- Hep! Les mômes! On arrive. Réveillez vous.
Malgré l'intonation quelque peu énergique, Barret avait en réalité parlé avec beaucoup de douceur, tout en posant une main protectrice sur la tête de sa fille, puis celle de Denzel.
Les deux enfants s'étaient endormis lors de la traversée en bateau. Ils étaient montés sur le pont, pour voir l'océan et sentir le vent. Mais, épuisés, ils étaient rapidement retournés dans la cale où était garé le camion, pour y dormir, l'un contre l'autre.
Barret n'avait pas osé les réveiller quand le bateau avait accosté. Mais maintenant, ils arrivaient enfin à demeure. Le Mont Corel se dressait devant eux.
- Faudra quand même m'expliquer ce que Yuffie vous a fait subir pendant votre séjour. J'en reviens pas de vous voir aussi crevé!
Ah ben ça. Marlène allait s'en souvenir un moment. Entre les promenades souterraines, les entrainements de Ninja, les courses en pleine forêt, l'entreprise de M. Kirasagi et sa bande de mafieux effrayants, et les festivités du Wutai, ce séjour avait été aussi enrichissant qu'épuisant. Yuffie était une vraie centrale à Mako, à elle toute seule.
- Trop fatigué pour me rappeler...
Denzel avait parlé d'une voix totalement ensommeillé, incapable d'ouvrir les yeux normalement. Sa seule pensée cohérente était focalisée sur l'image d'un oreiller.
- Bon, en attendant, vous vous souvenez de ce que je vous ai dit?
Le jeune garçon leva un pouce en l'air, la tête colée contre la vitre. Marlène, quant à elle, avait posé son regard au devant d'elle. Là où la maison de son papa apparaissait. De la fumée sortait de la cheminée.
- Oui. On sera gentil avec Tifa et on posera pas de questions embarrassantes.
Barret hocha la tête et engagea son camion dans l'allée de sa maison. Tifa était sortie les accueillir, emmitouflée dans un épais manteau.
Elle souriait. Mais ses yeux trahissaient son état profond.
- Tifa!
La jeune fille poussa son frère hors du véhicule et se rua sur sa maman d'adoption. Même si elle ne l'avait jamais appelé ainsi. Dans sa tête, c'était vraiment sa mère. Sa famille était spéciale, avec plein de papa dedans. Mais elle n'avait qu'une seule maman.
- Je suis tellement contente de vous voir, tous les deux...
En regardant Tifa et les enfants se faire tout plein de câlins, Barret repensa à la dernière conversation qu'il avait eu avec Vincent, lorsqu'il était encore sur le bateau. Les enfants dormaient à ce moment là, et ils avaient pu bien discuter.
Discuter d'un hérisson blond et de quoi dire à sa douce.
- Et moi, pas de câlin? Je me tape 500 bornes, une traversée en pleine mer, je ramène le miam et les gamins sous le bras, et rien?
Tifa fut prise d'un petit rire et vint l'enlacer pour le remercier. Marlène en fit de même, malgré sa petite taille.
- Merci papa!
- Ouais! Ben n'en faites pas trop! Ca fait faux!
Les deux filles avaient parlé en même temps, et s'il les réclamait par défis, les effusions d'émotions le mettaient toujours un peu mal à l'aise. Et non, il n'était pas contradictoire!
Denzel parlait peu, depuis toujours. Mais depuis quelques temps, c'était pire. Il s'était vraiment renfermé et trainait toujours une mine triste. Le garçon avait commencé à décharger leurs affaires pour que tout le monde puisse rentrer au chaud. Tifa l'avait rejoint, pour l'aider, suivie de Marlène qui détaillait, presque jour après jour, leur dernier périple chez Yuffie.
Le visage de la jeune femme lui parut plus fin. Et il craignait un peu le corps qu'elle cachait sous cet énorme manteau. Un manteau de Barret. C'était peu dire qu'il était trop grand pour elle. A se demander si elle ne voulait pas disparaitre dedans.
La laisser seule avait été un vrai pari. C'était carrément irresponsable. Mais il connaissait Tifa depuis longtemps et il avait envie de croire en sa force mentale. Elle n'avait jamais fait preuve d'inconscience ou d'une attitude risquée.
- Hop! Tous au chaud! Il va faire nuit et j'ai mal au dos!
- Profitez en pour vous doucher et vous changer. Je vais préparer à manger.
Les enfants grimpèrent péniblement à l'étage, avec leurs affaires, pour s'installer dans leur chambre où deux lits étaient installés.
Barret avait acheté cette maison pour pouvoir accueillir du monde. Elle n'était pas très grande, mais disposait de 4 chambres. Il pouvait donc recevoir des amis et les enfants, sans problème.
Pendant que Marlène revendiquait le droit d'aller à la douche en première, parce qu'elle était une fille et qu'on lui devait la politesse, tout en menaçant quiconque qui oserait lui dire de se dépêcher et à qui elle promettait de "lui faire bouffer le carrelage" - Oui, Barret devrait surveiller un peu plus son langage devant les enfants - celui-ci repensa à sa dernière conversation avec Vincent.
- Qu'est ce que je vais bien pouvoir lui dire, franchement?!
Depuis son départ, ils avaient quasiment tout caché à Tifa. Son alcoolisation, sa dépression, ses hallucinations, son accident, sa tentative de suicide et maintenant...
Maintenant le hérisson semblait au bout de la route. L'espoir était désormais entre les mains de Bach. L'ami de Johnny qui était toubib.
Au sujet de ce type, Vincent avait un peu enquêté, à la demande de Barret. Personne ne savait d'où il sortait et si le gamin était du genre à faire confiance à n'importe qui, ce n'était clairement pas son cas.
Il se battait souvent avec Cloud. Mais c'était vraiment devenu un jeu. Comme tout le monde, il s'était attaché à ce fichu blond, colosse aux pieds d'argile. Et même si Avalanche n'était plus, Barret restait pour tous, un phare dans la tempête.
Donc il fallait savoir à qui était confiée la vie du blond, en ce moment.
Et Vincent était sur de lui. Il s'agissait d'un ancien employé de la Shinra. Un médecin en charge des soldats de troisième classe. A priori, rien de méchant. Il n'aurait pas trempé dans les affaires immondes de l'entreprise et n'aurait jamais approché les soldats de première classe.
Le pseudo vampire avait aussi confirmé que Bach n'avait jamais été en contact avec Hojo. Et ça, c'était une putain de bonne nouvelle.
C'était donc juste un médecin et un scientifique. Il participait à de la recherche, mais rien d'aussi fou et immoral que ne le faisait cet autre enfoiré. Et depuis la destruction de la Shinra, le Doc s'était assez vite recentré sur ce qu'il savait faire de mieux: la médecine.
- Barret? Tu peux y aller. J'ai terminé.
La petite voix de Denzel le ramena à la réalité.
- Merci mon grand. J'espère que vous m'avez laissé de l'eau chaude, les morveux!
- Si c'est pas le cas, c'est la faute à Marlène!
- Même pas vrai!
Pff, saletés de mômes. A tous les coups il allait devoir se doucher à l'eau froide. Faudrait vraiment qu'il change le chauffe-eau. Celui qu'il avait était trop vieux et trop petit.
Au loin, il entendit les enfants discuter avec Tifa.
- Tifa! Faut qu'on te montre nos cadeaux!
Denzel et Marlène sortirent, tout heureux, les matérias de leur poche respective. Deux perles rouges et brillantes. Des invocations. Yuffie n'avait pas menti. Mais au lieu de soupirer, la jeune femme fit l'effort de sourire et se montra curieuse.
- Et vous savez qui elles appellent?
Les enfants s'installèrent à table, la mine contrite.
- Non. Yuffie et Vincent n'ont pas voulu nous montrer. Ils ont dit que c'était à toi de le faire.
Pendant qu'elle apportait le plat chaud à table, elle nota dans un coin de sa tête la délicate attention de ses amis.
- Ok! Alors, voilà ce que je vous propose. Ce soir, vous allez dormir après avoir mangé et, demain matin, on voit ensemble ce que ça donne? On ira à l'arrière de la maison, il y a un grand champs sans culture cet hiver. Cela devrait être sans risque!
- Super idée!
Avant même que Barret ne soit descendu pour les rejoindre, les enfants avaient déjà terminé leur repas et étaient partis dormir. C'était pas Noël, mais presque!
- J'en reviens pas d'être en pleine mission avec toi!
Johnny était heureux. Oui. C'était le pied. Total. Une mission, flippante à souhait, et en compagnie, s'il vous plait, de Vincent Valentine en personne. Il n'arrivait pas à y croire. Même s'il était bel et bien à plusieurs mètres sous la terre, à cet instant.
- N'empêche, comment tu fais pour te repérer là dedans? J'arrive même plus à savoir par où on est venu.
- Je suis déjà venu plusieurs fois.
Vincent avançait, comme à son habitude, sans hésiter. Il connaissait bien cet endroit. Cette ruine souterraine. Les seules traces laissées par la tour Shinra. Et c'était précisément là que le Doc les avait envoyé chercher du matériel médical.
Sauf que la Shinra avait tellement fait d'expériences immondes sur des êtres vivants, de toute sorte, que même Vincent ne s'était pas aventuré aussi loin que le troisième sous-sol. Au delà se trouvaient les anciens laboratoires d'Hojo et les ayant visité en pleine activité, il n'avait pas du tout envie d'y retourner.
- Mais... On est sur que c'est vide?
Johnny n'était pas au courant de tous les détails mais il avait découvert, comme tous les survivants, les horribles projets de la Shinra et les raisons de sa chute.
- Depuis le météore, plus rien n'est jamais sorti d'ici.
Bon. Même s'il était d'un naturel optimiste et particulièrement content de vivre cette aventure avec un héro comme Vincent, Johnny paniquait grave. Certes, il n'y avait aucun bruit autour d'eux. Et il avait pleine confiance en son nouvel ami pour faire face à n'importe quel monstre qui surgirait des ténèbres.
Mais... non, rien à faire. Il n'était carrément pas tranquille. Bordel, sa réponse était tout sauf une réponse claire!
- T'as oublié pourquoi on fait ça?
Vincent s'était arrêté pour le regarder. Mais Johnny refusait de se démonter.
- J'ai une question. Est-ce que tu lis dans les pensées des gens?
Bien sur que non, il n'avait pas oublié. Mais il n'était pas capable de communiquer avec les esprits, de manipuler la mako ou d'avoir des réflexes plus rapides que la lumière!
- Non.
Son énigmatique acolyte se détourna de lui et reprit sa marche. Comment ça "non"? Et juste non, surtout. Ca ne l'étonnait même pas que Cloud et Vincent s'entendent aussi bien, finalement!
Alors qu'il ruminait, son nez rencontra brutalement un dos amical.
- Raah! Préviens quand tu...!
Pas le temps de terminer sa phrase, qu'une grande main se plaqua sur sa bouche pour lui intimer de se taire. Vincent ne le regardait pas. Non. Ses yeux rouges étaient pointés vers l'avant, perçant les ténèbres... Cherchant quelque chose.
Un peu plus loin, le bruit d'un morceau de métal frappant le sol se fit entendre.
Et Johnny manqua de s'évanouir. Mais qu'est-ce qu'il foutait là? Il ne voulait pas mourir! Pas après tout ça! Pas avant d'avoir lui aussi trouvé la femme de sa vie, d'avoir eu une tripotée de gosses, une grande maison avec tout plein de chocobos! Et il voulait boire le café avec Cloud sans avoir à lui mettre un pain dans la figure! Ah, il voulait aussi être le parrain de leurs enfants, à lui et à Tifa, car il était évident que ça allait bien finir et que eux aussi auraient une tripotée de mômes! Oui, c'était comme ça que le futur devait être! Paf! Happy end pour tout le monde!
Il ne voulait pas mourir.
La main de Vincent se retira de son visage et celui-ci disparu sans un bruit.
- Oh, déesse, viens moi en aide...
Le jeune homme s'était accroupi, se calant le plus possible contre le mur derrière lui, malgré le sac à dos qu'il portait. C'était pas fun du tout cette histoire! Evidemment que le Doc avait vu en Vincent la possibilité de récupérer du matériel dans les labos infestés de monstres de la Shinra. Et Johnny était parfait pour faire l'appât! De la jeune viande bien fraiche! C'était ça. Il allait servir de repas!
- Allons y.
Son cœur se la joua babyfoot dans sa cage thoracique, pendant que ses yeux cherchèrent l'origine de ce chuchotement.
- Tin! T'étais où!?
Sa question se fit la plus silencieuse possible, bien conscient que la zone était dangereuse. Peut être trop silencieuse d'ailleurs, car Vincent reprit sa marche, sans rien dire, le guidant à travers l'obscurité.
Ils arrivèrent au devant d'une porte, lourdement fermée, au dessus de laquelle était indiqué: "Laboratoire n°4"
Johnny était sur que s'ils faisaient demi-tour maintenant, Cloud ne leur en voudrait pas. De toute façon, il n'était même pas au courant de cette expédition. Il n'y aurait donc rien à lui dire? Et les médicaments? Et le matériel? Pour sur qu'ils pourraient trouver tout ça ailleurs, non?
Mais Vincent n'était pas dans sa tête et n'entendait pas sa furieuse envie de quitter les lieux. Il était déjà en train de forcer la porte, juste avec l'énergie de son propre corps.
Heureusement qu'il faisait particulièrement sombre et que son ami lui montrait son dos. Ainsi, Johnny ne pouvait pas voir la transformation partielle de ses bras et la teinte rouge dont ils étaient revêtus.
De toute façon, son cœur commandait à ses yeux de surveiller tout ce qui pourrait surgir de la fente créée par Vincent. Mais il n'y avait rien... Seuls les ténèbres traversèrent, à mesure que l'ouverture se faisait de plus en plus grande. Les ténèbres et une odeur étrange. Dérangeante.
Il allait en faire des cauchemars... C'était sur.
Surtout avec cette image, là. Celle de Vincent qui disparaissait, encore, dans un trou noir, juste devant lui.
Absolument rien n'était alimenté en électricité, contrairement à ce qu'il avait bêtement espéré. N'ayant aucune source lumineuse suffisante, il ne pouvait que se fier à son ouïe, lui qui n'était qu'un frêle humain. Pourtant, ils avaient emporté des lampes torches, mais lorsqu'ils avaient atteint le troisième sous-sol, Vincent avait exigé leur extinction. Sauf que sans lumière, il se demandait vraiment comment ils allaient trouvé ce pourquoi ils étaient venus.
C'était complétement stupide, de son point de vue. Il ne savait même pas sur quoi il marchait! Et Vincent avait, une nouvelle fois, disparu. Marre.
D'un geste, tremblant, il ouvrit d'une main la poche arrière de son sac et récupéra sa lampe, qu'il alluma.
La lumière inonda alors un sol rouge sombre, irrégulier, sur lequel se trouvaient bon nombre d'objets brisés.
De plus en plus tremblant, Johnny remonta la lampe pour éclairer le chemin devant lui et...
Deux billes blanches le fixaient, une tête animale sur un corps humanoïde... Plus grand que lui... La peau brulée... Une gueule ouverte, pleine de sang... A seulement quelques mètres de lui...
La terreur s'infiltra au plus profond de son âme et son corps ne bougea plus.
- Celui-là est mort depuis un moment.
Sa bouche s'ouvrit, mais seul un cri mutique en sortit.
- Arrêtes de surgir de nulle part! Tu vas me tuer!
D'une voix très faible, il rouspétait. Vu à quoi il assistait en ce moment même, c'était bien tout ce dont il était capable. Sa main refusait toujours de lui obéir et continuait d'éclairer l'affreux monstre mort devant lui.
Maintenant que Vincent le disait, Johnny remarqua que la bête était encastrée dans le mur derrière elle, un énorme tuyau la transperçant au niveau de l'abdomen. Il avait envie de vomir.
- Vu que tu n'as pas pu t'empêcher d'allumer la lampe, éclaires donc un peu de ce côté.
- Comment ça "celui-là"? Il y en a d'autres?!
- Pourquoi tu crois que je t'ai demandé d'éteindre la lampe?
Johnny écarquilla les yeux, qu'il posa sur son foutu partenaire, en train de fouiller tranquillement les placards, inondés de lumière.
- Ben je sais pas! Pour pas qu'on se fasse bouffer par exemple?!
C'était fou comme il maitrisait de mieux en mieux le chuchotement mécontent.
- Je ne voulais juste pas que tu les vois. Ils sont tellement affreux. Tiens. Mets ça dans le sac.
Fatal error. C'était pour ça!? Tout ce cinéma?! Nan. Sans blague.
Son corps tout entier tremblait. Il tremblait de peur, de rage et de honte.
- Quand tout sera terminé, je te balancerais pour bizutage.
Vincent, un petit sourire aux lèvres, reprit ses recherches, pendant que Johnny remplissait son sac de tout un tas de médicaments.
- Mais... Certains sont périmés.
- C'est pas grave. La plupart des molécules restent actives longtemps. Elles perdent juste en efficacité. Erik avisera. Il s'en doutait surement avant même de nous envoyer ici. Tiens. Prends ceux là aussi.
Obéissant sans poser plus de questions, Johnny sortit tout de même la liste de sa poche, que le Doc leur avait fait.
- Cathéter, perfusion, robinet, aiguilles, insufflateur... Trois mots sur cinq, je les comprends pas. Et j'ai carrément un doute sur l'un des deux seuls que je comprends.
- Mon sac est plein.
- Déjà?!
Vincent lui montra le dit sac, dont les coutures semblaient à la limite de l'explosion. Le sien était blindé de petites boites en plastique, remplies de médicaments.
- Il en reste encore. Mais je reviendrais plus tard. Seul.
Johnny reprit une respiration normale à l'entente de ces mots. Pas du tout envie revenir dans cet endroit glauque. Là, maintenant, il avait juste envie de se jeter dans une pelouse verte et bien fraiche, et se laisser dorer par le soleil.
- Eteins la lumière. On remonte.
- Pourquoi?! Je préfère voir des cadavres que rien voir du tout!
- Crois moi. Tu préfères rien voir du tout.
Un frisson gigantesque traversa le jeune homme, des pieds jusqu'à la tête et la lampe s'éteignit.
Johnny resta coller au plus près que possible de Vincent, dont le corps repassait par l'ouverture faite un peu plus tôt.
Pour ce dernier, il n'était pas utile que le nouvel ami de Cloud soit traumatisé plus que nécessaire. Il n'avait pas besoin de voir ce qui trainait dans les parages.
Devenues aveugles par le manque de lumière, toutes ces années, les bêtes encore vivantes s'orientaient à l'ouïe et aux vibrations. Vincent soupçonnait le terrible incendie qui avait fait rage, après l'impact de la météorite, d'être à l'origine de la destruction de leur odorat. Prudent et discret, il était donc facile de circuler sans se faire remarquer. Même s'il avait du en trancher deux en arrivant au laboratoire. Johnny faisait trop de bruit. Mais ce n'était pas de sa faute.
Il n'était pas un monstre, après tout.
- Tenez. Mettez ça.
Tifa tendit à chacun des deux enfants, une paire de gants un peu grand. Des mitaines renforcées, alliant cuir et métal, sur lesquelles étaient incrustés deux socles vides.
- C'est pour quoi faire?
- Pour ça.
La jeune femme prit des mains la matéria de Marlène et la positionna au plus près de l'un de ses gants. La sphère se mit soudainement à briller, avant d'être réduite en un brouillard rouge qui se dirigea droit dans l'espace qui lui était réservé.
- Oh... Génial!
Denzel s'employa à faire de même et Marlène s'avança, le poing en avant.
- A moi! Super chimère qui déchire!
Contre toute attente, l'incantation fonctionna. Une puissante lumière émana de la fillette pour se diriger vers le ciel, sous les regards totalement ébahis du trio.
- Mais qu'est ce que vous foutez! Barrez vous bon sang!
Surgissant brutalement, Barret attrapa les trois inconscients et les propulsa à plusieurs mètres...
- Bordel. Fallait que ce soit lui.
Le père déjà fatigué de bon matin, regarda l'énorme boule jaune percuter le sol, juste devant lui, avant d'être soufflé par l'impact et s'envoler au loin.
- KWAAAA!
Invocation "Gros chocobo" réussie.
- Il est immense... J'ADOOOOORE!
Marlène, les cheveux en bataille et les fesses par terre, se releva pour se ruer sur son nouvel ami.
D'instinct, Tifa retint d'une main ferme Denzel, qui allait en faire de même. Mieux valait rester à distance. Si Marlène ne risquait rien, car les chimères n'attaquaient jamais leur invocateur, ce n'était pas toujours le cas pour le public.
L'animal faisait bien deux fois la taille de la maison derrière eux. Enorme. Obèse même. Mais c'était des mots à ne jamais prononcer devant lui, sous peine d'écrasement instantané. Les chocobos ont toujours été des animaux très susceptibles.
- Il est tout doux!
La petite fille avait disparu dans les plumes de ce gros poussin, qui semblait s'en amuser. Pour une fois qu'il était appelé pour autre chose que la baston.
- Rends moi ma fille! Piaf de malheur!
- Kwaa?
- Quoi? Comment ça "Kwaa?" Qu'est ce que tu regardes?!
- KWAA!
Nan mais, c'était couru d'avance aussi. Tifa sentait la lassitude l'envahir devant cette scène. Barret détestait les chocobos. Non pas qu'il leur voulait le moindre mal. Loin de là. Mais il n'aimait pas leur tête trop mignonne et leur instabilité permanente.
Bon, après cette baffe monumentale, qui avait renvoyé Barret à la case départ, Tifa espérait voir la situation s'apaiser.
- Marlène? Tout va bien?
- Ouiiiiiiiiiii! C'est géniaaaal!
La gamine était aux anges. Le père, bien moins.
- Allez. Dis lui au revoir! Il ne faut pas l'épuiser inutilement.
Obéissante, la jeune fille adressa un petit signe de la main et plein de bisous volants, à sa nouvelle peluche préférée. La chimère, ravie, lui renvoya un "Kwaaa!" des plus amicaux, avant de disparaitre dans une pluie d'étoiles.
- C'est trop bien! A toi Denzel!
Le garçon était moins confiant que sa petite sœur. Tifa avait remarqué le changement dans son attitude. Il avait toujours été discret, plutôt timide. Mais là, il semblait toujours triste et peu sur de lui.
- Allez! Tu fais comme moi! "A moi! Chimère qui déchire!"
- Non. Elle est naze ton incantation.
Marlène plaça ses mains sur ses hanches et fronça les sourcils.
- C'est peut être naze, mais ça a marché! Na!
- Hmm...
Tifa n'osait pas interférer. Elle aimait bien les regarder apprivoiser cette étrange magie, et interagir ensemble. Assise dans la neige, elle attendit que Denzel se décide.
Barret, quant à lui, venait enfin de les rejoindre, plein de poudreuse. Il râlait.
- Enfoiré d'ectoplasme. Le gros chocobo quoi! Je suis sur qu'il a fait exprès!
Il s'effondra à côté de la jeune femme, chaudement emmitouflé dans l'un de ses blousons à elle. A sa taille, donc. Le visage rougit par le froid, elle ne quittait pas les enfants des yeux.
- Viens à mon aide, s'il te plait...
Denzel avait prononcé ces mots tout doucement, telle une prière, en fermant les yeux. Il avait tellement peur d'échouer...
- Oh...
Comme pour Marlène, une intense lumière blanche se mit à jaillir du corps du jeune garçon pour se diriger dans le ciel. Seulement, la lumière ne monta pas très haute avant d'exploser comme un feu d'artifice.
Et un petit bruit très caractéristique fit sursauter les deux adultes.
- Moggie! Moggie!
Un mog, presque aussi grand que le garçon, équipé d'un casque, d'un bouclier et d'une épée, apparut devant Denzel.
- A votre service! Maitre!
Le maitre en question ne trouvait pas les mots devant cette apparition.
- Sans rire? S'il est là lui, ça veut dire qu'il peut appeler toute la tribu?
- Pas tout de suite je pense. Mais avec un peu d'entrainement, il pourra même appeler le roi. Ce sont de belles invocations pour eux...
Les deux enfants s'enflammèrent et se lancèrent dans un véritable interrogatoire de ce second nouvel ami. Ils n'entendaient plus rien.
- Dis moi la vérité... S'il te plait...
Barret ne fut pas surpris par cette demande. Il s'y attendait depuis qu'il était rentré. Tous les autres lui avaient dit que Tifa cherchait désespérément à savoir comment allait Cloud et qu'elle avait bien compris que ce n'était pas aussi paisible qu'ils voulaient tous lui faire croire.
Dans l'absolu, rien d'étonnant.
Le problème est que pour tout son entourage, elle n'était pas en état d'entendre la vérité. Elle allait littéralement pêter un plomb. Barret en était plus que certain.
- Barret...
- Il a décompensé, Tifa. Complétement.
- Oh...
La voix de la jeune femme devint tremblante, à l'image de son corps tout entier. Les larmes se mirent à couler le long de son visage, livide, et le père tendit une main vers elle.
- Tifa...
- Il faut que je rentre. Maintenant.
- Hein?!
D'abord surpris, Barret regarda son amie se lever et se diriger vers la maison. Voilà. Il y était.
Il se releva à son tour et attrapa d'une main puissante le bras de la jeune femme.
- Lâches moi, Barret!
- Non! T'espères quoi au juste?! Te pointer le sourire aux lèvres en espérant que tout rentre dans l'ordre?! Regardes toi, Tifa!
Il tira un peu plus sur son bras pour l'obliger à lui faire face.
- T'as rien mangé depuis des jours! T'es blanche comme cette foutue neige et tu tiens à peine debout!
La jeune femme ne chercha pas à se dégager, et baissa les yeux, noyés de larmes.
- Si je n'y vais pas... J'en mourrais...
- Si tu vas le voir dans cet état... Tu ne le supporteras pas, Tifa.
Le cœur de la jeune femme se fendit violemment, la faisant s'effondrer sur le sol, telle une marionnette pendue à la main de son ami. La douleur était atroce... Elle irradiait jusque dans son bras...
- Tifa! Merde! Tifa! Tifa!
Sa respiration s'était coupée. Elle n'arrivait plus à respirer... Son cœur. Son cœur lui faisait tellement mal...
Sa vision... Se troubla...
- TIFA!
Dans le prochain chapitre:
- Bah, euh... C'est plutôt cool ce que tu racontes! Je comprends pas pourquoi tu fais cette tête?
- J'ai soixante ans.
Merci pour vos review et vos encouragements!
Et oui, mes bandes annonces n'annoncent rien du tout en fait x)
