Le diable est une carte mauvaise, au sens religieux du terme: c'est la dépendance, le désir sexuel, physique, qui va jusqu'à l'obsession. Qui de mieux que Vincent pour décrire cet état?

Là-dessus, j'ai fait ce que je voulais faire depuis un BON moment: ma version d'une scène de Dirge of Cerberus, un flash-back de l'époque où il était un Turk, évidemment. C'est le seul souvenir illuminé de tout le jeu, ce qui me fait penser qu'il aurait bien pu se passer "quelque chose", si vous voyez ce que je veux dire... je veux tellement que Vincent soit le papa de Sephiroth...


XV. Le diable : Vincent

Tout est ma faute. Tout est arrivé à cause de mon désir incontrôlable, insatiable.

Elle était devenue mon obsession, ma raison de vivre, mon rêve et mon cauchemar. Elle était ma source de vie, et il suffisait d'un regard sur elle pour que je me sente abreuvé.

Mais je n'ai pas su résister. Est-ce qu'une rédemption existe pour mon péché? Est-ce que le diable peut être pardonné?

Je mangeais mon sandwich sans la quitter des yeux. Elle était si belle… si belle sous la lumière du soleil! Encore plus belle que dans le laboratoire. C'était une très bonne idée, ce pique-nique… même si elle s'était moqué de moi parce qu'elle m'avait surpris en train de dormir sous un arbre. Rien de bien méchant…

Je la voyais rougir sous mon regard… ou bien était-ce le soleil? Peu importe, elle était ravissante. Après les sandwichs, nous avons dégusté des raisins, puis quelques biscuits qu'elle avait faits. J'avais l'impression que mes dents allaient casser quand je les croquais, mais je ne disais rien.

-Dis-moi, Vincent, pourquoi es-tu devenu un Turk?

Je pris le temps de réfléchir. La question était bonne, après tout.

-Je crois… que je voulais rencontrer des gens. Hm. Je voulais rencontrer des gens et je voulais les aider. Et puis… je n'avais pas peur de me servir d'une arme.

-C'est tout?

-Si nous en sommes à ces questions, je peux bien vous deman-

-Oh, je t'en prie, m'interrompit-elle. Je t'ai dit cent fois de me tutoyer!

-Je peux bien te demander, repris-je, pourquoi tu es devenue une scientifique.

Elle pencha sa tête adorable de côté, puis elle me répondit en me faisant le plus beau des sourires.

-Pour la vie. Pour l'amour de la vie sur cette Planète.

Je ne cherchai pas à comprendre. J'étais hypnotisé par son sourire, ses lèvres, ses dents parfaites, son visage… Elle cligna des yeux.

-Vincent?

J'approchai lentement mon visage du sien. Elle ne bougeait pas. Elle souriait toujours, d'un air intrigué, cette fois. Elle était toujours aussi belle… Je ne pus m'empêcher de poser mes lèvres sur les siennes.

-Vincent!

Je l'embrassai à nouveau, plus longuement, en tenant son doux visage entre mes mains. Je sentais son souffle, sa peau, son parfum… et soudain, je sentis ses bras autour de mon cou. Ses bras… autour… de mon cou. Je fus si surpris que j'interrompis mon baiser. Je l'entendis rire doucement. Elle était rougissante, ravissante, adorable.

Adorée. Je l'adorai de toute ma passion. Son corps magnifique, abandonné entre mes mains. Ses longs cheveux glissant entre mes doigts. Sa peau douce contre la mienne. Et son regard, son regard brûlant…

Nous avons fini par nous assoupir, sous un arbre, cachés par les herbes hautes du champ où nous avions pique-niqué. Je me sentais étrangement vide après lui avoir fait ainsi l'amour. Vidé de mon énergie, évidemment… mais aussi de mon esprit. Comme s'il ne me restait plus rien. Comme si je ne tenais pas vraiment le corps de ma bien-aimée endormie contre le mien.

Je m'endormis finalement, et mes songes furent peuplés de flammes. Lorsque je m'éveillai, elle n'était plus là. Envolée, comme un songe. Et lorsque je la revis au labo, elle fit comme s'il ne s'était rien passé.

OoOoO

Je ne vis qu'avec la douceur de son souvenir, le souvenir de ses lèvres, de sa peau, de son odeur, de ses cheveux, de ses yeux. Je me sens empli de désir à cause de simples rêves.

Je t'envoie mille baisers, ma Lucretia, mon ange de mort. Tu m'as donné la tristesse de vivre sans prendre le bonheur que je t'offrais en échange. Tu m'as redonné le souffle de vie, mais tu as oublié de m'insuffler la volonté d'exister. Du fond de mon cercueil, je t'attends, j'attends que mon amour me donne un signe de toi, ma Lucretia.