Chapitre deux

Je gis sur la couchette de paille de ma cellule, le visage dans la poussière. On m'a amené ici il y a quelques instants…Je crois. Mais en suis-je seulement sûr ? J'ai du mal à me souvenir…Il me semble…je revois une espèce de cage en métal…un casque, qu'on m'impose…Une lueur bleue métallique. Puis plus rien. Le vide. Je me suis retrouvé ici, le nez dans cette couche de crasse qui refuse de me lâcher depuis près d'une semaine.

La porte s'ouvrit sur ma petite cellule exiguë. La lumière s'y engouffra avidement, comme si elle voulait reprendre ses droits sur cette cage sombre qui lui aurait échappé pendant plusieurs jours, semaines, voire même des années. Deux solides gaillards s'encadrent dans le carré de lumière, et un plus petit homme se trouve devant eux, les mains dans le dos.

-Salut, doc, je marmonne.

-Bonjour. Comment te sens-tu aujourd'hui ?

Je me redresse en me servant de mes coudes.

-Super…malgré cette impression d'être passé sous un camion.

Le docteur sourit.

-Bien…Bien, tu progresses. Avant de repasser par la Machine…

Un frisson me parcourt l'échine. Qu'est ce que c'est, déjà, la Machine ? Le doc, lui, continue son speech comme si de rien n'était. Peut être n'a-t-il même pas vu mon frisson…Ou alors ça ne l'intéresse pas. C'est sûrement ça.

-Tu refusais tout net de prononcer ce genre de phrase. Elles te paraissaient…trop humaines, je crois.

Je me masse la nuque avec un air maussade. Les gardes reculent. Etrange.

-Trop humaine ? Vous rigolez ou quoi ?

-Tu penses que je ne dis pas la vérité ?

-Je ne vois pas pourquoi elles m'auraient paru trop humaine comme vous dites. C'est stupide !

Il sourit et se frotte les mains.

-Enfin. Nous y sommes enfin. Après trois longues années !

Les soldats se regardent et sourient. Bande de…Ils sont si petits ! De petits esprits, ridicules, dans un corps trop grand pour eux.

-Déjà trois ans, alors, que je suis là. Enfermé dans cette cage puante, en compagnie des rats…

-Et oui. Tu n'avais sûrement plus la notion du temps, je suppose. La Machine a cet effet néfaste de te faire perdre toute notion du temps, d'espace, de réel et de virtuel. Elle…efface tout cela.

Le garde de droite envoie un coup de coude dans les côtes de son voisin. Apparemment, ce qu'a dit le doc le fait rire.

-Pourquoi ris-tu, toi ?

Suite à ma question, il déglutit difficilement et je vois sa main descendre imperceptiblement vers la crosse de son fusil.

-Pas de geste idiot, le prévient le doc. Il est et reste mon patient.

Il se tourne ensuite vers moi, et me scrute de son regard froid.

-Toi, je pense que tu as encore quelques petites choses à changer, à commencer par ton attitude vis-à-vis des autres…

Je le toise avec mépris. Qui est-il pour me donner des conseils ?

-Mais je suppose que la vie au dehors te permettra de régler ce petit inconvénient…Tu ne crois pas ?

Le vide s'est de nouveau fait dans ma tête. Est-ce que j'ai bien entendu ce que vient de me dire ce docteur ?

-De…hors ?

Il croise les bras sur son torse et affecte un air mécontent.

-Si tu te fais passer pour plus bête que tu n'es, je pourrais bien te garder encore un peu tu sais.

Je me redresse complètement et les gardes ont un mouvement de recul. Ils sont presque dehors.

-Sortez, ordonne le doc.

-Mais monsieur…Ce n'est pas…

-Taisez-vous. Sortez.

Sa voix est aussi froide que ses yeux. Les deux gardes battent en retraite.

-Nous sommes seuls à présent. Plus besoin de fioritures, pas vrai ?

Je souris en réponse à son ton mielleux. Piège à mouche. Il se rue sur moi et attrape le haut de ma tunique poisseuse.

-Je préfèrerais de loin que tu restes mon jouet. Pour toujours. Tu es si intéressant. Un vrai petit cas de laboratoire ! Mon petit cas de labo !

Il me relâche et je respire enfin librement.

-Mais ce n'est pas moi qui choisis. Pas moi qui donne les ordres. Je ne fais qu'obéir. N'oublies pas. Je ne suis pas le vrai responsable. Sors.

Il me montre la porte du doigt. La Lumière. La Liberté. Après trois ans de cachot sombre. L'air pur. Après une éternité d'air rance et de paille moisie. Enfin. Je m'éloigne rapidement, puis me retourne au dernier instant. Je me plie en deux, mes longs cheveux sombres me tombant devant les yeux.

-Gommen, doc. Arigato. Merci pour tout.

Il me tourne le dos, et me fit un petit signe de la main.

-Tires-toi, baka.

Je souris à son dos, et sors tandis qu'il s'allume une cigarette. Un rond de fumée s'élève bientôt.

-Matricule 1000…Libéré après 3 ans. Dernier membre sortant de l'expérience Society Introduction.

Il écrase sa cigarette au sol.

-Me revoilà au chômage…

Et il sort à son tour, pour refermer définitivement la porte sur cette misérable prison.

Je viens de déboucher sur une vaste cour. Je ne l'ai jamais traversé…pas éveillé du moins. A chaque fois qu'on devait me faire sortir, on m'endormait.

-C'est pour ta sécurité, disait-on. Tu es trop nerveux.

Je la parcours des yeux. Elle me paraît immense, comparée à mon petit cachot, qui n'est en fait rien de plus qu'une petite cabane au fond de la cour. Je vois qu'il y en a d'autre, mais aucune n'a l'air occupée.

-T'es encore là ?

Le doc me pose une main sur l'épaule, et tire une nouvelle fois sur sa cigarette.

-Ca sent mauvais…

Il hausse les épaules et l'écrase sous la semelle de sa chaussure en cuir marron.

-Qu'est ce que t'attends ? Si tu t'émerveille sur cette cours, tu n'es pas au bout de tes surprises, garçon !

Il me pousse en avant vers un baraquement de tôle.

-En avant ! On a encore du chemin avant de te lâcher dehors !

-Alors c'est vraiment vrai ? Vous me relâcher aujourd'hui ?

Il me sourit. Le soleil dans son dos lui forme comme une auréole. S'il n'avait pas été mon geôlier pendant trois ans, s'il ne m'avait pas paru aussi fou quelques instants auparavant…Je lui aurais presque donné le nom d'ange libérateur.

-Tu crois peut-être que je me suis amusé à te faire mon petit discours et à te relâcher dans cette cours pour le plaisir ? Me prendrais-tu pour un sadique ?

Je ne réponds pas et il éclate de rire.

-Bon, t'aurais peut-être pas tout à fait tort mais quand même !

Il me passe le bras autour des épaules, comme un père l'aurait fait pour son fils.

-J't'aime bien tu sais. T'as un sale caractère, et t'es pas vraiment bien éduqué…Tu me ressembles ! Allez entre !

Il ouvre la porte de l'entrepôt et me pousse à l'intérieur, avant d'y entrer à son tour et de refermer la porte. La pénombre s'installe. La même odeur de poussière que dans mon cachot règne ici, malgré la superficie beaucoup plus importante.

-Quitter une prison pour venir dans une autre…

-Je sais qu'on n'a pas fait le ménage depuis longtemps, mais c'est quand même pas une prison ! On n'a pas ouvert cet endroit depuis trois ans, alors c'est normal que ça sente un peu le renfermé, ne?

Il se frotte les mains et appuie sur un interrupteur. De très anciens néons s'allument soudain, artifice répandant une lueur pâle sur des rangées innombrables de…de quoi au fait ?

-Qu'est ce que c'est…Que tout ça ?

Je montre du doigt les morceaux de plastiques suspendus dans le vide.

-On dirait un abattoir !

Le docteur se passe une main sur la nuque.

-Bon je sais que ça aussi, c'est pas super comme organisation. Mais on n'avait pas le choix. Va voir au lieu de ronchonner !

Je m'approche avec crainte d'un des grands sacs, et le touche du bout du doigt. Pas de réponse. Quoi que ce soit, c'est certainement mort. Je jette un regard vers le doc, mais celui-ci me pousse à continuer. Avec une crainte respectueuse, je touche la fermeture éclair qui descend le long du sac et tire dessus, jusqu'à ce que quelque chose me tombe dessus. Je tombe lourdement sur le dos et recule précipitamment.

-Un…Un cadavre !

Je hurle de terreur et me recroqueville sur le sol froid.

-Espèce d'idiot va !

Le doc s'approche et attrape le corps…qui n'est en fait qu'un vêtement bien plié.

-Ce ne sont que des habits, espèces d'âne ! Pas tous de la dernière mode, mais quand même ! Approche.

Je me relève, soulagé, mais un peu honteux. Avoir eu peur d'un vêtement. Quel idiot !

-Essaye ça, pour voir !

Il me donne un espèce d'ensemble trois pièces, que je passe en renâclant.

-Ca ne sent pas très bon…

-Arrête de faire la fine bouche, tu veux ? Ca ne te va pas du tout…Qu'est ce que tu portais à l'époque déjà ?

Il se gratte le dessus de la tête, et semble soudain se rappeler de ce qu'il cherchait. Il traverse les rangés en repoussant sans ménagement les sacs plastiques qui le gênent, avant de s'arrêter devant un autre, qui porte le numéro 1000.

-Pourquoi celui-là ?

-Je suppose que tu es lié à ce chiffre…Après tout, tu es le matricule 1000 et tu as vécu…

Il se tait, et se mord la lèvre inférieure.

-Oups. J'ai failli en dire une !

J'aimerais le pousser à continuer mais il me jette les habits qui se trouvaient dans le sac sans ménagement.

-Essaye ça. Ca devrait aller mieux, je pense.

Il attend que j'ai passé la chemise et le pantalon ample, puis se jette sur moi, une lueur étrange dans les yeux. Il tente d'arracher ma chemise.

-Qu…Qu'est ce qui vous prend doc ?

-Laisse moi faire, idiot !

Il attrape enfin ma chemise et la sort du pantalon, avant de déboutonner les deux boutons du haut.

-Tu as encore du chemin à faire en matière d'habillement. On ne met pas sa chemise dans son pantalon. C'est ringard ! Et on n'attache pas les boutons jusqu'en haut !

Une main sur le cœur, je soupire longuement.

-Tu as eu peur ? De quoi ?

-De…de rien. Quelle est la suite du programme ?

-D'abord, on te construit une garde-robe ! Je déteste parler comme ça ! J'ai l'impression s'être une fan de shopping !

Je lui jette un coup d'œil en coin. Il est lui-même vêtu d'une longue chemise défraîchie, un pantalon moulant noir et des chaussures de cuir. Non, aucun risque de le prendre pour une fashion victim ! Nous continuons à traverser le champ des sacs en plastiques, en ouvrant quelques-uns pour regarder à l'intérieur.

-Il y en a beaucoup de vide. Pourquoi ?

-Tu n'as pas été le seul à passer par ici ! Il a fallut les habiller eux aussi !

-Qui étaient-ils ?

Le doc me jette un nouveau sac, comprenant une tunique longue, formant comme une sorte de cape, et un pantalon ample, avec une ceinture représentant une étoile.

-Je ne mettrais jamais ça voyons ! Même si j'aime beaucoup les étoiles jamais je ne pourrais porter ça ! Racontez-moi en un peu plus plutôt !

Le doc hausse les épaules, mais ne réponds pas à ma question. Je comprends que je n'en saurais pas plus à ce sujet pour le moment.

Lorsque nous avons trouvé quatre ou cinq autres tenues, nous sortons, les bras encombrés par les sacs contenant les vêtements pliés. Le doc m'entraîne jusqu'à un autre baraquement, en bois celui-ci. Je le reconnais pour y être venu plusieurs fois ces dernières années. A chaque fois, on m'y a posé un casque muni d'une visière et des images se sont imposé à moi, m'apprenant l'histoire, les sciences, les matières littéraires et deux ou trois langues vivantes.

-On va…recommencer ?

Le doc ne dit rien, mais me force à entrer.

-Je n'ai pas vraiment envie d'y retourner doc. On ne peut pas sauter cette étape ?

-Non. Désolé, mais elle est vitale pour la suite !

Je me poste devant la porte, refusant de la franchir.

-Non vraiment. Je ne peux pas. Je ne veux pas.

-Ne t'inquiètes pas tu ne risques rien !

-Ce n'est pas ça…Cette salle…me fait peur.

-Pourquoi ?

-Je n'aime pas les souvenirs que je m'y suis forgé.

Le doc sourit.

-Tu resterais donc un enfant qui rechigne à aller à l'école ?

-L'école ?

-On t'a enseigné ici les bases de tout savoir. Tu as ainsi acquis de quoi poursuivre des études longues, ou courtes selon ton choix. Ca ne t'a pas plu ?

-Ce n'est pas ce que j'ai appris qui m'a déplu…Mais la façon dont je l'ai appris.

-J'avoue que ce n'est pas forcément plaisant. Mais c'est la manière la plus rapide et la plus sûr, si on n'en abuse pas.

-Ah bon ? Il existe d'autres méthodes ?

-Oui. Mais nous n'avions pas le temps. Nous devions…refaire à zéro ton éducation.

-Pourquoi ?

-La Machine…a effacé les quelques souvenirs que tu possédais dans ce domaine.

-Pourquoi l'avoir utilisé alors ?

-Nous n'avions pas le choix. Les ordres…Nous devions t'empêcher de recommencer.

-Là, c'est vous qui recommencez !

-Recommencer quoi ?

-Vous vous engager sur un terrain d'où vous aller très vite vous retirer. Si vous ne pouvez pas m'en parler, ne le faites pas du tout.

-Tu as raison. Pardonne-moi.

J'acquiesce sans rien ajouter, mais refuse toujours d'entrer.

-Il n'y a vraiment aucun moyen de te faire changer d'avis ?

Je nie de la tête.

-Soit !

Le doc entre, seul. Il ressort quelques instants plus tard, une feuille de papier à la main.

-Qu'est ce que c'est ?

Il me tend la feuille et je la parcours rapidement des yeux.

-Japonais…Histoire…Mathématiques…

Je continue la liste qui passe en revue tout ce que j'ai appris et quelques matières nouvelles, comme les arts appliqués, la musique ou le théâtre.

-Une liste de cours ? Qu'est ce que je dois en faire ?

Il me sourit et me reprend la feuille.

-Me dire quelles matières tu aimerais suivre.

-C'est tout ?

Il acquiesce avec un sourire en coin et de nouveau, je me sens bête. Je pointe sur le bout de papier les cours qui me tentent le plus, en majeure partie ceux que j'ai déjà connus, excepté l'histoire et les mathématiques, et j'opte à la place pour les arts appliqués et le théâtre.

-Voilà.

Le doc jeta un rapide coup d'œil sur mon choix, puis la tendit à un jeune secrétaire que je n'avais pas vu arriver et qui attendait visiblement pour cela. Celui-ci disparu rapidement une fois qu'on lui eut remis ce pourquoi il attendait.

-Je crois qu'on a fait le tour. Il ne me reste qu'à t'expliquer un peu ce qui va t'arriver maintenant.

Il me conduisit à travers la cour, pour arriver dans un petit jardin typiquement japonais. De grands cyprès y répandaient une ombre bienfaisante maintenant que le soleil s'était un peu élevé dans le ciel de ce mois de juin. Nous avions passé plus longtemps que je ne l'aurais cru dans le premier hangar, et il était à présent près de midi. Nous nous sommes assis près d'un petit bassin, où les lotus flottaient et s'égayaient à l'approche de la petite fontaine destinée aux kamis.

-Tu va donc redécouvrir aujourd'hui ce que signifie être libre. Nous allons t'emmener en début d'après-midi dans ta nouvelle maison. Il s'agit en fait d'une ancienne auberge qui a été restaurée et aménagée en un foyer d'accueil pour les jeunes étudiants dans la ville où se trouve ta future école.

-Je vais aller à l'école ?

Le doc sourit, et se tortilla nerveusement les doigts.

-J'espère sincèrement pour toi que tout se passera bien. Si ce devait ne pas être le cas…Je ne sais pas vraiment ce qui t'arriverais, mais ce ne serait sûrement pas plaisant…

Je hochais la tête pour montrer que j'avais bien compris, mais rien ne me forcerais à revenir ici. Rien au monde n'avait ce pouvoir.

-Je vois dans tes yeux que tu te crois intouchable, M1000. Mais ce n'est pas le cas. Ce n'était déjà pas le cas avant, et ce ne le sera jamais. Tu es vulnérable, bien plus que tu ne le crois.

De nouveau je hochais la tête.

-Et tu ne me crois pas. Mais tu apprendras par toi-même combien ce monde est cruel.

Il se passa une main dans les cheveux et leva les yeux sur le cyprès japonais qui se trouvait près de notre bassin.

-Après cette note joyeuse, je dois te parler un peu de là où tu vas vivre. Ce n'est pas vraiment un foyer ordinaire, puisqu'il regroupe toutes sortes de gens : filles et garçons y sont mélangé sous la gouverne de plusieurs adultes. Tu iras à l'école dans un lycée qui s'appelle Seiku, ce qui veut dire…

-Réussite.

-En effet. Ce qui doit te montrer ce qu'on va attendre de toi là-bas. Tu y as été inscrit à ton arrivé ici. Nous savions, ou plutôt espérions que tu en sortirais à temps. C'est le cas. Demain, tu commenceras tes cours. Nous recevrons de temps en temps des nouvelles de tes progrès, tant dans le domaine des cours que de l'intégration. Ne l'oublie pas.

Un homme massif apparu au bout du jardin, suivi par un autre plus petit. Le grand semblait maladroit et balourd, mais le petit semblait diffuser une aura de puissance contenue et de maîtrise de soi.

-Voilà le commanditaire de tout ce que tu vois ici…

La voix du doc laissait transparaître le dégoût que lui inspirait cet homme. Il se pencha pourtant pour saluer le nouvel arrivant mais je pris le temps de dévisager le responsable de mes malheurs ses trois dernières années. Il était vraiment petit pour son âge, mais portait une fine moustache, et de nombreuses rides parcouraient son visage dur. Il portait des lunettes de soleil, qu'il retira en arrivant face à moi. Je sentis soudain une main appliquée sur mon cou une forte pression pour m'obliger à me baisser à mon tour. Le propriétaire de cette main était un homme grand, mince et qui portait de petites lunettes carrées.

-Son'chou, Monsieur Oyamada Mansumi. Permettez-moi de vous présentez le matricule 1000.

L'homme me toisa avec mépris, et cracha un nom que je compris être le mien.

-Matricule 1000…Asakura Hao.