Chapitre V : Une enquête s'annonce...
La directrice arriva dans l'infirmerie vers une heure du matin, en robe de chambre blanche, les yeux fatigués, les rides plus marquées que d'ordinaire. Son chignon, lui, était toujours impeccable.
-Merci de m'avoir fait prévenir, Potter. J'ai immédiatement demander au Ministère d'envoyer des Aurors, ils arriveront dimanche matin. Il est inutile que je vous demande si vous comptez participer prendre part à l'enquête.
Harry hésita et acquiesça finalement. La directrice vit derrière l'épaule de Harry qu'un médicomage blond s'agitait sur la patiente. Elle s'avança, pour voir de plus prêt l'état d'Ariana. La pauvre fille était d'une pâleur maladive, et elle respirait faiblement.
-Elle est encore comateuse pour l'instant mais physiquement, ça ira, expliqua Drago.
-J'ignorais que vous étiez là ce soir, Malefoy, mais merci. De quoi souffre t-elle exactement ?
-D'après les premiers examens, quelqu'un ou quelque chose vient de lui prendre ses savoirs, voir ses souvenirs. Ce n'est pas sûr, mais d'après la quantité et la position des nodules magiques, c'est la meilleure piste. Surtout si l'on considère les derniers événements, notamment les livres vidés de leur contenu.
-Je n'avais pas utilisé la carte du Maraudeur jusqu'ici, car je ne voulais pas surveiller constamment les élèves, mais cette affaire vient de franchir une étape, intervint Harry.
-Vous avez des cours à donner, Potter. Je suis d'accord avec vous, mais être le nez sur une carte jour et nuit n'est pas possible pour vous. Nous allons demander à notre invité, ici présent.
McGonagall avait dit cela en fixant Drago, celui-ci fronça ses élégants sourcils.
-Je dirige une clinique...
-Qui n'est qu'à une cheminée de cette infirmerie, infirmerie où se trouve votre nouvelle patiente, rappela la directrice. C'est votre punition pour être venu dans cette école, en pleine nuit, sans juger utile d'informer la directrice. Nous ne sommes pas dans un moulin, Monsieur Malefoy.
-C'est une blague ? Demanda froidement le blond. Je ne suis plus votre élève, vous n'avez pas à me punir. De plus, j'étais là pour la réunion que nous devions avoir ce matin.
-Ne jouez pas au plus fin avec moi, Malefoy. Vous n'êtes certainement pas venu la veille pour le lendemain, et je devine la raison de votre venue puisque Potter et vous avez découvert Ariana ensemble. Je ne suis pas le dernier dragon sortie de sa coquille. Vos relations ne regardent que vous, en dehors de cet établissement. Entre ses murs, en revanche, j'ai le droit et le devoir de savoir qui rentre, et qui sort.
-Très bien, s'agaça le blond. Seulement ce n'est pas une assez bonne raison pour que je reste.
-Drago, intervint finalement Harry, reste.
Le blond fixa son petit-ami, incrédule. L'année précédente, ils avaient fait équipe sous la contrainte d'Hermione et de Blaise, en partie pour des motifs politiques. Cette fois, Harry demandait volontairement à Drago de l'accompagner dans sa quête. Ce dernier aurait dû se sentir flattait mais le tempérament protecteur de son petit-ami lui revint en pleine face et l'ancien Serpentard répondit d'un ton cinglant.
-Non, tu ne me suivras pas comme un chevalier qui protège sa princesse, Potter.
Le « Chevalier » fixa « la princesse » avec un regard moqueur. Drago venait de faire une erreur d'analyse, et dans leur petit jeu, celui qui n'appartenait qu'à eux, Harry venait de lui damer le pion. Le blond qui venait de comprendre, chercha une bonne répartie pour neutralisée sa précédente phrase, mais trop tard.
-Et bien, Princesse, appuya Harry, ce n'est pas à mon petit-ami que je demande, mais au médicomage. Tu sais être particulièrement agaçant, mais tu as des connaissances que les Aurors n'ont pas, que ce soit dans le domaine médico-légale ou de magie noire.
Drago réalisa à cet instant le respect que Harry avait pour son travail. Le brun le lui avait souvent dit, mais il en faisait à présent la démonstration par les actes, ce qui avait une autre valeur. Drago Malefoy n'en dirait jamais rien, mais il ressentit une immense fierté en entendant ces mots. La foutue honnêteté de la maison Gryffondor venait de toucher le blond en plein cœur. Ce dernier s'approcha de Harry, rapidement, et s'approcha de son oreille.
-C'est d'accord, Potty, chuchota t-il, mais appelle-moi encore une fois « Princesse », et Le Survivant ne survivra pas bien longtemps.
-Il faut que nous discutions de ce fameux sortilège qui permet de voler les connaissances, coupa le Directrice.
-C'est un maléfice, expliqua Harry en retrouvant une distance respectable avec son petit-ami. Il y a cinq ans, Ron, Neville et moi, avons été envoyé à Azkaban pour enquêter sur d'anciens mangemorts dans le coma. Au début, nous pensions à des sorts d'amnésie ou une maladie liée à la Marque des Ténèbres. Nous avons découvert, qu'en réalité, l'un des nouveaux gardiens volaient leurs connaissances en magie noire avec ce sort.
-Comment l'avez-vous découvert ? Nous pourrions peut-être faire pareil, dans notre cas.
-Si ce sort est aussi méconnu, ce n'est pas pour rien. Contrairement à l'Imperium ou l'Oubliete, il influence également l'esprit de l'attaquant. Le gardien de prison contrôlait mal le sort et il absorbait les connaissances mais également les souvenirs. Son esprit commençait à se confondre avec les personnalités des victimes. Il parlait parfois comme elles, ou évoquaient leurs souvenirs. Aujourd'hui, seuls quelques Aurors utilisent ce sort, et uniquement quand la situation est urgente et que le recours au Veritaserum prendrait trop de temps.
-Tu t'es bien gardé de me dire que c'était aussi dangereux, quand nous en parlions, il y a quelques jours, s'agaça Drago. Je me demandais pourquoi Voldemort n'avait jamais utilisé un sort aussi puissant, mais maintenant c'est évident. Il le connaissait probablement, mais les risques... Il s'aimait trop pour ça. Entre le danger si le sort est utilisé de manière trop intensive, et le risque de devenir quelqu'un d'autre.
-C'est cela qui m'inquiète le plus, avoua Harry. C'est un sort pour les personnes désespérées.
Drago resta silencieux, sur ce point, il ne pouvait être que d'accord avec Harry. D'un certain point de vue, Voldemort avait rendu le monde simple. A l'époque de la guerre, deux camps s'affrontaient pour leur survie respective, mais désormais leurs ennemis étaient solitaires. Les quêtes futiles de puissance laissaient désormais leur place à la tristesse de Dennis Crivey, ou au désespoir de ce nouvel ennemi. Le Seigneur des Ténèbres était responsable des combats les plus dangereux, les ennemis du présent seraient responsables des combats, les plus douloureux.
-Si ceux sont les connaissances qui sont visées, expliqua McGonagall en fixant Ariana, alors les élèves ne sont pas en danger. Les cours et les activités continueront donc à l'ordinaire. Nous assignerons les Aurors qui sont en route, à la sécurité du corps enseignant. Pour mettre la main sur le coupable, je compte sur vous deux.
-Nous ferons de notre mieux.
Le ton d'Harry était affirmatif, Drago acquiesça tout en ayant toujours un air boudeur. Ils quittèrent l'infirmerie ensemble, pour enfin rejoindre la chambre d'Harry. La soirée avait été aussi longue qu'épuisante, et les deux tombèrent de sommeil dans les bras l'un de l'autre après quelques minutes. Harry en s'endormant, songea combien la peau de son petit-ami contre lui, était douce. Quand Drago s'agitait, la sensation de glissement était exquise, et le brun rejoignit le royaume des rêves, avec la conviction qu'il pourrait vivre tout une vie dans les bras du blond.
Le lendemain, alors qu'ils rejoignaient le match, Théodore Nott, l'ancien camarade de Drago et le professeur de potion, se joignit à eux.
-McGonagall m'a dit que vous étiez déjà sur l'enquête, s'informa le directeur de la maison Serpentard.
-Oui, répondit Drago. Elle doit nous fournir la liste de tous les nouveaux élèves et des nouveaux professeurs.
-Pour les professeurs, la liste sera courte, Potter, Ariana, et la remplaçante de Dennis, Maden Holcomb. Vous pensez vraiment que ça peut-être un élève ?
-Non, mais avec le polynectar, n'importe qui pourrait prendre l'apparence d'un élève. Tu n'as pas eut de vol de matériel dans tes armoires ? Demanda Drago.
-Non, je surveille scrupuleusement mes stocks, mais bon, on peut toujours faire des achats à Pré-Au-Lard, donc ça ne vous aidera pas beaucoup.
-Plus que tu ne le penses, répondit Drago.
-Oui, j'irai au village lundi pour poser quelques questions aux commerçants, histoire d'éliminer cette hypothèse. Je n'ai pas encore eut l'occasion de discuter avec Holcomb, elle est comment ?
-Elle n'est pas très bavarde, c'est peut-être aussi pour ça, expliqua Théodore alors qu'ils rentraient dans l'enceinte du stade. Elle passe tout son temps libre dans sa chambre. Je ne crois pas l'avoir déjà vu discuter avec quelqu'un d'autre, en dehors de la directrice.
-Sa famille est plus célèbre qu'elle, intervint Drago. C'est un ancien clan. Son ancêtre Méridias Holcomb est célèbre pour avoir lutter pour les droits des vampires. Ils avaient quitté l'Angleterre lors de la première ascension du Seigneur des Ténèbres. Ils sont sans doute revenus après la fin de la guerre. Ce qui me chiffonne, c'est plutôt McGonagall.
-Comment ça ?
-Ariana n'est pas devenu professeur comme ça, j'ai soutenu sa candidature. La directrice à scrupuleusement étudier son dossier, elle a probablement fait de même avec Holcomb. Elle ne voulait manifestement pas reproduire la même erreur qu'avec Dennis, et à la moindre étrangeté sur le dossier d'un candidat, elle lui aurait refusé le poste.
-Il y a des tas de choses qu'on ne peut pas voir sur un dossier, expliqua Harry.
Ils s'installèrent dans les gradins, et quelques minutes plus tard, un élève de cinquième année de Pouffsoufle s'empara du micro et soudain, Harry et Drago revinrent à l'époque de leur adolescence. Alors que les équipes entraient sur le terrain, les deux amants redevenaient rivaux, Gryffondor contre Serpentard, Potter contre Malefoy. Pour quelques heures, il n'y avait plus de menace, il n'y avait qu'eux, face-à-face, maison contre maison. C'était ainsi qu'ils s'aimaient : parfois comme des amants enfiévrés, parfois comme des amoureux transis, et parfois comme d'éternels rivaux.
Serpentard remporta la victoire, et Drago félicita en personne l'équipe avant de rejoindre son petit-ami secret.
-Tu ne comptes pas te vanter pendant tout le reste de la journée ? Demanda Harry alors qu'ils se promenaient ensemble à la lisière de la Forêt Interdite.
-Bien sûr que si, mais j'ai de quoi me faire pardonner.
Le blond avait dit cela en sortant de la poche de son caban noir, une vieille clé qu'il avait emprunté à l'équipe à laquelle il avait autrefois appartenu.
-Qu'est ce que c'est ?
-La clé des vestiaires. Un beau sportif comme toi qui fait tellement d'effort doit avoir besoin d'une bonne douche, glissa Drago à l'oreille de son petit ami. Moi aussi, j'ai besoin d'une bonne douche d'ailleurs...
-Drago, je...
-Chut, petit Gryffondor ! La journée était compliquée, nous avons besoin de nous tendre et de nous détendre.
