La lune est la carte la plus sauvage. Elle plonge toutes les autres cartes dans la brume, le mystère et la confusion. C'est une carte dont on doit avoir peur, elle est pleine de noirceur et d'obscurité.
J'ai choisi JENOVA, je voulais faire une fic sur elle et je trouvais que cette carte lui convenait très bien. Pour ceux qui l'aiment, vous allez être contents...
XVIII. La lune : JENOVA
Je tremblais, j'avais si peur! Peur d'eux. De ces êtres qui me ressemblaient mais qui n'étaient pas moi. J'avais été seule pendant si longtemps…
Ils m'ont approchée, la bouche ouverte sur leurs dents en un rictus souriant que je ne comprenais pas. Ils m'invitaient à leur grande fête de vie, cette orgie où la naissance sèmerait la mort. Je ne comprenais pas, et je les méprisais intérieurement.
Alors en les voyant mourir autour de moi, je n'avais aucun regret.
Je l'ai enfin retrouvée. Même en ce lieu, elle a gardé une apparence presque humaine. Humaine, lumineuse, magnifique. Oh, comme je la hais!
-Tu essaies toujours de me combattre, n'est-ce pas, Aeris?
-Qui êtes-vous? Montrez-vous!
-Je ne peux pas, ma petite. J'y ai renoncé il y a des milliers d'années.
-JENOVA… que me voulez-vous?
-Ça serait à moi de poser cette question, non? Après tout, c'est toi qui t'amuse à effacer les restes de mon corps qui hantent le lifestream! Cette G-substance que tu combats, c'est mon existence que tu détruis! Je ne peux plus le tolérer. Tu dois arrêter.
-Vous détruisez l'humanité! Vous êtes la cause du géostigma!
-Et où est le mal?
Je l'entoure. Mon entité noire autour de son entité humaine. Je ressens sa peur. Je ressens son courage, son entêtement stupide.
-L'humanité mérite de vivre! En tuant ces gens, vous-
-L'humanité est le cancer de cette Planète. L'humanité n'est que la vermine issue de vous autres Cetras, une race bâtarde et attardée qui détruit tout ce qu'elle trouve qui est beau. Plus les humains croient progresser, plus ils créent du mal autour d'eux.
-Ils méritent de vivre!
-Pourquoi? Pourquoi méritent-ils la vie? Ils nuisent à toutes les espèces vivantes autour d'eux, qu'elles soient animales ou végétales. De toute façon, l'humanité est condamnée.
-Vous n'avez pas le droit!
-L'humanité est le cancer de cette Planète. Je serai le cancer de l'humanité.
-C'est de la cruauté inutile.
-Je ne fais qu'accélérer un processus déjà bien entamé par l'humanité elle-même. Elle ne peut plus être sauvée.
-Pourquoi leur donner tant de souffrance et de peine? Pourquoi tant de peur et de confusion?
Je resserre mon étreinte noire autour d'Aeris. Je peux sentir ses larmes et ses sanglots. Je peux sentir toute sa tristesse. Je peux sentir l'effondrement de son monde intérieur. C'est dommage, elle était si pure, si belle… mais je devais éveiller ses peurs cachées. Elle a mal, à cause de la vérité.
-Si l'humanité meurt rapidement, la Planète a encore une chance de se régénérer. La vie elle-même a plus d'importance que leurs misérables consciences qui n'ont apporté que le mal. Leur mort rapide apportera un renouveau de lifestream.
Elle se redresse légèrement.
-Ceux qui meurent par vous ne deviennent pas du lifestream, ils deviennent du G-substance!
Je pénètre plus profondément dans sa conscience, jusqu'à la faire étouffer lentement. Elle ne souffre pas, elle n'en a plus la capacité. Mais elle désespère.
-La différence n'est pas si grande. Seulement, je pourrai forger les choses à ma manière.
-Cette différence nous a donné Kadaj, Yazoo et Loz… cette différence nous a donné Shelke, Nero, Rosso et Azul… des êtres si cruels…
-Ce ne sont que des instruments, tout comme le géostigma n'est qu'un instrument. Quand l'humanité ne sera plus qu'un souvenir dans le lifestream et le G-substance, hé bien… la cruauté n'aura plus sa place sur cette Planète. Je serai douce, je serai sauvage…
Elle se laisse faire au bout de quelques années. Des centaines d'années. J'investis tout son être, elle est devenue une autre part de moi, une part dans ce tout que je forme avec la Planète.
Des années…
J'émerge à la surface. Je suis les nuages gorgés d'eau pure. Je descends, traversant les gouttes qui me sembleraient froides si j'avais une consistance. Je traverse l'air de plus en plus chaud au fur et à mesure que j'approche de la surface de la Planète, et au moment où je m'écraserais, j'arrête. L'air est mien, comme le reste.
Une bête rouge court vers moi, suivie de deux de ses semblables, plus jeunes, apparemment ses fils. Une bête magnifique, intelligente, bien plus intelligente que les humains.
Les humains ne sont plus. La bête escalade une falaise escarpée et rugit une fois rendue à son sommet. Je la suis, je suis l'air, je suis le vent derrière elle.
Je vois la cité de Midgar devenue une immense forêt.
Un monde où la nature a repris ses droits.
Un monde où les humains ne sont plus.
Un monde de vie.
Mon monde.
