Petit mot de l'auteur:

Et oui je suis encore là. Comme d'habitude, ceux que ça n'intéresse pas peuvent passer directement à la suite. Je voulais quand même répondre à mes fans en délire!(ben ouais faut bien se faire des films de temps en temps, c'est pas drôle sinon!)

Fire Thalie: Si je te dis que tu es ma plus ancienne fan! Voyons, tu sais bien que tu n'as pas le droit de me contredire, non?lol Merci d'être toujours là en tout cas!

Kisu no Sora: Bien entendu que j'ai l'intention de mettre des couples dans ma fic! Bon ce ne seront pas des couples ordinaire, sûrement...Même si je ne sais pas encore ce que ca va être!

Salima Chan: Désolé, mais pour le moment, tu comprends bien que l'histoire doit se centrer sur Hao. Mais promis, je vais vite faire entrer en scène ren et horo!

Eveeyoroshi: Ne t'inquiètes pas, la romance ne sera pas présente en dose massive. Quelques touches par-ci, par-là, mais pas de trop.

Staphyla: En réponse à ta question, je devrais te renvoyer au premier ou deuxième chapitre...mais je ne le ferais pas, parce que la réponse y est à peine sous entendue...Elle arrivera bientôt pourtant, ne t'inquiètes pas!

Arigato à toutes et a tous de continuer à me lire. Et n'oublie pas...R&R!

Hoshi

Chapitre cinq

Brume…sang…comme une plume ballottée par le vent

C'est ce que je parviens à trouver de mieux pour résumer mon état esprit pour le moment. Je ne parviens plus à contrôler mon corps, et j'ai l'impression qu'on m'extrait de force de mon enveloppe charnelle. Comme un fantôme, comme une âme, comme une plume légère qu'un souffle de vent furieux chasserait de son abri, je quitte mon corps. Je le vois en dessous, immobile, les bras ballants, regardant fixement l'inscription noirâtre sur le mur.

-Hao… ? Ca ne va pas ?

Yoh s'est approché et, les mains tâchées du sang de la victime, s'apprête à me secouer. Il faut dire que j'ai le regard vide, fixé indéfiniment sur le texte de sang. On dirait une poupée vide. Mais n'est-ce pas un peu ce que je suis en ce moment ? Ou plutôt ce que mon corps est…difficile de décrire cette expérience. Il n'est plus qu'une coquille vide, un corps perdu, et je ne suis plus qu'une âme, un esprit libre, et qui pense.

-Ne touche pas mon corps avec tes mains souillées !

Je hurle de toutes mes forces. Je ne veux pas voir ce sang sur moi. Même si Yoh ne le fait pas consciemment, je refuse de le voir souiller ainsi mon corps. Je ne veux pas voir le sang de cet…humain sur moi. Je ne sais pas pourquoi, mais mon esprit tout entier hurle de désespoir tandis que s'approche sa main.

-Ne me touche pas !

Mais Yoh n'entend pas mes supplications. Il pose finalement la main sur mon épaule, et je sens comme un liquide froid et gluant qui s'écoule sur mon épaule nue et fantomatique. Impossible. Je n'ai plus de corps, plus de sensations ! Et pourtant…Je sens ce sang comme s'il coulait sur mon corps, comme si je me trouvais encore à l'intérieur.

Brume…sang…Comme une feuille poussée par le vent

Je ne veux plus qu'il me touche. Sa main est sale, répugnante. Je veux qu'il enlève sa main dégoûtante de sur mon épaule ! Tout de suite !

-Enlève ta main, Yoh !

J'ai beau crier, le garçon n'entend pas. Il est un homme, je ne suis plus qu'un esprit. Comment se fait-il que je sois devenu un esprit d'ailleurs ? Je n'en avais jamais entendu parler, hormis dans les légendes, comme tout le monde…Etrange. Suis-je le seul à qui cela est arrivé ? Je secoue la tête. Cette question n'est pas la plus importante pour le moment. Mais elle me taraude. Pourquoi est-ce que je m'éloigne comme ça de ce qui est important ? Pourquoi mon esprit dérive-t-il ainsi ?

-Hao, ça va aller ? Tu devrais peut-être t'en aller…

Bonne idée ! Peut-être que de m'éloigner de ce mur, de cette inscription noire, peut-être cela me permettra de regagner mon enveloppe…je l'espère du moins.

-Viens.

Il me prend par le bras et commence à m'éloigner du mur. Je sens le contact de ses mains froides, et surtout toujours souillées. Il tente de m'éloigner, du moins. Arc-bouté contre mon torse, il use de toutes ses forces pour me faire bouger.

-Eh bien, viens ! Pourquoi restes-tu là, comme un piquet ?

Il force encore plus, mais mon corps refuse de bouger. Lorsqu'il cède enfin quelques centimètres, je sens mon âme se déchirer. Comme si un hameçon géant avait attrapé mon corps au niveau du bras, et tirait de toutes ses forces pour me l'arracher. La douleur est telle que je me prends le bras de ma main libre et crie de toutes mes forces.

-Arrête ! Arrête, je t'en prie !

Yoh n'entend pas. Bien entendu…A quoi m'attendais-je ? Je n'ai jamais entendu parler d'un homme qui entendrait les esprits. Ca n'existe pas…Il continue de tenter de m'éloigner, ne sachant pas le mal qu'il me fait.

Brume…sang…comme un souvenir s'enfuyant

-Arrête, Yoh !

L'ordre vient de retentir, et le jeune garçon relâche enfin mon corps, me libérant par la même occasion de l'étreinte froide et mortelle de l'hameçon. Aussi vite que de poussière balayée par le vent, la douleur s'enfuie. Tsukiyo apparaît au bout du couloir qu'elle vient de quitter quelques instants plus tôt.

-Tsuki ! Tu tombes bien. Aide-moi à le bouger de là. Il est comme ça depuis qu'il a vu l'inscription sur le mur. Je pense que nous devrions l'éloigner et le mettre dans sa chambre pour…

La jeune fille brune le fait taire d'un geste de la main.

-Non. Il ne faut pas l'éloigner. Je pense que nous devrions même…le laisser.

Yoh secoue la tête avec ardeur.

-Tu es folle ? On ne va pas le laisser dans cet état.

-Et moi je te dis que si. Allons dépêche-toi.

Elle attrape Yoh par le bras et le force à quitter le couloir, me laissant seul, en suspension dans l'air immobile, avec un cadavre en face de moi. Avant de partir, elle jette un regard dans ma direction. S'inquiète-t-elle pour mon corps ainsi immobile ?

-Et moi qui croyais avoir vu arriver une amie…Plutôt faussée comme espérance!

Je commence à avoir froid. Comment un esprit peut-il avoir froid ? Il reste beaucoup de chose que je ne comprends pas. A commencer par cette maudite inscription sur le mur. Il faudrait que je m'en approche un peu pour la voir plus clairement, mais j'ai peur de bouger. Si la douleur de tout à l'heure revenait…

-Bah après tout, au point où j'en suis…on verra bien, ne ?

Je brasse l'air comme si nageais, ne sachant pas trop comment faire pour me déplacer.

-Tu as l'air stupide, tu sais ?

Surpris, je me retourne, et voit que Tsukiyo est revenu.

-Tu m'as fait peur ! Aide-moi plutôt…

Je m'interromps. Elle ne peut pas m'avoir parlé. Elle ne peut pas. Je suis un fantôme, et les fantômes ne sont pas perçus par les humains. Peut-être a-t-elle parlé à mon corps, espérant le faire réagir. Sans « moi » à l'intérieur, ce sera difficile…

-Je ne peux pas t'aider, Hao-kun.

Je dois ouvrir des yeux immenses, car elle éclate de rire.

-Tu…Tu…

-Oui je peux te voir. Et t'entendre aussi. Mais pas t'aider. Pour ça, tu vas devoir te débrouiller seul !

-Mais…Ca t'arrive souvent de voir les fantômes ?

Elle hausse les épaule en signe de désintérêt.

-Quelle importance ? Je ne dois pas rester. J'ai réussi à éloigner Yoh, mais il ne se tiendra pas à l'écart longtemps. Il sent les choses…étranges.

Je croise les bras et affecte un sourire narquois.

-Si c'est moi que tu traite de chose étrange, merci bien !

J'ouvre les yeux, mais la jeune brune à disparu.

-N'essaie pas de bouger. Bouge, tout simplement.

Juste une phrase, comme si le son de sa voix avait mis plus longtemps à me parvenir. Est-ce que je m'éloignerais encore plus de ce qui fait de moi un humain ? Les kamis de la Mort tendraient-ils leurs bras décharnés vers mon âme ?

Brume…sang…Comme un cœur battant

Je dois trouver un moyen de regagner mon corps. Et vite, avant que les kamis ne m'entraîne vraiment. Il fait de plus en plus froids, et je serre mes bras contre mon torse.

-N'essaie pas de bouger. Bouge.

Je me frotte la tête. Ce n'est pas vraiment clair comme indice.

-Je déteste les filles quand elles font ça. Est-ce qu'elle parle toute par énigme ?

Sans m'en rendre compte, je me suis mis à faire les cent pas pour réfléchir, et je me rapproche du mur. Je regarde avec stupeur l'inscription qui s'est agrandie.

-C'était juste ça ? Il suffisait de faire comme si de rien n'était ? De marcher dans l'air comme sur le sol ?

Je me frappe le front sans conviction, puis me penche sur l'inscription. De près, elle est encore plus inquiétante. On voit clairement qu'elle a été tracée avec les doigts, probablement préalablement trempés dans le sang de la victime. La faible lumière naissante du jour fait jouer ses reflets dessus, la rendant par moment aussi claire et brillante qu'une écriture de feu et de flammes, mais parfois aussi froide que les ténèbres et la mort. Je la relis à haute voix, pour essayer de comprendre pourquoi elle agit ainsi sur moi.

-A l'aide. Il y'en a un autre en moi.

Pas de réaction. Probablement n'est-ce pas l'inscription en elle-même, mais ce qu'elle cache, qui me fait réagir.

-Quel est ton secret ? Pourquoi m'as-tu emmené ici ? Pourquoi ais-je quitté mon corps ?

Je passe et repasse la phrase dans ma tête, dans tous les sens, mais rien ne vient. Je ne comprends pas pourquoi je suis suspendu là, les pieds ballants à quelques centimètres du sol.

-Pourquoi suis-je là ? Pourquoi suis-je un fantôme ?

Brume…sang…éphémère et bruyant.

Un vent froid souffle sur moi. Plus fort que jamais, il semble vouloir m'attirer loin de mon corps. Une mini tempête vient s'abattre sur moi.

-Qu'est ce qui se passe encore ?

Puis vient la douleur. Elle, messagère des ténèbres, apparaît dans mon crâne. Elle semble vouloir le traverser de part en part, comme un énorme tison chauffé au rouge, cherchant à briser mon esprit, cherchant à raviver une partie de moi que j'aurais oublié.

Te voilà donc

Je cherche qui a parlé. Je n'ai pas entendu la voix. Je ne crois pas. Je dirais plutôt qu'elle s'est imposée à moi. Comment est-ce possible ?

Tu as mis le temps à venir à moi…

-Qui…Qui est là ?

Je scrute un peu partout, cherchant du regard mon mystérieux interlocuteur.

Où cherche-tu pauvre idiot ? Tu es vraiment…tout petit !

Je ne comprends plus rien. La douleur va en s'intensifiant, et je sens que mon crâne est proche de l'explosion. Je ferme les yeux jusqu'à ce qu'ils me fassent mal, puis les réouvrent pour chasser les larmes qui s'y sont formées. Devant moi se trouve à présent une personne. Du moins je suppose que c'en est une. Je ne saurais pas décrire cet être. Si je devais trouver une comparaison avec quelque chose de réel, je dirais qu'il (ou elle) ressemble à un agglomérat de cendres, noires comme l'ébène, et une paires d'yeux où se dessinent des flammes, froides.

Tu as mis le temps, mais tu es finalement venu…J'attendais…depuis trois longues années, terré comme un rat. Moi, le grand Onmyo, j'ai du me cacher, attendre mon heure, alors que ma place est dehors, dans mon corps ! Ton corps !

-Qu'est ce que vous me voulez ?

Ce que je te veux ? Mais te faire redevenir toi-même.

-Je ne comprends pas. Je suis moi, c'est tout !

J'ai une impression de déjà vu. De déjà entendu. Cette phrase…me semble familière. Cette voix aussi.

Non, tu n'es pas toi-même. Pas à ce jour, pas à cette heure. Tu es devenu une larve, un moins que rien bon à cirer les pompes de ce bon à rien d'Oyamada. Quand je pense que tout ça est de la faute de son fils, ce minuscule…

La voix se tait un instant, et la douleur décroît. Puis elle résonne de nouveau, plus fort, plus violente que jamais. Je tombe à genoux tandis que la douleur revient, en écho à ces paroles.

-Laissez-moi !

Te laisser ? Mais je l'ai déjà fait. Aujourd'hui je veux que tu redeviennes qui tu étais. Autrefois, tu n'aurais pas permis qu'un gamin comme ce morveux puisse parler de la manière dont il l'a fait à une fille qui te plaît. Mais tu n'as rien fait. Alors je l'ai fait à ta place…

-Vous êtes…celui qui a fait ça ?

La voix ne répond pas, mais son silence est lourd de menace et de sous-entendus.

-Je ne veux pas…avoir à faire quoi que ce soit avec vous. Laissez-moi tranquille !

La voix ne répond toujours pas. La douleur devient plus soutenable. Elle recule.

Redeviens ce que tu étais. N'oublie pas…Qui tu es.

La voix se calme, puis disparaît totalement.

Brume…sang…comme le corps sans vie d'un adolescent.

La voix s'est tue. Je me relève avec difficulté, scrute mon corps, mon visage n'est pas déformé par la douleur. Il ne porte aucune séquelle de l'épreuve qui vient de m'être infligée. L'a-t-il seulement senti ?

-N'oublie pas qui tu es ? Je sais qui je suis. Je suis Hao, un simple humain. Quelqu'un de normal !

Je me sens soudain aspiré par mon corps. Comme si on débouchait soudain le siphon d'un évier, mon âme est attrapée par d'innombrables mains invisibles, qui la tire, la pousse, la triture dans tous les sens pour la remettre dans son socle. Et vient le noir.

Je suis de nouveau incapable du moindre mouvement. Pourtant je bouge. Je ne dirige pas mon corps. Qu'est ce qui se passe ? Je suis dans mon corps, mais mon regard est décalé par rapport à celui que je devrais avoir. C'est assez dur à expliquer. C'est comme si une âme trop petite se retrouvait dans mon corps, trop grand pour elle. Je regarde à travers mes propres yeux, mais les images m'apparaissent en décalé, avec un contour noir, comme sur les vieilles télévisions. J'arrive près du rotenburo. A voir la position du soleil dehors, il doit être tôt le matin. La vapeur qui s'échappe de la pièce d'eau se condense et retombe sur le sol, le rendant humide et glissant.

-Encore là, toi ?

Je me retourne lentement. Choji vient d'apparaître.

-Tu sais que je n'ai pas beaucoup aimé ton interruption hier. Tu aurais du nous laisser tranquille, Tsukiyo et moi !

Je ne réponds pas, et passe devant lui sans le regarder. Il m'attrape par l'épaule et me force à lui faire face.

-Je te parle, baka !

Il pâlit soudain, comme la veille, et ses yeux prennent l'expression d'effroi que j'ai vu sur son visage mort, immobile.

-Qui…Qui es-tu …Hao ?

C'est la dernière phrase qui sort de sa bouche avant que je ne lui attrape le cou et que je ne l'étrangle, me servant d'une force bestiale que je ne me connais pas. Il me griffe sur les bras, me frappe de toutes ses forces, mais aucun coup ne me fait mal. Il se débat de moins en moins, avant que ses muscles ne se relâchent finalement tandis que son âme quitte son corps. Je la vois s'envoler, quittant le monde, traversant le plafond. Pour être sûr qu'il soit bien mort, je lui frappe violemment la tête sur le carrelage, et son sang s'écoule par la plaie béante que je viens de créer. Puis je trempe mes doigts dans son sang, et écris sur le mur, en riant de mon acte.

-A l'aide. Il y en a un autre en moi.

Je regarde mon œuvre sur le mur, et sens mon visage se muer en un sourire cruel, barbare. Si j'avais été dans mon vrai corps, je pense que j'aurais vomi.

-Et voilà.

J'essuie mes mains sur les vêtements de ma victime, puis repars vers ma chambre où je me mets en pyjama. Lorsque je m'étends sur le futon, mon regard redevient normal. Plus de bandes noires sur les côtés.

Brume…sang…comme les ténèbres grandissant.

Puis je suis de nouveau dehors, et je vois mon corps d'au-dessus. Il sourit. Un sourire sombre, méchant. Et dans ses yeux se trouvent des flammes. Un souffle de vent balaye la pièce immobile, et la voix retentit.

N'oublie pas…qui tu es.

Puis plus rien.