales... bon. Ça avait peut-être un rapport avec de la forte, très forte amitié, mais ça s'arrêtait là... jusqu'au jour où la pelle amicale s'était brusquement transformée en étreinte torride n'ayant plus aucun rapport de près ou de loin avec de l'amitié, même puissante.
De fil en aiguille l'amour était né. Il s'était doucement installé et Ginny avait été relégué à la seconde place. Elle en avait évidemment souffert, mais s'était très rapidement (c'était quand même assez incroyable) consolée dans les bras de Blaise. Tout ce qui la liait à Harry c'était de l'affection. Autrement dit quelque chose de totalement différent de la passion et de l'amour qui unissaient Draco et Harry. Et ensuite, alors que tout allait bien et que leur couple ne faisait que commencer à apprécier son intimité, Cho Chang était arrivée. Elle avait usé de nombreux moyens pour reprendre Harry, mais ce dernier ne s'était jamais laissé faire.
Draco avait donc appris à lui faire confiance et à croire en l'amour d'Harry. Mais un jour... ce fameux jour d'il y a neuf ans, tout avai basculé. Son monde féerique dans les bras de Potter au pays des merveilles s'était effondré. Il y avait eu cet atroce moment où il avait essayé d'abuser de lui... Il aurait réussi si Hermione n'était pas arrivée à temps. Et ensuite, comme si son agression n'avait pas été suffisante, Harry et Ron l'avaient insulté, bafoué, rejeté... ils lui avaient avoué que tout ceci n'était que la juste vengeance de cinq années de mauvais coups et de saloperies. Draco l'avait-il mérité ? Il ne le savait pas, mais croyait néanmoins qu'il avait racheté ses fautes en trahissant son père et en travaillant comme espion pour le compte de Dumbledore. Douces illusions... si burlesques.
Ce jour-là, il avait compris que personne ne pouvait l'aimer... Draco Malfoy n'était pas fait pour être aimé mais pour aimer au sens propre du terme. Il avait depuis lors cumulé conquête sur conquête. Changeant de partenaires comme de chemises, mais sans jamais réussir à oublier la sensation de se sentir appartenir à quelqu'un... de se sentir aimé. Celui qui vous faisait sien, mais n'était jamais vôtre. Il avait cessé de s'aveugler à partir du jour où il avait connu l'amour dans les bras de l'unique. Dans les bras de l'élu de son cœur.
Élu qui aujourd'hui partageait sa vie avec celle qui lui avait et depuis toujours été destinée. Ce n'était vraiment pas juste. Mais Draco avait depuis toujours été habitué à être seul et l'on pouvait le dire : dans la merde.
Le blond secoua la tête balayant d'un coup tous ces souvenirs qui ressurgissaient. Sa colère avait décanté et il se sentait mieux. L'on pouvait ne pas partager son avis, mais une bonne introspection de soi-même faisait toujours du bien. Il marchait en direction de la libraire d'Alexandre, quand il s'aperçut que quelque chose clochait. Il regarda ses mains et se traita d'abruti congénital.
« J'ai oublié mon porte-document chez Potter ! Et merde ! Pourquoi toujours moi ! Fais chier ! »
Quelque part dans les cieux, une déité malsaine aux tendances douteuses s'amusait certainement à tourner en bourrique notre cher avocat. Elle en voulait à sa vie et à ses facultés mentales... c'était certain. (NdB : Et même qu'elle s'appelle Hisokaren ! lol)
Il s'arrêta un moment, se demandant s'il devait oui ou non retourner le récupérer, mais l'image d'un Harry en pleine action avec sa chinoise s'imposa à son esprit et il poursuivit son chemin, s'intimant de ne pas rejeter tripes et boyaux. Il irait la chercher demain. En attendant, il avait un libraire à voir et une affaire à résoudre. L'heure n'était ni au souvenir, ni à l'apitoiement pathétique sur son sort... l'heure était grave car le procès aurait lieu dans très peu de temps. Après-demain... ce qui ne lui laissait plus qu'une journée d'investigation et il ne devait plus perdre son précieux temps à espérer en vain.
Il arriva enfin à destination et pénétra dans la boutique. Comme d'habitude Draco s'y sentait à l'aise, comme s'il était chez lui. L'odeur des livres mêlée à celle d'un encens particulièrement doux et suave était exquise. Le blond fouilla les lieux du regard et il vit le propriétaire debout sur une échelle, occupé à ranger quelques gros grimoires.
Il était vraiment mignon à croquer. De longs cheveux châtains caressant sa taille et noués en catogan à la base de la nuque. Une musculature discrète mais bien présente sous une robe de sorcier brune. Un fessier tout à fait potable et une peau nacrée tout à fait tentante. Un regard de braise perçant et des lèvres ourlées et fines. Alexandre était ce que Draco qualifiait aisément de beau gosse !
« Bonjours Alexandre, dit-il. »
Le jeune homme tressaillit, mais lui fit un sourire éclatant.
« Salut beau blond, répondit-il en descendant de son échelle. Alors que me vaut l'honneur de ta visite ? Encore de nouveaux bouquins ? »
Draco sourit.
« Non, malheureusement. Je suis venu te poser quelques questions mais as-tu du temps à me consacrer ? »
« Toujours, répondit Alexandre en lui envoyant un sourire charmeur. Des questions d'ordre privé ? »
Il lui fit un clin d'œil et Draco éclata franchement de rire.
« Hum... oui et non. Mais ma visite est tout ce qu'il y a de plus officielle. J'aimerais te parler de deux de tes clientes. »
« Jaloux ? »
« Alexandre, je suis sérieux, soupira Draco amusé. »
« Bon, j'ai compris. Suis-moi. »
Le libraire conduisit Draco dans l'arrière-boutique non sans avoir accroché l'écriteau « Fermé » sur la porte d'entrée. Puis il revint et leur servit du thé.
Draco s'assit dans un confortable fauteuil aux liserés dorés et se perdit un instant dans la contemplation du feu qui crépitait joyeusement dans la cheminée. Alexandre lui tendit sa tasse de thé fumant et prit place dans un fauteuil identique au sien.
« Je suppose que tu es venu me parler d'Emilia, dit-il au bout d'un moment. »
« Oui. Tu sais ce qu'il lui est arrivé n'est-ce pas ? »
« Comment l'ignorer quand tu vois sa photo à la une de la gazette. Comment va-t-elle ? »
« Elle a connu des jours meilleurs crois-moi. »
« Je suis tellement désolé pour elle... je ne pensais qu'elle serait capable de... de tuer sa meilleur amie. »
Draco fronça les sourcils, mais il ne pouvait raisonnablement pas en vouloir à Alexandre. Comme tout le monde il croyait qu'Emilia était une meurtrière. Il faut dire qu'avec le mordant que les journalistes, et en particulier Rita Skeeter, mettaient dans leurs articles, la culpabilité de l'adolescente ne faisait aucun doute.
« Emilia et toi êtes proches , demanda le blond en croisant les jambes. »
Alexandre sembla pensif une seconde avant de répondre.
« Oui et non... je sais qu'elle est amoureuse de moi, mais ce n'est pas réciproque. Mis à part cela nous sommes de très bon amis. »
Draco sourcilla.
« Quand comptais-tu lui en parler ? »
« Je lui avais donné un rendez-vous nocturne le soir de la mort de Carole. Mais je n'y suis pas allé. J'avais oublié que j'avais mon club de lecture ce soir-là et quand je m'y suis rendu, elle n'était pas là. »
« Tu connaissais bien Carole ? »
Alexandre sourit.
« Pour la connaître je la connaissais, dit-il avec enthousiasme. Nous partagions la même passion pour les livres. Elle venait régulièrement m'en acheter et parfois elle m'en empruntait. D'ailleurs Emilia et elle avait un petit jeu pour communiquer. Elles prenaient un livre au hasard et en soulignaient quelques mots perdus dans la masse. Grâce à ça elles s'envoyaient des petits mots sur tout et sur rien. Personnellement je trouvais cela débile, mais elles adoraient y jouer. On aurait dit des gamines dans ces moments-là... »
Draco sourit à l'évocation du souvenir plus qu'attendrissant.
« Quelles étaient vos relations ? »
« Hum... nous étions très proches. Je pense que Carole avait aussi des sentiments à mon égard. Elle me faisait des avances quand nous étions seuls... Avances que j'ai toujours refusées. »
Intéressant... voilà une réponse en totale contradiction avec ce qu'avait révélé Emilia un peu plus tôt dans l'après-midi. Qui mentait ?
« Tu trouvais ça dérangeant ? »
« Bah tu sais, ce ne sont pas les premières qui me font du gringue, répondit Alexandre en riant. Ce n'est pas très perturbant mais ce n'est qu'un amour d'adolescence. Ce n'est jamais bien sérieux. »
Le regard de l'avocat s'assombrit, mais il ne dit rien. Ne jamais dire jamais. Ce fut Alexandre, qui avec moins d'engouement, poursuivit...
« Tu sais Draco... je ne veux pas paraître méchant parce que j'adore Emilia mais... mais je pense que cette fille a un problème. »
« Comment ça ? demanda l'avocat en fronçant les sourcils. »
« Disons... et bien... Draco tu dois d'abord me promettre de taire tout ce que je vais te dire ! »
« Je ne peux rien te promettre de tel Alexandre et tu le sais. »
« Mais et le secret professionnel alors ? »
« Le secret professionnel ne concerne que le client et son avocat, en l'occurrence si je suis l'un tu n'es pas l'autre. Tu as parfaitement le droit de ne pas répondre à mes questions, mais si tu me révèles quelque chose de ton plein gré, j'ai le droit de l'utiliser ou non. J'espère que tu comprends. »
Le libraire soupira longuement et se mit à grignoter ses ongles. Chose qu'Harry faisait souvent et que Draco détestait. Mais il savait d'expérience que la personne qui mordillait ses ongles était stressée, et il posa donc une main rassurante sur celle de son vis-à-vis. Visiblement, Alexandre avait du mal à trouver les mots.
« Tu n'as rien à craindre Alex. »
« Ce n'est pas pour moi que j'ai peur Draco, mais pour Emilia... »
Draco l'étudia attentivement.
« Que veux-tu dire ? »
« Emilia et Carole étaient toutes les deux amoureuses de moi et se faisaient souvent la guerre. Mais ça tu le sais déjà. »
« Oui et ? »
« Et bien... j'ai peur que... et bien qu'elle n'ai tué Carole pour se venger, souffla-t-il. »
« Se venger ? Mais pourquoi et de quoi ? »
« Je ne sais pas... par jalousie je suppose. Emilia ne supportait pas que Carole et moi partagions la même passion pour la lecture, les livres... Elle me disait souvent que Carole faisait son intéressante juste pour m'avoir, mais je ne prenais jamais ses dires au sérieux. Et un jour, je l'ai entendu marmonner quelque chose à propos de ce qu'une de ses profs lui avait dit. Un truc du genre « je ferais tout pour l'avoir », mais je ne sais pas si ça me concernait. Maintenant que j'y pense j'espère sincèrement que ce n'était pas de moi dont il s'agissait. Sinon je m'en voudrais toute ma vie... je... je ne voulais pas que ça se passe comme ça ! »
Le cerveau de Draco se mit en marche en quatrième vitesse... Voilà une autre version des faits qui allait corroborer la plaidoirie du procureur. Dans l'optique, bien entendu, où Alexandre témoignerait en faveur de Blaise. Surtout que l'alibi de la jeune fille venait de sauter. Si seulement Alexandre n'avait pas eu son Club de lecture ce soir-là... il aurait pu témoigner en faveur d'Emilia et prouver que sa cliente n'était pas sur les lieux du crime à l'heure prescrite de la mort. Emilia était plus que jamais au fond du gouffre et Draco ne savait plus qui croire ou quoi croire.
« Merci Alexandre, dit-il. »
« Tu crois qu'elle va avoir des ennuis à cause de ça ? »
« Je ne suis plus certain de rien maintenant, répondit Draco. »
Il termina sa tasse de thé puis se leva, suivi du libraire. Ils quittèrent l'arrière-boutique pour se retrouver parmi l'amoncellement de livres du magasin. Il y en avait toute un pile sur les tables et quelques-uns traînaient encore sur le sol, attendant patiemment d'être rangés.
« Tu as eu beaucoup de clients ce matin, remarqua Draco en pointant les livres du menton. »
« Oh ça... non. Ce n'était pas des clients. Hier soir il y avait mon club de lecture. Et les livres qui sont sur cette table-là sont ceux que l'on m'a empruntés les deux dernières semaines. D'ailleurs, celui-ci, poursuivit Alexandre en saisissant un énorme livres à la couverture cuivrée, c'était le préféré de Carole. Elle me l'empruntait très souvent, mais n'a jamais pu l'acheter parce qu'il n'est pas à vendre. Il fait partie de ma collection privée. »
« Ta collection privée, dit Draco en prenant le bouquin. Elle en avait de la chance Carole. »
« Oh, je te l'ai dit, nous partagions la même passion pour les livres. Elle connaissait tout, ou à peu près tout, aussi bien que moi. C'était une adolescente très cultivée et passionnée. C'est rare d'en voir des comme ça. Carole était une petite perle rare, ajouta-t-il avec un sourire. »
« Légendes et Mythologie sorcière du XII ème siècle à nos jours, lut Draco. Ca m'a l'air très intéressant. Je peux te l'emprunter ? »
Alexandre réfléchit quelques instants puis acquiesça.
« Je te raccompagne ? demanda-t-il alors que Draco le remerciait. »
« Non merci Alex. Mais c'est gentil de l'avoir proposé. »
« Pourquoi refuses-tu toujours de me laisser une chance beau blond , demanda-t-il en saisissant l'avocat par la taille. »
Draco sourit.
« Parce que nous ne sommes que des amis, et que je ne couche pas avec des amis. »
« Ce n'est pas ce que tu disais de ton cher Potter... »
« Potter et moi n'avons jamais été amis, marmonna mollement Draco. Voilà tu es content ? »
« Hum... non, souffla Alexandre en le retournant. »
Il l'approcha et prit ses lèvres avec douceur et possessivité. Draco, surpris, ne pensa même pas à se défaire de l'étreinte... du moins pendant un court instant, car un flash s'imposa à son esprit. Il se raidit. Des souvenirs douloureux assaillaient désormais sa tête et son cœur se mit à tambouriner durement dans sa poitrine. Une peur panique, une peur qu'il connaissait, le saisit brusquement et il repoussa Alexandre avec force.
Haletant, il regardait le libraire avec une pointe d'horreur et de dégoût dans ses perles grises. Il tremblait comme une feuille et mit un certain temps à se reconnecter à la réalité.
« Draco, appela Alexandre intrigué. Tu... »
« Ne. Refais. Plus. Jamais. Ca, trancha le blond avec force. »
« Je... pardon. Je ne savais pas que tu allais... »
« Peu importe ! Ecoute, nous sommes amis et rien de plus. Je... »
« Tu es toujours amoureux d'Harry Potter, fit le libraire avec dépit. »
Draco fronça les sourcils. Sa réaction n'avait rien à voir avec Harry. RIEN DU TOUT ! Quelque chose d'autre avait répugné Draco dans sa manière de faire...
« Ce n'est pas ça, dit Draco en serrant le livre contre lui. »
« Alors qu'est-ce c'est Drake ? Dis-moi que dois-je faire pour que tu me regardes ? »
Draco soupira et passa une main moite sur son cuir chevelu humide.
« Ecoute Alex... je... je ne suis pas prêt c'est tout. Alors ne me demande rien. »
« Très bien, capitula ce dernier. Je suis désolé Draco. »
Le blond le salua puis sortit presque en courant de la librairie. Les souvenirs douloureux et le passé pénible... Draco commençait à en avoir marre ! Il en avait franchement assez !
oOo
Draco n'avait pas dormi de la nuit. Allongé dans son divan, une paire de lunettes sur le nez, il avait passé son temps à feuilleter le livre que lui avait prêté Alexandre. Il avait préféré s'occuper l'esprit plutôt que de ressasser le passé malveillant...
L'avocat avait été impressionné par le niveau de la prose. L'auteur était très bon et c'était d'autant plus troublant que Carole en faisait son livre de chevet... du moins, il le supposait. Cette jeune fille devait être très intelligente et tout aussi cultivée qu'Alexandre le disait.
Draco s'était également souvenu du petit jeu dont le libraire lui avait parlé, et s'était amusé à chercher quels genres de phrases pouvaient bien écrire Emilia et Carole. Ça n'avait pas été une mince affaire, l'habileté des jeunes filles rendant la recherche difficile et hasardeuse. D'ailleurs, il avait même songé qu'elles n'avaient pas joué avec ce livre, mais quelques lettres soulignées en un très mince trait noir avaient attiré son attention... Depuis il avait réussi à former un début de phrase. Il avait vraiment eu du mal puisque les lettres et les mots ne suivaient pas d'ordre précis et semblaient ne rien vouloir dire, mais il avait finalement réussi : « Trenton A. est... » Bon, la phrase était incomplète, mais notre avocat finirait bien par la terminer. Surtout qu'il était curieux de découvrir qui était ce Trenton. A.
Fatigué, il posa l'œuvre sur sa table basse et ferma un instant les yeux, passant en revue sa journée de la veille... Elle avait été pour le moins catastrophique et celle qui s'annonçait aujourd'hui promettait de l'être encore plus. Soupirant, il se leva, pris une douche et se prépara pour la longue, très longue journée devant lui.
Une fois cela fait, il sortit de son appartement, le livre sous le bras, avec la même humeur qu'un rat en colère... Il devait passer chez Harry pour récupérer son porte-document. Il se demanda un instant s'il devait transplaner mais décida que marcher lui ferait sûrement le plus grand bien. Surtout que quand il était d'humeur exécrable, mieux valait qu'il se calme avant de retrouver sa furie de collaboratrice. Plus d'une fois, il s'était fait incendier pour l'avoir incendié au préalable... En bref, il était payé pour savoir que s'il était en colère, Hermione le serait davantage et ce n'était en général pas beau à voir.
Inspirant un bon coup l'air frais du matin, il s'engagea dans la rue et se mit à marcher. Il passerait d'abord au cabinet avant d'aller chercher sa mallette. Harry serait alors probablement en cours et il n'avait ainsi aucune chance de le croiser.
Il allait traverser la chaussé quand il entendit quelqu'un l'appeler. Il se retourna et le zeste de béatitude qu'il avait acquis s'envola en fumée.
« Que fais-tu ici Chang, demanda-t-il sèchement. »
« Je n'ai pas cours ce matin, donc j'en ai profité pour passer te faire un petit coucou et t'inviter à mon mariage, répondit la chinoise un sourire sournois aux lèvres. »
Draco se raidit.
« Ton mariage ? »
Cho lui fit un sourire resplendissant en brandissant sa main gauche sur laquelle trônait une bague de fiançailles dont le diamant étais presque plus gros que son annulaire. Le blond faillit vomir.
« Oui. Je me marie avec Harry, répondit-elle triomphante. Tu vois ? Tu as perdu, Malfoy ! Harry est à moi et l'a toujours été. Tu as tenté ta chance mais tu n'as pas su le garder et tu sais pourquoi ? Parce que c'est moi qu'il aime et qu'il aimera à jamais ! Tu ne fais pas le poids contre moi, Malfoy, et en voici la preuve. »
Draco voulut la frapper, lui tordre le cou, l'étriper... bref ! Lui faire très mal et très lentement, mais il se retint. Son cœur déjà en miettes venait d'être balayé par une coulée de lave et il n'en restait désormais plus rien. Cho avait gagné... et lui... Lui, avait-il jamais eu sa chance de toute façon ? Harry lui avait bien craché à la figure neuf ans auparavant qu'il ne l'aimait pas et ne l'avait jamais aimé.
L'avocat se redressa aussi dignement que son cœur meurtri le lui permettait.
« Et alors ? dit-il. »
« Et alors ? Alors, laisse-moi te dire ceci Malfoy. Ne t'approche plus jamais d'Harry c'est clair ! Plus jamais ! Reste loin de nous ! »
Draco ricana.
« Si tu crois que j'en ai l'intention tu te goures Chang ! Et je vais te dire ma chérie, profite bien de ton bonheur tant que tu le peux parce que ma chère ça ne durera pas. »
Cho fronça les sourcils, inquiète.
« Que veux-tu dire ? »
Draco lui fit un sourire mystérieux et répondit avant de s'écarter : « Je ne viendrai pas à ton mariage. Allez, chao bye on se revoit le jour du procès et fais-toi belle surtout ! »
L'ancien Serpentard s'éloigna d'un pas vif et rapide. Il avait envie de hurler, de pleurer, de disparaître... Harry allait se marier. La pilule passait difficilement.
« Maître Malfoy ! l'interpella soudain quelqu'un. »
Draco s'arrêta net et fronça les sourcils en fermant les yeux. Il était à bout de nerfs et la dernière personne qu'il avait envie de voir était bien...
« Rita Skeeter. Que voulez-vous ? »
La journaliste sourit et s'approcha, sa fidèle plume à papote griffonnant déjà sur son carnet à sa suite.
« Je voulais vous parler Maître Malfoy. Puis-je vous appeler Draco ? »
« Non et je n'ai pas de temps à vous accorder, si vous voulez poser des questions, patientez jusqu'au procès. »
« Mais ça ne sera vraiment pas long mon cher Draco. »
« Sauf votre respect je m'en contrefous, est-ce clair ? »
« Et bien, et bien... en voilà des manières ! s'indigna la journaliste au long nez. Ce n'est pas une façon très polie de s'adresser à la plus fervente défenderesse de votre cliente Draco. »
Le blond vit rouge. Cette fois sa colère explosa et peu importait s'il se donnait en spectacle dans la rue.
« La plus fervente défenderesse d'Emilia ? Non mais vous me prenez pour qui au juste ? Pour un con ! Vous et votre minable manière de déformer la vérité pour en faire un scoop croustillant, me répugnez ! Sachez qu'Emilia est une fille bien et respectable ! Toutes les saloperies que vous écrivez à son sujet ne font que la dévaloriser aux yeux des autres et vous vous prétendez sa fervente défenderesse ? Laissez-moi rire espèce de vieille cruche ! »
Loin de se sentir offensée, Rita lui sourit, une lueur malicieuse au fond de son regard azur. Elle se contenta de hausser les épaules puis s'en alla comme elle était arrivée. Sans prévenir. Draco dont la colère avait rendu ses joues rouges, haleta fortement puis finit par se calmer.
Il lui faudrait prendre des vacances après le procès... ou bien avaler un tube entier de barbituriques. Dans les deux cas, il serait enfin apaisé.
oOo
Et je prétendais tout voir
Et me voilà dans le noir
Et mes yeux ne me servent aujourd'hui qu'à pleurer
Est-ce que tu peux entendre et est-ce que tu peux comprendre et faire le pas qui peut nous rapprocher ?
Hermione était déjà au cabinet et elle attendait Draco avec impatience pour deux raisons. La première était qu'elle voulait savoir comment s'était déroulé sa soirée avec Harry. Le brun et elle avait beaucoup discuté et il avait avoué à Hermione vouloir reconquérir le blond. Elle n'avait pas été enthousiasmée, mais Harry lui avait parut tellement sincère qu'elle avait finalement accepté de l'aider. Et donc... si tout avait marché comme prévu, Draco devrait arriver avec un sourire de bienheureux, à moins évidemment qu'il n'ait été trop préoccupé par l'affaire pour faire quoi que ce soit.
La seconde raison était qu'elle avait des informations plus que capitales à révéler à son collègue. En effet, elle avait passé la nuit à faire des recherches sans aucun résultat et alors qu'au petit matin elle commençait à se laisser aller au désespoir, elle avait reçu une lettre anonyme lui disant qu'un hibou lui apporterait la réponse à toutes ses questions. Bien entendu, elle était surprise et méfiante mais ce hibou représentait à ce jour leur unique chance de peut-être sauver leur cliente.
Elle faisait donc les cent pas dans le bureau quand elle entendit la porte de son bureau s'ouvrir. Elle fit volte-face prête à accueillir Draco avec un sourire, mais elle fut surprise de voir Harry debout dans l'embrasure de la porte.
Elle haussa un sourcil circonspect quand il s'avança vers elle, un porte-document noir en main.
« Bonjours Mione, dit-il en l'embrassant sur la joue. »
Elle le salua en retour et lui demanda :
« Draco n'est pas avec toi ? »
« Non, répondit Harry. »
« Mais je croyais pourtant que vous aviez passé la soirée ensemble ? C'était prévu comme ça non ? »
« Ca ne c'est pas exactement passé comme ça, répondit-il sèchement. »
La jeune femme crut voir les yeux de son ami s'assombrir, mais ils retrouvèrent si vite leur éclat qu'elle n'en tint pas compte.
« Il a oublié sa mallette chez moi. J'étais venu la lui rapporter mais sa secrétaire m'a informé qu'il n'était pas encore là. Donc je te la donne à toi »
« Bon, pose-la ici. Mais avant que tu ne me parles de votre soirée, es-tu allé faire ta déposition ?»
« Oui et Cho est venue avec moi. »
« Bien, je les lirai dans le procès-verbal, dit Hermione. Au moins, ça m'évite de devoir l'interroger directement. Ca n'a pas été trop difficile ? »
« Non pas vraiment, mais je peux t'assurer que c'est la dernière fois que je remets les pieds dans un bureau d'Auror. L'ambiance était... morbide. Dès que je suis entré j'ai vu un immense tableau avec des photos de personnes disparues ou mortes. Tu n'imagines pas combien il y en a... »
Hermione soupira.
« Tu as vu la photo de Carole, n'est-ce pas ? »
Harry acquiesça lentement en baissant les yeux. Il ne pouvait le nier, il avait été choqué et ému de voir la photo d'une de ses élèves placardée à un tableau parmi tant d'autres photos... Il avait réalisé à ce moment que chaque être humain n'était qu'un grain de sable perdu au milieu d'un océan... Insignifiantes petites choses.
Il c'était souvenu de son combat contre Voldemort avec dépit. Il avait vaincu le Seigneur des Ténèbres pour donner une chance aux générations futures et voilà ce que la société en faisait : de simples portraits affichés au vu et au su de tous sans que personne n'y puisse quelque chose. C'était triste mais que pouvait-on y faire ? Il en était même venu à regretter le mage noir, parce qu'à cette époque au moins on pouvait aisément mettre un visage sur chaque crime.
Notre professeur secoua lentement la tête pour effacer ses idées noires... il ne pouvait rien faire ni pour Carole ni pour Emilia que son témoignage avait probablement contribué à enfoncer davantage. C'est un comble non ? Le Survivant, le Sauveur qui faisait exactement le contraire de ce pourquoi on l'avait surnommé ainsi. Mais la vérité est la vérité. Et mentir n'apporte jamais rien de bon.
La voix d'Hermione le sortit de ses sombres pensées.
« Alors, raconte-moi votre soirée ? »
Il fronça les sourcils. Ca avait été un véritable petit fiasco. En long, en large et en travers... dire qu'il avait tout prévu pour que la soirée soit parfaite.
« C'était à chier, répondit-il amèrement. »
« Comment ça ? »
« Et bien, je me suis rendu compte que Draco et moi ça ne pouvait pas marcher. »
« Hein ? Harry je ne comprends pas ! C'est pourtant toi qui m'avais dit que tu voulais te remettre avec Draco non ? »
« Oui, mais lui n'en a manifestement aucune envie. »
« Explique-moi, je suis complètement larguée là... »
Hermione le fit asseoir dans le fauteuil en face de son bureau auquel elle s'installa après leur avoir servi deux tasses de thé fumantes. Harry commença alors son récit.
« J'avais tout préparé pour la soirée soit parfaite. J'avais même acheté une bague pour Draco... mais Cho est arrivée à l'improviste et a vu l'écrin contenant la bague. Et je ne sais pas pourquoi, mais elle a pensé que j'allais la demander en mariage et m'a littéralement sauté dessus. Elle a retiré son chemisier et a pratiquement arraché ma chemise et m'embrassant avant que je n'aie pu faire quoi que ce soit. »
« QUOI ! s'exclama Hermione. »
« Je t'assure que moi non plus je n'ai rien compris ! Je ne sais pas pourquoi elle m'a sauté dessus et encore moins pourquoi elle a cru que j'allais lui demander de m'épouser. Nous ne sommes qu'amis... »
« Cette femme est vraiment... »
Harry grogna.
« De toute façon ça n'aurait rien changé. »
Hermione fronça les sourcils.
« Comment ça ? »
« Tout simplement parce que c'est à ce moment que Draco est arrivé. Il nous a vu et en a tiré des conclusions assez simples vu la position dans laquelle il m'a trouvé. Il est resté à peine deux secondes le temps de m'informer puis est parti. J'ai voulu le retenir et lui expliquer mais je n'en ai pas eu le temps. C'est alors que j'ai remarqué qu'il avait oublié sa mallette. Je me suis habillé en quatrième vitesse, profitant de cette aubaine pour le rattraper. Il m'a fallu quand même un moment avant de me souvenir qu'il devait passer chez le libraire. Je m'y suis donc rendu, le cœur rempli d'un espoir fou mais quand je suis arrivé il était déjà trop tard... »
Hermione qui avait écouté le brun sans broncher demanda d'une voix presque inaudible ce qui s'était passé ensuite. Étrangement, elle savait que la réponse ne lui plairait pas mais elle avait besoin, comme tout avocat, de se fier à des faits tangibles et non pas à de simples hypothèses fondées sur des pressentiments.
Elle vit son ami détourner le regard, affichant une mine partagée entre le dégoût, la colère mais et surtout, la peine.
Harry dut s'y prendre à deux fois avant de prononcer les paroles qui le bouffaient de l'intérieur. Ça faisait si mal... en même temps c'était de sa faute. Cet abruti blond qui ne l'avait jamais aimé. Que croyait-il vraiment ? Même à Poudlard Draco s'amusait avec lui, le considérant juste comme un jouet, un amant de plus à inscrire sur une longue liste de conquêtes. En y repensant Cho avait eu raison de le prévenir ce jour-là... Elle avait eu raison de lui dire que Draco ne l'aimait pas vraiment... Elle avait eu raison de lui ouvrir les yeux.
Harry s'en rendait d'autant plus compte qu'hier soir les dires de Cho s'étaient une fois de plus avérés.
« Malfoy ne t'aime pas et ne t'aimera jamais. Il ne peut pas aimer. Il n'a pas de cœur et tu verras qu'un jour il te fera souffrir. Et ce jour est arrivé Harry. »
Des mots de neuf ans d'âge et pourtant si vrais... Finalement Harry entendit le soupir d'impatience de son amie et déclara d'une traite :
« J'ai vu Draco et Alexandre s'embrasser. »
Sa phrase fut accueillie par un petit cri d'Hermione qui se leva d'un bond les yeux écarquillés.
« Quoi ? s'exclama-t-elle d'une voix anormalement aigue et étouffée. »
« Je n'aime pas me répéter Mione, morigéna Harry en fixant un point invisible sur le sol. »
Finalement, la jeune femme se calma et se rassit lentement sur son siège, la mine défaite comme si elle venait d'apprendre que le monde s'écroulerait dans quelques minutes.
« Draco a embrassé Alexandre, souffla-t-elle encore sous le choc de la révélation. »
« Tu comprends maintenant pourquoi je laisse tomber Mione. Draco ne m'aimera jamais et de toute façon il ne pourra jamais m'aimer. »
Hermione allait répondre mais elle n'en eut pas le temps. Harry venait de transplaner en lui lançant :
« Je dois y aller maintenant. J'ai cours dans peu de temps. Au revoir. »
Et elle eut à peine le temps de se remettre de ses émotions, qu'une porte claqua avec violence dans le cabinet. Draco venait d'arriver. Verte de rage elle s'élança sans plus de temps dans le bureau de son collègue.
Collègue qu'elle trouva quelques minutes plus tard, froidement assis à son secrétaire les yeux plongés dans le vague. Elle supposait qu'il pensait encore à la soirée d'hier et heureusement puisqu'elle allait lui en parler. Comment Draco avait-il osé ? Quelle genre de conscience professionnelle avait-il pour avoir fait cela ?
Elle s'avança d'un pas raide et de sa voix sèche sortit le blond de ses pensées.
« Draco comment as-tu osé ? »
Le blond fronça les sourcils sous l'accusation sans fondement de la jeune femme. Et pour cause, il ne savait pas ce qui avait mis Hermione dans cet état. Dire qu'il avait besoin de réconfort... il était mal parti, vu que l'avocate semblait lui en vouloir à mort. Mieux valait jouer la carte de la neutralité.
« Osé quoi ? demanda-t-il. »
Hermione fut outrée du manque de réaction de blond. Elle explosa.
« Harry est passé me voir ce matin et il m'a tout raconté ! gronda-t-elle. »
Draco tressaillit, mais ne se démonta pas. Il ne comprenait pas la réaction pour le moins étrange d'Hermione.
« Je vois et alors où est le problème ? »
« Le... le problème ? TU NE VOIS PAS OÙ EST LE PROBLÈME ! fulmina-t-elle. »
Draco commençait à perdre patience. Mais de quoi exactement l'accusait-on ? D'être parti parce qu'il avait vu l'homme qu'il aimait dans les bras d'une autre et qui plus est future épouse ? De ne pas les avoir copieusement injuriés alors qu'il en mourrait d'envie ? De ne pas avoir brisé les bras et les jambes de Cho Chang quand il en avait la possibilité pour lui faire ravaler son maudit sourire sarcastique ? De ne pas avoir cassé la gueule à Harry pour lui avoir une fois de plus réduit le cœur en miettes ? Mais de quoi l'accusait-on bordel de merde ?
« NON, répondit-il vertement. »
« Draco, tu as embrassé Alexandre, voilà où est le problème, lança Hermione en le pointant du doigt. »
Le blond était tellement surpris qu'il tomba dans son fauteuil comme une masse. Il ne répondit pas, laissant à Hermione le loisir de l'engueuler davantage.
« Draco, je comprends aisément ce que tu as pu ressentir en voyant Harry et Cho ensemble. Mais tu n'avais pas à te venger de la sorte ! Embrasser Alexandre était LA chose à ne pas faire ! Draco nous avons fréquenté la même faculté de Droit magique et je te pensais suffisamment brillant pour savoir qu'un avocat n'a pas le droit d'entretenir une quelconque relation avec un témoin ! Je trouve abject le fait que tu aies bafoué l'une de nos règles, juste par vengeance ! »
Draco était tout simplement scié. Il ne comprenait pas un traître mot du discours enfiévré d'Hermione. Déjà, il était ahuri d'avoir appris qu'Harry les avait vus Alexandre et lui. Ensuite, il se demandait comment Hermione pouvait l'accuser d'avoir bafoué une de leurs règles alors qu'il n'avait rien fait... et pire, elle l'accusait pour une simple question de vengeance. C'était grotesque. Toute cette histoire était grotesque. Toute sa vie était grotesque depuis qu'Harry avait refait son apparition.
Draco laissa une nouvelle fois exploser toute sa rage et sa frustration contenues. Son cœur était en cendres à cause d'un brun stupide et sans le moindre sentiment et surtout son professionnalisme venait tout juste d'être remis en cause. Il ne supportait plus qu'on s'en prenne à lui alors qu'il n'avait absolument rien à se reprocher. Au contraire d'horribles souvenirs lui étaient revenus en mémoire... Aussi horribles que ceux de sa rupture avec Harry.
Il se leva, s'approcha vivement de sa collègue et la força à s'asseoir sans lâcher ses épaules. Puis il plongea son regard orageux et furieux sur elle.
« Je ne sais pas ce que ce foutu connard de Potter t'a raconté, mais je n'ai pas embrassé Alexandre, cracha-t-il sèchement. C'est Alexandre qui m'a embrassé et de force ! Comment peux-tu me croire capable de me mouiller juste pour une question de vengeance à propos d'une histoire de cul ! Merde Hermione je vaux mieux que ça et tu le sais ! »
La jeune femme se calma instantanément. Les mots « de force » se répétaient sans cesse dans son esprit comme une douloureuse litanie. Le souvenir de ce qui s'était passé neuf ans plus tôt lui revint subitement en mémoire et pour elle il n'était plus question de professionnalisme mais d'horreur. Elle bredouilla quelques excuses que Draco ne prit pas la peine d'écouter. Il était furieux et n'avait pas l'intention de laisser passer l'outrage aussi facilement.
« Je suis le meilleur avocat du monde sorcier et je refuse que l'on remette en cause ma conscience professionnelle. Surtout pour des broutilles de ce genre ! Est-ce clair ? Je pensais que tu me connaissais suffisamment pour ne plus douter de moi ou de ma bonne foi. Mais manifestement je me suis lourdement trompé. J'avais oublié à quel point tu restais fidèle à ton meilleur ami le Survivant ! C'est écoeurant ! »
Mais Hermione n'écoutait déjà plus et rongée par le remords se jeta dans les bras de Draco, le surprenant.
« Je suis désolée, souffla-t-elle. Pardon. Excuse-moi... je me suis laissée emportée et je n'ai pas réfléchi. J'aurais du t'attendre avant de tirer mes propres conclusions. »
La voix cassée et pesante de chagrin de la jeune femme radoucit un brin Draco.
« Je vois ça, répondit-il sarcastique. Et je ne permettrais plus que tu doutes de moi comme ça. »
« Promis. »
Intérieurement, Hermione se dit qu'il fallait qu'elle aille parler à Harry. Elle n'avait pas eu le temps de lui parler calmement de la situation. Harry ne devait pas abandonner... Maintenant, elle en était certaine. Une idée se forma dans sa tête et alors que Draco lui demandait de se mettre au travail, elle se dit que ça devait marcher et ce, même si le blond devrait la détester.
Hermione avait trop longtemps gardé le silence. Certes, elle avait fait la promesse à Draco de ne jamais rien révéler, d'emporter son lourd secret dans sa tombe, mais aujourd'hui, elle ne pouvait plus garder le silence. Voir deux êtres chers à son cœur se déchirer ainsi lui était plus insupportable que la colère de Draco quand il apprendrait qu'elle avait tout divulgué.
Il fallait combattre le mal par le mal. Et par la même occasion, tirer les vers du nez d'Harry. Lui faire avouer le pourquoi du comment il avait quitté Draco d'une manière aussi brutale, exécrable et surtout incompréhensible... Feindre l'amour juste par vengeance n'était pas une excuse valable.
C'est à ce moment précis qu'un petit bruit la surprit et elle se tourna machinalement vers la porte. Mais une exclamation de Draco lui fit tourner la tête en direction de la fenêtre. Un magnifique hibou venait de toquer contre la vitre et attendait manifestement que quelqu'un vienne lui ouvrir.
La jeune avocate tressaillit avant de se précipiter vers la fenêtre et de faire entrer le nyctalope, sous le regard perplexe de son collègue. Sans un mot, elle détacha l'enveloppe accrochée au cou du rapace puis le laissa repartir, avant d'ouvrir la missive. Évidemment, elle ne c'était pas attendu à ce que l'informateur anonyme désire une quelconque réponse.
« Hermione qu'est-ce que c'est ? demanda Draco la sortant de ses pensées. »
Elle lui fit un sourire avant de déplier la lettre.
« Ce matin très tôt, j'ai reçu une lettre anonyme disant qu'un hibou m'apporterait des réponses intéressantes pour notre affaire. »
« Comment ? s'exclama le blond abasourdi. Mais c'est n'importe quoi ! »
« Je sais, je sais. Mais au point où nous en sommes Draco, nous ne pouvons pas nous permettre de rejeter les pistes, aussi brumeuses soient-elles. »
Le blond sembla sceptique un moment, mais acquiesça finalement, autorisant la jeune avocate à lire le contenu du parchemin. Hermione et lui rejoignirent le petit salon où ils prirent place.
« Chers Maîtres Malfoy et Granger,
Vous devez certainement être plus que surpris et méfiants envers l'expéditeur de cette missive et avant tout envers son contenu. Mais ce que j'ai à vous dire est trop important pour que ce soit une plaisanterie. Alors je vous en prie, ne vous mettez pas en garde contre moi. Je ne peux vous révéler mon identité dans l'immédiat car je n'ai plus beaucoup de temps. Le Maître va bientôt revenir. C'est quelqu'un d'extrêmement dangereux et de très puissant.
Je sais que vous cherchez la jeune Carole Helen et je sais où elle se trouve. Elle n'est pas morte. Elle est toujours en vie. Elle est ici dans la demeure du Maître et il la retient prisonnière. Je n'ai pas le temps de vous expliquer pourquoi, mais Carole est vivante. Elle est très mal en point et je crains ce que le Maître projette de lui faire.
Je vous supplie de l'aider. Emilia est innocente. Sauvez-les, je vous en supplie. Trenton vous a menti. »
« Je ne comprends pas, marmonna Draco. Qu'est-ce que ça veut dire ? »
Hermione relut la missive et soupira en fronçant les sourcils.
« Je n'en sais rien, mais te rends-tu compte de la bombe que c'est ? »
« Oh oui, répondit le blond. Cette lettre anonyme est notre espoir, notre roue de secours, notre miracle mais... mais je ne peux m'empêcher d'être dubitatif. »
« Je sais Draco mais Carole est vivante ! VI-VAN-TE ! Emilia est sauvée ! »
« Hermione ! Je peux comprendre ta joie et crois-moi j'éprouve la même chose en ce moment, mais cette lettre anonyme ne peut pas constituer une preuve solide. Faire reposer l'affaire sur ce courrier est dangereux et à notre stade il m'est inconcevable de risquer la vie d'Emilia juste sur des affirmations énigmatiques. Nous ne savons même pas si ce que cet expéditeur secret dit est vrai. »
Hermione baissa les yeux et se leva. Son collègue avait raison... mais, en même temps, ils ne pouvaient occulter le fait que Carole était probablement toujours en vie. Ils avaient à nouveau l'espoir et ils leur fallaient se battre pour sauver les deux jeunes filles.
« Draco, au point où nous en sommes je pense qu'il ne faut négliger aucune piste, je te l'ai dit non ? »
« Bien sûr mais le jury pourrait penser que nous sommes les auteurs de cette lettre. »
« Ecoutes Dray... Ca fait des années que nous travaillons ensemble et mon intuition ne m'a jamais trompée. Pas une seule fois. Je sais que nous sommes affreusement limités par le temps mais nous n'avons rien de plus consistant pour le moment. C'est notre seule piste fiable Draco, et nous ne pouvons pas nous permettre d'abandonner maintenant. Tu as lu cette lettre comme moi. Carole est en vie, nous n'en avions jamais douté pourquoi douter maintenant ? »
Le blond soupira peu convaincu. Hermione poursuivit.
« Draco... Emilia est innocente c'est notre conviction et ça l'était déjà bien avant que ce message n'arrive. Nous devons enquêter. Nous devons le faire pour l'avenir de ces deux jeunes filles. Moi je crois cet expéditeur mystérieux. Je le crois parce qu'il nous redonne un espoir que nous avions perdu. Draco... ne baisse pas les bras ! Pas maintenant. »
Draco plongea son regard orageux dans celui d'Hermione et sourit. Il avait confiance en elle et il ajoutait foi à ses propos. Il allait se battre.
« Très bien, dit-il. Mais nous n'avons rien qui puisse nous indiquer où se trouve Carole. Il nous a dit que son Maître retenait Carole prisonnière mais il ne nous a pas dit où ? »
« Oui. Mais il a aussi ajouté qu'un certain Trenton avait menti. Qui est ce Trenton ? A voir la manière dont notre indic en parle, il doit penser que nous le connaissons. C'est étrange. »
Les deux avocats se turent pendant quelques instants avant que Draco n'écarquille brusquement les yeux.
« Je le connais, s'exclama-t-il en se levant pour aller chercher le livre qu'Alexandre lui avait prêté. Regarde ! »
Hermione saisit l'œuvre et en caressa la couverture avant de l'ouvrir à la page que Draco lui indiquait. Elle saisit le petit morceau de parchemin blanc qui dormait entre les pages couleur de pain et le lut : « Trenton A. est... » Elle fronça les sourcils.
« Draco, qu'est-ce que ça veut dire ? »
« Et bien, hier soir Alexandre m'a dit que Carole et Emilia avaient un petit jeu entre elles. Elles s'envoyaient des messages codés via les livres en soulignant des mots ou des lettres de-ci de-là dans le bouquin. Ce livre est le préféré de Carole et je l'ai emprunté. Vu que je n'arrivais pas à fermer l'œil je me suis amusé à chercher ces fameux messages et au petit matin j'ai décodé ce début de phrase. »
« Alors Carole et Trenton se connaissent ? Attend... tu crois qu'Emilia aussi ? »
« Je n'en sais rien mais je crois qu'Emilia n'a jamais eu ce livre entre les mains. Alexandre ne le prêtait qu'à Carole, car ils partageaient tous les deux la même passion pour les livres. Surtout pour celui-là puisque Carole l'empruntait très souvent. Emilia ne s'intéresse pas à ce genre de littérature. »
« Ce n'est pas logique Draco. Pourquoi dans ce cas Carole se serait-elle amusé à souligner des mots s'ils n'étaient destinés à personne ? D'autant que d'après ce que tu me dis c'est une œuvre précieuse à ses yeux. »
« Je compte bien le découvrir. »
« Tu crois que c'est un Elfe de maison ? »
« Qui ça ? Trenton ? »
« Mais non. Notre indicateur. »
Draco grimaça.
« Je ne pense pas, non. Les Elfes de maison ne savent pas écrire. D'ailleurs aucune créature du monde magique ne sait écrire, mis à part peut-être les Centaures, les demis-Ogres comme Hagrid ou encore les sirènes. Mais aucune de ses créatures ne se laisserait asservir, ils ont trop de fierté pour cela. Même l'intimidation n'y ferait rien. Et puis, avec ta SALE tu devrais savoir que maintenant il n'y a presque plus d'Elfe de maison en service, ajouta Draco en souriant. »
Hermione lui tira la langue et se concentra sur la lettre.
« Donc ça ne peut être qu'un humain... Une femme je dirais car le style d'écriture est plus arrondi, plus souple et surtout plus fin. Les hommes en général ont tendance à écrire avec des trais plus précis, plus anguleux et moins courbés. »
« Bon. Je cherche du côté de Trenton et toi du côté de notre mystérieuse messagère, lança Draco en rejoignant son bureau. Cherche du côté des anciennes familles de sorciers, il n'y a qu'eux pour avoir encore des serviteurs. Heureusement pour toi, il n'en reste plus beaucoup, la plupart ayant disparu avec Voldemort. Les nouveaux riches, eux, utilisent la magie. »
« Okay, mais je vais d'abord passer au bureau des Aurors. Je dois aller jeter un petit coup d'œil aux déclarations d'Harry et de Cho. On se tient au courant, dit-elle en se dirigeant vers la porte. »
oOo
Il était midi et demi et Draco croulait sous les dossiers, les parchemins, les actes de naissance et autres paperasses encombrantes. Il était midi et demi et Draco n'avait encore rien trouvé. Maudissant toutes les divinités qu'il connaissait, il ouvrit un énième dossier.
Pourquoi fallait-il qu'il y ait autant de Trenton A. dans le monde sorcier ? Pourquoi fallait-il que ce nom soit aussi commun ? Trenton Alfred, Trenton Albus, Trenton Anthony, Trenton Alexis, Trenton André, Trenton Aluccard, Trenton Aimé, Trenton Arthur, etc, etc...
Même en réduisant ses recherches à ceux possédant un casier judiciaires, la pile de dossiers était toujours aussi importante... Décourageant. Soupirant de fatigue, Draco décida de prendre dix minutes de pause quand sa cheminée crépita. Le blond se leva et fut surpris de découvrir le visage de Pansy dans les flammes.
« Bonjours Drake, le salua-t-elle en souriant chaleureusement. »
« Bonjours Pans', répondit-il en souriant. Que me vaut l'honneur de ta visite ? »
« J'espère que je ne te dérange pas trop. »
« Nan, j'avais l'intention de faire une petite pause de toute façon. »
« J'en suis ravie. Je voulais... enfin, je sais pas trop comment te dire ça... mais, je voulais te parler de quelque chose. »
Draco fronça les sourcils. La mine réjouie de Pansy avait quitté son visage au profit d'une moue attristée.
« Que ce passe-t-il Pansy ? »
« Et bien... je... je suis amoureuse, Drake. »
« Vraiment ? s'exclama-t-il mi-intrigué mi-soulagé que ce ne soit que ça. »
« Oui. »
« C'est fantastique Pansy. Je ne vois pas pourquoi tu avais peur de me le dire ? »
« C'est que... enfin, cette personne va se marier. Elle me l'a annoncé tout à l'heure. »
« Oh. Je... je suis désolé Pans'. »
« Ne t'en fais pas, va. Ca fait longtemps que je ne sors plus avec elle. Depuis notre dernière année à Poudlard à vrai dire. Elle m'a quitté pour quelqu'un d'autre. »
« Hein ! Attend Pansy... tu sortais avec quelqu'un à Poudlard et tu ne m'as rien dit ? Tu as attendu jusqu'à maintenant pour me tenir au courant ? Mais comment... Oh non. La seule raison pour que tu ne m'ais rien dit c'est parce que je déteste cette personne n'est-ce pas ? »
« Oui, souffla-t-elle. En fait... je sortais avec Cho Chang. »
Et BAM ! Pansy ou l'art de lâcher des bombes. Draco se figea sur place, médusé. La nouvelle l'ahurissait tellement qu'il en tomba sur les fesses.
« Euh... Drake ? Drake ça va ? demanda timidement la jeune femme. »
« Cho... J'y crois pas tu sortais avec CHANG ! Et tu es encore amoureuse d'elle ! »
« Ecoute, ne te mets pas en colère s'il te plaît. Je savais que tu réagirais comme ça, c'est pour ça que j'hésitais à te le dire... De toute façon ce n'est pas le plus important. Le plus important c'est que Cho va se marier avec... »
« Harry, acheva Draco dans un souffle. »
J'ai perdu la direction et le sens
Je ne sais pas tenir la distance
« Tu savais ? »
« Chang est venue me voir ce matin pour me l'annoncer et me demander expressément de ne plus approcher d'Harry. »
« Drake je... je suis désolée. Je voulais te l'apprendre moi-même pour que ce ne soit pas trop difficile à avaler. »
« Je sais Pansy et ça me touche. Mais bon, Potter et moi c'est du passé et je n'ai plus rien à quoi m'accrocher maintenant. Alors n'en parlons plus. »
« Mais Drake... »
« Pansy, je t'adore mais si tu continues tu vas vraiment finir par m'énerver, okay. Alors si tu as autre chose à me dire, fais-le tout de suite ou laisse-moi. »
L'ancienne Serpentarde soupira et abandonna. Elle connaissait suffisamment le blond pour savoir qu'il ne fallait pas trop insister. Elle changea alors de sujet.
« Je voulais aussi te demander si tu allais venir à la prochaine réunion du Club de lecture cette semaine ? »
« Je n'en sais rien. Je suis vraiment débordé en ce moment Pansy et je doute avoir le temps. »
« Oh ! Ca c'est parce que tu abuses Drake, je te l'ai déjà dit tu bosses trop ! Mais de toute façon Alexandre a changé les horaires du Club. »
« Vraiment ? »
« Oui. Les réunions sont fixées à dix-huit heures maintenant et non plus à vingt heure. »
« Comment cela se fait-il ? »
« Il nous a dit qu'il avait de plus en plus de travail en ce moment et qu'il était obligé d'avancer l'heure des réunions. Ca fait un moment maintenant que l'horaire a changé. Quelques semaines je crois. Mais faut dire que tu pouvais pas être au courant puisque tu ne venais plus du tout. »
Draco sourit mais son sourire se figea brusquement. Une lumière venait de s'allumer dans son esprit et un nouvel élément faisait lentement mais sûrement son ascension dans son esprit. Pansy fronça les sourcils, inquiète de voir son ami arrondir les yeux et ouvrir la bouche comme un poisson hors de l'eau.
« Drake ça ne va pas ? »
Draco mis quelques secondes à répondre avant de se lever un sourire victorieux sur les lèvres. Le même sourire qu'avait dû arborer Pasteur quand il avait enfin découvert le vaccin contre la rage.
« Oh Pansy ! Tu es la meilleure ! Je t'aime ! s'écria-t-il. »
Pansy leva un sourcil surpris et grimaça légèrement.
« Tu es sûr que tu n'es pas malade Drake ? »
« Oui ! Je ne me suis jamais senti aussi bien de toute ma vie Pans' et ce grâce à toi ! Merci ! »
« Euh... de rien. Mais tu n'as toujours pas répondu à ma question. Tu viendras ou pas ? »
« Je ne peux pas te répondre maintenant ma chérie, mais on verra ça plus tard okay ? »
Envoyant un baiser de la main à son amie, il coupa la conversation et se précipita vers son bureau. Il poussa les piles de dossiers amoncelés dessus les faisant tomber sur le sol puis se saisit de son carnet de note. Il le feuilleta rapidement et une fois arrivé à la page qui l'intéressait il sourit davantage. Il se répéta alors sa découverte : Trenton n'était pas le seul à avoir menti.
« Alexandre avait rendez-vous à vingt heures avec Emilia et il avait dit être arrivé en retard à cause d'une réunion du Club de lecture. Mais Pansy m'a dit que cela faisait déjà quelques semaines maintenant que l'horaire avait changé et Emilia a dit qu'elle avait attendu trois heures en vain. Ce qui fait qu'elle est partie aux environs de vingt-trois heures. Donc compte tenu du nouvel horaire des réunions et de la durée de celles-ci, deux heures, Alexandre aurait dû arriver à vingt heures pile au rendez-vous qu'il avait donné à Emilia et non pas plus tard. Donc il a menti. Il n'a pas vu Emilia parce qu'il était en retard mais parce qu'il était ailleurs. Mais où était-il dans ce cas ? Et pourquoi m'avoir dupé ? »
Le blond se mit à réfléchir intensément en parcourant son bureau de long en large, marchant sans remords sur les dossiers qui jonchaient misérablement le sol. Soudain, son regard se bloqua et il se baissa pour ramasser un parchemin écrasé sous sa chaussure.
« Trenton Alexandre, lut-il. »
Pris d'un doute, il s'agenouilla à terre et rassembla rapidement le reste du dossier. Une fois fait, il observa avec horreur la photo d'Alexandre Trenton. Un beau jeune homme aux cheveux châtains et au regard de braise.
« Alex... Alexandre Rombris est Alexandre Trenton, souffla-t-il avant de se mettre à lire le dossier. »
Les yeux de l'avocat s'agrandissaient au fur et à mesure de sa lecture.
« Accusé d'agression sexuelle dans trois états sorciers, de harcèlement sexuel sur deux adolescentes françaises, de voyeurisme, d'exhibitionnisme... Mon dieu... Kidnapping, séquestration et viol sur un jeune libraire Japonais... Il a toujours été innocenté. Toujours avec le même avocat... comment s'appelle-t-il ?... Ah ! Vincent Oscar... Par Salazar c'est incroyable... Cet enfoiré s'en est toujours sortis sans une égratignure. Affaire classée, insuffisance de preuves, affaire classée, absence de témoins, affaire classée, retrait de plainte, affaire déboutée, non-lieu, j'en passe et des meilleures... Mais c'est quoi cette arnaque ? explosa finalement Draco. »
Le blond se leva promptement. Il était bouillant de colère. Maintenant plus aucun doute ne régnait dans son esprit : Alexandre était le coupable et il n'allait pas s'en sortir avec autant de facilité. Cette fois-ci, son avocat, ce Vincent Oscar ne réussirait pas à sauver sa peau aussi facilement.
Furieux, Draco prit sa baguette et, oubliant toute prudence, transplana directement à la librairie. Alexandre Trenton allait devoir rendre des comptes.
oOo
Hermione se massa lentement les tempes avant d'avaler son énième Earl Grey au citron. Elle avait passé l'après-midi à fouiller les archives du Ministère et elle n'était arrivée à aucune conclusion valable. Certaines familles gardaient les Elfes de maison comme serviteurs, d'autres vivaient dans d'autres pays, d'autres encore n'avaient pas suffisamment d'argent pour se permettre d'avoir quiconque à leur service et la liste continuait longtemps comme ça.
Elle se leva, rangea la dizaine de documents qu'elle avait sortis des bacs pour en chercher de nouveaux. Il ne lui restait plus que quatre familles à consulter et ensuite soit elle gagnait à la loterie soit elle pouvait aller se rhabiller. Et dire que Seamus ne lui avait pas encore apporté les dépositions d'Harry et de Cho. Quels incompétents ces Aurors. Bons sur le terrain, mais en paperasse c'était une toute autre histoire... Qui a décrété que les Aurors devaient se charger de l'administration en plus de leur travail sur le terrain ?
La jeune avocate se rassit à son bureau et soupira. Elle priait Merlin que l'un de ces documents soit le bon. Elle allait entamer ses recherches quand une voix la fit sursauter.
« Mione ? Mais qu'est-ce que tu fais ici ? »
Hermione se retourna et agrandit légèrement les yeux de surprise.
« Harry ? Je devrais te poser la même question, tu n'es pas en cours ? »
Le Professeur secoua la tête et rejoignit son amie.
« Non. Dumbledore m'a demandé de venir faire quelques recherches pour lui. »
« De quelle nature ? demanda l'avocate intriguée. »
« Oh ! Il m'a dit qu'il avait perdu un dossier et il voulait que je lui en fasse une copie. Et toi ? »
« L'affaire Hyrvinia m'amène ici. Draco et moi avons découvert une piste des plus intéressantes et je fais quelques recherches sur les anciennes familles de sorciers. »
« Tiens c'est marrant que tu en parles. Je dois justement copier le dossier de la famille Crabbe. »
Quand Harry prononça ce nom, Hermione ne put empêcher son corps de frissonner désagréablement. Ce nom lui rappelait de bien mauvais souvenirs. Harry s'en aperçut et fronça les sourcils.
« Ca va ? »
« Oui, répondit-elle avec un sourire contrit. »
Harry n'était pas dupe et la lueur tourmentée dans le regard noisette d'Hermione confirmait ses soupçons : Hermione avait clairement un problème avec les Crabbe.
« Tu en es sûre ? »
« Oui. »
« Rien ne cloche ? »
« Non. »
Harry soupira.
« Mione, je te connais depuis des lustres et quand tu commences à répondre par monosyllabe c'est qu'il y a un problème, alors arrête de me prendre pour un con. »
L'ancienne Gryffondor tressaillit et détourna aussitôt le regard. Harry avait raison... mais, elle ne pouvait pas se permettre de tout dévoiler maintenant. Ce n'était pas le moment. Son problème avec les Crabbe, Vincent Crabbe en particulier, était trop important pour qu'elle lui en parle tout de suite. Vincent Crabbe avait un lourd passé qui la concernait elle, mais aussi, et là c'était plus délicat, Draco. Un soupir frustré d'Harry la ramena à la réalité et elle fit fonctionner son cerveau en vitesse. Il fallait qu'elle trouve une excuse et vite.
« Je ne te prends pas pour un idiot Harry, dit-elle, c'est juste que... »
« Hermione, j'ai enfin terminé avec les dépositions d'Harry et de Cho, lança soudain une voix grave. »
L'avocate se retint de pousser un soupir de soulagement et elle sourit à Seamus qui venait d'arriver. Il fallait qu'elle remercie la providence.
« J'y ai mis le temps pour les retaper, mais bon, tu les as en main maintenant. J'espère que ça pourra t'aider. Tiens ? Harry, je ne t'avais pas vu. Tu vas bien ? »
« Ouais merci, répondit le brun en serrant la main que lui tendait son ancien camarade de dortoir. Et toi comment... »
« Seamus je t'avais pourtant demandé de me prévenir quand tu viendrais voir Mione, coupa une voix féminine. »
Tous les regards se tournèrent alors vers la porte ouverte et l'Irlandais répondit.
« Je sais Gin, mais tu n'étais pas à ton bureau quand je suis passé alors j'ai pas attendu. Hermione avait besoin des dépos le plus vite possible. Alors arrête de geindre ! »
« Comment ça je geins espèce de gros bourru mal embouché ? répliqua la rouquine les poings sur les hanches. Non mais je te ne permets pas ! Je te préviens que je rapporterai tout à Charlie. Il sera sûrement très content de voir comment tu traites ta belle-s... Oh ! Salut Harry. Je savais pas que tu serais là. »
« Salut Gin, fit le brun en la serrant dans ses bras. Je suis venu faire des recherches sur le dossier Crabbe pour Dumbledore. »
« Ah bon ? Mione aussi. »
« Ben tiens, en parlant de ça, le premier dossier sur la pile c'est celui-là, remarqua Seamus en faisant un signe du menton. »
Hermione blêmit subitement et tendit immédiatement le document à Harry, qui fronça les sourcils.
« Mione... »
« C'est bon Harry. Fais-en une copie maintenant, je le regarderai plus tard. Je vais d'abord lire vos témoignages okay. »
Et sur ces bonnes paroles, la brune se mit au travail sans laisser la moindre possibilité à son ami de lui poser une quelconque question. Personne ne pipa mot et Ginny saisit le dossier des mains d'Harry. Elle avait remarqué la pâleur mortelle qui venait de peindre le visage de son amie et son intuition lui criait de mener sa petite enquête. Pourquoi diable Hermione réagissait ainsi à la simple évocation des Crabbe ? Elle nota qu'Harry et Seamus suspectaient également quelque chose de louche et sans un mot ils se mirent tous autour du dossier des concernés.
Quelques minutes plus tard, les trois compères avaient des yeux complètement exorbités.
« Ben ça alors, murmura Seamus ébahis, en plus d'avoir fait carrière dans la Mangemortie, ils ont également et tous sans exception pris la voie du Droit. »
« J'ignorais que les parents de Crabbe et ses ancêtres avaient été juristes, avocats... JUGES ! Mon dieu... j'imagine déjà les procès équitables, s'exclama Ginny. »
« Sacré paradoxe ! railla Harry. »
Hermione, plongée dans sa lecture, les entendit et releva immédiatement la tête au son de leur conversation.
« De quoi parlez-vous ? »
« Tu savais que les Crabbe avaient brillés en Droit ? demanda Ginny. »
Hermione fronça les sourcils.
« Vraiment ? »
« Oui. Et devine le meilleur, reprit Seamus, notre Crabbe à nous est avocat maintenant ! Remarque c'est peut-être le seul qui mérite qu'on ne doute pas de lui puisqu'il a collaboré avec l'Ordre. Mais le plus étonnant c'est qu'il travaille sous le non de famille de sa mère, Oscar. »
« QUOI ! Comment cet enfoiré de Crabbe a-t-il pu devenir avocat ? s'écria l'avocate en se levant subitement faisant sursauter ses amis. »
Cette fois, à défaut d'être pâle comme un mort, Hermione était rouge. Rouge... de colère et de consternation. Elle serait si fort ses poings que ses jointures blanchissaient, froissant implacablement les déposions d'Harry et de Cho. Son souffle s'était fait plus rapide et son corps entier tremblait comme sous l'emprise d'un froid glacial.
Le doute ne fut plus permis pour les trois autres, Hermione leur cachait quelque chose d'important au sujet de Vincent Crabbe.
« Hermione Granger, maintenant tu vas me dire quel est le problème avec Crabbe, intima Harry la voix froide. »
La jeune femme tressaillit et parut songeuse quelques secondes avant de soupirer et de se rasseoir. Elle semblait soudain lasse, la colère ayant quitté tout son corps.
« Asseyez-vous, dit-elle d'une faible voix. J'avais déjà l'intention de t'en parler Harry, mais je ne voulais pas le faire dans ses conditions. Bref ! Maintenant ou plus tard de toute façon, tu l'aurais su un jour ou l'autre. Ce que je vais vous raconter risque de me coûter plus qu'une simple relation de travail, ajouta-t-elle. »
« Que veux-tu dire ? demanda Ginny. »
« C'est l'amitié de Draco que j'ai peur de perdre. »
« Quoi ? Mais je ne comprends pas... Qu'est-ce que Draco vient faire là-dedans ? s'exclama Harry. »
« Calme-toi et laisse-moi tout te raconter depuis le début. Je vous demanderais juste de ne pas m'interrompre ou du moins d'attendre que j'ai fini avant de me poser vos questions, parce que je sais qu'il y en aura. »
« Tu m'intrigues, fit Seamus. »
« Attend d'avoir entendu la suite et tu seras beaucoup plus qu'intrigué, répliqua Hermione. »
Puis elle prit une profonde inspiration et commença son récit.
A SUIVREUH n.n...
AÏE - OUILLE ! Qui a lancé cette chaussure ? è.é... NdB : Pas moi, moi j'ai sorti le bazooka ! Spécial auteure sadique !
MDR ! Bon ne me tuez pas lol, la suite est déjà prête et presque finie lol. Elle n'attend plus que vous et sera postée une prochaine fois lol.
En attendant j'espère que vous avez passé un bon moment, que je ne vous ai pas trop ennuyés et que vous voudrez bien revenir pour la suite !
Un petit commentaire pour me dire ce que vous en avez pensé ?
Merci !
Kissouxxxx HK.
