Combats d'enfants( trois parties, trois chansons)

partie 3-Ceux que l'on met au monde, Lynda Lemay

3-CEUX QUE L'ON MET AU MONDE

Ceux que l'on met au monde
Ne nous appartiennent pas
C'est ce que l'on nous montre
Et c'est ce que l'on croit
Ils ont une vie à vivre
On n'peut pas dessiner
Les chemins qu'ils vont suivre
Ils devront décider.

Il y a trois ans, une personne que je considérais comme une amie a profiter de mon état de choc pour me faire avorter. Il fallait me comprendre… J'étais à mi chemin de mon diplôme, et l'homme que j'aimais, le père de mon enfant, était disparu depuis trois semaines. Pour certains, il était déjà mort. J'étais sous le choc, incapable d'une pensée cohérente. Et Lavande a profiter de mon état pour me faire boire une potion d'avortement, tuant sur le coup mon petit bébé. Pourtant, je le voulais… Merlin sait que je le désirais. Il était peut-être le dernier cadeau que Ron m'ait fait… J'aurais été prête à l'élevé, à l'aimer, et a respecter ses choix, peux importe quels qu'ils soient… Mais Lavande a tuer mon enfant.

C'est une belle histoire
Que cette indépendance
Une fois passés les boires
Et la petite enfance
Qu'il ne faille rien nouer
Qu'on ne puisse pas défaire
Que des nœuds pas serrés
Des boucles, si l'on préfère

J'aurais tant aimé vivre cette proximité avec mon enfant. Lui parler alors qu'il était dans mon ventre, lui donner la vie et l'aimer… Lui apprendre ce que c'est d'être vivant, jouer avec lui… Je lui aurais parlé de son père, dans l'éventualité où Ron ne serait pas revenu… J'aurais regarder mon enfant grandir et devenir une source de joie pour moi. Je l'aurais regarder s'éloigner, vivre, expérimenter. Faire des bêtises. Je l'aurais regarder partir pour l'école, rencontrer ses meilleurs amis, tout comme Harry, Ron et moi… Mais il est trop tard. Cette boucle a été serrée, Lavande a fait le nœud qui a enlevé la vie de mon enfant… et a endommagé mon utérus. Peut-être que je n'aurai jamais d'enfants. Merlin… S'il vous plait… Que je puisse un jour avoir un enfant, le serrer contre moi… A jamais…

Ceux que l'on aide à naître
Ne nous appartiennent pas
Ils sont ce qu'ils veulent être
Qu'on en soit fière ou pas
C'est ce que l'on nous dit
C'est ce qui est écrit
La bonne philosophie
La grande psychologie

Elle espérait que Ron, a son retour, m'en veuille d'avoir tuer notre enfant. Après trois mois, il est finalement revenu. J'ai pleuré de joie. Blessé, il avait été emmené avec d'autres gens atteints par des sorts. Il s'était réveillé amnésique, et personne n'avait pu l'identifier. Lorsqu'il avait retrouvé la mémoire, on nous avait appelé. Lavande s'est empressée de lui dire ce qui s'était passé, omettant de dire qu'elle avait profité de mon état de choc. Ron a tempêté, a hurler, m'a traité de nom. J'en encaissé, sans rien dire. Ce n'est que plus tard, lorsqu'il se fut calmé, que je lui dis la vérité. Lavande a été renvoyée de l'université. Ron la déteste. Et maintenant, trois ans après, je porte à nouveau la vie. Ron est près de moi, mon ami, mon mari, pour m'aider et pour cajoler notre enfant qui naîtra bientôt.

Et voila que tu nais
Et que t'es pas normal
T'es dodu, t'es parfait
Le problème est mental
Et voilà que c'est pas vrai
Que tu vas faire ton chemin
Car t'arrêteras jamais
De n'être qu'un gamin

Lorsque notre petit Dimitri est né… Il semblait si parfait ! Les cheveux roux de son père, et des yeux bleus brillants ! Harry, son parrain, le tenait dans ses bras lorsque le médecin est venu nous voir. Il y avait eu des complications, durant l'accouchement, du a mon utérus endommagé. Dimitri avait cessé de respirer quelques secondes. Pas assez pour le tuer, mais assez pour que le cerveau manque d'air. Le verdict était tombé, froid, irréel; attardé.

Tu fais tes premiers pas
On se laisse émouvoir
Mais les pas que tu feras
Ne te mèneront nulle part
Qui es-tu si t'es pas
Un adulte en devenir
Si c'est ma jupe à moi
Pour toujours qui t'attire

Dimitri a un an et demi. Il marche et babille, comme un enfant normal. Un instant, on croit au miracle. Il marche vers nous en souriant, et nos yeux brillent de larmes de joie. Mais il a beau se déplacer, ces pas ne le mèneront jamais à une destination finale. Mon fils, même adulte, ne sera jamais indépendant. Mon fils restera à jamais un enfant. Jamais il ne tombera amoureux, jamais il ne nous présentera sa future épouse. A jamais, c'est derrière moi qu'il viendra se cacher.

C'est pas c'qu'on m'avait dit
J'étais pas préparée
T'es a moi pour la vie
Le bon dieu c'est trompé
Et y a le diable qui rit
Dans sa barbe de feu
Et puis qui me punit
D'l'avoir prié un peu
Pour que tu m'appartiennes
À la vie, à la mort
Il t'a changé en teigne
Il t'a jeté un sort

Moi qui avait tellement lu durant ma maternité sur l'évolution des enfants, sur comment réagir… Tous ces livres me sont inutiles. Tu restera avec moi à jamais, éternel enfant dans un corps d'adulte. Dieu s'est trompé lorsqu'il te créa, et le diable en rit. Suis-je punie pour avoir tant prier un enfant ? Est-ce leur façon de se venger de moi d'avoir demander l'impossible ?

T'es mon enfant d'amour
T'es mon enfant spécial
Un enfant pour toujours
Un cadeau des étoiles
Un enfant à jamais
Un enfant anormal
C'est ce que j'espérais
Alors pourquoi j'ai mal

Je t'aime, Dimitri… Je t'aime tellement ! Même si aux yeux des autres, tu semble différent… Je sais que tu es seulement spécial. Tu es mon bébé, mon enfant, le plus beau cadeau que l'on m'ait fait. Je te voulais tant, mon amour… Parfois, je vois papa pleurer. C'est difficile pour lui aussi. Lui qui avait souhaité une famille nombreuse, il a seulement un fils, un fils qui ne pourra pas lui donner les petits-enfants qu'il aurait aimé… Mais papa t'aime. Il t'aime de tout son cœur. Mon trésor… Tu sera à jamais notre bébé. Tu sera à la fois les enfants et les petits-enfants que nous n'auront pas. Même si cela nous blesse…

J'aurais pas réussi
A me détacher de toi
Le destin est gentil
Tu ne t'en iras pas
T'auras pas dix huit ans
De la même façon
Que ceux que le temps rend
Plus hommes que garçons

Je t'ai tellement voulu que de te laisser partir aurait été si dur… Mais tu restera à jamais avec moi. Même lorsque tu fêtera ta majorité, tu ne sera jamais en état de vivre par toi-même. Pour tous adultes, mais pour nous, enfant…. Tu sera pour toujours mon petit garçon, même si ceux qui te verront te verront plus homme que garçon… Jusqu'à ce qu'ils te parlent…

T'auras besoin de moi
Mon éternel enfant
Qui ne t'en iras pas
Vivre appartement
Ta jeunesse me suivra
Jusque dans ma vieillesse
Ton docteur a dit ça
C'était comme une promesse

Tu aura à jamais besoin de moi. Tu restera dans cette chambre d'enfant, jamais tu n'iras vivre par toi-même en appartement. Tu restera à jamais avec moi, jeune dans ton cœur, même lorsque je serai vieille. Lorsque ton docteur m'a dis ça, alors que papa et parrain pleuraient… C'était comme une promesse, entre toi et moi.

Moi qui avais tellement peur
De te voir m'échapper
Voilà que ton petit cœur
Me jure fidélité
Toute ma vie durant
J'conserverai mes droit
Mes tâches de maman
Et tu m'appartiendras

J'avais si peur un jour de devoir me quitter, mais voilà que ton petit corps restera à jamais avec moi. Pour toujours, je serai ta mère, quoi qu'il advienne.

Ceux que l'on met au monde
Ne nous appartiennent pas
C'est ce que l'on nous montre
Et c'est ce que l'on croit
C'est une belle histoire
Que cette histoire là
Mais voilà que surprise
Mon enfant m'appartient

Dans les cours pré-nataux, ils n'avaient pas parlés de l'éventualité d'avoir un enfant « à problème ». Ce sujet est tellement tabou qu'il n'y a même pas de livres qui en parlent… Pourtant, nous ne sommes pas les seuls parents à vivre cela ! Ils nous disent tous la normalité des choses… en oubliant ceux qui sortent de la norme. Et voilà, mon enfant sera à moi à jamais.

Tu te fous de ce que disent
Les auteurs des bouquins
T'arrives et tu m'adores
Et tu me fais confiance
De tout ton petit corps
De toute ta différence

J'serai pas là de passage
Comme les autres parents
Qui font dans le mariage
Le deuil de leur enfant

Les auteurs disent qu'à 24 mois, tu devrais explorer. Mais tu ignore les autres enfants et revient vers mois en balbutiant. Les autres mères ont l'air mal à l'aise. Elles devraient plutôt être envieuses. Elles qui ne verront leur enfant que de temps en temps, je le verrai tous les jours. Elles qui le verront se marier à une autre femme (ou un autre homme, je ne ferai pas de discrimination, Harry et Dean m'en voudraient) et qui devront dire adieu à leur place de première femme dans le cœur de leur enfant, j'aurai à jamais cette place si importante.

J'aurais le privilège
De te border chaque soir
Et certains jours de neige
De te mettre ton foulard
À l'âge où d'autres n'ont
Que cette visite rare
Qui vient et qui repart
Par soirs de réveillon

Alors que ces autres mères se mettent au lit directement, moi je pourrai aller te border et te raconter une histoire. Alors qu'elles devront aller déblayer leur entrée, moi je ferai des pauses en te regardant jouer dans la neige, après t'avoir mis ton foulard et ton habit. Alors que ces mères font un grand souper pour le réveillon du jour de l'an pour accueillir enfants et petits-enfants, moi j'aurai la chance de vous faire, à papa et toi, de bons petits plats tous les jours de l'année, et de voir votre visage heureux de goûter de la bonne cuisine.

Tu seras le baton
De ma vieillesse précoce
En même temps que le boulet
Qui drainera mes forces

Tu ne connais que moi
Et ton ami pierrot
Que je te décrit tout bas
Quand tu vas faire dodo
Et tu prends pour acquis
Que je serais toujours là
Pour t'apprendre cette vie
Que tu n'apprendras pas
Car ta vie s'est figée
Mais la mienne passera

Tu n'a pas d'amis, pas de frère ou sœur. Tu n'a que moi et papa, même s'il n'est pas souvent là, du à son travail. Chaque soir, je te raconte les histoires de Pierrot, ton petit lutin que ton parrain Harry t'a donné, lorsque tu étais tout petit. Tu crois que je serai toujours avec toi, mon amour… Tu crois que je serai à jamais là pour t'expliquer ce que tu ne comprend pas… Toi, tu sera à jamais un enfant. Mais moi… Ma vie file, déjà…

J'me surprends à souhaiter
Que tu trépasse avant moi

On ne peut pas t'admirer
Autant que je t'admire
Moi qui ai la fièrté
De te voir m'appartenir
J'voudrais pas qu'on t'insulte
Et qu'on s'adresse a toi
Comme à un pauvre adulte
Parce qu'on t'connaîtrait pas

Il y a des jours où j'espère entrer dans ta chambre pour voir que tu a cessé de respirer. Je l'espère, car je ne voudrais pas que tu entre dans ma chambre pour me secouer, que tu ne comprenne pas que plus jamais je ne me réveillerai… Les gens dans la rue te regardent étrangement. Personne ne te voit comme moi. Je t'admire tant ! Mon bébé… Lorsque tu entre dans ma chambre, avec ta chemise mal boutonnée et tes souliers à l'envers, je suis fière de toi. Parce que même si tu ne t'es pas habillé complètement, tu l'a fais, tout seul… Les gens dans la rue te parlent, lorsque je m'éloigne un peu. Et tous sont mal à l'aise en t'entendant leur répondre. Ils te prennent pour un pauvre attardé, sans comprendre le géni que tu es. Oui, un géni… Car tu a réalisé mon vœu.

Si le diable s'arrange
Pour que tu me survives
Que dieu me change en ange
Que je puisse te suivre
Ceux que l'on met au monde
Ne nous appartiennent pas
À moins de mettre au monde
Un enfant comme toi

C'est une belle histoire
Que celle qui est la notre
Pourtant je donnerais ma vie
Pour que tu sois comme les autres

Si je devais mourir en te laissant ici-bas, je deviendrais un ange. Pour papa, que j'aime de tout mon cœur, pour Harry, qui est comme un frère… Mais surtout… Surtout pour toi, mon bébé… On a toujours dis que ceux que l'on mettait au monde ne nous appartenait pas. A moins d'avoir un enfant comme toi. Mais ils trouvent que nous sommes prisonniers de notre enfant. C'est faux… Notre histoire est si belle… Pourtant… Il y a 30 ans… J'aurais donné ma vie, sur ce lit d'hôpital, pour que tu sois comme les autres…

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FIN