Quelque chose n'allait décidément pas. Émily le savait, elle le sentait. Severus avait changé, pas de manière négative, mais il avait changé quand même et elle n'appréciait pas ce changement. En fait c'est la raison de ce changement qui la dérangeait, qui l'effrayait. On ne change pas un homme en claquant des doigts. Un homme, aussi normal soit-il ne se met pas à sourire davantage du jour au lendemain. Ces changements cachaient une femme et Émily ne pouvait s'y résoudre. Elle ne voulait pas empêcher Severus d'être heureux, loin de là, il méritait de l'être, après tout ce qu'il avait fait pour elle, pour eux. Mais elle ne voulait pas le partager. Elle avait finalement eu un père, après des années d'attente et déjà elle devait se faire à l'idée qu'il serait un peu moins à elle.
Harry, lui aussi, avait vu que quelque chose se tramait. Émily le gardait souvent, son père s'absentait plus fréquemment. Il ne pouvait pas expliquer ce qu'il ressentait, mais il savait, intrinsèquement que quelque chose avait changé. Il venait peut-être juste d'avoir sept ans, il était peut-être juste qu'un enfant, mais il n'était ni aveugle, ni idiot. Son père avait une amie c'était certain. Et en plus il croyait savoir de qui il s'agissait. À vrai dire ce n'était pas tellement ardu, son père ne cessait d'en parler. «Mme Laurens a dit ceci», «Mme Laurens a fait cela», «d'après Mme Laurens je devrais faire ça», etc, etc, etc. C'était lassant!
Et puis Mme Laurens avait enfin eu un prénom et maintenant ce n'était plus la dame Laurens dont il parlait mais bien de Mathilda, et le même cirque se répétait.
- Il est encore avec elle, demanda Harry alors qu'il ne trouva qu'Émily dans l'appartement à son retour de classe?
- N'exagère pas, Harry, fit Émily en tentant de camoufler le même agacement que son frère. Il ne la voit qu'une fois ou deux par semaine. Il a bien le droit de sortir.
Elle se devait de lui montrer le bon exemple, de se montrer tolérante, mais elle devait faire une bien piète actrice.
- Ne fais pas semblant Mily, tu détestes cette femme autant que moi et tu voudrais aussi qu'il soit ici et non avec elle!
- C'est faux, Harry!
- C'est ça, c'est ça…, marmonna Harry, et maintenant les Serdaigle détestent apprendre, le savais-tu?
En vieillissant, Harry adoptait parfois le même ton que son père, les mêmes sarcasmes. Émily se terra dans son silence, refusant de commencer une guerre de mots. Elle laissa le temps filer, regardant les aiguilles de sa montre à un intervalle effréné.
- Va te coucher, Harry, dit-elle enfin, alors que neuf heures approchaient.
- Je veux l'attendre, protesta-t-il.
- Probablement, mais le fait est que tu ne peux pas, tu te coucherais trop tard! Et puis je ne veux pas être punie parce que je n'aurai pas respecté TON couvre-feu!
- Toi aussi tu as changé, l'accusa-t-il! Depuis que papa voit cette stupide femme tu es pas comme avant!
Il partit rapidement, refoulant peut-être ses larmes, serrant peut-être fortement ses poings, Émily l'ignorait. Elle avait fixé les flammes depuis les premières accusations, elle se sentait horriblement mal. Il avait raison. Elle était devenue impatiente. Elle en voulait à la Terre entière et elle déversait sa colère sur son frère, sur ce petit garçon qu'elle adorait. Elle soupira bruyamment, tentant de décider ce qu'elle devait faire. Et c'est résolu qu'elle se dirigea vers la chambre de Harry, voulant à tout prix réparer ses erreurs, ne voulant pas qu'il s'endorme avec un cœur gros.
- Harry, fit-elle en entrant dans sa chambre, je suis désolée. Je ne voulais pas te parler ainsi…
Harry était sous ses couvertures et serraient fortement un oreiller. Il devait trouver une idée, une idée de génie pour que cette femme disparaisse de leur vie.
- L'amie de papa a gâché notre famille, fit-il après quelques temps de silence. Je veux qu'elle parte.
- Je ne devrais pas te dire cela Harry, mais je le désire aussi.
Le jeune garçon se dit alors que cette femme partirait, il s'en occuperait. Il ferait une potion, puisqu'il ne pouvait pas encore utiliser la magie. Il ferait une potion collante et puante et il s'arrangerait pour que cette femme en soit recouverte. Elle comprendrait qu'elle n'était pas aimée, elle comprendrait qu'elle ferait mieux de les laisser.
Un potion, telle qu'il la désirait n'était pas ardue à trouver et encore moins à faire, presque toutes les potions répondaient au critère…elles étaient souvent gluantes et nauséabondes, la difficulté ne résidait pas là…Il serait plus ardu de trouver une potion qui ne la blesserait pas, car après tout Harry ne voulait pas lui faire mal, seulement lui montrer que quelqu'un la détestait. Quelqu'un car bien sûr il ne signerait pas l'envoie, il enverrait sa chouette la porter et la dame recevrait la lettre qui serait enduite de la fameuse potion. Et comble de chance, il avait trouvé dans un livre que son ami Ron lui avait donné une potion de farce et attrape, une potion qui n'entraînait aucun effet physique, mais répondait parfaitement au besoin de Harry!
Amasser tous les ingrédients ne fut guère une tâche complexe, avec tout ce que son père possédait dans ses réserves, il lui avait fallu quelques jours à peine pour tout récupérer ce dont il avait besoin. Il s'était alors installé dans sa chambre, dans son placard afin de préparer sa fameuse potions. Il faisait sombre, mais rien de dramatique, rien qui ne l'empêchait d'accomplir sa mission. Et lorsqu'il vit sa chouette prendre son enveloppe avec le parchemin recouvert de cette infâme potion un sourire naquit sur ses lèvres.
Mathilda se trouvait dans son salon lorsque la chouette blanche parvint à sa fenêtre. Elle la reconnu facilement, ces chouettes étaient d'autant plus rares que dispendieuses. Elle se demande ce que le jeune Harry lui voulait et ce n'est qu'après avoir ouvert le parchemin qu'elle comprit ce qu'il y avait d'écrit. Sur le parchemin on pouvait facilement lire:
C'est parce que je ne vous aime pas!
La jeune femme se promit que Severus aurait de ses nouvelles.
Harry était dans sa chambre, tentant de compléter son devoir de mathématique. L'équation sur laquelle il travaillait n'avait rien de simple, mais il s'entêtait à poursuivre, certain qu'il pourrait réussir. Alors qu'il y était concentré, Severus entra dans sa chambre, le faisant sursauter.
Harry ne pouvait pas se douter que son père savait, après tout, il n'avait pas signé, après tout, bien des personnes pouvaient détester cette femme!
- Des explications, gronda Severus! Et maintenant!
Harry le regarda, incertain. Il ne comprenait certainement pas!
- Ne fais pas semblant Harry, fit-il en lui tendant le parchemin que Mathilda lui avait envoyé.
Et tout en lisant, les yeux de Harry s'agrandirent! C'était impossible! Comme avait-elle deviné?
- Tu vas me fournir des explications, jeune homme, tu n'y échapperas pas! Et tu vas me les donner maintenant! Que tu aies envie de jouer des farces, ça peut passer, mais que tu fasses preuve d'une méchanceté aussi gratuite c'est inacceptable!
- C'est elle qui est méchante! Elle a brisé notre famille, fit Harry enragé!
- Elle n'a rien brisé, contra Severus!
- Si! Tu es toujours avec elle, tu ne parles que d'elle et même Mily a changé! Elle a de la peine aussi et elle est souvent fâchée quand tu es pas là! Cette femme est méchante, elle nous a volé notre père!
Severus n'en croyait pas ses oreilles! Il n'avait jamais réalisé ce qu'il faisait vivre à ses enfants, il n'avait pas voulu qu'ils rencontrent sa compagne avant d'être assuré que leur relation était sérieuse. Mais en les éloignant ainsi, il les avait fait se sentir à part, ses enfants s'étaient sentis abandonnés.
Mathilda s'était avérée être très différente de la femme qu'il croyait connaître. Quand elle l'avait contacté par cheminée, elle avait tenu des propos grossiers envers ses enfants et Severus avait constaté qu'elle ne pourrait jamais les tolérer, et encore moins les aimer. C'était lui qu'elle aimait, pas eux!
Et c'est tout naturellement qu'il avait décidé de cesser de la rencontrer, car ses enfants étaient sa priorité.
Il s'était assis sur le lit de son fils, trop surpris pour être en mesure de se tenir debout.
- Harry, fit Severus. Ce n'est pas ce que je voulais faire. J'ai fait une erreur en ne vous la présentant pas, c'est vrai. Mais tu aurais pu venir m'en parler, nous aurions pu en discuter civilement. Au lieu de cela, tu as agis avec la même méchanceté que tu reprochais à Mathilda. Si tu n'es pas capable d'être mature en utilisant les potions, tu n'auras plus le droit d'en faire, Harry. Je te faisais confiance et tu m'as montré que peut-être j'avais tort.
- Mais c'est de SA faute, argumenta le jeune garçon. Tu n'étais jamais ici!
- Non Harry, fit patiemment, mais fermement Severus. Ce n'est pas de sa faute. J'ai pris la décision de la fréquenter à l'extérieur de l'appartement, elle ne m'a pas forcé. J'ai fait une erreur, j'en suis désolé. Et toi aussi Harry tu as fait une erreur, Harry, tu t'es attaqué à elle sans réellement savoir!
- Je voulais juste que tu restes à la maison, plaida-t-il….que tout soit comme avant!
- Tu vas lui écrire une lettre d'excuse Harry. Je ne fréquenterai plus cette femme, j'ai réalisé que ça ne pouvait pas fonctionner, mais tu vas tout de même lui présenter tes excuses les plus sincères! Tu seras également privé de balai pour deux semaines!
- Mais papa…
- Tu préfères, peut-être que ce soit trois semaines?
Harry secoua négativement sa tête. Il se sentait misérable. Il n'avait pas réellement désiré que la relation de son père avec cette femme soit détruite. Ce n'est pas ce qu'il voulait…il voulait seulement voir davantage son papa. La culpabilité lui serrait la gorge, il avait envie de pleurer, de s'excuser, mais en même temps il était contrarié: Deux semaines sans pouvoir voler, il n'allait pas survivre!
- Maintenant, Harry, dis-moi la part de responsabilité qu'a eu Émily dans cette décision.
Harry se mordit la lèvre, il n'avait pas envie que sa sœur subisse les conséquences elle aussi.
- Mily savait pas que j'enverrais la potion, avoua-t-il faiblement.
- Et que savait-elle exactement, demanda Severus en fronçant ses sourcils?
- Rien…mily savait rien.
- Harry, gronda Severus. Je suis suffisamment en colère comme c'est là. Ne me mens pas en plus!
- Tu veux toujours tout savoir, l'accusa-t-il! Je suis sûr que les autres pères sont pas comme ça! Monsieur Weasley ne fait pas ça!
- Je ne suis pas les autres pères, je ne suis pas Arthur Weasley. Maintenant réponds-moi!
- NON! Va lui demander toi-même, hurla Harry en serrant les poings.
Il n'était pas ainsi! Il n'était pas un porte panier!
- Parfait, fit Severus. Je crois qu'une semaine à te coucher à vingt heures te fera du bien, jeune homme. Je n'accepterai pas que tu me parles ainsi!
Harry lui tourna le dos et l'entendit partir. Son père l'avait contrarié. Il se sentait si mal. Il ne savait plus comment se supporter. Il avait brisé sa relation avec la femme et en plus il lui avait hurlé dessus. Il donna un coup de pied dans son matelas, s'y jetant rapidement après. Il avait tout gâché. Non il n'aimait pas cette Mathilda, non il n'aimait pas quand son père partait la voir au lieu de demeurer avec eux au château, oui il voulait que leur vie soit comme avant…mais il n'avait pas voulu pour avoir tout cela, blesser son père.
Severus pour sa part ne comprenait pas son fils. Cette réaction si extrême, cette rage. Peut-être était-ce normal, après tout Harry vieillissait. Severus soupira, il détestait se sentir impuissant, il détestait ne pas savoir comment agir et présentement il se sentait ainsi.
- Il a fait quoi, fit Émily alors que Severus venait de lui narrer les derniers évènements?
- Alors, tu ne savais rien, demanda-t-il?
- Je ne savais pas qu'il ferait ça!
- Que savais-tu alors, demanda-t-il sévèrement?
- Seulement qu'il était contrarié…
- La vérité, Émily.
Elle s'assit sur son lit, tentant de se remémorer leur discussion. Elle était pratiquement aussi coupable que Harry.
- Il voulait que notre famille redevienne comme avant. Que Mathilda parte.
- Et toi Émily, qu'as-tu répondu à cela?
- Je…j'ai dit que je le désirais aussi, que tout avait trop changé, avoua-t-elle en rougissant jusqu'aux oreilles. Mais je ne voulais pas réellement qu'elle s'en aille, seulement que tu sois plus souvent à la maison, tenta-t-elle de se racheter.
- Aimerais-tu, Émily, que j'agisse avec toi comme tu viens de le faire à mon endroit, que je condamne et tente de faire fuir tes amies qui me déplaisent, celles qui prennent trop de ton temps à mon goût?
- Non, fit-elle à mi voix.
- Alors pourquoi l'as-tu fait?
- J'avais enfin une famille, une famille à moi, je ne voulais pas la partager. Je suis tellement désolée, papa…
- Tu aurais dû venir m'en parler, nous aurions trouvé un compromis. Pour la prochaine semaine, Émily, tu iras à tes cours, rentreras directement à l'appartement pour faire tes devoirs, tu mangeras ici et tu retourneras à ta Salle Commune vers neuf heures pour te coucher directement.
- Tu me punis pour rien! Je ne savais seulement pas comment t'en parler!
- Non, Émily, tu n'avais même pas envie de régler le conflit, tu voulais simplement qu'elle parte, sans prendre en considération ce que je désirais. Compte-toi chanceuse de ne pas être autant punie que ton frère.
Émily le regarda à peine, honteuse de l'avoir autant blessé.
- Je suis dépassé par votre égoïsme, avoua-t-il enfin. Je vous aime et vous le savez, jamais personne ne sera aussi important que vous. Je vivais quelque chose qui me rendait heureux et vous, sans considération pour mon bonheur, avez fait cela. Peut-être que je ne serais pas demeuré longtemps avec cette femme, peut-être même que nous aurions mis fin à notre fréquentation bien plus rapidement que tu peux le croire, mais le fait est que Harry et toi avez agis ainsi. Je suis vraiment déçu, Émily.
- Papa…
- Bonne nuit Émily. Il est presque neuf heures. Remonte à ta tour et va te coucher. Je te conseillerais vivement de ne pas traîner en chemin et de ne pas veiller une fois rendu. Je finirai par le savoir et crois-moi j'en serais très contrarié.
Émily partie, tête basse, vers sa tour, ne traînant effectivement pas, se dirigeant aussi rapidement qu'elle le pouvait vers sa tour et puis son lit. Elle s'endormit difficilement, le cœur lourd. Ce qu'ils avaient fait ne lui avait pas semblé mal, elle n'avait pas crû qu'ils agissaient égoïstement, tout avait semblé se justifier de lui-même…et maintenant plus rien ne fonctionnait.
Harry se réveilla tôt le lendemain matin, la culpabilité le rongeait et cela n'avait certainement rien d'agréable. Il se leva en soupirant, parcourant de ses pieds nus les planchers frais de l'appartement. Severus travaillait en silence sur des travaux d'élèves et sa plume hachurait avec force des propos erronés.
- Papa, fit Harry en arrivant près de lui?
Il voulait que tout cesse, que tout redevienne comme avant. Avant qu'il enrage autant son père, qu'il le déçoive tellement.
- Eum, fit Severus sans relever la tête des parchemins?
- Tu es encore fâché?
- Oui.
Seulement ce mot, pas d'explications, pas de phrases réconfortantes, rien. Seulement ce mot et toute la peur qui venait avec. La peur du rejet, la peur d'être détesté, la peur qu'il ne lui parle plus jamais.
- Qu'est-ce que je peux faire pour me faire pardonner, papa? Je regrette vraiment d'avoir fait ce que j'ai fait.
- Vraiment? Tu regrettes vraiment Harry?
- Oui, fit Harry doucement. Je n'aurais pas dû lui envoyer cette potion. C'était méchant.
- Oui ce l'était. Je fus très déçu, Harry, vraiment je ne croyais pas t'avoir si mal élevé.
- Je ne le ferai plus, promit Harry!
- Je l'espère!
- Mais je sais pas quoi faire pour réparer mon erreur, dit Harry après quelques minutes de silence. Je sais pas quoi faire pour que tu arrêtes d'être fâché!
- Harry, tu as présenté tes excuses, tu es maintenant en punition, tu ne peux rien faire d'autre. Je ne resterai pas en colère éternellement, mais tu dois comprendre que ce n'est pas parce que je te punis que tout s'efface, la douleur demeure tout de même.
Harry hocha doucement sa tête. Il comprenait. Il allait vraiment être gentil dans les prochains jours à venir, vraiment gentil, pour s'assurer que son papa oublie, autant le pouvait-il, ce qu'il avait fait.
Severus ne demeura pas en colère longtemps. Après tout il ne voulait pas rendre ses enfants misérables, il ne voulait pas les faire vivre dans la culpabilité. Et sans même qu'il soit en colère il avait bien remarqué à quel point ils étaient devenus obéissants depuis l'incident avec Mathilda. Depuis ce temps et pour quelques semaines durant, ses enfants avaient été parfaits! Et c'est ironiquement que Severus s'ennuyait de leur version davantage animée!
Puis peu à peu ils étaient revenus à leur sens, renouvellant leur joie de vie, leur vivacité, leur âneries, malheureusement. Severus n'avait pas insisté pour rencontrer une femme à nouveau. Il n'était peut-être pas près, ses enfants ne l'étaient peut-être pas non plus, mais il avait la conviction qu'ils avaient besoin d'une mère, que ce n'était pas sain de ne pas posséder d'image maternelle.
Et quand Agneska était arrivée dans sa vie c'est tout naturellement qu'il l'avait invité dans ses appartements, permettant à ses enfants de la rencontrer aussi, ne s'absentant pas, ne leur donnant pas l'impression qu'il les délaissait au profit d'une femme.
- Veux-tu un verre de jus, demanda Harry?
Il avait rapidement accepté la femme, semblait-il.
- Oui, c'est très gentil à toi, Harry, fit-elle doucement.
Harry se dirigea rapidement vers la cuisine, remplissant un verre de jus de raisins. Lorsqu'il revint au salon, son pied s'accrocha dans le tapis et il trébucha, envoyant le liquide sur la robe blanche de la dame. Severus vit se répéter l'astuce passée et c'est en colère qu'il le remit sur ses pieds.
- Tu te crois peut-être drôle, Harry, mais je t'assure que c'est faux! Dans ta chambre!
- Je n'ai pas fait exprès, papa, tenta Harry effrayé de la tournure des évènements!
- Tu me demandes de croire cela? Après ce que tu as fait dans le passé? Ne me fais pas répéter, Harry!
Harry partit rageusement vers sa chambre. Il n'avait certainement pas voulu renverser le jus sur la dame. Il l'aimait bien Agneska, elle était gentille avec lui, l'écoutait parler et ne le traitait pas en bébé.
- Severus, fit Agneska alors que Harry venait de fermer sa porte, ne crois-tu pas que tu as été un peu trop sévère. Ce n'était qu'un accident après tout.
- Ceci n'avait rien d'un accident, fit-il en lui racontant ce qu'Harry avait fait à Mathilda.
- Tu me permets d'aller lui parler, demanda-t-elle doucement?
- Oui, oui. Vas-y, je vais ramasser pendant ce temps.
Agneska se leva, lui donnant un léger baiser sur le front avant de se diriger vers la chambre de l'enfant. Elle frappa tranquillement à la porte, lui demandant si elle pouvait entrer.
- Entre, fit le jeune homme la voix tremblotante.
Elle entra effectivement portant encore sa robe tâchée de jus. En voyant cela, Harry détourna le regard, se sentant si misérable.
- Ton père m'a raconté pour Mathilda, entama-t-elle en douceur.
- Je te jure que je ne voulais pas faire comme avec cette femme. Ce n'était pas un mauvais coup. Je suis seulement tombé. Vraiment, plaida-t-il avec vigueur!
- Je sais Harry, mais comprend ton père. Tu lui as fait ce coup il n'y a pas longtemps de cela, il est évident qu'il allait sauter à cette conclusion.
- Il me croira jamais, fit-il dramatiquement!
- Je sais que partager ton père est difficile. C'est ton père à toi, et moi j'arrive dans votre vie et je prends un peu de son temps.
- Mais ça me dérange pas! J'aime quand tu viens ici, j'aime que papa soit avec toi! Tu es gentille, tu n'es pas comme Mathilda. Avec elle ça me dérangeait car elle n'était pas gentille avec moi! Et papa va encore être fâché et il va me punir en m'empêchant de voler pour l'éternité!
- Je ne peux pas m'interposer entre ton père et toi, mais quand il viendra te voir, dis-lui ce que tu viens de me dire. Sois honnête avec lui. Ne crie pas. Tu verras, je suis certaine qu'il t'écoutera. Je vais rentrer chez moi maintenant, il se fait tard.
- Tu reviendras, demanda-t-il faiblement? Tu sais je t'aime bien…et puis je suis désolé…
- N'y pense plus, un simple petit sort et tout sera réglé. Je reviendrai, promit-elle finalement.
À sa plus grande surprise, Harry la serra fortement dans ses bras et c'est instinctivement qu'elle lui remit la pareille.
Elle partit enfin et Harry attendit que Severus vienne le voir. Et s'il ne venait pas? Et s'il le laissait passer toute la journée dans sa chambre? C'était simplement un malentendu, Harry ne lui en voulait même pas de l'avoir envoyé dans sa chambre, après tout son père n'aurait jamais fait cela s'il n'y avait pas eu le parchemin de Mathilda!
Severus entra rapidement dans sa chambre, enragé. Il n'avait pas pris le temps de se calmer, trop déçu par ce comportement si mesquin!
- Papa,…
- Tu crois que j'ai envie de t'entendre, Harry? Je croyais que tu avais compris.
- Tu as tort, murmura Harry!
- Pardon?
- Tu as tort, fit-il plus fortement! J'aime Agneska, j'aime quand elle vient ici! Je ne voulais pas gâcher ses vêtements. Je n'étais pas attentif en marchant et je suis tombé! Je te le jure papa. Je ne veux pas qu'elle parte!
Et c'est Severus qui se sentit misérable, misérable d'avoir douté de son fils. Il l'étreignit avec amour, se sentant si idiot de s'être emporté de la sorte.
- Je crois que cette petite aventure nous aura appris quelque chose, fit Severus en prenant le menton de Harry pour le regarder dans les yeux. Pour ta part tu viens peut-être de comprendre que c'est très embêtant de ne pas avoir la confiance de quelqu'un et ce l'est encore davantage quand tu dis la vérité et que l'autre personne ne peut pas te croire car tu lui aurais trop mentit. Pour ma part j'ai compris que de m'emporter aussi rapidement, même si les évènements me semble on ne peut plus clairs, pouvait me faire faire des erreurs.
Harry hocha lentement sa tête, tentant de tout saisir. Et certains discours de son père commençaient à faire du sens dans sa tête. Il avait longtemps réfléchi à pourquoi mentir était mal. Mentir pouvait vraiment être intéressant, jusqu'à ce jour, pour Harry. Mentir pouvait lui donner des choses qu'il n'aurait pas eues autrement, mentir pouvait lui éviter des ennuis, et Merlin seul sait que pour Harry ceci signifiait beaucoup. Aujourd'hui il avait compris. Il n'avait pas aimé que son père ne le croit pas, il n'avait pas aimé se sentir impuissant pour lui faire comprendre qu'il était honnête. Et c'est tout naturellement qu'il avait compris que s'il ne lui avait pas autant mentit dans le passé, son père n'aurait pas douté de lui. Alors il venait de constater les désavantages du mensonge.
- Papa, fit Mily depuis l'entrée. Tu es là?
- Dans la chambre de Harry, Émily!
L'adolescente les rejoignit rapidement. Elle s'installa à côté de son père, sur le lit de Harry de telle sorte que Severus se trouvait entouré de ses deux enfants.
- Vous savez, fit-il, je ne désire pas trouver une femme pour remplacer vos mères. Je ne désire pas non plus trouver une femme pour qu'elle s'occupe de vous à ma place. Je suis très heureux de vous avoir et même si je demeurais à jamais seul pour m'occuper de vous et bien je le ferais toujours avec le même bonheur. Je désire seulement vous rendre heureux.
- Papa, dit Harry après quelques minutes de silence. Tu sais, Agneska je la trouve très gentille, ça me dérangerait pas qu'elle devienne ma maman. Mais faut que tu promettes que tu vas toujours rester mon papa aussi!
- Rien ne pourrait m'empêcher de l'être Harry. Et toi Émily?
- Agneska ne me dérange pas. Je ne la connais pas vraiment, mais elle semble gentille. Mais ne compte pas sur moi pour lui obéir…Je veux dire, je vais la respecter, c'est une adulte, je vais écouter ses conseils, mais tu ne peux pas t'attendre à ce que je lui obéisse comme si elle était toi.
- J'imagine, fit-il après l'avoir observée quelques secondes que c'est un compromis acceptable.
Severus n'était pas près, de toute manière, à partager ainsi sa vie. Il avait besoin de ces dimanches matin à retrouver son fils coucher dans son lit, à paresser quelques temps avec lui sous les couvertures, à passer du temps près du feu, à vivre tout simplement, avec ses enfants.
