Chapitre 9 :

Ame sœur sèche tes larmes parce que les âmes sœurs ne meurent jamais. (Placebo)

Il était debout dans le bureau du directeur. Du haut de ses 14 ans, tout avait l'air moins grand que d'habitude mais également plus hostile. Pourquoi l'avait-on convoqué ? Jérôme… Papa (il lui avait dit de s'habituer) n'avait quand même pas des problèmes ?

Harry ricana. Après tout, les problèmes, il jonglait avec depuis sa plus tendre enfance alors une boule de plus ou de moins, ça ne pouvait pas faire de mal. Il était déjà sur un ballon géant, menacé par les couteaux de son compagnon de spectacle.

Une porte qui claque le renvoya à la réalité. Dommage, l'imaginer en artiste de cirque avait quelque chose de poétique. Il regarda les personnes qui étaient entrées. Le directeur, suivi de près par une belle jeune femme aux jambes longues et fluettes comme un lampadaire.

- Harry, je te présente Juwel Anderson, annonça le directeur en s'asseyant à sa place.

Le jeune garçon regarda la femme. Un grand sourire éclaira son visage. Si elle portait le nom de son père, elle ne pouvait pas lui vouloir du mal. Il s'avança vers elle, doucement avec l'espoir d'entendre un mot de sa bouche, juste un petit « bonjour ». Mais la femme recula vivement.

- Elle est là pour annuler la demande d'adoption de son mari.

Les mots traversèrent l'air sans apparemment atterrir dans l'oreille de Harry qui continua à avancer. Juwel recula à nouveau avec un air de grand dégoût installé sur son visage.

- Harry ! s'écria le directeur pour le rappeler à l'ordre.

L'enfant se figea et le regarda.

- Madame Anderson n'est pas venu te parler, juste te voir. Elle voulait connaître le mal dont elle se débarrassait.

Le directeur souriait.

- Je suis bien contente d'éviter un gros furoncle qui pourrait venir parasiter mon couple, dit Juwel avec un détachement qui tenait de la science fiction.

Elle éclata de rire. Un très joli rire que Harry détesta tout de suite même s'il eut des difficultés. Il aurait tellement voulu l'aimer et c'était sans doute un son divin qui permettait à celle qui le possédait de séduire pas mal de monde. Mais pas le petit garçon qu'il était. Plus elle riait, plus il se sentait approcher sa température d'évaporation. Son sang bouillait déjà d'une haine si intense qu'il ne pu la contrôler. Quelque chose en lui voulait sortir. Il avait déjà ressenti ça à plusieurs fois. Il tenait bon et chacun de ses muscles se tendaient dans l'effort. Les tableaux présents dans la pièce se mirent à trembler et le lustre tanguait dangereusement. Le rire de Juwel n'en finissait pas. Alors une fenêtre se prisa. Puis une autre. Et les autres suivirent. Le lustre s'effondra sur le bureau du directeur – qui sursauta comme un toast trop cuit.

- Qu'est ce que tu fais encore, Potter ! cria-t-il.

Juwel cria en voyant les murs se fissurer telle une pâte feuilletée bien élaborée.

- Qu'est-ce que c'est que ce gosse ? demanda-t-elle. Un magicien ?

Elle le poussa sans voir l'armoire qui tombait derrière son dos. Elle lui sauva la vie et l'armoire écrasa ses jambes à la place. Quel malheur pour un mannequin promis à un vif succès.


Il se sentit tomber dans un gouffre. Son cœur propulsa une décharge d'adrénaline dans tout son corps et il se réveilla.

La première pensée de Draco Malfoy fut « Quel imbécile peut penser une seule seconde qu'il tombe alors qu'il est tranquillement installé dans son lit ? » Sa chambre était plongée dans un semi obscurité et on devinait qu'il faisait jour aux quelques rayons de soleil filtrés par les rideaux rouges. Draco ne bougea pas. Il était trop bien installé dans ce creux de son matelas. C'est vrai qu'en même temps… son lit à lui n'avait jamais été si moelleux. Et il n'avait pas de vases avec des fleurs. Et puis surtout, il avait horreur du rouge.

Il se leva, définitivement éveillé et reconnu ce qui avait été sa chambre d'enfant. Il ne pu empêcher quelques douloureux souvenirs refaire surface.

Il se revoyait, ce jour-là, ce jour maudit où sa mère était venue dans sa chambre alors qu'elle n'y entrait jamais. Il la sentait s'assoire et lui parler, lui expliquer qu'elle était malade, qu'elle ne resterait pas longtemps et qu'elle allait bientôt partir,…

Que faisait-il au manoir ? Il n'avait pas dormi chez lui depuis… Oh ! Des lustres Pourquoi ? La journée d'hier lui semblait enveloppé dans du papier crépon vert. Vert ? Des yeux verts pleins de larmes… Ceux de Harry déchiré par la douleur. S'il existait une censure dans la tête de Draco, elle fut effective à l'instant même où il se souvint : un grand blanc s'installa dans ses cellules grises. Mais ce n'était que pour camoufler le plus long juron du monde qu'il se retint d'aller crier dans le couloir.

- Déjà debout ? dit une douce voix derrière son dos.

Il se retourna et vit Pansy s'avancer dans la pièce pour ouvrir le rideau.

- Tant mieux, j'ai eu peur qu'il ait eu raison.

- Qui « il » ? demanda Draco d'un ton aussi acide que du jus de citron vert.

La jeune femme soupira, sans le regarder, elle répondit :

- Tu-Sais-Très-Bien-Qui-Il. Il disait que tu avais été faible et que te manipuler avait été un jeu d'enfant. Il pensait que tu étais « parti » pour de bon.

Elle ouvrit la fenêtre et une petite brise printanière vint rafraîchir la pièce.

- Mais en réalité, il était furieux, recommença-t-elle avec un grand sourire. Il n'a pas pu tuer Harry parce que tu l'en as empêché. Draco. Je suis tellement désolée…

- C'est moi qui suis désolé, ma petite Pansy.

L'ancienne serpentard sursauta quand il employa ce surnom. Ca faisait tellement longtemps qu'il ne l'avait plus appelée comme cela.

- Qu'est-ce qui t'as réveillé ? le questionna-t-elle par pure curiosité. J'étais vraiment persuadée que tu ne réapparaîtrais plus jamais.

- J'ai fait un drôle de rêve. Une histoire d'orphelinat… Quelque chose qui ressemblait drôlement à ce que m'a dit Harry à propos de son enfance.

Pansy le regarda un instant. Qu'il était mignon dans son pyjama de soie ! Et qu'il avait l'air triste…

- Tu t'es coupé les cheveux ? demanda-t-il en la tirant de sa rêverie.

Elle lui sourit et frappa deux fois dans ses mains. Un elfe de maison arriva poussant un chariot rempli à en déborder de victuaille en tout genre.

- A mon avis, tu dois avoir faim… Mange et nous parlerons après.

C'est précisément une douleur au niveau de son estomac qui tira Harry de son sommeil. L'un de ceux dont on se tire avec douleur parce qu'on s'en que rien ne va dans votre corps. Soit c'est parce que votre nez coule comme une fontaine par temps de pluie alors que l'une de vos narines est mystérieusement bouchée, soit c'est parce que vous avez mal au cœur. Dans le cas de Harry, son corps lui criait à tout rompre de ne pas bouger ou alors, très doucement.

Il n'entendait rien, à croire qu'il était sourd. Il se savait quelque part qui n'était pas sa chambre. Alors il ouvrit prudemment les yeux comme deux papillons particulièrement timides sortant de leur chrysalide. La chambre était blanche mais se trouvait être à l'opposée d'un hôpital. Le lit était grinçant et protesta vivement lorsque Harry se redressa tant bien que mal.

La douleur n'était pas insoutenable et assez diffuse. Seule sa tête semblait s'obstinée à rester en dessous de se marteau piqueur imaginaire près à la lui fendre en deux. C'était plutôt étrange pour quelqu'un qui venait de se faire poignardé par un être blond particulièrement bizarroïde. En repensant à cet instant là, Harry laissa échapper un ricanement cynique. Il n'y avait pourtant pas de quoi rire. Il offrait son cœur à quelqu'un et voilà que celui-ci essayé de vous le transpercer avec un cran d'arrêt. Certaines personnes devaient apprendre à faire attention aux cadeaux qu'on leur offre. Ses yeux laissèrent un immense torrent glacé se déverser sur ses joues. Il tremblait, effrayé par sa réaction, par une petite voix en lui qui hurlait de se laisser aller. Quelque chose réclamait le droit de sortir, de s'imposer dans la pièce comme un dieu omnipotent. Il ne l'écouta pas et concentra ses efforts sur une seule tâche : se calmer. Il enroula ses bras autour de sa taille pour se protéger d'une douleur qui lui tiraillait le ventre. Un oiseau au nom latin imprononçable qui s'amusait à faire son nid dans ses entrailles.

Les minutes passant, ses sanglots finirent par s'apaiser. Son souffle était malgré tout entrecoupé de hoquets incontrôlables. « Par définition, le hoquet est incontrôlable, pensa Harry ».

Sa gorge était sèche comme un château d'eau français en pleine période de canicule et ce fut une raison suffisante pour le sortir de son lit. Il portait un pyjama de soie blanche qui lui allait parfaitement mais il n'avait rien à ses pieds. Il se risqua à sortir ainsi, essayant de faire abstraction du sol dallé parsemé de petits cabochons noirs, froid comme une barquette de « macadamia nut brittle and chocolate chips cookies » de la marque Häagen-Dazs.

La porte de cette étrange salle blanche s'ouvrit sans effort et il se retrouva dans un hall majestueux qui lui coupa le souffle et du même coup, son hoquet. Plus il s'avançait, plus il était sûr de ne pas être dans un hôpital mais plutôt dans une sorte de jeu de rôle.

C'était bien ça ! Il était embarqué dans une aventure mythique dans lequel on lui avait fait croire au meurtre. On attendait de lui de déchiffrer des énigmes inimaginables et particulièrement biscornues. Sûrement, « on » allait être durement réprimandé par un écrivain hors de lui.

Harry soupira. La douleur devait le faire délirer pour qu'il imagine des scénarios aussi tordus qu'un film hollywoodien de seconde zone. Il décida que rester planter en plein milieu du couloir comme un corbeau noir empaillé n'apportait absolument rien de significatif dans sa quête d'une quelconque âme compatissante. Ces escaliers l'inspiraient…

Son bureau n'était plus son bureau. C'était un champ de bataille pour sorciers et sorcières en pleine crise de nerf. Sirius était Napoléon. Severus, Godefroy de Bouillon. Quant à Hermione, avec une moustache et un peu plus de muscles, elle aurait fait un parfait Alexandre le Grand. Et peut importait le fait qu'aucun de ces personnages ce soient rencontrés de leur vivant. Là, dans SON bureau, ils étaient prêts à se crêper le chignon comme de vraies mégères.

- Je savais que vous étiez incapable de vous concentrer une seconde sur votre travail. Même s'il s'agit de votre propre FILEUL vous ne pouvez vous empêché de faire le pitre ! hurla Severus Rogue à… euh Napoléon.

- Et tu étais où quand Harry se faisait poignardé, hein ? rétorqua celui-ci.

- Je donnais cours à une bande de gamins qui certes, n'ont pas de cicatrice sur le front mais qui on au moins la bonté d'être à Poudlard depuis leur onze ans. Et qui t'a permis de me tutoyer ?

Hermione – pardon -, Alexandre le Grand soupira avant de lâcher ce qui sembla être un instant sa dernière parole avant le cimetière :

- Je vous en pris calmez-vous !

Sirius lui envoya un regard meurtrier.

- Et qui est celle qui pensait que Draco Malfoy ne « SAVAIT RIEN » ?

- Oh mais attends ! compléta Severus. Je ne sais pas son nom mais je sais au moins quelque chose : Elle s'est trompée !

- Il ne le savait PAS à ce moment-là, s'obstina Hermione.

Mais elle n'eut pas le temps de se défendre beaucoup plus. Son mari entra en trombe dans la pièce, essoufflé comme une voiture de course dont le moteur a pris feu.

- Il… a…

Grande inspiration.

- … disparut.

Tout le monde se tourna vers Dumbledore comme s'il possédait la science infuse. Et même si c'était un peu le cas, Albus ne pu que mesurer une fois de plus le pouvoir que ses paroles. Il pouvait a) rassurer tout le monde d'un simple clin d'œil, b) ne pas être rassurant du tout en parlant de c) les 23 élèves restés à Poudlard à l'occasion de la fête de Pâques, ce qui entraînerait d) la ruée de tout le monde vers les couloirs dans l'espoir d'y trouver un Survivant en perdition. Ca semblait être un bon programme pour que chacun des chefs de guerre présent dans la pièce déguerpisse en sonnant la retraite. Alors comme Albus Dumbledore était quelqu'un de malin, il fit exactement ce que venait de lui dicter sa raison.

Il entendit du bruit (une porte qui s'ouvre et se referme). Des pas. On s'approchait ! Voilà qui risquait de le compromettre facilement. Il pouvait toujours essayé de parler aux personnes qui semblaient s'avancer mais le couloir étroit qui se trouvait à sa gauche avec l'option sombre et sécurisé le séduisait. En plus c'était une bonne affaire alors il y plongea rapidement et se colla au mur.

- Cet énervant cette interdiction de s'approcher de l'infirmerie sans y être conduit par un professeur, tu ne trouves pas ? demanda une voix d'homme un peu nasillarde.

- Qu'est ce que Dumbledore cache,… encore ? ajouta une fille. Il n'en pas assez de jouer les mystificateurs ?

L' « infirmerie » était sans aucun doute l'endroit où il s'était réveillé et tout portait à croire que « Dumbledore » l'avait amené ici. Même s'il retrouvait peu à peu les pièces du puzzle, le reconstituer semblait plus difficile. Surtout avec ce mal de tête.

Harry retint sa respiration lorsqu'il vit deux ombres silencieuses passer à sa hauteur. Les deux personnes continuèrent à s'avancer silencieusement jusqu'au bout du couloir où elles se séparèrent :

- Tu ne viens pas manger ? fit la fille.

Il n'entendit pas pourquoi le nasillard n'avait pas faim car il fut prit d'un vertige sensationnel. Heureusement qu'il était appuyé au mur. Doucement, l'écrivain glissa pour se retrouver assis sur le sol dur. Il se prit la tête entre les mains : il y était allé trop fort. Vu le nombre de portrait qui lui avait dit bonjour sur son chemin, il était évident qu'il était devenu fou. En tout, 5 princesses lui avaient demandé l'heure, 3 s'étaient plaintes d'être ignorée, une douzaine de vieux messieurs l'avaient insultés sous prétextes qu'il troublait leur sommeil et il s'en était fallut de peu qu'il discute du temps avec une inca.

Son corps le tiraillait comme s'il était couché sur une machine de torture. Peut-être allait-il se réveiller et découvrir qu'il mesurait 5 centimètres de plus qu'avant ? Malgré la douleur, Harry se releva. Il sentit son sang tanguer comme les vagues qui longent le Cap de Bonne Espérance mais rester plus de 5 minutes sur place dans un milieu hostile était – c'est bien connu – plus dangereux que de faire face à 10 boas constrictors, 50 araignées venimeuses et 41 chèvres sans lait.

Mais à peine était-il debout et sûr de sa dernière pensée, qu'une main froide le saisit par le poignet. Harry retint de justesse un cri d'horreur. Il se retourna pour découvrir le visage de son assaillant. Un homme proche de la cinquantaine, le regard noir, le nez crochu et, chose inquiétante, une longue robe noire touchant terre.

« Un travelo ? ne pu s'empêcher de penser l'écrivain. » Il se rendit compte que le fait de ne l'avoir que penser lui sauverait peut-être la vie.

- Alors ? demanda Pansy.

Draco Malfoy venait tout juste de laisser tomber sa fourchette. Il essuya sa bouche avec autant de snobisme que lui avait apprit sa mère et regarda sa petite Pansy Parkinson avec un air interrogateur.

- Alors quoi ?

Il avait haussé un sourcil et celui-ci formait maintenant un espèce de « v » à l'envers, une sorte de lettre grecque. Elle détestait ça. Il lui donnait l'impression d'être une casserole et qu'il regardait ses pâtes cramer douloureusement.

- Tu comptes faire quoi maintenant ?

Draco Malfoy n'était pas du genre à se laisser démoraliser. Mais il était forcé d'admettre qu'il avait de sérieuses difficultés à ne pas rompre un des nombreux câbles qui retenait sa raison. Il contenait son corps, irrésistiblement attiré par une solution simple et tranchante : la fenêtre et la pratique sportive de la chute libre… sans parachute forcément.

- Honnêtement ? Je ne sais pas… soupira-t-il.

Un elfe de maison vint reprendre son assiette vide et débarrassa le plancher fissa.

- Lucius m'a demandé de te conduire à lui dès que tu seras réveillé. Il avait l'air d'être sûr que tu n'étais pas « mort ».

C'est dans cette région là que sont enregistrés les plus grandes vagues du monde, si mes souvenirs sont bons. Imaginez-vous être dans un bateau et voir se dresser devant vous une lame de la hauteur d'un immeuble…

Chapitre un peu court, je sais…

J'ai finis mes exams depuis un bout de temps et je me disais qu'il était temps de me remettre à mes fics. En tout cas, je vous remercie vivement pour vos messages d'encouragement, beaucoup plus nombreux que pour les 3 derniers chapitres.

Je viens de bouleverser complètement les plans que j'avais faits pour cette fic. Mais bon, je vais m'en tirer ! Peut-être qu'elle sera un peu plus longue, c'est tout ! Enfin j'espère que ça va tenir la route…. OO

Gros bisous à : alinemcb54, verre emeraude (ben l'est pas mort ! ), Silmaril666 (C'est vrai que parfois je me demande où je vais chercher ces comparaison. Chuis vraiment ondulée de la toiture), Flore Jade, Onarluca (si tu lis ces lignes, tu as survécue !), lucy-hp (Je la finirais ces vacances avant la sortie du tome 6 en français, promis !), Vif d'or (Ben, j'ai du mal à conclure donc on verra pour le happy end ! ), jadeee (L'est pas mort alors je crois que tu peux arrêter les mences, lol), Amaryllis54