Si tout s'était bien terminé pour eux, les choses avaient repris une mauvaise tournure dans la chambre de Gerald. Le bassiste venait de se réveiller, plaqué sur le ventre avec les poignets solidement liés au lit. N'ayant rien pouvant lui indiquer combien de temps il était resté inconscient, il se préoccupa des douleurs et nausées qui le violentèrent au premier mouvement. "Pire que ma première cuite... putain, c'est horrible" pensa t-il, les yeux humides à cause de l'intensité de la douleur. Il ressentit une douleur plus forte à un endroit spécifique mais n'en détermina pas l'origine. Il se rappela uniquement avoir du être sédaté d'urgence.
Flashback
Sachant que Renée n'était pas loin dans cet hôpital, il était resté calme un moment mais cela avait eu une fin prématurée. En effet, il avait une fois de plus perdu le contrôle à cause d'un seul uniforme qui souillait son champ de vision. Jerry n'avait jamais pu tenir face à des policiers, il les haïssait depuis sa jeunesse. Seuls deux ou trois dans sa vie lui avaient témoigné un minimum de respect, dont Watters. Mais là, alors qu'un médecin avait souhaité examiner sa tension, le punk s'était enragé en constatant que le seul officier présent dans la pièce le fixait méchamment. Contre le mur en face, bras croisés avec un posture suffisante dont le seul but était de le faire sortir de ses gonds. Malheureusement, même si Caiafa n'avait aucune envie de lui donner ce qu'il voulait, il n'était pas non plus d'humeur à faire preuve de patience et il le lui avait prouvé. Il avait décidé en une seconde de lui donner une leçon dont les conséquences seraient irréversibles puisque de toute façon, il se sentait condamné. Pourtant sa tentative d'attaque s'était retournée contre lui. Dès lors que Jerry avait brusquement écarté le médecin en sortant de son lit, il avait immédiatement averti tout le couloir par un cri de rage. Il s'était donc retrouvé attaché par une dizaine d'hommes qui ne s'étaient pas gênés pour le battre afin de le neutraliser. C'était à cet instant que Jerry avait été sédaté et placé de façon à le diminuer. Ainsi, il était plus vulnérable.
Fin flashback
Frustré de ne jamais agir comme les autres dans les situations difficiles, Jerry fit un geste maladroit du bassin lorsqu'il voulut tester les attaches mais sentit sa douleur la plus aiguë s'accroître. Il commença à paniquer d'être si faiblement étendu à la merci de ses "ennemis", mais il se demanda surtout s'il n'avait pas été victime de traitements autres que son tabassage. Dorénavant il avait peur sans être sûr de rien. Peur que tous ne rentrent et ne l'encerclent. Peur qu'ils ne le menacent et fassent encore usage de leurs armes sur lui. Jerry voulait savoir quelle était cette douleur mais ils lui riraient probablement au nez. Il n'avait plus le droit de rien et se renferma dans sa carapace. Néanmoins, il entendit un bruit dans le couloir avant que la porte ne s'ouvre. Il ferma rapidement les yeux puis entendit une voix féminine avertir doucement les officiers de son sommeil. Apparemment, elle devait entrer mais avait besoin d'une protection en sa présence. Pourtant, elle refusa gentiment en prétextant qu'il dormait profondément.
Alors qu'elle tournait autour du lit de Gerald en cherchant ce dont elle avait besoin, ce dernier ouvrit progressivement les yeux et la reconnut. C'était l'infirmière Jameson, celle qui avait apporté le rapport toxicologique à Watters. Estimant qu'elle avait du courage pour refuser une aide armée, Jerry resta muet et attendit qu'elle ne croise son regard afin de ne pas lui faire peur. Lorsqu'elle s'en rendit compte, sa seule réaction fut de constater à quel point le nombre de blessures infligées par les coups des hommes n'avaient eu aucune retenue. Fermant les yeux alors qu'il crut apercevoir une once de pitié dans son regard, Gerald entendit :
- Pourquoi ? Vous aviez une preuve de votre innocence mais vous leur avez quand même donné une raison de vous tomber dessus.
Rouvrant des yeux vides d'éclat, il resta muet pour la laisser terminer sa tâche et repartir, mais elle s'assit. Soupirant face à son insistance, l'homme se résigna.
- Un violeur n'est pas innocent, ce n'est pas une femme qui pourra dire le contraire.
Bien qu'elle sembla apprécier cette responsabilité de sa part, l'infirmière avança sa chaise.
- J'ai entendu ce que votre frère a dit. Vous êtes amoureux d'elle.
Serrant les poings à cause de ses poignets trop tendus, Jerry ferma les yeux à cause de son sourire qu'il ne méritait pas. Il ne savait pas pourquoi une femme lui témoignait autant de bonté après ce qu'il avait fait. Pourtant, il sentit une main se poser sur son poing.
- Je ne voulais pas lui faire le moindre mal, mais je ne contrôlais rien. Elle m'a mordu pour se défendre, et elle m'a giflé. J'ai craqué, j'ai eu une montée de colère et d'adrénaline alors je l'ai frappée. Je ne pouvais pas réfléchir. Alissa était là, devant moi... si magnifique... je la voulais à tout prix et j'ai oublié que c'était mon frère que je venais voir.
Refusant de pleurer à nouveau au risque d'être traité comme une des victimes, Jerry la regarda en déchiffrant ses moindres gestes et émotions. Troublée mais sûre d'elle, l'infirmière parvenait à rester neutre face à lui alors que tous les officiers lui avaient décrit Gerald comme étant dangereux. Pourtant, elle s'était faite sa propre opinion et ce, en lui parlant elle-même. De ce fait, elle l'avait jugé inoffensif et décida de ne pas le juger. Alors qu'elle se creusa la tête afin de trouver comment remonter le moral à une personne dans de telles circonstances, la porte s'ouvrit sur un des policiers. Il avait entendu leurs voix et sembla peu satisfait de les voir en train de converser de façon si polie et personnelle. Il adressa un regard évocateur à l'infirmière mais celle-ci le défia par des mots indirects, s'adressant en premier lieu à Jerry.
- Je sais que vous resterez calme maintenant alors je vais aller chercher votre petite amie, il ne faut plus que vous restiez seul. J'ai bien vu vos blessures alors une en plus, je la remarquerai sans problème.
Cette menace sous-entendant la violence de certains uniformes ne passa pas inaperçue, mais le concerné fit comme si de rien n'était. Visiblement irrité, il se contenta de la regarder en pouffant afin de leur signifier son indifférence.
- Votre chouchou ne sera plus marqué parce qu'il sera au poste bien avant ce soir.
Ses mots étant clairs, Jerry sut alors que ses heures étaient comptées. Voyant sa "protectrice" contourner le lit afin de sortir, il la rappela d'une façon vive mais suppliante. Il l'entendit revenir à lui et demanda simplement :
- Comment vous appelez-vous, infirmière Jameson ?
Quelque peu surprise par la question, cette dernière répondit tout de même avant que le policier ne chercher à s'interposer de façon plus agressive.
- Danielle !
Son vis-à-vis hocha la tête et afficha enfin un sourire. Bien que bref, Gerald savait qu'il n'arriverait plus à sourire pendant longtemps s'il finissait en prison.
- Merci à vous, Danielle ! Vous avez beaucoup de mérite.
- Comme c'est émouvant ! ironisa le policier.
Il s'attira un froncement de sourcils meurtrier de la part de celui qui ne put le regarder directement, mais l'infirmière n'hésita pas à défendre son patient afin de l'aider à maintenir son calme.
- Votre métier se résume à ça ? Si oui, vous serez gentil de le faire dans la rue et pas dans cet hôpital.
Ignorant le perturbateur, Jerry avait cherché un dernier doux contact - même verbal - avant d'être officiellement privé de vie. Il se focalisa donc sur la dernière personne qui aurait été agréable avec lui. En guise d'au revoir si elle ne le revoyait plus, Danielle posa une main sur la sienne durant quelques secondes avant que l'officier ne se mette à grogner. Bien qu'elle lui avait exprimé son soutien en silence, elle avait surtout craqué sur lui sans même qu'il ne s'en aperçoive. Quelques minutes plus tard, alors que Renée revint vers lui, elle sembla déjà avoir été avertie du traitement de choc qu'avait subi Gerald. En effet, elle regardait maintenant tous les policiers de travers et n'hésita plus à menacer ceux qui l'approchaient. Cependant, elle semblait avoir été mise au courant qu'ils avaient en partie agi après que son compagnon eut de nouveau cherché à user de violence. N'ayant donc aucune preuve de rien, elle ne manifesta que la menace de perdre tout contrôle à la moindre parole de travers dans les deux camps.
ooOOoo
Revenu auprès d'Alissa, Paul se jeta à son cou en exprimant son soulagement de pouvoir la ramener chez eux. Néanmoins, il l'encouragea à prendre un dernier repas ici ainsi qu'à prendre une douche avant de remettre le nez dehors. Par sa recommandation, Alissa rit en citant les douches de cet endroit dans lesquelles elle ne s'éterniserait pour rien au monde... avant de constater à quel point Paul s'était décarcassé pour trouver tout ce qu'il lui faudrait comme produits. Elle accepta donc à une seule condition, qu'elle lui communiqua après avoir vu les deux chanteurs sortir dans le couloir et refermer leur porte.
- Prends-moi.
Alors que Paul était en train de sortir une bouteille de shampoing, celle-ci lui échappa et tomba au sol en se fissurant. Trop hébété pour la ramasser, Paul resta silencieux et pencha la tête en regardant Alissa pour savoir si cela avait été un effet de son imagination. Hochant la tête, elle lui attrapa les joues en se rapprochant de lui.
- Tu as bien entendu, je veux que mon homme me fasse l'amour maintenant.
Déglutissant immédiatement, Caiafa vérifia la porte par sécurité.
- Mais ici, tu es sérieuse ?
Alissa s'avéra tout à fait décidée puisqu'elle hocha la tête avec sérieux. Mais elle nota tout de même que Paul sembla perdu et avait besoin d'un bon argument pour se laisser aller dans cet endroit où devait régner l'hygiène et la salubrité. Alors bien qu'elle comptait tout faire pour effacer cette épreuve de sa mémoire et faire en sorte que les deux frères restent liés par l'amour, elle exorcisa néanmoins ce que Jerry avait laissé de mauvais en elle.
- Ton frère s'est permis d'éjaculer dans mon corps alors tant que son sperme me souillera de l'intérieur, ça n'ira pas. Si je viens à apprendre que je suis enceinte dans les prochains jours, je veux que le dernier homme qui m'ait prise soit mon mec. Parce que je ne ferai aucune analyse de peur d'imaginer que Gerald puisse être le père de mon bébé.
Contaminé par cette perturbante pensée, Paul se serra la nuque avant de se passer la main sur la bouche. Il savait que sa bien-aimée partageait tout droit universel pour les femmes de faire ce qu'elles désiraient de leurs corps, mais il savait aussi qu'elle voulait un enfant de lui depuis près d'un an. Malheureusement, Paul hésitait par rapport à leur différence d'âge et bien que cela le tentait, il avait peur qu'Alissa n'ait des regrets plus tard.
- Je comprends ce que tu veux dire, ma puce.
Le sourire qu'il lui envoya après cela fut le déclencheur qu'il leur fallait à tous les deux. Alissa lui attrapa le visage pour l'embrasser aussi durement qu'elle le put malgré sa lèvre douloureuse, mais cela suffit à Paul pour sauter sur le lit. Après avoir placé ses jambes de chaque côté des siennes, il défit brusquement les attaches de son jean avant de s'allonger sur Alissa. Hésitant à souiller la blancheur des tissus exposés avec ses grosses chaussures, il abaissa le drap et attira immédiatement l'entrejambe de sa compagne près du sien. Continuant à l'embrasser, il baissa légèrement son pantalon et son boxer et ils commencèrent à se caresser partout en frottant leurs corps l'un sur l'autre. Sachant de quelle manière son amant pourrait céder encore plus vite, la jeune femme utilisa son arme secrète. Elle écarta les jambes pour les passer derrière lui, gémissant tout en sentant son membre durcir contre elle, puis elle plaça les mains sur ses fesses galbées pour le rapprocher d'elle autant que possible.
- J'adore ta belle paire de fesses !
Souriant, Paul se sentit suffisamment dur pour entrer en elle.
- Alors tu vas pouvoir les sentir plus près alors, beaucoup plus près.
Excité comme jamais, il la pénétra à sec afin de ne pas s'éterniser dans cet endroit risqué mais dut néanmoins faire taire son cri en l'embrassant.
- Je n'en peux plus, je te veux trop ! grogna t-il.
Il souleva sa chemise d'hôpital pour embrasser sa poitrine et mordiller ses tétons alors qu'Alissa commença à lui murmurer son amour. Lui tenant la tête, l'écoutant exprimer physiquement son agressivité, son corps claquant contre le sien... elle parvint à chasser ainsi l'image de Jerry ainsi que toutes les douleurs qu'il lui avait provoquées. À la place, elle se sentit libérée de tout mauvais souvenir. Alors que Paul la laboura de plus en plus fort, elle s'enivra de son odeur masculine et passa ses jambes derrière lui.
- Oui, baise-moi.
- Si c'est ce que tu veux, je vais te baiser. Oh mon amour ! gémit-il.
Ils aimaient parler ainsi de temps en temps et de façon modérée, respectant leur relation. Même s'il avait tendance à devenir brutal avec ses reins, Paul savait qu'il ne devait pas pour autant faire basculer la dignité de la femme qu'il aimait. Jamais il n'avait levé la main sur elle ou ne l'avait insultée, et il ne le ferait pas même si elle lui demanderait.
Lorsque ses jambes le laissèrent respirer, Paul se mit à genoux et maintint les jambes d'Alissa bien hautes et droites contre son torse, les tenant pendant que celle-ci se soulevait un peu le fessier. Entamant des coups plus claquants que les précédents, Paul commença à oublier dans quel endroit il se trouvait et baissa ses bas jusqu'aux genoux. Dans cette position, la jeune femme se sentait moins dominée qu'en missionnaire mais le phallus de son amant lui provoquait bien plus de sensations. Alors que son point sensible était frappé à multiples reprises, elle émit un cri avant de l'inciter à ressortir. Elle voulait le toucher et l'embrasser.
- Embrasse-moi, Paul.
Transpirant de plus en plus, son homme se pencha à nouveau et sauta sur ses lèvres. Il la domina de tout son baiser, brutal et envahissant alors que son corps musclé la bloqua de toute part. En même temps, il sentit la main féminine se mettre à le masturber. Lorsqu'il grogna de plaisir et que sa bouche se referma sur celle de la jeune femme, celle-ci se douta qu'il avait une certaine envie ou un besoin.
- Tout va bien, chéri ?
- Euh... oui, oui, tout va bien.
Il avait répondu les yeux fermés et cela la fit douter. Alissa l'embrassa amoureusement avant de répéter sa question. Gêné, Caiafa lui confia alors quelle pulsion lui était venue en tête et bien qu'elle en sourit, sa petite amie n'y trouva pas de quoi ressentir de l'embarras. Elle n'y vit aucune objection non plus d'ailleurs. Ils pratiquaient très peu ça entre eux, mais Paul lui confia avoir peur de lui faire du mal en y allant trop fort. En effet, il adorait prendre les rênes dans ces situations de luxure orale.
- Si j'ai survécu à ton baiser ravageur, c'est que je suis invincible ! dit-elle en riant.
Alors qu'elle lui frotta l'entrejambe en le regardant haleter avec plaisir, elle murmura à ses lèvres :
- Mets-la-moi, je la veux aussi.
Elle se déplaça vers le milieu du lit en s'allongeant et après avoir plié son oreiller pour le placer sous sa tête, Paul l'embrassa et lui enfonça sa verge profondément dans la bouche. Il avait placé ses jambes de chaque côté du corps d'Alissa en les gardant étendues, de façon à pouvoir y entrer et sortir comme il le faisait avec son vagin. Il estimait personnellement que le plaisir qu'il ressentait lors de cette pratique était outrancier, c'était pour cela qu'il ne le demandait jamais mais sa partenaire avait tendance à le deviner. Elle aimait tout faire avec Paul sexuellement car il était l'homme le plus prudent et attentionné qu'elle ait connu. Seule la sodomie était un tabou et depuis que Jerry avait failli en arriver là, Paul n'était pas prêt de lui redemander. Tant qu'elle était assurée de sa douceur et de son respect, elle se sentait prête à tout avec lui. Ses mouvements s'accélérèrent et il entendit la jeune femme s'étouffer, ces moments étant les plus difficiles pour s'arrêter car c'était là qu'il prenait le plus de plaisir. Pourtant, elle tint bon et resta en place.
- Oh putain, c'est trop bon... Oui, encore...
Il se retira tout de même pour la laisser respirer un moment et se masturba en la sentant embrasser et aspirer ses testicules.
- Je t'aime ! susurra t-il.
- Je t'aime aussi.
Prête à nouveau, Alissa lui passa les mains sur les fesses alors qu'il replongea dans sa bouche avec autant d'ardeur. Toute retenue et convenance disparues, ils firent autant de bruit que s'ils avaient été chez eux. Paul grogna comme un animal tellement les sons d'étouffement produits par sa compagne l'amenaient au bord de l'orgasme. Sentant qu'elle s'épuisait, il décida de laisser sa bouche se reposer et la replaça vers le haut. Jamais il n'avait éjaculé dans sa bouche et ne se le permettrait pour rien au monde. Se rallongeant sur elle, il l'embrassa et la caressa en la pénétrant de nouveau. Le sentant passer un bras derrière sa nuque pendant que l'autre passait dans son dos, Alissa s'agrippa à son cou pour permettre à Paul de la gardée empalée sur son érection. Ce dernier ne put s'empêcher de s'assurer que ses douleurs corporelles furent supportables avant de commencer à la malmener, mais elle aima cette attention. Il la prit à genoux durant une bonne minute, avant de sentir la fatigue le gagner et de la rallonger.
- Chérie, tu me rends fou. Tu es sûre de vouloir que je lâche tout ?
Sentir cette bouche sauvage qui la ravagea furieusement ne fit qu'accroître son désir de sentir l'homme se libérer en elle.
- Doyle, je veux te sentir jouir. Fais-le mon ange.
Encouragé, il s'étala sur elle de tout son long et la ramona comme un sauvage car il savait qu'elle aimait lorsqu'il la dominait de son corps immense. De cette façon, elle pourrait ainsi être débarrassée de chaque trace de Jerry.
- Mec, tu... vous êtes sérieux tous les deux ?
Glenn venait d'entrer sans frapper alors bien évidemment, il n'avait pas prévu de les surprendre en plein coït et se retrouva la bouche grande ouverte. Malgré sa présence, aucun de ses amis ne daigna s'arrêter ni répondre, trop occupés à savourer bestialement leur plaisir. Et pourtant, ils l'avaient vu et entendu. Outré mais surtout amusé, Glenn pensa à refermer pour les laisser tranquilles mais Michale se pointa après avoir entendu les bruits trop suggestifs. Il eut la même réaction que lui.
- Mais ils baisent ! Comme ça, dans une chambre d'hôpital... c'est mon fantasme de toujours. Hé les amoureux, je peux regarder ?
Cette fois, Paul arrêta net ses coups de reins pour tourner la tête vers eux.
- Même pas en rêve, Michale. Dehors !
Puis il reprit sans hésiter en provoquant une vague de plaisir chez Alissa :
- Oh oui !
- Aaaaaah...
Les grognements gutturaux de Paul qui lui pilonna le vagin sans même se préoccuper de Glenn et Michael leur fit écarquiller les yeux. Face à son envie de se rincer l'œil sans vergogne, l'aîné dut obliger Michale à faire un pas en arrière mais juste avant, il se tourna pour dire à voix haute :
- Tu savais qu'il avait un cul pareil ?
Le couple se retrouva coupé dans son élan en éclatant de rire. Minaudant dans le cou de Paul, Alissa rigola.
- Tu viens de faire virer sa cuti à Glenn.
Bien qu'amusé, Caiafa craignit de perdre son érection et les attaqua.
- Tirez-vous avant que je vous la mette profond.
- Arrête, tu vas m'exciter ! taquina Michale.
Cette fois, Glenn l'attira dehors en riant et ils leur laissèrent le temps de terminer.
- Laisse-leur un peu d'intimité, gros voyeur. On va monter la garde.
Ôtant son sexe de l'abri de chair humide de sa compagne, Paul lui en mit quelques coups dessus avant de murmurer en lui léchant la lèvre :
- Où en étions-nous déjà ?
- Tu me sautais comme un monstre et j'en redemandais.
ooOOoo
Au bout d'une minute à tourner en rond dans le couloir car il ne tenait plus en place, Graves désigna la porte et pesta d'impatience. Bien qu'ils surveillaient par sympathie pour leurs amis, ceux-ci ne faisaient pas le moindre effort de décibels de leur côté et ne semblaient pas pressés de terminer.
- De l'intimité, tu disais ? On les entend trop derrière cette porte. Faut qu'ils évitent de beugler comme des bêtes parce que si une infirmière se pointe, elle va attaquer Paul à coups de seringue. Et nous avec pour les avoir couverts.
- Mouai...
Estimant que la situation devenait trop urgente pour "fermer les yeux", Glenn rouvrit la porte pour les prévenir pendant que le plus jeune se posa sur le banc en face.
- Hé mec ! Calme-toi un peu, t'es en rut ou quoi ?
- Sortez... de là... OH OUI !
Les joues brûlantes, Glenn parla pour lui-même :
- Je n'ai jamais été aussi gêné de toute ma vie.
- Ça ne t'empêche pas de rester là à mater.
Il se tourna pour voir Michael assis à ricaner, faisant de même mais l'assumant avec grand plaisir. Il referma la porte en espérant que les deux indiscrets n'attireraient pas des membres du personnel vers la chambre. Malheureusement pour leurs oreilles et leurs appréhensions, ils les entendirent de plus en plus la porte fermée comme s'ils le faisaient exprès. L'un rougit alors que l'autre croisa les jambes en soufflant.
- Si tu vois mon froc qui grossit, ce ne sera pas de ma faute ! s'excusa Glenn.
- T'inquiète, je l'ai déjà moi. Je ne les savais pas comme ça ces deux-là.
- Au fait, comment va ta famille en ce moment ?
Bien que Graves apprécia le changement de sujet, il se demanda si le sujet lui-même pourrait les suivre dans de telles conditions.
- Ben écoute, ça va mais depuis que ma...
- Oooooh, c'est bon...
Eh bien non ! Après avoir très lentement levé leurs têtes vers la porte, ils éclatèrent de rire et Michael reprit.
- Tu sais quoi ? Je vais éviter de penser à ma famille avec des bruits de fond pareils.
Danzig acquiesça avec un hochement de tête.
- Doyle, franchement ! Il devrait conclure et vite sinon ils vont se faire choper mais nous avec.
Tentant d'y voir un minimum de sérieux, Graves se sentit croiser de plus en plus les jambes.
- J'espère au moins que ce sera bénéfique pour Alissa.
Avec un air amusé, Glenn lui montra la porte derrière laquelle se faisaient entendre les gémissements stridents de la jeune femme.
- Si j'en juge par ce que j'entends de l'autre côté de cette porte, ça a l'air d'aller pour le moment.
Ils restèrent silencieux plusieurs secondes et parvinrent pour leur plus grand bonheur à se réfugier chacun dans leur tête pour oublier ce qu'ils étaient forcés d'entendre. Mais alors que Glenn avait une question à poser à Michale en particulier, il se lança de crainte de ne plus en avoir l'occasion plus tard. Après tout, ils se connaissaient peu et seul le drame arrivé à cause de Marco les avait vraiment forcés à se rapprocher. Alors qu'il avait critiqué Graves par le passé, Glenn avait fini par le connaître plus tard et avait appris à le respecter, regrettant ses propos qui n'étaient autres que sa rancœur envers les deux frères. Il s'était toujours senti jaloux qu'ils eurent pu le remplacer par un autre.
- Au fait mec, il s'est passé un truc entre toi et Renée ? Je demande ça parce que je vous trouve très tactiles tous les deux.
- Juste parce qu'on te paraît tactiles ?
- Pour quelqu'un qui n'est qu'une connaissance, oui. Et Jerry est très jaloux quand il aime vraiment une femme.
Glenn s'excusa en le croyant vexé par son accusation, mais il ne vit pas le sourire en coin qu'afficha Michael à l'opposé.
- Tu oublies que ce gars crève d'amour pour une gonzesse qui n'est pas la sienne, alors je ne croirai pas en de la jalousie de sa part. Même s'il a Renée et qu'il a l'air bien avec elle, ils ont sûrement besoin de se changer les idées des fois. Au moins, Jerry oublie un peu Alissa et quant à Renée... ben peut-être que de cette façon elle fait voir à Jerry ce que ça fait que de regarder ailleurs ou d'être regardé par quelqu'un d'autre.
- Tu me dis ça comme si c'était une certitude.
Alors qu'il s'attendait à une réponse rapide encore une fois, Glenn affronta le silence et surpris, il se tourna rapidement vers celui dont il constata un haussement de sourcils. Un haussement lui montrant bien qu'il avait marqué un point. Mais un point où ? Glenn tint à clarifier ça.
- Alors c'était vrai, il s'est passé un truc avec elle ?
- Avec... eux !
Michale s'était montré méfiant mais l'avait balancé comme ça. Il fallut plusieurs secondes à Glenn pour qu'il ne réalise qu'il avait bien entendu. Il essaya de trouver des mots concis et clairs sans pour autant y mettre les formes.
- "Eux" ? Tu veux dire une partie à trois avec Jerry et Renée ?
Le fait que son jeune ami ne garde le silence encore une fois fut une réponse suffisante pour lui. Sans le vouloir, les joues de Danzig recommencèrent à le brûler lorsqu'il se prit à imaginer ses trois amis.
- Oh putain, qu'est-ce que ça doit donner ? Pourtant t'as pas l'air traumatisé ! Ils sont aussi cinglés l'un que l'autre, déjà le fait de les imaginer en train de s'envoyer en l'air me fait frissonner mais en rajoutant un troisième... brouh !
Et en effet, il frissonna.
- Tu exagères. Je ne l'ai fait qu'une fois avec eux alors impossible pour moi de te dire comment ils sont quand ils sont seuls. Mais je peux te dire que Jerry ne s'est pas comporté comme une brute, il est resté ordinaire aussi bien avec moi qu'avec elle.
Fronçant légèrement les sourcils, Glenn tourna la tête vers lui en souriant.
- À tout hasard, tu ne serais pas en train de me dire que Jerry t'a enculé ?
Le plus jeune déglutit alors qu'il n'avait pas fait attention à ce minime détail, et le bruit attira Glenn. Il connaissait Glenn et sa curiosité et maintenant qu'il savait ça, il allait en demander encore plus.
- Je croyais juste que vous vous l'étiez tapée tous les deux en même temps. Un devant et un derrière... mais...
- Oh oui... oui... oui...
Les cris derrière la porte sauvèrent la mise à Graves et il regarda à l'autre bout du couloir en espérant que le ton ne monte pas plus.
- Je crois que c'est le bouquet final.
Glenn se leva en riant et se prépara à entrer pour les forcer à se rhabiller rapidement une fois leur coup fini.
- Plus jamais un truc pareil, merde alors... on a vraiment eu de la chance. Bon !
TOC TOC TOC
- Rhabillez-vous vite les tourtereaux, je rentre.
Et il s'exécuta sans attendre d'autorisation. Par bonheur, il constata qu'ils en avaient fini mais même s'ils étaient tout juste en train de se revêtir correctement, Paul n'était pas encore redescendu du lit. Glenn n'hésita pas à venir lui-même l'en arracher, faisant rire son ami.
- Redescends avant qu'une infirmière ne se pointe, Romeo. J'espère que votre folie valait vraiment le coup parce qu'on était stressés derrière.
Paul et Alissa se regardèrent mystérieusement, puis sourirent avant de s'embrasser. Ce fut Alissa qui répondit après s'être excusée avec sincérité.
- Crois-moi que oui, ça valait le coup. J'en avais besoin pour oublier ce qui est arrivé hier.
Regardant le guitariste lui réajuster sa chemise avec une tendresse remplaçant la passion, avant de faire de même avec ses cheveux et le drap, Glenn hocha la tête en signe de compréhension. Lui aussi se doutait que l'agression avait atteint la jeune femme dans son couple comme dans son intimité. Il évita toute autre question sur ce sujet et regarda Paul se démener pour trouver la bouteille de gel douche qu'il avait apportée. Se moquant alors qu'il l'avait posée sur le lit, Glenn replaça correctement l'oreiller sous la tête de la jeune femme, qui le remercia. Puis il s'assit à côté en lui prenant la main et tous les deux regardèrent Paul s'énerver sans lui donner la moindre indication. Ce ne fut que lorsque ce dernier se tourna vers eux qu'ils ne lui firent remarquer avec un faux sourire innocent que le bain moussant était sur le lit.
- Hé mais vous êtes sans pitié en fait tous les deux !
- On ne voulait surtout pas te déranger, tu étais si concentré !
Provocatrice mais surtout taquine, Alissa lui prit le menton. Elle savait que même lorsqu'elle l'embêtait habituellement, il ne s'énervait jamais contre elle.
- Tu es trop mignon quand tu t'énerves.
- Tu vas voir...
Alors qu'il allait gentiment la "menacer", la porte s'ouvrit sur Graves dont la bonne humeur avait disparu pour laisser place à un air grave et dépité. Le couple resta surtout concentré sur lui-même et sur la future douche d'Alissa pour y faire attention, mais Glenn sut qu'il se passait encore quelque chose.
- C'est fini. Ils l'ont emmené.
Ces mots à voix basse n'aidèrent pas ses amis à en comprendre le sens. Câlinant son amant, Alissa demanda sans en avoir réellement conscience :
- Hein ?
Elle fut déconcentrée par une série de baisers dans son cou, mais Glenn constata que le regard de Michael se posait surtout sur lui. Le sujet devait sûrement concerner Gerald, raison pour laquelle Michael ne voulait pas mêler la victime à la discussion. Glenn se releva et l'entraîna à part pendant que Paul conduisit sa petite amie dans la salle de bain.
- Watters vient de me le dire, ils ont emmené Jerry au poste.
Glenn baissa la tête. Ils ressentirent de la peur à nouveau, mais elle fut différente que celle qui les avait tiraillés pour le rétablissement d'Alissa.
- Glenn, il ne mérite pas ça. Il sera traîné dans la boue si les médias s'en mêlent et il ne survivra pas s'ils le foutent en taule. Tu le connais depuis plus longtemps que moi, tu sais que c'est aussi une victime dans l'histoire. Qu'est-ce qu'on peut faire pour l'aider ?
Réfléchissant à toute vitesse, l'aîné rassembla tous les souvenirs pouvant le mener à l'essentiel en cet instant : un défenseur.
- Il y a trois ans, Jerry a failli plonger pour avoir foutu un type dans le coma. C'était un accident mais depuis, il a une avocate. Je vais essayer de la joindre en rentrant et je lui donnerai autant de détails que possible. C'est dégueulasse à dire mais on va devoir se démerder, nous et Renée. Paul n'en aura sûrement rien à foutre et il refusera qu'Alissa soit mêlée à une histoire de flics en prime.
Bien que davantage découragé, Michale expira en tremblant mais demanda tout de même l'origine de cette attaque il y a trois ans. Peu à l'aise, Danzig se frotta la nuque.
- Jerry s'est confié quand on a recommencé à se parler tous les deux, on voulait rattraper le temps perdu alors on se disait tout ce qu'on a pu vivre l'un sans l'autre et qui nous passait par la tête. Et c'est un secret bien gardé, seule Renée est au courant à part nous.
Le plus jeune hocha la tête devant son doigt tendu, sachant que cela impliquerait pour lui de garder le silence.
- Une histoire de baston complètement stupide entre deux types bourrés. C'était un ami de Jerry en plus, et il était avec sa copine ce jour-là. Ils étaient bourrés tous les trois et Jerry s'est mis à la draguer. Son pote s'est jeté sur lui et ils ont commencé à se battre. Ils ont roulé par terre mais le gars s'est cogné la tête contre une table basse. En tout cas, c'est ce dont ils se souviennent. Il a fait trois jours de coma. Jerry s'en est tellement voulu que les flics lui ont laissé le droit de rester près de lui à l'hosto. Si son pote et sa copine n'avaient pas témoigné en sa faveur à son réveil en disant toute la vérité, Jerry serait en prison. Ils ont fait la paix depuis et ils sont encore amis. Voilà pourquoi ça reste entre nous, même Paul et Ken ne sont pas au courant.
ooOOoo
Au poste depuis près d'une heure, pour autant qu'il put en juger par le temps qui s'allongeait, Jerry était assis dans une salle d'interrogatoire. Il avait sagement coopéré avec Watters pour ne pas attirer l'attention et rendre son transfert plus convenable, sans menottes ni officiers pour lui maintenir durement les bras. Mais dans cet endroit, les choses n'étaient pas les mêmes et il n'était qu'un coupable prêt à être entendu. Son arrivée avait fait tourner quelques têtes, certains affichant surprise, admiration voire déception. Mais sur ordre des supérieurs, rien n'était autorisé à filtrer comme pour Saint-Andrews. La dernière poignée d'officiers ne le connaissait pas et cette neutralité, le capitaine Sommers, responsable du département de police, s'en servit. Il désigna cinq officiers parmi eux afin de le surveiller le temps que Watters ne l'interroge, de peur que les autres n'en fassent un cas personnel.
Résigné à son sort, Gerald fixa sa main droite menottée à un coin de table. Alors qu'il fit un simple mouvement du bassin pour se replacer correctement, la douleur qu'il avait ressentie à son réveil se manifesta à nouveau, le forçant à se relever de sa chaise. "Pourquoi j'ai mal au cul comme ça ? Ils m'ont tabassé le train ou quoi ?" pensa t-il, plié en deux au-dessus de la table. Ce fut à cet instant que les cinq officiers nommés vinrent se présenter à lui, accompagnés de Watters. Il y avait deux femmes, les officières Dixon et Radford, puis trois hommes... dont Jerry en reconnut un, et pas le meilleur. Il s'agissait des officiers Montrose, Clark et Robson. C'était ce dernier qui avait ouvertement provoqué Jerry devant l'infirmière Jameson. Pourtant, il sembla beaucoup plus sérieux et renfermé sur l'instant en compagnie de son supérieur.
- Rebonjour, monsieur Caiafa. Je n'ai pas pu me présenter dans les règles à l'hôpital, votre situation ne le permettait pas. Je suis l'inspecteur Edward Watters, chargé de votre affaire. Les officiers ici présents sont là à la fois pour m'appuyer mais aussi pour veiller à ce qu'il ne vous arrive rien. Étant donné que la plupart vous ont reconnu, mon chef craint pour votre sécurité et il n'est pas le seul. On ne peut pas faire confiance à tout le monde, voyez-vous ! Mais ces gens que vous voyez sont volontaires et garderont le silence sur le moindre détail que vous me donnerez. Il ne vous arrivera rien en ces murs, on y veillera.
- Ce n'est pas comme si ce serait un drame de toute façon. Je ne suis qu'un criminel entouré par d'autres ! répondit Jerry en fixant la table.
L'officière Radford s'avança.
- Il faut juger les personnes, pas les uniformes.
Avec ses cheveux bruns, magnifiquement bouclés et attachés, elle arborait un visage à la fois sévère mais concerné et au vu de sa posture, Jerry aurait parié que cette femme avait été dans l'armée. La regardant dans les yeux malgré sa honte, il admira sa dignité face à lui et cette façon de le regarder si... humaine.
- Monsieur, nous sommes capables de faire notre travail sans nous impliquer émotionnellement. C'est pourquoi même une femme peut interroger un homme accusé de viol, il suffit qu'elle le veuille tout en sachant dominer sa haine. Nous ne sommes pas là pour vous rabaisser mais pour vous faire parler, et vous couvrir au cas où les choses se gâteraient.
"Si vous le dites... l'un de vous m'a pourtant bien fait chier cet après-midi" pensa Jerry sans pour autant regarder l'agent en question. Il pensa d'ailleurs que Robson devait être le seul à être ici contre son gré car il ne le regardait même pas. S'asseyant, l'inspecteur posa un dossier sur la table puis encouragea le punk à s'asseoir. Mal à l'aise en repensant à la douleur qu'il cachait, Gerald ne put qu'obéir et le regarda ouvrir ce dossier, qui comprit à la fois des photos qui lui firent tourner la tête lorsqu'il reconnut le garage de Paul, ainsi que ce qui lui sembla être un rapport détaillé de l'agression.
- Comme vous pouvez le constater, il n'y a presque rien dans ce dossier. Les faits viennent juste d'avoir lieu mais deux feuilles de papier ont suffi pour en retranscrire le plus important. Je me dois de vous le dire mais le peu qu'il y a est très lourd contre vous sur le plan juridique.
Blasé, le bassiste ne se sentit pas du tout d'humeur à réécouter ce qu'il avait fait endurer à la femme qu'il aimait.
- Je ne veux pas entendre ce que je sais déjà alors foutez-moi en cage, qu'on en finisse.
- Vous êtes en garde à vue pour le moment. Ce témoignage est celui de mademoiselle White-Gluz, il ne me manque plus que vos aveux oraux et écrits. Mais repensez à ce que je vous ai dit dans la chambre, votre peine dépendra de sa décision.
Serrant la mâchoire en refusant de s'apitoyer sur son sort, son vis-à-vis donna un coup de pied dans la table. Bien que les policiers présents l'étaient en partie pour sa sécurité, celle de l'inspecteur comptait également car Jerry restait considéré comme dangereux pour l'instant. Et alors qu'il avait accès au mouvement d'une de ses mains, ce coup donné dans la table ne l'aida pas à adoucir son image. Pour l'avertir de se tenir correctement, les officiers décroisèrent les bras et firent un pas en avant. Pour prévoir plus de sécurité, Montrose et Dixon allèrent se placer dans les recoins derrière le punk. Ce dernier sembla avoir compris leur démarche et se reprit, se focalisant sur le supérieur.
- Vous croyez vraiment que je me fais des illusions ? Je lui ai fait du mal et je vais en payer le prix, point barre. Elle portera plainte parce que c'est normal et même si elle hésite, mon frère la poussera à le faire.
Alors que le groupe ayant fondé son caractère et ses convictions avait violemment était frappé de l'intérieur, Watters n'en eut que plus de respect en tentant de cerner la personnalité de Gerald.
- Vous avez assumé vos actes et c'est pour ça que vous êtes ici, mais vous n'êtes pas le seul dans cette affaire. Cet ami qui vous a drogué, Marco, il est dans la pièce juste à côté. Il a parlé, ses aveux signés sont sur cette feuille-ci. Vous aviez proposé de le laisser tester sa nouvelle drogue, vous avez changé d'avis mais il vous a piqué alors que vous aviez le dos tourné. Alors vous avez pris la fuite en plein état de panique. Ce sont les grandes lignes mais on connaît la suite, c'est là que vous avez filé chez votre frère.
Il lui proposa de lire les aveux de Marco une fois que les siens seraient notés et enregistrés, ce que Gerald refusa. Il en avait marre d'entendre l'histoire être racontée encore et encore, car cela ne faisait que l'enfoncer davantage dans sa culpabilité. De plus, en rien le fait d'avoir été drogué ne le persuadait qu'il n'avait pas été responsable de ses actes à ce moment-là. Mais là, il prit le stylo et la feuille qui lui furent tendus afin de noter ses aveux. Il n'avait qu'une envie : que le système en finisse avec lui. Que sa famille et ses amis ne lui tournent le dos afin qu'il ne soit définitivement coupé du monde. Si seulement Renée pouvait moins s'entêter à l'aimer, le fait d'être enfin seul au monde pourrait lui donner le courage d'en finir lui-même avec le calvaire qui l'attendait. Choqué par les pensées qui s'étaient emparées de son esprit, il expira longuement et ferma les yeux avant d'entendre Watters se relever. Ce dernier ouvrit à un homme en costume qui avait frappé à la porte et qui lui murmura quelque chose. Il s'agissait du capitaine Sommers. Peut-être tenait-il à vérifier que tout se passait bien ! Watters regarda Jerry écrire avant de faire signe à tous les officiers de les suivre, lui et le capitaine. "Cette fois, c'est la bonne" pensa Caiafa avant de reprendre.
Suite à ça, la solitude lui pesa pendant des minutes interminables au point qu'il réalisa à un moment qu'au moins une heure était passée. Une heure... à l'issue de laquelle l'officier Robson revint seul dans la salle. Son professionnalisme de la séance d'interrogatoire avait laissé place à l'air supérieur qu'il avait montré à l'hôpital.
- Vous êtes libre, le Cro-Magnon !
Gerald, qui pensa évidemment à une mauvaise plaisanterie, resta amorphe jusqu'à ce que l'officier ne le détache avec toute sa mauvaise humeur. Malgré ça, il se posa des questions. Il ne pouvait sortir comme ça, il y avait obligatoirement des démarches à suivre. Ou bien il le détachait pour faire croire que Jerry avait essayé de s'enfuir et qu'il n'avait eu d'autre choix que de le tabasser. Le constatant encore immobile, Robson soupira et s'adossa au mur en jouant avec sa matraque. Intérieurement, Gerald sourit, ayant prévu le coup de la matraque.
- Vous ne me croyez pas ? Votre avocate est là et elle va arriver avec votre ami Glenn, vous devrez lui parler d'abord. Ça me fusille que vous remettiez les pieds dehors, mais c'est le cas. Votre belle-sœur ne veut pas porter plainte, elle est venue immédiatement à sa sortie de l'hôpital pour protester contre votre arrestation. Elle a plus de couilles que vous. Par contre, conseil de survie, ne croisez même pas votre frère. Dans les mois qui viennent, en dehors de votre musique de barjots, il vaudrait mieux que je n'entende plus parler de vous.
- Sinon quoi ? Toi ou tes potes allez encore me tabasser ?
Satisfait de l'entendre enfin parler même pour se rebeller, le policier s'avança en gardant son attitude ambiguë.
- Qui a tabassé qui ? Pourquoi penser ça ? Il faut innover dans ces discours anti-flics. La question est plutôt "qui a violé qui ?" ici. Alors ne voyez pas le mal là où il n'est pas. Hé, Erickson ! Qu'est-ce que tu fous là ? Le capitaine t'a dit de te tenir à distance.
Un autre officier dont le visage ne parla pas à Gerald venait d'entrer. Il avait le regard absent comme s'il ne s'intéressait à personne autour de lui.
- Tu es sourd ?
- Je vérifie juste que ses aveux sont écrits et signés, et qu'il est prêt à partir. Si t'as un problème avec ça, tu vas en parler à Sommers parce que je ne suis pas d'humeur pour un concours de bites.
- Faudrait déjà que t'en aies une alors baisse d'un ton.
Surpris de voir ces mêmes caractères s'entrechoquer, le punk préféra rester à l'écart même lorsque Robson sortit de la salle. L'autre homme ne semblait pas plus agréable et ce ne fut qu'à cet instant qu'il se permit de montrer son vrai visage.
- T'as bien tiré ton coup, t'es content ?
Jerry releva brusquement la tête vers celui qui, malgré son jeune âge, n'allait pas faire long feu s'il continuait ainsi. Cet homme d'une trentaine d'années aux cheveux blonds semblait pourtant poli au premier abord. Une bonne tenue, des muscles saillants rien que sur les avant-bras... Malheureusement, son air suffisant sembla être comme la couverture pourrie d'un livre qui ne valait pas la peine d'être parcouru.
- Avec ton pognon, tu ne peux pas t'en choper une à toi ?
- Ferme ta sale gueule ! menaça le punk.
- Sinon ? T'as vu où t'es là ?
Ce qui retint le bassiste, ce fut la pensée qu'il le provoquait afin de le faire mettre sous les verrous pour autre chose que le viol. Il savait comment étaient les flics du coin, rares étaient ceux qui méritaient l'uniforme. Il serra le poing pour se contenir mais rien que ça, il aurait du y faire attention car le policier en profita.
- Tu sais, il y a une catégorie d'hommes qui s'en prennent aux femmes juste pour cacher le fait qu'ils ont viré leur cuti.
Se moquant de sa théorie, le punk eut un petit sourire.
- Vous croyez m'avoir avec ce discours à la noix ?
- Allez, sors du placard... "Gayrald".
Il ne cacha pas son amusement à son piètre jeu de mots et en jeta tellement d'autres que Jerry décela immédiatement l'homophobie chez cet imbécile. Néanmoins, il ne lui donna pas la satisfaction de le voir s'énerver. Agacé, l'officier voulut en rajouter mais Glenn arriva avec l'avocate, Jenny Lopez.
- Bon j'y vais.
Forcé de se taire, il s'avança vers Jerry pour le provoquer une dernière fois en murmurant :
- On est partout, alors méfie-toi des "gay-apens".
Le sergent éclata de rire mais cette fois, Jerry s'emporta. Enragé, il renversa la table en avant en manquant de peu son ami. Impressionné mais prévoyant, Glenn se posta immédiatement devant lui.
- Wow... Jey !
L'attrapant de justesse alors que l'avocate recula, Danzig le plaqua au mur en le serrant fortement mais son ami s'en ficha, il était enragé cette fois.
- Grosse merde ! cracha Jerry au sergent.
- Mais que se passe t-il ici ? demanda l'avocate.
- Si ça peut te rassurer, t'es loin de me faire bander ! continua Jerry.
Se demandant le but de ces mots, Glenn se tourna vers le sergent. Il commença à relâcher doucement son ami en menaçant l'homme du regard, mais avant qu'il ne puisse se précipiter vers lui, Robson revint avec le capitaine et l'atmosphère se fit encore plus tendue. Ces deux derniers analysant l'éventuel pugilat, Glenn murmura à Gerald :
- Arrête mec, il n'attend que ça.
Vraisemblablement hors de lui, le capitaine alla se planter face à son sergent et ce dernier baissa les yeux. Il savait ce qu'il allait entendre et comme preuve, le capitaine le fusilla du regard.
- Robson est venu m'avertir de votre magouille qui d'après ma mémoire, n'est pas du tout la première. Vous n'avez aucun droit de vous trouver ici, Erickson.
- Capitaine ! Il fallait bien quelqu'un pour surveiller le suspect, vous voyez bien !
- La seule chose que je vois, c'est que j'ai droit à une table de bousillée à cause de vos conneries. La dernière fois, il m'a fallu remplacer une vitre.
- Non, je vous jure que...
- Avant de vous ridiculiser vous-même, je me dois de vous dire que la caméra n'a pas été éteinte. Vous voulez aller plus loin ?
Lorsque le jeune homme se tut après avoir regardé la caméra en la maudissant, le supérieur sourit et reprit :
- Je vais regarder la bande de toute manière avant de trancher sur votre sort. Donnez votre arme et votre plaque à l'inspecteur Watters, et disparaissez de ma vue.
Alors que l'homme en uniforme changea littéralement d'émotion, Watters alla mettre ses effets de côté. Le capitaine ressortit après avoir demandé aux punks et à l'avocate de le rejoindre à l'extérieur. Danzig ne perdit pas de temps, mais Jerry s'attarda en regardant celui contre qui il avait eu une mauvaise impulsion. Humilié, ce dernier n'avait plus rien à perdre à présent mais Jerry savoura sa perdition.
- Ça ne fait pas trop mal de se la prendre aussi profond ? demanda t-il.
Se fichant pas mal de la réponse, il allait sortir lorsqu'Erickson répondit :
- C'est à toi de me le dire, tu en sais plus que moi sur ça.
Gerald s'arrêta à l'entrée, hésitant.
- T'as pas eu trop mal au cul à l'hôpital ?
Puis il réalisa soudain. Cette douleur, ces saignements incessants, ce sentiment de honte... Perdant toute raison, Caiafa se jeta sur lui et ils atterrirent au sol avant que Jerry ne se mette à le foudroyer de coups. Recevant un coup de pied atteignant à la fois l'avant et l'arrière de son entrejambe pour lui intensifier la douleur, il grogna et hurla :
- JE T'ENCULE, BÂTARD DE FLIC !
Il mit un coup de tête au sergent mais malgré le violent étourdissement de celui-ci, il ne lâcha pas son vis-à-vis et lui cracha dessus.
- C'est ma matraque qui t'a enculé, c'est toi le niqué de l'histoire. Et crois-moi, j'ai pris mon pied aussi en te crachant dans le cul.
- JE VAIS TE BUTER.
- NON, JERRY !
Glenn arriva en hurlant, suivi encore par ceux avec qui lui et Gerald étaient censés se trouver. L'avocate ne sut plus où se mettre, elle qui n'avait pas encore eu l'occasion de faire son travail. Mais face à cette sanglante bagarre, personne n'osa intervenir physiquement. Jerry perdit le dessus lorsque l'officier lui mit un coup entre les jambes, mais le reprit en le propulsant contre la vitre sans teint qui se fissura sur le coup malgré sa solidité. Watters prit son courage à deux mains et se mit au milieu, prêt à en recevoir un de chaque côté. Il interpella le sergent, Glenn fit de même avec Jerry et le capitaine appela du renfort qui arriva en masse.
En raison des complications liées à l'intervention inutile d'Erickson, la remise en liberté du punk fut retardée de deux heures. En effet, le capitaine insista afin de regarder la bande dans son entièreté en compagnie de Lopez, Glenn, Watters ainsi que Erickson et plusieurs autres agents. Sachant qu'un des leurs avait délibérément provoqué une bagarre et pire encore, il fallait des témoins pour visionner et analyser cette bande avant de la placer avec les preuves. Seul Jerry avait refusé de rester avec eux et malgré le fait qu'il n'eut pas eu le choix, tous se rendirent compte du pourquoi lorsque le coup de matraque à l'hôpital ainsi que le viol furent évoqués. Scandalisés pour certains, choqués pour d'autres, les hommes et femmes en uniformes passèrent immédiatement les menottes à leur collègue.
- Sergent Oliver Erickson, vous êtes en état d'arrestation pour viol. Vous avez le droit d'avoir un avocat. Si vous n'en avez pas, la justice vous en fournira un d'office... même si vous ne le méritez pas.
Alors que le sergent fut traîné face aux siens, tout le monde le regarda avec mépris en murmurant sur son passage et il sut que cela ne s'arrêterait pas là. Quant à Gerald, il n'osa plus faire un pas en dehors de la salle de surveillance de peur que tous ne le regardent. Glenn dut faire appel à l'inspecteur afin d'avoir un coup de main, alors Watters alla avertir tout le monde de se remettre au travail. Lorsqu'ils furent enfin dehors, Sommers vint s'excuser pour ne pas avoir vu qui était réellement l'officier. Mais il allait enquêter sur lui et ses précédentes arrestations afin de vérifier s'il y avait eu des plaintes d'agressions ou d'attouchements contre lui. En dehors de cela, Jerry dut décider de témoigner ou non contre Erickson et malgré l'inquiétude dans son regard, il vit Glenn l'étreindre en lui murmurant tout son soutien à ce moment-là. Puis il accepta, non sans peur. Watters vint les saluer une dernière fois en témoignant son respect et sa reconnaissance pour avoir fait démasquer un criminel parmi eux, puis lorsqu'il repartit, Glenn confia à Jerry qu'il venait de parler à un de leurs plus grands fans. Malgré le contexte, le bassiste retrouva un petit sourire et ils montèrent dans la voiture de Danzig.
- Allez, je te ramène et je préviendrai ta chérie après.
à suivre...
