Auteur : Akanezora

Disclaimer : Les personnages appartiennent à Masashi Kishimoto.

Genre : Yaoi, romance, drame

Note : Ouais ouais JE SAIS, ça fait vraiment genre la nana qui s'accroche au rideau alors qu'on la tire par les pieds pour qu'elle quitte la scène xD Maiiis j'y peux rien, cette histoire, j'ai tellement aimé l'écrire ! Et vos reviews sur le dernier chapitre du premier volet m'ont travaillée jusqu'au jour où cette suite s'est imposée dans mon petit cerveau. J'aimais beaucoup la fin, que je trouvais fidèle au reste de l'histoire mais bon, j'avoue que je vous ai privé quand même de toute la relation Naruto / Sasuke, après qu'il aient décidé de faire chemin ensemble. Donc... voilà voilà !

Bon, j'ai pas remis les pieds sur le site depuis un moment et j'ai du coup pas mal de lecture qui m'attend chez mes autrices de prédilection. D'ailleurs, plus de mails ni de notifications depuis plus de 6 mois, c'est assez agaçant, tous ces bugs... Si quelqu'un a réussi à contourner ce problème, n'hésitez pas à partager vos bons tuyaux !

SPOILER : Ne lisez pas si vous n'avez pas lu le premier volet de California dream. (Au risque de ne rien comprendre ahah)

California Dream II

Prologue

Acquitté.

Uchiwa Itachi venait d'être acquitté devant le tribunal de Santa Barbara pour le meurtre de son oncle.

Légitime défense.

Circonstances atténuantes.

Voilà ce que l'on retiendrait de la défense de maître Nara Shikamaru, qui s'était occupé de leur dossier sans relâche.

Ici en Californie, Itachi ne serait pas retenu coupable. Sasuke souffla, la poitrine tremblante de soulagement, le coin de ses lèvres réhaussé par l'éclatement de joie qui naissait dans sa poitrine. C'étaient six mois de procédures qui se concluaient par un succès. Six mois de tensions et de stress, soldés par une victoire triomphante de maître Nara.

Au premier rang, Sakura s'était levée précipitamment pour venir enlacer Itachi. Il la fit tournoyer dans les airs et au loin, on les entendit rire entre deux sanglots de joie.

Il y eut des applaudissements, sauvegardés par les flashs des médias et Sasuke observa la scène, assourdi par ce sentiment collectif. C'était un nouveau départ. Une nouvelle page qui se tournait, blanchissant provisoirement l'ardoise de son frère.

Dans le tribunal, l'émotion était palpable. Parce qu'ici à Santa Barbara, beaucoup s'étaient pris d'affection pour Itachi Uchiwa, capable de tous les sacrifices pour protéger son petit frère. Maître Nara s'était assuré que ces mots se retrouveraient en tête d'affiche de tous les journaux durant les six derniers mois.

Si ce n'était pas du génie, c'en était proche. Et Sasuke lui était on ne peut plus reconnaissant. En jouant du cou, il croisa son regard à travers la foule de la salle d'audience et celui-ci lui rendit un signe de tête satisfait.

Ils avaient gagné, ici, en Californie. Et cette victoire signifiait évidemment la fin de leur séjour sur la côte Ouest. Parce que d'ici quelques jours, Itachi serait déferré à la prison de Fuchu, dans la banlieue de Tokyo en attendant le départ de son second procès. Jugé cette fois-ci pour la mort accidentelle de la fille de Madara dans l'incendie que son frère avait volontairement déclenché, la donne serait probablement différente.

Alors la victoire était euphorisante, oui, mais elle signifiait aussi le début du probable déclin d'Itachi.

Et même si quitter Santa Barbara était synonyme pour Sasuke de retrouver sa vie au Japon, cela impliquait qu'il se défasse de tout ce qu'il avait difficilement construit ici. De ses amis, de son boulot… et de Naruto.

Naruto qui ne l'avait plus quitté depuis le début de cette histoire. Depuis la mort de Madara et celle d'Obito. Ils avaient même affronté la mise en terre de Sasori, ensemble, et toutes les conséquences que cela avait pu engendrer sur chacun d'eux. Les regrets, le pardon. Mais aussi la colère et le sentiment d'injustice. Le procès, aussi et toutes les incertitudes qui allaient de paires.

Aujourd'hui, toutes ces étapes faisaient partie intégrante de leur couple et ils n'en étaient sortis que plus soudés. Naruto avait promis de le protéger, et il s'y attelait jour après jour, malgré ses propres démons.

L'émotion s'essouffla tranquillement, comme balayée par une légère brise printanière.

Et à l'abri de tous les regards, Sasuke sentit la main de Naruto attraper la sienne. Chaude et ferme, comme la promesse muette qu'il ne le laisserait jamais tomber. Alors leurs yeux se croisèrent un instant, et le sourire rassurant que lui offrit son petit-ami lui souleva le cœur.

- Tout ira bien, Sasuke.

La voix rauque de Naruto raisonna en lui.

Alors il reporta son regard vers Itachi qui, fidèle à lui-même, faisait le pitre devant les caméras venues des quatre coins de la région.

Sasuke eut un rictus.

Tout irait bien, oui. Tant qu'ils resteraient unis.

Ils venaient d'obtenir une victoire et ils continueraient de combattre, tant qu'il resterait de l'espoir.

- Du coup, tu nous quittes ? demanda Anko durant la pause déjeuner. C'est sûr ?

Assis sur les tables hautes de la salle de pause, Sasuke profitait de son dernier déjeuner avec ses collègues. Ino, face à lui, faisait la moue.

- C'est triste, se plaignit-elle. J'aurais tellement aimé que tu nous parles de tout ça avant que les choses dégénèrent !

Lee opina de la tête.

- C'est clair, peut-être qu'on aurait pu vous aider à trouver une solution pour échapper à vos timbrés d'oncles !

Le dévouement de ses collègues – devenus des amis – lui arrachèrent un sourire. Peut-être que s'il avait su avant combien ils auraient été d'un grand soutien durant le procès, il aurait fait les choses autrement. Peut-être qu'il se serait senti bien moins seul durant son intégration en Californie et qu'il n'aurait pas eu à traverser seul, les difficiles épreuves qui s'étaient succédées.

Gaara lui coula un regard. Il était lui aussi, sur le tard, devenu un ami proche. Sasuke se sentait ici plus entouré qu'il ne l'avait jamais été, même au Japon.

- C'est sympa, les gars. J'apprécie ce que vous avez fait pour mon frère et moi, ces derniers mois.

Il y eut un léger moment de flottement, durant lequel tous réalisèrent qu'ils ne se reverraient pas au complet de sitôt.

Puis pour détendre l'atmosphère, Ino reprit d'un ton enjoué :

- Et si on faisait une fête pour votre départ !?

- Oh, je sais pas si…

A la table juste derrière où déjeunaient Itachi, Naruto et d'autres membres du comité de direction, l'aîné des Uchiwa se retourna, un sourire goguenard placardé sur le visage.

- Bien-sûr qu'on est partants pour une fête !

Il y eut des éclats de rire alors que tout le monde s'amusait de la bonne humeur constante d'Itachi. Il avait continué de travailler comme directeur financier, malgré les lourdes procédures du procès. Et jamais il n'avait cessé de rester optimiste jusqu'à devenir la coqueluche du plateau.

Itachi était devenu le centre de l'attention, comme pour remettre l'église au centre du village.

Naruto profita de l'hilarité générale pour faire un clin d'œil à Sasuke. Ils n'avaient pas affiché leur relation au grand jour et surtout pas ici, au travail – même si Itachi avait, évidement, commis boulette sur boulette en manquant chaque fois de les faire découvrir !

Après tous ces drames, il avait paru évident de garder leurs sentiments secrets. Déjà parce que Naruto était une célébrité locale et que les médias auraient eu vite fait de s'emparer des potins, mais également parce qu'il était le patron de Sasuke, et qu'il semblait normal de garder leur intimité en dehors des murs du bureau. Pour éviter les promotions canapé ou le coucher pour réussir dans les cancans autour de la machine à café. Des phrases qui, probablement, auraient causé une fureur noire au patron.

C'était bien plus simple de rester caché, à l'abri des regards indiscrets dans la petite bulle d'intimité qu'ils s'étaient créés.

Sasuke lui rendit un sourire et le regard tendre de Naruto l'enveloppa doucement.

Douceur. Tendresse. Passion.

Sasuke haleta, le corps moite de sueur, les doigts agrippés dans l'humide tignasse blonde.

Un coup de rein, puis un autre. Puissant. Contrôlé.

Il ferma les yeux à demi, soutenant le regard fiévreux de son amant qui lui maintenait fermement les cuisses sous l'eau tiède de la piscine, dévoué à lui faire l'amour avec une attention particulière.

Un nouvel assaut, et Sasuke resserra sa prise sur les mèches trempées. Puis un autre et cette fois-ci, la jouissance l'emporta dans un gémissement. Ils ne faisaient qu'un. Ils n'étaient qu'un seul corps, consumé de ce même feu ardent et mourant de ce même plaisir.

Naruto soupira rauquement, se mordant la lèvre inférieure, emporté lui aussi par l'image torride de son compagnon submergé d'une vague ardente.

Puis après les flammes, l'accalmie tomba et Sasuke laissa son front retomber contre celui de son compagnon, épuisé. Le silence perdura un instant alors qu'ils se remettaient tous les deux de leur apogée. Naruto avait fermé les yeux, reprenant tranquillement son souffle, maintenant toujours le plus jeune à la force de ses bras.

Ils avaient fait l'amour dans la piscine, sur l'immense terrasse boisée de chez Naruto. Le soleil se couchait tranquillement derrière les autres buildings, laissant peu à peu les températures de saison laisser place aux fraîches brises hivernales.

Sasuke frissonna, pris entre le corps brûlant du blond contre le sien et la douceur de la nuit qui s'installait peu à peu.

Naruto rouvrit les yeux, resserrant instinctivement le corps plus frêle contre le sien.

- Tu as froid ?

- Un peu, sourit Sasuke dans un état secondaire d'apaisement. Le mois de Janvier paraît rude ici, après les grosses chaleurs de cet été.

Son petit-ami lui rendit son rictus. Paisible et affectueux.

- Si tu as froid sous 20°C, c'est que tu es devenu un vrai habitant de la côte ouest, finalement…

Ils échangèrent un léger rire. C'était intime et doux, comme si durant un instant, le monde ne tournait plus qu'autour d'eux.

Mais bien vite, Sasuke fut rattrapé par la douloureuse pensée que dès demain, ils devraient se quitter pour une durée toujours indéterminée.

- C'est dur, de devoir partir après tout ce temps.

Naruto lui sourit tristement.

- On va s'en sortir, Sas'.

Il y eut un silence durant lequel le blond se déplaça pour venir asseoir Sasuke sur le rebord de la piscine. Lui resta dans l'eau, se faufilant entre ses jambes. Leurs yeux se retrouvèrent tranquillement.

- C'est juste le temps qu'on remette tous les deux de l'ordre dans nos affaires, continua-t-il. Tu dois soutenir ton frère pendant le procès au Japon et récupérer les rênes de l'entreprise de ton père. Quand ce sera fait, on avisera. On en a déjà parlé.

Sasuke soupira.

- Je sais tout ça. Et je sais que je dois le faire, mais j'ai l'impression que c'est la première fois depuis que j'ai quitté le Japon, que j'arrive à avoir enfin un peu de stabilité. J'ai un boulot, un groupe de potes et… je t'ai, toi. Même si t'es clairement un taré du contrôle et que t'es pas tous les jours facile à vivre mais…

Le rire du blond le coupa et durant une seconde, il se sentit apaisé. Puis il s'essouffla, laissant lentement le sentiment de tristesse revenir les étreindre.

- Mais j'ai vraiment beaucoup de mal à te quitter, Naruto.

Les yeux incroyablement clairs de son amant transpercèrent les siens.

- Tout ira bien, ne t'inquiètes pas.

Sasuke sentit son cœur se pincer, parce que ce n'était pas ce qu'il avait réellement envie d'entendre. Bien-sûr, il désirait plus que tout que les choses se dérouleraient sans accroc, mais à ce stade de leur relation et à l'approche du départ qui devenait plus qu'imminant, il aurait voulu être rassuré autrement.

- Sas'.

- Hm ?

Nouveau silence.

- Qu'est-ce que tu ne me dis pas ?

Sasuke rit nerveusement.

- C'est rien, laisse tomber.

Il se releva précipitamment et Naruto fronça les sourcils.

- Je vais prendre ma douche. Oublie ça !

Il détourna le dos pour rejoindre la baie vitrée de l'appartement, mais son patron n'était pas du genre à abandonner si facilement et en un rien de temps, celui-ci était sorti de l'eau pour venir le rattraper.

- Qu'est-ce qui te prend ?

- C'est rien, je t'assure. Un petit coup de nostalgie, c'est tout.

Sasuke força un sourire pour paraître convainquant mais son petit-ami parut sceptique.

- Hm. Tu me le dirais, s'il y avait autre chose ?

Le brun hocha la tête.

- Évidemment, répondit-il. Tu viens te doucher ? On va être en retard à ma propre fête de départ !

Naruto n'ajouta rien et Sasuke fut déçu qu'il n'insiste pas davantage.

La fête battait déjà son plein lorsqu'il arriva devant la vieille bicoque où les Uchiwa avaient élu domicile depuis leur arrivée en Californie. Toujours cette petite allée de cailloux qui menaient jusqu'au porche bondé de monde, toujours cette même façade verte pomme qui tombait en lambeaux.

C'était devenu chez eux, ici. Si près du départ, Sasuke se rendait compte d'à quel point il avait pu s'attacher à cet endroit.

Il s'avança pour rejoindre la fête. Naruto les rejoindrait d'ici quelques minutes, juste pour brouiller les pistes. Alors il passa la barrière de l'entrée, saluant quelques personnes dont certaines qu'il ne connaissait pas. Ino s'était probablement laissée emporter en invitant la moitié de la ville… Et cela se confirma lorsqu'il traversa le séjour plein à craquer de fêtards, qui resteraient probablement assoiffés jusqu'au bout de la nuit. Il atteignit la porte qui menait à la cour arrière, ayant évité soigneusement de regarder sur son trajet vers le canapé, près de là où Sasori avait pris une balle pour le protéger.

Itachi lui sauta -littéralement- dessus, une bière à la main et un collier hawaiien autour du cou tandis qu'il descendait les marches de la courette.

- Mon petit-frère !

L'extérieur aussi, était pris d'assaut.

Sasuke lui accorda un sourire ironique.

- Je vois que t'as commencé plus tôt que les autres.

Itachi rit de bon cœur.

- Ecoutez tous ! beugla-t-il par-dessus la sono. Ce mec, là ! C'est mon petit frère !

Les convives restèrent un instant pantois et Sasuke sentit le malaise l'envahir.

- Ouais, celui qui tire un peu la tronche, bah c'est lui, mon petit frère !

Mutisme général. Sasuke voulut rentrer sa tête entre ses épaules, de honte. Itachi ne changerait jamais.

- Vous savez, celui pour qui je me suis héroïquement sacrifié, et tout…

Le silence laissa place à des exclamations surprises et Itachi se requinqua d'une nouvelle confiance.

- Bah c'est lui, c'est Sasuke ! Et j'aimerais que vous lui accordiez une entrée digne de ce nom parce que sans lui, je sais pas ce que je serai devenu !

Les réactions furent mitigées durant un moment puis, finalement, la courette fut remplie de sifflements admiratifs et d'applaudissements. Sasuke fit lentement non de la tête, mi-dépité, mi-amusé par l'excentricité de son frère. Ce dernier lui fit un clin d'œil, pour le simple plaisir d'avoir mis une dernière fois son jeune frangin dans une situation gênante.

- Tu changeras jamais !

Sasuke ne se retourna pas, tandis que la voix grave de Naruto s'élevait juste derrière lui.

Itachi sourit de toutes ses dents.

- Jamais, mon pote !

Sasuke sentit la main de Naruto se poser discrètement sur sa hanche, et il frémit de l'attention. Mais le contact ne dura qu'une seconde avant que son amant ne le dépasse pour partager une franche poignée de mains avec Itachi. Ces deux-là étaient devenus de très proches amis.

La fête reprit peu à peu son cours, laissant Itachi retomber dans l'ombre et l'anonymat.

- Alors, interrogea celui-ci après leur avoir servi une bière à tous les deux. T'es toujours pas décidé à accompagner Sasuke au Japon ?

Naruto but au goulot, appuyé nonchalamment contre la façade de la maison.

- Tu sais bien que j'ai la boîte à faire tourner, ici, répondit-il. Entre autres.

Sasuke savait que son amant aussi, avait des choses à régler. Et il tentait de se convaincre que la solitude à venir lui permettrait de terminer le travail qu'il entreprenait sur lui-même. Comme essuyer la déception pour Haley, sa meilleure amie, qui savait depuis toujours que sa petite sœur était à l'origine de l'accident qui avait emporté la femme de Naruto. Ou encore d'accepter la mort de Sasori, qui même s'il ne le disait pas, l'avait complètement bouleversé.

Tous deux, auraient probablement besoin de solitude pour se reconstruire. Et Sasuke se répétait continuellement depuis des jours que cet éloignement leur serait bénéfique à tous les deux.

- Je sais, je sais, répondit Itachi, déjà éméché. Je suis juste inquiet de savoir mon petit frère de nouveau seul au Japon.

Sakura restée silencieuse jusque-là, prit la parole pour faire remarquer sa présence.

- Il ne sera pas seul, je te rappelle que je viens aussi m'installer à Tokyo.

Elle avait les yeux déterminés sous ses sourcils froncés.

- On en a déjà parlé, ma puce…

Itachi avait perdu de son sourire.

- Cette fois-ci, je ne sortirais pas de ce procès en homme libre.

- C'est acté, répondit-elle fermement. Et tu ne me feras pas changer d'avis.

S'il admirait la pugnacité de la jeune femme, Sasuke baissa pourtant les yeux. Parce qu'il comprenait parfaitement les raisons de son frère.

- Je ne veux pas que tu m'attendes, si ça devait mal tourner.

- Je me fiche de ça, et tu le sais bien. Il faut qu'on garde espoir.

Itachi paraissait gêné d'avoir cette conversation avec sa petite-amie en dehors de la sphère intime de leur couple. Il échangea un bref regard avec Naruto, qui lui rendit un imperceptible rictus de soutien.

- Il n'y a pas d'espoir, Saku. J'irai en prison, quoi qu'il arrive. Et je pourrais y rester pendant de nombreuses années.

Sasuke inspira lentement, encaissant une nouvelle fois cette vérité que lui aussi, avait beaucoup de mal à entendre. Naruto lui coula un regard pour le rassurer.

- Profite de ta dernière soirée, répondit finalement Sakura. Parce que demain, le combat recommence.

Puis elle partit se servir à manger, sans demander son reste et Itachi resta pantelant une seconde. Et finalement, laissa son sourire revenir à la charge. Même si, ils le savaient tous, celui-ci était plus fané que d'habitude.

- Elle a raison, profitons de la fête, les gars !

Sasuke força un sourire et Naruto tapa gentiment sur l'épaule de son ami.

- Epouse-la, celle-ci.

Et cela ressemblait davantage à un conseil qu'à une boutade.

Sasuke avait rejoint son groupe d'amis, désireux de passer une dernière soirée avec eux avant de reprendre l'avion demain. De loin, il avait croisé à plusieurs reprises le regard de Naruto, qui gardait continuellement un œil sur lui. Ils s'étaient souri entre deux musiques, complices, avaient même échangé des paroles muettes à l'abri des regards.

Mais depuis presque une heure et alors que la nuit était désormais bien installée, Ino et Anko l'avait forcé à danser avec elles. Et, après quelques verres, il n'avait pas fallu si longtemps avant qu'il ne cède et les rejoigne sur les rythmes endiablés que leur voisin Kakashi, boucher de métier et DJ improvisé à ses heures, se plaisaient à mixer.

Les filles riaient, dansant dans leurs tenues légères, alpaguant la foule pour les rejoindre. Elles avaient elles-mêmes créé la piste d'infortune, au milieu de la petite courette, motivées à voir l'aube venir pointer son nez. Itachi et d'autres inconnus s'étaient joints eux. Naruto lui, était resté tranquillement contre la palissade pour boire une bière, ses yeux amusés suivant les danses de son amant.

- Naruto, venez danser avec nous ! cria Anko. Allez !

Ino et Lee l'encouragèrent, mais il refusa d'un signe de main, sourire aux lèvres. Alors la blonde ne se laissa pas démonter et pourfendit la foule pour venir chercher la main de son patron. Et si celui-ci refusa une nouvelle fois, elle insista si lourdement qu'il finit par accepter. Et en revenant jusqu'à la piste avec la main de Naruto dans la sienne, elle tira la langue pour narguer ses copines qui rêvaient probablement d'une danse avec le grand et célèbre monsieur Uzumaki.

Sasuke sourit tristement. Comment gérerait-il tout ça, à des milliers de kilomètres d'ici ? Il n'était pas de nature jalouse, mais Naruto était foutrement un bel homme et qui ne laissait personne indifférent. Et à distance, il avait peur de devenir prisonnier de questionnements permanent.

Naruto se prêta au jeu, attrapant Ino par la taille pour danser près d'elle et Sasuke eut un pincement au cœur. Leurs deux corps s'épousèrent avec une aisance naturelle qui lui fit détourner le regard. Loin de lui, son imagination s'emballerait probablement à le penser flirtant avec d'autres femmes. Et lorsque la musique se termina, voir son petit-ami relâcher Ino pour finalement attraper Anko lui fit ravaler un sentiment de colère.

C'était idiot et injustifié, mais Sasuke ne put s'empêcher de se sentir jaloux. Pourtant, c'était lui, que Naruto avait choisi. C'était avec lui, qu'il passait ses nuits. Et c'était encore lui, qui avait ranimé le cœur éteint de son boss. Mais celui-ci l'oublierait-il, une fois passé sur un autre continent ?

Sasuke perdit de son entrain, baissant peu à peu les bras, comme si l'on venait de le pousser du quinzième étages tandis qu'une autre question lui brûlait l'esprit.

Naruto se sentirait-il prisonnier de cette relation ? Demain, dans six mois ou dans un an ?

Définitivement, Sasuke n'arriva plus à bouger, devenu immobile sur la piste.

Et s'il empêchait Naruto de s'épanouir, en le bloquant dans une relation à distance ? Et s'il le faisait perdre son temps, lui qui avait dépassé la trentaine et aspirait peut-être à d'autres projets ? Sasuke, lu, était plus jeune, avec des envies et des besoins probablement différents des siens. Et même s'ils avaient déjà abordé le sujet, l'avenir de leur relation restait totalement incertain.

« Quand tout sera réglé, on verra. »

« On avisera ce qu'on fera, après tout ça. »

« On n'y est pas encore. »

Autant de paroles qu'ils avaient échangé sans jamais savoir ce qu'ils feraient vraiment, après. Ils resteraient soit en relation à distance, soit l'un d'eux devraient se sacrifier en quittant famille et patrie, pour le bien commun. Et seraient-ils vraiment prêts à passer le cap, l'un ou l'autre ?

La musique changea, et Sasuke se sentit happé par une poigne ferme alors qu'il était resté immobile comme un poids mort. Naruto. Naruto était venu danser avec lui, l'enserrant dans son étreinte comme il avait pu le faire avec les filles, juste avant lui.

- T'as vu, j'ai brouillé les pistes, chuchota-t-il à son oreille. Malin, hein ?

Sasuke eut toute la peine du monde à lui sourire en retour, et son petit-ami sembla s'en rendre compte.

- Qu'est-ce que tu as ?

Naruto avait l'air concerné alors que la musique bourdonnait autour d'eux. Il continua pourtant de mener la danse pour ne pas attirer l'attention sur eux outre mesure.

- Rien, je…

- T'es bizarre depuis tout à l'heure.

Sasuke voulut esquiver le regard inquisiteur de l'autre, en vain. Il inspira longuement, le cœur mélancolique.

- Naruto…

Sasuke referma la main posée sur le pectoral de son petit-ami, agrippant son pull entre ses doigts.

- Tu as toute mon attention.

La foule continuait de se mouver autour d'eux et Sasuke s'accrocha au regard azur qu'il avait si peur de ne jamais revoir. Qu'il avait si peur d'enfermer égoïstement dans une boîte.

- Je… commença-t-il, dévisagé par le regard insistant de son petit-ami. Est-ce que tu penses qu'on n'est pas en train de faire une connerie ?

Naruto parut dans l'incompréhension, et la danse qu'il menait devint un peu plus machinale.

- Tous les deux, tu veux dire ?

Sasuke hocha la tête.

- Ouais.

L'autre fronça les sourcils.

- Va au bout de ta pensée.

Il détourna le regard, bien vite ramené à la réalité par celui autoritaire de Naruto.

- Est-ce que ça tiendra, toi et moi ? Je veux dire… sur des continents différents, on s'est peut-être un peu enflammés…

La prise du blond sur sa taille se relâcha durant une seconde.

- Qu'est-ce qui te fait penser ça ?

Naruto restait calme. Trop calme, tandis que son visage commençait peu à peu à se fermer.

- Bah, tu sais… les relations à distance, ça ne tient jamais bien longtemps.

Il vit son amant inspirer longuement pour se contenir.

- Et qu'est-ce que tu proposes ?

Les yeux de Naruto étaient braqués sur les siens, et Sasuke savait qu'il venait juste de déclencher sa colère.

- Ne le prends pas comme ça, Naruto. Je me pose des questions, c'est tout.

Mais le blond relâcha totalement sa prise sur la taille du plus jeune, cessant totalement la danse robotique qu'il menait depuis le début de cette conversation.

- Est-ce que t'as toujours ce besoin compulsif d'inventer des problèmes quand il n'y en a pas ? tonna-t-il. T'en as pas déjà assez comme ça ?

Sasuke resta surpris une seconde.

- C'est pas ça, mais…

Naruto se déroba.

- Tu me gonfles, Sasuke.

Puis il le planta là, au milieu de la piste, des yeux curieux posés sur lui. Mais Sasuke ne voulut pas en rester là, alors il le poursuivit à travers la foule et le rattrapa juste devant la maison.

- T'es sérieux, tu vas vraiment te barrer, là ?

Quelques fêtards furent attirés par leur venue et Naruto leur jeta un œil mauvais avant de reporter son attention sur son amant.

- Tu peux pas profiter d'une seule putain de soirée sans te tracasser pour des conneries ? dit-il durement, baissant d'un ton pour ne pas qu'on les entende. Juste une soirée ? Notre dernière soirée, Sas' ?

Sasuke se sentit idiot d'être observé par ces inconnus. Les yeux du blond étaient accusateurs. Son manque de patience n'était pas une surprise et sa colère, encore moins.

- J'ai été maladroit, chuchota le plus jeune. Je n'ai simplement pas envie de te priver de vivre ta vie, c'est tout.

A nouveau, Naruto inspira longuement comme pour ravaler sa colère.

- Viens.

Il le tira sur le côté de la maison, pour poursuivre cette conversation loin des curieux. Et une fois en sécurité, Naruto continua :

- Qu'est-ce qui a pu te faire penser que tu me priverais de quelque-chose ?

Sasuke esquiva son regard.

- Rien mais…

- Arrête de me répondre rien, coupa sèchement Naruto. Soit tu parles, soit tu te tais.

Son patron était un homme dur et Sasuke l'avait choisi en connaissance de cause. Alors il prit son courage à deux mains, malgré ses jambes flageolantes.

- Je crois que je suis amoureux de toi, Naruto.

Le nommé se figea.

- Enfin, je ne crois pas. J'en suis certain. Mais toi… ?

Le blond reprit contenance, hochant doucement la tête comme s'il comprenait. Alors Sasuke dut encaisser la déception, parce qu'il l'avait déjà vu à de nombreuses reprises employer cette technique lors d'une négociation sur laquelle il se retrouvait à cours de solutions.

Ils n'avaient jamais évoqué d'amour. Pas de je t'aime ni de mots doux s'en rapprochant, rien. Et Sasuke avait attendu, patient, jusqu'à se retrouver au pied du mur.

- J'espérais vraiment qu'on aurait cette conversation avant mon départ, mais… visiblement, tu n'y es toujours pas prêt.

Naruto passa une main sur son visage.

- Et donc, tu penses que moi j'en ai rien à foutre parce que je suis moins loquace que toi sur mes sentiments ?

Sasuke pinça les lèvres, profondément déçu de la réaction de Naruto.

- Bon sang, j'ai l'impression d'agir comme une fille…

Naruto répondit froidement :

- Un peu, ouais.

Le silence dura quelques secondes, laissant retomber la tension.

- C'est parce que je t'aime, que je m'inquiète de savoir où nous mène cette relation à distance. Et c'est aussi parce que je t'aime, que je ne veux pas avoir l'impression de t'emprisonner.

Naruto resta muet.

- Et te dire que je ne suis pas déçu de ton… manque de réponse, serait un mensonge.

L'autre soupira, non pas d'exaspération, mais parce qu'il ne savait pas vraiment comment réagir.

- C'est peut-être simple pour toi, mais pour moi…

- Tu ne l'as pas dit depuis la mort de ta femme, ça va, je sais.

Ils se regardèrent un instant dans le blanc des yeux. Si la colère était retombée, le malaise, lui, demeurait présent.

- Tu sais très bien que je ne me suis plus engagé dans aucune relation sérieuse après sa mort, souffla-t-il en s'approchant de lui. C'est la première fois, avec toi. Laisse-moi un peu de temps.

Sasuke haussa une épaule.

- Je te laissais simplement une porte de sortie.

Naruto hésita puis finalement, leva une main qu'il posa doucement sur la joue de son cadet.

- Et je n'en veux pas. Crois-moi, Sas'. Je prends énormément sur moi pour accepter de te laisser partir loin de moi, parce que j'ai aucune envie que l'on se sépare.

- C'est bon, coupa Sasuke. Je suis déçu, mais ça va.

Il força un sourire dont Naruto ne sembla pas convaincu.

- Ça va, Naruto. Je t'assure.

Ce dernier caressa la joue blanche avec son pouce, ses yeux sérieux cherchant les siens.

- Tu es sûr ?

- Ouais. Vraiment. Je voulais être certain qu'on était sur la même longueur d'ondes, c'est tout.

Les pupilles de Naruto passaient de l'une à l'autre des siennes, comme s'il cherchait à déceler la vérité. Puis il soupira à nouveau, attirant Sasuke puissamment entre ses bras.

- Excuse-moi de m'être emporté, souffla Naruto.

Sasuke ferma douloureusement les yeux, laissant retomber toutes ses pensées parasites dans cette étreinte. Et il s'en voulut, finalement, d'être si inquiet qu'il en venait à saboter lui-même leur relation.

- Excuse-moi, répéta le blond en le serrant plus fort encore. Excuse-moi d'être incapable de dire ce que tu veux entendre.

La soirée se termina finalement sans encombre et Sasuke tâcha d'ignorer toutes ses interrogations pour le reste de la nuit. Le lendemain cependant, le fantôme de cette conversation demeura entre eux lorsqu'ils se dirent au-revoir et il monta dans l'avion, la tête pleine d'incertitudes.

HOLA !

J'espère que vous allez bien, après ces quelques mois de silence ! Me revoici, me revoilà avec la suite de California Dream, qui, j'espère vous plaira. J'avoue, c'était trop dur pour moi de laisser cette histoire et ces personnages derrière moi alors que j'avais encore pleins d'idées en tête. Même si clairement, j'étais plutôt satisfaite de la fin. Mais bon, je prends le risque de prolonger ! J'espère que cette première partie / prologue vous a donné envie de continuer les aventures su plus grand freaky du contrôle et du plus torturé de nos chouchous héhéhé.

Je vous dis à très bientôt et je profite pour vous remercier toutes (et tous ?) pour l'accueil incroyable que vous aviez réservé sur le premier volet de cette histoire. Ce fut un véritable plaisir pour moi de la mener à bout, avec toutes vos hypothèses et encouragements. Merci infiniment, vraiment.

Prenez soin de vous !

Bises,

Akane