Le lendemain, Émily se rendit aux donjons pour aller faire sa retenue. Honnêtement, elle aurait de loin préféré une beuglante. Heureusement, elle ne manquait pas grand-chose de ce qui aurait pu se produire dans sa maison, car pratiquement tous les élèves étaient en retenue. Le professeur McGonagall avait expliqué pourquoi leurs actions avaient été punies. Il y avait plusieurs années de cela, une bataille d'oreiller avait éclaté dans une maison et un élève en avait perdu la vie, lorsqu'un oreiller avait malencontreusement frappé sa tête si fortement que quelques os fragiles du cou avaient été brisés. Depuis ce temps, ce genre d'activités avaient été prohibées afin d'éviter qu'un incident similaire se reproduise. Ce petit discours de leur directrice de maison avait calmé la plupart des élèves de Gryffondor, mais lorsque le temps était venu de se rendre pour leur retenue, la compréhension semblait s'envoler pour laisser place à un climat de parfaite animosité. La grande majorité des étudiants devaient subir leurs retenues avec Rusard, quelques rares chanceux se rendaient chez Hagrid et ceux restants étaient dispersés chez Minerva, Trelawney, Binn et Chourave. Évidemment, pensa Émily, elle était la seule qui devait être en retenue avec Rogue. Elle aurait apprécié ne pas être seule, ainsi le temps aurait semblé passer plus rapidement. Elle était en parvenue à la porte de la salle de classe de potions et elle y cogna. Une petite frimousse remplaça l'invitation sonore à entrer. Harry se tenait devant elle, toujours aussi heureux de la voir, comme si cela faisait des lunes qu'il ne l'avait pas vu.

- Bonjour Harry, fit Émily, comment vas-tu?

- Allô Mily. Je vais bien. Tu es venue jouer avec moi ?

Émily regarda tristement l'enfant, si au moins elle pourrait passer davantage de temps avec lui. Elle trouvait qu'elle le négligeait beaucoup trop ces derniers temps.

- Pas vraiment mon chaton, je dois faire une retenue. Je suis tellement désolée. Est-ce que tu comprends?

- Oui, mais c'est plate. Je veux jouer avec toi pleurnicha-t-il…

- Je sais Harry, moi aussi j'aimerais jouer avec toi, mais nous allons pouvoir jouer ensembles bientôt, je te le promets.

Harry tenta de dissimuler les quelques larmes qui avaient commencé à perler à ses yeux. Émily en fut renversée. Elle le regarda, désolée, elle aussi avait bien envie de jouer avec lui, mais elle doutait fortement que ce soit la retenue que Severus avait planifiée pour elle.

- Est-ce que oncle Sev est ici, demanda-t-elle en voulant à tout prix changer de sujet?

Rogue arriva sur l'entre fait. Émily se demandait comment il faisait pour paraître toujours aussi imposant. Un seul de ses regards suffisait à faire naître de la culpabilité, même si initialement nous n'avions rien à nous reprocher, même si nous étions blancs comme neige.

− Bonjour Oncle Sev, fit Émily.

Un simple regard de la part de l'oncle en question et Émily se reprit.

− Bonjour professeur Rogue.

− Miss, répondit-il. Veuillez me suivre pour entamer votre retenue, plus vite vous aurez commencé, plus vite vous en serez débarrassé.

− Professeur, dit Émily en suivant Rogue, pourquoi est-ce que je suis la seule qui est en retenue avec vous ? Pourquoi est-ce que les autres sont ensembles ?

− Probablement qu'au moment où Minerva m'a demandé de veiller à votre retenue, les autres avaient déjà été désignés vers un autre professeur, répondit Rogue las de cette argumentation. De toute manière, jeune fille, il s'agit d'une punition, pas d'un salon de thé. Que vous soyez seule ou accompagnée ne devrait rien changer.

− C'est vous qui le dites, murmura Émily entre ses dents de telle sorte que ses propos étaient parfaitement inaudibles.

− Qu'avez-vous dit, fit Rogue enragé.

− Rien professeur, mentit-elle.

− Il vaudrait mieux, jeune fille, que vous soigniez votre langage et vos manières. Je pourrais devenir beaucoup moins conciliant que présentement.

Émily avait eu envie de murmurer quelque chose comme « si vous appelez cela être conciliant, alors je n'ose à peine imaginer ce qu'il en est lorsque vous êtes en colère, espèce de mauvais caractère ! », mais elle se retint, jugeant que cela vaudrait mieux ainsi.

Ils venaient d'arriver dans la réserve de Rogue. Il se tourna vers la jeune fille qui tenait Harry par la main.

− Vous allez ranger ma réserve, la nettoyer, étiqueter chacune des fioles et les classer par ordre alphabétique.

− Mais j'en ai pour l'éternité, s'offusqua Émily.

− Non, pour neuf jours, fit Rogue d'un ton malveillant. Allez, commencez !

− D'accord, fit Émily complètement découragée. D'accord, vieux corbeau, rajouta-t-elle entre ses dents.

− Gryffondor vient de perdre 30 points maintenant, Miss, alors silence !

Émily regarda Rogue d'un air confus ; il ne pouvait pas avoir compris, s'il l'avait fait, elle ne serait pas en vie en ce moment pour en témoigner. Il devait avoir seulement supposé que son murmure n'avait rien de quelques mots d'amour !

− Papa, fit soudainement Harry, moi aussi je veux être en retenue avec Mily !

Rogue regarda Harry étrangement ; c'était bien la première fois qu'on lui demandait cela. Évidemment, il n'était pas dupe, Harry ne voulait pas écoper d'une retenue, il voulait seulement demeurer avec sa copine.

− Non, Harry fit Rogue, ce n'est pas un travail pour toi, tu es trop petit.

− Je ne suis pas petit, bon ! Je suis grand ! Je suis un grand garçon !

− Si tu es un grand garçon, alors arrêtes d'argumenter, dit Rogue d'un air triomphant !

Harry le regarda, insulté, dégoûté, indigné, bref avec un regard qui le lui démontrait bien. Ses petits yeux plissés, ses sourcils froncés et sa bouche d'où les lèvres étaient devenues très minces ne laissaient aucun doute sur ses états d'âme. Il décida de changer de tactique.

− Papa, d'amour, fit-il avec le plus radieux des sourires de ce monde, est-ce que je peux m'asseoir à ton bureau et écrire ? Je ne vais pas déranger Mily. Je ne vais pas faire de bruit et je vais être très gentil. S'il te plait.

Le regard de Harry était passé de furieux à implorant. Comme Rogue aurait-il pu résister à cela d'ailleurs ?

− D'accord Harry, mais tu ne fais rien d'autre mis à part de dessiner ou d'écrire, est-ce clair ?

− Oui, papa, fit Harry en lui sautant au cou et en le couvrant de baisers.

Quelques jours plus tard, Harry eu envie de s'amuser. Rogue vaguait à des occupations mystérieuses, ennuyeuses et dont Harry étaient exclues de toute manière. Le jeune homme désirait jouer aux pirates, un jeu qui impliquait des bateaux, des pirates, évidemment, et de…l'eau, malheureusement. Harry réussit, en se remémorant des gestes que faisaient Severus lorsqu'il lui faisait couler un bain sans l'aide de magie, à remplir le dit bain du liquide incolore tant désiré. Par la suite, Harry releva ses manches, aligna tous ses bonhommes et décida que le jeu pouvait bien commencer. Il mit se bateaux dans le bain, positionna des pirates sur l'île contournant la mer. Puis il se rendit compte qu'il manquait un repère secret où les bateaux pourraient passer la nuit sans que les pirates ennemis ne viennent les attaquer. Harry décida que la cuvette des toilettes ferait un travail merveilleux pour ce rôle de première. Il installa un bateau dans la dite cuvette et maintenant que tous les personnages étaient disposés adéquatement, le jeu pouvait réellement s'amorcer.

La guerre était sauvage. Les pirates « rouges » attaquaient à coup de bombe les pirates « bleus » et ce sans crier gare. Harry mimait assez bien les cris de l'équipage effondré. Ce ne fut guère long avant que les vêtements du jeune garçon fussent tout sauf sec. Les cheveux détrempés, tout autant que l'étaient ses bas, Harry jouait allégrement, ne se souciant pratiquement pas de ces détails sans importance. Le jeu allait bon train, les petites mains de Harry venaient fendre l'eau, créant des vagues immenses qui submergeaient les bateaux. Il décida qu'il était bien temps que le bateau camouflé vienne à la rescousse de l'équipage en détresse. Les « rouges » perdaient cette guère aqueuse, il leur fallait du renfort. Il prit le bateau qui attendait dans la cuvette et le fit vaguer sur l'eau, créant de sa main libre des vagues pour rappeler l'état agité de la mer.

Severus, depuis son laboratoire, venait de terminer le travail laborieux d'Effectuer la potion Tue-loup.

− Pourquoi, par Merlin, suis-je le seul assez intelligent pour réussir cette potion, il faut croire que les autres ne sont que des incompétents, incapable de comprendre la subtilité et la délicatesse de la confection de potions, se dit-il à lui-même.

Severus était toujours aussi imbu de lui-même, toujours aussi modeste et toujours aussi franc.

L'appartement, semblait bien calme, mis à part quelques cris de temps en temps qui venaient faire acte de la présence du bambin, Severus trouvait le climat un peu trop calme. Il se dirigea vers la chambre du garçon, bien décidé à trouver ce que le môme pouvait bien avoir encore inventé. « Merlin, étais-je aussi turbulent lorsque j'étais jeune », se demanda-t-il ? Sûrement pas, finit-il par décider. J'étais beaucoup trop réfléchi et intéressé par l'apprentissage pour faire des bêtises une en arrière des autres, se convint-il.

Il arriva dans la chambre de Harry et c'est presque désespérément qu'il remarqua la pièce vide, un signe que tout parent avisé pouvait qualifié de danger imminent, de problème à venir ou de catastrophe sur le bord d'éclater. Tentant de conserver son semblant de calme et son positivisme déjà presque inexistant à la base, Rogue se rendit au salon, pour une fois de plus, constater l'absence du gamin. La situation devenait inquiétante.

Après avoir fait le tour des toutes les pièces sujettes à pouvoir occuper ou intriguer le gamin, Severus finit par se rendre vers la salle de toilette, se trouvant ridicule à l'avance de oser penser que le môme y serait. Quel intérêt y avait-il à jouer à cet endroit ?

Malheureusement pour lui, l'intérêt était démesurément attrayant, du moins pour un enfant de trois ans. Le spectacle quelque peu déconcertant, laissa Rogue initialement sans voix. L'eau formait un tapis sur la plancher, les jouets dispersés sur le sol, prouvaient que la guerre avait été féroce. Ceux qui n'avaient pas survécu à l'attaque avaient passé par-dessus bord, échouant, avec l'eau qui les guidait sur le sol déjà détrempé. Rogue était foudroyé. Qu'est-ce qui avait bien pu passer par la tête du gamin pour qu'il aille jouer dans la baignoire et dans la cuvette de surcroît ? Tout à fait grotesque.

Rogue, peu patient de nature, avait pourtant envie de rire, un rire qui naissait dans le creux de l'abdomen, qui remontait douloureusement, et qui se s'éclipsait pas avant d'avoir été lamentablement soulagé. Il fallu à Rogue tout son contrôle personnel pour afficher son air des mauvais jours…son air naturel, pour reprendre contenance.

− HARRY JAMES POTTER, hurla-t-il !

L'enfant, sursauta, lâcha ses jouets d'un coup sec, se retourna rapidement, les bras encore dans les airs, les mains ouvertes, tout autant que sa bouche qui ne s'était pas refermée depuis le cri de Rogue. Il regardait Rogue en tremblant. Ce dernier n'avait vraiment pas l'air heureux remarqua Harry. « Pourtant », pensa-t-il, « je ne l'ai pas dérangé, j'ai joué tranquillement, et je n'ai pas brisé les objets, je ne suis pas sortit de l'appartement et je n'ai pas dessiné sur les murs ! » Harry était confus. Qu'avait-il fait de mal ?

− Harry, mais qu'as-tu fait, gronda Rogue.

− Je joue aux pirates, papa, répondit simplement le gamin.

− Et c'est une raison pour mettre de l'eau partout, pour jouer dans l'eau dans la maison, et pour te mettre les mains dans la cuvette ? Franchement, Harry, tu connais mieux les règles que cela ! Tu vas tout ramasser, tout seul.

− Je ne veux pas ramasser papa, ma guerre n'Est pas finie, je veux jouer encore, se plaignit Harry.

− Harry, menaça Rogue, qu'est-ce que je t'ai déjà dit à propos de cela ?

− Je ne dois pas agumenter, fit Harry de mauvaise foi !

− Argumenter, Harry, pas agumenter. Maintenant, tu vas tout ranger.

− Mais, papa.

− Il n'y pas de « mais papa », Harry et si j'entends encore tes argumentations, tu auras affaire à moi plus sérieusement.

Rogue fit apparaître un seau et une serviette et la tendit à Harry.

− Je suis trop petit pour ramasser, papa, tenta Harry.

− Les enfants qui sont trop petits pour ramasser sont aussi trop petits pour voler en balais et pour avoir une chouette. Alors, es-tu toujours trop petit ?

Harry regarda Rogue en fronçant les sourcils ! Il devait toujours avoir le dernier mot ! C'était énervant à la fin !

Il s'afféra à la tâche et lorsqu'elle fut terminée, Rogue lui ordonna de se sécher et de se changer. Évidemment, la seconde tâche n'avait rien de très aisé et Harry peina énormément à l'accomplir seul, mais ne reçu aucune aide. Severus avait pour principe que si l'enfant subissait les conséquences négatives de son comportement, il serait moins enclin à répéter l'expérience aussi rapidement qu s'il était puni d'une manière indirecte.

Lorsque la salle de bain fut nettoyée et que Harry fut au sec, Rogue emmena le gamin au salon pour lui expliquer ce pourquoi son jeu n'était pas une bonne idée et aussi la raison pour laquelle il avait été en colère contre lui.

Malgré la rancune et l'orgueil, Harry comprit relativement bien ce que Severus voulait dire et promit vaguement qu'il ne répèterait plus l'Expérience, même s'il pensait toujours que c'était le jeu le plus « cool » de la Terre !

Merci à Onarluca, adrianna Diaboliqua Rogue, Drago Malefoy, Marie-Jo, Shiny-misS, Kamy1, hermionedu69, Apocalypse-Nox, syt, Elmire et Kaiera1 pour les reviews du chapitre 30.