Note de l'auteur : Répondre aux reviews dans les chapitres est maintenant interdit. Comme vous devez tous et toutes le savoir. Je vais me faire un énorme plaisir de répondre aux reviews signé ou avec un email. Je suis désolée de ne plus pouvoir répondre aux reviews anonymes. Cette nouvelle mesure n'est pas agréable j'en conviens, mais nous devons faire avec. Merci de votre fidélité.

Chapitre 41

L'école venait de se terminer, les élèves quittaient l'enseigne de Poudlard, alors qu'Émily se rendait au cachot, sa malle réduite dans la poche de sa cape. Ils allaient passer l'été au manoir et la jeune Gryffondor ne pouvait plus attendre de s'y trouver. Loin de tout, le temps de se reposer, le temps d'oublier suffisamment pour se ressourcer.

Allait-elle mieux ? En apparence oui, mais elle se sentait chuter. Elle avait fait des efforts monstres, elle avait assisté à tous les repas lors de son retour, mais c'était devenu trop lourd.

- Émily, c'est toi, demanda Severus depuis le salon ?

Elle sourit en entendant ceci. Il avait commencé à la tutoyer lorsqu'il l'avait officiellement adopté et ceci l'avait aidé à se sentir comme faisant partit de cette famille. Il avait même accepté qu'elle le tutoie, mais jusqu'à maintenant elle en avait pas été capable, elle voulait aussi se donner le temps d'accepter ce changement.

- Oui, fit-elle en le rejoignant. Nous partons quand ?

- Demain matin, l'informa-t-il.

- Où est Harry ?

- Il est dans sa chambre. Il est puni, alors tu n'iras pas le voir. Harry a joué avec son balai dans l'appartement.

- MÊME PAS VRAI, hurla une petite voix insultée depuis la chambre d'enfant !

Severus soupira alors qu'Émily retenait de peine et de misère son fou rire.

- Je sais que tu l'as fait, Harry, répondit Severus, j'étais là, je t'ai surpris en flagrant délit, j'ai même serré ton balai pour longtemps.

- NOOOONNNN PASSSS VRAAAAIII, dit Harry en frappant de ses pieds et de ses mains son matelas.

- D'accord, fit Severus, tu resteras là une heure encore !

- NAOOOOOOONNNN, hurla Harry en pleurant tout son âme. VEUX VOIR MILY J'AI DIT !

Severus décida de l'ignorez, voyant bien qu'il était trop contrarié pour raisonner calmement.

- Le Dre Hellens m'a contacté il y a une heure de cela, Émily, entama Severus.

Le sang de la Gryffondor se figea, cette dame n'était-elle pas supposée être liée par le secret professionnel ?

- Tu avais un rendez-vous ce matin et tu ne t'y es pas présentée, l'informa-t-il en fronçant un sourcil.

- Oh…dit-elle simplement, j'ai dû oublié.

- He bien, recontacte-la et prends un autre rendez-vous !

Severus avait bien vu la perte de poids qu'affichait sa fille, il était conscient des repas qu'elle sautait, de la déprime qui l'attaquait, mais comme on lui avait dit de la laisser faire, il n'intervint pas, se rongeant simplement les sangs à l'idée de la savoir en danger.

- Je n'ai pas vraiment envie de la revoir, fit-elle en s'installant près de Severus.

- Je ne crois pas que tu aies vraiment le choix, Émily. À moins que je la contacte pour toi.

- Non, non c'est correct, je vais le faire, dit-elle en se levant subitement.

- Émily, fit-il alors que la jeune fille venait de terminer son entretien avec Dre Hellens, je ne pourrai pas te regarder dépérir tout l'été, tu le sais ça, non ?

- Mais la médicomage a dit que c'était ma responsabilité…

- Et tu ne prends pas tes responsabilités, alors je me devrai d'intervenir.

- NON, vous n'aurez pas à le faire ! Je déteste qu'on se mêle de mes affaires, s'insurgea-t-elle !

- Combien pèses-tu Émily, lui demanda-t-il du tact au tact ?

- Je l'ignore mentit-elle, et même si je le savais je ne vous le dirais pas…Ça concerne moi et moi seule, s'écria-t-elle !

- Je peux dès l'instant demander au Dre Hellens de te faire entrer à Ste Mangouste, Émily. Et crois-moi je suis à moins d'un iota de le faire.

- Si vous faites cela, je ne vous le pardonnerai jamais, fit-elle en le regardant avec rage une évidente !

- Je n'ai pas dit que j'allais le faire dans l'immédiat, Émily, mais tu ne me donnes pas vraiment le choix d'éventuellement faire autre chose.

Le silence retomba dans le salon familial, alors qu'Émily se dirigeait vers sa chambre, incapable de supporter davantage la tension.

- MILLLLYYYYY, fit Harry en la voyant passer ! MILY je veux te voir !

Elle s'arrêta net de marcher, trouvant ridiculement cruel de laisser ce bel enfant, son petit frère ainsi.

Alors qu'elle se dirigeait vers la porte de son frère, Severus vint la rejoindre.

- Si tu veux aller dans une chambre Émily tu iras dans la tienne.

- Mais ce n'est qu'un enfant, fit-elle en tentant de passer à côté de Severus.

- Oui, fit-il, un enfant qui demeurera dans sa chambre, seul, termina-t-il en lui interdisant le passage.

- Tu es même pas gentil, espèce de gros papa pas beau, fit Harry depuis sa chambre, en pleurant dans son oreiller !

Severus en fut figé quelques instants, ne réalisant pas, ou ne voulant pas réaliser de quoi il en retournait. Harry venait-il vraiment de lui dire cela ? Mais où avait-il appris à s'exprimer ainsi ?

Les yeux de Severus devinrent plus noirs, si cela était possible, son expression se durcit et il tenta de se calmer en respirant profondément. Il regarda Émily l'instant de quelques secondes, l'instant de lui indiquer d'un signe de tête de rejoindre sa chambre. Elle le quitta en refrénant de justesse une envie furieuse de lui tirer la langue. Elle partit non sans l'affubler de sobriquets odieux. Severus se dit qu'il irait s'en occuper plus tard, pour le moment un jeune bambin s'offusquait de s'être fait privé de son amie.

- Je veux Mily, fit Harry en croisant les bras, alors que Severus entrait dans sa chambre.

- Non.

- Tu es méchant d'abord et je t'aime pas et tu es pas beau…et…

Severus avait sortit sa baguette et l'avait pointée vers Harry. À cet instant, Harry sentit un mélange étrange envahir sa bouche, un mélange savonneux, un mélange que sa jeune sœur avait appris à connaître quelques mois auparavant. Les yeux de Harry s'écarquillèrent laissant passer quelques larmes, quelques signes d'un chagrin démesuré.

- Pour un petit garçon de ton âge, Harry, je trouve que tu parles très mal.

- Mêppphme phhhhmmassss mvraaimphhh, fit Harry en crachant un peu de savon.

- Très bien Harry, fit Severus en lui mettant son pyjama d'un coup de baguette. Bonne nuit. Lorsque tu te seras bien calmé nous discuterons.

Alors que Harry s'époumonait à insulter son père et que le savon s'activait encore plus, Severus referma la porte de la chambre doucement en soupirant devant cette journée.

Était-ce l'agitation de la fin de l'année scolaire qui était montée à la tête de Harry, était-ce le fait de retourner au manoir et d'y accueillir Ron et Drago qui l'avait excité à ce point ? Severus l'ignorait, mais il se doutait bien que son petit bonhomme avait besoin de contrôler ses émotions.

Severus comprenait qu'Harry avait simplement voltiger dans l'appartement, qu'un balai d'enfant ne pouvait pas vraiment faire de si grands dégâts…mais Harry devait apprendre qu'un balai servirait toujours qu'à voler à l'extérieur, qu'il y avait des règles et que même si cela ne nous plaisait pas il fallait les respecter.

Émily maintenant. Émily venait d'avoir quatorze ans, Émily avait les deux pieds dans l'adolescence, dans l'âge difficile. Émily avait de plus une maladie, une maladie qui la rendait incertaine, susceptible, à fleur de peau.

Severus se sentait dépassé. Dépassé car à vingt-cinq ans il ne se sentait pas la compétence pour faire fasse à la musique, car à son âge, il n'avait peut-être pas la maturité d'affronter des personnes qui ressentaient tant, qui à leur manière dépendaient autant de lui. Il passa une main agitée dans ses cheveux, tentant de se calmer. Severus frappa doucement à la porte de l'adolescente essayant de se recomposer un air suffisant.

- Émily, fit-il sur un ton neutre.

Elle se retourna lentement, laissant sa plume sur son bureau, cessant d'écrire la lettre qu'elle enverrait à Olivier.

- Quoi, fit-elle brusquement ?

Severus ne savait que faire. La reprendre ne semblait sans effet, elle semblait être à un âge où les réprimandes les plus sévères lui glissaient dessus sans la traverser. Il se tut simplement, espérant qu'elle reconnaisse ses torts.

Émily se savait impolie, mais elle ne savait pas comment faire autrement. Ses sautes d'humeur étaient de plus en plus impressionnantes et même si le Dre Hellens lui avait mentionné que l'anorexie pouvait en être la cause, elle détestait se sentir ainsi. Elle disait des choses qu'elle regrettait toujours, elle blessait ceux qui comptaient le plus pour elle. Et le plus dramatique c'est qu'elle ne savait pas comment faire autrement.

- Je ne voulais pas dire cela, avoua-t-elle d'une voix brisée.

- J'imagine que tu ne voulais pas non plus me traiter d'idiot Serpentard, de vieux grincheux ou de stupide bâtard graisseux, fit Severus sans paraître en colère.

Émily le regarda, suppliante. Elle était désolée, sincèrement désolée, mais elle n'avait pas la force de le dire.

- Je ne le voulais pas…je sais pas ce qui se passe, je me sens vraiment étrange, oncle Sev.

- Je crois Émily, que la situation dégénère trop. Ton impolitesse frise le ridicule. J'ai quelques douzaines de scarabées verts à préparer. Peut-être te calmeras-tu.

- Non, se plaignit-elle, pas ces trucs puants, je déteste y toucher et vous le savez !

- Oui, effectivement je le sais, mais je me dois de t'aider à te changer les idées, après tout, ton bien-être est ma responsabilité.

- Oncle Sev, je vous en prie…je suis désolée de vous avoir dit ces trucs, je veux simplement dormir.

Severus se sentait fléchir et honnêtement il ne s'en préoccupait pas trop. Il avait simplement voulu qu'elle avoue ses torts, après quoi il ne voulait pas lui en tenir rancune.

- Allez oust, au lit alors, fit-il en lui ouvrant les couvertures du lit. Prépare-toi je vais revenir.

Elle se changea rapidement, interloquée d'avoir si facilement échappé à cette « torture ». Elle se glissait sous ses couvertures, alors que Severus revenait près d'elle, un bol de fruit et du yogourt dans ses mains. Émily se mit à trembler, incapable de se contrôler. S'il voulait la punir, il avait bien sûr trouvé le bon moyen. Elle le regarda avancer, tremblant faiblement, pour finalement le voir s'installer sur son lit, à ses côtés.

- Quel repas as-tu pris aujourd'hui, Émily, demanda-t-il calmement ?

- Tous, mentit-elle.

- Émily, je ne t'ai pas vu aux repas aujourd'hui, de la même manière que tu as fuis la Grande Salle ces dernières semaines. Je ne peux pas tolérer de te voir ainsi. Tu acceptes de manger lorsque je te le demande, ou bien je considère te retourner à Ste-Mangouste.

- Mais c'est du chantage, s'exclama-t-elle appeurée.

- Oui, malheureusement, ce l'est, mais j'ai dû constater que toutes mes autres tentatives de t'aider étaient vouées à l'échec. Je ne vais pas te demander grand-chose, Émily, je te demanderai beaucoup moins que ce que l'hôpital exigeait. Je veux simplement faire cesser ta perte de poids.

- Laissez-moi…

- Une chance, termina-t-il pour elle ? Tu sais aussi bien que moi que tu n'es pas capable de le faire seule. Allez mange ceci, à moins que tu préfères une potion nutritive.

- Pas ce soir, je n'ai vraiment pas faim, s'il vous plait, pas ce soir.

- Ce soir, ou demain, Émily et tous les autres jours de la semaine tu devras le faire, à moins que tu préfères passer l'été à l'hôpital. Je ne peux pas t'emmener au manoir dans ton état actuel.

- Mais je vais très bien, s'insurgea-t-elle ! L'an passé j'étais dans la même situation, ou presque et personne ne disait rien ! Personne ne m'embêtait avec cela ! Laissez-moi tranquille, je vais me reposer.

- Émily, si tu ne me laisses pas le choix de te forcer à manger, je le ferai. Peu importe combien je détesterais en venir à une telle extrémité, je le ferais, pour ta santé.

- Vous ne comprenez pas. Je n'ai pas faim !

- Effectivement je ne comprends pas, mais ce que je ne saisis pas c'est davantage la raison pour laquelle tu agis ainsi.

Severus prit un morceau de fruit et le lui tendit. Elle ne su quoi en faire et elle demeura à l'observer passivement.

- Émily, avertit-il, c'est ta dernière chance de manger seule, dans une minute, si tu ne t'es pas décidée je vais te forcer à manger ces morceaux de fruits. Je ne fais pas cela de gaieté de cœur, contrairement à ce que tu peux penser.

Émily ferma ses yeux, en refoulant son chagrin et elle tenta de manger ne serait-ce qu'une petite partie du fruit. Pourtant, une force étrange l'en empêchait, une force presque démente la retenait, l'obligeait à s'abstenir.

- Je suis désolé, fit-il doucement

Alors qu'il s'excusait Émily sentit sa bouche être emplie des aliments tant craints, elle les sentit descendre de force dans sa gorge sans que même avec la volonté la plus grande elle ne puisse rien faire. Elle sentit ses membres ne plus répondre à sa volonté, il l'avait immobilisée. Severus lui fit ainsi manger quelques morceaux de fruits, la laissant entre chaque bouchée haletante, partagée entre les pleurs et la haine. Elle lui en voulait de lui faire vivre cela, mais encore plus que cela, elle s'en voulait de ne rien faire, de ne pas se défendre.

- Vous êtes vraiment…la personne la plus abjecte que j'ai jamais rencontré, fit-elle sur le bord de la crise de nerf, alors qu'il lui faisait avaler le dernier morceau de fruit.

Elle s'était levée, dès qu'il avait retiré le sort d'immobilisation, portant simplement ses vêtements de nuit et elle s'était mise à courir au travers de l'appartement, pour finalement rejoindre la porte d'entrée et s'évader dans les couloirs. Severus, n'avait pas réagit sur le coup, comme un peu stupéfié de la voir fuir ainsi. Il regarda la porte par où s'était sauvée sa jeune fille, avant de décider de la suivre de loin. Il voulait simplement la protéger, dans le cas où elle se rendrait trop loin, où elle n'irait pas bien. Alors que le directrice de Gryffondor arrivait dans leur appartement, Severus partit rejoindre sa fille.

Émily courait toujours, essoufflée, mais cela lui était égal. Elle courait et courait encore, elle ne savait pas vraiment où aller, elle avait simplement besoin de se défouler. C'est ainsi qu'elle avait décidé de se rendre au terrain de Quiddicht. Elle se démenait autour d'une piste démesurément grande. Elle s'épuisait, mais cet épuisement la soulageait en quelque sorte. Elle couru ainsi sans relâche, jusqu'à ne plus pouvoir raisonner, jusqu'à ne plus rien ressentir.

Severus la vit s'installer sur l'herbe et il décida de sortir de l'ombre pour aller lui parler. Il l'avait observée tout ce temps, ne sachant pas comment intervenir. Il avait finalement décidé de la laisser se défouler.

- Tu te sens mieux, demanda-t-il en la rejoignant ?

Elle était assise, exténuée, alors qu'il la regardait, debout. Et c'est à bout de souffle et déconcertée qu'elle le regarda à son tour avec un air horrifié. Elle se sentait prise en faute et l'impression qui s'en suivait n'avait rien d'agréable. Elle se releva et marcha près de lui.

- Viens, Émily, nous retournons au château.

- J'étais en colère, fit-elle comme seule explication alors qu'ils marchaient.

- Je le sais, répondit Severus calmement. Et tu as peut-être toutes les raisons du monde pour l'être. Mais malgré toutes ces bonnes raisons, Émily, tu devras apprendre à exprimer ta colère autrement. Courir dans ton état n'est pas la chose la plus brillante que tu aies faite.

Un silence gênant s'installa. Émily savait qu'il avait raison, elle savait qu'il ne voulait que son bien, mais c'était justement cette attention, qu'elle avait soit dit en passant chercher toute sa vie, qui la dérangeait. Comme si elle sentait son jardin secret piétiné. Alors que rationnellement c'était tout autre.

- S'il vous plait, oncle Sev, laissez-moi m'occuper de la situation.

- Je ne crois pas Émily, que tu sois vraiment en position de promettre quoi que ce soit. Tu me diras probablement n'importe quoi pour t'en sauver.

- Non, je le jure, je ne dirai pas n'importe quoi. Si au mois de juillet je ne vais pas mieux, j'accepterai que vous m'aidiez, proposa-t-elle. Je vais faire des efforts, mais si vous voyez que j'échoue, alors je n'offrirai aucune résistance devant l'aide que vous m'apporterez.

- C'est certainement de la pure folie, Émily, mais je vais te faire confiance. Tu seras pesée aujourd'hui et puis le premier juillet. Je te conseille vivement d'avoir le même poids.

Émily savait ce qui l'attendait, mais elle ne s'en formulait pas vraiment. Sa robe et ses malles étaient remplies de potion de lourdeur.

Cette potion avait été inventée afin d'aider un sorcier chétif qui était si petit que des vents moindrement violents menaçaient de le faire tomber. Émily l'utilisait depuis deux mois déjà et ainsi elle n'avait qu'à prendre la bonne dose pour rajouter à son poids, lors de la pesée, quelques kilos supplémentaires. Le seul inconvénient était qu'elle devait trouver un moyen d'obtenir avant de prendre la potion son poids réel afin de savoir quelle quantité de potion elle devrait prendre. Ainsi, même avec un corps qui affichait son malaise personne n'avait de preuve quant à son réel état et puis, la potion était si ancienne, qu'Émily ne croyait pas que quiconque songe à cette éventualité.

Severus lui ouvrit la porte de leur appartement. Minerva les attendait au salon, alors qu'un petit Harry y avait prit refuge dans ses bras. Puisqu'il avait cessé de hurler depuis longtemps, le savon s'était dissipé et puisque son « méchant » papa n'avait pas avertit le professeur McGonagall qu'il était en punition, Harry en avait légèrement profité pour accourir dans les bras de Minerva, prétextant qu'il avait fait un horrible cauchemar.

Lorsque Harry vit son père revenir, il le fixa, une lueur de colère flottant encore dans ses yeux, il se leva subitement, lui envoyant son regard le plus furieux, alors que son père le fixait de manière identique. Harry fit demi tour, poings et lèvres serrés, en maugréant dans sa barbe. Severus le regarda s'éloigner et retint de justesse son envie folle de rire. N'eut été du fait qu'il ne voulait pas laisser son fils gagner, Severus aurait trouvé amusant d'observer une aussi petite version de lui-même. Il secoua sa tête légèrement avant de porter son attention vers une Minerva interloquée.

- Que se passe-t-il, demanda-t-elle ?

- Il se passe, répondit-il que Harry savait parfaitement qu'il était en punition et que par conséquent il devait demeurer au lit.

- MÊME PAS VRAI, recommença le bambin !

Harry ne voulait pas que tout le monde sache qu'il avait fait une bêtise.

Minerva sourit doucement avant de se lever.

- J'ignorais qu'il était puni Severus, dit-elle. Je croyais qu'il dormait simplement parce qu'il était fatigué. Il est venu me voir en me disant qu'il avait fait un cauchemar !

- Un cauchemar, fit Severus en arquant un sourcil ? j'en doute. Pour en faire un il aurait fallu qu'il dorme, or il ne dormait pas.

- JE DORMAIS, cria Harry. JE FAISAIS DODO ET J'AI FAIT UN CAUCHEMAR !

- Je vois, répondit Minerva amusée. Sur ce Severus, Miss Belhumeur, je vous souhaite une excellente fin de soirée.

La directrice de Gryffondor reprit de la poudre de chemitette pour finalement retourner à ses appartements.

- Viens Émily, je vais te peser et ensuite tu pourrais aller te reposer.

- Je dois passer à ma chambre à ma chambre avant, mes vêtements sont trempés.

Elle s'y dirigea rapidement, à deux doigts de faire une crise de panique. S'il avait fallu qu'il la pèse sans qu'elle ait prit la potion, elle n'aurait pas donné cher de sa peau…ou de ce qu'il lui restait de peau. On ne faisait pas facilement confiance à une anorexique de 40 kilos

Émily ingurgita la potion, grimaçant fortement, avant d'enfiler rapidement des vêtements ses secs et de se diriger vers le salon.

Pendant ce temps, Severus avait fait apparaître un quadrillage sur le sol. Ces carrés magiques permettaient d'obtenir une vision nette de la masse corporelle.

- 45 kilos, fit Severus surpris. Tu me parais bien mince Émily pour faire 45 kilos. Es-tu certaine que tu n'as rien dans tes vêtements qui ajouterait à ton poids ?

Émily retourna ses poches, feignant parfaitement l'offuscation. Si Severus savait combien il était près de trouver la supercherie !

- Eum, fit-il sceptique. C'est bon. Je m'attendrai au même résultat au mois de juillet.

Elle hocha distraitement sa tête, tentant de paraître d'un calme profond, mais se sentant trembler de l'intérieur.

- Oncle Sev, demanda-t-elle en s'installant près de lui sur un divan, est-ce que Olivier pourra venir passer une semaine pendant les vacances ?

- Olivier Debski ? De Gryffondor ?

- Oui, confirma-t-elle craintivement.

- Probablement que oui, répondit-il. Si tu vas bien cela va de soi. Et s'il accepte de fréquenter l'horrible monstre graisseux des cachots !

- Olivier ne pense pas cela, l'assura-t-elle. Il a peut-être mentionné un ou deux trucs moins colorés, finit-elle de mentionner en murmurant…

- Je crois que j'ai une petite idée de ce que ça pourrait être.

Elle le regarda en souriant simplement avant de l'enserrer brièvement, de lui souhaiter bonne nuit et d'aller se coucher. En entrant dans sa chambre elle vit le bol de fruits maintenant vide et de yogourt non entamé qui se trouvaient encore sur sa table de chevet. Elle les fixa avec appréhension quelques temps avant d'aller les déposer sur son bureau de travail. Elle craignait que cette nuit-là, lorsqu'elle se réveillerait affamée, qu'elle en vienne à manger cette nourriture. La nuit elle raisonnait difficilement et se laissait plus facilement tenter. Elle ne voulait pas perdre le contrôle, autrement elle sentirait sa vie basculer, autrement elle se sentirait sale, inutile, trahie. Elle se coucha finalement, fixant quelques secondes son bureau avec la menace alimentaire qui s'y trouvait avant de se décider à se retourner pour ne plus y faire face.

Cette nuit-là, elle se réveilla, comme elle le faisait toujours, son estomac hurlant famine.

« Salle imbécile, s'insulta-t-elle ! Sois pas si faible ! Mais résiste donc ! »

Elle se sentait trembler, elle se sentait fléchir.

- Non, murmura-t-elle.

Elle se leva, prit sa baguette en prononçant un petit Evanesco. Maintenant libérée, elle se recoucha en souriant, ressentant une fierté innommable. Elle avait réussi, elle avait le contrôle, elle se sentait toute puissante !

À peine la moitié du mois de juin passée Émily affichait déjà des signes indéniables de faiblesse. Elle déambulait dans le manoir, comme l'ombre de son ombre, elle flottait dans cette immense demeure, s'y sentant protégée d'un je-ne-sais-quoi.

Severus se rongeait les sangs, refusant de croire à l'échec de leur entente, refusant de se résigner, de la condamner.

- Émily, fit-il alors qu'elle revenait de sa course matinale, je ne peux plus te regarder dépérir.

- Mais vous aviez dit…

- Je sais très bien ce que j'ai dit Émily, et il ne se passe pas une journée sans que je le regrette. Maintenant s'est est trop.

Émily n'était pas d'humeur à s'obstiner. La tête lui brûlait, son esprit s'obstruait, son corps tremblait et ses sens la quittaient. Elle voulait rejoindre sa chambre pour ne pas offrir cette vision de faiblesse à celui qui pouvait la priver de sa si précieuse liberté.

- Émily, tu demeures ici. Je ne sais pas ce qui se passe avec toi, mais tu peux être certaine que je vais deviner.

- NON, il n'y a rien, hurla-t-elle. VOUS N'AVEZ PAS LE DROIT. Vous…V…

Une galaxie s'empara de sa vision, un monde étrange lui brouilla la vue, des millions d'étoiles défilèrent et le monde sembla tourner trop pour elle.

- Ha….souffla-t-elle doucement, papa…

Le dernier mot avait été murmuré, si bien que Severus cru avoir rêvé. Et Émily, en s'échouant sur le sol, entraîna avec elle quelques fioles de la potion de lourdeur qu'elle prenait encore. Le bruit de verre brisé retentit avec force dans la pièce, alertant immédiatement Severus. Il ne perdit pas de temps à tergiverser, sa fille, même si adoptive était inconsciente, sa petite fille reposait étrangement dans un sommeil qui n'avait rien de réparateur.

Il sentit la potion qui s'était répandue sur le sol et instantanément ses questionnements devinrent résolus. Il comprenait les intrigues des dernières semaines et c'est avec empressement qu'il fit disparaître le verre et qu'il souleva Émily pour aller la mettre dans son lit. Severus lui administra quelques potions diverses, avant de contacter Sainte-Mangouste. Et c'est encore inconsciente qu'Émily quitta le manoir et c'est avec le doux, mais douloureux souvenir du « papa » que Severus regarda les flammes de l'antre se dissiper.

- C'était un mensonge, l'accusa Harry alors qu'il s'installait avec lui dans le jardin.

- Un mensonge ?

- Tu avais dit que Mily allait rester pour longtemps et elle est pas restée. Elle est partie encore dans l'hôpital pour beaucoup de jours et je vais pas la voir !

- Harry, fit Severus doucement, au moment où je t'ai mentionné cela, Émily allait bien et je croyais vraiment qu'elle allait aller mieux. Et puis tu ne seras pas seul, mon grand, Ron et Drago arrivent demain. Ils passeront une semaine complète avec toi.

Harry le regarda à travers ses sanglots, souriant faiblement.

Lorsque Ron arriva le lendemain matin, il rejoignit Harry et Drago qui était déjà arrivé. Après maintes recommandations de la part de sa mère, Ron pu se précipiter avec ses amis vers la chambre de Harry et ainsi commencer à s'amuser.

- Allo 'rry, fit Ron en entrant dans la chambre, salut Drago ! Oncle sev a dit à maman qu'on va aller sur le chemin de traverse. C'est chouette, hein ?

Harry et Drago hurlèrent de joie en entendant la nouvelle et lorsque Severus arriva pour voir ce qui venait de survenir, il comprit dès lors que sa bonne nouvelle était maintenant connue de tous.

- Alors comme vous êtes déjà au courant, fit Severus en tentant de conserver son sérieux, venez, nous partons.

- Je peux avoir un chien, demanda Harry ?

- Nous n'avons pas assez de place Harry, répondit Severus !

- Un singe ?

- Non, Harry.

- Un serpent ?

- Non.

- Un chat ?

- Harry, nous ne sommes pas encore partit que tu veux déjà avoir bien des choses. Tu as déjà une chouette, tu as de la chance.

- Oui, mais Tempête aime pas jouer, fit-il en boudant un peu.

- Tu as appris à écrire un peu, Harry, tu pourras demander à Tempête d'envoyer des messages à Émily.

Harry qui n'avait décidément pas songé à cela, oublia rapidement les autres animaux pour ne penser qu'à ce qu'il pourrait écrire à sa belle Mily.

- Papy Dumby a demandé que j'achète des bonbons pour lui, tout plein de bonbons, fit Harry en ouvrant grand les bras.

- Vraiment, fit Severus en relevant son sourcil ?

- Oui, papa, il a dit qu'il peut pas y aller parce que il a trop de travail.

Alors que Severus haussait ses épaules devant l'étrangeté de la situation, Harry et Drago se regardait, complices. Ils se rendirent sur le chemin de traverse, ils y flânèrent une bonne partie de la journée et lorsqu'ils revinrent au château, les trois gamins se réjouissaient de toutes les sucreries qui ornaient leurs poches.

- Il va falloir aller porter toutes ces sucreries à Albus, les enfants, fit Severus en entrant dans le château.

Harry et Drago se regardèrent, l'air horrifié.

- Papy Dumby m'a demandé de les garder, fit Harry. Il a dit qu'il va venir les chercher plus tard.

C'était étrange, décidément étrange, mais Severus n'en fit pas de cas. Il laissa les garçons rejoindre la chambre de Harry, alors que lui-même se dirigeait vers le salon.

- Vous avez vu, fit Harry en vidant le contenu de ses poches sur le lit ! Tous les bonbons sont à nous.

- Mais Papy Dumby, entama Ron l'air songeur…

Harry rougit un peu à cet instant avant de rapidement reprendre contenance.

- Eum, ben c'était pas vrai, Papy Dumby veut pas de bonbons. Mais papa aurait pas voulu acheter des bonbons si j'avais dit que c'était pour moi, termina-t-il d'un air assuré.

- Et maintenant, continua Drago, on a tout plein de bonbons juste pour nous !

Ron apprécia dès lors le subtil subterfuge. C'était tout simplement l'idée la plus fantastique à laquelle il n'avait jamais pensé, même les jumeaux n'avaient jamais eu d'idée aussi géniale.

- Je veux dessiner pour Mily annonça Harry en mâchant une chocogrenouille. Et Tempête va aller porter le dessin. On peut tous dessiner pour elle ! Dans l'hôpital c'est vraiment pas amusant, il faut faire tout plein de dessins à Mily pour pas qu'elle ait de la peine.

- Moi aussi je veux dessiner, annonça Ron. Je vais dessiner des gros ballons de couleurs.

- Et moi je vais faire des animaux et oncle Sev va les faire bouger, décida Drago !

Pour Harry tout était parfait ! S'ils envoyaient tout plein de dessins, Émily reviendrait beaucoup plus rapidement. Et comme ses amis l'aidaient, alors il pourrait sortir Émily de cet hôpital. Ils s'acharnèrent au travail, mangeant à l'occasion une friandise.

Severus vint s'assurer à quelques reprises que tout allait bien, mais il les trouva toujours en train de dessiner.

« Pour une fois, pensa-t-il, qu'ils ne m'en font pas voir de toutes les couleurs ! »

- Papa, dit Harry en sortant de sa chambre accompagné de ses amis, je veux aller donner mes dessins à Tempête, c'est pour Mily.

Severus trouva l'idée intéressante et il entraîna les garçons vers la volière.

- Tempête, fit Harry en l'approchant. Mily est dans une place très loin. Je veux lui donner mes dessins et ceux de Ron et de Drago aussi. Peux-tu aller trouver Mily ?

La belle chouette blanche hocha lentement sa tête, heureuse d'avoir sa première mission, sa première vraie mission de son jeune maître. Harry la regarda partir en se demandant comment sa si petite chouette ferait pour trouver l'endroit où était sa Mily. Il repartit donc sur ces pensées, traversant silencieusement le château en suivant son père de près.

- Bonjour Severus, fit la voix d'Albus.

Les trois petits garçons observèrent le directeur avec une certaine crainte.

- Est-ce que les hiboux ont mangé votre langue, blagua le directeur devant le silence inhabituel des gamins.

- Monsieur le directeur, fit Severus, voudriez-vous nous accompagner. Nous avons vos friandises.

- Mes friandises, demanda Albus ? Quelles friandises ?

- Les friandises que vous avez demandé à Harry de vous amener, expliqua Severus qui commençait à saisir l'arnaque.

- Je n'ai pas demandé de friandises, Severus.

- Les garçons ont dû faire erreur, en fixant durement Harry. Excusez-nous Monsieur le directeur, nous devons retourner à l'appartement

- Papa, fit Harry alors qu'ils marchaient vers leur appartement…

- Harry laisse-moi me calmer. Reste silencieux jusqu'à ce que nous atteignions l'appartement.

Harry soupira. Il n'avait pas pensé que…En fait il n'avait simplement pas pensé du tout. Une fois entré dans l'appartement, Severus conduisit les trois gamins au salon. Ils le regardèrent intensément, craignant les ennuis. Severus quant à lui ne savait pas s'il devait rire ou être en colère.

- Pourquoi ne m'avez-vous pas dit simplement que vous vouliez des friandises, demanda-t-il finalement ? Je vous en aurais acheté et vous auriez évité les ennuis.

- Mais papa, commença Harry, je savais pas que tu allais vouloir. S'il te plait, je veux pas avoir les ennuis.

Harry le regarda avec ses petits yeux d'enfants tristes, d'enfant qui essaie de réclamer quelque chose. Ce regard auquel Severus pouvait difficilement résister.

- Harry, cesse de me regarder ainsi, prévint-il. Qui a eu cette l'idée ?

Les trois garçons regardaient leur soulier sans rien dire.

- Si le coupable ne se dénonce pas continua Severus, alors je devrai conclure que vous l'êtes tous.

- C'est mon idée à moi, papa, avoua Harry doucement.

Severus soupira, il aurait préféré que ce ne soit pas Harry, il aurait préféré laissé à Molly ou Lucius le soin de s'occuper de la bévue de leur enfant. Toutefois c'était Harry, c'était toujours Harry. Il sentit sa tête bourdonner, un mal de tête commençait à faire surface.

- D'accord, Harry vient avec moi nous allons discuter un peu. Drago, Ron vous pouvez aller jouer dans la chambre de Harry.

- Papa, s'il te plait, entama Harry, s'il te plait. Je veux aller avec Drago et Ron.

- Tu vas y aller Harry, après que nous ayons eu une discussion.

- Mais je veux pas parler, fit-il en croisant les bras.

- Je crains que tu n'aies pas le choix, Harry, dit Severus en prenant Harry par la main et en l'incitant à rejoindre sa chambre.

Harry le suivit finalement, le cœur gros. Pourquoi agissait-il toujours ainsi, toujours de manière à se créer des ennuis ? Ils entrèrent dans la chambre de Severus et ils s'installèrent sur le grand lit. Harry s'assit, ses genoux rapprochés de son corps, en attendant de se faire gronder, car inévitablement il allait se faire gronder.

- Harry, calme-toi un peu, dit Severus doucement. Viens ici, continua-t-il.

Il lui ouvrit les bras et Harry le regarda attentivement. Il décida finalement de se lever et d'aller se blottir dans les bras de son père. Severus passa distraitement sa main dans les cheveux de son garçon, en tentant de trouver les mots justes.

- J'aimerais que tu apprennes à réfléchir avant d'agir Harry. Tu ne peux pas tout le temps faire ce qui te passe par la tête. Aujourd'hui ce que tu as fait n'a pas eu beaucoup de conséquences, mais viendra un jour où tes gestes vont avoir des conséquences très lourdes et ce jour tu vas regretter de ne pas avoir appris à te contrôler. Est-ce que tu sais que ce tu as fait était mal ?

- Oui, papa, murmura Harry.

- Et pourquoi ce l'était, Harry ?

- Parce que.

- Parce que n'est pas une réponse Harry.

- Mais oui c'est une réponse, fit Harry en se croisant les bras.

Non mais son papa, faisait exprès pour ne pas comprendre.

- C'était mal parce que c'était un mensonge. Comment veux-tu que j'aie confiance en toi si tu me racontes des menteries ?

Harry ne comprenait pas pourquoi son papa était si perturbé. Ce n'était que des friandises et parfois il le laissait en manger ! Alors ce n'était pas bien grave. Mais son papa continuait de parler.

- Je veux que tu restes dans mon lit Harry. Pense à ce que tu as fait, tente de comprendre pourquoi c'est mal, tente de comprendre ce qui me déçoit dans ton comportement. Je vais revenir dans quelques minutes.

- Mais ce n'était pas mal, on a juste mangé deux chocogrenouilles. Juste deux, s'exclama Harry en montrant effectivement deux doigts !

Severus le regarda, épuisé, avant de se relever et de marcher vers la sortie de sa chambre.

- Papa, noooonnnnn, papa, je veux pas rester seul. Il fait noir ici, j'ai peur.

- Il ne fait pas noir Harry, je vais laisser la porte ouverte. Maintenant commence à réfléchir et ne pense pas à sortir de ce lit.

Harry se coucha en se laissant tomber brusquement. Il n'aimait pas les réflexions, c'était pas amusant. Il n'avait pas été méchant, il avait juste mangé deux chocogrenouilles ! Juste DEUX. Pourquoi son papa en faisait-il tout un drame ? Il attendit et attendit, patienta à ne rien faire, à jouer avec ses bas, à faire parler ses mains, puis les jeux devinrent ennuyeux et il se mit à vraiment penser. Son papa avait dit qu'il avait mentit. Mentir était mal. Mais pourquoi ? Harry ne comprenait pas. S'il n'avait pas mentit il n'aurait pas pu avoir les chocogrenouilles. C'était trop compliqué.

Harry en était là dans ses réflexions lorsque Severus revint le voir.

- Alors Harry, fit-il en s'installant près de son fils. À quoi as-tu pensé ?

- Dire les mensonges c'est pas gentil, fit-il d'une toute petite voix.

- Et pourquoi ce n'est pas gentil, demanda Severus ?

- Parce que ça donne des bonbons, tenta Harry ?

- Non, Harry ce n'est pas la bonne raison.

- Parce que ça enlève la faim pour le repas, essaya à nouveau le bambin ?

- Non plus Harry.

- Mais je sais pas pourquoi c'est pas gentil, se découragea-t-il !

- Mentir c'est mal Harry car ça enlève la confiance. Si tu mens souvent, un jour je ne te croirai plus, même si tu me dis la vérité.

- Mais tu peux aller dans ma tête et savoir si c'est la vraie vérité vraie !

- Oui, Harry moi je le peux. Mais je n'aime pas le faire, je préfère croire que je peux te faire confiance.

Harry commençait à comprendre.

- Je m'excuse, fit-il doucement.

- Oui, Harry je sais. Et je te pardonne. Allez, viens ici.

Le père et le fils s'enlacèrent longuement avant que Harry se décide à déposer un long baiser sur la joue de son papa.

- Tu es le meilleur papa du monde entier. C'est gros le monde entier, hein papa ?

- Oui, Harry c'est très gros, fit Severus en riant ! Allez, va me chercher ce qu'ils vous restent de friandises. Va TOUT me chercher. Je vais les serrer dans la cuisine et vous pourrez en manger plus tard.

Harry lui sourit timidement avant de sauter du lit et de courir vers sa chambre. Il ramena toutes les friandises, sans en laisser dans sa chambre et il les donna toutes à son père.

- Tu es certain que tu les as toutes, Harry, demanda Severus ?

- Oui, papa, toutes, toutes, toutes. Tu peux même aller dans ma tête le voir.

- Non, Harry je te crois. Allez, va jouer maintenant.

Harry lui fit son plus beau sourire avant de courir à nouveau vers sa chambre.

Le lendemain matin, Émily fut réveillée par une extraordinaire chouette blanche. La chouette entra par la fenêtre entrouverte et s'installa près de la jeune fille. Émily qui était encore attachée à son lit, prit la patte de l'oiseau et dégagea les rouleaux de parchemins. En les ouvrant elle vit une dizaine de dessins, tous plus amusants les uns que les autres. Harry, Drago et Ron s'étaient tellement appliqués pour lui offrir quelques instants de bonheur qu'elle se surprit à verser quelques larmes. Elle prit ses parchemins et sa plume et remercia Merlin qu'on lui ait fait suffisamment confiance pour lui laisser le haut du corps libre des liens magiques qui retenaient le reste de son corps au lit. Elle écrivit une courte lettre aux enfants, louangeant leur talent. Elle se décida aussi à écrire à Severus. Elle ne lui en voulait plus. Il n'avait voulu que l'aider, elle ne lui avait pas laissé le choix.

Soudainement tout ceci lui semblait dérisoire. L'hôpital, la maladie, son poids, ses craintes. Elle avait une famille, sa famille. Elle était aimée, appuyée. Elle réalisa sa chance, elle réalisa son bonheur. Et elle se sentit égoïste de n'avoir rien vu avant. Elle savait que la bataille n'avait rien de gagner, mais cette fois-ci elle allait se battre, se battre contre l'anorexie. Elle ne la laisserait pas gagner, elle ne la laisserait pas lui prendre ce qu'elle avait de plus précieux. Un regard déterminé se peignit sur son jeune visage alors qu'elle tournait peut-être une page de son histoire.

Note de l'auteur : Pourquoi une seconde hospitalisation ? Parce que l'anorexie se guérit rarement facilement et que souvent les proches surestiment la première hospitalisation. Je ne vais pas axer l'histoire sur cette pathologie, soyez sans crainte.