XXI La Page manquante :
Le tunnel de lumière disparaissait pour laisser place à une route qui longeait le bord de la forêt interdite. Au loin se dessinait le château de Poudlard, dressé fièrement au sommet de la falaise, dominant le lac sombre en cette matinée pourtant ensoleillée. Harry qui s'était attendu à ne revoir le château que le lendemain soir, trouvait son voyage en France plutôt bref.
Cependant en l'espace d'une matinée, il avait appris plus de choses qu'il n'aurait imaginé pouvoir découvrir en une semaine...
Nirvana Fallberg ne réduisit pas son allure en arrivant au portail du domaine, surplombé de deux sangliers ailés, Harry avait même l'impression que son impatience de voir Dumbledore le poussait à accélérer de plus belle. La voiture grimpa la pente douce qui menait aux marches du Grand Hall, en soulevant un nuage de poussière dans son sillage. Certains des élèves qui étaient dans le parc tournèrent la tête en entendant le bolide arriver en trombe au château. Deux Sorciers du C.I.A en uniforme descendirent les marches, légèrement intrigués, et s'approchèrent de la Transplanomobile.
-Inspecteur Nirvana Fallberg, annonça Fallberg en descendant de sa voiture, il leur montra un badge doré gravé d'un M violet, symbole du Ministère de la magie. Tout va bien, Messieurs ! Je dois m'entretenir avec le directeur...
Les deux gardes encore jeunes s'écartèrent de la route de l'inspecteur en les invitants à entrer. Harry hésita un instant, puis voyant Percy suivre Fallberg, il gravit les marches et en fit de même. A cette heure-ci, les flots d'élèves se dirigeaient vers la Grande Salle pour prendre leur repas, Harry croisa certains Gryffondor et faillit même renverser Cho Chang alors qu'il regardait Lara assise à table par l'entrebâillement de la porte. Son regard croisa celui de Cho et il la vit rougir avant de reprendre sa route. Etrangement, une impression indéfinissable s'empara de lui, l'espace d'un instant...
A la recherche de Dumbledore, l'inspecteur Fallberg marchait dans le sens contraire de la foule qui allait manger, provoquant les protestations de plusieurs élèves qu'il ignorait royalement. Harry et Percy restaient dans son sillage, et ils aperçurent bientôt le professeur Mcgonnagal, Mcclagan et Dumbledore qui marchaient le long d'un couloir adjacent.
Nirvana Fallberg s'extirpa de la foule d'élève et s'approcha d'un pas vif vers le directeur, Harry et Percy suivant ses pas. Les trois professeurs s'arrêtèrent brusquement en le voyant approcher et Dumbledore ne put cacher sa surprise à la vue de l'inspecteur.
-Inspecteur Fallberg, dit-il en jetant un coup d'œil à Harry par-dessus ses lunettes en forme de demi-lunes. Vous êtes déjà de retour... Mais... Quelque chose ne va pas ? Ajouta-t-il en fronçant un sourcil. Vous m'avez l'air... inquiet.
-Pardonnez-moi de vous déranger à l'heure du repas mais je dois impérativement m'entretenir avec vous, professeur Dumbledore, expliqua Nirvana Fallberg avec une détermination inébranlable. Cela concerne l'affaire PSM...
Le professeur Mcgonnagal et Mcclagan observèrent Dumbledore l'air perplexe et le regard bleu du vieil homme se mit à étinceler.
-Mon bureau est par ici, répondit simplement Dumbledore en tendant la main vers le bout du couloir. Vous ne voyez pas d'inconvénient à ce que Minerva et Wulfric nous accompagnent ?
-Aucun ! Assura Fallberg visiblement impatient de se rendre dans le bureau du directeur.
Harry se sentit tout à coup ridicule au milieu de tous ses adultes, il se demandait ce qu'il faisait là, on n'allait certainement pas l'inviter à les suivre...
-Harry Potter doit venir, lui aussi, ajouta Fallberg d'une voix ferme à la grande surprise de Harry. Nous avons fait une découverte et il pourra nous aider à éclaircir les choses...
Dumbledore ne semblait pas approuver l'idée de Fallberg et Harry défia le vieil homme du regard, comme pour prouver qu'il était en droit d'écouter ce qui allait se dire.
-Bien, allons-y tous, dans ce cas ! Finit par trancher Dumbledore, puis il s'avança dans le couloir suivit des autres.
Arrivé au pied de la statue du Phénix, Dumbledore s'éclaircit la voix et prononça le mot de passe :
-Gerbokoq !
La sculpture pivota et l'escalier en colimaçon qui menait au bureau s'éleva du sol. Dumbledore passa le premier, suivit de Mcclagan, Harry resta en retrait et préféra monter en dernier.
Dumbledore ouvrit l'imposante porte de son bureau d'un revers de la main, donnant accès à la magnifique pièce circulaire que Harry connaissait tant.
-Bien, commença Dumbledore lorsqu'ils furent tous entrés dans le bureau et que les portes se refermèrent. Je vous en prie, expliquez-moi ce qui vous est arrivé, Inspecteur !
-Je ne sais pas par où commencer, avoua Nirvana Fallberg alors que Dumbledore prenait place dans son fauteuil et invitait les autres à en faire de même – Harry jugea bon de rester debout comme Fallberg et Percy.
-Nous nous sommes rendu dans les Alpes ce matin, raconta l'inspecteur Fallberg qui commençait à faire les cent pas. Je devais inspecter le château des Vellana pour l'enquête PSM... Nous sommes donc allés dans ce château et nous y avons découvert une chambre secrète, qui appartenait sans nul doute au comte Vellana... Les Vellana étaient une grande Famille de Sorcier française qui s'est éteinte depuis sept siècles, le jour où les Vampires ont attaqué leur demeure... J'ai émis une théorie selon laquelle le comte Théodore Vellana avait découvert quelque chose représentant une menace pour Némésis... Ca expliquerait pourquoi les Vampires l'ont massacré plutôt que mordu...
J'en viens maintenant au contenu de la chambre.
Elle était piégée par un Crystonova, et visiblement inviolée depuis l'installation du piège... A l'intérieure nous avons trouvé l'arbre généalogique de la dynastie des Vellana... Et nous avons put voir, à notre grande surprise, qu'Eléonore Vellana, la fille du comte Théodore... est toujours vivante...
Ces mots planèrent quelques instants sur l'assemblée, le temps d'imprégner les esprits et d'être bien compris. Dumbledore ne bougea pas d'un cil, en revanche Mcgonnagal haussa un sourcil et Mcclagan croisa les bras avec une expression sceptique...
-Le nom d'Eléonore est gravé dans les murs du château, insista Fallberg en balayant les professeurs d'un regard convaincu. Son nom est le seul qui brille encore dans l'arbre généalogique ! Elle est en vie, l'arbre ne ment pas, c'est impossible, les arbres généalogiques comme celui-ci ne se trompent jamais ! Eléonore est née, il y a plus de sept siècles et elle est toujours parmi nous !
-Vous avez une hypothèse sur les raisons de sa longévité ? Demanda Dumbledore en croisant l'extrémité de ses doigts devant son menton.
-Il n'y a pas beaucoup d'explications possibles, déclara Fallberg en adressant un regard reconnaissant à Dumbledore qui semblait le croire. Un voyage temporel ou l'usage d'un élixir de longue vie ne sont pas exclus mais...
-Mais il est bien plus probable qu'Eléonore soit devenue une Vampire, termina Dumbledore d'une voix grave. C'est bien cela !
-Parfaitement, acquiesça Fallberg en hochant la tête. Mais écoutez cela : En fouillant la chambre du comte nous avons trouvé un socle destiné à accueillir un livre... Sans doute le livre où les notes du comte sont gardées, selon moi... Or le socle était vide ! Il n'y avait rien !
Et si la chambre est restée fermée depuis que le piège à été installé, alors quelqu'un l'a pris, il y a de cela sept siècles, et le livre est dans la nature, en considérant bien sur qu'il n'a pas été détruit…
-Vous avez une idée sur celui qui aurait emmené le livre ? Demanda Dumbledore avec patiente.
-J'en ai une en effet, avoua Fallberg sur un ton mystérieux. Imaginez qu'Eléonore ait pris le livre le soir de l'attaque des Vampires…
-Cela signifierait que les Vampires ont réussit à s'en emparer ! Fit remarquer Dumbledore qui semblait être d'un autre avis. Si Eléonore s'est fait mordre, elle aura révélé l'emplacement du livre sous l'emprise de Némésis…
-Alors quelqu'un d'autre aurait le livre ? Mais qui ? Demanda Fallberg l'air perplexe. Les autres Vellana sont morts, et à moins que le comte ait confié son livre à quelqu'un avant l'attaque, je ne vois pas qui, à part Némésis, pourrait le posséder…
-Et qu'y aurait-il de si important dans ce livre ? Demanda le professeur Mcclagan sur un ton qui montrait sa réticence vis-à-vis des hypothèses de Fallberg. J'avoue que le rapport entre le Prince et les Vellana m'échappe…
-Les Vellana avaient découvert quelque chose, j'ignore quoi, une arme peut-être, qui menaçait Némésis ! Expliqua Fallberg en insistant et sa voix devenait de plus en plus forte et déterminée au fil de ses paroles. L'attaque du Poudlard Express nous a prouvé que les Vampires ne revenaient en Angleterre que pour une seule chose : trouver le Prince au Sang-mêlé ! Pourquoi ? Par ce qu'il est une menace pour eux ! Souvenez-vous de la légende sur la tombe : « Son pouvoir dépasse celui de quiconque ! » Y compris celui de Némésis !
Je pense que les Vellana avaient compris que le Prince pouvait être une arme ! Peut-être même savaient-ils qui il était ! Le comte mentionne peut-être même son nom dans le livre qui a disparut...
-Si c'est le cas, et si Némésis a le livre, alors il connaît le nom du Prince au Sang-mêlé ! Lança Mcclagan qui ne semblait pas convaincu. Tous ce que vous nous dites nous amène à croire que nous avons du retard par rapport à notre ennemi...
-Pardonnez-moi de ne pas être assez clair, Mr Mcclagan, mais l'affaire PSM est un véritable labyrinthe dans lequel il m'est assez difficile de trouver la sortie ! Déclara sèchement l'inspecteur Fallberg en défiant Mcclagan du regard. Il est évident que quelqu'un cherche à brouiller les pistes, et c'est donc normal si la plupart de nos théories ne tiennent pas la route. Toutes les hypothèses sont bonnes à prendre car nous n'avons pas assez d'éléments pour savoir la vérité... Je suis chargé de cette affaire et j'ai le sentiment que cette histoire est d'une importance cruciale dans la deuxième guerre !
-Excusez-moi de ne pas partager votre conviction en l'authenticité de cette légende ! Rétorqua Mcclagan qui avait perdu son expression de séducteur. Il est parfaitement possible que toute cette histoire ne soit qu'un canular visant à nous tromper ! Professeur Dumbledore, et si tout cela n'était qu'une mise une scène pour que nous cherchions au mauvais endroit... Nous perdons notre temps à chercher un Prince qui à l'évidence n'existe pas plus que le Ronflac Cornu alors que nous devrions nous investir dans le combat contre Lord Voldemort !
-Allons, professeur Mcclagan, dit paisiblement Dumbledore en se levant. Peut-être ne partagez-vous pas le point de vue de Mr Fallberg, mais nous ne pouvons pas jouer les aveugles et ignorer cette affaire alors que la plupart des événements se rapportent au Prince et à sa légende...
-Il y a eu l'attaque du train en septembre, puis la légende sur la tombe la veille d'Halloween et on a retrouvé un Vampire dans le cimetière quelques jours après, expliqua Nirvana Fallberg qui voulait à tout prix être entendu. Vous oubliez aussi que des centaines de livres contenant la légende se sont volatilisés au début de l'année scolaire...
-L'Assemblée des Druides suppose que quelqu'un de très haut placé joue aux échecs avec nous, déclara Dumbledore et Fallberg fit une grimace en entendant parlé des Druides. Nous ignorons qui est cette personne, mais il semble qu'elle ait tous les livres en sa possession et qu'elle en sache bien plus que nous sur le Prince au Sang-mêlé...
-Professeur, peut-être que c'est cette personne qui a le grimoire des Vellana ! S'écria Nirvana Fallberg qui semblait faire un pas de plus vers la sortie du dédale.
-Ce n'est pas impossible, en effet, avoua Dumbledore qui devenait pensif. Mais pourquoi diable cache-t-il ces livres ? Quelles sont donc ses motivations ?
-Cette personne craint peut-être que l'information sur le Prince tombe entre de mauvaises mains, supposa Nirvana Fallberg en regardant dans le vide.
-Ou alors l'inverse, elle préfère que les livres soient remis à nos ennemis et que nous restions dans l'ignorance au sujet du Prince, rétorqua Dumbledore d'un ton grave. Il est possible que ce soit Voldemort l'auteur de ces vols, il a largement les moyens d'infiltrer toutes les Bibliothèques de Grande Bretagne...
Un silence pesant s'installa dans le bureau alors que Nirvana Fallberg hochait la tête en silence. Harry sentait l'atmosphère devenir insupportable avec les portraits des tableaux qui lui lançaient des regards en coin et Dumbledore qui semblait plongé dans un abysse de pensées plus troubles les unes que les autres.
-A moins que... Commença le professeur Mcgonnagal à la grande surprise de tout le monde. A moins qu'il ne reste un endroit où le vol n'ait pas eut lieux...
-A quel endroit pensez-vous, Minerva ? Demanda Dumbledore avec un semblant d'impatiente, il était visiblement aussi avide que les autres d'en apprendre plus.
-Elle pense à la seule bibliothèque où le Seigneur des Ténèbres n'osera jamais mettre les pieds... Trancha Nirvana Fallberg avec une lueur de victoire dans les yeux. Elle pense à Votre Bibliothèque, Dumbledore...
Tous les regards se tournèrent alors vers Mcgonnagal qui hochait la tête avec un sourire fière au coin des lèvres. Puis, avec un grand calme, Dumbledore dit alors ce que tout le monde voulait entendre :
-Messieurs dames, je vous propose de nous excuser auprès de ces chers anciens directeurs de Poudlard et de nous précipiter comme des petits fous à la bibliothèque !
Dumbledore entra le premier dans la bibliothèque et, cette fois, Harry n'était pas resté en retrait, il ne voulait rater ce moment pour rien au monde. Dès qu'elle les vit tous arriver, Madame Pince, la bibliothécaire, sortit de derrière son bureau et adressa un petit sourire à Dumbledore, un sourire que les élèves ne lui connaissaient pas.
-Puis-je faire quelque chose pour vous, Albus ? Demanda-t-elle en croisant les mains devant sa robe.
-En effet, Irma ! Affirma Dumbledore d'un ton courtois que l'inspecteur Fallberg ne semblait pas approuver. Nous voudrions savoir si vous possédez…
Personne ne semblait avoir pensé à retenir les noms des livres qui avaient disparus. Il y eut un court silence puis Percy sortit un classeur de son sac.
-Alors, alors… Commença-t-il en s'attirant le regard perplexe des autres. Où est ce satané article... Ah, le voilà !
Il retira d'une pochette de cuire un bout de parchemin miteux que tout le monde observa comme s'il s'agissait d'un trésor.
-Les livres que nous recherchons étaient dans l'article de Rita Skeeter… Ajouta Percy en lisant le bout de parchemin. Alors il nous faudrait… Légendes du Millenium, d'Alfonso Bouarek…
-Jamais entendu parlé, avoua Madame Pince en regardant Percy d'un air dédaigneux.
-Euh… Peut-être avez-vous… Contes Avérés des siècles passés, des frères Elètchkof ?
-Hum, fit Madame Pince l'air pensif, et tout le monde restait pendu à ses lèvres en l'attente d'une réponse. Non, dit-elle simplement et Nirvana Fallberg poussa un long soupir désespéré.
-On aura sans doute plus de chance avec… Euh… Les Lignées Sacrées, de Rowena Serdaigle ! Demanda Percy en levant la tête de l'article.
Les regards se tournèrent vers Madame Pince comme si ce qu'elle allait dire allait changer le court de l'histoire.
Bien sur que nous l'avons ! S'écria-t-elle comme si c'était évident. Rowena était une des fondatrices de Poudlard, tout de même !
Ses paroles firent naître des sourires éclatants sur les visages de Nirvana Fallberg et de Dumbledore. Harry avait la certitude que les autres étaient aussi surexcités que lui à l'idée de découvrir ce que contenait le livre.
-Pourrions nous le voir, s'il vous plait, Madame! Demanda Nirvana Fallberg d'une voix tremblante et suraiguë, il semblait ne pas pouvoir supporter plus d'attente.
-Suivez-moi, il est dans la réserve, dit Madame Pince en sortant un trousseau de clés de sa poche.
Contenant leur impatiente, ils s'avancèrent derrière la bibliothécaire vers la grille de la réserve. Harry pouvait voir le sourire de Fallberg éclater et le regard de Dumbledore étinceler. Peut-être allaient-ils enfin découvrir l'identité du Prince au Sang-mêlé…
Madame Pince tourna la clé et la grille pivota, ouvrant l'accès à la source de connaissance la plus convoitée par Hermione : La Réserve.
Les Professeurs, Harry, Percy et l'inspecteur Fallberg durent presque se bousculer pour passer la grille, l'impatiente les avait rendus puéril au point de vouloir se battre pour se jeter le premier sur le livre.
Madame Pince ne semblait pas saisir pourquoi une telle excitation les animait, elle se contenta de chercher très calmement l'ouvrage dans l'étagère à sa droite sous les regards avides des autres.
-Alors, alors, dit-elle en regardant les titres des livres. Le Couloir du Savoir, de Radius Luminus… les 12 Sorciers d'Amérique, de Dorge Bush…. La Sphère du Destin, de Sabin Damizet… Qu'est ce qu'il fait ici, celui- là ?
-Irma ! Insista Dumbledore. Le livre…
-Oui et bien… Ajouta Madame Pince en reposant « La Sphère du Destin » Le livre de Rowena doit être plus haut…
Les regards se posèrent instantanément sur le rang au-dessus et Nirvana Fallberg poussa un cri de victoire en se jetant sur un livre aux bordures jaunes qu'il retira prudemment de l'étagère.
-Je l'ai ! S'écria-t-il en brandissant le livre comme s'il s'agissait du flambeau des jeux Olympiques.
-Ouvrez-le ! Gémit le professeur Mcgonnagal dont la respiration saccadée redoublait d'intensité.
Tout le monde observa Fallberg poser le précieux livre sur la table à côté de l'étagère puis ils vinrent s'agglutiner autour de lui, chacun essayant d'avoir la meilleure place.
Le titre flamboyant semblait être une réponse à toute les mystères entourant le Prince : « Les Lignées Sacrées »
Harry sentait son cœur battre intensément, comme s'il s'apprêtait à découvrir un secret enfoui depuis des siècles qui viendrait bouleverser la Deuxième Guerre.
-Et dire que les réponses étaient sous notre nez, déclara Dumbledore d'un ton amusé.
Fallberg prit une profonde inspiration et ouvrit doucement le livre d'une autre époque.
Au fil des pages, la tension se faisait de plus en plus forte. Les premières, blanches laissèrent place à une écriture soignée qui visiblement appartenait à l'une des fondatrices de Poudlard : Rowena Serdaigle.
-Passons aux choses sérieuses, proposa Fallberg en accélérant le rythme et en cherchant hâtivement la mention du Prince au Sang-mêlé à chaque nouvelle page. Alors…« Sang Raal, les sangs royaux », « Les Mérovingiens »… Prince, Prince, où es-tu ?... « Lignées d'Angleterre » … Allez, montre-toi…
-Un jour mon Prince viendra ! Chantonna Dumbledore avec un petit rire, seulement Fallberg ne trouvait apparemment pas que le moment était propice à la mise en place d'une chorale.
L'inspecteur tourna la page. Et, comme au ralentit, les regards se reposèrent sur le livre, Harry eut alors un haut-le-cœur.
-Il est là… Murmura-t-il d'une voix suraiguë.
Brillant de lettres bleues, s'étalant sur la double page, le titre s'offrit à leurs yeux : « Le Prince au Sang-mêlé »
Toutes sortes d'icônes et de dessins décoraient le texte qui scintillait d'une couleur dorée. Un lourd silence s'installa pendant un instant, comme si personne ne croyait que le livre pouvait être réel puis la voix de Dumbledore retentit :
-« Le Prince au Sang-mêlé : l'héritier des deux Maîtres.
Un enfant viendra, il naîtra de l'union de deux des descendants et cet enfant possédera un pouvoir qui n'a d'égal dans ce bas monde. Il arrivera un jour, mais je ne serrais plus là pour le voir. Pourtant j'aimerais savoir quel camp il choisira. Car il devra choisir…
Ses Ancêtres lui ont légué leur pouvoir, et pour l'avoir vu de mes propres yeux se déchaîner, j'espère que le Prince au Sang-mêlé fera le bon choix. Qui sait quels stratagèmes utiliseront les plus avides de pouvoir pour manipuler le Prince et ainsi acquérir ses capacités ? Malheureusement je reste impuissante devant cette menace car le Prince naîtra dans une autre époque, c'est pourquoi je laisse une trace écrite, pour prévenir…
Les Ancêtres sont morts, depuis peu, et j'ai perdu plus d'un ami le jour où la fureur du traître a grondé. Le jour où Poudlard a sombré. Le jour où Salazar Serpentard a changé de camp.
Lui et Godric étaient comme des frères, ils s'aimaient comme j'aimais Helga avant qu'elle ne nous quitte. Ils étaient les véritables Maîtres de Poudlard, ils étaient sages, et savaient ce qui était bon pour l'école. Mais ils étaient différents…
Salazar devenait plus distant, plus arrogant, plus agressif, de jour en jour. Que pouvions-nous faire ? Seul Godric avait le pouvoir de le contrôler. Mais il n'en fit rien. Il n'allait pas se dresser contre son ami.
Pourtant, si lui ne l'a pas fait, Salazar n'a pas hésité…
Plus de sept mois me séparent de leur disparition. Tout a basculé depuis. L'école ne reverra sans doute jamais le jour, à moins que quelqu'un de vraiment sage ne s'en occupe. La communauté des Sorciers est divisée et beaucoup se sont caché… Comme moi… En l'attente de jours meilleurs.
Le Prince au Sang-mêlé est à la fois un espoir, et une menace. L'espoir de le voir suivre le chemin de Godric Gryffondor, et ainsi instaurer la paix… Ou la menace de le voir répéter les erreurs de Salazar Serpentard, et d'utiliser son pouvoir pour transformer le monde en une terre de chaos…
Tel est le Règne des Ancêtres. Il se résume à un choix. Le choix entre deux voies. Si éloignées l'une de l'autre.
Le Prince au Sang-mêlé naîtra de l'union des descendants de Godric Gryffondor et de Salazar Serpentard.
Mon seul espoir est que les traits de la Lingua Serpentina ne se reflètent pas en lui.
Car il aura le courage du Lion, l'ambition du Serpent mais aussi un héritage bien plus grand. Un héritage qui franchit les limites de l'imagination.
En tant que témoin de ce pouvoir, je vous mets en garde. Le Prince naîtra, il grandira et découvrira son pouvoir. Et quelqu'un devra lui montrer la voie à suivre.
Si vous ne voulez pas voir le Règne du chaos s'abattre sur le monde, si vous voulez que le Règne de la paix soit maître, alors je vous acquitte d'une mission.
Le temps de la guerre des héritiers viendra. Les descendants de Serpentard feront tout pour détruire les enfants de Gryffondor. Car ils obtiendront ainsi l'assurance d'être les seuls à pouvoir influencer le Prince.
Les héritiers de Gryffondors doivent survivre. Tout le reste en dépend.
Ils doivent l'emporter sur les descendants de Serpentard, c'est notre seul espoir.
Alors si la guerre à éclaté, si vous êtes témoins du combat acharné des héritiers, vous êtes chargé d'accomplir cette tâche : je vous demande de mettre tout ce qui est en votre pouvoir pour protéger l'héritier de Gryffondor, et de faire en sorte que le Prince au Sang-mêlé ne sombre pas dans le gouffre creusé par Salazar Serpentard.
N'échouez pas ! Ou le monde ne se relèverait pas...
Le pouvoir du Prince ne doit pas tomber en de mauvaises mains. Il est le seul maître de son pouvoir, mais son esprit pourrait être embrumé par le vice, les plus ambitieux pourrait le pervertir et le convertir à leur cause...
Et cette idée est inconcevable. Le Prince au Sang-mêlé suivra la voie de Godric Gryffondor... Ou vous devrez le tuer."
La voix sombre de Dumbledore s'évanouit et le silence se fit maître absolu dans la bibliothèque. Les quelques lignes qu'ils venaient de lire pesaient à présent sur les esprits comme un nouveau fardeau. Ils venaient de recevoir une mission, une demande qui avait traversé plus de 1000 ans, une demande d'une des fondatrices de Poudlard, une demande qu'ils ne pouvaient pas refuser. Harry était ailleurs, il entendait la respiration saccadée du professeur Mcgonnagal, il voyait le visage grave de Dumbledore penché sur le livre, il sentait l'atmosphère tendue qui régnait mais ses pensées venaient de plonger dans un océan d'images et de souvenirs enfouis depuis trop longtemps.
La "Lingua Serpentina", ainsi appelait-on Salazar Serpentard. La langue de Serpent... Le fourchelangue...
-Seigneur... Murmura Nirvana Fallberg d'une voix saturée comme si ce qu'il réalisait le submergeait au point de lui couper le souffle. L'histoire du Prince au Sang-mêlé remonte à la création de Poudlard... Il y a déjà plus de 1000 ans que sa légende est écrite... Les fondateurs savaient avant nous ce à quoi il était destiné...
-Le Prince est l'héritier des deux plus grands Sorciers de leur époque, répéta le professeur Mcgonnagal à mi-voix. Je comprends mieux la notion de sang-mêlé : c'est le mélange du sang de Gryffondor et de celui de Serpentard...
-Et le Règne des Ancêtres appartient à notre époque, fit remarquer l'inspecteur Fallberg d'une voix plus claire, appelant les autres à ouvrir les yeux. La deuxième guerre est le théâtre du combat des héritiers ! Le Prince au Sang-mêlé dispose du pouvoir de détruire nos ennemis ! N'est ce pas, professeur Dumbledore ? Il est celui qui pourra ramener la paix !
-Ou instaurer le Règne du chaos, rétorqua Dumbledore d'une voix tranchante. Tout dépend de son choix...
-Mais... Tout cela est donc vrai ? Demanda le professeur Mcgonnagal d'une voix tremblante en lui lançant un regard implorant. Le Prince existe vraiment ?
-Hélas ! La guerre est une réalité, Minerva, déplora Dumbledore en hochant tristement la tête. Et tous les indices mènent à une même conclusion : le Prince est parmi nous... Et d'après ce qu'a écrit Rowena Serdaigle... Il peut tout aussi bien être un espoir ou une menace...
Le professeur Mcgonnagal plaque sa main contre sa bouche, le visage pâle. Mcclagan qui s'était montré sceptique jusqu'alors, ne pouvait pas rester de marbre devant ces révélations, et il affichait à présent une expression grave, reflétant sa prise de conscience.
-Mais... Professeur, quel pouvoir peut bien détenir le Prince au Sang-mêlé ? Demanda Harry qui ne tenait plus, s'attirant ainsi les regards perçants des autres.
Dumbledore resta immobile un instant comme s'il se demandait s'il était prudent ou non de répondre à Harry. Puis reportant son regard sur le livre il avoua à mi-voix :
-C'est une bonne question, Harry ! Nous savons que son pouvoir est destructeur et qu'il dépasse celui de quiconque mais nous ignorons sa nature exacte...
-Peut-être le livre en parle-t-il ? Suggéra le professeur Mcgonnagal en s'avançant vers l'ouvrage avec une pointe d'excitation dans la voix. Tournez-la page, Albus.
Ils vinrent tous se coller à nouveau à la table où était posé le livre jaune, même Madame Pince qui n'avait pas perdu une seule miette de leur conversation vint les rejoindre. Harry regarda Dumbledore faire glisser ses longs doigts sur le papier miteux, puis en saisir doucement l'extrémité pour tourner la page avec précaution. Tous retinrent leur souffle et leurs regards se posèrent sur les nouvelles inscriptions...
La page de gauche était recouverte d'une fresque représentant un immense serpent qui s'insinuait aux pieds d'un lion à fier allure. La page de droite représentait un nouveau chapitre des "Lignées Sacrées" intitulé "Les Rois de France". Et entre les deux, un infime morceau de parchemin déchiré longeait la rainure du livre, témoin de la disparition d'une des pages... Sans doute la plus importante...
-NOOON ! S'écria l'inspecteur Fallberg en se prenant la tête entre les mains. Non ! Dites-moi que je rêve !
-Quel est le MONSTRE qui a osé saccagé un ouvrage aussi précieux ! S'indigna Madame Pince d'un ton outré. Un trésor de Poudlard ! Qui ? Qui a put...
-Je crains qu'il s'agisse d'un vol, Irma, déplora Dumbledore à mi-voix. Et l'auteur ne veut pas que l'on découvre le pouvoir du Prince...
-Mais comment est-ce possible, Albus ! Demanda le professeur Mcgonnagal en observant le livre, horrifiée. Vous-savez-qui n'aurait pas put...
-Lui, non, avoua Dumbledore et Harry pensait comprendre où il voulait en venir. Mais un de ses partisans n'aurait aucun problème à s'introduire ici... Du moment qu'il n'est pas connu de nos services...
-Un Mangemort ! Demanda Fallberg à bout de nerf. Avec la sécurité dont dispose l'école...
-Je pensais plutôt à un espion, inspecteur, rectifia Dumbledore d'une voix grave qui dissimulait une pointe de fureur. Un espion de Voldemort est dans nos murs...
-Comment savoir qui il est ? Demanda le professeur Mcclagan qui semblait perdu. Vous êtes sur qu'il est toujours à Poudlard ?
-Nous le saurons assez tôt ! Assura Dumbledore en refermant le livre de Rowena Serdaigle avec un regard déterminé. Irma, je veux que vous me dressiez une liste de tous ceux qui ont pénétré dans la réserve, ou qui y ont demandé l'accès !
-Bien, Monsieur le directeur, dit Madame Pince en se précipitant vers son bureau pour fouiller ses tableaux.
-Minerva, je vous charge de prévenir les autres professeurs avec le plus de discrétion possible, déclara Dumbledore en se tournant vers elle. Attendez le moment propice.
-Entendu, Albus, acquiesça le professeur Mcgonnagal d'une voix ferme.
-Inspecteur Fallberg, il est fort probable que les membres du C.I.A et les autres agents du Ministère ont été infiltrés, expliqua Dumbledore en lançant un regard grave à Fallberg. Je compte sur votre discrétion !
-Vous ne serez pas déçu, Monsieur le Directeur ! Assura Nirvana Fallberg avec un hochement de tête.
-L'espion ne doit pas savoir que nous avons découvert son existence, déclara Dumbledore d'une voix ferme. C'est en le laissant agir dans l'ombre et en surveillant les faux mouvements de chacun que nous le démasquerons...
Harry sentait son cœur battre à tout rompre, la gorge nouée, et un sentiment d'insécurité l'envahissait. Un espion de Voldemort s'était introduit à Poudlard, il faisait même peut-être partie des membres du C.I.A...
-Harry, je te demande de ne parler de cela à personne, chuchota Dumbledore en se penchant vers lui. La tâche nous sera plus simple si nous restons les seuls à savoir qu'un traître est parmi nous...
Harry acquiesça en silence, il déglutit avec difficulté et regarda le vieil homme prendre "Les Lignées Sacrées" sous son bras.
-Irma, appela-t-il. Vous ne voyez pas d'inconvénient à ce que le livre soit gardé en sûreté dans mon bureau ?
Madame Pince hocha la tête et Harry suivit Dumbledore qui s'avançait vers la sortie, accompagné des deux autres professeurs. Arrivé à la porte de la bibliothèque, Harry s'arrêta et regarda les professeurs disparaître derrière le couloir à sa droite.
-Toute cette histoire finira bien par révéler ses secrets, inspecteur, assura Percy qui arrivait derrière Harry, accompagné de Nirvana Fallberg.
-Oui, je le pense aussi, seulement ce jour sera-t-il celui du Règne de la paix ou du chaos ? Se demanda Fallberg en regardant tristement le sol dallé du couloir. Au revoir, Harry. Je pense que nos chemins se croiseront à nouveau...
-Ravit d'avoir enquêté à vos côtés, inspecteur, assura Harry en lui adressant un sourire. A bientôt, Percy.
Puis il les regarda s'éloigné et disparaître à leur tour. Un sentiment de solitude s'insinua en lui alors qu'il restait planté au milieu du couloir.
"Je ne suis pas seul" se dit-il en avançant vers la Grande Salle, les images de Lara et de Sirius imprégnant son esprit.
Le lendemain matin, Harry était assis aux côtés de Lara, adossé au tronc d'un arbre du parc. Lara avait tenu à ce qu'il lui raconte son court voyage en France, mais elle semblait plus intéressée par le paysage de la Normandie que par les Druides et l'enquête.
-... Et comme je l'ai dit hier, à toi, Ron et Hermione, il y avait une page déchirée dans le livre, termina Harry en regardant Lara allongée à côté de lui.
-Toute cette histoire est un peu trop compliquée à mon goût, avoua Lara avec un soupir en regardant les branches de l'arbre s'animer au rythme du vent. Je préfère penser au match de samedi prochain, ajouta-t-elle en se redressant et en accordant un sourire à Harry. Les Pouffsouffle ne sont pas trop minables, j'espère ! Je n'aimerais pas que l'on gagne trop facilement...
-Méfies-toi d'eux ! Conseilla Harry en lui rendant son sourire. Si tu dis ça pour échapper à l'entraînement de cet après-midi, tu te mets le doigt dans l'œil !
-Mais, on a déjà passé la journée de samedi dernier à s'entraîner au stade ! S'indigna Lara en faisant la moue. On est prêt pour...
-Tu viendras comme tout le monde, c'est un ordre ! Dit fermement Harry en feignant le sérieux.
Lara l'observa un instant, puis, les yeux scintillants, elle éclata d'un rire cristallin.
-Entendu, mon Capitaine ! S'exclama-t-elle en se mettant au garde à vous. Maintenant si monsieur le comte Potter et son grimoire mystérieux me suivaient jusqu'à la Grande Salle pour rejoindre ses amis préférés ! Ajouta-t-elle en tirant Harry par le bras.
Il essaya de se relever mais Lara le lâcha brutalement, le laissant tomber sur l'herbe humide en se pliant de rire.
-Ca t'apprendra à jouer les chefs ! Lança-t-elle en le laissant par terre.
Harry la regarda se précipiter vers le château en éclatant de rire puis se leva et regagna à son tour la Grande Salle, le cœur léger.
Il vint retrouver Hermione et Ron à table et s'assit en face de Lara qui faisait l'innocente.
-Pourquoi est ce que tu me dévisages ? Demanda-t-elle avec malice.
-Oh, pour rien ! Assura Harry en croquant un toast.
Un son familier provenant du plafond retentit et des hordes de hiboux et de chouettes envahirent la grande salle dans une tornade d'ailes virevoltantes. Un hibou vint se poser dans le plat de toast devant Hermione. Il tenait à sa patte un exemplaire du 'Sorcier du dimanche'. Hermione détacha le journal et versa la monnaie dans la petite bourse de l'oiseau qui fila aussi sec.
-Alors voyons ce qu'il y a de nouveau ces jours-ci ! Dit-elle en dépliant le journal qui vint tremper dans le bol de Lara.
-Ne te gêne pas surtout ! Lança-t-elle avec un petit rire nerveux.
-Regardez-ça ! S'écria Hermione en pointant son doigt sur la une.
Harry et Ron posèrent leurs yeux sur le journal et écoutèrent Hermione commencer la lecture.
-« Explosion dans les Alpes :
C'est dans une vallée des Alpes françaises qu'un château a été soufflé par une explosion d'une violence dévastatrice. La résidence ayant jadis appartenue à une noble famille de Sorcier n'est plus qu'un champ de ruine. Les origines de l'explosion restent encore indéterminées mais nous avons appris qu'un inspecteur du Ministère s'était rendu sur place, hier dans la matinée, pour mener une enquête dans la demeure. Mrs Amelia Bones s'est gardée de tout commentaire et personne ne semble disposer à nous révéler la vérité. Une rumeur court selon laquelle des agents du Ministère chargés de sécuriser le château auraient été tués lors de l'explosion qui était sans nul doute d'origine magique… »
Harry resta de marbre, complètement horrifié à la vue du tas de roche fumant qui s'animait sur la photo en première page.
-« Le Gouvernement Sorcier Français a dut tenir à l'écart les autorités Moldus et un représentant est venu à Londres pour rencontrer notre Ministre de la Magie et réussir à éclaircir cette affaire, poursuivit Hermione d'une voix brisée. Les premières hypothèses se rapportent à Celui-Dont-On-Ne-Doit-Pas-Prononcer-Le-Nom et à ses Mangemorts mais la raison pour laquelle ils auraient été poussés à attaquer ce vieux château restent mystérieuses. Peut-être le Ministère se décidera-t-il à révéler bientôt à la presse les conditions du drame… »
-Tu as eu chaud, mon vieux ! Déclara Ron avec un soupir.
-Ron, comment peux-tu plaisanter d'une telle chose ? S'indigna Hermione en lui lançant un regard noir. Harry aurait très bien put être là lors de l'explosion ! Imagine s'il était resté jusqu'au soir pour l'enquête !
-Harry, ça va ? S'inquiéta Lara en le voyant tétanisé.
-Oui… Oui, ça va, assura Harry pris de court. C'est juste que… C'est brutal comme nouvelle…
-C'est bien le château des Vellana, fit remarquer Hermione. Pourtant à aucun moment l'article ne mentionne le nom…
-Ils manquent d'information, le Ministère ne va pas crier sur tous les toits ce qu'à découvert l'inspecteur, dit Lara en sondant la première page du journal, l'air pensive.
-Comment Vous-savez-qui a put savoir que le château contenait des indices sur le Prince ? Demanda Ron en fronçant les sourcils.
-Vous… Vous ne pensez pas que l'espion a put être informé pour l'enquête au château ? Demanda Hermione paniquée. Et s'il savait pour Eleonore et le grimoire !
-Moins fort, Hermione ! Siffla Ron entre ses dents. Qu'est ce qu'il te dit que l'espion n'est pas ici ?
Hermione rougit l'espace d'un instant et regarda a chaque recoin de la salle, complètement alarmée, comme si elle s'attendait à voir un Mangemort arriver de nul part.
-Quand même ! Je trouve étonnant que Dumbledore soupçonne les membres du Commando d'Intervention Aérienne… Chuchota Hermione, un sourcil froncé.
-Au contraire ! Rétorqua Lara dans un murmure. Ca expliquerait comment Voldemort a su pour l'inspection au château des Vellana ! Soit par le biais du Ministère, soit en vous surveillant, toi et l'inspecteur…
-L'espion saurait pour la visite de Dumbledore à l'Assemblée des Druides ? S'étonna Harry en interrogeant Lara du regard.
-Peut-être… Mais ce n'est pas un secret bien important, n'est ce pas ? Demanda Hermione perplexe. Tu as appris des choses importantes là bas ?
-Plutôt ! Répondit Harry en insistant. Je ne vous ai pas parlé de ce que les Druides ont raconté… C'est le genre de choses qui ne doivent pas tomber dans l'oreille des Mangemorts…
-Quoi par exemple ? Demanda Ron avec curiosité.
-Le moment est mal choisi pour parler de ça, dit sévèrement Hermione. Harry, tu nous raconteras ça ce soir en salle commune, d'accord ?
Harry acquiesça, il n'était en effet pas très prudent de parler des Druides en présence de la moitié de l'école.
La semaine qui suivit se montra plus éprouvante que prévue. Harry avait raconté à Lara, Ron et Hermione ce qu'avaient révélé les Druides mais il s'était abstint de tout commentaire sur le Voile de la mort et le retour de Patmol. Il ne voulait pas se faire de faux espoirs, le doute continuait à dominer ses pensées concernant Sirius. Mais son cœur lui donnait l'assurance qu'il le reverrait un jour, une flamme s'était allumée au plus profond de lui, comme une promesse, celle de revoir un jour son parrain.
Des choses plus grave le préoccupaient : depuis qu'ils avaient appris l'existence de l'espion de Poudlard, Harry, Lara, Ron et Hermione ne cessaient d'observer les moindres faits et gestes de tous ceux qu'ils pouvaient surveiller, principalement les hommes du C.I.A qui circulaient dans les couloirs quand ils ne gardaient pas les entrées du château.
Seulement leur petite enquête personnelle n'aboutissait à rien. Tout semblait aller pour le mieux à Poudlard, aussi bien pour les élèves que pour les agents, il était même difficile de croire qu'une guerre avait éclaté quelques mois plus-tôt…
Harry n'avait aucun répit entre les cours, les devoirs et les entraînements. Le temps restant, il le passait avec Lara. Seulement il aurait aimé s'accorder un moment de solitude, à l'abri des regards, pour se plonger dans l'Orbevia et essayer d'y voir clair dans l'affaire PSM, comme l'appelait Nirvana Fallberg. Même si cette histoire lui tenait à cœur, pour une raison inconnue d'ailleurs, il préférait savourer le quotidien à l'école car il ne voulait pas perdre une seule seconde passée aux côtés de Lara…
Le jour que Harry redoutait le plus arrivait : le jeudi. Il allait devoir une fois de plus se rendre à l'Association de Défense et supporter la présence de Lupin. Depuis qu'il avait découvert la lettre qu'il avait écrite à sa mère, il s'était toujours tenu le plus loin possible du Loup-Garou. Le sentiment de trahison qu'il ressentait le poussait même à penser que Lupin pouvait être l'espion de Voldemort. Il savait au fond de lui que c'était impossible mais il n'arrivait pas à évacuer sa rancœur.
-Vous vous débrouillez très bien, Miss Vandella, assura Lupin qui s'était approché de leur groupe.
Lara était en train de lancer un sortilège de désillusion sur Harry, c'était l'exercice du jour. Hermione avait réussit à faire disparaître Ron, plus-tôt dans la séance, et il s'était amuser à aller bousculer les élèves de Serpentard qui essayaient de faire leurs exercices. Malheureusement pour lui, le général Palpadius l'avait attrapé et désenchanté. Ron l'avait suivit hors de la salle, et il n'était toujours pas revenu.
Lorsque Harry entendit la voix de Lupin derrière lui, il se raidit et sentit sa mâchoire se resserrer. Il essaya d'apparaître le plus naturel possible avant de se rappeler qu'il était pratiquement invisible.
-Merci, professeur ! Dit Lara en contemplant le Harry-Caméléon. Il n'est pas aussi bien réussit que celui d'Hermione mais il n'est pas mal !
-Ca va, Harry ? Demanda Lupin avec un sourire bienveillant, ce qui eut pour effet de resserrer encore plus sa mâchoire.
-Oui… Ca va, assura Harry d'une voix sans chaleur.
-J'aimerais que tu passes me voir dans mon bureau quand tu auras du temps libre, déclara Lupin et Harry sentit son estomac se tordre dans tous les sens. Nous n'avons pas eut beaucoup l'occasion de nous parler depuis que je suis à l'école…
-Je… Je ne sais pas, répondit Harry d'une voix grave. Je ne sais pas si je pourrai… J'ai beaucoup de travail ces temps-ci…
Lupin haussa les sourcils, l'air sceptique, et Lara le regarda sans comprendre mais – Harry lui en était reconnaissant – elle ne posa pas de question.
-Tu es sur ? Demanda Lupin d'une voix douce qui fit monter une bouffée de colère à la gorge de Harry. Essaye de passer, tout de même… Cinq minutes suffiraient…
-Je ne crois pas que ce sera possible, lança Harry qui posait n'osait pas croiser le regard de Lupin. Désolé.
Le silence se fit maître, puis, alors que Ron revenait dans la Grande Salle, Lupin se redressa et lança un regard perplexe à Harry.
-Bon, alors je vous laisse continuer, déclara-t-il, les sourcils froncés puis il s'éloigna vers un autre groupe.
-Le vieux Palpadius à vraiment une phobie des jeunes ! Souffla Ron en se massant l'épaule par lequel le Général l'avait tiré hors de la salle. Il m'a fait la morale mais j'étais tellement horrifié par son regard de psychopathe que je n'ai pas retenu un mot de ce qu'il m'a dit…
La séance prit fin et les élèves se massèrent devant les portes de la Grande Salle pour regagner leur salle commune. Harry perdit Lara et les autres dans la foule et se retrouva à marcher à côté de Ginny et Dean Thomas. Il préféra ne pas leur adresser la parole car ils avaient l'air très occupés et il ralentit le rythme pour les laisser passer devant. Arrivé au palier du premier étage une voix familière l'appela, une voix qu'il espérait ne plus avoir à entendre de la soirée.
-Harry, s'il te plait, j'aimerais que tu me suives dans mon bureau, demanda Lupin d'un ton ferme. Viens ! Ajouta-t-il en montrant une porte au fond du couloir.
Harry n'avait d'autre choix que d'obéir. Il suivit Lupin jusqu'à son bureau, à contre cœur, avec un profond sentiment de malaise.
-Harry, dis moi ce qui ne va pas, je t'en conjure ! Déclara Lupin d'une voix compatissante en le regardant dans les yeux.
Harry se contenta de déglutir avec force et baissa les yeux pour les poser sur le carrelage grisâtre.
-Pourquoi m'évites-tu ? Demanda Lupin en hochant la tête. Qu'est ce qu'il s'est passé, voyons ? Harry, réponds-moi !
-Je sais pour ma mère ! Lança furieusement Harry en relevant la tête. J'ai lu vos lettres ! Dans la Cabane Hurlante ! Je sais que vous l'aimiez ! Vous avez trahit mon père ! C'était votre meilleur ami ! Comment avez vous put parler de Lily ainsi ? Vous avez sali son image !
Lupin resta immobile, comme s'il venait de recevoir une violente gifle. Il regarda Harry pendant un moment et poussa un profond soupir.
-Alors tu es tombé sur ces vieilles lettres de mes années au collège… Constata-t-il d'une voix morne. Je regrette que tu réagisses ainsi, Harry…
Il se frotta les yeux et se pinça la lèvre, le regard las.
-Je ne suis pas vraiment étonné… Avoua Lupin alors que Harry continuait à le regarder avec rage. Ces lettres ont déjà été à l'origine d'un conflit, alors que j'étais à Poudlard. Mais je ne pensais pas que tu réagirais comme James l'a fait quand il les a découvertes…
-Il les a vues ? Demanda Harry étonné. Il était au courant ?
-Oui, James est lui aussi tombé sur mes lettres alors qu'on était en septième année et qu'il commençait à sortir avec Lily, raconta Lupin d'un ton attristé. Je les avais conservées depuis la sixième année dans la Cabane Hurlante et un soir de Pleine Lune j'ai déchaîné ma colère sur le tiroir où elles étaient rangées. Cornedrue était hors de lui quand il est tombé dessus… Seulement je ne l'ai su que quand je suis sortit de l'infirmerie par Peter, car je n'avais aucun souvenir de ma transformation. J'ai vu James m'ignorer et Sirius me tourné le dos. Ils ont eut la même réaction que toi… J'ai passé la fin de l'année et les soirées de Pleines Lunes restantes tout seul… Pour avoir montré mes sentiments…
Harry sentait l'extrémité de ses joues le brûler et il déglutit difficilement en éprouvant une cuisante impression de ridicule.
-Harry, j'ai aimé Lily, c'est vrai, quand j'étais en sixième année, avoua Lupin d'une voix sincère. Elle m'avait tendu la main, et elle m'a aidé dans les moments les plus durs, quand les Maraudeurs n'existaient pas encore. Sa bonté n'a d'égal dans ce monde, Harry. Lily était un ange de bonheur et de générosité… Je ne pouvais que l'aimer !
Mais tu ne peux pas me juger pour les sentiments que j'ai éprouvés, Harry. Ne fais pas l'erreur qu'on fait James et Sirius ! Les Maraudeurs se sont éteints le jour où les lettres ont été dévoilées.
A notre sortie de l'école, James est venu vers moi et il m'a demandé pardon, et c'était la première fois que je voyais l'homme qui allait épouser Lily… Ce n'était plus le garçon qui passait sa main dans ses cheveux en regardant celle qu'il aimait à longueur de journée, ce n'était pas l'élève qui martyrisait Rogue pendant les récréations, ce n'était plus le Don Juan de Poudlard, même si ce James Potter là me manque… Non, ce James était ton père.
Harry sentit naître un petit sourire aux coins de ses lèvres en se souvenant des images de la Pensine de Rogue. Il imaginait très bien le jeune James, virevoltant sur son balai ou se chamaillant avec Lily qui balançait dignement ses cheveux en arrière comme dans les publicités de shampoing que Dudley regardait à longueur de journée.
Alors que Lupin racontait les faits passés, il sentit avec honte ses yeux s'humidifier.
-Il m'a avoué qu'il regrettait de m'avoir tourné le dos, continua Lupin d'une voix douce. Nous sommes redevenus amis mais une époque était révolue : celle de nos années à Poudlard. Les escapades nocturnes appartenaient au passé, bien que Sirius suggéra plusieurs fois de retourné à Pré-au-lard terroriser les villageois…
-Je… Je suis… Balbutia Harry en se sentant rougir.
-Je comprends que la découverte de ces lettres ait été un choc pour toi, assura Lupin d'un ton convalescent. Lily nous a quitté, et la voir ressurgir à travers une de mes lettres n'a pas du être facile… Mais par les temps de guerre il n'est pas bon d'éprouver de la colère et de la haine pour qui sont de ton côté, Harry. J'ai souffert comme toi de la perte de Sirius… Et je souffre encore de la disparition de tes parents…
Nous ne sommes pas si différents…
Harry observa Lupin en silence, il avait le don de l'apaiser et de le sécuriser par sa simple présence. En fait, Remus ressemblait beaucoup à Sirius, il était tout aussi réconfortant, il savait trouver les mots justes et surtout, il souffrait comme Harry…
-Oublions cette histoire, tu veux bien ? Demanda-t-il avec un sourire chaleureux.
Harry acquiesça en silence, avec un élan de sympathie envers Remus.
Une fois de plus il regrettait d'avoir eut des pensées obscures, il s'était trompé, aveuglé par sa colère…
-Bien, maintenant tu ferais bien de retourner dans la salle commune, conseilla Remus en accompagnant Harry vers la porte de son bureau.
Tes amis doivent t'attendre…
-Merci, souffla Harry en croisant son regard. Merci, Remus.
