Là aussi j'ai manqué d'inspiration, alors j'ai mis la classique histoire de mariage de la princesse rebelle. Et pour le fanservice, oui, Yuffie a les cheveux longs!

Le fou n'est pas une carte si folle que ça, en fait, c'est surtout la carte de quelqu'un qui erre, un peu comme un troubadour. C'est aussi une sorte de génie. C'est le numéro vingt-deux, mais aussi le zéro! J'ai mis Yuffie à cause du fait qu'elle est un personnage "caché" (le zéro) et parce qu'elle se promène à la recherche de matérias... et qu'elle m'a rendue folle à Wutai!

XXII. Le fou (le mat): Yuffie

Allez, il faut voyager ! Les voyages forment la jeunesse ! Il faut que jeunesse se passe… ou se casse ! Mais moi je suis forte ! C'est lourd les matérias, et j'en ai une besace pleine ! Pas touche ! C'est mon trésor ! Je suis une artiste, mon art est le vol ! Tant pis pour les ennuis ! je n'ai pas peur de l'errance, et puis ce monde est grand !

Non, là, j'en ai vraiment eu marre !

Le kimono en brocard, ça allait. J'avoue, je déteste les fleurs, mais les motifs printaniers sur fond vert tendre étaient bien jolis. Et même si c'était long et que j'avais horriblement chaud aux jambes et aux bras, ça allait. C'était supportable.

Les rubans de soie, ça allait. C'était tellement fragile que j'avais l'impression qu'ils s'effriteraient au premier coup de vent, mais ils étaient doux, alors ça allait. C'était supportable.

Quand ils ont commencé à toucher à mes longs cheveux, ça allait encore. J'ai horreur de ces ridicules coiffures traditionnelles qui tirent le crâne si fort que plusieurs jours après on a encore la migraine, mais bon, au moins, dans le genre, c'était réussi. Juste pour les petits cris d'admiration de mes tantes, ça allait encore. C'était encore supportable.

Le maquillage, par contre, c'était limite. Le visage enfariné, du rouge plein les lèvres, les cils collants, je me sentais comme un clown : grotesque. Vraiment, c'était limite. Presque insupportable.

Désolée, papa. Au moins, j'aurai essayé.

Voici le moment précis où j'en ai vraiment eu assez : j'étais dans cette tenue, et j'avançais sur un tapis de fleurs de cerisier. L'air sentait bon, sentait le printemps. Autour de moi, en rangs serrés, il y avait des gens que je connaissais, d'autres pas. Ils murmuraient à mon passage, s'exclamant à quel point j'étais belle. Ils portaient leurs plus beaux atours, eux aussi ils étaient beaux. Je marchais le plus gracieusement possible, compte tenu que je portais des sandales de bois.

Tu vois, papa, je faisais de mon mieux !

Mais là, à ce moment où tout aurait pu être parfait, j'ai craqué. Parce que je venais de réaliser que j'allais vraiment me marier, ce jour-là, sous les arbres en fleurs, avec un cousin que tu n'as même pas daigné me présenter.

Tu as peut-être fait un bon choix. Je sais qu'il était ninja lui aussi. Et du peu que j'en ai vu, il avait l'air plutôt mignon.

Mais papa, tu devais bien t'attendre à ce que je ne supporte pas qu'on décide pour moi. Tu voulais une fille forte, et tu l'as eue.

Alors, la suite n'est pas de MA faute. C'est la tienne.

J'ai enlevé mes stupides sandales de bois de deux coups de pied en l'air, et je me suis mise à courir. M'enfuir loin de ces noces insupportables, et de ces gens qui hoquetaient de surprise.

Je me suis cachée dans les toilettes d'un pavillon éloigné et j'ai enlevé la moitié de mon joli kimono, en déchirant le bas et les manches pour mieux courir. Je me trouverais de meilleurs vêtements plus tard.

J'ai voulu défaire ma coiffure, mais les nœuds, les pinces et le gel, rien ne voulait bouger. Tant pis, j'ai coupé mes cheveux très court. T'en fais pas, papa, on me reconnaît même sans ma longue tignasse.

Pour finir, je me suis lavé le visage à fond. Plus de maquillage, plus de crasse, plus rien.

Juste moi.

Papa, tu disais que ce mariage serait une bonne chose pour le village. Des trucs politiques. C'est pour ça que j'avais accepté. Mais j'ai changé d'avis. Il y a d'autres façons d'apporter du bien à Wutai. T'en fais pas, je vais revenir. Mais les voyages forment la jeunesse, non ? Je serai si bien formée que je vais te clouer le bec. Et j'aurai tant de jolies matérias pour toi que tu seras fier de moi.

Bon, je vais où, maintenant… ?