J'ai été tentée, pendant un moment, de donner cette carte à Aeris, mais quand je lui ai finalement attribué le pendu, je me suis demandé quel autre personnage pouvait bien apporter de l'espoir. La réponse m'est venue assez rapidement. Marlene! Pauvre petite, on parle si peu d'elle! Par sa jeunesse, elle représente bien le renouveau et l'espoir dans l'avenir, et par son caractère (qu'on voit surtout dans Advent Children), elle nous montre toutes les possibilités qu'offre l'avenir. Je l'ai vieillie un peu par rapport au jeu, mais bon, je crois qu'elle n'est pas trop mature non plus.
Évidemment, je n'ai pas pu m'empêcher de glisser Denzel dans l'histoire, ce gamin n'existe que pour être mignon, mais qu'est-ce qu'il est mignon! Je n'ai pas pu m'en empêcher...
Je n'ai pas pu m'empêcher de glisser une allusion à la WRO... puisque c'est probablement à ce moment que l'Organisationa vu le jour...
XVII. L'étoile : Marlene
J'ai vu le ciel de la fin du monde. Les flammes et la foudre, les tornades et la tempête. J'ai vu de mes yeux le Météore qui s'apprêtait à tout détruire, à tout anéantir, à tout réduire en miettes.
Pourtant je suis encore là, dans ce monde qu'on a à peine pu sauver. Au milieu des ruines et du carnage, j'essaie de donner espoir à ceux qui n'en ont plus.
Mes pas glissent sur les pierres et le gravier, mais j'essaie de ne pas y porter attention. Je garde l'équilibre, je marche les bras en croix. C'est Tifa qui m'a appris. Comme ça, je ne tombe pas.
Que des ruines… la moitié du secteur six est en ruines. Le ciel est encore rouge, couleur de la mort, couleur du Météore. Rouge strié du blanc éclatant du lifestream. Je sens encore la présence d'Aeris dans mon cœur.
Le Météore a été détruit il y a plusieurs jours, mais Midgar a toujours un aspect de fin du monde. Papa-Barret m'a toutefois emmenée avec lui en ville. Il dit qu'il y a beaucoup de travail à faire. Il aide à déblayer les ruines des immeubles qui se sont effondrés. Cloud, Tifa et d'autres gens sont avec lui. J'aimais bien ce chat-robot et sa grosse peluche rose, il était très doux…
Ils déblaient, aidant les équipes de nettoyage de la ville et celles de la Shin-Ra de leur mieux. Il paraît qu'il y a aussi d'autres gens qui se sont réunis pour aider. Ils s'appellent la WRO. Je trouve ça bien qu'il y ait des gens qui veulent aider sans se soucier du salaire, comme ça, et qui s'organisent et s'entendent si bien.
Mes pas ne glissent plus, mais je sursaute. J'ai failli perdre l'équilibre, j'ai entendu un cri. Moi qui croyais être seule… c'est peut-être des pilleurs… il y a beaucoup de gens qui vont voler dans les secteurs démolis. Ils vont voler tout ce qu'ils peuvent. Ils s'organisent et ils se font la guerre pour de simples bibelots. Et ils font aussi la guerre à ceux qui veulent réparer. C'est tellement dommage… Papa-Barret dit que c'est ça les humains.
Je prête l'oreille. Ce n'était pas un cri très fort, mais je suis sûre que c'était un cri. Et ce n'était pas très loin…
-… s'il vous plaît… aidez-moi… quelqu'un…
Quelqu'un de blessé? De perdu? Ou bien… quelqu'un qui veut me prendre au piège?
-Qui est là?
-Au secours!
C'est une voix de garçon…
-Où es-tu?
-Je ne sais pas, je ne vois rien! Aidez-moi!
-Je ne te vois pas! Continue de parler, d'accord?
Et je me guide au son de sa voix, de ses cris, de ses implorations. Il n'est pas très loin, mais je le vois à peine, il est couvert de débris et de poussière. Et ses jambes sont coincées sous des poutres. Je me penche sur lui et je lui tape sur l'épaule. Il ouvre de grands yeux bleus.
-Tu vas m'aider, dis?
-Oui, je vais t'aider.
-J'ai mal…
-Arrête de te plaindre, je t'ai dit que j'allais t'aider!
J'essaie de soulever une des poutres, mais elles sont très lourdes. Papa-Barret n'aurait aucun mal… et je crois que même Tifa n'aurait pas trop de difficulté… mais j'arrive à peine à les bouger… pourquoi est-ce que je suis aussi faible? Cloud est parvenu à détruire Sephiroth, Aeris a sauvé Midgar et la Planète même si elle est morte, et moi, je ne peux même pas sauver ce garçon!
Je retourne auprès du garçon qui me regarde fixement, les larmes aux yeux.
-Je suis désolée, je n'y arrive pas… ça fait mal?
-Oui… j'ai mal à la tête… et aux jambes… et j'ai faim… et j'ai soif… je suis ici depuis deux jours.
-Pauvre toi!
Je prends la gourde qui pend à ma taille et je la donne au garçon. Il en boit avidement la moitié.
-C'est quoi ton nom?
-Marlene. Et toi?
-Denzel. S'il te plaît, sors-moi d'ici, ou bien va chercher de l'aide, s'il te plaît… j'ai vraiment mal…
Je me relève, mais je ne sais pas quoi faire. Je voudrais tellement l'aider…
Aeris, aide-moi…
Une impulsion soudaine me prend. Une impulsion géniale. Une idée lumineuse. Je me sens géniale… et stupide de ne pas y avoir pensé plus tôt.
Je prends une longue planche de bois, je l'appuie contre une grosse brique… et je m'en sers comme levier pour soulever les lourdes poutres une par une. C'est difficile, mais bien moins que de les soulever simplement à mains nues…
Denzel réussit à se traîner un peu, mais il est incapable de marcher. J'observe ses chevilles enflées : une est foulée et l'autre n'est pas en très bon état non plus. Mais Denzel est content de pouvoir bouger, malgré toutes ses crampes.
-Merci… je croyais que j'étais foutu.
-Il ne faut jamais perdre espoir…
