Cette carte était trop évidente. Trop. Le pendu est une carte d'abnégation, d'altruisme et de libération par le sacrifice. On se désintéresse des choses de se monde pour mieux atteindre ses idéaux. On renverse la situation actuelle par une décision personnelle. C'est tellement Aeris...
XII. Le pendu : Aeris
J'ai prié jusqu'à la fin. C'était ce que je devais faire. Pour sauver ce monde, il fallait que je cesse d'en faire partie.
Je suis désolée pour toute la peine que je vous ai causée. Au moins vous avez vu la nécessité de mon sacrifice.
C'était mon choix. C'était mon idéal. C'était ce que je devais faire.
J'entendais leurs voix à l'intérieur de ma tête. Ils me suppliaient. Ils m'imploraient.
Alors je les ai écoutés. Je suis allée à la Cité.
Leurs présences étaient si fortes que je me sentais écrasée. Leurs voix n'étaient plus qu'un brouhaha à l'intérieur de mon esprit. Ils me faisaient mal sans le vouloir, sans le savoir. Mais en même temps, ils me soutenaient.
J'ai pénétré au cœur de toute vie au sein du monde des Cetras. Et depuis je prie. Je prie si fort que j'ai pu repousser les voix des Cetras morts. Je suis enfin seule dans mon esprit. Seule avec moi-même. Seule avec la peur.
Je sais qu'ils viendront pour me rechercher. J'ai envoyé à Cloud un rêve pour l'avertir, mais je crois que l'autre l'a intercepté. Lui aussi il viendra.
Je crois que j'ai peur. Mais c'est ma décision. Je ne peux plus revenir en arrière. Je peux seulement prier. Après avoir repoussé les voix des Cetras morts, je dois faire venir à moi la voix du lifestream.
Maman, maman, peux-tu m'aider?
Tu n'as jamais pu me dire comment faire ces choses. Les choses des Cetras. Tu m'as seulement laissé cette Matéria en héritage. Je crois avoir compris, maman. Je ne suis pas sûre. J'espère que je ne me trompe pas. Ça serait si facile de se tromper, maman!
On dirait que rien n'est facile en ce monde, n'est-ce pas?
J'ai pourtant tout fait pour y être heureuse… et pour rendre les autres heureux…
Maintenant, est-ce que cela a encore de l'importance?
J'essaie de repousser les souvenirs qui m'assaillent. Ils sont plus tenaces que les voix, car ils sont à l'intérieur de mon âme. Maman-Ifalna. Maman-Elmyra. Les fleurs. La cathédrale abandonnée. Tseng. Zack. Cloud.
Non, je ne peux pas les oublier. Ils sont une part de ce que je suis.
Mais je dois les laisser derrière moi.
Je me sens, nue, dépouillée, sur ce bloc de pierre au milieu des eaux. L'air est frais, léger. Je crois… que j'y suis parvenue. Je peux continuer à sourire.
-Aeris!
C'est Cloud. Je reconnais sa voix. D'autres sont là, mais ils restent en retrait. Et je sens aussi… l'autre.
Je retiens mes tremblements. Il ne sert à rien de frémir. L'angoisse n'est rien. La peur n'est rien.
On dirait que Cloud a des ennuis. Je ne peux pas l'aider. Tant pis si c'est lui qui doit me tuer. C'est inévitable, maintenant.
-Cloud!
Il sort de sa torpeur. Cloud, tu n'es pas qu'une poupée! Merci, je suis heureuse de t'avoir fait confiance. J'ouvre les yeux…
La lame… de l'autre… dans mon ventre…
C'était… mon sacrifice… c'était… nécessaire… mais…
Je sens la force m'envahir alors que la vie m'abandonne… alors que j'exhale mon dernier souffle… c'était… ce que je voulais… mais…
J'aurais simplement voulu lui dire au revoir…
