Troisième semaine - Mai 1997
J'attends que Cyrus soit couché et même endormi - oui, j'ai vérifié, même si je fais confiance à un week-end chez mes parents pour venir à bout de sa résistance physique - pour raconter le résultat de ma journée à Remus.
"J'ai pris rendez-vous avec Eugen Laly. J'irai après-demain."
"La sœur est donc d'accord", il comprend. Ses yeux sont sérieux et attentifs.
"Que Dawn soit allée me chercher la rassure, je crois. Elle comprend bien que ça ne peut être qu'indirect... et elle veut croire à notre idée de campagne de presse", je confirme.
Je revois la gentiment replète Nancy Orpington dans son salon de thé de Stratford-upon-Avon. Un pied de chaque côté, comme dirait ma mère. Un carrot cake réellement compétitif avec celui des elfes de Poudlard et une collection de thés qui pourrait me rendre accro comme arguments commerciaux. Plus sérieusement, prête à beaucoup pour éviter à sa sœur, Lorraine, le Baiser du Détraqueur. Même à bousculer sa vie quotidienne, à s'exposer dans la presse, même à potentiellement perdre une partie de sa clientèle ou à subir l'opprobre des "bien pensants". Ses mots.
"Tu as déjà appelé Laly", commente Remus.
"Je lui ai dit que j'aimerais lui parler d'une affaire qui me tient à cœur, mais dans laquelle je ne peux pas prendre de positions officielles. Un procès. Que je pouvais lui obtenir des points de vue originaux sur le contexte... Il a été d'accord pour me rencontrer."
"Sans Nancy ou Dawn ?"
"Je pense qu'il faut préparer l'entrevue. Bien lui expliquer notre stratégie. Lui montrer le potentiel, mais lui dire aussi les risques pour tout le monde", je pose un peu nerveusement. "Tu désapprouves ?"
"Comme si je devais approuver", il s'agace.
"Tu peux trouver que je m'expose", je reformule avec patience. Ce sont après tout des aspects que, moi, j'ai examinés.
Remus fait mine d'avoir un besoin compulsif de ranger les livres que Cyrus et moi avons dispersés dans le salon. Je reconnais la tactique, j'attends.
"Si tu veux retourner au Ministère, je n'aurais aucune objection", il affirme le dos tourné.
"Je sais."
"Mais tu ne veux pas ?", il vérifie toujours sans me regarder.
"Toujours pas. Pas tant que les conditions n'ont pas changé."
"Peut-être que ces conditions peuvent être modifiées de l'intérieur ?", il remarque en se retournant pour soutenir mon regard.
"Pour commencer, je vais soutenir mes amis."
"Pour commencer", il souligne.
"Prudemment, à distance. Mon soutien officiel n'est pas à l'ordre du jour", j'insiste. Ça le fait sourire. "Quoi ?"
"Madame Lupin me paraît tout à fait prête pour une rencontre avec les médias", il estime. "Est-ce qu'elle a également besoin que je me rende disponible pendant cette visite pour des raisons éducatives ?"
"Je partirai demain soir et je serai revenue avant midi. Disons que Cyrus échappera à son jogging obligatoire contre un baby-sitting des jumeaux supervisé par Linky. Ça mettra un peu de variété dans le début de sa troisième semaine de réclusion..."
"Le pire est que je pense qu'il sera content."
"Il fait de vrais efforts", je concours. "Je ne suis même pas loin de penser qu'il a plutôt compris la leçon."
"Le père est relativement de ton avis, mais le directeur de Poudlard ne peut pas revenir sur sa décision." Je vais lui assurer que je comprends quand il rajoute : "J'envisageais de l'emmener avec moi à la Fondation jeudi soir prochain. Pour la rencontre des familles..."
"Ce serait une chouette main tendue", je promets.
"Espérons", il lâche avec une tension qui m'échappe un peu.
"Ce ne se passe pas bien quand vous travaillez ensemble ?", je m'inquiète parce que Remus n'a jamais dit le contraire et que Cyrus m'a plutôt donné l'impression de préparer sérieusement leurs sessions.
"Si tu penses que prendre de l'avance sur toute sa classe est une bonne idée, qui va bien être appréciée par tes anciens collègues... j'imagine que oui". Je vois bien qu'il fait semblant de se plaindre. "J'en suis à lui donner des travaux de recherche en plus", il explique avant de sourire pour me confier. "Severus, qui ne partage décidément pas mes intuitions pédagogiques, l'aide derrière mon dos..."
Remus a pris son ton officiel pour poser ça. C'est dire combien il aimerait pouvoir dire autre chose. Mais l'idée m'intrigue trop pour que je ne creuse pas.
"L'aider derrière ton dos ?"
"Il vient alors que Cyrus est là, sur n'importe quel prétexte, détermine sur quoi il bosse et lui sort des livres de ma bibliothèque", raconte Remus, assez amusé. "Parfois, il va jusqu'à les ouvrir à la bonne page."
"Tu le laisses faire ?", je m'étrangle presque, mais j'ai dans un coin de ma tête cette idée bien ancrée que Severus bénéficie de passe-droits assez énormes auprès de l'homme de ma vie. Même si nos relations se sont améliorées, on peut aussi dire que j'en suis jalouse, j'imagine.
"Cyrus a besoin aussi d'un tonton indulgent", il me répond. "Et... honnêtement, que Severus fasse ça pour lui..."
"Cyrus n'est pas Sirius", je souligne. Pas que je pense que Remus l'oublie une seconde, voire qu'il le cultive, mais parce que c'est notre ligne de conduite.
"Indubitablement", commente Remus avec patience. "Sinon Severus ne le ferait pas. C'est presque la meilleure preuve. Et il aime se dire qu'il peut être plus compréhensif que moi."
Je rumine cette vision positive de ce vieux solitaire aigri. Je m'amuse à me demander bien hypothétiquement ce qu'il ferait à notre place. S'il pourrait être un père plus compréhensif que je ne l'imagine. Je n'y arrive pas. Reste que Remus est peut-être mûr pour un truc qui trotte dans ma tête depuis quelques jours.
"Est-ce que le directeur de Poudlard pourrait envisager de ne pas prendre ombrage si une étudiante de cinquième année se trouvait subrepticement sur notre chemin lors de notre jogging familial ?"
Ses yeux d'ambre fouillent les miens et se convainquent de la réalité de mon projet.
"Il ne faudrait pas qu'on demande au directeur de Poudlard d'avoir un avis sur cet accident", il formule, mais dans ses yeux, il y a de l'approbation et de la connivence.
"Message reçu ".
Oo
Je reviens de mon entrevue à Poudlard juste avant le repas de midi. Laly s'est montré carrément enthousiaste à l'idée de dresser un portrait de la "condition féminine d'une partie de la population sorcière" et aussi de creuser les limitations de la jurisprudence sorcière. Il a même parlé de psychologie avec l'air de savoir ce que c'était. Je lui ai demandé s'il avait, comme moi, une partie de sa famille moldue. Il m'a révélé en rougissant qu'il s'agissait de sa fiancée - psychologue et moldue. Il l'a connue quand il a voulu vivre l'expérience d'aller habiter un quartier moldu par pure rébellion contre ses propres parents "qui pensaient les Moldus presque aussi dangereux que les Pitiponks."
"Pas que les loups-garous ?", j'ai plaisanté.
"Je préfère ne pas vous dire ce qu'ils pensaient des loups-garous, Madame Lupin."
On a préparé ensemble son entrevue avec Nancy Orpington et Dawn. Laly m'a juré que mon nom et celui de Dawn ne seraient pas divulgués. On s'est longuement serré la main dans ce café moldu du sud de Londres où il m'avait donné rendez-vous. Je lui ai dit que j'aimerais un jour rencontrer sa fiancée.
Je ne sais pas si c'est la satisfaction de cette entrevue ou le soleil printanier marqué ou le mélange des deux qui me fait me sentir si vivante et optimiste. Pas mal d'élèves sont dehors. Ils me saluent avec une curiosité polie et je leur souris largement.
Je trouve Harry et Ron sans les chercher. L'absence d'Hermione me rappelle qu'elle a gardé toutes ses options, malgré l'emploi du temps de Ministre que ça lui impose. Harry, lui, dans une de ses rares rebellions, s'est empressé d'abandonner l'étude des Moldus dès qu'il n'en a plus eu besoin comme couverture des cours de défense renforcés que nous lui avons donnés quand ma tante battait la campagne. Même pas passé l'examen de fin d'année. Ni Remus ni moi n'avons jugé opportun de nous opposer, même pour la forme, à cette affirmation de sa volonté. Pas après ce qu'il venait de vivre.
Comme à chaque fois, Harry est un peu embarrassé quand il est certain que je me dirige vers lui. Tout l'héritage de Remus ne peut pas être positif. Une fois qu'ils m'ont poliment confirmé qu'ils vont bien tous les deux, je leur demande de me trouver Ginny.
"C'est moi qui amène ses lettres, Mãe", confesse immédiatement Harry, plus prévisible que le Poudlard Express.
"Je sais et je m'en fiche", je lui réponds pour la plus grande joie de Ron. "Tu peux la rassurer sur ce point et lui promettre que je n'ai nul reproche en tête. Tu peux aller la chercher avant la fin de la récréation ?"
"J'y vais", décide Ron en partant en courant.
"Tu étais partie", enquête prudemment Harry. Et il ne faut pas oublier qu'il pense souvent qu'on ne lui dit pas tout.
"Une visite pour mon amie Dawn", je simplifie donc en me demandant quand même à quoi tient ma répugnance à parler à mes fils adoptifs de mes projets. Est-ce une forme de superstition ? Est-ce par peur de devoir assumer d'avoir échoué à leurs yeux ? "Je suis partie hier soir. Et, si c'est ton souci, je pense que Cyrus et Linky auront tenu le choc des jumeaux ou que les jumeaux et Linky auront eu raison des besoins d'excitation de ton frère", je commente plutôt.
On rit encore tous les deux de ma présentation quand Ron et Ginny reviennent.
Ils sont de nouveau collectivement embarrassés, comme de grands ados qu'ils sont.
"On va aller droit au but", j'annonce. "Si un matin, Ginny, tu as le courage de venir à notre rencontre vers le lac... je pourrais me montrer compréhensive... "
"Papa est... ?", s'inquiète Harry.
"Je propose qu'on prenne soin de rester dans les règles de Poudlard. Une rencontre fortuite et brève", je précise en ne lui laissant pas le temps de finir.
Ginny regarde Harry qui offre une traduction sans doute nécessaire et, qui plus est, étonnamment exacte et précise : "Il n'est pas contre si c'est... ça peut être un hasard..."
"Que Ginny aille courir le matin ?", objecte Ron. "Un hasard ?"
"Une initiative suscitée par l'observation de l'entraînement d'une ex-Auror, au service de ses ambitions de Quidditch ?", je propose.
"OK, je vais préparer ça !", annonce Ginny avec un sourire lumineux. "Merci, Madame Lupin !"
"Je compte sur votre totale discrétion", j'insiste. Les trois ont l'air de penser que je les prends pour des idiots, mais tant mieux.
Ginny est là le lendemain matin. Je la vois avant Cyrus, mais je ne dis rien. Elle court avec plus d'obstination que d'efficacité à notre rencontre alors que nous terminons notre premier tour de lac avec une synchronisation assez réjouissante. Enfin pour moi.
Quand il la reconnaît, Cyrus manque une foulée, hésite puis me regarde avec cette inquiétude de jeune chiot qui le fait toujours paraître extrêmement jeune. Je lui fais un clin d'œil.
"Je n'y suis pour rien", est sa réponse un peu nerveuse, il faut bien le dire.
"Une jeune fille pleine d'initiative", je propose.
"Tu ne vas pas la...", il s'interrompt de lui-même en comprenant les sous-entendus.
"Mais qui manque d'entraînement à la course. Je te propose de lui faire bénéficier de ta toute nouvelle expérience. Je pars dans l'autre sens. Deux tours."
Je ne lui laisse pas le temps de me répondre.
Le soir même, j'entreprends Remus sur le fait que, comme la semaine s'est bien passée, on pourrait aller, nous aussi, chez mes parents ce week-end.
Cyrus me regarde avec surprise et suspicion par-dessus son livre d'arithmancie. Il fait bien. Il a un contrôle demain que je devrai surveiller.
"Ça éviterait à mon père de faire l'aller-retour", je rajoute quand Remus me répond qu'il n'a pas tellement de travail urgent et que pourquoi pas. "Ça ne changerait rien au programme de Cyrus", je prends la peine de préciser. "Juste, on profiterait du jardin et de la cuisine de ma mère."
"Encore qu'il faut que tu t'attendes à ce que Dora se joigne à votre balade à cheval et à ce que les petits traînent dans tes pattes", ajoute Remus avec un sourire pour son fils.
"Je dois prendre ça pour une punition supplémentaire ou... ?", finit par s'enquérir Cyrus, l'air sincère dans la question.
"Pas spécialement, pas du tout même", je réponds la première.
"Ça t'embête qu'on vienne ?", veut savoir Remus. "T'en peux plus de nous avoir sur le dos ?"
"Tu comprendras que je ne réponde pas à une question formulée en ces termes, Papa", proteste Cyrus avec une mesure affectée, mais qui dit aussi combien il grandit.
"Pour aller dans le sens de Dora, si moi, j'étais agacé contre toi, je ne viendrais pas", commente Remus avec ce calme affectueux qu'il sait trouver. "Je penserais qu'en effet, la distance est une bonne chose. J'ai l'impression qu'on a dépassé ce point de tension permanente, compréhensible, mais difficile... Mais si c'est désagréable pour toi... on peut passer le week-end ailleurs avec les petits."
Cyrus l'observe assez longtemps pour que j'imagine qu'il cherche à se convaincre de la sincérité de son père. Peut-être que Sirius donne son avis. Remus attend ce jugement avec patience.
"Granny va être contente de voir les petits", finit par lâcher Cyrus.
"On est tous d'accord alors", conclut Remus.
Je profite que Cyrus soit avec Remus le vendredi après-midi pour retrouver Dawn à Pré-au-Lard pendant la sieste des petits. Deux copines dans un salon de thé. Rien d'étonnant d'après moi. Surtout qu'on le fait régulièrement.
"Ça va ?", je lui demande par-dessus nos pâtisseries préférées.
"Je... je ne te dirais pas que je ne stresse pas - ce serait faux. Mais je suis contente de faire quelque chose... qui serve la justice", elle formule. "Peut-être que je vais me prendre toute l'institution sur la tête et qu'il ne me restera qu'à devenir mère au foyer pour garder la tête haute... mais je suis contente quand même."
"Dit comme ça, je suis un sacré mauvais exemple", je décide de commenter.
Il y a un creux dans mon estomac qui me prévient que je vivrais mal que la prédiction de Dawn se réalise. Dans un coin de ma tête, il y a tout ce discours que j'ai servi à Cyrus sur qui on veut être vraiment.
"Au contraire", estime Dawn. "Je sais bien que je suis loin d'avoir tes ressources, mais tu n'as pas non plus autant de ressources que certains et pourtant tu... tu suis ton chemin, tu te donnes les moyens... C'est ce que je dis à Carley... Je fais comme Tonksie avec mes petits moyens."
"Il est inquiet ?", je vérifie.
"Il dit qu'il comprend, mais que je joue avec le feu... comme toi", elle sourit à la fin de sa phrase. "Il dit qu'il faut être patient, qu'un jour, on aura les moyens auxquels on aspire... Moi, je lui dis que je ne veux pas attendre de m'être tellement compromise que je ne saurais plus ce que je voulais changer..."
"Et ?"
"Comme à chaque fois que j'ai raison... il m'embrasse."
ooo
L'article d'Eugen Laly sur "le destin tragique de Lorraine Orpington, victime et bourreau" paraît dans le supplément du dimanche de la Gazette qui nous arrive alors qu'on prend un petit-déjeuner qui tient du brunch, après que mon père et Cyrus se soient occupés des chevaux. L'air de cette fin de mai est plutôt doux et les fenêtres sont ouvertes. Les petits jouent sur le tapis alors qu'on prend le temps d'une énième tasse de thé. Cyrus est content, je pense, que mon père ne semble pas pressé de lui faire charrier du foin. Ça le rend patient avec la bande de vieux qui l'entoure.
"Une triste histoire", juge ma mère une fois qu'elle a lu l'article après moi. "Cette Lorraine risque vraiment le Baiser du Détraqueur pour s'être débarrassée de ses tortionnaires ?"
"Vraiment", je confirme. "Notamment parce que l'emploi de poison sera considéré comme une preuve de préméditation de son geste. Elle les aurait assommés dans un mouvement de colère, la jurisprudence serait davantage de son côté, mais elle les a attaqués dans leur sommeil avec un couteau empoisonné."
"D'où une femme comme elle sort-elle du poison ?", questionne mon père qui en est à la moitié de sa lecture.
Je hausse prudemment les épaules parce que je n'en suis pas à divulguer des détails du dossier que je ne suis pas censé avoir. L'analyse de la jurisprudence est dans l'article de Laly.
"L'article dit qu'elle avait peur d'eux, qu'ils la privaient de sa baguette, qu'elle n'avait finalement pas le choix", argumente ma mère. Le sujet la touche visiblement.
"Si le juge Tiberius Ogden prend ces éléments en considération, il ouvrira une nouvelle page de jurisprudence", je réponds.
"Un mouvement audacieux", estime mon père, songeur.
"Qui pourrait être aidé par un soutien de l'opinion", livre Remus avec un regard plein de fierté pour moi. Est-ce que je mérite cette fierté ? Voilà ce qui se demande dans un coin de ma tête.
"C'est l'enquête de Dawn ?", vérifie alors Cyrus me sortant de mon introspection. J'opine un peu à contrecœur. Je n'avais pas réellement dans l'idée de parler de mes activités de lobbying à mes parents - voir leur réaction, potentiellement représentative d'une fraction de l'opinion, me suffisait. Et Cyrus n'avait pas posé de questions à mon retour. "C'est toi qui l'as mise en contact avec ce Laly, Mãe ?"
"Où vois-tu le nom de Dawn dans cet article ?", je soupire.
"C'est la sœur de Lorraine Orpington qui parle", confirme ma mère. Je remercie Cerridwen une nouvelle fois que nous échappions à une généalogie complète de la lignée.
"C'est ton plan. C'est ce que tu lui conseillais de faire", se souvient Cyrus.
Mes parents me regardent comme si mes cheveux avaient changé de couleur.
"Cyrus, je pensais avoir dit que...", je commence à m'agacer.
"Oui, j'ai écouté en partie votre conversation et tu le sais", admet Cyrus avec cette rectitude fataliste qui ressemble trop à certains comportements de Harry pour que je n'y voie pas une marque de Remus sur eux. "Mais j'avais les petits dans les pattes, crois-moi, c'était de l'espionnage dans de mauvaises conditions. N'empêche que c'est ton plan et qu'il a l'air de marcher..."
"C'est bien tôt pour le dire", j'estime prudemment. Me lancer dans de telles manœuvres sans l'onction de gens avisés et expérimentés, comme Kingsley ou Albus, c'est quand même un truc qui me fait salement flipper de me tromper. Même quand Remus répète qu'il me fait confiance. Surtout que j'ai embarqué Dawn dans cette affaire et que je sais combien je m'en voudrais si elle en payait les pots cassés.
"Moi, je suis fier de toi", affirme alors Cyrus. "Sirius aussi. Et je ne dis pas ça pour que t'oublies que j'étais un peu trop derrière la porte. Je répète que s'il y avait davantage de gens comme toi à la Division… ce serait mieux."
"Je suis d'accord", indique alors Remus avec une décontraction totale qui me prend au dépourvu.
"Oh", lâche ma mère avec surprise et sans doute un peu d'inquiétude. "Je... je ne pensais pas que... Tu vas retourner à la Division, ma chérie ? Et les petits ?"
"Les petits grandissent", estime Remus. "Il y a tout un château et deux grands-frères pour s'en occuper."
"Ni demain, ni après-demain. Pas tant que d'autres choses n'ont pas changé", je répète donc en essayant de calmer le jeu.
"Mais dans un coin de ta tête", estime mon père avec un air entendu. Je ne peux pas lui donner tort.
